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Consuelo Berges Rábago, née enCantabrie, en1899 et morte àMadrid en1988, est une journaliste et écrivainerépublicaine espagnole[1].
Fille de mère célibataire, issue d'une famille delibres-penseurs républicains, elle n'a pas fréquenté l'école. Son éducation s'est construite à partir de la bibliothèque familiale, enespagnol et enfrançais.
À quinze ans, vivant avec sa famille àSantander, elle prépare l'examen d'entrée à l'École Normale, dont les méthodes s'inspirent de l'Institution libre d'enseignement.
Après son examen, elle devient professeure à l'Académie de Torre fondée par la pédagogueMatilde de la Torre[2] àCabezón de la Sal et mettant également en pratique les préconisations de l'Institution libre d'enseignement.
Elle publie des premiers articles dansEl Sol de Madrid et laRevista de las Españas. Son point de vue éveille l'intérêt des intellectuels de l'époque : elle se rapproche de personnalités commeClara Campoamor, Ricardo Baeza,Eulalia Galvarriato,Concha Méndez,Azorín,José Ortega y Gasset,Rosa Chacel, Waldo Frank,Francisco Ayala,María Zambrano,Max Nordau etRafael Cansinos Assens.
En décembre 1926, à la suite de laDictature de Primo de Rivera, elle doit s'exiler àArequipa, auPérou. Elle loge chez sa cousine Julia Gutierrez, propriétaire de l'unique librairie de la ville péruvienne. Elle donne des cours et des conférences. Elle collabore enArgentine au journalEl Diario Español, financé par l'Ambassade d'Espagne dont l'ambassadeur estRamiro de Maeztu qui s'oppose fermement aux écrits de Consuelo.
Elle collabore au supplément littéraire deLa Nación, de Buenos Aires, dirigé por Enrique Méndez Calzada et dont le secrétaire estGuillermo de Torre, marié avecNorah Borges. Le couple fait partie du cercle d'amis de Consuelo, avecAlfonsina Storni, Salvadora Leguina etConcha Méndez[3].
En 1931, après la proclamation de laRépublique, elle peut revenir en Europe avecConcha Méndez. Elle vit d'abord à Paris, accueillie par sa cousine la peintreMaría Blanchard[4] et son amiPaul Claudel[5].
De retour en Espagne, Consuelo se voit proposer parClaro Campoamor un poste dans les institutions de la République à Madrid. Elle refuse, préférant écrire ses articles et défendre ses idées tout en travaillant en tant que bibliothécaire aux archives de la Junta Provincial de Beneficencia.
Collaborant à laCNT, à laFAI et àMujeres Libres[6], elle présente ses idées libertaires et milite pour le vote féminin défendu parClara Campoamor. Elle entre, sous le nom deYasnaia, à la loge maçonnique de Madrid[7].
Lorsque laguerre d'Espagne éclate en juin 1936, elle prend en charge l'orphelinat de la Guindalera. Elle évacue les enfants, sous les bombes, traversant l'Espagne jusqu'àGranollers, en Catalogne, pour les mettre en sécurité en zone républicaine[8].
Une fois à Barcelone, elle rejoint l'équipe deMujeres Libres avecBaltasar Lobo - qui fait le graphisme et les dessins -,Rosa Chacel, Soledad Estorach Esterri,Carmen Conde,Pepita Carpeña,Sara Berenguer,Suceso Portales,María Jiménez, Concha Liaño,Lola Iturbe,Antonia Fontanillas,Mercedes Comaposada Guillén.
Consuelo est très active dans l'alphabétisation des femmes, la promotion des contraceptifs et met en avant les droits sociaux et familiaux des femmes, notamment dans les classes populaires[9].
En février 1939, à la victoirefranquiste, Consuelo Berges doit fuir sous les bombes et se joindre à la marée humaine de laRetirada parPortbou. Comme des milliers deréfugiés et exilés, elle est envoyée en camp de concentration auPuy-en-Velay[10].
Elle arrive à s'échapper et à rejoindre Paris, sans papiers ni argent. Elle est recueillie parBaltasar Lobo etMercedes Comaposada, eux-mêmes aidés parPablo Picasso[11]. Elle vit dans la clandestinité pendant quatre ans, survivant en donnant des cours d'espagnol et en écrivant des articles pour les journaux argentins. Elle est arrêtée en 1943 par les nazis qui la renvoie à la frontière espagnole.
Elle évite la prison grâce à l'aide de Matilde Marquina et de Luis de la Serna, mais est bannie de l'enseignement. Le régime lui interdit d'enseigner et d'écrire dans la presse. Pour survivre, elle devienttraductrice de français, luttant pour de meilleures conditions de travail des traducteurs et vivant dans un «exil intérieur» ses préférences républicaines[12].
Elle est connue pour être l'une des grandes traductrices deSaint-Simon,La Bruyère,Flaubert, et surtout deMarcel Proust et deStendhal dont elle est l'une des grandes spécialistes[13].
En 1956, elle obtient le prixFray Luis de León pour la traduction d'Histoire de l'Espagne chrétienne, deJean Descola[14].
En1982, elle fonde le Prix Stendhal de traduction qui décerne annuellement le prix de traduction dufrançais aucastillan[15].
Une rue porte son nom àSantander, en sa mémoire[16], ainsi qu'une association de femmes[17].