Lacoqueluche est uneinfection respiratoirebactérienne peu ou pas fébrile de l'arbre respiratoire supérieur, mais d'évolution longue et hautement contagieuse. Deux bactéries du genre desBordetella sont responsables des syndromes de la maladie chez l'être humain :Bordetella pertussis etBordetella parapertussis.
C’est une maladie longue (quatre à huit semaines, après unepériode d'incubation d'une semaine) et éprouvante (caractérisée par de violentes quintes detoux dont le paroxysme évoque le chant du coq).
La vaccination a profondément modifié l'épidémiologie de la coqueluche, en réduisant fortement l'incidence et la gravité de la coqueluche. Cependant, dans les pays à forte couverture vaccinale, on observe une résurgence de la coqueluche survenant chez les jeunes nourrissons non encore complètement vaccinés.
L’origine du terme coqueluche est obscure.Coqueluche apparait en 1414, ce serait une altération decapuche, les malades se couvrant la tête d'une coiffe ou se sentant la tête lourde et chaude comme s'ils portaient un capuchon. Une autre étymologie populaire est la toux évoquant le chant du coq (cocorico)[1],[2].
Selon les pays, la toux est comparée à celle d'un chien (tosse canina) en Italie, d'un loup (Wolfshusten) ou d'un âne (Eselshusten) en Allemagne[3].
Moins usités sont les termescoqueluchette pour désigner une coqueluche minime ethypercoqueluche pour une forme grave ou maligne ;coqueluchoïde qualifie ce qui ressemble à la coqueluche[4].
B. pertussis est classiquement identifié comme le seul agent responsable de la coqueluche humaine, l'Homme étant le seul réservoir deB. pertussis[5]. D'autres espèces voisines commeB. parapertussis,B. olmesii peuvent causer des toux ressemblant à la coqueluche mais sous des formes mineures.B. bronchoseptica peut infecter des personnes immunodéprimées[6].
SiB. pertussis n'infecte que les humains, d'autres espèces peuvent infecter les oiseaux (B. avium etB. hinzii),B. parapertussis etB. bronchoseptica pouvant infecter d'autres mammifères que l'homme[6].
Les trois espècesB. pertussis,parapertussis etbronchoseptica, sont génétiquement très proches, et des indices suggèrent queB. pertussis aurait évolué à partir d'une souche ancestrale deB. bronchoseptica (divergence qui se serait produite au moyen âge)[7]. La bactérie aurait évoluée par réduction dugénome avec acquisition de gènes devirulence permettant de passer d'une adaptation générale aux mammifères à une adaptation stricte à l'Homme[8].
LesBordetella sont des bactéries pathogènes pour l'arbre respiratoire des mammifères. Une fois dans les voies respiratoires, la bactérieBordetella pertussis se multiplie sur l’épithélium respiratoire au niveau descils de latrachée et desbronches. Elle diffuse plusieurstoxines spécifiques qui provoquent la maladie : la coqueluche est une maladie toxinique.
Cestoxines, produites et sécrétées par lesBordetella, sont desadhésines qui permettent d'adhérer à la surface des cellules de l'hôte, et descytotoxines qui les détruisent. Les mécanismes précis restent encore mal connus, par exemple pour expliquer les quintes paroxystiques de la coqueluche. La principale toxine deB. pertussis est la toxine PT (Pertussis toxin(en)) ; outre ses effets toxiques directs, elle inhiberait la réparation des lésions inflammatoire (ce qui expliquerait la longue durée de la maladie), tout en étant fortementimmunogène (d'où l'utilisation de PT inactivée dans les vaccins)[6],[7].
Structure moléculaire de laPertussis toxin composée de 5 sous-unités S1 à S5.
La coqueluche est une maladie infectieuse très contagieuse surtout à son début, lorsqu'elle reste inaperçue ou confondue avec un simple rhume. Sonnombre de reproduction R0 est de 12 à 17, ce qui en fait la maladie la plus contagieuse avec larougeole[6]. Sontaux d'attaque est de 70-100 % pour les personnes vivant sous le même toit[9].
La transmission s'opère par voie aérienne, la bactérie à l'origine de la maladie se propageant par des gouttelettes de salive expulsées lors de latoux ou d'unéternuement. Les patients non traités peuvent transmettre l'infection pendant 3 semaines ou plus après l'apparition des premières quintes de toux typiques, même si la contagiosité diminue rapidement après le stade catarrhal[10].
Avant l'ère vaccinale (ou dans les pays à faible couverture vaccinale), la principale source de contamination est constituée par les enfants d'âge préscolaire ou scolaire. Depuis la vaccination, les adolescents et les adultes sont devenus des sources importantes de transmission deB. pertussis aux nourrissons non vaccinés. Pour les nourrissons de moins de 6 mois, les études montrent que les contacts familiaux sont en cause pour la grande majorité des cas (plus de 75 %)[10].
Une toux chronique non diagnostiquée sur trois chez l'adulte est le fait d'une personne atteinte de coqueluche[11].
Dans tous les cas, une enquête doit être menée autour du sujet malade pour dépister les contaminateurs et les cas secondaires. Ceci permet une action préventive en traitant rapidement les autres malades pour éviter la propagation de la maladie, notamment chez les sujets à risque : nouveau-nés, petits nourrissons et femmes enceintes, asthmatiques…
Les symptômes de la coqueluche sont variables selon l'âge et le statut vaccinal des individus[12].
La coqueluche est une maladieimmunogène, mais pas pour toute la vie. L'immunité conférée par l'infection naturelle dure en moyenne 12 à 15 ans (extrêmes 3 ans et demi à 30 ans), alors que la protection vaccinale est de l'ordre de 8 à 10 ans[6],[13].
Dès lors, il existe un déclin immunitaire avec le temps. Des adolescents, adultes et personnes âgées, anciennement vaccinés sont susceptibles de présenter ou de transmettre une coqueluche[6].
Lapériode d'incubation dure de 7 à 10 jours dans la plupart des cas, mais qui peut aller jusqu'à 3 ou 4 semaines dans quelques cas. Classiquement, la maladie évolue en trois phases[14],[6].
La phase d'invasion dure une à deux semaines. Elle se caractérise par des signes non spécifiques, évoquant une infection rhino-pharyngée :rhinite,rhinorrhée, éternuement, toux, la fièvre est absente ou modérée… À son début, la coqueluche peut être confondue avec un simple rhume[6],[15].
À la différence d'une infection virale banale, la toux s'aggrave progressivement pour devenir spasmodique (quinte de toux), émétisante (accompagnée de vomissement), et nocturne[13].
Elle dure en moyenne 4 à 6 semaines. La toux s'est organisée en paroxysmes caractéristiques de la coqueluche. Chaque paroxysme comprend[14],[6] :
Quinte paroxystique de la coqueluche.
une série de secousses expiratoires sonores, produites au cours d'une même expiration, qui interdit l'inspiration ;
suivie d'une longue reprise inspiratoire, bruyante (« le chant du coq »).
ces paroxysmes épuisent et suffoquent, prédominant la nuit, ils se terminent par desexpectorations (mucosités semblables à du blanc d'œuf cru). Un vomissement peut apparaitre à la fin de la quinte : il est alimentaire ou muqueux selon le contenu de l'estomac[16].
Les quintes de toux peuvent être déclenchées par de multiplesstimuli : alimentation, émotion, cri, pleurs, rire, effort… Leur nombre augmente progressivement jusqu'à plus de 50 par jour[13].
Entre les quintes, l'enfant reste asymptomatique et reprend son repos ou ses activités, il n'y a pas de fièvre. Les auteurs historiques décrivaient le« seul signe objectif qui affirme une coqueluche sans avoir entendu la quinte », l'ulcération sublinguale située aufrein lingual, là où le frein frotte brutalement auxincisives inférieures au cours de quintes répétées[16].
Les quintes diminuent de durée, de fréquence et d'intensité, mais une toux chronique, non paroxystique, peut durer encore 6 semaines. Dans les mois qui suivent, une infection virale respiratoire banale peut déclencher chez l'enfant untic coqueluchoïde (toux reproduisant le modèle paroxystique)[14],[6].
Chez le petit nourrisson non encore, ou incomplètement vacciné, en général de moins six mois, le tableau clinique est moins typique. Après une phase catarrhale, la toux devient quinteuse, le plus souvent sans « le chant du coq », lesapnées et les accès decyanose sont au premier plan, nécessitant une surveillance de tous les instants.
Avant l'âge de trois mois, ces quintes sont mal tolérées. Elles peuvent être asphyxiantes, avecbradycardie profonde et vomissements compromettant l'alimentation, avec déshydratation et dénutrition[13].
En France, l'hospitalisation des nourrissons de moins de six mois, suspects de coqueluche, est quasi systématique (en 2013, 94 % d'entre eux ont été hospitalisés, dont 30 % en réanimation à cause de complications, avec 3 % delétalité[12]). En réanimation, il s'agit surtout de nourrissons de moins de trois mois atteints de coqueluche maligne potentiellement mortelle (détresse respiratoire,tachycardie,défaillance multiviscérale…)[13].
Chez l'adolescent et l'adulte (déjà vacciné, ayant eu la coqueluche, ou les deux), la coqueluche est variable, selon l'immunité protectrice résiduelle. Elle peut se présenter de façon classique, mais plus souvent sous une forme mineure, difficile à reconnaitre par les cliniciens, par exemple devant une toux banale qui dure, faisant penser à unebronchite ou un équivalent d'asthme. Le principe est d'évoquer une coqueluche devant une toux sans cause évidente, qui s'aggrave après la première semaine ou qui persiste simplement plus de trois semaines[6],[14].
En dehors de la coqueluche maligne des petits nourrissons non encore vaccinés, les complications de la coqueluche sont rares ou très rares depuis le recours à lavaccination. Néanmoins la coqueluche peut entraîner plusieurs types de complications[6],[14].
Les complications infectieuses (surinfections virales et bactériennes) s'annoncent par l'apparition d'une fièvre :otite,pneumonie,atélectasie avec surinfection...
Les complications neurologiques surviennent surtout chez les nourrissons :convulsions,encéphalopathie...
Le décès peut survenir chez les petits nourrissons hospitalisés, et plus rarement chez les adultes âgés (plus de 49 ans) souffrant aussi decomorbidités[6].
Devant une forme classique, lediagnostic clinique est très évocateur et souvent suffisant (caractéristiques de la toux, sa durée, identification d'un contaminateur), mais les autres formes moins typiques nécessitent des examens de confirmation[13].
La confirmation biologique est indiquée pour plusieurs raisons : arrêt de la transmission par le traitement précoce des personnes contagieuses (celles qui toussent) ; protection des personnes en contact avec la personne infectée ; prise en charge précoce des sujets à risque de complications (jeunes nourrissons)[17].
Dans les trois premières semaines de toux, le germe est identifié dans les sécrétions respiratoires (prélèvement naso-pharyngé par aspiration ouécouvillonnage). Cet examen est particulièrement utile lors de la phase catarrhale et dans les formes atténuées de la coqueluche[14]. Cette limite de trois semaines explique que, le plus souvent, le diagnostic de certitude est porté sur des cas secondaires (cas contaminés par un cas index), et non pas sur lecas index[12].
La technique dePCR en temps réel (PCR tr) utilisée en routine identifie lesBordetella, sans distinction d'espèces, d'autres PCR tr ciblent des séquences très spécifiques qui permettent de les distinguer (pertussis,parapertussis,holmesi,bronchiseptica)[14].
La sérologie identifie les anticorps spécifiques dirigés contre la toxine deB. pertussis dans le sérum d'un sujet non vacciné. Il existe toutefois un manque destandardisation qui rend leur interprétation incertaine (pas de distinction entre anticorps induits par la maladie, et ceux d'origine vaccinale ou maternelle – pour les nourrissons de moins de six mois –). Les tests commercialisés manquent despécificité et sensibilité[12],[9].
La sérologie n'est plus recommandée en France, où elle n'est plus remboursée depuis 2011. La seule sérologie validée est celle du centre national de référence (CNR), réalisée dans le contexte de cas groupés[14].
La surveillance et l'estimation de la maladie se heurte à plusieurs difficultés. De nombreux pays développés ont des systèmes limités de surveillance, des pays en développement ne disposent pas de laboratoires pour confirmer le diagnostic de coqueluche (notamment laPCR). De plus, l'OMS signale que les définitions standards de cas cliniques de coqueluche ne sont pas appliqués de façon uniforme par tous les pays[6].
En France, la surveillance épidémiologique systématique de la coqueluche a été supprimée en 1986 en raison de la quasi-disparition de la coqueluche (transmission d'enfants à enfants). Après 10 ans d'arrêt, avec la recrudescence de la maladie (par transmission adultes-adolescents à nouveau-nés) la surveillance en France est principalement assurée par trois systèmes[18] :
le Centre National de référence (CNR) de la coqueluche et des autres bordetelloses (surveillance microbiologique des infections àBordetella)[19], créé en 1993[12] ;
le réseau RENACOQ (créé en 1996) composé de 43 centres hospitaliers pédiatriques en 2015, représentant 30 % des hospitalisations pédiatriques (de 1996 à 2015, signalement des cas de moins de 17 ans, et depuis 2016, uniquement les nourrissons hospitalisés de moins de 6 mois)[12] ;
leréseau Sentinelles composé de médecins libéraux qui signalent la coqueluche depuis 2017 (cas confirmés parPCR)[18].
La coqueluche touche toutes les tranches d’âge, mais ses manifestations cliniques varient en fonction de l’âge. Elle peut survenir chez des individus préalablement vaccinés ou qui ont déjà été infectés, mais en ce cas, le tableau clinique est atténué. Dans les populations très majoritairement vaccinées, la population la plus vulnérable et la quasi-totalité des décès concernent lesnourrissons de moins d'un an tandis que, chez les populations non vaccinées, la maladie touche plutôt les enfants plus âgés. La coqueluche est une maladie qui peut mettre en jeu le pronostic vital du nourrisson avec untaux de létalité de 1 à 3 %[14].
La coqueluche évolue par cycles de recrudescence tous les 3 à 5 ans[20]. Si la vaccination a nettement réduit l'incidence et la gravité de la maladie, elle n'a guère changé cette périodicité, ce qui suggère qu'elle a peu d'impact sur la circulation deB. pertussis[21].
Décès par coqueluche par million de personnes (estimations OMS en 2019), du jaune clair (moins de 1,5) au brun foncé (plus de 100).
En 2008, L'Organisation mondiale de la santé (OMS) donne une estimation de 16 millions de cas de coqueluche dans le monde, dont 95 % dans les pays en développement, avec 195 000 enfants décédés de cette maladie[22].
En 2013, l'OMS recense officiellement 136 036 cas de coqueluche en 2013[6] dont le décès de 63 000 enfants de moins de 5 ans[10].
L'écart entre les estimations et les signalements officiels tient à une incertitude considérable due, entre autres, à la rareté des données de surveillance fiables en provenance des pays en développement[10].
Une résurgence de la coqueluche est observée en particulier chez les adultes et les adolescents qui étaient anciennement vaccinés[23]. Cette résurgence varie selon la couverture vaccinale, les modifications vaccinales (type de vaccin, calendrier vaccinal) et l'utilisation de la PCR (diagnostic plus précis qui fait reconnaitre des cas de coqueluche auparavant non décomptés)[21].
Analyse d'échantillons sanguins, lors d'une épidémie de coqueluche (Ohio, 2010).
AuxÉtats-Unis, une résurgence de coqueluche commence dans les années 1980. Dans les années 2010, les cas signalés fluctuent entre 20 000 et plus de 40 000 cas par an. Cette résurgence s'observe en particulier chez les adolescents et les adultes anciennement vaccinés. Le même phénomène s'observe auCanada, mais avec quelques différences (résurgence plus ou moins fortes selon les tranches d'âge), ce qui serait lié à des différences de calendrier vaccinal avec les États-Unis (âges de la primo-vaccination, et des doses de rappel)[21].
EnAustralie, cette résurgence s'est manifestée avec une épidémie survenue de 2008 à 2012 (173 cas pour cent mille habitants en 2011), et enNouvelle-Zélande avec des épidémies en 2011-2013 et 2017-2018[21].
En Europe, cette résurgence se produit une quinzaine d'années après celle des États-Unis. Selon l'ECDC, plus de 40 000 cas ont été signalés en 2012, et plus de 35 000 en 2018. Les augmentations les plus fortes sont observées enPologne, auPays-Bas, et enAngleterre[21].
EnSuisse, de 2010 à 2014, 8 700 cas de coqueluche ont été enregistrés en moyenne chaque année. La part des adolescents et des adultes parmi les patients tend à augmenter. Environ trente enfants sont hospitalisés chaque année à cause d'une coqueluche, surtout des nourrissons, et quatre décès liés à la coqueluche ont été déclarés au cours des 15 dernières années[24].
En France, sur la période 2017-2020, selon leRéseau Sentinelles, letaux d'incidence est estimé à 17 pour cent mille habitants en 2017, puis 10 et 15 pour cent mille habitants en 2018 et 2019. Du fait de la pandémie deCOVID-19, ce chiffre est tombé à 3/100 000 en 2020. Le pic d’incidence durant les années 2017-2019 avait principalement lieu au cours des mois de mai et juin. Il s'agit cependant d'une sous-estimation, compte tenu des spécificités du Réseau Sentinelles (non prise en compte des cas asymptomatiques, par exemple)[25].
Selon le réseau Renacoq, entre 2010 et 2015, l'incidence moyenne annuelle de la coqueluche en France serait de 276 pour cent mille, dont 31 à 42 % chez les nourrissons de moins de 3 mois[14].
Depuis le début de l'année 2024, au 29 juillet 2024, un total provisoire de 28 décès a été rapporté en France, dont 20 enfants (18 âgés de moins de 1 an) et huit adultes (âgés de 51 à 86 ans). Le plus grand nombre de décès a été observé en juillet avec 9 décès[26].
À de rares exceptions près, dans les pays d'Afrique, de la méditerranée orientale et d'Asie, les systèmes nationaux de surveillance de la coqueluche sont peu fiables (suspicion clinique sans confirmation en laboratoire) ou inexistants[21].
En Afrique, des études indiquent que la coqueluche continue de circuler parmi les enfants africains, malgré les programmes de vaccination, avec un risque accru chez lesmalnutris et les infectés parVIH. En Asie, des épidémies sont survenues auPakistan (2004-2006), enInde (2007),Afghanistan (2007-2008), etJapon (2008-2011) ; puis dans les années 2010 enChine, àTaïwan et enCorée du Sud[21].
En Amérique latine, la qualité des systèmes de surveillance est variable ou incertaine. Une résurgence parait s'observer en Amérique du Sud (Argentine,Brésil,Pérou,Chili) mais pas ou peu en Amérique centrale (Salvador,Honduras,Guatemala,Panama)[21].
Les raisons d'une résurgence de la coqueluche sont mal comprises, et attribuées à de nombreux facteurs[27]. Le principal facteur généralement reconnu est la durée limitée de la protection vaccinale[8].
Dans les pays à faible couverture vaccinale, la transmission dominante de la coqueluche reste celle d'enfants à enfants. L'incidence de la maladie est forte, avec un pic unique autour de la tranche d'âge des enfants de six ans. Dans les pays à forte couverture vaccinale, l'incidence de la maladie est beaucoup plus faible, mais le pic unique des enfants a été remplacé par un double pic : celui des nourrissons non ou incomplètement vaccinés (cas graves) et celui des jeunes adultes (cas atypiques de toux banale)[8],[14].
La protection conférée par les vaccins à germe entier est de l'ordre de 5 à 14 ans, et celle des vaccins acellulaires de 4 à 7 ans. À partir des années 1990, les vaccins acellulaires (plus sûrs que les premiers) ont progressivement remplacé les vaccins à germe entier[9] (voir section Histoire).
Les personnes anciennement vaccinées, ayant perdu leur immunité en l'absence de rappels naturels ou vaccinaux, peuvent représenter un réservoir important de la maladie et devenir une source majeure de transmission aux nourrissons. Ce phénomène est à l'origine de diverses stratégies vaccinales, telles que l'instauration de doses de rappel chez l'adolescent (11-13 ans en France) ou le « cocooning » qui consiste à vacciner toute personne en contact étroit et durable avec un nourrisson de moins de six mois[14],[28].
Les autres causes sont nombreuses, mais le plus souvent considérées comme secondaires ou controversées. Il peut s'agir de politique vaccinale : baisse de couverture vaccinale, hésitation ou opposition vaccinale (poches de population non ou sous-vaccinées), modifications du calendrier vaccinal (âges de la primovaccination et des rappels)[6],[8].
Des auteurs insistent sur des facteurs biologiques comme des évolutions deB. pertussis souspression vaccinale (apparition de nouveaux variants devenus plus contagieux). D'autres sur des meilleurs systèmes de surveillance ou de diagnostic (comme la PCR) qui amènent à reconnaitre un plus grand nombre de cas[29].
Les malades doivent être isolés, à l'hôpital comme au domicile familial, avec des mesures de protection (masque chirurgical et hygiène des mains). La durée de l'isolement est de 3 semaines en l'absence de traitement, et de 5 jours avec une antibiothérapie adaptée, abaissée à 3 jours en cas de traitement par azithromycine[14].
Le traitement fait appel essentiellement à des antibiotiques (macrolides) dans les trois premières semaines d'évolution. Les deux macrolides privilégiés sont l'azithromycine et laclarithromycine[14],[30].
L'antibiothérapie permet d'éliminer la présence de la bactérie dans lerhinopharynx, de réduire la période de contagiosité, et limiter la transmission à l'entourage. Elle a peu d'influence sur la fréquence et l'intensité des quintes et sur la durée de la maladie[14].
Des souches de B. pertussis résistantes aux macrolides ont été signalées en Chine, mais elles restent rares en Europe et en Amérique du Nord[30],[31].
Lecotrimoxazole est utilisé comme alternative en cas de contre-indication ou de mauvaise tolérance aux macrolides[6],[12].
Les traitements symptomatiques (fluidifiants, antitussifs,salbutamol,corticoïdes…) restent discutés au cours de la coqueluche, car mal évalués. Ils sont inutiles et non recommandés en général[14],[32]. Lakinésithérapie respiratoire est contre-indiquée à la période des quintes.
L’hospitalisation est fortement recommandée pour les nourrissons de moins de 3 mois, et elle est justifiée pour les nourrissons plus âgés en fonction de leur état clinique. Elle permet de mettre en place une surveillance plus étroite, notamment respiratoire, et d'assurer unnursing adapté (hydratation etnutrition) pendant la phase aiguë[14].
En France, les cas groupés de coqueluche (plus de deux) survenant dans une collectivité doivent être signalés aumédecin inspecteur de santé publique de l'ARS par tout médecin en ayant connaissance[14]. L'objectif est non seulement de traiter le ou lescas index, mais aussi d'éviter les cas secondaires par prévention directe pour les cas contacts[12]. Aux États-Unis, le délaimédian, entre le début d'une épidémie de coqueluche et la mise en œuvre de contre-mesures est de 40 jours[6].
En France, l'éviction scolaire pour coqueluche est fixée à 21 jours après le début de la toux., mais peut être réduite à 5 jours après antibiothérapie et à 3 jours s'il s'agit d'azithromycine[33]. Il n'y a pas d'éviction pour les sujets contacts asymptomatiques[14].
Une antibiothérapie préventive est recommandée pour les personnes de l'entourage proche du malade, notamment les sujets à risques (susceptibles de faire une forme grave de coqueluche, de décompenser une maladie sous-jacente, femmes enceintes….)[14].
En France, les personnes considérées comme protégées par la vaccination contre la coqueluche sont[14] :
les nourrissons âgés de 11 mois ou moins ayant reçu deux doses de vaccin ;
les enfants âgés de plus de 11 mois ayant reçu trois doses de vaccin, dont un rappel, la dernière dose remontant à moins de 5 ans ;
les adolescents âgés de plus de 16 ans, et les adultes ayant reçu une dose de vaccin depuis moins de cinq ans, quel que soit le nombre de doses antérieures.
Le traitement préventif est identique au traitement curatif. Il concerne les cas contacts définis plus haut : contacts proches (personnes vivant sous le même toit,flirts, pensionnaires et professionnels de la mêmecrèche) et contacts occasionnels (sujets à risque de l'entourage professionnel ou de la collectivité). Les mesures dépendent du niveau d'exposition, des délais d'incubation et de contamination[12].
Si un cas contact présente des symptômes, il est considéré comme un cas de traitement curatif en étant isolé. Les cas contacts mis sous antibiotiques qui restent sans symptômes n'ont pas besoin d'être isolés. Les sujets contacts qui ne sont pas à jour du calendrier vaccinal sont vaccinés[14].
Dans les collectivités (crèches, écoles, services hospitaliers…), une stratégie globale d'information des parties prenantes est nécessaire pour établir les mesures préventives nécessaires[12],[14].
Ces vaccins à germes entiers sont constitués de la bactérie entièreBordetella pertussis, inactivée à la chaleur ou chimiquement. Ces vaccins sont généralement constitués de plusieurs souches bactériennes exprimant différents antigènes[34].
Leur efficacité est variable, de par les différences de composition selon les fabricants, et les différences d'utilisation (calendrier vaccinal) selon les pays. Classiquement de 90 % ou plus, à moins de 50 % selon les études. La durée de protection est de l'ordre de 7 à 9 ans après 4 doses[34].
Ces vaccins sont ceux qui ont le plus d'effets secondaires parmi l'ensemble des vaccins utilisés en routine : le plus souvent mineurs (50 % des vaccinés) ou modérés (pleurs prolongés inconsolables de plus d'une heure, survenant dans les heures qui suivent une vaccination) chez 3 à 4 % des vaccinés[30]. Plus rares sont lesconvulsions fébriles (1 sur 2000). Les effets indésirables très graves signalés dans les années 1970-1980 n'ont pas été confirmés, mais cela a mené quelques pays à suspendre cette vaccination, et à la remplacer par d'autres vaccins dits acellulaires (voir section Histoire)[34].
En France, le vaccin à germes entiers utilisé étant jugé efficace, il a été maintenu, au moins pour la primovaccination, jusqu'en 2005 pour être abandonné (rendu non disponible) en janvier 2006[34].
Ces vaccins sont constitués directement à partir de protéines antigéniques (sans bactéries entières). Ils comportent de 2 à 5 antigènes : tous ces vaccins contiennent au moins la PT (Pertussis Toxin) d'autres contiennent en plus d'autres antigènes de typeadhésine, de composition variable selon les fabricants[10].
Préparation d'une vaccination Diphtérie-Tétanos-Coqueluche,Cannon Air Force Base 2012.
Ils sont habituellement administrés en combinaison avec d'autres vaccins (trivalents à hexavalents) en intramusculaire (cuisse chez l'enfant de moins d'un an, épaule pour les autres tranches d'âge). Ils sont plus coûteux que les vaccins à germes entiers, ce qui a retardé leur adoption dans les pays développés[10].
Ils ont une efficacité de l'ordre de 80 à 85 %, inférieure de 5 à 10 % aux vaccins à germes entiers[10]. Des études expérimentales (primates non humains en laboratoire) suggèrent qu'ils n'auraient pas ou peu d'effets sur la transmission et l'immunité grégaire, cependant elles sont contredites par des études épidémiologiques de terrain qui montrent que ces vaccins procurent une immunité collective efficace[6],[14].
Ils présentent moins d'effets secondaires lors de la primo-vaccination, mais la fréquence des réactions locales tend à augmenter avec l'âge et le nombre d'injections[10], d'où des vaccins à dose réduite de la valence coqueluche pour les rappels (à partir de l'âge de 6 ans)[14].
Les études sur les effets indésirables des vaccinations maternelles n'ont pas montré d'effets indésirables graves chez la mère et l'enfant[35]. Une étude en Angleterre portant sur 20 074 femmes ayant reçu le vaccin durant leur grossesse montre qu'il n'y a pas de preuve de risques accrus pour la mère et l'enfant à naître[36].
Ces vaccins peuvent conduire à sélectionner des souches résistantes ne produisant par exemple pas de pertactine[37].
Selon l'OMS, le but principal de la vaccination anti-coqueluche est de réduire le risque de coqueluche grave chez les nourrissons et les petits enfants. L'OMS préconise une primo-vaccination de 3 doses, à partir de l'âge de 6 semaines et avant 6 mois, chaque dose étant espacée de 4 à 8 semaines, pour tous les enfants dans le monde, y compris ceux positifs pour le VIH[10].
Pour les doses de rappel, cela dépend du choix des vaccins, de l'épidémiologie locale et de la durée de protection conférée par la primovaccination, évaluation qui est faite par des programmes nationaux propres à chaque pays. Il existe ainsi plus de 80 calendriers de vaccination susceptibles d'évoluer et de se modifier selon les résultats du système de surveillance[10].
En France, la vaccination anti-coqueluche est obligatoire pour tous les enfants nés depuis le. Il s'agit d'une primovaccination réalisée avec un vaccin hexavalent en deux doses (2e et 4e mois) suivies d'un rappel à 11 mois. Les autres rappels s'effectuent à 6 ans (avec un vaccins tétravalent) et à 11-13 ans (vaccin tétravalent à dose coqueluche réduite). Pour les adultes, un rappel est recommandé à partir de 25 ans jusqu'à 39 ans[38].
En raison d'une recrudescence du nombre de cas de coqueluche dans le monde[35], il est recommandé (OMS 2015) aux femmes enceintes de se faire vacciner[39]. Cette vaccination augmente le transfert des anticorps maternels à travers leplacenta et diminue le risque de coqueluche chez les nouveau-nés[38],[40]. Cette vaccination s'effectue généralement au 2e trimestre de chaque grossesse (16e à 32e semaine de chaque grossesse) avec un vaccin à dose coqueluche réduite[39].
En 2023, cette vaccination des femmes enceintes est recommandée aux États-Unis et au Canada ; dans au moins 8 pays d'Europe (France, à la 20e-36e semaine de grossesse[38]) ; dans plus d'une douzaine de pays d'Amérique Latine. Elle n'est pas utilisée dans les pays d'Afrique, d'Asie, du Moyen-Orient et du Pacifique, à l'exception de l'Australie,Hong-Kong,Corée du Sud,Malaisie,Nouvelle-Zélande etSingapour[39].
Elle consiste à protéger les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés, par la vaccination de leurs contacts. Cette stratégie est recommandée dans plusieurs pays développés (dont l'Allemagne, la France, l'Australie…)[10]. En France, sont concernés les adultes ayant un projet parental et les personnes en contact étroit et durable avec un nourrisson de moins de 6 mois (contacts familiaux, professionnels de la petite enfance, personnel soignant…)[38]. Cette stratégie est précisée par l'avis de laHaute Autorité de santé du 22 juillet 2024[41].
La valeur de cette stratégie est discutée en raison de la difficulté à la mettre en œuvre (nécessité d'une forte couverture vaccinale des personnes concernées)[10] et de doutes sur son efficacité (personnes immunisées transmettant la maladie)[42]. Les études sont contradictoires (effet fort, faible ou nul) selon les pays[10],[28],[29]. Aux États-Unis, la préférence est donnée à la vaccination des femmes enceintes[42].
Elle se porte sur de nouveaux vaccins, plus efficaces et plus sûrs : nouveauxadjuvants, adaptation aux nouvelles souches deB. pertussis, utilisation dugénie génétique (dont le coût diminue)[6],[29].
Le vaccin expérimental le plus avancé, le BPZE1 est enessai de phase 2. Il s'agit d'un vaccin vivant introduit par voie nasale constitué de la bactérie modifiée par génie génétique[43],[44]: le gène de la toxine dermonécrotique est excisé, le gène de la cytotoxine trachéale remplacé par un gène hétérologue d'E. coli (gène ampG) et le gène de la toxine pertussique inactivé par remplacement d'acides aminés (Arg 9 remplacé par Lys, glu 129 remplacé par Gly[45].
La maladie n'est pas décrite dans les textes médicaux de l'antiquité et du moyen-âge, soit parce qu'elle n'existait pas ou peu, soit parce qu'elle était « inapparente » aux yeux des médecins d'autrefois en étant confondue avec d'autres causes desurmortalité infantile (nourrissons et enfants en bas âge)[48].
Des études récentes suggèrent que la coqueluche serait mentionnée en Chine sous ladynastie Sui auVIIe siècle parChao Yuanfang(en) sous l'appellation de« toux des cent jours »[6],[49]. En Perse, sous lesTimurides, Baha Al-Dowleh Razi (ne pas confondre avecRhazès) dit aussiNurbakhshi(en) (1455-1509) aurait signalé trois épidémies de coqueluche àHerat etRay survenues vers 1500[50],[51].
En Europe, l'épidémie survenue à Paris en 1414 (où le terme de coqueluche/capuche apparait) est plutôt vue comme une épidémie degrippe sévère, tandis que la maladie décrite dans un textecoréen de 1433 serait plutôt lecroup de ladiphtérie[51].
La première description clinique de la maladie (clairement reconnue par les historiens) est celle du françaisGuillaume de Baillou (1538-1616), lors d'une épidémie sévère frappant les enfants de Paris au cours de l'été-automne de1578. Selon lui, cette maladie portait déjà plusieurs noms populaires, sans être médicalement reconnue et il la nommeTussis quintina, Tussis quintana ou Tussis quinta (toux avec une périodicité de 5 heures)[6],[50].
EnAngleterre, la maladie est ditechyme cough (toux glaireuse) etWilliam Harvey (1578-1657) en fait une maladie digestive de l'estomac. Puis elle est vue comme une maladie respiratoire de poitrine :Thomas Willis (1621-1675) décrit latussis puerorum convulsiva dont lachincough (toux du menton) comme une forme longue à guérir mais rarement fatale, tandis queThomas Sydenham (1624-1689) insiste sur lawhooping cough (toux criarde) comme une forme sévère nécessitant un traitement d'urgence rigoureux[46],[52].
Taux de mortalité par coqueluche pour 100000 Français de 1925 à 1999[53]
En Angleterre et auPays de Galles, la mortalité par coqueluche atteint un pic dans les années 1870 : de l'ordre de 1500 décès annuels par million d'enfants de moins de 15 ans. Cette mortalité touche surtout les enfants des classes laborieuses, le décès étant le plus souvent lié à des complications respiratoires. À partir des années 1880, letaux de létalité commence à décliner, surtout en zone rurale, alors que dans les zones urbaines et industrielles, le déclin est plus lent : de 10 % (années 1880) à 1,1 % (dans les années 1940)[46].
Aux États-Unis, la coqueluche devient unemaladie à déclaration obligatoire en 1922[46]. Jusqu'aux années 1940, 115 000 à 270 000 cas sont signalés chaque année, dont 5 000 à 10 000 décès. Avec la généralisation de la vaccination, le taux d'incidence de la coqueluche est réduit de 99 % (des années 1940 aux années 1970). Le point le plus bas est atteint en 1976 (mille cas) mais une résurgence se produit depuis les années 1980[21].
L'agent de la coqueluche – du moins l'agent principal –, la bactérieBordetella pertussis, a été découvert parJules Bordet etOctave Gengou dès 1900, mais son isolement n'a été réalisé par ces mêmes médecins qu'en1906 après la mise au point du premier milieu de culture à base d'extrait depommes de terre (milieu de Bordet et Gengou)[52].
La maladie fut reproduite pour la première fois en1908 par Klimenko[55] chez le singe et le chien.Bordetella parapertussis, qui à la différence deB. pertussis n'est pas strictement humaine, fut isolée en 1938 par Eldering et Kendrick[56] : la maladie est appelée coqueluche lorsqu'il s'agit deB. pertussis et paracoqueluche lorsqu'il s'agit deB. parapertussis[52].
Dès 1913,Charles Nicolle propose un vaccin, qui ne donna pas satisfaction. En 1914, le premier vaccin contre la coqueluche est commercialisé aux États-Unis. Comme d'autres vaccins anticoqueluche de première génération (1913-1933), ces vaccins étaient obtenus par des moyens empiriques (préparations à partir de milieu de culture, en plusieursinjections intramusculaires ousous-cutanées), et ils étaient utilisés à la fois comme moyen de traitement et de prévention, d'efficacité dite « inconstante »[57],[58].
Une meilleure compréhension des phases de croissance deB. pertussis conduit au raffinement des méthodes, notamment de purification, pour aboutir à des vaccins de deuxième génération, de façon standardisée et reproductible : c'est la mise au point, dans les années 1930, de vaccins à germe entier (bactéries tuées par la chaleur). C'est aussi le début desessais cliniques contrôlés du vaccin anticoqueluche selon des standards internationaux, notamment par les travaux dePearl Kendrick etGrace Eldering(en)[58],[59].
Le vaccin anti-coqueluche a été recommandé aux États-Unis en 1944. Il s'administrait presque toujours chez les enfants en combinaison avec les vaccins contre ladiphtérie et letétanos[58],[59] (vaccin trivalent DTPDiphteria Tetanos Pertussis, ne pas confondre avec le vaccin DTP françaisDiphtérie Tétanos Polio).
Période 1940-2013. En vert : cas signalés de coqueluche (Angleterre et Pays de Galles), en noir : couverture vaccinale des enfants à l'âge de deux ans (Angleterre seulement).
En France, le premier vaccin coquelucheux a été introduit en 1959 (Vaxicoq) et la vaccination s'est généralisée à partir de 1966 grâce à l'introduction d'un vaccin quadrivalent combiné associant les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et lapoliomyélite (DTCP et Tetracoq). Le maintien d'une bonne couverture vaccinale a permis de réduire de façon spectaculaire la morbidité et la mortalité coquelucheuse[60]. En 1995, le vaccin anticoquelucheux est aussi présent dans un vaccin pentavalent, avec en sus le composanthaemophilus influenzae (Pentacoq).
Aux États-Unis, dans les années 1970, plusieurs controverses éclatent sur la vaccination contre la coqueluche : sur la véritable fréquence d'effets secondaires graves, notamment lesencéphalopathies avec séquelles définitives, et lamort subite du nourrisson. Ces informations largement médiatisées ont conduit à une perte de confiance du public (chute des taux de vaccinations, hausse des plaintes, fabricants de vaccins se retirant du marché) et à une situation de crise profonde du programme américain de vaccination, aboutissant à la création duNational Vaccine Injury Compensation Program(en) pour dédommager les victimes présumées et leur famille[61],[62].
Plusieurs pays ont alors plus ou moins abandonné la vaccination contre la coqueluche : Grande-Bretagne, Suède, Allemagne et Japon, entraînant le retour d'épidémies sévères. Par la suite, plusieurs études n'ont pas confirmé une augmentation de risque d'accidents neurologiques graves après vaccination à germe entier. La Grande-Bretagne a repris la vaccination avec le même vaccin, et la Suède l'a arrêtée jusqu'en 1996 en utilisant depuis le nouveau vaccin acellulaire[34],[62].
Les craintes du public concernant le vaccin à germe entier n'ont pas été levées par des études scientifiques, mais par le remplacement des anciens vaccins par de nouveaux dit acellulaires[62]. Ces vaccins ont été mis au point au Japon, basés non plus sur la bactérie entière, mais sur quelques antigènes (principalement laPertussis toxin(en))[58].
Les pastillesGéraudel, à base de goudron de Norvège. Affiche de 1893, parJules Chéret.
Les résultats encourageants du Japon incitent les pays industrialisés à développer d'autres vaccins acellulaires. Progressivement ces nouveaux vaccins remplacent les anciens, en Amérique du Nord et en Australie, dans la plupart des pays d'Europe (France 2006[34] ), et dans quelques pays d'Asie et d'Amérique latine, dans les années 1990-2000[58].
La diversité des thérapeutiques, chacune présentée en son temps comme « radicale », est considérable[16]. En médecinemapuche, les mères utilisaient l'héliothérapie en menant leurs enfants tousseurs au sommet d'un volcan pour jouer une journée entière sous le soleil[63].
Dans les années 1940 à 1960, les bienfaits d'un passage en altitude pour soigner cette maladie sont étudiés[63]. De nombreux enfants ont ainsi eu droit à unbaptême de l'air, à l'occasion d'une coqueluche, parfois appelé « vol coqueluche ». Le docteurJules Crochet, aviateur et médecin, pratiquait cette méthode àReims (France)[68].
L'ensemble de ces méthodes, considérées comme historiques, a été abandonné, faute de répondre aux principes demédecine fondée sur les faits, notamment une définition claire des critères de diagnostic de coqueluche, et desessais cliniques contrôlés[69].
↑Joop f pSchellekens, « Pertussis: a concise historical review including diagnosis, incidence, clinical manifestations and the role of treatment and vaccination in management »,Reviews in Medical Microbiology,(lire en ligne, consulté le)
↑Charles NICOLLE, Destin des maladies infectieuses] ; Leçons du Collège de France ; "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique, PDF, 196 pages (voirp. 108/196)