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Lecontrat d'insertion professionnelle (CIP) est un type decontrat de travail français àdurée déterminée pour les moins de26 ans rémunéré à 80 % duSMIC qui est mis en place par legouvernement Balladur en1993-1994 pour favoriser l'insertion professionnelle des jeunes et lutter contre lechômage. Le CIP est retiré sous la pression populaire, notamment des jeunes.
Édith Cresson est nomméePremier ministre alors que le chômage français vient de dépasser les2,7 millions de demandeurs d'emploi et que la situation de l'emploi des jeunes empire : de 45 % de sans-emploi en 1982, le chômage des moins de25 ans était tombé à 28 % en 1990, avant de repartir à la hausse cette année-là. Elle demande à saministre du TravailMartine Aubry de mettre en place un plan emploi pour le gouvernement avant la rentrée 1991. Celle-ci propose la création d'une prime à l'embauche de 15 000 francs, qui serait versée à toute entreprise qui recruterait enCDI un chômeur de plus de six mois.
Leministre des FinancesPierre Bérégovoy, considérant le niveau duSMIC comme trop élevé pour lesemployeurs potentiels, propose alors la création d'un « SMIC jeunes ». Le projet est refusé par leprésident de la RépubliqueFrançois Mitterrand sur le conseil de Martine Aubry et deJean-Louis Bianco, qui considère que les employeurs, au lieu d'embaucher des salariés supplémentaires, utiliseront le SMIC jeunes pour payer moins cher des jeunes qu'ils auraient de toute manière embauchés[1].
Inspirée durapport Mattéoli qui voit dans le SMIC« une barrière à l'emploi des travailleurs peu qualifiés »[2], la loi quinquennale du instaure, à destination des jeunes de moins de vingt-six ans, jusqu'àbac+3, le contrat d'insertion professionnelle : contrat de travail à durée déterminée, comprise entre six mois et un an, renouvelable une fois dont la rémunération en pourcentage du SMIC est fixée par décret.
Publiés le, lesdécrets d'application fixant cette rémunération à 80 % du SMIC (ou moins si le contrat est associé à une formation) déclenchent la protestation desétudiants etlycéens d'abord, qui seront rejoints ensuite par lessyndicats et l'opinion publique (en, selon un sondage de l'Institut CSA pour le quotidienInfoMatin, 55 % des Français se déclaraient opposés au contrat d'insertion professionnelle). Au cours du mois de mars de nombreusesmanifestations ont lieu, rassemblant plusieurs centaines de milliers de manifestants, notamment àNantes et àLyon où la police intervient de façon musclée. L'ampleur croissante du mouvement qui dénonce la création d'un « SMIC-jeunes » conduit finalementÉdouard Balladur à annoncer la suspension, puis le retrait définitif du CIP, le.
Le CIP est remplacé par une aide de l'État aux entreprises embauchant un jeune pour une durée minimale de18 mois. L'article de loi instaurant le CIP sera définitivementabrogé par la loi du.
Le, en réponse à cet échec, le gouvernement Balladur annonce une « consultation nationale des jeunes »[3], s'appuyant sur un questionnaire envoyé parvoie postale, dont les résultats étaient censés permettre de comprendre les attentes et le point de vue des9 millions de Français âgés de15 à 25 ans (dont1,6 million ont répondu).
Les membres de la commission chargée de l'analyse des résultats étaient :
Le questionnaire a été beaucoup critiqué en son temps, notamment par la vision biaisée de la jeunesse qu'il véhiculait, ne prévoyant pas, par exemple, que les « jeunes » interrogés puissent être eux-mêmes parents, et pour son coût,47 millions de francs (~7 millions d'euros), dont 39,8 pour l'agence de publicitéEuro-RSCG[4]. Le rapport, remis le[5], proposait un ensemble de mesures pour la jeunesse, parmi lesquelles un droit au premier emploi garanti par l'État, un abandon des contrats à durée déterminée, une baisse descotisations sociales pour les employeurs de jeunes, unecarte de transport à demi-tarif (qui a effectivement été mise en place), l'abaissement de l'âge descolarisation obligatoire à14 ans, ainsi que diverses dispositions relatives aulogement.
Jacques Chirac dira durant sacampagne à l'élection présidentielle de 1995 que« le CIP était une connerie »[6], mais proposera en 2006 leCPE et leCNE, qui provoqueront un largemouvement de contestation.
Le 28 mars1994 sur France 2,Michel Field anime l'émissionDemain les jeunes, restée accessible sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel (INA)[7],[8],[9],[10] organisée sous la forme de deux heures de happening en direct avec 200 lycéens et étudiants, au moment des manifestations contre le contrat d'insertion professionnelle[11], une "sorte de sous-smic" pour les jeunes voulu par lePremier ministreEdouard Balladur, avec la participation du chanteurTonton David, dont la chanson "Sûr et certain" est reprise dans les manifestations[12], et pour laquelleJacques Chirac le félicite le lendemain mais qui aurait "participé au retrait du projet", selon Balladur, qui a mis fin à la rallonge budgétaire promise à France 2[13].
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