Les connaissances, leur nature et leur variété, la façon dont elles sont acquises, leur processus d'acquisition, leur valeur et leur rôle dans lessociétés humaines, sont étudiés par une diversité de disciplines, notamment laphilosophie, lapsychologie, lessciences cognitives, l'anthropologie et lasociologie.
Allégorie de la Connaissance -Henri Rachou - Union des Académie et Sociétés savante de Toulouse.
faculté mentale produisant une assimilation par l'esprit d'un contenu objectif préalablement traduit en signes et en idées.
résultat de cette assimilation. La connaissance est une possession symbolique des choses. Elle comprend une infinité de degrés. La connaissance rationnelle, méthodique universelle a parfois été opposée au savoir empirique, chaotique, objectif
Enphilosophie, la connaissance a des définitions particulières qui lui sont propres, parfois variables selon les écoles ou filiations de pensée[2]. L'ancienne classe de philosophie, par exemple conformément au programme du 18 juillet 1960 avec les ouvrages de Léon Meynard, aborde ce thème crucial de la connaissance[3]. Après une présentation de la culture et de la philosophie, quatre parties déclinent ce thème, sous l'angle des instruments et des opérations (conscience, attention, perception, mémoire, imagination et monde des images, langage, intelligence conceptuelle et intuition, jugement et association des idées, raisonnement et pensée logique), puis de la connaissance et modélisation scientifique (science mathématique, sciences expérimentales ou basées sur l'observation, biologie etc.), et de la connaissance humaine (psychologie, sciences humaines, histoire, sociologie etc.), enfin des rapports de la connaissance avec l'être (métaphysique, théorie de la connaissance et de la raison, vérité, existence du monde extérieur, espace et temps, sens du monde -matière, vie, esprit- et Dieu).
La science en général est un ensemble de méthodes systématiques pour acquérir des connaissances : les connaissances scientifiques.
Il existe néanmoins de nombreuses formes de connaissances qui, sans être scientifiques, n'en sont pas moins parfaitement adaptées à leur objet. Notamment :
la connaissance qu'ont les individus de leur propre histoire (connaître son propre nom, ses parents, son passé),
ou encore les connaissances communes d'un groupe d'individus (chasser le phoque) ou d'une société donnée (la transhumance, l'écobuage...) ou de l'humanité (Odyssée culturelle de l'humanité...).
Lesconnaissances tacites sont souvent relatives au vécu personnel ; elles regroupent les compétences innées ou acquises, le savoir-faire et l'expérience (elles sont dites aussi « connaissances implicites »), sont généralement difficiles à verbaliser ou à « formaliser », par opposition aux connaissances explicites
Lesconnaissances explicites, par opposition aux connaissances tacites, sont les connaissances clairement articulées sur un document écrit ou dans un systèmeinformatique ; ces connaissances sont transférables physiquement, car elles apparaissent sous une forme tangible tel qu'un document dossier papier ou un dossier électronique.
Pour l'anthropologue, la première connaissance est celle que leshommes ont d'eux-mêmes et de leurenvironnement, et qui, dans les sociétés primitives, assure leur survie quotidienne. C'est aussi cette connaissance qui structure le groupe humain. Elle se constitue comme un ensemble de pratiques, de comportements et de règles admises par la communauté. La pratique de la chasse collective suppose à la fois la connaissance de ses congénères, celle du gibier, celle du terrain et un savoir-faire partagé.Gérard Mendel, créateur de lasociopsychanalyse, en fait le point de départ des sociétés humaines dans son ouvrageLa chasse structurale[4].
La société traditionnelle est peu portée vers l'innovation : les règles établies sont difficilement transgressables d'autant qu'elles s'appuient sur une représentation du monde et un univers mental où le sacré est omniprésent[6]. La connaissance a alors un caractère religieux. Et inversement, la religion peut apparaître, à l'origine, comme l'unique moyen de connaître le monde. Dans les sociétés « modernes », la connaissance devient également un enjeu de pouvoir, et son « évaluation » autorise de départager une réelle « expertise » d'un niveau insuffisant, ou même de l'imposture. Il n'est pas certain que les procédures mises en place dans les disciplines scientifiques permettent de distinguer à coup sûr les uns et les autres. Il n'est pas non plus définitivement avéré que les institutions « cognitives » laissent toujours se déployer librement l'étude innovatrice : on peut même se demander, avec Thomas Kuhn ou Maurice Allais, si l'attitude la plus répandue dans les grandes organisations n'est pas de préférer les démarches qui ne soulèvent aucune remise en cause des dogmes en vigueur.[réf. souhaitée]
Enphilosophie, on étudie avant tout la connaissance au sens de l'état de celui qui connaît ou sait quelque chose. On appelle aussi connaissances les choses connues elles-mêmes, mais cette seconde notion n'est pas celle qui intéresse les philosophes. De même, on appelle aussi connaissances, par extension, les choses qui sont tenues pour des connaissances par un individu ou une société donnée; mais là aussi, les philosophes ne s'intéressent pas à cette notion, sauf dans les débats concernant certaines formes derelativisme[note 1].
Les philosophes distinguent traditionnellement trois types de connaissances :
la connaissance propositionnelle est le fait de savoir qu'une certaine proposition est vraie, par exemple, savoir que la Terre est ronde ;
la connaissance objectuelle, aussi appeléeacquaintance, est le fait de connaître une chose particulière, par exemple, connaître Paris[7] ;
le savoir-faire est le fait d'être capable de réussir une action, par exemple, savoir faire des crêpes[8].
La définition de la connaissance propositionnelle est celle qui a le plus attiré l'attention des philosophes. Ils s'accordent généralement à dire qu'une connaissance est unecroyance qui estvraie, mais aussi qu'elle n'est pas seulement une croyance vraie[note 2]. Il faut en outre que la croyance et la vérité (ou le fait) soient en quelque sorte connectés d'une façon appropriée, mais les philosophes sont en désaccord sur la nature de cette connexion. Pour certains, il faut que la croyance soit certaine ou infaillible[9], pour d'autres, qu'elle soit justifiée[10] ou pourvue d'une justification non défaite[11], pour d'autres, qu'elle résulte d'un processus fiable[12], ou pour d'autres encore qu'elle ne soit pas vraie par accident[13]. Ce sont sur ces conditions supplémentaires pour la connaissance que les débats portent.
Le noyau de l'économie de la connaissance est lié à l'appropriation des connaissances et à la production continuelle d'innovation. Tous les secteurs de la vie sociale qui concourent à la production de connaissances seraient les nouveaux centres ducapitalisme cognitif.
Certains économistes et sociologues et experts en gestion de connaissance appellent « sociétés de la connaissance » les sociétés à forte diffusion et flux d'informations et de savoir.
On parle depatrimoine immatériel de l'humanité pour désigner l'ensemble des traditions, langues et cultures, savoir-faire artisanaux et expressions artistiques vivantes, en particulier lorsqu'elles appartiennent au domaine de la transmission orale.
L'UNESCO, après n'avoir longtemps tenu compte que du patrimoine matériel, s'y est intéressé tardivement, à la fin des années 1990, et a adopté une convention, le, qui reconnaît pleinement la valeur de ces savoirs[14].
Depuis1950, le gouvernement du Japon attribue le titre de »Trésor national vivant » à des individus ou groupes reconnus comme porteurs d’un savoir-faire culturel immatériel important[15]. Ce titre est attribué à des maîtres de métiers tels que la peinture sur bois, la fabrication de papier ou de sabres, la vannerie et la poterie, ainsi qu’à des acteurs et musiciens de spectacles traditionnels.
unedonnée, en général mesurable (exemple : « Il fait 15° dans cette pièce »),
uneinformation correspondant à une donnée contextualisée (exemple : « Il fait froid dans cette pièce ») et
une connaissance correspondant à l'appropriation et l'interprétation desinformations par les hommes (exemple : « Pour avoir chaud, il suffit de monter le chauffage »).
Notons ici que sont éliminées d'autres interprétations possibles de la situation, comme : « pour avoir chaud, vous devez bouger davantage », ou : « la température de la pièce monta d'un cran » (en référence à une querelle). Ainsi, ce qu'on nomme « connaissance », « information » ou « interprétation » dépend entièrement d'une décision de limiter le « contexte sémantique », cette décision pouvant dépendre à son tour des acteurs qui ont le pouvoir d'organiser la conversation sur les connaissances « pertinentes ». La difficulté principale rencontrée pour informatiser les connaissances tient à la quasi-impossibilité de maîtriser les interférences entre contextes et leur caractère arborescent. Le choix de ne retenir que le sens des termes utilisé par la hiérarchie de l'organisation contient une part d'arbitraire stratégique. Négliger cet aspect revient à transformer la « connaissance » en une croyance indiscutable.
Dans lesentreprises, la connaissance (au sens limité de celle qui est pertinente pour l'organisation) correspond à un capital decompétences que détiennent les hommes et les femmes dans différents domaines professionnels (exemples :marketing,R&D,ingénierie,production,logistique,approvisionnements,commercial,juridique...) constituant ce que l'entreprise nomme son « cœur de métier » (exemple : « Constructeur d'automobiles » pourRenault). Ces compétences doivent être gérées et capitalisées pour améliorer l'efficacité globale de l'entreprise. Des modèles méthodologiques deKM - tels que KnoVA[19], MKSM[20] ou encore MASK - peuvent distinguer jusqu'à six types de connaissances pour décrire une compétence métier, représentative d'un savoir-faire professionnel particulier à une entreprise :
les connaissances contextuelles, décrivant la culture métier du savoir-faire à l'aide des contextes reconnus ;
les connaissances opératoires, décrivant le processus métier du savoir-faire à l'aide des activités prises en compte ;
les connaissances comportementales, décrivant l'expertise métier du savoir-faire à l'aide des règles imposées ;
les connaissances terminologiques, décrivant le vocabulaire métier du savoir-faire à l'aide de termes décidés ;
les connaissances singulières, décrivant l'expérience métier du savoir-faire à l'aide de cas sélectionnés ;
les connaissances évolutives, décrivant l'évolution métier du savoir-faire à l'aide de retours d'expérience choisis.
Par ailleurs, engestion des connaissances comme encognitique industrielle, on fait aussi la distinction entre l'information, ladonnée brute, la connaissance, qui est la sélection, l'appropriation et l'interprétation desinformations par les hommes (Jean-Yves Prax)[21], ainsi que « les savoirs », qui mettent en perspective les connaissances ponctuelles sur le long terme.
Dans lesentreprises, la connaissance correspond au capital d'expertise que détiennent les hommes dans les différents domaines (marketing, R&D, achats, commercial, juridique...) qui constituent le cœur de métier de l'entreprise. Cette connaissance doit être gérée pour améliorer l'efficacité globale des entreprises, la sécurité et la fiabilité des opérateurs et des traitements de connaissances, ainsi que l'accessibilité des connaissances par les usagers, notamment avec l'aide des technologies (dites technologie de la connaissance ou technologiescognitiques).
Lasociologie de la connaissance est le sous-domaine de lasociologie qui étudie les relations entre la pensée et la société[22],[23],[24].Comme l'anthropologie de la connaissance, elle comprend « la connaissance " au sens large qui englobe les idées philosophiques et politiques, les doctrines religieuses et idéologiques, ainsi que le folklore, le droit et la technologie. La sociologie de la connaissance étudie dans quelles circonstances sociohistoriques la connaissance surgit, quelles conséquences elle a et de quelles conditions existentielles elle dépend. Les conditions examinées comprennent des facteurs physiques, démographiques, économiques et socioculturels. Un exemple de théorie dans ce domaine est dû àKarl Marx, qui affirme que l'idéologie dominante dans une société est le produit et change avec les conditions socio-économiques sous-jacentes[25],[23],[24]. Un autre exemple se trouve dans les formes d'érudition décoloniale qui prétendent que les puissances coloniales sont responsables de l’hégémonie des systèmes de connaissances occidentaux. Ils recherchent unedécolonisation du savoir pour miner cette hégémonie[26],[27].
↑Certaines formes de relativismes affirment que la connaissance n'est autre chose que ce qui est tenu pour connaissance par un individu ou une société donnée. Par exemple, ils diront que le fait que la Terre était au centre de l'Univers était une connaissance des Grecs, mais que ce n'est plus une connaissance dans la société moderne. Ces penseurs rejettent l'idée d'une notion objective de connaissance, ou que la connaissance implique la vérité. Une telle position a été défendue par les sociologues des sciences Barry Barnes et David Bloor, par exemple dans Barnes, B. and D. Bloor,Relativism, Rationalism and the Sociology of Knowledge, in M. Hollis and S. Lukes (éds.),Rationality and Relativism, Oxford, Blackwell, 1982,p. 21-47.
↑Léon Meynard,La connaissance, opus cité. Professeur agrégé au lycée Paul Valéry, Léon Meynard a aussi publié divers "Cours de philosophie. Logique et philosophie des sciences" pour toutes séries et classes.
L'anthropologie n'a pas encore pris la mesure de ce constat : dans la définition même de son objet - la diversité culturelle sur fond d'universalité naturelle - elle perpétue une opposition dont les peuples qu'elle étudie ont fait l'économie.
↑Jean Louis Ermine et als,MKSM : Méthode pour la gestion des connaissances, Ingénierie des systèmes d'information, AFCET, Hermès, 1996, Vol. 4,no 4,p. 541-575.
↑Le Manuel du Knowledge Management, mettre en réseau les hommes et les savoirs pour créer de la valeur, Dunod 2007
Léon Meynard, "La connaissance", terminales A, Librairie classique Eugène Belin, Paris, 1963, réédition 1968, 462 pages sans la table des matière. Il s'agit pour les terminales A d'un premier volume, le second s'intitulant l'Action. Pour les terminales C,D et T, l'ouvrage est condensé en un seul volume, sous le titre La connaissance et l'action.