En dehors de ces efforts militaires réels, Constant tente de stabiliser un Empire en crise. Dans lesBalkans, il se distingue par des tentatives énergiques mais incomplètes pour freiner la pénétrationslave. Mais c’est surtout enItalie qu’il mène la politique la plus audacieuse. Comme bien d’autres empereurs, il tente de trouver une solution de compromis aux divergences théologiques de son temps, au travers de la défense dumonothélisme. Il s’oppose alors frontalement à la papauté, allant jusqu’à faire arrêter le papeMartin Ier. Vers la fin de son règne, confronté à son impopularité à Constantinople, il se lance dans une tentative de recentrage du pouvoir politique byzantin, au travers d’une campagne militaire inédite en Italie. Il se rend d’abord à Rome, échoue à repousser durablement lesLombards puis s’installe àSyracuse de 663 jusqu’à sa mort, dont les circonstances restent mystérieuses, laissant le trône à son jeune filsConstantin IV.
Empereur vilipendé par les chroniqueurs pour ses prises de positions théologiques, parfois mal connu en raison du manque de sources et régulièrement contesté lors de son règne, les historiens modernes lui reconnaissent l’énergie dont il fait preuve pour tenter de stabiliser un Empire en crise. Son règne apparaît ainsi comme une phase de transition décisive entre l’Antiquité tardive et le monde byzantin médiéval, marquée par la survie résiliente de l’Empire face à des menaces systémiques.
Parmi les autres sources byzantines de la période iconoclaste, leBreviarium du patriarcheNicéphore est notamment particulièrement lacunaire sur le règne de Constant.Georges le Moine, dans sa chronique ultérieure, reprend et amalgame les récits de ses prédécesseurs, sans toujours permettre de trancher sur les événements critiques comme l’usurpation de Mezezius ou la mort de Constant II[5].
Les chroniqueurs arabes, commeAl-Tabari etAl-Baladhuri, bien que postérieurs, évoquent les grandes étapes des conquêtes musulmanes et permettent de reconstruire la chronologie des campagnes militaires, même si leur attention reste concentrée sur les succès arabes et la diplomatie du califat[12]. À cela s’ajoutent les chroniques maronites et arméniennes (Ghévond,Movsès Kaghankatvatsi), qui proposent des vues alternatives sur la situation au Levant, en Arménie et en Anatolie orientale[13]. La chronique attribuée à l'ArménienSébéos, qui se termine en 661, présente notamment l'avantage de sa contemporanéité[14].
Sur un sujet encore plus obscur comme la situation dans lesBalkans, les historiens doivent s'appuyer sur des textes parfois bien postérieurs aux événements comme laChronique de Monemvasia ou des textes religieux dont la fiabilité est sujette à caution, comme lesMiracles de Saint Demetrios[15].
Enfin, les sources numismatiques, longtemps négligées, sont devenues des instruments d’analyse majeurs pour comprendre la communication impériale et l’évolution administrative du règne. Les études de David Woods, Marcus Phillips et Salvatore Cosentino ont mis en évidence l’importance des frappes provinciales (Alexandrie, Chypre, Ravenne) et leur rôle dans la transmission d’un message idéologique, notamment dans le contexte des conquêtes et des réformes militaires[16],[17],[18].
Les interprétations modernes du règne de Constant II sont variables et dépendent pour partie des sources ou de leur absence. Ainsi,Walter Emil Kaegi le qualifie d'énigmatique, tant il peut paraître complexe d'appréhender certains aspects de son règne, comme son départ pour laSicile[19]. AuXVIIIe siècle,Edward Gibbon reprend l'interprétation des chroniqueurs byzantins qui vilipendent Constant. Il met notamment l'accent sur le fratricide qu'il commet, apparenté à un sacrilège et faisant du départ de Constant pour laSicile une fuite face au peuple et à un châtiment dont il ne peut échapper :« mais s’il pouvait échapper aux regards de son peuple, il ne pouvait se fuir lui-même : les remords de sa conscience créèrent un fantôme qui le poursuivit par terre et par mer, la nuit et le jour ». Finalement, il écrit qu'il meurt,« odieux à lui-même et odieux au genre humain »[20]. Les historiens plus modernes sont plus favorables à son égard, soulignant souvent son énergie et sa volonté, à l'instar deJohn Bagnell Bury. Dans le volume qu'il lui consacre,Andreas Stratos le décrit comme énergique et plutôt juste, tout en ayant des penchants autoritaires et bornés. Il lui reconnaît ses efforts face aux défis de l'Empire, même s'il n'est pas doté des talents de son grand-père et apparaît pénétré des valeurs impériales romaines[21]. De même,Warren Treadgold reconnaît l'énergie qu'il met à gouverner l'Empire, avec un sens de l'urgence qu'il souligne[22].
Constant II, né sous le nom d'Héraclius Constantin le[25], est le fils aîné de l'empereurConstantinIII, lui-même fils d'Héraclius, et de son épouseGregoria Anastasia[26],[27]. Sa naissance en 630 intervient dans un contexte dynastique fragile, marqué par la vieillesse d'Héraclius et les tensions entre les différentes branches de la famille impériale. À la mort d'Héraclius en février 641, l'Empire est confié conjointement à Constantin III et à son demi-frèreHéraclonas, fils d'Héraclius et de sa nièce et seconde épouse,Martine. Cependant, cette co-régence tourne rapidement à l'affrontement. Constantin III meurt dès mai 641[N 1], probablement de latuberculose, alors que des accusations d'un empoisonnement orchestré par Martina circulent largement, ce qui fragilise la position du jeune Constant, âgé d'à peine onze ans[28]. Malgré tout, unpapyrus semble attester qu'il a été nommécésar lors du bref règne de son père, consolidant ainsi sa prétention au trône[29].
S'il est réputé de petite taille, d'où potentiellement son surnom de Constant, rien n'est connu de sa vie privée ou de son caractère. Les récits laissés par des chroniqueurs qui lui sont souvent hostiles en font un homme cruel, détesté de tous et profondément seul, parfois décrit comme le nouveauCaïn[30].
ConstantII est finalement couronné à la faveur d'une sédition contreMartine, veuve d'Héraclius, et son filsHéraclonas, suspectés tous deux d'avoir fait périrConstantinIII pour se réserver le pouvoir. Ils sont d'abord contraints d'accepter Constant comme co-empereur. Puis, en septembre641, Martine et Héraclonas sont renversés, mutilés et exilés par le généralValentin, officier promu parConstantinIII[31]. Le Sénat confirme la destitution des deux personnages, ce qui confirme son regain d'autorité puisque les sénateurs se chargent aussi de la tutelle deConstantII[32]. Cette institution avait vu ses fonctions se réduire sousJustinien et entendait récupérer son pouvoir. D'ailleurs, Constant prononce un discours à l'intention des sénateurs dès son intronisation comme seul empereur, dans lequel il vante leur vertu[N 2]. L'organisation exacte de la régence nous est inconnue mais le patriarchePaulII de Constantinople (fl. 641-653) se voit confier la garde du jeune souverain sans oublier le rôle du Sénat, mais le pouvoir est exercé par le général Valentin, qui dès 642 marie sa filleFausta au jeune empereur. C'est également en 642 que Constant revêt la dignité deconsul. C'est alors le dernier empereur à le faire, confirmant le déclin depuis longtemps amorcé de cette fonction traditionnelle de la vie politique romaine[33].
Assez rapidement, Valentin aurait revendiqué le trône pour lui-même, avec des versions discordantes selon les sources.Walter Emil Kaegi préfère la version deJean de Nikiou, qui note que c'est dès 642 qu'il est poussé à y renoncer par une émeute populaire. Il aurait alors eu pour mission de combattre les Arabes, sans grands résultats et aurait été exécuté en 644[34]. SelonThéophane le Confesseur, c'est à cette date qu'il aurait fomenté un coup d'état, là encore déjoué par les Constantinopolitains et qui conduit à son exécution[35]. Si Constant est alors très jeune, il aurait su assez tôt comment s'assurer de la fidélité de l'armée pour garantir sa position. C'est notamment ce qui est rapporté par laChronique de Séert duXIe siècle[36].
Hexagramme datant des premiers temps du règne de Constant II. Il apparaît alors sous des traits juvéniles.
L’un des théâtres décisifs est l’Égypte. Après avoir sécurisé la Palestine et laSyrie, les forces musulmanes, sous la conduite d'Amr ibn al-As, franchissent leSinaï à l’hiver 639. La résistance byzantine, désorganisée, peine à ralentir l’avancée arabe. Le siège deBabylone d’Égypte, entamé en juillet 640, s’éternise dans des conditions extrêmes ; l'armée impériale, mal approvisionnée et affaiblie, capitule après six mois de résistance[41]. La chute de Babylone ouvre la route versAlexandrie, qui tombe à son tour en novembre 641. Une tentative de reconquête byzantine par voie navale permet brièvement de reprendre Alexandrie en 645, mais les Byzantins sont définitivement expulsés en 646 après une nouvelle offensive arabe, soutenue par une flotte plus expérimentée, lors de labataille de Nikiou[42]. La perte de l’Égypte a des conséquences catastrophiques : en privant Constantinople de ses ressources céréalières traditionnelles, elle entame la capacité de l'État à soutenir financièrement et logistiquement son armée[43],[44].
Dans la continuité de ces pertes, la situation enAfrique du Nord empire rapidement. Après la prise de laCyrénaïque vers 642, les troupes arabes poursuivent leur progression vers laTripolitaine, exploitant le vide militaire laissé par les Byzantins[45].
Partie dutrésor de Rougga découvert en Afrique byzantine. Daté de 647, ce trésor a été enfoui pour être préservé des opérations de pillage des Musulmans, particulièrement intenses à cette date. Il comprend notamment une soixantaine de pièces de Constant II[47].
Les motivations de Grégoire semblent multiples et imparfaitement appréhendées[48]. D'une part, il s'oppose à la politique religieuse de Constantinople, notamment à l'édit du Typos imposant le silence sur la question dumonothélisme[49]. D'ailleurs, peu de temps auparavant, l'Afrique est le théâtre du débat entreMaxime le Confesseur, opposant au monothélisme et l'ancien patriarchePyrrhus de Constantinople, lequel sort perdant alors que l'Afrique s'affirme comme un foyer d'opposition au monothélisme. D'autre part, Grégoire tente de renforcer localement la capacité de résistance contre les avancées musulmanes, face à un Empire central incapable de lui envoyer des renforts significatifs. Pour cela, il a pu être tenté d'utiliser ses ressources locales pleinement, en interrompant les versements fiscaux ou de blé à Constantinople[50].
En 647, apprenant l'approche d'une armée arabe commandée par Abdallah ibn Saad, Grégoire rassemble une force estimée à plusieurs dizaines de milliers d'hommes. L'affrontement a lieu près deSufetula, dans l'actuelleTunisie. Malgré son avantage numérique initial, l'armée byzantine est mal coordonnée et s'effondre rapidement face aux forces musulmanes plus mobiles[51]. Grégoire est tué au combat, précipitant la désorganisation complète de la résistance africaine[52].
La mort de Grégoire marque une rupture historique : la Byzance africaine, privée de sa capacité de défense intérieure, se replie sur quelques citadelles côtières comme Carthage. L’Empire perd ainsi presque toute autorité effective sur l’intérieur du Maghreb[53]. Constantinople, absorbée par ses propres luttes contre les Arabes en Orient et en Asie Mineure, n'a ni la capacité ni les moyens de restaurer une domination pleine sur l'Afrique du Nord. Néanmoins,Gennadios II, le successeur de Grégoire, parvient à stabiliser le front en versant un tribut aux Arabes, tout en reconnaissant l'autorité de Constant II, au moins jusqu'en 663[54]. Pour autant, cette défaite et le tribut associé, particulièrement coûteux, aggravent encore plus les difficultés fiscales de l'Empire[55].
En parallèle, la conquête des littoraux levantins permet aux Musulmans de disposer de ressources navales et de marins qu'ils mettent au service de leurs visées expansionnistes. Ils mènent un premier raid dès 649 contreChypre mais essuient une défaite avant de parvenir à piller l'île l'année suivante[63], laquelle devient dès lors progressivement une sorte decondominium byzantino-arabe[64]. En 654 ou, plus sûrement, en 655, les Arabes dirigent une importante armada contre l'Empire byzantin, peut-être lié à une attaque directe contre Constantinople selon l'interprétation du récit deSébéos[65]. En face, Constant II tente de s'affirmer comme jeune empereur et prend la tête de lamarine byzantine qui subit une déroute lors de labataille des Mâts[66],[67]. Si Constant parvient de justesse à échapper à la capture, peut-être en se déguisant en simple soldat, cet affrontement consacre la capacité navale nouvelle des musulmans, qui peuvent lancer des raids d'ampleur jusqu'enmer Égée, visant par exemple l'île deRhodes[68]. Quant à la suite directe de la bataille des Mâts, si les Arabes ont effectivement tenté de s'en prendre à Constantinople, une tempête aurait détruit une partie de leur flotte[69]. Selon plusieurs sources, dont la chronique deThéophane le Confesseur ou celle deMichel le Syrien, c'est à l'occasion d'un de ces raids en 654 que les Arabes auraient définitivement mis à bas lecolosse de Rhodes, même si de tels récits sont vraisemblablement légendaires[70]. Quoi qu'il en soit, la flotte arabe parvient régulièrement à piller les îles byzantines de la mer Égée mais semble lancer des raids jusqu'enSardaigne, avec une attaque attestée àOlbia vers 666[71],[72].
En 656, l'éclatement de lapremière Fitna, une guerre civile au sein du califat, offre une trêve bienvenue à Constant II, qui réorganise quelque peu la défense de l'Anatolie[73]. Elle permet même àConstantII de signer une paix avantageuse avec Muʿawiya en 659, ce dernier s'engageant à payer un tribut à l'empire (1 000nomismata, un cheval et un esclave par jour) pour éviter que les Byzantins ne tirent trop avantage du désordre grandissant dans le califat[74],[N 4]. Pour autant, cette accalmie ne dure que trois ans ans. À partir des années 660, les troupes arabes commencent à hiverner en territoire byzantin, notamment en Cappadoce, confirmant l’enracinement durable de la menace et profitant peut-être du départ de Constant II pour l'Italie en 662-663[75],[76]. En 664-665, les Musulmans atteignentColonée puis, plus tard, s'approchent d'Antioche de Pisidie[77]. En parallèle, les raids maritimes se multiplient, ce que certains historiens lient parfois à un début de blocus de Constantinople, alors que des incursions pénètrent jusqu'enBithynie vers 666-668[78],[79].
Statuette deJavanshir, prince de l'Albanie du Caucase, avec qui Constant II tente de renforcer les liens pour maintenir l'influence byzantine dans leCaucase.
L’Arménie constitue auVIIe siècle un espace frontalier stratégique, à la fois zone tampon entre l’Empire byzantin et le califat omeyyade, et région chrétienne autonome, liée culturellement à Byzance mais divisée sur le plan doctrinal. La principale ligne de fracture est la fidélité de l’Église arménienne aumonophysisme, rejetant les décisions deChalcédoine (451), tandis que Constantinople défend la foi chalcédonienne, et sous Constant II, impose le monothélisme comme compromis doctrinal[80].
L'empereur tente aussi d'imposer à l'Église apostolique arménienne qu'elle se soumette au patriarcat de Constantinople et accepte leSymbole de Chalcédoine. Mais après la promulgation d'un édit en ce sens en648 ou649, le clergé arménien et de nombreux princes du pays, y compris le prince arménienThéodoros Rechtouni, se réunissent en un concile àDvin et condamnent solennellement l'édit malgré l'adhésion à celui-ci ducatholicosNersès III le Bâtisseur. Il en résulte que l'Arménie rejette la suzeraineté byzantine et accepte celle ducalife. C'est à cette occasion que Constant intervient militairement en Arménie vers 652, avant de devoir s'en retirer face à la menace d'une sédition à Constantinople[85].
Parmi les actions menées par l'Empire byzantin pour se défendre face aux musulmans, une ambassade envoyée auprès de l'Empire de Chine est mentionnée vers 643. Les sources chinoises mentionnent qu'elle agit au nom de l'empereur byzantin, en l'occurrence Constant II, appelé Potoli ou Bōduōlì (波多力)[N 5] et qu'elle emporte avec elle de nombreux cadeaux. Si l'idée d'une alliance contre les musulmans est régulièrement évoquée et expliquerait également l'envoi d'émissaires par le dernier souverain perse[90], il est aussi possible que cette ambassade ait eu pour objet la pacification des régions traversées par lesroutes de la soie, puisque les sources chinoises évoquent des marchands. Dans tous les cas, le résultat des éventuelles discussions n'est pas connu mais d'autres ambassades byzantines ultérieures sont parfois rapportées, toujours dans les sources chinoises[91],[92].
La situation desBalkans auVIIe siècle est particulièrement confuse. Considéré comme un front secondaire face aux menaces venues d'Orient, il est mal couvert par les sources byzantines et il est difficile d'avoir une idée précise du désagrègement de la frontière byzantine sur leDanube. Dès la fin duVIe siècle, dans la suite de la poussée desAvars enPannonie, des peuples slaves franchissent le fleuve et profitent des difficultés militaires de l'Empire sur d'autres fronts pour s'installer, parfois pacifiquement, dans des provinces byzantines. Héraclius lui-même se contente de repousser les invasions des Avars, sans vraiment rétablir la complète souveraineté byzantine au sud du Danube. Ainsi, dessklavinies, des sortes de principautés slaves autonomes, se constituent dans les Balkans mais sans constituer une entité politique unifiée, apte à véritablement menacer Constantinople. Concentré sur le péril représenté par le califat, Constant II ne tourne son attention dans les Balkans que vers 655-656[N 6], avec le répit octroyé par la première Fitna. Face à un adversaire divisé et relativement faible militairement, Constant II semble remporter une victoire facile et faire de nombreux prisonniers[93], dont certains sont incorporés dans l'armée[94]. Il n'est pas impossible que ceux-ci aient été déportés en Anatolie pour repeupler consolider les défenses de cette région, une pratique régulièrement utilisée par les souverains byzantins[95]. Ce mouvement permet également d'affaiblir d'autant la présence slave dans les Balkans[96]. Il intervient à nouveau en 661-662, alors qu'il est en chemin vers l'Italie et mène campagne versThessalonique, véritable îlot de résistance byzantine dans la région, avant de se diriger versAthènes etCorinthe, sécurisant une partie de laGrèce, notamment le parcours de laVia Egnatia, stratégique pour l'accès byzantin à lamer Adriatique[97].
Carte faisant figurer certains des premiers thèmes. Pour plusieurs d'entre eux (Anatoliques,Arméniaques,Thracésiens etOpsikion), il est possible que leur création date de Constant II.
Si le règne de Constant II est marqué par la défaite navale lors de la bataille des Mâts, il s'illustre également par une action résolue d'adaptation de lamarine byzantine. Il en renforce la structure propre, distincte jusque dans sa hiérarchie de celle de l'armée. Des historiens comme Constantin Zuckerman en font d'ailleurs le fondateur de la marine byzantine en tant que tel. Si tous les historiens ne s'accordent pas sur ce constat, ils reconnaissent le rôle important de Constant II dans l'adaptation de la flotte aux réalités de son temps puisqu'elle fait désormais face à une réelle menace navale[107]. Certaines des mesures fiscales prises par Constant II quand il est en Italie visent d'ailleurs probablement à renforcer la marine, à l'instar d'un système decorvées[N 7], souvent lié à l'émergence de la flotte centrale dite desKarabisianoi[108],[109].
Dans la lignée d'évolutions déjà sensibles sous Héraclius, notamment l'hellénisation de l'administration impériale, Constant II généralise l'usage du titre debasileus, l'équivalent grec d'empereur ou d’augustus, son synonymelatin. Sans que le terme d’augustus disparaisse totalement, il fait plutôt figure de survivance et est nettement remplacé par celui debasileus dans la nomenclature impériale. En cela, des historiens voient dans cette évolution l'affirmation d'un monde impérial romain nettement plus oriental, qui se détourne progressivement de son héritage latin[113].
Tout au long de son règne, Constant II est confronté à l'insuffisance des ressources de son Empire face aux défis qu'il affronte. Il est difficile d'avoir une vision précise des moyens qu'il met en œuvre pour lever de nouveaux impôts, tant les sources sont éparses mais il est possible de constater qu'il tente à plusieurs reprises de susciter de nouvelles ressources fiscales. C'est plus particulièrement le cas quand il se rend en Italie puis en Sicile, puisque les sources occidentales orientent vers une fiscalité impériale agressive, liée à la reprise de la guerre contre les Musulmans. Récemment, Constantin Zuckerman a fait de Constant le potentiel créateur d'un impôt byzantin plus tardif, lekapnikon. Il s'agit d'un impôt relevant de la catégorie descapitations, nouveau dans le contexte byzantin. Il pèse sur l'ensemble de la population, ce qui explique que leLiber pontificalis évoque une calamité pesant sur le plus grand nombre. Cette hypothèse soutenue par Constantin Zuckerman s'appuie sur l'existence d'un impôt équivalent dans le monde musulman, dont Constant II se serait inspiré pour optimiser les levées fiscales en promouvant une taxe relativement simple à prélever et qui est amenée à prospérer dans les décennies à venir, non sans provoquer de vives tensions en Italie[117].
Le gouvernement de Constant II est marqué par plusieurs rébellions et tentatives de coup d'État, à l'image des séditions provinciales en Italie et surtout en Afrique, avecGrégoire puisGennadios II, témoignages de difficultés de l'autorité impériale à s'imposer sur ses périphéries[118],[119]. À Constantinople, au-delà du complot de Valentin au début du règne de Constant, plusieurs événements illustrent la difficulté de Constant à garantir la stabilité politique de son règne, expliquant pour partie qu'il décide de partir pour Syracuse dans les années 660. Vers 660, il rentre en opposition frontale avec son frère, Théodose, accusé de complot et mis à mort. Les motifs de cette exécution restent largement mystérieux même si son frère a pu être accusé de vouloir s'emparer du trône mais ce fratricide contribue à la légende noire de Constant. Le traitement infligé au pape aurait également contribué à son impopularité. SelonJean Zonaras, l'empereur aurait été détesté par les habitants de la capitale, tandis queMichel le Syrien met l'accent sur le manque de fiabilité de l'armée. Il est possible de mettre en cause les corps desExcubites ou bien les contingents installés enThrace, tous à proximité directe de Constantinople et donc particulièrement menaçants[120]. En 652, alors que Constant a quitté Constantinople pour l'Arménie, il s'inquiète que Georges le Magistre, un important notable resté à Constantinople, ne profite de son absence pour prendre le pouvoir avec le soutien des troupes de Thrace notamment. Si Constant parvient à faire prisonnier Georges le Magistre, il ne peut que constater à cette occasion le climat séditieux qui agite certaines de ses troupes[121].
Ces mouvements de révolte illustrent une relative perte d'autorité du pouvoir central, affaibli par des défaites d'ampleur et possiblement aussi par la minorité de Constant II, tandis que le poids de l'armée tend à s'accroître[122]. Ainsi, en 651, alors qu'il négocie une trêve avec Mu'awiya, Constant II prend le soin de consulter l'armée[123]. En outre, avec la disparition progressive d'une armée de campagne centralisée et l'émergence d'armées provinciales, celles qui forment les noyaux des futursthèmes, la question de leur loyauté tend à s'affirmer, avec le risque que leur implantation locale ne les rende plus fidèles à un général qu'à l'empereur. Cette tendance est plus forte dans les régions les plus périphériques, en particulier l'Arménie. Cette région frontalière, marquée par les divergences théologiques avec Constantinople, est le foyer de différentes séditions, dont celle deSaborios qui intervient à la toute fin du règne de Constant, en 667-668. Saborios s'appuie notamment sur le soutien de Mu'awiya, alors àDamas et sur l'appui du contingent desArméniaques dont il est le commandant pour s'avancer jusqu'en Bithynie, alors que Constant est à Syracuse. Finalement, la rébellion s'éteint avec la mort accidentelle de Saborios mais des historiens comme Kaegi en font le premier exemple fort de la révolte de troupes thématiques[124].
Mais l'année suivante, en649, le nouveau papeMartinIer, élu sans l'aval du gouvernement impérial, réunit unsynode au Latran en présence du moineMaxime le Confesseur et lance l'anathème contre à la fois le monothélisme et leTypos[138],[139]. Cette opposition à la théologie impériale est alors dirigée principalement par des religieux d'origine orientale, dont Maxime le Confesseur est le meilleur représentant. Avec les conquêtes arabes, certains ont trouvé réfuge à Rome, qui devient alors un foyer d'opposition frontale au monothélisme. Plus encore qu'auparavant, Rome s'affirme comme défenseur d'une foi chrétienne véritable et du dualisme de la nature christique[140], tandis que Maxime le Confesseur n'hésite pas à dénier l'autorité religieuse de l'empereur[141]. Néanmoins,ConstantII ne reconnaît pas l'autorité du papeMartinIer et l'exarque de RavenneOlympios a ordre d'arrêter le pape et de faire lire leTypos dans toute l'Italie. La position de Ravenne est alors délicate. Son archevêque,Maur, a d'ailleurs refusé d'assister au synode pour éviter d'être en porte-à-faux avec Constantinople[140]. Quant à Olympios, il tente de mener son armée contre Rome mais il se retourne ensuite contre l'Empereur dans des circonstances qui restent obscures[N 9]. Il part alors combattre les musulmans qui auraient lancé des raids en Sicilie et serait mort peu après[142]. À l'image de la situation en Afrique, les querelles religieuses favorisent les tendances séparatistes de certains gouverneurs, ce qui contribue à fragiliser l'autorité impériale[143].
Maxime le Confesseur torturé sur ordre de Constant II. Miniature issue de la chronique deConstantin Manassès.
En juin653,ConstantII parvient à faire arrêter le papeMartinIer et le moine Maxime le Confesseur par un nouvel exarque,Théodore Calliopas[144]. Traité sans aucun ménagement, le pape est amené à Constantinople où il est accusé de complot contre l'empereur (accusation politique et non religieuse) et condamné à mort par le sénat[145]. Après plusieurs semaines de captivité et un appel à la clémence du patriarche en sa faveur, sa peine est commuée en bannissement ; il est déporté enCrimée où il meurt un an et demi plus tard[146],[142],[147]. Le moineMaxime, torturé et mutilé, meurt en662, exilé dans leroyaume de Lazique, à l'âge de82 ans[148],[149]. Cet acte fort contribue à distendre les liens entre l'Empire et l'Occident chrétien. LesFrancs décident notamment de réagir par la rupture des liens diplomatiques avec Constantinople[150].
Malgré cette répression,ConstantII accepte l'élection de papes non favorables au monothélisme (EugèneIer en654,Vitalien en657), du moment qu'ils ne militent pas ouvertement contre cette doctrine. Pour autant, il s'en faut de peu que les autorités byzantines ne fassent également arrêter Eugène. En effet, celui-ci envoie d'abord des légats faire reconnaître sa nomination mais ils reviennent de Constantinople avec une lettre apparemment absconse l'appelant à communier avec Constantinople, ce que refuse la population romaine[10]. Constant est seulement dissuadé d'intervenir par la priorité plus pressante de la lutte contre les Arabes. Les relations avec Vitalien sont meilleures, en raison de la grande prudence de celui-ci à éviter toute rupture avec Constantinople et à se concilier les autorités impériales. L'empereur s'y montre sensible et reconnaît sans difficultés son accession au trône de Saint-Pierre[151].
Plus largement, Judith Herrin voit dans ces événements la confirmation de l'éloignement entre Rome et Constantinople, qui tente tant bien que mal d'assurer une unité chrétienne face à la menace musulmane, sans parvenir à trouver une formule ou une stratégie gagnante, tandis que l'exarque de Ravenne peine à faire régner l'autorité impériale sur une Italie en phase de morcellement politique de plus en plus avancée[152].
Constant II se rend d'abord par mer àThessalonique, puis par terre àAthènes et àCorinthe, puis débarque àTarente enApulie et entame une campagne méthodique contre les Lombards. Il parvient à reprendre certaines places commeLucera et exerce une pression importante autour deBénévent[160]. Cependant, son effort est rapidement contrarié par la résistance efficace du roi lombardGrimoaldIer et de son filsRomuald. La bataille de Forino, en 663, marque un tournant : les forces byzantines subissent une lourde défaite. Constant se replie alors àNaples puis se dirige vers Rome. Sur le chemin, un contingent dirigé par le généralSaburrus est anéanti par les Lombards[161].
Photographie de la ville deSyracuse, éphémère capitale de l'Empire byzantin sous Constant II.
Après la déconvenue militaire et diplomatique de sa campagne italienne, Constant II opère un choix stratégique sans précédent : en 662, il décide de fixer sa résidence impériale à Syracuse, en Sicile, non sans avoir d'abord envisagé Rome selon Théophane le Confesseur. Cette décision, très inhabituelle, donne lieu à une série d’aménagements urbains : restauration de l’aqueduc[173], construction d'au moins une église, réorganisation du port et de la forteresse, accueil d’un personnel administratif transféré depuis Constantinople[174]. Ce déplacement a longtemps été interprété comme une fuite devant l’avancée arabe en Orient ou une marque d’échec militaire. Toutefois, une lecture plus nuancée, éclairée par l’historiographie récente, met en évidence une stratégie politique et idéologique structurée. Sur le plan géopolitique, l’installation de la cour impériale en Sicile répond à une double logique. D’abord, elle permet à Constant de reprendre pied en Méditerranée occidentale, région plus stable militairement que l’Orient, mais menacée à long terme par les offensives arabes en Afrique du Nord. Ensuite, Syracuse offre une position centrale pour intervenir tant en Italie qu’en Afrique ou enDalmatie, tout en maintenant des communications avec Constantinople et les Balkans[175],[176]. Enfin, la Sicile est l’une des provinces les plus prospères économiquement, relativement épargnée par les ravages des invasions, et capable d'assurer un soutien logistique à la cour impériale[177]. Ainsi, Vivien Prigent a souligné le rôle central de l'île pour compenser une partie des pertes en ressources liées à la chute de l'Egypte, notamment l'interruption de l'annone[178].
Ce recentrage s’inscrit dans une volonté de renforcer le contrôle impérial sur l’Italie, notamment face à une papauté de plus en plus autonome[179],[180]. Plusieurs historiens soulignent la portée idéologique du transfert : loin d’être une abdication du pouvoir central, il s’agit d’une tentative de réaffirmer la romanité de l’Empire dans un contexte de déclin oriental. Syracuse, entre Orient et Occident, devient le pivot symbolique d’un Empire toujours prétendument universel[181]. Ce mouvement témoigne des bouleversements de l'idéologie impériale d'alors. L'Empire byzantin est encore en grande partie pénétré de l'héritage impérial romain et de sa prétention universaliste, tant vers l'Orient que vers l'Occident, pourtant plus périphérique. Si leVIIe siècle voit, à terme, un éloignement entre les deux pôles de la romanité, Rome et Constantinople, le geste de Constant II a été perçu par des historiens comme une tentative de maintenir ce lien entre ces deux pôles[182]. Cette lecture est renforcée par les parallèles établis entre ce déplacement et les pratiques anciennes du pouvoir romain (comme les cours mobiles ou les résidences impériales en Occident auIVe siècle). D'ailleurs,Maurice, qui règne de 578 à 602, a envisagé une partition de l'Empire entre ses fils[183], tandis qu'Héraclius aurait réfléchi à se replier sur Carthage[184]. En outre, ce déplacement du centre de gravité impérial s'accompagne d'efforts de Constant pour reprendre la main sur les structures religieuses et administratives locales et y renforcer la présence byzantine en Occident[185].
Cependant, cette relocalisation n’est pas sans effets délétères. L’absence prolongée de l’empereur affaiblit son autorité à Constantinople et nourrit le ressentiment des élites locales. Il n'est d'ailleurs pas exclu que Constant ait pour partie voulu prendre ses distances avec la cité impériale, où sa popularité est fragile. Il veille malgré tout à maintenir une présence de sa famille à Constantinople puisque la régence est confiée à son jeune filsConstantin IV[186]. En outre, la population de Constantinople s'oppose au départ du reste de la famille impériale pour Syracuse, en particulier ses deux autres fils,Héraclius etTibère. L'opposition est notamment menée par deux dignitaires, lepatriceThéodore de Colonée et lecubiculaireAndré[159].
Par ailleurs, ce déménagement rapproche l'empereur de certaines provinces, non sans effets délétères. Il aurait renforcé ses exigences fiscales auprès de l'exarque d'AfriqueGennadios II vers 653, entraînant la dissidence de celui-ci. Il parvient, grâce àÉleuthérios, à faire chasser Gennadios d'Afrique et à reprendre le contrôle d'une partie de cette province. Si Gennadios s'allie avec Mu'awiya, qui envoie une grande armée pour l'aider à reprendre Carthage, la mort de Gennadios àAlexandrie interrompt la menace[187]. Bien que peu documentée, cette révolte traduit un rejet du gouvernement depuis l’Occident et une crise de légitimité du souverain, déjà contesté pour ses mesures fiscales en Italie et son autoritarisme croissant[188],[189]. De même, vers 667, un recensement à visée fiscale est ordonné dans les provinces occidentales de l'Empire, ce qui peut attiser le ressentiment des populations[190].
Les récits anciens divergent toutefois sur les circonstances précises de la mort. Certains, commeAnastase le Sinaïte, évoquent un objet tranchant[195] ; d'autres, tel David Woods, proposent une relecture du texte deThéophile d'Édesse et défendent l'hypothèse d'une mort accidentelle, transformée en assassinat par la propagande impériale[196], tandis que laChronique de 1234 parle d'une agonie de deux jours[197].John Haldon estime plus vraisemblable une conspiration orchestrée par l'aristocratie restée à Constantinople, soucieuse de recentrer les priorités impériales sur la lutte contre les musulmans en Anatolie[198]. Riccardo Maisano suggère, pour sa part, une implication arabe, en s'appuyant sur le contexte des défections arméniennes vers le camp musulman dont Mezezios serait une illustration[199] ; une thèse que semble accréditer le récit deMovsès Kaghankatvatsi, qui rapporte un projet d'assassinat fomenté par le calife Muawiya et le princeJavanshir[200].
Vivien Prigent a proposé une autre relecture des sources, associant l'assassin du nom d'André aucubiculaire homonyme[N 12]. Une telle hypothèse accréditerait le complot d'origine constantinopolitaine et ferait même de Constantin IV un potentiel complice. Il rattache l'événement à une autre relecture, qui avance le premier siège de Constantinople aux années 667-669 et non 674-678[201]. L'élimination de Constant serait donc à relier à l'urgence ressentie par une partie de l'élite impériale de mettre un terme au recentrage politique de l'Empire en Sicile[202].
Ces contradictions soulignent l'incertitude qui entoure encore la disparition de Constant II, dont la mort, si elle reste communément fixée à 668, a parfois été datée de 669[203]. Elle a été diversement imputée à un domestique isolé, à une conspiration locale en Sicile, à l'aristocratie constantinopolitaine ou même à une intervention musulmane[204]. Le lien direct avec la conspiration avec Mezezios est lui-même incertain, seul leLiber pontificalis en fait un instigateur de la mort de l'empereur[205]. Enfin, le destin de sa dépouille reste lui aussi obscur : mort à Syracuse, l'empereur aurait été inhumé dans le monastère Saint-Grégoire de la ville, maisGeorges Cédrène rapporte — en contradiction avec les conclusions de Philip Grierson — un transfert du corps à Constantinople, auprès de son père, dans l'église des Saints-Apôtres[206].
Constant II épouse jeuneFausta, dont le nom n'est connu que par une mention sur sa sépulture, fille du généralValentin. Ensemble, ils ont au moins trois fils[207] :
↑Vraisemblablement aux alentours du 24 mai, bien que d'autres sources évoquent le 20 avril (Grierson 1962,p. 48-49).
↑Le discours est notamment rapporté par Théophane le Confesseur :« Mon père Constantin, qui m’engendra, régna pendant un temps considérable du vivant de son père — c’est-à-dire mon grand-père Héraclius — en qualité de co-empereur, et, après sa mort, pendant un laps de temps très court ; car la jalousie de sa belle-mère Martine coupa court à ses légitimes espérances et le priva de la vie, et cela à cause d’Héraclonas, son enfant illégitime conçu avec Héraclius. Votre pieuse décision l’a justement chassée de la dignité impériale, elle et son enfant, afin que l'Empire romain ne parût pas être gouverné de manière illégitime, comme votre Magnificence suprême le savait parfaitement. C’est pourquoi je fais appel à vous pour être mes conseillers avisés au sujet du bien commun de nos sujets. » (Mango et Scott 1997,p. 475-476).
↑Lachronique de Frédégaire est la seule à mentionner un tribut équivalent payé par l'Empire byzantin au califat quelques années avant cette trêve.
↑Les historiens ne s'accordent pas sur l'identité de la personne ainsi désignée. PourÉdouard Chavannes, suivi parCécile Morrisson, il s'agit d'une déformation du termebasileus, tandis queHenry Yule y voit plutôt une référence au patriarche ou à un patricien, qui agirait alors en tant que régent étant donné le jeune âge de Constant.
↑Des sources orientales donnent des années un peu plus tardives, jusqu'en 659.
↑LeLiber Pontificalis affirme ainsi que les mesures de Constant conduisent à arracher les époux à leurs femmes, impliquant probablement la mobilisation de marins pour renforcer les effectifs de la marine face aux raids des Arabes (Herrin 2023,p. 295).
↑Il pourrait s'agir alors de l'évocation de la paix apportée par le Christ ou bien un écho à la fonction pacificatrice de l'empereur.
↑Selon une légende rapportée par leLiber pontificalis, le soldat chargé de tuer le souverain pontife aurait été rendu aveugle par une intervention miraculeuse.
↑LeLiber Pontificalis évoque l'année 669 mais il s'agit probablement d'une erreur. Le jour exact n'est pas certain. Le même document évoque le 15 juillet mais certains historiens préfèrent dater l'assassinat du mois de septembre, souvent considéré comme le point de départ du règne de Constantin IV. Il n'est pas impossible que le délai soit lié au temps nécessaire pour que l'information de la mort de Constant II atteigne Constantinople (Grierson 1962,p. 49-50).
↑« Il entra dans la salle de bain avec un serviteur nommé André, fils de Troïlos. Quand il eut commencé à se savonner, André saisit la cruche, en frappa l'empereur sur le sommet de la tête, et s'enfuit tout de suite. Comme l'empereur s'attardait dans la salle de bain, ceux qui étaient à l'extérieur s'y précipitèrent et le trouvèrent mort. Après l'avoir enterré, on força l'Arménien Mezezios à prendre le titre d'empereur, parce qu'il était de belle prestance et dans la fleur de l'âge. Apprenant la mort de son père, Constantin se rendit en Sicile avec une grande flotte ; il captura Mezezios et le fit exécuter avec les assassins de son père. » (Chronique deThéophane)
↑Vivien Prigent rappelle au passage que le cubiculaire dispose d'un accès privilégié aux quartiers privés de l'empereur, ce qui est le cas des thermes.
↑Constantin Zuckerman, « La formule de datation du SBVI8986 et son témoignage sur la succession d'Héraclius »,The Journal of Juristic Papyrology,vol. 25,,p. 187-201.
↑Roger Guéry, Cécile Morrisson et Hedi Slim, « Recherches archéologiques franco-tunisiennes à Rougga. III. Le trésor de monnaies d'or byzantines »,Publications de l'école française de Rome,vol. 60,,p. 75-95(lire en ligne).
↑Basile Markesinis, « Erreurs récurrentes et certitudes concernant la dernière décennie de la vie de S. Maxime le Confesseur »,Byzantion,vol. 88,,p. 329-344.
↑(en)Rosamond McKitterick, « The papacy and Byzantium in the seventh- and early eighth-century sections ofthe Liber pontificalis »,Papers of the British School at Rome,vol. 84,,p. 243-245.
↑Vivien Prigent,« La Sicile de Constant II: l'apport des sources sigillographiques », dansLa Sicile, de Byzance à l'Islam, De Boccard,(ISBN978-2701802756),p. 155-157.
↑Vivien Prigent, « Le rôle des provinces d'Occident dans l’approvisionnement de Constantinople (618-717) : témoignages numismatique et sigillographique »,Mélanges de l'école française de Rome,vol. 118-2,,p. 169-199(lire en ligne).
↑JamesHoward-Johnston,« Caucasian Albania and its historian », dansFrom Albania to Arrān: The East Caucasus between the Ancient and Islamic Worlds (ca. 330 BCE–1000 CE), Gorgias Press,, 351-371 p.(ISBN978-1463239886,DOI10.31826/9781463239893-019),p. 366-367.
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