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Jusqu’à une époque récente, l’appartenance de la contrebasse à la famille desvioles ou à celle duviolon était un sujet de débat, débat qui trouvait son origine dans des considérations organologiques, musicologiques et même étymologiques erronées, remontant auXIXe siècle. Les recherches qu’a menées Paul Brun[1], contrebassiste à l’Orchestre national de Lille, qui font aujourd’hui autorité dans le monde entier, ne laissent plus guère de place au doute : c’est bien à la famille du violon qu’appartient la contrebasse, même si un certain nombre devioles de gambe contre-basses, transformées par suppression desfrettes et modification duchevillier (pour passer de six cordes à cinq ou quatre), et qui sont parvenues jusqu'à nous, ont pendant longtemps contribué à accréditer la thèse inverse.
Il existe deux types d'archet pour la contrebasse. L'archetfrançais est semblable aux archets des autres instruments de la famille du violon (violon, alto et violoncelle) et se tient de la même façon : l'instrumentiste place le bout du pouce dans le creux du talon et le bout des autres doigts sur la baguette. L'archetallemand est moins long, et il est tenu d'une façon différente, rappelant l'archet de la basse de viole : le musicien place le pouce sur la baguette et ses autres doigts empoignent le talon. L'archetallemand est beaucoup plus ancien que l'archetfrançais, peu utilisé avant lesannées 1800, avant son adoption par le virtuose italienGiovanni Bottesini. La plupart des archets sont taillés et fabriqués dans un bois du Brésil, lepernambouc. La couleur varie du marron clair au noir.
La transition du boyau au métal a aussi influencé l'évolution de la technique de l'instrument, car les cordes en métal peuvent être plus proches de la touche que les cordes en boyau, ce qui les rend plus faciles à jouer. De plus, elles peuvent être jouées dans des positions plus hautes sur les cordes graves, sans sacrifice au niveau de la sonorité. La méthode classique de contrebasse duXIXe siècle deFranz Simandl n'utilise pas la corde demi grave dans les positions les plus hautes, car avec les cordes en boyau à une grande distance de la touche, le son n'était pas clair dans ces positions aiguës. Cependant, avec les cordes en métal modernes, les contrebassistes peuvent jouer avec un son clair dans les positions aiguës sur les cordes graves demi et dela.
Vue en 3D d'une contrebasse.Cordes à vide de la contrebasse.ⓘ Bien que la contrebasse ne soit pas considérée comme uninstrument transpositeur, les notes réelles émises par l'instrument se trouvent une octave en dessous des notes écrites.
C'estCherubini, directeur duConservatoire de Paris, qui imposa en 1832 l'accord en quartes en usage dans les pays germaniques. Jusque-là, l'accord qui avait généralement prévalu en France pour la contrebasse était l'accord en quintes[1].
Les essences de bois utilisées pour la construction des contrebasses sont variables, mais on retrouve généralement de l'épicéa pour la table, de l'érable, de l'ébène pour la touche. Certainscontreplaqués sont parfois utilisés, généralement pour les instruments d'étude. On trouve aussi des contrebasses enfibre de carbone notamment celles développées par un luthier français depuis plus de 30 ans sous la marque CoSi[4].
Lorsque la contrebasse joue une pièce en soliste avec un orchestre (par exemple un concerto), elle est généralement accordée "en soliste", c'est-à-dire un ton au-dessus de l'accord orchestre, afin de lui donner un son plus brillant. Ses quatre cordes seront donc fa#-si-mi-la.
Les modes de jeu sont particulièrement diversifiés, en particulier ceux utilisant lesspectres sonores, parce que ceux de la contrebasse se situant dans le spectre de la voix, ils sont plus perceptibles.« Du temps de Mr de Lully… ce n'est que bien du temps après lui qu'on a vu paraître la contrebasse à l'Opéra, encore ne servait-elle que dans les tempêtes, dans les bruits souterrains, et les invocations… » (Michel Corrette[5]). Abondamment utilisés dans lesmusiques contemporaines, ils sont un des éléments essentiels de l'orchestration dans ces musiques[6].
Plusieurs variantes historiques de la contrebasse sont encore jouées aujourd'hui, tels que leviolone, l'octobasse, ainsi que les contrebasses montées avec trois cordes.
Il existe des contrebasses électriques (souvent désignées par le sigle EUB, soit en anglaiselectric upright bass), différentes desguitares basses. Les contrebasses électriques ressemblent un peu à la contrebasse, mais elles se débarrassent souvent du volume du corps servant de résonateur, et à la place, l'instrument se sert d'un micro (pickup en anglais) solidarisé au chevalet branché à unamplificateur. Sans la caisse volumineuse, les contrebasses électriques sont plus faciles à transporter, et il est plus facile d'accéder aux notes aiguës. Les contrebasses électriques sont souvent utilisées par les musiciens de jazz-rock ou fusion, comme Medeski, Martin et Wood, et Les Claypool.
L'Éléphant, pièce duCarnaval des animaux deSaint-Saëns : ce mouvement est comique ; le thème, lent, est tenu par la contrebasse, soutenue par des accords de piano. On note un nombre important de modulations à partir demi bémol majeur. Ce morceau est une parodie de laDanse des sylphes d'Hector Berlioz (extrait deLa Damnation de Faust), qui passe de très aérienne dans sa version originale à pachydermique dans le morceau de Saint-Saëns.
Quintettes avec contrebasse op.39 deLuigi Boccherini ; quintettes pour quatuor à cordes et contrebasse d'Antonín Dvořák etDarius Milhaud ; quintette pour hautbois, violon, viole, violoncelle et contrebasse ensi mineur d'Antoine Reicha ; quintetteLa Truite deFranz Schubert (écrit pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse) ; quintette pour hautbois, clarinette, violon, alto et contrebasse deSergueï Prokofiev.
Les exemples précédents sont les plus célèbres parmi 3 000 œuvres de chambre qui ont été répertoriées[7].
Le répertoire contemporain est particulièrement abondant : solo, acoustique, avec électronique, outhéâtre musical.
La contrebasse est très utilisée dans lejazz. Elle est surtout utilisée enpizzicato (en pinçant les cordes) plutôt qu'avec l'archet. Elle a un rôle à la fois rythmique et harmonique. Jouer unewalking-bass consiste à improviser sur laligne de basse écrite sous forme d'accords, une note en général sur chaque temps. Cette forme de jeu est utilisée la plupart du temps, bien que parfois la contrebasse tienne le thème (Paul Chambers) ou un riff récurrent. On la trouve dans la plupart des formations, du trio piano, contrebasse, batterie, au big band.
Avant1917, année du premier enregistrement de jazz[8], la contrebasse coexiste avec letuba (ou occasionnellement unsaxophone basse) et souvent les bassistes savaient jouer des deux instruments[9]. En effet, il existe des photographies d'orchestres avec une contrebasse datées de la fin duXIXe siècle, notamment l'orchestre deBuddy Bolden photographié en1895[8]. Cependant, le tuba, plus sonore, sera préféré pour les enregistrements, et il faut attendre le pour le premier enregistrement d'une contrebasse dans un orchestre de jazz[9]. Cette évolution dure jusqu'en 1932-1933 où la contrebasse devient dominante, grâce à sa capacité à marquer le tempo de façon légère et dynamique[8].
Les styles derock commerockabilly etpsychobilly ont aussi ses adeptes de la contrebasse. Dans le style de rockabilly, il y aLee Rocker contrebassiste desStray Cats.Aux États-Unis et en Angleterre, il y a des groupes psychobilly (un mélange de punk, rock et rockabilly) comme Tiger Army ou Marco Le Gaucher (M. Sicard) pour de nombreux enregistrements chez New Rose en France qui utilisent la contrebasse et les EUB's qu'il utilise dans une grande variété de styles de musique, du jazz fusion au jazz en passant par lamusique cubaine et le rock.
Le chanteurnord-irlandaisVan Morrison, qui œuvre dans leblues et lerhythm and blues, inclut la contrebasse dans son lot d'instrumentation. Il a joué avec plusieurs contrebassistes au gré de ses albums, deRichard Davis sur son second albumAstral Weeks (1968) à Chris Hill surRoll with the Punches (2017), il va même jusqu'à inclure autant la basse électrique ou acoustique que la contrebasse sur un même album, indépendamment des chansons.
Familièrement, les musiciens appellent la contrebasse « la grand-mère ». Jouer de la contrebasse, dans l'argot du jazz, se dit ainsi « peloter la grand-mère ». Comme beaucoup d'autres instrument à cordes (guitare, violoncelle, basse etoud), elle est associée à une personne de sexe féminin. Cesobriquet de mère-grand a peut-être pour origine un disque qui fit les beaux jours de la pédagogie musicale à partir des années 1950,Piccolo, Saxo et Compagnie, qui racontait l'histoire d'une aimable famille dont les membres n'étaient autres que les instruments de l'orchestre symphonique. Dans cette histoire, la belle voix grave de Mamie était celle de la contrebasse.
↑ab etcHélène Balse,L'évolution du rôle de la contrebasse dans le jazz jusqu'en 1960, Université Paris 4 La Sorbonne (mémoire de maîtrise de musique), Paris, 2003.[(fr) lire en ligne (page consultée le 24 mars 2008)]
↑a etbDick Spottswood(en), notes du coffret deHow Low Can You Go? - Anthology of the String Bass (1925-1941), 2006, Dust-to-Digital(OCLC1004532091).