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Conflit tchado-libyen

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Conflit tchado-libyen
Description de cette image, également commentée ci-après
Zone contrôlée par le GUNT au Tchad en 1986/1987 (vert clair), "ligne rouge" au 15e et16e latitude (1983 et 1984) et la bande d'Aozou occupé par la Libye (vert foncé).
Informations générales
Date1978–1987
LieuTchad
IssueVictoire duTchad
Changements territoriauxReprise du contrôle de labande d'Aozou par le Tchad
Belligérants
Drapeau de la LibyeJamahiriya arabe libyenne
Front de libération nationale du Tchad
Drapeau du TchadGouvernement d'Union nationale de transition
(1979-1986)
Drapeau du TchadTchad
Drapeau du TchadGouvernement d'Union nationale de transition
(1986-1987)
Drapeau du TchadForces armées du Nord
Drapeau de la FranceFrance
Soutenus par :
Drapeau des États-UnisÉtats-Unis
Drapeau de l'ÉgypteÉgypte
Drapeau du SoudanSoudan
Drapeau de l'IrakIrak[1]
Drapeau d’IsraëlIsraël[2]
Commandants
Drapeau de la LibyeMouammar Kadhafi
Drapeau de la LibyeMassoud Abdelhafid
Drapeau de la LibyeKhalifa Haftar
Drapeau du TchadGoukouni Oueddei
Drapeau du TchadFrançois Tombalbaye
Drapeau du TchadHissène Habré
Drapeau du TchadHassan Djamous
Drapeau de la FranceValéry Giscard d'Estaing (1974-1981)
Drapeau de la FranceFrançois Mitterrand (1981-1987)
Pertes
+ de 7 500 morts
+ de 1 000 prisonniers
+ 800 véhicules détruits
+ de 32 avions détruits (plusieurs dizaines de disparus)
+ de 1 000 morts (et de nombreux disparus)

Conflit tchado-libyen

Données clés

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Leconflit tchado-libyen est un conflit entre leTchad et laLibye pour le contrôle de labande d'Aozou entre 1978 et 1987, avec un soutien important de la France au premier (opération Manta puisopération Épervier). Prolongement de lapremière guerre civile tchadienne qui oppose tout d'abord le pouvoir central tchadien et les différents mouvements de rébellion, puis le pouvoir central et ses alliés rebelles aux rebelles soutenus par la Libye, elle voit la victoire finale d'Hissène Habré, rebelle tchadien porté au pouvoir durant le conflit, qui expulse les forces libyennes deMouammar Kadhafi du territoire tchadien.

Chronologie du conflit

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À l'origine : la première guerre civile tchadienne (1965-1979)

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Article détaillé :Guerre civile tchadienne (1965-1979).

LeTchad accède à l'indépendance en1960, mais est en butte à de fortes tensions économiques et politiques entre la partie nord sahélienne et la moitié sud.

Ces tensions sont notamment un héritage de l'organisation du territoire héritée de lacolonisation française du Tchad. La puissance coloniale favorise ainsi franchement la moitié sud du pays, productrice decoton réservé à l'exportation vers la métropole. À l'opposé, la partie nord du pays, au climat peu propice à l'exploitation du coton, intéresse peu la France, qui ne développe pas d'infrastructures de transport et installe une administration limitée (la région du BET reste sous administration militaire jusqu'à l'indépendance en 1960). À l'indépendance, le territoire tchadien est donc marqué par de fortes disparités économiques nord/sud qui viennent s'ajouter à des différences culturelles fortes entre les populations des différentes régions.

De plus, les populations du nord sont très peu représentées au gouvernement national. En effet, la partie nord du pays est scolarisée très tardivement par rapport aux régions du sud : il n'y a pas de réels efforts de la part de la métropole pour installer des écoles avant 1945. En 1960, la scolarisation de la partie nord du pays reste encore très lacunaire. Il en résulte une inégalité de formation qui favorise les populations du sud numériquement mieux formées et donc plus apte à fournir les administrateurs et dirigeants politiques.

Enfin, à partir de 1963, le présidentFrançois Tombalbaye adopte un mode de gouvernement tribaliste en écartant les responsables originaires des régions du nord du pays au sein du gouvernement, de l'administration et duparti progressiste tchadien.

En, une série d'insurrections éclatent dans la préfecture duMangalmé, suivie en 1966 de laBET. Le pouvoir central est incapable de mettre un terme à la rébellion et fait appel à l'aide militaire française en puis en 1968-1971. En 1975, uncoup d'état militaire renverse le présidentFrançois Tombalbaye et met au pouvoir le colonelFélix Malloum. De fait depuis 1972, l'armée gouvernementale est chassée de ses positions dans le nord du pays et l'état n'a plus aucun contrôle sur la préfecture duBET.

Intervention libyenne dans le conflit (1973-1977) et volonté de stabilisation

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Dès 1966, laLibye, voisin nord du Tchad soutient les rebelles duConseil de commandement des Forces armées du Nord (en) (CCFAN). Le roiIdrisIer laisse s'installer des bases arrière rebelles en territoire libyen. Cependant l'ingérence libyenne dans les affaires tchadiennes prennent une autre tournure avec l'arrivée au pouvoir deMouammar Kadhafi en1969.

Ce dernier accentue son soutien au CCFAN en leur fournissant armement et bases arrière en Libye et se propose au même moment comme médiateur dans laguerre civile au présidentFrançois Tombalbaye. Le dirigeant libyen revendique en contrepartie :

  • l'évacuation du corps de 310 formateurs militaires français permanent (garantis en vertu des accords de coopération signés avec laFrance à l'indépendance du Tchad en 1960)
  • la rupture des relations entre leTchad etIsraël et le renvoi des conseillers israéliens présents au Tchad
  • la création d'une université arabe à Ndjaména
  • la création d'un organisme de gestion commune des ressources à la frontière tchado-libyenne.

Le président François Tombalbaye accède partiellement à ces requêtes dans le cadre d'un accord d'amitié Tchad-Libye signé en 1973. Le Tchad rompt ses relations avec l'État d'Israël et se rapproche des pays de laLigue Arabe, mais Tombalbaye refuse d'abandonner l'aide militaire française.

À l'été 1973, la Libye pénètre et occupe militairement le territoire tchadien au niveau de labande d'Aozou, dont elle revendique la possession. La bande d'Aozou est unilatéralement annexée et administrativement rattachée àKoufra. Ses habitants reçoivent des cartes d'identité libyenne et bénéficient de distributions gratuites de vaccin et de vivres.

Cette annexion ne suscite pas de réaction de la part du président François Tombalbaye, ce qui laisse supposer une possible entente entre les deux chefs d'État, l'armée tchadienne ne parvenant de toute façon pas à reprendre les régions du nord aux rebelles.

Kadhafi se pose également en médiateur dans la guerre civile tchadienne, prenant sous son aileGoukouni Oueddei, s'opposant à l'autre chef rebelleHissène Habré, qu'il qualifie de « viscéralement anti-arabe ». Ainsi, en prenant Aozou en 1973, Kadhafi en profite pour expulser les forces d'Habré qui occupent la ville. Les tensions préexistantes entre Habré et son lieutenant Goukouni Oueddei s'accentuent et en 1976 les CCFAN se divisent entre les forces armées du nord (FAN) pro-Habré et les forces armées populaires (FAP) de Goukouni Oueddei. À partir de ce moment Goukouni Oueddei apparaît comme le principal leader rebelle anti-gouvernemental et, en 1978, rallie à son parti les groupes duFROLINAT. En avril 1976, la Libye soutient une tentative d’assassinat du président tchadienFélix Malloum. La même année, destroupes libyennes réalisent des incursions dans le centre du pays, avec les forces du Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT) de Goukouni Oueddei.

L'aide libyenne à Goukouni Oueddei s’accroît et, en 1977,Félix Malloum etHissène Habré s’allient contre les rebelles pro-libyens. Soutenu par les « volontaires » de la « Légion islamique » créée par Kadhafi, et parvenu au pouvoir en 1979, Oueddei annonce en janvier 1981 la fusion entre leTchad et laLibye. Cela résulte de plusieurs initiatives libyennes avortées de fusion avec ses voisins dans un horizon d'unionpanarabe (projets de fusion avec l'Égypte en 1973, avec laTunisie en 1974 et avec l'Algérie en 1975). Cependant, les divers groupes constituant leFROLINAT s'opposent à la décision de Oueddei et de Kadhafi, et le projet est abandonné.

L'escalade internationale (1978-1983)

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Articles détaillés :Opération Manta etOpération Épervier (Tchad).

Une certaine collaboration se développe, dans le contexte de la guerre civile tchadienne, entre laFrance et laLibye,Georges Pompidou tentant d'associer Kadhafi à la stabilisation du conflit. Kadhafi joue par la suite un rôle de médiateur dans la libération de l'otage françaiseFrançoise Claustre, enlevée par les hommes d'Hissène Habré.

Valéry Giscard d'Estaing, dans un premier temps, suit la politique de son prédécesseur et cherche à associer la Libye dans la négociation du conflit en préconisant une « solution africaine ». Il soutient ainsi les appels à la concorde lancés par le général Félix Malloum.

Cependant, devant le manque de coopération du colonel Kadhafi, il tente de marginaliser la Libye, en jouant la réconciliation entre le pouvoir central tchadien et l'aile anti-libyenne de la rébellion, dirigée par Hissène Habré. Kadhafi, de son côté, dénonce la « trahison » de la France.

En effet, en, les forces deGoukouni, largement soutenues parl'aviation, l'artillerie et les blindés libyens lancent une grande offensive dans le sud du pays avec pour objectifN'Djaména. Les forces gouvernementales sont déjà durement éprouvées après la désastreuse année de1977, qui a vu la perte deFaya-Largeau, dernier bastion tenu par l'armée nationale tchadienne dans le nord du pays. AussiMalloum fait-il appel à laFrance, qui devant la situation critique des troupes de Malloum, déclenche l'opération Tacaud, menée par des éléments de la9e Brigade d'Infanterie de Marine. Les troupes françaises repoussent les forces de Kadhafi-Oueddei autourd'Ati, à 430 km au nord deN'Djaména, mais refusent par la suite d'aider lesforces gouvernementales à reconquérir le nord du pays.

S'ensuit un accord de cessez-le-feu signé le 27 mars1978 entre leFROLINAT et lesFAP (en), qui conduit à une réunion en juillet de la même année àTripoli, incluant également le parti du général Malloum. Ces négociations visent à former un gouvernement d'union nationale, mais les négociations échouent devant le refus de Malloum d'abandonner la coopération militaire avec la France.

Ainsi, en août1978, Malloum et Habré s'entendent pour former un gouvernement d'union nationale, avec Malloum commeprésident et Habré comme premier ministre, avec pour projet de rédiger une nouvelle constitution. Cependant, le nouveau gouvernement se retrouve rapidement bloqué par la réémergence des vieilles rivalités. En effet, aucune décision ne peut être prise sans l'accord conjoint du premier ministre et du président. Ce blocage ajouté à la difficile cohabitation des troupes duFAN et destroupes gouvernementales qui provoque plusieurs accrochages àN'Djaména crée de vives tensions.

Ainsi un incident mineur met le feu aux poudres le 12 février1979, et se meut dans la capitale tchadienne en une bataille ouverte entre les deux anciens alliés. La situation empire à partir du 19 février quand leFROLINAT deOueddei entre dans la ville pour prêter main-forte aux FAN. Devant l'inaction des troupes françaises présentes, l'armée nationale tchadienne préfère abandonner lacapitale.

Une nouvelle conférence de paix est finalement réunie àKano, auNigeria, qui conduit à la signature desaccords de Lagos du 21 août 1979. Ces accords imposent la formation d'un nouveau gouvernement d'unité nationale et de transition (GUNT) tricéphale avecGoukouni Oueddei pour président ; le militaireWadel Abdelkader Kamougué, successeur dugénéral Malloum démissionnaire comme vice-président ; etHissène Habré comme ministre de la défense. Cet accord entérine également le retrait destroupes françaises duTchad, qui doivent être remplacées par un contingent africain issu de l'Organisation de l'unité africaine. Le retraitlibyen, inattendu à l'époque s'explique par le fait que Kadhafi brigue la présidence de l'OUA pour l'année1982, et veut donc éviter une nouvelle provocation à l'égard de la communauté internationale.

Cependant, ce second gouvernement d'union nationale échoue pour les mêmes raisons que le premier. Le 22 mars 1980, des accrochages entre lesFAN d'Habré et les FAP d'Oueddeï dégénèrent en bataille qui déchire une nouvelle fois lacapitale. La population fuit massivement la ville. On compte 200 000 réfugiés tchadiens dans la ville camerounaise deKousseri, située à une vingtaine de kilomètres deN'Djaména. Les combats se généralisant à tout le pays, Oueddeï fait à nouveau appel au colonel Kadhafi, qui fait intervenir aviation, artillerie lourde et blindés depuis la base libyenne d'Aozou. En décembre, les forces d'Habré sont mises en déroute et se réfugient auDarfour, mais refusent d'abandonner leur combat. Après l'échec de l'union tchado-libyenne promue par Oueddeï, les forces de Kadhafi se retirent dans la bande d'Aozou et sont remplacées par un contingent international de l'organisation de l'unité africaine.

Habré profite du retrait libyen pour lancer une nouvelle offensive. Le 19 novembre, il reprend la ville d'Abéché et le 7 juin il reprendN'Djaména malgré une forte résistance des troupes duGUNT et l'interposition du contingent de l'OUA. Goukouni replie ses forces dans leTibesti.

En 1981 et 1982, la rébellion de Hissène Habré est assistée par le corps de mercenaires deBob Denard, financé par l'Afrique du Sud[3].

Le 21 juin 1983, les forces coalisées du Gouvernement d'Union nationale de transition (GUNT) loyales àOueddei, précédant d'importantes unités desforces armées libyennes, franchissent la frontière tchadienne et se lancent à travers le désert. Leur objectif :N'Djaména, la capitale d'un État déchiré par vingt années de guerre civile.

L'opération Manta débute le 10 août1983, par l’envoi de 314 parachutistes français à N'Djaména , à la demande du présidentHissène Habré, après l'intervention des forces libyennes aux côtés des partisans deGoukouni Oueddei dans le nord du Tchad. Elle a pour vocation à empêcher l’ingérence libyenne. Cette opération mène au partage du pays en deux, à hauteur du16e parallèle afin de séparer les belligérants tchadiens et libyens. Les troupes françaises ont pour objectif officiellement de former les forces nationales tchadiennes. En deux mois, le groupement comprend près de 3 000 hommes, appuyés par une vingtaine d'hélicoptères et une trentaine d'appareils de l'armée de l'air et de l'aéronautique navale, soutenus par les éléments d'assistance opérationnelle deRépublique centrafricaine où s'était installée la base arrière. L'armée de l'air française effectue deuxraids aérien sur la base aérienne d'Ouadi Doum les 16 février 1986 et le 7 janvier 1987[4].

Il s'agit alors du plus important dispositif déployé par la France à l'étranger depuis la fin de laguerre d'Algérie en 1962. Avec 158 militaires français morts au cours des différentes opérations dans ce pays depuis 1968 dont 93 « morts pour la France » depuis la fin des années 1960, le Tchad est, à égalité avec leLiban, au premier rang despertes militaires françaises en opérations extérieures depuis 1963.

La guerre des Toyota (1986-1987) et cessez-le-feu

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Article détaillé :Guerre des Toyota.
MiG-23MS de l'armée de l'air libyenne roulant sur la piste de la base aérienne deFaya-Largeau au Tchad au milieu des années 1980.

Laguerre des Toyota est le nom communément donné à la dernière phase du conflit, entre1986 et1987, dans le nord duTchad et à lafrontière libyo-tchadienne. Ce nom provient despick-upsToyota utilisés commetechnicals par les Tchadiens, comme leToyota Hilux ou leToyota Land Cruiser. Il en résulte une lourde défaite pour laLibye, qui, selon des sources américaines, a perdu un dixième de son armée et plus de 1,5 milliard de dollars américains d'équipement militaire (soit 3 milliards de $ valeur 2013).

En mars 1987, les Tchadiens, avec l’appui sur le terrain duservice Action de la DGSE et des renseignements provenant de laCIA et duMossad[5], capturent la base aérienne deOuadi Doum[6], protégée par deschamps de mines, des chars, des véhicules blindés et 5 000 soldats desforces armées de la Jamahiriya arabe libyenne. La chute du village de Ouadi Doum est une défaite cuisante pour la Libye, qui s'en servait comme sa principale base lors du conflit. Les troupes libyennes se retrouvent bientôt isolées etHissène Habré décide de porter le coup final à Kadhafi en expulsant les Libyens de labande d'Aozou.

En août 1987, les Tchadiens prennent Aozou. En représailles, la Libye bombarde les villes tchadiennes du nord. L'appel de Habré demandant une intervention de l'Armée de l'Air française n'est pas entendu par le président françaisFrançois Mitterrand qui souhaite une médiation internationale quant au sort de la bande d'Aozou.

Le 5 septembre 1987, les Tchadiens montent uneattaque surprise contre la base aérienne libyenne de Maaten al-Sarra. Environ 1 000 soldats libyens sont tués, 300 autres capturés et plusieurs centaines sont contraints de s'enfuir dans le désert. Le Tchad affirme avoir détruit 32 aéronefs dont desMiG-21,MiG-23,Soukhoï Su-22 et des hélicoptères d'attaqueMil Mi-24.

Ce raid n'a pas été soutenu par la France, qui a refusé de fournir des renseignements et de la logistique auxforces armées nationales tchadiennes. LesÉtats-Unis, qui avaient passé un contrat de 32 millions de dollars américains d'armes (dont des missiles anti-aériensFIM-92 Stinger) avec l'armée tchadienne, se sont quant à eux félicités de la reprise du nord du pays.

Après des ultimes attaques aériennes libyennes, dont une àl'ypérite, menées en représailles le 10 septembre 1987, un premiercessez-le-feu a lieu le 11 septembre 1987 à 11 heures[7],[8]. Les opérations aériennes libyennes seront reprises toutefois plus tard.

En mars 1988, le colonel Kadhafi accepte finalement uncessez-le-feu définitif et dit « faire un cadeau à l'Afrique » en reconnaissant Hissène Habré. Quelques violations mineures du cessez-le-feu continueront en revanche d'avoir lieu. Le 3 octobre, les relations formelles entre le Tchad et la Libye sont rétablies. Le différend portant sur la bande d'Aozou est porté devant laCour internationale de justice, qui donne son verdict le 3 février 1994 en faveur du Tchad.

L'opération Mount Hope III (1988)

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Article détaillé :Opération Mount Hope III.
Un Chinook de la Compagnie E du 160th SOAR transportant sous élingues l'hélicoptère Mi-25 Hind libyen capturé lors de l’opération Mount Hope III.

Mount Hope III est le nom de code d'une opération de l'United States Army en juin 1988, menée par la160th Special Operations Aviation Regiment (Airborne) et effectuée grâce à l'utilisation de deuxBoeing CH-47 Chinook avec l'accord du gouvernement tchadien et qui consistait en la récupération d'un Mil Mi-24 libyen abandonné. L'opération, exécutée pendant la nuit, aurait visé probablement à étudier l'aéronef de conceptionsoviétique[9].

Les revendications et motivations libyennes.

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Pour justifier l'annexion d'Aozou aux yeux de la communauté internationale, le colonel Kadhafi va mettre en avant les liens historiques qui ont existé entre les régions nord duTchad et laLibye, avec deux arguments principaux.

Il revendique d'une part l'accord Mussolini-Laval de1935. Cet accord bilatéral entre les puissances coloniales respectives de laLibye et duTchad, l'Italie et laFrance, prévoit la cession de labande d'Aozou à laLibye italienne. Cependant, bien que signé, cet accord n'est pas ratifié par le Parlement italien, qui laisse donc le projet en suspens, et qui est abandonné avec le déclenchement de laSeconde Guerre mondiale. Ce projet ne se basait absolument pas sur des considérations historique ou ethnique, mais visait à éviter le rapprochement entre l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie. Ce traité devait ainsi satisfaire les revendications italiennes, déçus de n'avoir reçu aucun territoire dans le partage de l'empire colonial allemand en1919.

L'autre revendication historique s'attache elle à l'époque précoloniale. En effet, Kadhafi revendique le fait que les habitants de la région d'Aozou reconnaissaient la suzeraineté et payaient l'impôt à la confrérieSanusiyya. De plus, la confrérie développe au long duXIXe siècle un réseau de colonies de commerce et d'enseignement coranique dans l'espace sahélien, leszawiyas, et en1899 installe son siège à Gouro dans le centre-est du Tchad actuel.

L'intérêt principal découlant de l'annexion de la bande d'Aozou pour la Libye n'est pas économique. En effet, depuis la fin des années 1950, on suspecte la présence dans la région depétrole, demanganèse et d'uranium. Une mission géologiquesoviétique de1972 renforce cette idée et, semble-t-il, en informe davantage Kadhafi queTombalbaye. Or, un des grands projets du colonel libyen est de développer unprogramme nucléaire pour doter son pays de l'énergie et de l'arme nucléaire. Cependant, sur les vingt et une années de présence libyenne àAozou, aucune construction d'infrastructure d'extraction des ressources souterraines n'a été entreprise. La présence libyenne dans la bande d'Aozou a donc été principalement militaire.

Finalement, l'annexion de la bande d'Aozou fournit surtout àl'armée libyenne une base sur le territoire tchadien. Le principal intérêt libyen est donc d'installer auTchad un gouvernement pro-Kadhafi, afin d'imposer la Libye comme un acteur de premier ordre sur le continent africain.

C'est la pression internationale qui pousse Kadhafi à se retirer du Tchad après1987. En effet, lesÉtats-Unis se font de plus en plus menaçants à son égard et son protecteursoviétique ne cherche plus à le protéger. Il est isolé à l'international du fait de son soutien à plusieurs organisations terroristes ou encore sa fortement suspectée organisation de l'attentat de Lockerbie en1988. De plus la coalition internationale, qui se forme en1990 contre l'Irak de Saddam Hussein, lui donne des raisons de craindre que la Libye puisse subir un sort similaire. Aussi, quand lacour de justice internationale de La Haye rend son verdict en1994, Kadhafi s'exécute-t-il sans contester le jugement.

Interventions des deux blocs

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Le conflit tchado-libyen se déroule durant une période de forte tensions de laguerre froide. Il sous-tend une lutte des blocs pour l'hégémonie sur lecontinent africain.

Du côté soviétique, et notamment sousBrejnev (1966-1982), se forme le projet d'un continent africain communiste ou d'inspiration socialiste allié à l'URSS, ce qui fait de laLibye, par les inspirationssocialistes du régime du colonel Kadhafi le partenaire régional idéal. Le soutien soviétique se concrétise notamment par la livraison d'armement de pointe pour l'armée libyenne : aviation militaire (MiG-21,MiG-23BN/MS/ML,Aero L-39 Albatros,Antonov An-26) ; lanceurs de missiles (S-75 Dvina,SA-6 Gainful), blindés (T-72,T-62,T-55,BMP-1,BTR-50). Il faut y ajouter l'envoi d'experts et de conseillers militaires soviétiques etest-allemands en Libye. Cependant, après1985, le rapprochementURSS -États-Unis initié parGorbatchev met un terme au projet soviétique en Afrique, et la Libye, sans protecteur commence d'ores et déjà à refluer sur la scène internationale.

Du point de vue américain, il faut limiter au maximum l'influence de l'URSS sur le continent et isoler ses alliés au milieu de régimes anticommunistes. Et si la puissance américaine n'intervient que tardivement dans le conflit tchado-libyen, elle a déjà bien préparé le terrain dans les années 1970 en isolant la Libye vis-à-vis de ses voisins, notammentégyptien et, après le retrait soviétique, elle n'a besoin que d'une intervention réduite et indirecte pour faire flancher Kadhafi.

Enfin, la république française fournit en armes les deux camps. D'une part, par les accords de coopération signés à l'indépendance du Tchad, elle est le premier partenaire de son ancienne colonie dans le domaine militaire. Ainsi, 310 formateurs militaires de l'armée française sont en permanence àN'Djaména, rattachés àl’état-major tchadien. En même temps, la France est un important fournisseur d'armes pour l'armée libyenne : un contrat prévoyant la livraison de 100Mirages est signé en1970 entre le colonel Kadhafi et le présidentPompidou. Il faut attendre1983 pour que le président françaisFrançois Mitterrand n'impose un embargo sur la vente d'armes à la Libye, qui est allégé en1988 avec la reprise des relations diplomatiques entre leTchad et laLibye.

Notes et références

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  1. « Les liaisons dangereuses de Habré : l’Irak fait valser les valises (3/5) – Jeune Afrique »,Jeune Afrique,‎(lire en ligne, consulté le).
  2. « Les liaisons dangereuses de Habré : Israël pactise avec le diable (4/5) – Jeune Afrique »,Jeune Afrique,‎(lire en ligne, consulté le).
  3. Maurin Picard,L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil,,p. 414
  4. Karim Djemaï, « Le 3/3 commémore les 30 ans de Ouadi Doum », surArmée de l'air,(consulté le).
  5. Jean Guisnel, « Quand un espion raconte... », surLe Point,(consulté le)
  6. Arnaud Delalande, « De Manta à Epervier : opérations aériennes au-dessus du Tchad (1983-1988) », surAéroHisto,(consulté le)
  7. StéphaneMantoux,Les guerres du Tchad, 1969-1987, Paris, 978-2917575499,, 108 p.(ISBN 979-10-210-0264-7),p. 97
  8. Colonel Petit, « 53) Les bombardements du 10 septembre 1987 »,http://www.air-insignes.fr/(consulté le).
  9. (en)Operation Mount Hope III Africa, 1988, Special Operations.Com

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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v ·m
Ère pré-coloniale
Ère coloniale
(finXIXe siècle-1958)
Colonies du Congo français (1903-1910) puisAfrique-Équatoriale française (1910-1958) etUnion française (1946-1958)
République du Tchad (depuis 1958)Communauté française (1958-1960) puisIndépendance (1960)
v ·m
Troisième République (1870 – 1940)
Quatrième République (1946 – 1958)
Cinquième République (1958 —)
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