Cet article concerne uneguerre en cours.
| Date | Depuis le |
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| Lieu | Pérou |
| Issue | Guerre asymétrique toujours en cours Anéantissement duMRTA leSentier Lumineux continue toujours laguérilla contre le gouvernement péruvien |
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| Coordonnées | 9° 24′ 00″ sud, 76° 00′ 00″ ouest | ||
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Leconflit armé péruvien est un conflit interne auPérou. Commencé le, il oppose principalement legouvernement péruvien auxguérillas communistes duSentier lumineux et duMouvement révolutionnaire Túpac Amaru.
La guérilla du Sentier lumineux est toujours en cours, mais s'est fortement affaiblie depuis la capture de leur chef,Abimael Guzmán, dès 1992. De plus depuis la fin de la présidence d'Alberto Fujimori, en 2000, le mouvement s'est vu perdre une partie de sa légitimité auprès de la population. Mais le conflit reste bien toujours d'actualité puisque le Sentier lumineux cible régulièrement l'armée péruvienne.
En 2001, uneCommission de la vérité et de la réconciliation est mise en place par le président de transition,Valentín Paniagua, afin d'établir un rapport sur les causes du conflit. La commission estime les pertes totales à 70 000 personnes (civils, guérilleros et militaires confondus) entre 1980 et 2000.
Dans les années 2000, la guérilla décline fortement et l'armée péruvienne reprend progressivement le contrôle de l'ensemble du pays. Alors que le Mouvement révolutionnaire Túpac Amaru a été dissous, les rebelles du Sentier lumineux continuent d’attaquer des détachements de l'armée gouvernementale.
Durant le Gouvernement révolutionnaire des Forces Armées, le Sentier Lumineux s'organise comme un groupe politiquemaoïste à l'Université Nationale San Cristóbal de Huamanga dans la région d'Ayacucho.
Le groupe est dirigé parAbimael Guzmán, professeur dephilosophie dans cette même université. Son idéologie s'inspire directement de larévolution culturelle, à laquelle il a assisté lors de sa visite en Chine. Les membres du Sentier Lumineux entrent en conflit avec les membres d'autres groupes politiques et écrivent des graffitis exhortant à la lutte armée contre l'État péruvien. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l’État de certaines régions rurales favorise l’implantation du parti. En, des manifestations pour la gratuité de l’enseignement sont sévèrement réprimées par l’armée : 18 personnes sont tuées selon le bilan officiel, mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée du Sentier lumineux. Après le début de cette lutte armée, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans plutôt que des militants[2].

En 1980, le gouvernement militaire convoque des élections pour la première fois depuis douze ans. Le Sentier Lumineux est alors un des seuls groupes politiques d'extrême gauche qui refusent de prendre part au processus électoral, optant à la place pour le début d'une guerre deguérillamaoïste dans les hauteurs de la province d'Ayacucho. Le, la veille des élections, il brûle des urnes dans le village de Chuschi, dans la province d'Ayacucho. Cette action est le premier acte de guerre du Sentier Lumineux. Cependant, les auteurs sont rapidement arrêtés et d'autres urnes remplacent celles brûlées. Les élections se déroulent sans incidents majeurs et l'action reçoit peu d'attention de la part de la presse péruvienne[3].
Le Sentier lumineux fait le choix de développer sa lutte armée dans le style enseigné parMao Zedong. Sa stratégie consiste à ouvrir deszones de guérilla dans lesquelles ses guérillas peuvent opérer, en expulsant de ces zones les forces étatiques pour créer deszones libérées, qui sont alors utilisées comme soutien aux nouvelles zones de guérilla jusqu'à ce que le pays se convertisse en une grande zone libérée. Le Sentier Lumineux partageait également avec Mao Zedong le principe selon lequel la guerre de guérilla devait se dérouler tout d'abord à la campagne jusqu'à asphyxier progressivement les villes. Le, le Sentier lumineux forme officiellement l'Ejército guerrillero Popular, son bras armé.
Les guérillas péruviennes avaient pour particularité de comporter une forte proportion de femmes. Au Sentier lumineux, 50 % des combattants et 40 % des commandants étaient des femmes[4].
Progressivement, leSentier lumineux commettait des attaques beaucoup plus violentes ciblées sur la police nationale. Le gouvernement central basé àLima ne pouvait plus ignorer la crise croissante dans lesAndes. En 1981,Fernando Belaúnde Terry a déclaré un état d'urgence et a ordonné que l'armée lutte contre le Sentier lumineux. Les droits constitutionnels ont été suspendus pendant 60 jours dans les provinces deHuamanga,Huanta,Cangallo,La Mar et Víctor Fajardo.
L'armée établit la zone d'urgence d'Ayacucho, laquelle était constamment renforcée par les autorités afin de lutter contre les sendéristes. Elle commis de nombreuses violations desdroits de l'homme en perpétrant notamment un massacre de dizaines de paysans en[5]. L'État péruvien met sur place des organisations communales d'auto-défense, lesRondas Campesinas, afin d'enrayer la guérilla communiste.
L’État se sert de ladisparition forcée comme arme de lutte antisubversive. Une « pratique systématique », conclura la CVR, menée aussi bien par les gouvernements élus démocratiquement deFernando Belaúnde Terry (1980-1985) et d'Alan Garcia (1985-1990) que par le régime d'Alberto Fujimori (1990-2000). Dans les campagnes, toute personne suspecte d'avoir de la sympathie pour les groupes insurgés est arrêtée torturée et exécutée. En ville, les syndicalistes et les militants de gauche sont aussi régulièrement visés[6].
LesÉtats-Unis, sous prétexte de combattre les narcotrafiquants, ont décidé d'intervenir dans le conflit dansla vallée de l'Huallaga, la région la plus productrice de coca au Pérou.
Cette alliance n'a pas été prouvée, les insurgés ont en effet qualifié leurs soi-disant alliés d'« ennemis du peuple ». Finalement, l'aide militaire vise la guérilla sans faire beaucoup d'efforts pour contenir les trafiquants.
Le parti nie en bloc les accusations non fondées et dénonce au contraire une collaboration entre les militaires et les narcotrafiquants. Les guérilleros parlent d'impérialisme américain et précisent qu'ils s'opposent aux gouvernement desÉtats-Unis, pas à son peuple.
Le,Fujimori renversa son propre gouvernement (encastillan:autogolpe ou auto-coup d'État). Il semble que ses objectifs aient été :
Au commencement, avec la dissolution du Congrès et la restructuration du système judiciaire, les Péruviens ont peu protesté. Suivant les sondages c'était le moment de plus haute popularité de Fujimori arrivant à 80 %. En raison de la situation économique et de la pauvreté, beaucoup tablaient sur le « Fujichoque » (encastillan : "Fuji-choc").
En partie, la réaction internationale fut négative. Les organisations financières internationales reportèrent leurs prêts. LesÉtats-Unis, l'Allemagne et l'Espagne annulèrent toute aide au Pérou, sauf humanitaire. LeVenezuela rompit ses relations diplomatiques. L'Argentine et leChili réclamèrent que le Pérou soit suspendu de l'Organisation des États américains (OEA). Le coup d'État, par ses conséquences diplomatiques, mit en danger les réformes économiques en coupant le Pérou d'une partie de ses partenaires commerciaux.
Cependant, l'OEA et le gouvernement deGeorge Bush père reconnurent officiellement Fujimori comme chef légitime du Pérou, malgré le non-respect des règles démocratiques. Leur crainte était de voir le Pérou s'affaiblir, alors que les États-Unis venaient en 1991 de signer un accord de coopération militaire avec le Pérou pour lutter contre les producteurs decoca. De plus, le gouvernement des États-Unis commençait à s'inquiéter du mouvement du Sentier lumineux (Sendero Luminoso en Espagnol) d'Abimael Guzman.
Le, une tentative militaire du coup d'État échoua à renverser Fujimori, qui se réfugia temporairement dans l'ambassade japonaise en pleine nuit. En 1993, le Pérou adopta une nouvelle constitution et revint sur la scène internationale.
En,Alberto Fujimori fut réélu et son parti obtint la majorité absolue au Congrès, apparemment en manipulant les résultats.[réf. nécessaire] Il battitJavier Pérez de Cuéllar, ancien secrétaire général desNations unies.
Quelques jours après son élection, un conflit territorial appelé laguerre du Cenepa éclata à la frontière avec l'Équateur. Cédant une partie du territoire que réclamait l'Équateur, il signa un accord de paix avec l'Équateur, mettant fin à près dedeux siècles de conflits territoriaux enAmazonie. Cet accord permit également d'obtenir des fonds internationaux pour développer la région frontalière.
Fujimori avança également dans les discussions avec leChili au sujet du Traité d'Ancón. Cependant, 1995 marqua le point de retournement dans la carrière de Fujimori. Après plusieurs années de stabilité économique et une disparition duterrorisme, les Péruviens commençaient à réclamer des droits, la liberté de presse et le retour à ladémocratie. À cela s'ajoutaient les scandales autour de Fujimori et du chef desservices de renseignement,Vladimiro Montesinos.
Lacrise des otages à l'ambassade japonaise qui se termina par l'Opération Chavín de Huántar le et l'élimination du commando duMouvement révolutionnaire Tupac Amaru permit de redresser sa popularité temporairement.
La Commission de la Vérité et de la Réconciliation (CVR) est une commission péruvienne chargée principalement d'élaborer un rapport sur le conflit armé péruvien entre1980 et2000. Elle a été créée en2001 par le président de transitionValentín Paniagua et formée par divers membres de la société civile. Son président étaitSalomón Lerner Febres (de), alors recteur de laPontificia Universidad Católica del Perú.
En plus de ses recherches sur le terrorisme duSentier lumineux et duMouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA), elle a cherché à analyser les racines profondes de cette violence et a enquêté sur la répression militaire. Pour cela, elle a récolté le témoignage de 16 985 personnes et a organisé 21 audiences publiques avec les victimes de la violence auxquelles plus de 9 500 personnes ont assisté. Le rapport final de la Commission a été rendu public le devant le président péruvienAlejandro Toledo.
La CVR estime le nombre de morts a 70 000. Près de 80 % des victimes sont originaires des régions rurales et 75 % sont de langue autochtone[6].
Les condamnations de militaires impliqués dans des crimes de guerre sont exceptionnelles. La victoire militaire totale de l’État péruvien lui a permis, à la différences d'autres pays ayant subi des conflits armés internes, d'éviter de négocier un accord de paix avec la guérilla ennemie et de créer des tribunaux spécialement chargés de juger les crimes commis par les deux parties belligérantes[7].
Silvio Rendon, un chercheur indépendant, conteste en 2019 les chiffres de la commission Vérité et Réconciliation. Selon lui, le conflit aurait fait 48 000 victimes, dont une majorité provoquée par les opérations de l'armée péruvienne et de ses auxiliaires[8].
Depuis la capture de Guzman, le Sentier Lumineux a décliné énormément. Il ne mène plus d'opérations à Lima et a été seulement capable de monter des attaques sporadiques de petite échelle. Il continue cependant occasionnellement d'attaquer les membres des forces de sécurité péruviennes. Par exemple, le, un groupe se réclamant du Sentier Lumineux a attaqué un campement dans la région d'Ayacucho et a pris en otage 68 employés de l'entreprise argentine Techint et trois gardes de police, qui travaillaient sur un projet d'infrastructure gazière[9]. Selon le Ministère de l'Intérieur péruvien, les ravisseurs demandent une importante rançon pour libérer les otages. Deux jours plus tard, après une rapide réponse militaire, ils abandonnent les otages. Il se murmure que l'entreprise aurait payé la rançon demandée[10].
Pour le27e anniversaire de la première attaque sendériste contre l'État péruvien, une bombe artisanale explose dans un marché de la ville deJuliaca, tuant six personnes et en blessant 58. Du fait de la date de cet attentat, les autorités péruviennes soupçonnent le Sentier Lumineux d'être responsable de cette explosion[11].
En, dans la province de Huancavelica, les sendéristes prirent en embuscade un convoi militaire et civil armés d'explosifs et de mitraillettes, démontrant leur capacité à attaquer et à infliger des dommages importants à des cibles faciles. Le bilan de l'attaque est de 12 soldats et 7 civils tués[12],[13].
Le, le Sentier Lumineux a pris en embuscade et tué 13 soldats péruviens dans les vallées des fleuvesApurímac etEne, situées dans la province d'Ayacucho, selon les déclarations du ministre péruvien de la Défense,Antero Flores-Aráoz[14].
Le, la guérilla a abattu un hélicoptère des forces armées péruviennes, tuant deux militaires et en blessant un troisième. L'hélicoptère essayait de rapatrier trois soldats blessés dans une embuscade et a été possiblement touché par un lance-missile selon les déclarations du ministre péruvien de la Défense,Rafael Rey[15].
Dans les années 2000 le groupe serait dirigé par un homme connu comme leCamarade Artemio. Plus que de chercher à instaurer un État communiste, Artemio réalise des attaques successives jusqu'à ce que le gouvernement péruvien libère les prisonniers sendéristes et négocie la fin de la guerre. Ces demandes ont été faites lors de plusieurs déclarations vidéos par Artemio. Le, Guzman a été condamné à perpétuité pour terrorisme[16]. Artemio est arrêté par l'armée péruvienne en.
Les responsables de violations des droits humains bénéficient encore de protections dans certains secteurs politiques et économiques et le ministère de la Défense refuse de collaborer avec la justice, sous prétexte que les informations sont réservées. En raison de cette impunité seules 4 % des milliers de personnes disparues ont été identifiées[6].
Alors que les condamnations de militaires pour les crimes perpétrés durant le conflit restent rares, 10 d'entre eux, dont un ex-général, sont condamnés en pour le massacre de 69 paysans indigènes - 30 enfants, 27 femmes (toutes violées) et 12 hommes - en. Les victimes avaient été tuées à coups de grenades, et leurs corps démembrés et brulés[17].
Le gouvernement péruvien promulgue en août 2025 une loi d’amnistie pour les militaires et les policiers. LeHaut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme s'est déclaré « consterné par la promulgation de cette loi d'amnistie. C'est un affront aux milliers de victimes qui méritent la vérité, la justice, des réparations et des garanties que cela ne se reproduira pas, et non l'impunité[18]. »Human Rights Watch a également déploré « une trahison envers les victimes péruviennes » et une nouvelle atteinte à l’état de droit dans le pays[19].
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