Cet article concerne unévénement récent(10-22 novembre 2025).
| COP30 | ||||||||
| Type | Conférence des parties | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Édition | 30e | |||||||
| Localisation | Belém | |||||||
| Coordonnées | 1° 25′ 18″ sud, 48° 27′ 22″ ouest | |||||||
| Organisateur | Brésil | |||||||
| Date | 10 au | |||||||
| Participant(s) | Pays membres de laCCNUCC | |||||||
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Laconférence de Belém de 2025 sur leschangements climatiques, ouCOP30, est une conférence internationale organisée par l'Organisation des Nations unies qui se déroule du 10 au àBelém, dans le nord duBrésil, capitale de l'État duPará au sein de l'Amazonie. Elle est la30e conférence des parties (d'où sonacronyme) et réunit les pays signataires de laconvention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
La Conférence se tient dans un contexte climatique difficile, avec une trajectoire de réchauffement global amorcée depuis l’ère industrielle et confirmée par l’évolution des températures moyennes mondiales, des concentrations degaz à effet de serre dans l’atmosphère et de l’intensification des événements météorologiques extrêmes. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), l’année 2025 présente une probabilité élevée de figurer parmi les années les plus chaudes jamais enregistrées à l’échelle planétaire.
Le contexte géopolitique est particulièrement agité : lesÉtats-Unis ont annoncé le leur retrait de l’accord de Paris, relançant l'extraction d’hydrocarbures et fragilisant la coopération internationale. LaChine, en opposition avec les États-Unis, veut afficher une proaction environnementale et se poser en leader climatique d'un grand Sud, malgré des objectifs insuffisants. Le contexte économique mondial est également fragilisé : faible croissance,inflation persistante,endettement élevé et tensions sur l’énergie compliquent la mobilisation des ressources nécessaires à latransition écologique. LeBrésil, organisateur, présente quant à lui un paradoxe singulier en se positionnant entre protection de l’Amazonie et forte production pétrolière.
Dans le cadre de la conférence, dont l'année d'organisation coïncide avec les dix ans de l'accord de Paris, les Parties doivent soumettre ou actualiser leurscontributions déterminées au niveau national (dites CDN 3.0) pour la période 2025-2030 afin de renforcer leur ambition climatique. Mais, outre le fait que ces CDN affichent pour un grand nombre des objectifs loin de ceux attendus, tous les éléments de contexte sont défavorables et annonciateurs de difficultés pour obtenir des décisions consensuelles.
De fait lasortie des énergies fossiles, qui pourtant avait été annoncée lors de laCOP de Dubaï en 2023, n'est même pas mentionnée dans la décision finale, les termes « combustibles fossiles », n'étant évoqués que par le biais d’une « référence au consensus des Émirats arabes unis ». L'Union européenne qui y tenait beaucoup et a même un temps menacé de quitter la COP sans accord a préféré renoncer à cette mention pour afficher leur engagement en faveur dumultilatéralisme et de l’accord de Paris, un engagement « réaffirmé avec force » par les différentes Parties, ce qui constitue en soi un succès.
En matière d'aide auxpays en développement, le document final dit « Mutirão » « rappelle » les engagements formulés lors de laCOP29, à savoir mobiliser300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 en faveur des pays en développement et atteindre une enveloppe plus large de 1 300 milliards de dollars d’argent public d'ici aussi 2035. Le Fonds pour les pertes et dommages reste sous-financé, ce qui suscite des critiques. La reconstitution du Fonds vert pour le climat est faible, ce qui soulève aussi des inquiétudes quant à sa crédibilité.
En matière d'adaptation, les États sont appelés à « faire des efforts » visant un triplement des fonds spécifiquement consacrés à l’adaptation au changement climatique d’ici à 2035, une formulation particulièrement vague qui ne mentionne pas explicitement la somme de120 milliards de dollars que les pays en développement souhaitaient voir figurer, alors même que seulement23 milliards avaient réellement été engagés en 2023.
L'accord final est perçu comme un « compromis de survie » du processus multilatéral : il maintient le cadre mais ne lève pas les verrous majeurs de l’urgence climatique selon de nombreux observateurs.
L'organisation d'une COP est tournante selon les blocs géographiques des Nations unies[1]. Après l'Asie-Pacifique et les Émirats arabes unis en 2023 à Dubaï, puis la région d'Europe de l'Est en novembre 2024 à Bakou, il revient à désigner un pays du bloc « États d'Amérique latine et des Caraïbes » pour la COP30 de 2025. C’est le Brésil qui est retenu en mai 2023[2].
En 2023, le président brésilien,Luiz Inacio Lula da Silva, s'engage lors la COP28 à arrêter d'ici à 2030 ladéforestation dans son pays, tout en faisant parti du cadre élargi de l'OPEP, en tant que pays « co-opérant ». Il déclare également qu’il demanderait aux producteurs de pétrole de se préparer à « réduire » la place desénergies fossiles[3].
Le, le président autrichien a annoncé à l'AFP renoncer à y participer, estimant la note d'hébergement trop élevée alors que son pays a mis en place un cadre budgétaire contraint[4].
En janvier 2025, le président Luiz Inácio Lula da Silva nomme le diplomate brésilien André Corrêa do Lago à la présidence de la COP30[5]. Cette décision est saluée par les militants pour le climat, compte tenu de l'expérience de do Lago dans les négociations sur le climat et de son rôle de premier plan dans les discussions sur la justice climatique[6].
Parallèlement à la COP30 sont organisées à Belém les réunions de deux autres organes de prises de décisons de laconvention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) : la CMP20 (20e réunion des parties auprotocole de Kyoto) et la CMA7 (7e réunion des parties àaccord de Paris)[7].
La soixante-deuxième session desorganes subsidiaires se tient àBonn du 16 au 26 juin 2025. Cette conférence technique sur le climat rassemble des représentants de gouvernements, organisations internationales et société civile pour avancer sur l’adaptation et la transition juste. Elle a notamment permis la définition d’indicateurs pour le « Global Goal on Adaptation » (GGA) et d’un cadre pour la transition juste, mais les progrès concrets en termes d’engagements et de résultats ont été jugés faibles[8],[9].
Les 6 et 7 juillet 2025, se tient àRio de Janeiro le dix-septième sommet desBRICS[Note 1] lors duquel est adoptée une déclaration-cadre qui affiche des engagements tels que l’allocation de 40 % des financements de laNouvelle Banque de développement à des projets climatiques d’ici 2026, le soutien aux financements mixtes et l’usage de monnaies locales pour réduire le risque de change. Cette initiative s’insère dans la volonté de la présidence brésilienne de faire de la COP30 « la COP de la mise en œuvre », mais sans que les modalités précises soient encore bien établies[10].
Sous l’égide de la troïka des présidences (COP28, COP29, COP30), la rencontre des chefs de délégation qui se tient àShamakhi, enAzerbaïdjan, les 23 et 24 juillet 2025, a permis d'engager un dialogue informel sur la feuille de route « Baku to Belém Roadmap to $1.3 trillion », l’adaptation, la mitigation, la transition juste et la technologie[11].
Une réunion préparatoire à la COP, dite pré-COP, se tient àBrasilia les 13 et 14 octobre 2025. Elle a pour objectif de créer un espace de dialogue entre ministres, chefs de délégation et parties prenantes avant la COP30. Elle a permis d’avancer vers un consensus sur la mise en œuvre des accords existants et sur le renforcement de l’adaptation, mais a également révélé des divergences persistantes entre pays, notamment sur les financements et les ambitions[12],[13].
Quelques jours avant l’ouverture officielle de la COP30 àBelém, un sommet des chefs d’État et de gouvernement se déroule les 6 et 7 novembre 2025 pour lancer la conférence et donner une impulsion politique forte[14].
Plusieurs mois avant l'événement, des rapports faisant état de pratiques abusives en matière de prix d'hébergement ont été publiés. Certaines annonces sur des plateformes telles que Airbnb affichaient des prix pouvant atteindre 9 320 US$ par jour, contre un tarif normal de 11 dollars, tandis qu'un appartement pour une personne sur Booking.com était proposé à 15 266 dollars par nuit[15]. Ces chiffres ont conforté les allégations de spéculation immobilière généralisée, le gouvernement brésilien lui-même qualifiant les prix d'« extrêmement élevés et incompréhensibles »[16]. En réponse, le gouvernement fédéral brésilien a annoncé des mesures visant à limiter les prix abusifs et a déclaré qu'il mettrait à disposition 26 000 lits supplémentaires, en utilisant des bateaux de croisière, des écoles, de nouveaux hôtels et des installations militaires[17]. Cependant, un accord de régulation des prix avec l'industrie hôtelière, annoncé précédemment, n'avait toujours pas été signé en juillet 2025, en raison de la résistance du secteur[15]. Le gouvernement brésilien a loué des navires pour l'hébergement, amarrés au Pier Outreiro, reconstruits, à savoir le MSC Seaview et le Costa Diadema, tous deux pour les 15 jours de l'événement et les plus grands navires de passagers de la ville, chacun avec une chambre pour au moins 200 dollars US par jour[18].
En réaction, 27 pays ont signé une lettre exigeant des solutions et certaines nations ont fait pression sur le Brésil pour que l'événement soit déplacé dans une autre ville[19]. Les coûts élevés sont restés le principal obstacle pour les participants, une enquête de l'ONU réalisée en août 2025 a révélé que seuls 18 des 147 pays ayant répondu avaient trouvé un hébergement[20]. Cette situation a conduit des délégations, comme celle de l'Autriche, à annuler leur participation et a également eu des répercussions sur les locataires locaux, dont certains ont déclaré que leurs propriétaires leur avaient demandé de quitter leur logement pour laisser la place à des visiteurs fortunés[21].
Avec 56 118 délégués inscrits, la COP30 est provisoirement la deuxième plus grande COP de l'histoire, derrière laCOP28 à Dubaï, à laquelle ont participé plus de 80 000 personnes. Le total final réel est toutefois souvent inférieur au nombre des inscrits, ce qui pourrait faire changer le positionnement de la COP en taille[22].
Sur les198 parties à laCCNUCC, 194 ont inscrit des délégations à la COP30. La taille moyenne des délégations (59 personnes) est inférieure à celle des deux COP précédentes et est similaire à la moyenne de laCOP26 à Glasgow et de laCOP27 à Charm el-Cheikh. LeBrésil, pays hôte, a envoyé la délégation la plus importante avec 3 805 personnes inscrites. LaChine (789) et leNigeria (749) suivent respectivement en deuxième et troisième position. Les suivants sont l'Indonésie (566), laRépublique démocratique du Congo (556), laFrance (530), leTchad (528), l'Australie (494), laTanzanie (465) et leJapon (461). Le Royaume-Uni se trouve assez loin dans le classement, avec une délégation de210 personnes[22].

Les observateurs des négociations constituent généralement le deuxième groupe le plus important lors des sommets de la COP. À Belém, plus de 12 000 observateurs sont enregistrés, dont une grande majorité représente desorganisations non gouvernementales (ONG). Il peut s'agir d'organisations caritatives, telles queWWF,Ocean Conservancy etWaterAid, ainsi que de groupes de pression représentant des intérêts particuliers, tels que World Farmers' Organisation, International Association of Oil & Gas Producers et Nuclear Energy Institute[22].
Selon l’ONGGlobal Witness, l’autorisation à participer à la Conférence a été accordée à 1 602 représentants du secteur des combustibles fossiles (lobbyistes ou non), contre 1 773 en 2024 lors de la COP29, 2 456 en 2023 lors de la COP28 et 636 en 2022 lors de la COP27. Cette baisse est à relativiser car la proportion de représentants du secteur des énergies fossiles a quant à elle augmenté pour atteindre près d’un délégué sur 25 présents à Belém. Par ailleurs, l’analyse montre que si ces 1 602 représentants devaient constituer une délégation, elle serait la deuxième plus grande après celle du pays hôte de la COP30, le Brésil (3805)[23].
Les États-Unis, ayant adopté un positionnementclimatosceptique et décidé de se retirer de l'Accord de Paris, un retrait qui prend effet le, n'ont pas envoyé de délégation officielle[24],[25]. Néanmoins plus d’une centaine de responsables américains locaux, gouverneurs, maires et autres élus engagés participent à la conférence[24].
Sous la présidence deDonald Trump, le pays a affiché un soutien franc aux énergies fossiles — et un mépris pour la lutte contre le changement climatique — tout en cherchant à perturber les actions dans d’autres forums multilatéraux, notamment les négociations sur les plastiques[26] et les émissions liées au transport maritime[27]. Cette absence américaine peut être perçue comme un signal politique négatif car l’absence d'un des plus gros émetteurs historiques de gaz à effet de serre affaiblit la légitimité de la conférence : beaucoup estiment que sans les États-Unis la « responsabilité partagée » et le multilatéralisme climatique sont fragilisés[28]. Toutefois certains diplomates accueillent l’absence américaine comme préférable à une participation « nuisible ». En effet, l’administration américaine risque d’intervenir pour bloquer ou affaiblir certains compromis. De même cette absence peut libérer les autres pays de devoir composer avec un partenaire majeur souvent critique ou opposé à des mesures climatiques fortes, ce qui pourrait favoriser la négociation d’un compromis plus ambitieux[29].
La conférence est close le à 20h44 (heure locale à Belém [00h44 heure française], soit27 heures au-delà de l’heure de clôture officielle (18h vendredi 21 novembre 2025). 11 COP ont été closes avec des dépassements supérieurs, la COP25 ayant battu tous les records avec 44h au-delà de l’heure de clôture officielle[30].
La température moyenne près de la surface du globe s’établissait en 2024 à 1,55 °C ± 0,13 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle, ce qui faisait de 2024 l'année la plus chaude de l'histoire, en raison principalement de l’épisodeEl Niño qui avait entraîné une hausse des températures mondiales en 2023 et 2024. Les conditions neutres deLa Niña en 2025 qui a succédé à El Niño conduisent à une température moins élevée. De janvier à août 2025 elle s’établissait à 1,42 °C ± 0,12 °C, ce qui pourrait placer l'année 2025 deuxième ou troisième année la plus chaude[31].
Sur le plan géopolitique, la conférence se déroule dans un contexte agité : les États-Unis ont annoncé le 20 janvier 2025 leur retrait de l’accord de Paris[32],[33], relançant l’extraction d’hydrocarbures et fragilisant la coopération internationale[34],[35]. Parallèlement, l’Union européenne revoit à la baisse certaines ambitions environnementales via le paquet « Omnibus », ce qui suscite des doutes sur son leadership dans la transition climatique[36],[37],[38]. La Chine, à l’inverse, renforce ses normes de durabilité et affirme un rôle actif dans la transition vers les ESG, renforçant son influence auprès des pays du Sud[39]. Les pays en développement, regroupés dans ce que l’on appelle le « Sud global », se structurent clairement et réclament une reconnaissance accrue de leurs priorités : financements massifs, transfert de technologies et respect de la responsabilité historique des pays du Nord[40],[41].
Le contexte économique mondial est fragilisé : faible croissance, inflation persistante, endettement élevé et tensions sur l’énergie compliquent la mobilisation des ressources nécessaires à la transition écologique[42]. Les pays en développement sont particulièrement affectés : leur endettement croissant limite leurs moyens d’investir dans l’adaptation et la résilience climatique, accentuant leur vulnérabilité aux chocs[43]. La montée du nationalisme économique et des préoccupations sécuritaires (énergétique, industrielle) fragilise la coopération multilatérale, rendant plus difficile l’adoption de cadres ambitieux et collectifs[44].
Le pays hôte, le Brésil, incarne quant à lui, un paradoxe : d’un côté, il affiche des progrès dans la protection de l'Amazonie, de l’autre, il connaît une production pétrolière record, ce qui complique son rôle diplomatique en tant que champion climatique[45],[46].
S’adressant à la conférence, le présidentLula déclare : « La COP30 sera la COP de la vérité » à une époque de « fausses nouvelles et de désinformation » et de « rejet des preuves scientifiques ». Sans nommer le président Trump, le président Lula a poursuivi: « Ils contrôlent les algorithmes, sèment la haine et propagent la peur »,« Il est temps d’infliger une nouvelle défaite aux négationnistes », a-t-il ajouté[47].
Les enjeux de la COP sont ainsi : la révision des CDN (contributions déterminées au niveau national), le financement climatique, l'atténuation (sortie des énergies fossiles), l'adaptation et résilience (objectif mondial d’adaptation, besoins spécifiques des pays vulnérables), des thématiques spécifiques et sectorielles comme la protection de l'Amazonie et autres écosystèmes clés ou la problématique duméthane et la justice climatique (rôle des peuples autochtones).
À l’échéance formelle du, seules15 parties à l’accord de Paris ont soumis leur CDN 3.0. Au,104 autres parties (102 pays + l’UE en tant qu’organisation régionale d’intégration économique) apportent leurs contributions. Ainsi, au total, 119 Parties à l’Accord de Paris sur les195 signataires, ou 194 en prenant en compte le retrait notifié par les Etats-Unis, soit 61 % du total, ont soumis leur CDN 3.0 (restent donc 76 Parties)[48].
16 pays du G20 ont soumis leur CDN 3.0. L’administrationJoe Biden avait en effet communiqué les CDN 3.0 des États-Unis le, visant une réduction de -61 % à -66 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 par rapport à 2005. Du fait de leur retrait, ce ne sont donc que15 pays du G20 qui ont communiqué leur CDN 3.0. En dehors des États-unis, les pays manquants sont : l'Arabie saoudite, l'Argentine et l'Inde[48].
La plupart des pays du G20 ont enregistré une augmentation de leurs émissions en 2024. La plus forte croissance absolue des émissions a été enregistrée en Inde, suivie par la Chine et l'Indonésie, qui figurent également parmi les pays les plus peuplés au monde. En termes de taux de croissance, l'Indonésie a affiché la plus forte augmentation (4,6 %), suivie par l'Inde (3,6 %). La croissance des émissions en Chine (0,5 % en 2024) a été inférieure à celle de l'année précédente. Cependant,de nombreux pays hors G20 ont également enregistré une augmentation significative de leurs émissions en 2024. Les émissions de l'Union européenne ont quant à elles diminué de 2,1 %[49].
Avec4,4 Gtonnes de CO2 équivalents de gaz à effet de serre émis en 2024, l'Inde est le troisième pays le plus émetteur de la planète, derrière la Chine (15,5) et les États-Unis (5,9)[50]. Selon leprogramme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), elle a même enregistré la plus forte augmentation absolue (+ 3,6 %) des émissions entre 2023 et 2024, avec165 millions de tonnes de gaz à effet de serre supplémentaires[51]. Elle totalise 8 % du total des émissions[50]. Même si le président Narendra Modi a annoncé en juillet 2025 avoir atteint son objectif de 50 % de sa capacité électrique installée à partir de sources d’énergie non fossiles, cette information est à relativiser car il s’agit de la capacité totale installée. En production réelle, les renouvelables ne représentent encore que 28 %. ¨Parallèlement plusieurs facteurs contribuent à accroître l'empreinte carbone : l’essor de l'activité industrielle et de la demande énergétique avec une forte dépendance au charbon qui fournit 70 % de la production d’électricité du pays et l'urbanisation croissante qui augmente massivement les transports et la production de ciment, très polluante. L'absence du président à la COP et de la communication des CDN 3.0 du pays sont des mauvais signaux[51].
Avec3,2 Gtonnes de CO2 équivalents de gaz à effet de serre émis en 2024, les27 pays de l'Union européenne sont la quatrième entité la plus émettrice de la planète, derrière la Chine (15,5), les États-Unis (5,9) et l'Inde (4,4). Ils totalisent 6 % du total des émissions[50]. L'Union européenne a trouvé le un accord qui peut être qualifié d'historique, tant les difficultés pour atteindre un compromis étaient importantes, sur ses nouvelles contributions déterminées à prendre en compte lors de la COP30. Deux objectifs sont fixés : une réduction des émissions de CO2 de 66,25 % à 72,5 % d’ici à 2035 (par rapport à 1990) et de -90 % d'ici 2040, dans le cadre d'une nouvelle loi climat européenne à venir. L'objectif 2035 est une fourchette relativement large, qui manque d’ambition, mais c’était la seule susceptible d’être adoptée à l’unanimité[52],[53].
L’article 14 de l'Accord de Paris prévoit la réalisation tous les cinq ans, à commencer par 2023, d’unbilan mondial (Global Stocktake ou GST, en anglais). Il s’agit d’évaluer les progrès collectifs, et non ceux des pays individuels, vers la réalisation des objectifs à long terme. Le bilan mondial doit servir de catalyseur pour renforcer le niveau d’ambition collective dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Il est destiné à éclairer la prochaine série de contributions nationales que doivent soumettre les Parties à l’Accord de Paris en 2025 et ce, conformément au mécanisme de révision quinquennale des NDC, juridiquement contraignant[54]. Le bilan mondial est composé de trois éléments[54] : collecte et traitement d’informations, évaluation technique (il s'agit de dresser un bilan de la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour évaluer, d’une part, les progrès collectifs vers la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord et, d’autre part, les possibilités de renforcer l’action et le soutien) et volet politique (au vu du constat, renforcement des objectifs, actions et soutien au niveau national et, d’autre part, de renforcement de la coopération internationale en faveur de l’action climat).
Trois domaines thématiques sont développés : atténuation, adaptation et pertes et préjudices, moyens de mise en œuvre (soutien financier, transfert de technologies, renforcement des capacités). Dans le rapport de synthèse du GST-1, publié en décembre 2023, 17 messages clés sont mis en avant, dont le fait que les émissions mondiales de GES ne sont pas en phase avec les trajectoires modélisées d’émission compatibles avec les objectifs de +2°C ou de +1,5°C fixés par l’article 2 de l’Accord de Paris et qu'il faut faire preuve de beaucoup plus d’ambition en termes d’action climat et de soutien, en mettant en œuvre des mesures d’atténuation nationales et en fixant des objectifs plus ambitieux dans les CDN afin de réduire les émissions mondiales de GES de 43 % entre 2023 et 2030 et de 60 % entre 2023 et 2035, par rapport aux niveaux de 2019, et d’atteindre la neutralité carbone (zéro émission nette de CO2) d’ici 2050 au niveau mondial[55].
Un dialogue annuel sur la mise en œuvre des résultats du premier bilan mondial aurait dû être lancé dès la conférence de Bakou (2024) afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer début 2026. Mais il est resté en suspens faute de consensus entre les Parties[56]. A Belém, comme lors des sessions précédentes (Bonn, juin 2024 ; Bakou, novembre 2024 ; Bonn, juin 2025), le désaccord subsiste entre pays développés et pays en développement sur la manière de mettre en œuvre ce dialogue. Les premiers (UE, Norvège, États-Unis, Japon en tête), ainsi que l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS), soutiennent que ces discussions doivent être centrées sur tous les aspects des résultats du bilan mondial, dont les efforts à consentir pour réduire les émissions de GES. En revanche, le groupe de négociation LMDC[Note 2], lespays d’Amérique latine (groupe AILAC), et les pays les moins avancés (surtout les pays africains) souhaitent qu’elles soient axées sur le financement climat, affirmant qu’il leur serait impossible de réduire leurs émissions sans soutien financier de la part des pays développés pour les aider à assurer leur transition énergétique[57].
Un premier document d'analyse, établi avant la COP, sur la base des CDN 3.0 soumises avant le 21 août 2025 montre des résultats incohérents dans la manière dont le GST-1 a influencé les CDN. Certaines CDN utilisent les résultats du GST-1 comme cadre, tandis que d'autres le mentionnent à peine. La qualité des références au GST-1 varie également selon les CDN et les objectifs et signaux du GST-1. L'objectif le plus explicitement mentionné dans les CDN est l'accélération de la réduction des émissions du transport routier. En outre, environ un tiers des CDN font explicitement référence à l'accélération des technologies zéro émission et à faibles émissions, au triplement de la capacité des énergies renouvelables d'ici 2030 et à la transition vers des systèmes énergétiques sans combustibles fossiles. Cependant, seuls 3 % des CDN font explicitement référence à des politiques nationales ou à des mesures quantitatives visant à mettre fin à la déforestation et à inverser la tendance d'ici 2030[58].

Lors de la COP15 de 2009 à Copenhague, les pays industrialisés s’étaient mis d’accord sur un objectif collectif : ils s’étaient engagés à mobiliser et à fournir, avant 2020, 100 milliards de $ US par an, à partir de sources publiques et privées, bilatérales et multilatérales, pour répondre aux besoins des pays en développement (PED) en matière d’atténuation et d’adaptation[59]. Selon le rapport 2024 de l'OCDE constituant la septième évaluation des progrès accomplis par les pays industrialisés en vue de la réalisation de l’objectif des 100 milliards de $ (Md$) par an avant 2020, cet objectif a été atteint et dépassé en 2022, avec un total de 115,9 milliards USD[60],[61], avec un retard de deux ans donc, ce qui a eu pour conséquence d’éroder sérieusement la confiance des pays en développement vis-à-vis des pays industrialisés et de freiner les progrès dans les autres axes de négociation (notamment l’atténuation)[59].
Le, le Groupe d’experts indépendants de haut niveau sur le financement climat (Independent High-Level Expert Group on Climate Finance ou IHLEG) présente son4e rapport sur le financement climat, qui s’intitule : « Delivering an integrated climate finance agenda in support of the Baku to Belém roadmap to 1.3 T » (« Mettre en œuvre une stratégie intégrée en matière de financement climat en appui à la feuille de route de Bakou à Belém vers la réalisation de l’objectif de 1 300 Md$/an d’ici 2035 »)[62]. Ce rapport met en avant que le monde est confronté à un défi d'investissement sans précédent – et à une opportunité historique – pour stimuler une croissance durable et inclusive, renforcer la résilience, protéger la nature et atteindre les objectifs climatiques. Les investissements mondiaux dans le domaine du climat devront atteindre environ 6 500 milliards de dollars par an d'ici 2030, et 7 500 milliards de dollars d'ici 2035. Les marchés émergents et aux économies en développement (EMDEs) (à l'exception de la Chine), où la croissance potentielle des émissions futures est la plus forte et la vulnérabilité aux impacts climatiques la plus aiguë, nécessiteront un flux d'investissements annuel d'environ 2 400 milliards de dollars d'ici 2030 et de 3 200 Md$ d'ici 2035[63].
Les 3 200 Md$ par an d’ici 2035 correspondent à des investissements dans cinq domaines d’action interdépendants qui, ensemble, constituent une stratégie mondiale d’action pour le climat, dans le cadre d’une stratégie globale de développement durable et de réduction de la pauvreté[64] :
La répartition par sous-catégorie est présentée dans le tableau suivant[65].
| Catégorie | Sous-catégorie | Besoins d'investissement (en milliards de dollars) | Total |
|---|---|---|---|
| Transition vers les énergies propres | Énergie renouvelable et autres modes de production d'électricité à faibles émissions | 700 | 2 050 |
| Réseaux et stockage | 350 | ||
| Efficacité énergétique et électrification | 850 | ||
| Combustibles à faibles émissions et capture, utilisation et stockage du carbone (CCUS) | 150 | ||
| Adaptation et résilience | Agriculture, eau et gestion des terres gestion | 40 | 400 |
| Infrastructures résilientes | 65 | ||
| Protection et gestion du littoral | 30 | ||
| Gestion des risques de catastrophe | 55 | ||
| Écosystèmes protégés | 5 | ||
| Santé et protection sociale | 40 | ||
| Capacité institutionnelle, facteurs favorables et inclusion | Non quantifié | ||
| Résilience du secteur privé (indicatif) | 165 | ||
| Pertes et dommages | 350 | 350 | |
| Capital naturel | Terres et sols dégradés | 150 | 350 |
| Forêts et corridors de biodiversité | 125 | ||
| Bassins versants et systèmes d'eau douce | 20 | ||
| Écosystèmes côtiers | 35 | ||
| Nature urbaine et infrastructures vertes, infrastructure | 20 | ||
| Transition juste | 50 | 50 | |
| TOTAL | 3 200 | 3 200 |
Le rapport estime que 1 900 milliards de dollars (environ 60 %) du financement nécessaire pour les 3 200 Md$ d'investissements dans le climat et le développement connexe d'ici 2035 devraient provenir de ressources nationales : Les finances publiques nationales devraient contribuer à hauteur d'environ 1 150 Md$ (soit environ 60 % des ressources nationales) et les financements privés nationaux à hauteur de750 milliards de dollars (environ 40 % desressources nationales), provenant principalement des marchés financiers nationaux et de l'autofinancement des entreprises et des ménages[66].
Ce qui signifie que 1 300 Md$ de financement externe seront nécessaires chaque année. Environ la moitié de ces 1 300 Md$ pourrait provenir de sources privées, le reste provenant de flux multilatéraux, bilatéraux et concessionnels[64]. Atteindre l’objectif de 1 300 Md$ représenterait une multiplication par sept des niveaux actuels de financement climat, qui s’élèvent à environ 190 Md$ en 2022[64]. La répartition de cet effort par nature de financement est présentée dans le tableau suivant[67].
| Sources de financement | Flux 2035 (en Md$) | Taux d'effort / niveaux actuels | ||
|---|---|---|---|---|
| Financement total 3 200 Md$ | Mobilisation de ressources nationales 1 900 Md$ | Financement public | 1 150 | x 4,2 |
| Financement privé[Note 3] | 750 | x 9,3 | ||
| Financement externe 1 300 Md$ | Financement privé | 650 | x 16 | |
| MDB et VCEF | 300 | x 3,5 | ||
| Financement bilatéral | 80 | x 2 | ||
| Coopération sud-sud | 40 | x 2,5 | ||
| Marchés du carbone | 70 | x 35 | ||
| Autres financements concessionnels[Note 4] | 160 | x 26 | ||
Sur la base des besoins estimés, les Parties ont convenu, lors de laCOP29 à Bakou en 2024, d'un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) en matière de financement climatique afin d'accélérer la mise en oeuvre de l'Accord de Paris. La décision établit deux éléments quantitatifs principaux et interdépendants pour soutenir l'action climatique dans les pays en développement[68] :
Certains éléments de la décision finale relatifs au NCQG doivent être clarifiés et approfondis afin de garantir que l'objectif soit opérationnel, mesurable et ait un impact réel. C'est l'objet de la feuille de route de Bakou to Belém qui a fait l'objet de différentes réunions en 2025 et qui contribue à tracer la voie à suivre pour la mise en oeuvre de la NCQG. Le sujet du financement et notamment l'objectif des 300 MdUS est au coeur de multiples discussions et crispations au sein de la COP30. Les pays du Sud souhaitent notamment disposer d'un programme de travail pour avoir de la visibilité sur les finances publiques fournies par les pays développés[69].
Le gouvernement brésilien, qui a adopté en 2024 une loi nationale encadrant son propre marché carbone (SBCE[Note 5]), en cohérence avec le système européen et les autres grandes plateformes[70], a proposé la création de l’Open Coalition for Carbon Market Integration, qui vise à harmoniser les standards et connecter lessystèmes d’échange de crédits carbone (ETS[Note 6], SBCE, etc.) pour renforcer la liquidité, la prévisibilité et la transparence du secteur[71]. Cet engagement international est développé sous la direction du ministère brésilien des Finances, représenté par le secrétaire exécutif adjoint Rafael Dubeux, qui a souligné que cette initiative permettra aux pays de collaborer pour définir les meilleures pratiques en matière de suivi, de reporting et de vérification (MRV), établir des normes comptables communes et garantir l'intégrité des mécanismes de compensation. Il a réaffirmé que la réglementation du secteur est l'un des moyens les plus efficaces pour favoriser la décarbonation. L'initiative comprend désormais leBrésil, laChine, l'Union européenne, leRoyaume-Uni, leCanada, leChili, l'Allemagne, leMexique, l'Arménie, laZambie, laFrance, leRwanda, l'Andorre, laGuinée, laNouvelle-Zélande,Monaco,Singapour et laNorvège[72].
L’Union européenne a adopté en 2022 le principe d'unmécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) entrant en vigueur en janvier 2026 et visant les secteurs les plus polluants comme l’acier, l'aluminium, le ciment, les engrais, l’électricité et l’hydrogène. Il s’agit d’imposer aux importations à l’intérieur de l’UE un prix du carbone similaire à celui en vigueur en Europe, où les entreprises doivent déjà payer pour polluer. Mais plusieurs pays dont la Chine ou l’Inde considèrent cette taxe « unilatérale » comme duprotectionnisme et veulent mettre ce sujet à l’ordre du jour de la COP,Wopke Hoekstra, commissaire européen au climat, refusant quant à lui toute discussion qui remettrait en question ce mécanisme[73],[74].
Les pays en développement font valoir que ces mesures augmentent le coût de l'action climatique mondiale, imposent une charge excessive de décarbonation aux pays en développement, contredisent les principes et les dispositions de la CCNUCC et de l'accord de Paris[Note 7] et sapent les fondements de la coopération multilatérale[75],[76]. Les pays arabes ont été parmi les plus virulents. Lors des consultations de la présidence, la Syrie a qualifié le MACF de l'UE de « politique climatique extraterritoriale » ; le Groupe arabe a fait valoir que les UTM « menacent le cycle et la structure politiques de l'Accord de Paris » ; l'Égypte a déclaré qu'elles sapent la nature nationale du régime ; et le Qatar a averti que de telles mesures « détournent les ressources des priorités nationales sans apporter de réels avantages climatiques ». L'Arabie saoudite a qualifié le MACF de mesure qui « prive les pays de la possibilité de réaliser leurs ambitions et aggrave la pauvreté ». Elle a cité des estimations selon lesquelles le MACF pourrait augmenter les recettes des pays développés de2,5 milliards de dollars tout en réduisant les revenus des pays en développement de 5,9 milliards de dollars, « pour une réduction mineure des émissions de CO2 »[75].
La présidence a finalement tranché en faveur des contestataires : des dialogues annuels auront lieu lors des trois prochaines sessions semestrielles de Bonn sur le renforcement de la coopération internationale en matière de commerce. C'est la première fois que le commerce est intégré dans les négociations sur le climat[77].
L'atténuation comprend l'ensemble des actions de réduction desémissions de gaz à effet de serre ou lacapture et séquestration du dioxyde de carbone de l'atmosphère. Les CDN 3.0 regroupent au niveau de chaque pays les actions envisagées par ceux-ci pour ramener en 2030 les émissions mondiales sur une trajectoire compatible avec les objectifs +1,5 °C et +2 °C. La COP30 doit aboutir à une décision faisant le point sur comment réagir collectivement au constat que les CDN 3.0 ne sont pas au niveau attendu et traduisent un manque d’ambition[78].
Lancée initialement lors de la pré-COP le 14 octobre 2025, l'initiative « Belém 4X » vise à encourager la coopération internationale afin de quadrupler au moins l’utilisation des carburants durables d’ici 2035, grâce à la mise en œuvre des politiques existantes ou annoncées. Dans le cadre de la COP, cet engagement a été approuvé par 19 pays : l’Arménie, la Biélorussie, le Brésil, le Canada, le Chili, le Guatemala, la Guinée, l’Inde, l’Italie, le Japon, les Maldives, le Mexique, le Mozambique, le Myanmar, les Pays-Bas, le Panama, la République populaire démocratique de Corée, le Soudan et la Zambie. La diversité et la large répartition géographique des pays signataires soulignent l’importance mondiale des carburants durables pour faire progresser la transition énergétique et lutter contre le changement climatique dans toutes les régions. L’initiative, coparrainée par le Brésil, l'Italie et le Japon, reste ouverte à d’autres signataires[79].
Une initiative similaire intitulée « Global Renewables and Energy Efficiency Pledge » avait été lancée lors de laCOP28 à Dubaï en décembre 2023. Elle engageait 118 pays à « tripler la capacité mondiale d’énergies renouvelables installées d’ici 2030 ». L’objectif était de porter les capacités de production d’énergies renouvelables à environ 11 000 GW d’ici 2030. Il ne portait pas spécifiquement sur les « carburants durables » (bio-carburants, hydrogène, e-carburants) mais sur les énergies renouvelables au sens large (solaire, éolien, etc.)[80],[81],[82].
LaCorée du Sud et leBahrein annoncent simultanément le 17 novembre 2025 rejoindre laPowering Past Coal Alliance, un groupe de 182 pays, villes, régions et organisations visant à accélérer la suppression descombustibles fossiles descentrales électriques au charbon, à l'exception des très rares qui disposentde systèmes de captage et de stockage du carbone[83],[84].
La Corée du Sud s'engage à fermer progressivement40 centrales à charbon d'ici 2040, sur les 61 de son parc de centrales à charbon, le septième plus grand parc au monde en termes de capacité installée (à savoir39,1 GW). Le calendrier pour les 21 restantes sera fixé après des discussions publiques sur la faisabilité économique et environnementale[85]. Cette initiative a été saluée par les militants pour le climat, qui ont déclaré que Séoul avait envoyé un message fort sur les mesures nécessaires pour limiter le réchauffement climatique[86].
Le Bahreïn quant à lui n'a jamais eu de centrale à charbon mais s'engage à n'en construire aucune à l'avenir. Il s'engage aussi à collaborer avec les autres membres du PPCA afin de faire progresser la transition du charbon vers des énergies propres à l'échelle mondiale[84].
Selon le site britanniqueCarbon Brief,64 pays soutiennent, à mi-parcours de la COP, une « feuille de route » pour unesortie des combustibles fossiles que le président brésilien Lula avait appelée de ses vœux avant l’ouverture de la COP :Brésil, legroupe d'intégrité environnementale (six pays),France,Danemark,Royaume-Uni,Allemagne,Kenya, legroupe AILAC (huit pays), l'AOSIS (39 pays),Australie,Portugal,Mongolie,Suède etIrlande[23]. Mais à la veille de la cloture de la COP, le projet de texte conclusif, dit « mutirão », ne mentionne pas les énergies fossiles, ce qui conduit une trentaine de pays à signer un courrier indiquant qu’ils ne signeront pas d’accord si cette mention n'existe pas[Note 8]. Les opposants à la mention seraient la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, le Nigeria et la Russie[87].
L’article 7.1 de l’Accord de Paris prévoit la fixation d’un objectif mondial en matière d’adaptation (Global Goal on Adaptation, GGA) consistant à renforcer les capacités d’adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire la vulnérabilité à ces changements, mais à ce jour il n'est toujours pas défini. Ce n’est que six ans après l’adoption de l’Accord de Paris, à Glasgow (lors de la CMA-3) en 2021 que les Parties se sont mises d’accord pour renforcer l’action sur l’adaptation et lancer un programme de travail de deux ans (2022-2023). Il est décidé de doubler le financement de l'adaptation pour le porter à40 milliards de dollars d'ici 2025. Cependant, un rapport récent du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a révélé qu'en 2023, les pays développés n'avaient fourni que26 milliards de dollars de financement pour l'adaptation aux pays en développement[88].
À Dubaï (déc. 2023) est défini le « cadre des Émirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale » qui fixe sept objectifs qualitatifs thématiques à atteindre d’ici 2030 : eau, agriculture et agroalimentaire, santé, écosystèmes et biodiversité, infrastructure et villes, élimination de la pauvreté, patrimoine culturel. Sont également soulevées les deux questions les plus épineuses : le financement de l’adaptation ainsi que le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives. Mais l'absence d'objectifs quantitatifs conduit à un nouveau programme de travail de deux ans (2025-2026) visant à élaborer des indicateurs pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation des sept objectifs qualitatifs thématiques. les divergences de position qui subsistent avant la COP30 sont le financement de l’adaptation et la nature de l'organisme chargé de recenser et décrire les indicateurs existants[89].
Le texte final se contente d'« appeler à des efforts » pour tripler le financement de l'adaptation par rapport aux niveaux de 2025 d'ici 2030, à savoir passer de 40 à 120 milliards de dollars, quand, pour rappel, seulement 23 milliards avaient réellement été engagés en 2023. Le texte adopte également59 indicateurs et un programme de deux ans « visant à élaborer des orientations pour la mise en œuvre des indicateurs d'adaptation de Belém »[88].
Le processus des plans nationaux d'adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation adopté lors de laCOP16 en 2010. Un rappel à l'ensemble des Parties pour mettre en place ces plans a été fait lors de la COP28 de Dubaï. Lors de la COP29 des divergences sont apparues sur les objectifs 2030 en matière de NAP et aucun accord n'était trouvé lors de la conférence de Bonn en juin 2025. Un nouveau texte est élaboré lors de la COP30 qui comporte désormais une recommandation sur l'importance des peuples autochtones dans les NAP[89].
Le gouvernement brésilien et certaines institutions comme l'Institut national de recherches spatiales (INPE), affichent une réduction de la déforestation dans la « Legal Amazon », avec une baisse de 30,6 % entre août 2023 et juillet 2024[90]. Toutefois, malgré ces progrès, des alertes de dégradation forestière (incendies notamment) persistent, soulignant la fragilité de l’écosystème. Cet avertissement provient d'un article publié dans la revue Global Change Biology par des scientifiques de l'INPE du Brésil, en partenariat avec l'Université de São Paulo (USP, également au Brésil) et des institutions au Royaume-Uni et aux États-Unis. La déforestation supprime complètement la couverture végétale indigène, tandis que la dégradation affaiblit les forêts sans les détruire entièrement (par exemple, l'exploitation forestière sélective). Selon l'étude, les alertes indiquant une dégradation de la forêt amazonienne ont augmenté de 44 % entre 2023 et 2024, soit une augmentation de 163 % par rapport à 2022. Rien qu'en 2024, 25 023 kilomètres carrés (km²) de forêt ont été dégradés, dont environ 66 % en raison d'incendies de forêt. Cela représente une superficie légèrement supérieure à celle d'Israël. À l'inverse, la déforestation a diminué respectivement de 27,5 % et 54,2 %, ce qui représente la plus faible augmentation en dix ans. Selon les données du Programme de surveillance par satellite de la forêt amazonienne brésilienne (PRODES) de l'INPE, 5 816 km² ont été déboisés au cours de la période allant jusqu'à 2024[91]. Cette situation renforce l’importance de l’Amazonie comme enjeu planétaire :puits de carbone, biodiversité, cadre de vie des peuples autochtones, mais également zone de conflit entre conservation et exploitation.
L'Union européenne avait adopté en 2023 une réglementation visant à interdire l’importation dans l’UE d’une série de produits (cacao, café, soja, huile de palme, bois…) lorsqu’ils sont issus de terres déboisées après 2020. Mais le, l’entrée en vigueur du règlement sur la déforestation importée est reportée d’un an, au. Cette décision constitue un recul majeur de l'UE en matière d'écologie, une défaite pour la France qui s’opposait à ce décalage mais a finalement voté en sa faveur et un mauvais signal à la COP30[92],[93].
Un fonds destiné à lutter contre la déforestation et la dégradation forestière, dénomméREDD, est créé lors de la COP11 à Montréal (2005) par leCosta Rica et laPapouasie-Nouvelle-Guinée, via la « Coalition for Rainforest Nations (CfRN) ». Il s’agit d’un cadre international adopté dans le cadre de la Convention climat de l’ONU (UNFCCC) pour inciter les pays tropicaux à réduire la déforestation en échange d’un financement (public, puis éventuellement privé). En 2010, dans le cadre des Accords de Cancún (COP16), REDD est remplacé par REDD+ en ajoutant conservation, gestion durable des forêts et augmentation des stocks de carbone forestier (restauration, reboisement, etc.). Dans la période 2016–2021, les premières actions nationales sont mises en œuvre, notamment au Brésil, en Indonésie, en Colombie, au Chili, Côte d’Ivoire, etc.[94].
Le 6 novembre 2025, est lancée laTropical Forest Forever Facility (TFFF), le « dispositif forêts tropicales pour toujours », une initiative visant à fournir un financement à long terme pour les pays tropicaux qui protègent leurs forêts[95]. Il s’agit d’un méga-fonds forestier, le premier du genre, supérieur à toute initiative précédente, y compris le mécanisme de crédits carbone REDD+ géré par laBanque mondiale. Ce fonds, fortement soutenu par le président Lula, vise en effet à lever et à investir jusqu'à 125 milliards de dollars provenant de sources publiques, privées et philanthropiques. Les bénéfices iront à environ 74 pays en développement (principalement le Brésil, la Colombie, la République démocratique du Congo, le Ghana, l'Indonésie et la Malaisie), qui devront gérer leurs forêts de manière adéquate, en mettant fin aux incendies et à la déforestation. 53 pays, dont 19 fonds souverains, se sont engagés à soutenir le projet. LaNorvège s’est engagée à hauteur de 3 milliards de dollars pour les dix prochaines années sous certaines conditions spécifiques ; leBrésil et l'Indonésie ont confirmé leurs engagements d'un milliard de dollars ; lePortugal s'est engagé à verser un million de dollars symbolique ; laFrance a indiqué que, sous certaines conditions, elle envisagerait un engagement pouvant atteindre500 millions d'euros jusqu'en 2030 ; lesPays-Bas se sont engagés à verser 5 millions de dollars[96].
Une initiative inscrite dans le cadre du « Pacte mondial sur le méthane » (« Global Methane Pledge »), lancée fin 2021 à Glasgow (COP26), vise à réduire les émissions deméthane d'au moins 30 % par rapport aux niveaux de 2020 entre 2021 et 2030. Au total, 158 pays y participent[97]. Cette baisse était décrite par lesixième rapport du GIEC comme une solution rapide pour éviter un réchauffement en cas de baisse de la pollution atmosphérique. Il peut s'agir de mesures techniques (ex. : éviter les fuites de gaz, couvrir les décharges et tirer de l'énergie de leur gaz)[98]. Malgré ceci, les émissions de méthane n'ont cessé d'augmenter à un rythme record entre 2019 et 2024[99]. Lors de la COP30, une coalition d’une dizaine de membres, dont la France, le Royaume-Uni, le Japon, le Kazakhstan et la Norvège, s’est engagée à « réduire considérablement » les émissions de méthane dans le secteur des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz), notamment en mettant fin entre 2025 et 2030 autorchage et audégazage systématiques. Le Brésil et le Royaume-Uni ont quant à eux appelé à une utilisation « plus efficace » des engrais. Parallèlement, la Climate and Clean Air Coalition (CCAC) a mobilisé un total de 25 millions de dollars (21,5 millions d’euros) à destination du Kazakhstan, du Nigeria et de l'Afrique du Sud pour mettre en place, au sein des gouvernements respectifs, une équipe chargée de s’attaquer aux « superpolluants ». Mais ces progrès sont jugés « très insuffisants et décevants », par l’Institute for Governance and Sustainable Development[100].
L'accent est mis sur les océans lors de la COP30, un choix justifié par la science et urgent par nécessité. Cependant, la véritable question, qui déterminera le succès, est de savoir si pourront être mis en place les institutions, les mécanismes de financement et les structures de responsabilité nécessaires pour passer de la visibilité à la mise en œuvre. Le Brésil donne l'exemple en intègrant explicitement pour la première fois les ressources océaniques dans son plan d'action climatique, les CDN 3.0. Il est en particulier souhaité que les grandes nations maritimes ratifient rapidement leTraité de la haute mer, adopté le 19 juin 2023 et qui entrera en vigueur le[101], et trouvent les ressources nécessaires à sa mise en œuvre[102].
LeBlue NDC Challenge est une initiative lancée lors de la COP30, le 18 novembre 2025, qui invite les pays à intégrer des mesures océaniques dans leurs contributions nationales déterminées.17 pays rejoignent cette initiative. Outre leBrésil et laFrance, l'Australie, lesFidji, leKenya, leMexique, lesPalaos, la République des Seychelles, leChili,Madagascar et leRoyaume-Uni rejoignent l'initiative dès son lancement. Au cours de la COP, six autres pays (laBelgique, leCambodge, leCanada, l'Indonésie, lePortugal etSingapour) rejoignent la coalition[103].
Parallèlement, le lancement d’une Ocean Taskforce (ou « Blue NDC Implementation Taskforce »), co-pilotée par la France et le Brésil, est également annoncé. Cette taskforce vise à accélérer la mise en œuvre des solutions océaniques dans les politiques nationales, en transformant l’élan des défis en architecture opérationnelle[104].
L’Initiative mondiale pour l’intégrité de l’information sur le changement climatique a été mise en place par l'Unesco, le gouvernement duBrésil et l’ONU afin de contribuer à enquêter, dénoncer et démanteler la désinformation liée au changement climatique, ainsi qu’à la diffusion des résultats de la recherche. Cette initiative avait été annoncée le lors dusommet du G20 àRio de Janeiro sous présidence brésilienne[105]. Elle est mise pour la première fois à l'ordre du jour de la COP. Lors de l'ouverture de la conférence, le président Lula de Silva appelle à lutter contre les « climatosceptiques ». « Nous vivons à une époque où les obscurantistes rejettent les preuves scientifiques et attaquent les institutions. Il est temps d'infliger une nouvelle défaite au déni », déclare-t-il, ajoutant que la COP 30 serait la « COP de la vérité » à l'ère des « fausses nouvelles et de la désinformation »[106]. Rédigée en collaboration avec les membres de la société civile du comité de pilotage de l’Initiative mondiale, la déclaration a été avalisée à ce jour par 12 pays :Allemagne,Belgique,Brésil,Canada,Chili,Danemark,Espagne,Finlande,France,Pays-Bas,Suède etUruguay[105].
La question despertes et préjudices fait référence aux effets irréversibles liés au changement climatique, c'est-à-dire ceux qui sont déjà réels et ceux qui ne pourront pas être évités, même en parvenant à réduire à zéro les émissions mondiales de gaz à effet de serre et en investissant massivement dans des projets d'adaptation au changement climatique. Ce sujet est étroitement lié, d’une part, à la question très controversée de la responsabilité historique des émissions de GES qui incombe en premier lieu aux pays industrialisés[107], et d’autre part, à la justice climatique. Elle est très attendue par les pays vulnérables (dont lespetits États insulaires et lespays les moins avancés) qui sont les moins responsables du changement climatique (ils y ont contribué le moins), qui sont en première ligne face aux impacts du changement climatique et qui sont les moins bien équipés pour y faire face. Les pays industrialisés s'y s’opposent par contre craignant, d’une part, des actions en justice qui les tiendraient pour responsables de leurs contributions historiques et d’autre part, de se voir contraints à verser des indemnisations financières aux pays vulnérables[108]. L’article 8 de l’Accord de Paris précise d'ailleurs que celui-ci « ne peut donner lieu, ni servir de fondement à aucune responsabilité, ni indemnisation »[108].
UnFonds pertes et préjudices (Fund for responding to Loss and Damage,FRLD en anglais) est créé en 2022 lors de laCOP27 de Charm el-Cheik[109]. À fin avril 2025, ce fonds avait reçu des promesses de dons d’environ 786 millions de dollars provenant de27 contributeurs (dont25 pays, l’Union européenne et la région belge de Wallonie)[110]. La France s'est quant à elle engagée en 2023 à participer à hauteur de173 millions d’euros[111].
Latransition juste vise à assurer une transition socialement équitable (ou juste) d’une économie basée sur les énergies fossiles vers une économie bas-carbone, c’est-à-dire en prenant en compte les conséquences socio-économiques de l'élimination ou la réduction des énergies fossiles dans les régions touchées. En clair, la politique climat doit refléter un principe de solidarité. Lors de laCOP24 de 2018 à Katowice, le Président polonais,Andrzej Duda, présente la « Déclaration de Silésie sur la solidarité et la transition juste »[112] suivie par la définition d'un « programme de travail sur la transition juste » (Just Transition Work Programme ou JTWP, en anglais) lors de laCOP de Charm el-Cheikh en 2022 puis d'une table ronde ministérielle de haut niveau lors de la COP de Dubaï en 2023. Deux dialogues sont prévus par an, l'un en juin, l'utre lors de la COP. En 2024, des divergences sont apparues sur la question de savoir si le JTWP doit être axé sur la transition des travailleurs (position des pays industrialisés) ou être doté d’un périmètre plus large (position des pays en développement) et celle de savoir si le JTWP devrait intégrer l’atténuation (position de l’UE et d’autres pays industrialisés) ou être centré plutôt sur l’adaptation et le financement (position des pays du G77+Chine) et aucune décision n'a pu être adoptée. Les modalités de mise en œuvre du programme de travail doivent être finalisées et adoptées à Belém[113].
Le programme de travail de Lima sur le genre, qui s'est traduit par leGender Action Plan (GAP), a été créé en 2014 lors de laCOP de Lima puis a été poursuivi à la COP29 pour10 ans supplémentaires (2025–2035)[114]. Lors de la COP30, les Parties doivent actualiser ce GAP et le rendre plus ambitieux. Il s'agit notamment d'intégrer systématiquement le genre dans les CDN, les plans nationaux d’adaptation (NAP) et les stratégies à long terme, de renforcer la participation pleine, égale et significative des femmes (y compris autochtones, rurales, jeunes) dans toutes les instances climat, d'améliorer la collecte de données désagrégées par sexe et le suivi-évaluation et de donner des moyens concrets auxgender focal points et aux ministères concernés[115].ONU Femmes et le Women & Gender Constituency insistent sur le fait que ce nouveau GAP est le moment décisif pour passer d’engagements symboliques à des obligations plus concrètes, avec des responsabilités claires et des financements[116],[117].
Le 7 novembre, les dirigeants de 43 pays et de l’Union européenne signent la « Déclaration de Belém sur la faim, la pauvreté et l’action climat centrée sur les populations ». Une des trois priorités de la Présidence brésilienne de la COP30 est justement de relier le régime de lutte contre le changement climatique dans le cadre de la CCNUCC à la vie réelle des gens. Cette déclaration souligne le fait que les effets du changement climatique ont déjà de graves répercussions sur les populations en « aggravant la faim, la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Ils compromettent également l’accès à l’eau, détériorent les indicateurs de santé et augmentent les taux de mortalité. Ces problèmes aggravent les inégalités et menacent les moyens de subsistance, avec un impact disproportionné sur les personnes déjà en situation de pauvreté ou de vulnérabilité »[118].
L'organisation des COP est tournante selon les blocs géographiques des Nations unies[119]. Selon l'ordre adopté jusqu'alors, la COP31 se tiendra au sein du groupe « États d'Europe occidentale et autres États » et la COP32 au sein du groupe « Afrique ». Le choix du pays hôte candidat doit se faire par consensus au sein de ce groupe régional, avant d'être soumis pour approbation formelle par l'ensemble des Parties à la COP.
Le choix de la ville hôte pour la COP31, qui devait déjà être arrêté lors de laCOP 29, ne l'est toujours pas à l'ouverture de la COP30. Deux pays ont informellement manifesté leur intérêt pour accueillir cette COP : l'Australie et laTurquie. Mais aucun des deux pays n'a voulu céder la place à l'autre. La décision sur le pays hôte de la COP31 doit donc être prise impérativement lors de la COP30 àBelém[120]. SelonThe Guardian, l’Australie serait soutenue par plus de pays que la Turquie : au moins 23 sur les29 pays du groupe régional[121]. Finalement l'Australie et la Turquie ont convenu que le sommet se tiendrait en Turquie, dans la ville d'Antalya, mais qu'il serait organisé par les Australiens. L'accord prévoit également un sommet pré-COP au cours duquel les dirigeants mondiaux se rendront dans le Pacifique. Le ministre australien Chris Bowen a déclaré lors d'une conférence de presse à Belém que son pays conserverait tous les pouvoirs de la présidence, y compris la gestion des négociations, la rédaction des textes et la publication des décisions. L'accord doit encore être approuvé par leur groupe régional[122],[123],[124].
LaTurquie suscite déjà des critiques. Elle n'a en effet ratifié son adhésion à l'accord de Paris sur le climat que fin 2021, et les analystes jugent sévèrement ses engagements climatiques. Elle s'est engagée à la neutralité carbone d'ici 2053, trois ans après les pays européens, mais sa feuille de route actuelle est jugée « très insuffisante »[Note 9] parClimate Action Tracker[122],[125].
Cinq COP ont déjà été organisées en Afrique : Maroc (Marrakech, COP7 et COP22), Kenya (COP12), Afrique-du-Sud (COP17) et Égypte (COP27). Deux candidats étaient en lice pour la COP32 : l'Éthiopie avait officiellement annoncé sa candidature lors du2e sommet africain sur le climat (8-) dont elle était le pays hôte et leNigéria, qui l'avait annoncée six mois auparavant. Le, l'Éthiopie est retenue par le groupe régional avec la ville d'Addis-Abeba, le pays est jugé mieux préparé en termes de capacité et d’infrastructure d'accueil[126].
Au total,55 décisions sont adoptées : 20 par la COP30, 27 par la CMA7 et 8 par la CMP20. La Présidence a regroupé les 15 décisions les plus importantes du point de vue politique et des enjeux associés dans le cadre du paquet politique de Belém (« Belém political package »). Parmi celles-ci figurant la décision dite « mutirão mondial : unir l’humanité au sein d’une mobilisation mondiale contre le changement climatique » (il s’agit de la décision phare de Belém), les questions liées au bilan mondial (Global Stocktake), à la transition juste, l'objectif mondial en matière d'adaptation (GGA), le fonds d'adaptation, le programme de travail sur l’ambition et la mise en oeuvre en matière d’atténuation, le fonds pertes et préjudices, le soutien financier et technique aux pays en développement et différents autres aspects du financement climatique[127].
La sortie des énergies fossiles, qui pourtant avait été annoncée lors de la COP de Dubaï en 2023, n'est même pas mentionnée dans la décision finale, les termes « combustibles fossiles », n'étant évoqués que par le biais d’une « référence au consensus des Émirats arabes unis ». L'Union européenne qui y tenait beaucoup et a même un temps menacé de quitter la COP sans accord a préféré renoncer à cette mention pour afficher leur engagement en faveur du multilatéralisme et de l’accord de Paris, un engagement « réaffirmé avec force » par les différentes Parties, ce qui constitue en soi un succès[128].
Le président de la COP30, André Correa do Lago, qui reconnaît que certaines parties attendaient davantage d’ambition, annonce finalement le lancement d’une feuille de route « pour surmonter notre dépendance aux fossiles », mais qui sera discutée en parallèle du processus officiel de la CCNUCC, avec les États volontaires[128],[129]. La Colombie organise la première conférence mondiale sur la question. Une deuxième feuille de route visant à mettre fin à la déforestation et à inverser la tendance sera également organisée[130].
Le document final dit « Mutirão » « rappelle » les engagements formulés lors de la COP29, à savoir mobiliser 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 en faveur des pays en développement et atteindre une enveloppe plus large de 1 300 milliards de dollars d’argent public d'ici aussi 2035[Note 10],[128]. Le Fonds pour les pertes et dommages reste sous-financé, ce qui suscite des critiques. La reconstitution du Fonds vert pour le climat est faible, ce qui soulève des inquiétudes quant à sa crédibilité.
Les États sont appelés à « faire des efforts » visant un triplement des fonds spécifiquement consacrés à l’adaptation au changement climatique d’ici à 2035, une formulation particulièrement vague qui ne mentionne pas explicitement la somme de 120 milliards de dollars que les pays en développement souhaitaient voir figurer[128],[130], alors même que seulement23 milliards avaient réellement été engagés en 2023[88].
Le Guardian[131], l'Associated Press[132], Reuters[133], O Globo[134], El Pais[135], Sky News[136] et le Washington Post[137]ont tous rendu compte de l'« impasse » des négociations[138]. L'accord final est perçu comme un « compromis de survie » du processus multilatéral : il maintient le cadre mais ne lève pas les verrous majeurs de l’urgence climatique selon de nombreux observateurs.
LeRéseau Action Climat constate qu’en matière de finance, les vraies questions ont été évitées : qui paie, combien, et quand ? L’absence de chiffres précis et l’horizon repoussé à 2035 laissent les pays les plus vulnérables sans perspective concrète pour faire face à l’intensification des impacts climatiques. De même en matière de forêts et d’agriculture, une occasion majeure a été manquée. L'ONG reconnaît néanmoins deux avancées : la transition juste (la reconnaissance des droits – le droit du travail, mais aussi à la santé, l’éducation, la sécurité sociale – de toutes les personnes et pays qui vont devoir être accompagnés et soutenus dans la transition vers un monde durable) et le plan d’Action Genre. Elle conclut que ce devait être une « COP de la vérité », mais au final « le multilatéralisme est en détresse et la diplomatie qui a été menée essentiellement derrière des portes closes n’a pas permis de renforcer la confiance dans le processus de la COP »[139].
De nombreuses ONG dénoncent le manque d’ambition et le flou des propositions. C'est notamment le cas de l’Institut brésilien Talanoa, de Greenpeace Brésil et d’Oxfam Brésil[140].
Monique Barbut,ministre française de la Transition écologique, indique dans une déclaration du que « le résultat n’est pas au niveau des attentes de la France. Nous ne nous sommes pas opposés au texte qui a été présenté, mais on ne peut pas dire qu’on le soutient car il n’y a pas le niveau d’ambition que l’on attendait en particulier sur la sortie des énergies fossiles, ou sur la lutte contre la déforestation ». « Ce n’est pas une COP de la vérité. Le processus des négociations était peu transparent.» Elle ajoute toutefois « L’accord de Belém apporte un soutien affirmé aux pays les plus vulnérables, les petits États insulaires et aux pays les moins avancés […]. L’annonce d’un triplement du financement de l’adaptation étant une manière de dire que l’on comprend leurs difficultés »[141].
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