La Suisse comporte quatre régions culturelles et linguistiques et quatre langues nationales : l'allemand, lefrançais, l'italien et leromanche, cette dernière n'étant que partiellement officielle[10],[14]. En conséquence, les Suisses forment unenation au sens civique du terme (« Willensnation »), n'ayant pas d'unicité forte sur un plan ethnique ou linguistique. Le sens fort de l'identité et de la communauté des Suisses est fondé sur un fond historique commun et le partage de principes politiques et de caractéristiques telles que lefédéralisme, ladémocratie directe[15], le symbolismealpin[16] et desmythes fondateurs.
Dans les autres langues nationales que lefrançais, le pays est appeléSchweiz enallemand,Svizzera enitalien etSvizra enromanche. Depuis1803, le nom officiel de l'entité politique suisse estConfédération suisse en français,Schweizerische Eidgenossenschaft en allemand,Confederazione Svizzera en italien, etConfederaziun svizra en romanche[17].
AuXIXe siècle, lelatin servait traditionnellement de langue commune pour les inscriptions officielles. Ainsi, la formuleConfœderatio Helvetica se trouve notamment inscrite sur lespièces de monnaie suisses de 5, 10 et20 centimes et sur les pièces de 5, 10 et20 francs, mais pas sur les pièces de50 centimes et de 1 et2 francs — où ne figure que le nom « Helvetia » — ainsi qu'au fronton duPalais fédéral à Berne. Le sigleCH en est la forme abrégée pour lescodes postaux et les extensions denoms de domaine surInternet[18].CH figure également sur l'autocollant distinctif de nationalité apposé à l'arrière des véhicules automobiles suisses circulant à l'étranger, en application de laConvention de Vienne sur la circulation routière[19],[20],[21].
Depuis le milieu duXIVe siècle, le terme deconfédération est employé pour qualifier les systèmes d'alliance qui se sont formés sur le territoire de la Suisse actuelle. Le mot français, comme ses équivalents dans les langues latines, est issu du latinfoedus, « traité d'alliance », alors que l'allemandEidgenossenschaft renvoie au « serment devant Dieu »,Eid, prêté par desGenossen, « compagnons » de même rang. Le mode d'association ainsi désigné contraste avec la dissymétrie des liens de dépendance féodaux[22].
Ancienne carte représentant la Suisse, 1555.
Le nomSchweiz, d'où dérive le françaisSuisse, est utilisé dès leXVIe siècle par lesAutrichiens, par déformation de celui ducanton de Schwytz (Switz ouSweitz enmoyen haut allemand) qui est alors le canton géographiquement le plus proche deVienne parmi lestrois cantons d'origine, pour désigner l'ensemble de la communauté révoltée contre eux. Une confusion régna ensuite pendant plusieurs siècles sur l'orthographe utilisée par les deux toponymes (Schwytz etSchweiz). L'historien suisseJohannes von Müller proposa en de dissocier les deux formes[23]. Le terme deSchwytz, quant à lui, viendrait de celui apparu en pour désigner la population de la région, lesSuittes ; ce nom serait lui-même issu duvieux haut allemandswedan signifiant « brûler » (cf.islandaissvíða,danois etsuédoissvide), rappelant ainsi laculture sur brûlis, technique par laquelle les habitants défrichaient les forêts avoisinantes afin de construire ou de cultiver les terrains[24].
La proposition de von Müller visant à utiliser l'appellation deSchweiz pour désigner la confédération fut officialisée en, sinon dans l'Acte de Médiation lui-même[23], du moins par le titre de « Médiateur de la Confédération suisse » que prendBonaparte à cette occasion. Elle est reprise à l'article 15 duPacte fédéral de 1815 :« lesXXII Cantons se constituent en Confédération suisse », puis par lesconstitutions de 1848, 1874 et 1999[17]. Aujourd'hui, dans la liste des dénominations d'États publiée par les autorités du pays, c'est celle deConfédération suisse qui est retenue, l'adjectifhelvétique étant explicitement exclu[26].
Cependant, au cours d'une évolution historique complexe, inscrite depuis1848 dans le texte de ses constitutions successives, les institutions de la Suisse se sont éloignées de laconfédération d'États pour devenir celles d'unÉtat fédéral. Le maintien en vigueur d'une appellation officielle inchangée, bien qu'elle ne leur corresponde plus (du moins dans les langues latines : en allemandEidgenossenschaft ne désigne pas une forme politique particulière), exprime l'idée d'une continuité de l'histoire suisse, depuis les alliances médiévales jusqu'à l'État contemporain[17].
Confédération, avec ou sans majuscule, désigne trois concepts différents, qui correspondent chacun à un mot différent en allemand :
confédération, nom commun (allemandStaatenbund) : désigne un « État composé où chaque État-membre conserve son indépendance mais se soumet à un pouvoir central essentiellement constitué par un organisme de coordination dont les décisions doivent être prises à l'unanimité des États-membres »[27]. La Suisse était initialement une confédération, unealliance d'États souverains ligués pour se prêter mutuellement secours[28]. AuXIXe siècle, après l'échec de laRépublique helvétique et face aux nombreux défauts duPacte fédéral de, des cantons considéraient que cette forme avait fait son temps. Ils ne voulaient cependant pas d'un État unitaire[28]. Ils ont décidé de former un État fédéral, ce qui a été concrétisé par laConstitution fédérale de 1848.
La Confédération, nom propre (allemandder Bund) : le terme désigne l'État fédéral par opposition aux cantons, les États fédérés. L'État fédéral comprend en particulier l'administration fédérale avec à sa tête le Conseil fédéral, mais aussi l'Assemblée fédérale et les différents tribunaux fédéraux. La Confédération dispose de certaines compétences prévues par la Constitution, comme lamonnaie ou l'armée, tandis que les cantons disposent de toutes les compétences non attribuées[29], comme la police, l'enseignement ou la santé.
Carte topographique et hydrographique de la Suisse.Image satellite de la Suisse par Sentinel-2 (2016).
La Suisse est habituellement divisée en trois grandes zones géographiques. Du nord au sud, ainsi que par superficie croissante, sont inclus leJura, lePlateau suisse et lesAlpes suisses. Le Plateau constitue par sa densité de population la zone la plus importante en matièredémographique et économique.
LesAlpes constituent un environnement extrême. Le canton du Valais à lui seul contient la moitié des sommets de plus de 4 000 mètres de toutes les Alpes.
Mis à part les quelques plaines alluviales, duRhin et duRhône notamment, chaque région possède un relief plus ou moins marqué, des collines du Plateau et du Jura (1 000 - 1 600 m) aux sommets des Alpes (2 000 - 4 600 m).
Bien que d'importance modeste du point de vue économique, la région alpine comporte les paysages les plus variés et les plus marquants de la Suisse. Elle s'étend sur près des deux tiers du pays (62,5 % du territoire), faisant de la Suisse le pays le plus montagneux d'Europe occidentale. Certains grands cantons se trouvent en totalité ou majoritairement à l'intérieur du périmètre alpin, ce sont leValais, leTessin et lesGrisons.
La Suisse est située sur laligne de partage des eaux de quatrebassins versants. Celui duRhin couvre la plus grande partie du pays et celui duRhône couvre le Valais, la partie sud ducanton de Vaud et Genève. Cependant, des régions de Suisse appartiennent aussi aux bassins duDanube (la haute vallée de l'Inn dans les Grisons), duPô et de l'Adige en Italie (le canton du Tessin avec notamment larivière Tessin mais aussi quelques petites vallées des Grisons, avec les rivièresPoschiavino,Maira et Rom (val Müstair) ainsi que la vallée deSimplon en Valais avec la rivièreDiveria).
Ainsi les eaux coulant en Suisse peuvent se diriger vers lamer du Nord, lamer Méditerranée occidentale, lamer Adriatique ou lamer Noire. Pour cette raison, il est parfois question de la région du Gothard comme du « château d'eau de l'Europe ».
Presque chaque région compte un nombre d'étendues d'eau assez important. Les plus grandes sont situées sur le Plateau, ainsi qu'en bordure du territoire alpin. Les lacs de montagne proprement dits sont d'étendue modeste, mais particulièrement nombreux si les lacs de retenue destinés à la production d'hydroélectricité sont inclus.
LesAlpes font effet de barrière climatique et provoquent des différences significatives de température et de quantité de pluie en fonction de la position géographique (microclimats). L'influence du climat méditerranéen est plus marquée au sud des Alpes, où les étés sont plus chauds et les hivers sont plus doux et plus secs pareffet de foehn. L'influence du climat continental humide est plus marquée dans la partie est du pays avec des écarts de température plus importants et des pluies plus importantes en été.
Pareffet de foehn sur les Alpes, lorsque le vent chaud du sud souffle vers le nord, il provoque un temps pluvieux et doux sur la façade sud des Alpes, et un temps sec et chaud sur la façade nord. Quand, au contraire, le vent froid du nord souffle vers le sud, il provoque un temps pluvieux et froid sur la façade nord, et un temps ensoleillé et doux au sud. Située dans les Alpes internes, la région duValais reçoit de l'air sec toute l'année.
Labise est un vent froid et sec venu du nord-est, fréquent en hiver. Elle provoque une chute de température, un ciel dégagé et une impression de froid accentuée par le souffle des rafales qui peuvent atteindre100km/h[33].
La Suisse, selon un rapport officiel de 2007[34], est un pays notablement exposé aux conséquences duchangement climatique, en raison de l'importance de ses glaciers, lesquels reculent et vont encore reculer et peut-être disparaître d'ici100 ans[35]. Le risque d'inondation,coulée de boue,glissement de terrain ou chute de pierre augmente. Des cartes de danger ont été établies (fin 2007) pour 30 % du territoire. Le nombre de jours decanicule (température >30 °C) a fortement augmenté[36], passant au Tessin d'une moyenne d'un à deux jours par an dans les années 1960 à presque 15 aujourd'hui. De même sur le plateau, avec une augmentation encore plus forte à Zurich et à Genève (quatre fois plus de jours de canicule depuis les années 1960). Les hivers se réchauffent aussi, avec moins de jours d'enneigement, surtout à moins de 1 500 mètres. Les chutes deneige sont plus tardives, y compris à haute altitude, ce qui peut avoir des effets sur letourisme et lessports d'hiver (en 2019, 50 % environ des pistes ont dû recevoir unenneigement artificiel qui n'est pas sans conséquences sur la gestion de l'eau).
Les émissions degaz à effet de serre ont été stabilisées vers 1990, sans toutefois être diminuées (objectif de l'ONU : −6 % par an[38]). La Suisse s'est donné l'objectif de ramener à 0 ses émissions nettes de gaz à effet de serre en 2050. Les émissions positives s'élevaient à 55 Mt en 1990, 42 Mt en 2022[39], hors aviation et horsUTCATF. Le potentiel d'émissions négatives étant estimé à 6 Mt[40], la baisse des émissions depuis 1990 devra être de presque 90 %. La Suisse considère que c'est objectif est réalisable[41]. Le programme « SuisseÉnergie » incite aux mesures volontaires de l'industrie. Les émissions agricoles ont reculé, alors que les émissions du transport augmentaient, ainsi que celle de l'habitat, en lien avec la croissance (démographique et économique). La surface de référence énergétique des bâtiments certifiés (Minergie et Minergie-P) augmente depuis 1998 plus vite que dans la plupart des autres pays d'Europe, mais en 2006, ne concernait que 0,9 % de la surface de référence énergétique totale du pays.
D'après une enquête du journalLe Temps, la Suisse dépasse régulièrement les pics de pollution autorisés par l'ordonnance sur la protection de l'air, mais les autorités préfèrent ne pas donner l'alerte auprès de la population[42].
Un autre accord a été conclu avec lePérou pour pouvoir comptabiliser pour la Suisse des puits de carbone réalisés dans ce pays[43].
En 2020, la Suisse a produit plus de53 millions de tonnes degaz à effet de serre dues principalement au chauffage de logements et aux transports qui sont principalement des voitures à moteurs thermiques[44].
La Suisse dispose de milieux naturels de qualité et abrite unebiodiversité importante avec environ 50 000 espèces répertoriées (pour la faune, flore et fonge), mais dont 30 à 50 % des indigènes sont menacées[45] (comme dans la plupart des pays européens), alors qu'une centaine d'espècesinvasives posent problème[46].
Environ un milliard demètres cubes d'eau potable sont distribués annuellement par les robinets (soit l'équivalent en volume dulac de Bienne).
Les énergies renouvelables sont en progression, mais l'énergie finale consommée a augmenté de +11,5 % entre 1990 et 2005, avec une forte hausse (+23 % de 1990 à 2005) de la consommation électrique. Les sols se dégradent ou sont construits (11 hectares de sol agricoles sont quotidiennement perdus et plus de 15 % des sols analysés de 1992 à 1996 dépassaient des valeurs-seuil ou indiquant une pollution pour un ou plusieurs métaux lourds. 61 % des sols arables sont sensibles à l'érosion, 17 % l'étant fortement). Des progrès sont constatés en matière de pollution de l'air (moins de pluies acides, de métaux, de poussières à l'extérieur), mais en 2000, plus de 40 % des habitants étaient chez eux exposés à des taux de poussières fines (PM10) dépassant les valeurs limites. L'ozone (O3) et les oxydes d'azote (NOx) posent également problème[48]. La pollution y est quand même inférieure à celle de la plupart des pays d'Europe tels que laFrance ou l'Espagne.
En 2018 et 2019, l'ensemble des forêts du nord-ouest de la Suisse est atteinte par la mort en masse deshêtres du fait duchangement climatique[49].
Zurich, ville la plus peuplée de Suisse avec 443 037 habitants (2024)[50], se trouve au nord-est du pays, à l'extrémité nord dulac de Zurich. C'est la capitale économique et la principale place bancaire du pays. Elle héberge l'École polytechnique fédérale de Zurich. La ville est desservie par leprincipal aéroport ainsi qu'un performant réseau de voies ferrées et quelques autoroutes. Avec 360 000 passagers quotidiens, lagare centrale de Zurich est très importante.
Genève, deuxième ville du pays avec 203 840 habitants (2024)[51] et première ville suisse en densité de population, se trouve à l'extrême ouest du pays à la pointe duLéman. L'agglomération se développe également de l'autre côté de la frontière, en France. Genève est le siège de nombreuses organisations internationales, d'organisations non gouvernementales, debanques privées, d'entreprises horlogères, et de nombreuses entreprises decommerce international.
Bâle, troisième ville avec 173 552 habitants (2024)[51], se trouve au nord-ouest du pays. L'agglomération se développe également de l'autre côté de la frontière, en France et en Allemagne. La ville est traversée par leRhin et dispose de l'uniqueport fluvial du pays, ainsi que du troisième aéroport du pays, l'aéroport international de Bâle-Mulhouse. Elle accueille de nombreuses industries pharmaceutiques, l'université la plus ancienne du pays et le siège mondial de laBanque des règlements internationaux. La ville est aussi célèbre pour ses musées, comme leKunstmuseum (plus ancienne collection d'art publique au monde) ou laFondation Beyeler àRiehen.
Berne, cinquième ville avec 134 506 habitants (2024)[51], se trouve au centre-ouest. C'est la ville fédérale, siège du gouvernement et des principales institutions fédérales.
La date de1291 est choisie en 1891 comme date de naissance de la Suisse, car c'est celle duPacte fédéral, le plus vieux document écrit connu parlant du renouvellement d'une précédente alliance entre des cantons suisses :Uri,Schwytz, qui donnera son nom au pays, etNidwald[53],[54] (vallée inférieure d'Unterwald). Ces cantons confirment en1315 leur alliance par lepacte de Brunnen, conclu après labataille de Morgarten, qu'ils remportent contreLéopoldIer d'Autriche.
Le début duXXe siècle voit la suite du travail législatif : uncode pénal, puis uncode civil fédéral sont créés. La Suisse échappe aux deux guerres mondiales et devient peu à peu le siège de nombreuses organisations internationales.
Ladémocratie directe et lefédéralisme caractérisent le système politique suisse. Les citoyens suisses sont soumis à trois juridictions : la commune, le canton et l'État fédéral. LesConstitutions suisses de 1848, 1874 et 1999 définissent un système dedémocratie directe (parfois appelée démocratie directe semi-directe ou représentative parce qu’elle est soutenue par les institutions les plus courantes d’unedémocratie représentative). Les instruments de ce système au niveau fédéral, appelés droits populaires (enallemand :Volksrechte, enitalien :diritti popolari), comprennent le droit de présenter une initiative fédérale et un référendum, qui peuvent tous deux infirmer des décisions parlementaires.
En convoquant un référendum fédéral, un groupe de citoyens peut contester une loi adoptée par le Parlement s’ils recueillent 50 000 signatures contre la loi dans les100 jours. Un référendum facultatif peut aussi être convoqué si huit cantons le demandent dans les 100 jours suivant la publication de la loi contestée. Le cas échéant, un vote national est organisé au cours duquel les électeurs décident à lamajorité simple d’accepter ou de rejeter la loi.
De même, l’initiative constitutionnelle fédérale permet aux citoyens de soumettre une modification constitutionnelle à un vote national, si 100 000 électeurs signent la modification proposée dans un délai de18 mois. LeConseil fédéral et l’Assemblée fédérale peuvent compléter l’amendement proposé par une contre-proposition, et les électeurs doivent alors indiquer une préférence sur le bulletin de vote si les deux propositions sont acceptées. Les amendements constitutionnels, qu’ils soient introduits par initiative ou au Parlement, doivent être acceptés à ladouble majorité duvote populaire national et du vote populaire cantonal.
Ledôme dupalais fédéral dont les vitraux représentent les cantons. Le canton duJura, créé en 1978 seulement, y est représenté à part (tout au bas de l'image).
Les cantons sontsouverains selon leur constitution respective, mais ne sont plus indépendants comme aux premières heures de la Suisse : le terme deConfédération, s'il reflète ce passé, ne correspond donc plus à la configuration actuelle defédéralisme. La répartition actuelle des compétences entre la Confédération et les cantons est formalisée dans laconstitution fédérale, qui précise les limites de leurs souverainetés respectives. Certaines compétences sont attribuées explicitement aux cantons ou à la Confédération ; ce qui n'est pas explicitement délégué à la Confédération est du ressort des cantons[61].
Chaque canton est divisé encommunes. De nombreux cantons ont une subdivision intermédiaire nomméedistrict, ou équivalente (lesarrondissements administratifs ducanton de Berne par exemple). Chaque canton dispose de sa propre constitution. La Constitution fédérale garantit leur autonomie : ils prélèvent des impôts et adoptent des lois dans tous les domaines qui ne relèvent pas de la compétence de la Confédération. Un certain nombre de domaines sont ainsi gérés uniquement au niveau cantonal. On y trouve par exemple l'éducation (sauf les deuxécoles polytechniques fédérales et la Haute école fédérale de sport de Macolin), la gestion deshôpitaux (sauf les hôpitaux communaux et privés), la construction et l'entretien de la majorité des routes (sauf lesautoroutes etroutes nationales) et lapolice (contrairement à l'armée), d'autres cotisations sociales, ou encore le contrôle de lafiscalité. La souveraineté des cantons se limite donc à certains domaines et est en outre toujours limitée par le principe de laprimauté du droit fédéral, ouforce dérogatoire du droit fédéral (contrairement à l'équipollence des normes en vigueur enBelgique).
Les cantons ont tous leur propreparlement (appeléGrand Conseil dans la plupart des cantonsfrancophones) et leurgouvernement (appeléConseil d'État dans la plupart des cantons francophones). La structure politique de la Suisse est composée du pouvoir législatif, du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. Chaque canton définit la composition et le fonctionnement des trois pouvoirs. En principe, il appartient aux cantons d'appliquer non seulement le droit cantonal, mais aussi le droit fédéral (fédéralisme d'exécution, contrairement auxÉtats-Unis et à laBelgique).
Organisé enrégime directorial, lepouvoir exécutif est exercé par leConseil fédéral, formé de sept membres (conseillers fédéraux), et de l'administration fédérale qui lui est subordonnée. Les membres du Conseil fédéral sont élus pour quatre ans par l'Assemblée fédérale, qui, en règle générale, reconduit les candidats sortants si ces derniers désirent poursuivre leurs fonctions. Cependant, cette règle tacite a été mise à mal lors de l'élection de décembre 2003 avec la non-réélection de la conseillère fédéraledémocrate-chrétienneRuth Metzler-Arnold, évincée au profit du candidat de l'Union démocratique du centre (UDC)Christoph Blocher, lui-même non réélu en 2007 et remplacé parEveline Widmer-Schlumpf (UDC, puisPBD). Cette situation a donc modifié la répartition des sièges en fonction des partis politiques pour la première fois depuis l'introduction de laformule magique en1959. Cette dernière vise à répartir les sièges du gouvernement fédéral proportionnellement au poids de chaque parti à l'Assemblée fédérale. Depuis1959, et malgré la progression depuis le début desannées 1990 de l'UDC, cette répartition n'avait jamais été modifiée et était composée comme suit : deux sièges pour leParti radical-démocratique (PRD), 2 pour leParti démocrate-chrétien (PDC), 2 pour leParti socialiste (PSS) et un siège pour l'UDC. Les élections fédérales de l'automne 2003 ayant confirmé la montée en puissance de l'UDC, les partis gouvernementaux se sont résolus, sous une certaine pression populaire, à revoir la répartition des sièges du Conseil fédéral. À la suite du départ d'Eveline Widmer-Schlumpf (PBD), il est désormais composé de deux sièges pour lePLR, 2 pour le PS, 2 pour l'UDC et 1 pour le PDC.
Le Conseil fédéral fonctionne selon le principe de collégialité, ce qui signifie que les décisions sont prises le plus possible parconsensus. Si tel n'est pas le cas, un vote a lieu parmi les sept conseillers fédéraux. Selon ce principe, ceux qui s'opposent à une mesure qui est adoptée par le collège doivent tout de même défendre le projet au nom de celui-là. Mais ce principe a connu quelques distorsions ces dernières années, notamment lors de campagnes précédant desvotations populaires : un précédent plus ancien étant le refus deKurt Furgler (PDC) de défendre la loi légalisant l'avortement devant le peuple pour des raisons de conscience, ce qui n'a pas empêché le souverain de l'adopter.
Unprésident de la Confédération est élu pour une année parmi les conseillers fédéraux par l'Assemblée fédérale[62]. Son rôle est principalement symbolique et médiatique. Traditionnellement, les conseillers fédéraux sont élus présidents chacun à leur tour en fonction de leur ancienneté.
Une particularité de ladémocratie suisse est que le peuple garde en permanence un contrôle sur ses élus, car la Suisse est une démocratie qui peut être qualifiée desemi-directe, dans le sens où elle a des éléments d'unedémocratie représentative (élection des membres des parlements ainsi que des exécutifs cantonaux) et d'unedémocratie directe. En effet, en Suisse, le corps électoral dispose de deux instruments qui lui permettent d'agir sur un acte décidé par l'État : il s'agit duréférendum, qui peut être facultatif ou obligatoire, et de l'initiative populaire qui est le droit d'une fraction du corps électoral de déclencher une procédure permettant l'adoption, la révision, ou l'abrogation d'une disposition constitutionnelle.
Le référendum facultatif permet de remettre en cause une loi votée par l'Assemblée fédérale. Il est facultatif car il nécessite la récolte de 50 000 signatures en l'espace de100 jours pour qu'il aboutisse à une consultation populaire. Si tel n'est pas le cas, la loi est considérée comme adoptée. Lors de la votation, seule la majorité de la population est prise en compte. Leréférendum obligatoire impose, comme son nom l'indique, automatiquement une consultation populaire dans les cas prévus par la constitution fédérale. Il implique la double majorité de la population et des cantons.
L'armée suisse est composée des forces terrestres et desforces aériennes. La Suisse n'ayant pas de côte océanique, la marine est inexistante mais une flotte de bateaux armés est maintenue sur les lacs frontaliers. La particularité de l'armée suisse est son système demilice. Les soldats professionnels constituent seulement environ 5 % du personnel militaire. Le reste est formé par des citoyens conscrits âgés de18 à 34 ans (dans certains cas jusqu'à50 ans). Les citoyens suisses (à l'exception des binationaux) n'ont pas le droit de servir dans des armées étrangères à l'exception de laGarde pontificale.
La structure du système de milice stipule que le soldat garde chez lui son propre équipement, incluant le bien connucouteau suisse et l'arme personnelle. Ceci n'est pas sans susciter des controverses de la part de certains partis politiques et d'associations. Le service militaire obligatoire concerne tous les citoyens suisses de sexe masculin. Ces derniers reçoivent en général leur ordre de marche vers19 ans pour le recrutement. Les femmes peuvent aussi servir dans l'armée sur base volontaire. Annuellement, environ 24 000 personnes sont entraînées dans des écoles de recrue pendant 18 à21 semaines. La réforme Armée XXI a été adoptée par vote populaire en 2003, remplaçant le modèle Armée 95 (qui lui-même avait remplacé le modèle Armée 61 avec près de 800 000 soldats mobilisables), et réduisant les effectifs de 400 000 à environ 210 000 personnes, parmi lesquelles 130 000 sont en service actif et 80 000 sont des unités de réserve[63].
En tout, trois mobilisations générales ont été ordonnées pour assurer l'intégrité et la neutralité de la Suisse. La première à l'occasion de la guerre franco-prussienne de 1870. La seconde au déclenchement de la Première Guerre mondiale en août 1914. La troisième en septembre 1939, en réponse à l'attaque allemande de la Pologne ;Henri Guisan fut élu général.
La Suisse ne fait pas partie de l'Union européenne, mais entretient des relations étroites avec elle[64],[65], grâce à différentsaccords. Environ vingt accords principaux et une centaine d'accords secondaires, en tout, ont été conclus au fil des ans dont l'Accord de libre-échange (AELE) de 1972, l'Accord sur les assurances de 1989, lesAccords bilatéraux I de 1999 et lesAccords bilatéraux II de 2004. Afin, notamment, de simplifier la gestion de ce portefeuille, l'UE et la Suisse ont engagé des négociations en vue d'unaccord global en 2014, mais elles sont abandonnées en 2021[66].
Sur le plan économique, au niveau du commerce extérieur en 2008, 62 % desexportations, pour un montant de 128 050,7 millions defrancs suisses et 81,2 % desimportations pour un montant de 151 775,2 millions defrancs suisses, se sont faites avec l'Union européenne. Sur le plan humain, en 2008, 405 393 Suisses vivent dans l'Union européenne et 1 026 495 citoyens européens vivent en Suisse[67].
Le peuple suisse a été amené à se prononcer à de nombreuses reprises depuis le, où les Suisses refusèrent à 50,3 % de faire partie de l'Espace économique européen[68], sur les relations qu'il voulait entretenir avec l'Union européenne. Ce fut le cas notamment sur lesaccords bilatéraux et l'entrée de la Suisse dans l'espace Schengen qui, après acceptation, permirent aux citoyens membres de l'Union européenne de se voir faciliter l'entrée et l'emménagement en Suisse, et vice-versa[69].
Les habitants de la Suisse sont lesSuisses[70]. En Suisse, les habitantes sont appeléesSuissesses ouSuisses. Le termeSuissesse présent dans laConstitution de la Suisse de 1999 est adopté par l'administration fédérale[71]. Ce terme est mentionné à partir de 1786 dans leDictionnaire de l'agriculture et de la campagne : avec vocabulaire des mots de l'abbé Étienne-Modeste Besançon[72].
Toutefois, certaines études linguistiques plus récentes ne retiennent, au féminin, que le gentilé« Suissesse ». C'est, notamment, le cas du linguiste Elmar Eggert (docteur en linguistique à l'université de Tours) qui, dans une étude de 2005, relève :« le gentilé,un Suisse, qui, dans sa forme féminine, se ditune Suissesse »[73]. Les linguistes Denis Maurel et Odile Piton estiment également que le féminin du gentiléSuisse estSuissesse, ainsi qu'ils l'ont énoncé lors du colloque internationalFractal : linguistique et informatique : théorie et outils pour le traitement automatique des langues, qui s'est tenu en 1997 àBesançon, selon les conclusions rapportées par Claude Muller, Jean Royauté et Max Silberztein, dans leur ouvrageINTEX pour la linguistique et le traitement automatique des langues[74].
Depuis 2008,Suissesse est le gentilé féminin recommandé par leministère français des Affaires étrangères pour ses documents[75]. Dès 1993, l'arrêté du relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales, pris conjointement parFrançois Bayrou, ministre de l'Éducation nationale, etAlain Juppé, ministre des Affaires étrangères, précise, au huitième point de son article deux :« L’adjectif de nationalité est identique au nom des habitants. La Suisse fait exception à cette règle (nom féminin : Suissesse, adjectif féminin : suisse) »[76]. Ce terme est aussi repris par le gouvernement canadien pour ses documents officiels[77]. Le code de rédaction interinstitutionnel de l'Union Européenne le mentionne également[78].
La population totale de la Suisse en 2021 s'élevait à 8,703 millions d'habitants[79] dont 4 221 943 femmes et 4 142 180 hommes ; 6 297 365 citoyens suisses et 2 066 758 étrangers (24,7 %)[80]. Parmi la population étrangère, 39 % résident en Suisse depuis10 ans ou plus et 21 % sont nés en Suisse[81].
La Suisse compte 9 002 763 habitants le, dépassant pour la première fois la barre des9 millions[4]. Si on inclut la population étrangère non permanente dans le décompte, la population suisse avait franchi le seuil des9 millions d'habitants un an plus tôt[82].
En 2020,2,77 millions d'immigrés de la première génération (80 %) et de descendants d'immigrés (20 %) vivaient en Suisse, soit 38 %[83] de la population résidente permanente[84].
En 2020, l'espérance de vie à la naissance était de85,1 ans[85] pour les femmes et81 ans[86] pour les hommes pour une moyenne de83,6 ans. Le taux de fécondité est remonté à 1,52[87] ; les Suisses ont un taux de 1,40 et les étrangères 1,86[88].
Selon une étude de l'Observatoire suisse de la santé (Obsan), un institut dépendant duDépartement fédéral de l'intérieur, environ 15 % de la population suisse souffre detroubles psychiques. La région lémanique ainsi que le Tessin sont davantage touchés par le problème selon la même étude[89].
La croissance de la population suisse entre2005 et2010 devrait être de 0,4 %, l'indicateur conjoncturel de fécondité est prévu pour la même période à1,42 enfants/femme, la mortalité infantile devrait être à 4,1 pour mille, l'espérance de vie des enfants nés et qui naîtront entre 2005 et 2010 sera81,7 ans, lapopulation urbaine constitue 75,2 %. Le nombre de médecins pour mille habitants est 3,8 ; l'espérance de scolarisation moyenne en année est à 15,3 ; 47 % des jeunes suivent une scolarisation au troisième degré[90].
Selon des études officielles, Zurich, Saint-Gall, Genève et Bâle figurent parmi les dix villes européennes avec le plus fort taux de consommation decocaïne et d'ecstasy[91].
La Suisse est, après le Luxembourg, le deuxième pays d'Europe qui compte proportionnellement le plus de personnes issues de l'immigration (1re et2e générations) parmi les personnes âgées de 25 à54 ans. En 2020, il y avait 39 % d'immigrés (2'890'000)[92] et 15,3 % d'enfants d'au moins un immigré, soit un total de 46,4 %, loin devant la France (26,6 %), la Suède (25,8 %), l'Irlande (25,4 %), l'Autriche (25,3 %), le Royaume-Uni (24,4 %), les Pays-Bas (23,5 %), la Belgique (22,9 %), l'Allemagne (21,9 %) et l'Espagne (20,2 %)[93].
En 2019, les ressortissants italiens, allemands, portugais et français composent la majorité des étrangers provenant d'un pays membre de l'UE/AELE, ainsi que de tous les étrangers résidant de manière permanente en Suisse[94].
La Suisse a quatrelangues nationales : l'allemand (langue déclarée comme langue principale de 62,2 % de la population en), lefrançais (23 %), l'italien (8 %) et leromanche (0,5 %)[95],[96]. En, les langues les plus parlées à la maison par les résidents permanents de15 ans ou plus sont : lesuisse allemand (59,4 %), le français (23,5 %), l'allemand standard (10,6 %), l'italien (8,5 %), l'anglais (5 %), leportugais (3,8 %), l'albanais (3 %), l'espagnol (2,6 %), leserbe oucroate (2,5 %), des dialectestessinois (1,3 %) et le romanche (0,6 %). Enfin, 6,9 % de la population résidente parle une autre langue à la maison[97]. Au travail, environ 43 % de la population utilise plus d'une langue au moins une fois par semaine. Les langues les plus fréquemment parlées sur le lieu de travail en Suisse sont le suisse-allemand (64 % des personnes actives), l'allemand standard (35 %), le français (29 %), l'anglais (20 %) et l'italien (9 %)[98],[n 7].
La Suisse est divisée en quatre zones linguistiques reconnues, en principe unilingues. Seuls quatre des vingt-sixcantons sont plurilingues ;Berne,Fribourg et leValais sont partagés entre laSuisse alémanique et laSuisse romande, tandis que lesGrisons sont partagés entre 3 régions : alémanique, romanche et italienne. Les deux seules villes à être considérées officiellement commebilingues français-allemand sontBienne etFribourg[99].
L'administration fédérale suisse a l'obligation de communiquer toutes ses publications en allemand, français et italien, tandis que certaines d'entre elles sont également publiées en anglais et en romanche[100].
Les termes propres à la Suisse, que ce soit en allemand, en français ou en italien, sont deshelvétismes[101].
Lesuisse allemand est la langue la plus répandue en Suisse. Celle-ci est en réalité un regroupement dedialectesalémaniques et est utilisée dans l'ensemble de laSuisse alémanique pour les relations de tous les jours et pour tous les contextes, mais seulement à l'oral. Malgré des différences régionales notables, tous les pratiquants du suisse allemand se comprennent entre eux. Pour les échanges écrits formels, l'allemand standard est cependant préféré[102]. Au total,17 cantons sur 26 sont unilingues allemands.
La plupart des dialectes suisses allemands appartiennent au groupe duhaut alémanique. Le dialecte deBâle est le seul à avoir pour origine lebas alémanique, tandis que le dialecte de la vallée deSamnaun se rapproche de l'austro-bavarois[103]. L'enseignement dans une grande partie de la Suisse alémanique se fait en allemand standard[104].
Dans lecanton du Jura et dans le districtbernois deMoutier, c'est lefranc-comtois, undialecte d'oïl, qui était la langue vernaculaire. Malgré l'appui institutionnel et le fait que le patois est inscrit dans la constitution jurassienne, ledialecte local est en voie de disparition[107].
L'italien est parlé dans le sud du pays, dans la région généralement appeléeSuisse italienne. On y retrouve plusieurs dialectes, qui sont utilisés lors de conversations familières[108].
Le dialecte le plus répandu est letessinois. Celui-ci s’apparente aux parlerslombards et fait partie du groupegallo-italique. On retrouve également différents dialectes dans les valléestessinoises, tous apparentés au lombard. Cependant, plus la région se trouve au nord, plus son dialecte a généralement de points communs avec d'autres dialectes alpins[108].
Langue nationale depuis 1938, le romanche est présent sur lepasseport et lesbillets de banque suisses et peut être utilisé pour des démarches administratives depuis 1996. Son usage est malgré tout limité. Seules quatre universités suisses enseignent le romanche, et seuls certains textes officiels sont traduits[110].
L'anglais est souvent utilisé dans le monde du travail. Enfin, lelatin sert parfois lorsqu'il faut désigner dans une seule langue des institutions suisses :Confœderatio helvetica (CH),Pro Helvetia,Pro Natura,Pro Infirmis, etc.
Les membres de l'Assemblée fédérale s'expriment dans leur langue maternelle. Les débats en plénum du Conseil national font l'objet d'une traduction simultanée, ce qui n'est pas le cas du Conseil des États ainsi que des commissions parlementaires.
Selon le recensement fédéral de la population 2021[112], la religion la plus répandue du pays est lecatholicisme, avec presque 32,9 % de la population. La deuxième religion est leprotestantisme, avec 21,1 % de la population. Généralement, les cantons se réclament de l'une des deux confessions. Les autres communautés chrétiennes constituent 5,6 % de la population. Les communautés musulmanes en constituent 5,7 %. 0,2 % de la population appartient auxcommunautés juives. Les autres communautés religieuses se partagent les 1,3 % restants.En 2010, 40 000 à 50 000 alévisbektachis vivent en Suisse, la plupart étant d'origineturque[113][source insuffisante].
La proportion des habitants se déclarantsans religion est de 32 % en 2023. Ce groupe a fortement augmenté ces dernières décennies, et est plutôt constitué de personnes jeunes et vivant en ville, dont certaines ont quitté leur communauté religieuse alors que d’autres n’en ont simplement jamais eu[114].
Bénéficiant d'une réputation de sécurité, la Suisse connaît une évolution et se trouve dans les années 2010 au-dessus de la moyenne européenne en matière de cambriolages et d'actes de violence. La moitié des États européens enregistrerait pour ces délits un taux plus bas que la Suisse, alors qu'en 1984, celle-ci se trouvait encore en dernière position au niveau européen[115]. Le pays est également touché par un banditisme international. Des bandes spécialisées choisissent souvent la Suisse comme cible, encouragées en cela, selon le criminologue Martin Killias, par la clémence dudroit pénal suisse[115].
Les statistiques de la criminalité sont très variées selon les cantons, les cantons de Genève arrivant en tête en 2016 pour des vols par effraction avec un taux de9,4 effractions pour 1 000 habitants (12 en 2015), devant Vaud 9,3 (9,9) et Bâle-Ville 8,8 (8,9) pour seulement 1,5 pour Appenzell Rhodes-Intérieures, 2,1 pour Uri et 2,5 pour Appenzell Rhodes-Extérieures,Lausanne etGenève étant en tête pour ce qui concerne les villes de plus de 30 000 habitants[116].
Taux d'étrangers dans les communes suisses (2019).
Au, la population étrangère représente 23,3 % de la population de la Suisse[117]. Dans un rapport de 2007,Doudou Diène, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, a constaté une dynamique raciste et xénophobe en Suisse. Selon ce document, les étrangers européens du sud-est ainsi que les extra-européens seraient les plus touchés. Le Conseil fédéral a pris note du rapport et a déclaré « qu'on ne peut pas, à partir de cas particuliers, tirer des conclusions générales quant à l'existence « d'une dynamique de racisme et de xénophobie en Suisse » comme le dit le rapport de l'ONU[118] ». Une étude conduite en 2006 par l'université de Genève avec le soutien duFNS a toutefois révélé que plus de 50 % des personnes interrogées ont des idéesxénophobes[119]. Cependant, 90 % n'approuvent pas l'extrémisme de droite, 77 % voudraient que les étrangers soient mieux intégrés et 55 % voudraient une naturalisation facilitée. Dans certains cantons, le droit de vote est accordé aux étrangers sur les plans communal et cantonal. La disposition constitutionnelle de certains de ces cantons leur donne également le droit d'éligibilité[réf. souhaitée].
L'économie suisse figure parmi les plus prospères et les plus développées du monde[réf. à confirmer][123] bien que la Suisse soit très pauvre enmatières premières et ne dispose pas d'énergies fossiles. Orientée vers les services avec les banques et les assurances, letourisme, letransport, ainsi que vers l'industrie avec notamment la mécanique de précision et des spécialités industrielles, le pays produit surtout des biens à forte valeur ajoutée.
La stabilité et la neutralité de la Suisse ont attiré bon nombre de capitaux étrangers et d'organisations internationales comme l'ONU.
Lesecteur tertiaire représentait en 2005 72,4 % du PIB et 295 622 entreprises, il emploie 72,5 % de la population active ; en 1960, il en occupait 40 %[126].
Lesecteur secondaire représentait en 2005 26,3 % du PIB (18 % du PIB de l'UE en 2006) et 76 927 entreprises, il emploie 23,7 % de la population active (17,9 % dans l'UE) ; en 1960, il occupait 25 % de la population environ[126].
Lesecteur primaire représentait en 2005 1,3 % du PIB et 68 050 entreprises, il emploie 3,8 % de la population active ; en 1960, il occupait 15 % de la population environ[126].
Après plusieurs années de croissance nulle ou faible[127], une reprise s'est fait ressentir dès mi-2003. En 2004 la croissance duPIB est de 2,5 %, puis 2,6 % en 2006. En 2006 et 2007 elle passe à 3,6 %. Durant le premier semestre 2008, le PIB n'augmente que modestement puis fléchit au deuxième semestre. À cause de l'effet de base, la croissance est de 1,9 %, chiffre à relativiser étant donné la forte croissance démographique (+1,3 %). La Suisse a mieux résisté à larécession de 2008-2009 que d'autres pays. Le creux, atteint au deuxième trimestre 2009, a vu un recul total du PIB de 2,7 %, un taux bien inférieur au Japon (−8,6 %), l'Allemagne (−6,7 %), l'Italie (−6,5 %), le Royaume-Uni (−5,8 %), les États-Unis (−3,8 %) ou la France (−3,5 %)[128]. En 2009, lePIB s'établit à535,3 milliards defrancs suisses[129]. L'inflation est relativement faible : entre mai 1993 et avril 2010, le renchérissement annuel moyen se chiffre à 0,9 %[130]. La dette des collectivités publiques en 2011 se situe à 36,5 % du PIB[131]. En 2014, la croissance annuelle était de 1,9 %.
Letaux de chômage, bien que variable selon les cantons, se maintient à un niveau très bas (3,7 % en 2009, 2,8 % en juin 2011 et 3,1 % en juin 2015, 3,4 % en janvier 2016)[133], le plus bas en Europe mais le nombre des demandeurs d'emploi, 158 629 personnes en décembre 2015, est à son plus haut niveau depuis avril 2010. Ce taux de chômage néanmoins très faible peut s'expliquer par une valorisation de l'apprentissage. En effet, deux tiers des plus de quinze ans font le choix de ce système de formation[134],[135],[136].
Le 14 septembre 2020, lors de lapandémie de coronavirus, l'Union syndicale suisse a appelé à une augmentation de salaire jusqu'à100 francs par mois ou jusqu'à2 % dans les succursales et entreprises pour améliorer la situation de leurs travailleurs[137], en 2022, elle affirme qu'il ne devrait plus y avoir de salaires inférieurs à 4500 francs au sein de la fédération[138].
Cette liste est celle des cantons suisses classés selon la valeur de leur produit intérieur brut (PIB) annuel, en valeur nominale, par tête en Francs suisses en 2018 selon l'Office fédéral de la statistique[143] :
En mai 2011, à la suite desaccidents de Fukushima, le Conseil fédéral avait ordonné l'abandon total de l'énergie atomique pour 2034. Les électeurs suisses ayant rejeté en novembre 2016 à 54,23 % une initiative des Verts, proposant de limiter à45 ans la durée de vie d'un réacteur, le conseil fédéral devra repousser l'échéance à 2050.
Le, les Suisses votent parréférendum, à 58,2 %, pour la sortie progressive du nucléaire et le développement des énergies renouvelables. Tous les partis apportent leur soutien sauf l'UDC, estimant que le coût de la transition serait trop élevé. Si la loi interdit la construction de nouvelles centrales, les centrales existantes pourront toutefois subsister tant que leur sûreté sera garantie[144],[145].
Les compétences des autorités fédérales suisses sont limitées en ce qui concerne l'école obligatoire, comprenant le primaire et le secondaire pour la partie qui concerne des élèves jusqu'à16 ans. Dans ces secteurs, il est en conséquence peu approprié de parler d'un système éducatif suisse. En effet, même si des tentatives d'harmonisation ont d'ores et déjà abouti, avec notamment le projetHarmoS, il est légitime de considérer que la Suisse compte 26 systèmes éducatifs, soit un parcanton. Cette règle du partage des compétences sur l'instruction se retrouve, depuis laconstitution suisse de 1874, en particulier dans les quatre alinéas de l'article 27[146].
Concernant l'enseignement supérieur, l'offre de formation en Suisse est très importante. Elle se divise principalement en deux domaines : celui des hautes écoles et celui de la formation professionnelle supérieure.
Le domaine des hautes écoles comprend les hautes écoles universitaires (universités cantonales etÉcoles polytechniques fédérales) ainsi que leshautes écoles spécialisées et lesécoles supérieures. Le domaine de la formation professionnelle supérieure est constitué par toutes les autres formations de degré tertiaire préparant aubrevet fédéral ou audiplôme fédéral. La formation professionnelle supérieure se caractérise par une offre large et diversifiée d'institutions privées.
Il y a au total12 universités en Suisse, parmi lesquelles dix sont gérées au niveau cantonal et proposent souvent des sujets non techniques.
Les deux écoles polytechniques qui sont gérées par la confédération sont l'EPFL (fondée en 1853) et l'EPFZ (fondée en 1855). Elles jouissent toutes les deux d'une excellente réputation internationale.
LeCERN, situé près de Genève, contient le plus grand accélérateur de particules au monde.
Parmi les inventions et découvertes notables se trouvent leLSD (par le chimisteAlbert Hofmann), lemicroscope à effet tunnel (prix Nobel) ou le très populairevelcro. Quelques technologies ont en outre permis l'exploration de nouveaux mondes, comme le ballon pressurisé d'Auguste Piccard ou lebathyscaphe qui permettra àJacques Piccard d'atteindre l'endroit le plus profond du globe.
Un grand nombre deprix Nobel a été attribué à des scientifiques suisses, par exemple au mondialement célèbreAlbert Einstein dans le domaine de la physique. Au total, pas moins de113 prix Nobel sont associés, directement ou indirectement, à la Suisse ainsi qu'à des organisations internationales basées en Suisse[150].
La Suisse est l'un des dix membres fondateurs de l'Agence spatiale européenne (ESA), en 1975[152]. Elle est le septième plus grand contributeur au budget de l'ESA. Dans le secteur privé, quelques entreprises sont impliquées dans l'industrie spatiale telles qu'Oerlikon Space[153] et Maxon Motors[154] qui fournissent des structures pour véhicules spatiaux.
Chaque habitant qui est établi en Suisse a l'obligation d'être couvert par uneassurance maladie, ainsi qu'uneassurance accident. Le système de santé suisse est en 2018 classé meilleur d'Europe, notamment avec des délais courts et un accès direct aux spécialistes[155].
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Un train empruntant la ligne de faîte du Lötschberg au-dessus du nouveautunnel de base du Lötschberg, troisième plus long tunnel du monde et premier tunnel complété du projetAlpTransit.
Le transport ferroviaire international du pays s'élevait en 2008 à 9 766 millions de tonnes-kilomètres, ce qui représente le cinquième de la quantité totale transportée de cette manière en Europe (CEE + Norvège + Suisse)[157]. La majorité du réseau ferré est géré par lesChemins de fer fédéraux suisses (CFF). LeChemin de fer du Lötschberg, qui exploite le deuxième réseau ferroviaire suisse sur l'axe Suisse centrale -Italie via lestunnels duLötschberg et duSimplon, ainsi que leschemins de fer rhétiques, qui desservent lecanton des Grisons en voies étroites, sont deux compagnies privées importantes. Il y a en outre une multitude de petites entreprises privées.
Le réseau routier est public, sauf letunnel du Grand-Saint-Bernard. Une vignette annuelle permet d'utiliser les autoroutes nationales.
Sur le plan du transport aérien, la Suisse possède39aérodromes, dont les aéroports internationaux deZurich (23 millions de passagers par an),Genève (16 millions),Bâle/Mulhouse (7 millions), deBerne (200 000), deSion en Suisse romande et deLugano pour la Suisse italienne[158].
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En 2012, laBanque nationale suisse détient des réserves eneuros pratiquement équivalentes à la moitié de celles cumulées des 17 banques centrales nationales de lazone euro. La Suisse se situe au cinquième rang des plus importantes réserves endevises étrangères détenues par des États, derrière la Chine, le Japon, l'Arabie saoudite et la Russie[159].
La Suisse est souvent considérée comme l'un des plus grandsparadis financiers au monde : en 2013, selon les estimations deBoston Consulting Group, la Confédération est le premier centre financier offshore mondial avec 1 600 milliards d'euros d'avoirs[160]. Le pays représente 4,5 % des flux financiers internationaux et figure à la première place du classement desparadis fiscaux établi par l'ONGTax Justice Network[161].
En mars 2023, le sauvetage en urgence duCrédit suisse, piloté par le gouvernement, est rendu nécessaire par éviter une déstabilisation des places financières mondiales[162]. Les conditions de sa mise en œuvre provoquent une vive émotion[163] et font l'objet de nombreuses contestations en justice de la part d'investisseurs professionnels et particuliers[164].
Le tourisme représente 2,4 % du produit national brut de la Suisse. Dans les cantons de montagne des Grisons, d'Appenzell Rhodes-Intérieures, du Valais et d'Obwald, plus de 10 % de la main-d'œuvre est cependant employée dans ce secteur[165]. L'enseignement à l'École hôtelière de Lausanne, établissement-phare du pays, en tient compte: le développement durable est un secteur d’avenir dans le tourisme, selon Peter Varga, professeur en « culture durable de l’accueil », selon qui les professionnels suisse« sont friands de profils qui peuvent les accompagner dans la réduction de leur empreinte carbone ». Ce professeur estime nécessaire un« label gouvernemental permettant d’identifier les hôtels qui ont réduit leurs émissions ». L'enseignement à l'École hôtelière de Lausanne a aussi pour particularité de sensibiliser au green nudge (« coup de pouce vert »), qui consiste à inciter aux« comportements écologiques d’une manière ludique »[166].
La Suisse est une« championne cachée » de la durabilité, selon Martin Nydegger, le directeur général de Suisse Tourisme, organisme mandaté par le gouvernement pour promouvoir le pays et lancer un label de durabilité estiné à toutes les entreprises de la branche touristique[167]. Ce label classe les établissements en trois catégories en fonction de leur degré de durabilité.
Les sources universitaires se sont intéressées à la manière dont la Suisse avait promu une forme detourisme durable, basée sur la pureté du décor montagnard, mais aussi assez élitiste, en raison de l'époque, le tourisme durable étant encore considéré comme tel, pour les sports d'hiver ou dits« de glisse » : ski, patinage, luge. Cettepionnière dans ce domaine en Europe a ensuite fait école. Une exposition d’affiches anciennes de stations de villégiature suisses, organisée au Musée des arts et métiers de Zurich, rééditées par l’éditeur Photoglob (Zurich), a permis de dater du début duXXe siècle la promotion du tourisme hivernal pourDavos etSaint-Moritz, au début desannées 1930 pourZermatt et à partir de 1940 pourCrans-Montana. Ces stations ont aussi beaucoup utilisées des cartes postales vendues dans les kiosques des gares pour mettre en avant un caractère mondain, élitiste, dans des points de vente standardisés. Les personnages figurant les « montagnards » sont représentés uniquement sur les affiches faisant la promotion de la saison estivale deSaint-Moritz, sous les traits de jeunes femmes souriantes, vêtues de tenues « traditionnelles »[168].
Les cartes postales ont joué ainsi un rôle dans la création de la« montagnité », imaginaire se voulant être le plus représentatif possible des espaces montagnards, et écartant les signes des différents villages d'accueil, y compris dans les stations françaises : sur 478 vendues à Megève, dominent les vues d’ensemble qui présentent le mont Blanc en arrière-plan, alors que le mont Joly et le mont d’Arbois, emblématiques du développement des sports d’hiver à Megève avec le téléphérique de Rochebrune mis en service en 1933, et l’hôtel du Mont d’Arbois créé par la famille Rothschild, apparaissent beaucoup moins[168].
La Suisse, par sasituation géographique etson histoire, est imprégnée des cultureslatines etgermaniques ; lescoutumes locales cohabitent selon les régions linguistiques du pays. En effet, le pays possède quatrelangues nationales (l'allemand (64 %), lefrançais (20 %), l'italien (6 %) et leromanche (<1 %)). Cette diversité culturelle, essentielle pour la cohésion du pays, participe de l'identité de la Suisse[169].
L'hymne national suisse officiel depuis 1981 est leCantique suisse, composé en1841 par Alberich Zwyssig (1808-1854) sur des paroles de Leonhard Widmer (1809-1867)[170].
AuXVIIe siècle, la Confédération ne possédait pas encore de représentation symbolique forte. Mais au cours du siècle suivant,Helvetia etGuillaume Tell sont élevés au rang desymboles patriotiques suisses. À partir de1848, Helvetia est élevée au rang d'emblème national du nouvel État fédéral. Ce symbole devient alors omniprésent, que ce soit sous la forme d'œuvre d'art, sur les monuments, sur les timbres ou sur lesmonnaies[171].
LeSerment du Grütli : accord entre trois communautés situées dans ce qui forme de nos jours laSuisse primitive. Il a été considéré jusqu'auXIXe siècle comme l'acte fondateur de la Confédération suisse.
De nombreuxchâteaux forts et fortifications duMoyen Âge sont construits par les familles dynastiques. Ils servent à la fois d'habitation et de moyen de défense. Mentionnons quelques châteaux forts : lechâteau de Chillon,Lenzbourg,Mesocco,Berthoud,Kybourg oules trois châteaux de Bellinzone. Les villes du Moyen Âge sont fortifiées. Certaines d'entre elles, commeMorat, sont préservées et ont conservé leurs remparts. Mais, dans la plupart des cas, seuls subsistent des vestiges au cœur des villes comme laZeitturm de Zoug, laporte de Spalen àBâle ou laZytglogge de Berne.
On trouve des édifices publics dont certains remontent àla période romaine, comme l'amphithéâtre d'Avenches, mais aussi des hôtels de ville, le plus ancien étant celui de Berne (1406)[174]. L'hôtel de ville de Bâle (1504 – 1514), avec ses façades de couleur rouge, est très caractéristique. La tour carrée dans la cour de l'hôtel de ville de Genève (1555) est un bâtiment typique de la Renaissance de tradition française en pierre de taille. AuXIXe siècle, de nouveaux bâtiments publics voient le jour comme les postes, les gares, les musées, les théâtres, les églises et les écoles. Citons lepalais fédéral, lagare centrale de Zurich, lemusée national suisse, legrand Théâtre de Genève et l'université de Zurich.
La Suisse compte quelques ensembles urbains remarquables. Lavieille ville de Berne, avec ses arcades, places et fontaines, est représentative de l'urbanismemédiéval en Europe. À la fin duXIXe siècle, les quartiers neufs naissent sur l'emplacement des anciennes fortifications des grandes villes, comme laBahnhofstrasse de Zurich, la Ceinture fazyste de Genève ou le quartier St. Alban à Bâle[ca 1]. C'est également dans cette période que de nouvellessynagogues sont construites dans les quartiers neufs des grandes villes du pays : Genève (1859), Bâle (1866) et Zurich (1884). L'urbanisme devient planifié : en 1834,La Chaux-de-Fonds, qui est détruite par un incendie, sera reconstruite selon une nouvelle structure urbaine[ca 2] (voirEnsemble urbain duXIXe siècle de La Chaux-de-Fonds). Au début duXXe siècle sont créés des logements ouvriers basés sur le modèle duWerkbund, comme le lotissementFreidorf (1919 – 1921) àMuttenz, synthèse entre l'idéal de lacité-jardin et le mouvement coopératif[176]. Descités satellites sont construites dans les banlieues des grandes villes durant la période entre 1945 et 1975, commeLe Lignon en périphérie de Genève[ca 3].
À partir duXVe siècle, les maisons civiles de stylegothique en pierre apparaissent, par exemple, leGrimmenturm de laSpiegelgasse à Zurich, lamaison Tavel à Genève, laHaus zum Rüden[177] à Zurich, laHaus zum Ritter à Schaffhouse, l'hôtel Ratzé (1583-1586) à Fribourg et la maison Serodine (1620) àAscona[178]. Pendant la Renaissance, des arcades sont ouvertes auTessin comme dans la cour du château deMuralto, l'ancienPalazzo Rusca à Lugano et leCollegio Papio àAscona[ms 1]. En Suisse allemande, le premier bâtiment de style renaissance est le« palais Ritter » (1556) à Lucerne.
Les maisons particulières baroques sont richement décorées avec desencorbellements à un ou plusieurs étages, comme à Schaffhouse, et possèdent desoriels en pierre ou en bois comme à Saint-Gall. À titre d'exemple, leHerrenstube et leFrontwagenturm à Schaffhouse. À Zurich, deux maisons de corporation sont construites en pierres de taille et présentent un aspect sévère :Zimmerleuten (1708) etSaffran (1719 – 1723)[ms 2]. L'ouest du pays est plus influencé par l'architecture baroque française ; ce style s'impose en Suisse romande vers la fin duXVIIe siècle. Il en va ainsi des hôtels particuliers de la rue des Granges, à Genève, avec cour d'honneur[179]. On trouve aussi des exemples de stylerococo[ms 3]. Parmi les bâtiments les plus importants pour l'architecture néo-baroque en Suisse se trouvent lacathédrale Saint-Ours et Saint-Victor à Soleure (1769) et l'Opéra de Zurich (1891). La ville de Soleure est généralement considérée comme « la plus belle ville baroque de Suisse »[175].
La forte diversité desespaces naturels en Suisse se retrouve dans la grande variété de maisons rustiques, qui se déclinent selon diverses variétésalpines : lesGotthardhaus (maisons du Gothard), en bois, trouvées dans les vallées alpines isolées du Tessin, du Valais et dans les Grisons ; la maison valaisanne, en bois, typique du centre du Valais et duVal d'Hérens ; la maison tessinoise, enmoellons ; la maison engadinoise décorée de peintures murales et deSgraffite[ms 4],[mh 1] ; les maisons de l'Oberland bernois et Simmental, en bois massif travaillé à la scie,Strickbau ou en madriers carrés, taillés à la hache[180].
Sur leplateau suisse, la maison bernoise, recouverte d'une énorme toiture en croupe avec des charpentes agrémentées de motifs sculptés[ms 5],[181] ; leschaumièresargoviennes[182] ; lesmaisons à colombage sur le plateau oriental et à Zurich ; les fermes à usages multiples (Dreisässenhäuser) au nord-ouest et sur le plateau romand, construites en pierre[183],[ms 5].
Dans le Jura, les fermes jurassiennes possèdent de larges façadespignon entièrement en pierre crépie à la chaux[ms 4],[mh 2],[184].
La plupart des fêtes sont locales ou régionales, certaines fêtes sont célébrées dans toute la Suisse comme lafête nationale suisse, leJeûne fédéral (à part Genève et dans les cantons catholiques) ou les principales fêtes religieuses. Différentes fêtes fédérales sont également trouvées avec notamment des rassemblements associatifs dénotant un caractère patriotique plus ou moins prononcé selon l'époque, ce sont des concours ayant lieu tous les trois ans environ[186].
Les jeux nationaux, qui se pratiquent notamment lors de fêtes fédérales ou cantonales, sont lalutte suisse, le lancer de la pierre et lehornuss. La pratique du tir est élevée au rang de sport national. En plus des obligations de tir prévues dans le cadre du service militaire, donc de nombreuses fêtes de tir lors de fêtes locales, cantonales et fédérales. Parmi d'autres jeux traditionnellement pratiqués en Suisse, il existe lejass, très populaire, leeisstock et lescombats de reines.
Lamusique populaire suisse « typique » rurale n'est pas exclusivement suisse. Les traditions telles que le « Chant du soir », les « Ranz des vaches » ou le « yodel » se retrouvent dans d'autresrégions alpines ; des pièces variées, autant par la langue utilisée (allemand, français ou italien) que par le genre d'histoire racontée[188].
Il y a peu de plats nationaux. Les nombreuses spécialités locales reflètent la diversitélinguistique etgéographique de la Suisse. Les traditions culinaires d'origine paysannes proposent des plats robustes et riches en calories, justifiés en partie par la nature montagneuse de la Suisse avec ses hivers longs et rudes[190]. Les plats représentatifs du pays sont lesröstis ainsi que ses repas traditionnels aufromage comme lafondue au fromage et laraclette. Parmi les spécialités locales connues dans l'ensemble du pays, on trouve lesBasler Läckerlis, la tarte aux noix des Grisons, latourte au Kirsch de Zoug, l'émincé de veau à la zurichoise, le gratin de cardons genevois, letotché jurassien, lataillaule neuchâteloise, le papet vaudois ainsi que lapolenta et lerisotto à la tessinoise.
« La culture est du ressort descantons »[194]. Néanmoins,« la Confédération peut promouvoir les activités culturelles présentant un intérêt national et encourager l’expression artistique et musicale, en particulier par la promotion de la formation »[195]. La part du budget de la Confédération affecté à la culture est faible : 0,3 % du total. En chiffre cela représente environ200 millions de francs suisses. Celle des cantons est variable en fonction de leur importance. À titre d'exemple, les budgets cantonaux deZurich (322 millions de francs suisses en 2002), etGenève (234 millions), sont même plus élevés que la part de la Confédération. Les entreprises privées contribuent pour320 millions de francs suisses[196]. Au niveau fédéral, l'Office fédéral de la culture (OFC) a pour mission de favoriser la diversité de la culture et de préserver son développement en toute indépendance.
Le mécénat est une forme de financement de la culture en Suisse pratiqué par les grandes entreprises, notamment les banques et assurances. L'aide va surtout aux grandes institutions au détriment des acteurs culturels indépendants. Elle prend la forme d'achat ou de commande d'œuvre ainsi que l'organisation de manifestations propres (concours ou expositions)[202].
En 2023, la Suisse comptait 1 104 musées, qui ont totalisé14,95 millions d'entrées cette année-là[204]. Un tiers sont des établissements régionaux ou locaux. En 2015, 71,4 % se trouvent en Suisse alémanique, 20,3 % en Suisse romande et 8,3 % en Suisse italienne[205]. Entre 1998 et 2015, il y a eu une augmentation de200 musées, et leur nombre était trois fois moins important en 1950[206].
Des foires et expositions ont lieu régulièrement, commeArt Basel, l'une des plus importantes foires d'art contemporain du monde avec près de300 galeries représentées[214]. Lesexpositions nationales suisses sont des expositions ayant lieu tous les vingt-cinq ans environ depuis 1883. Leur but de rassembler et de répondre aux attentes socio-politiques des visiteurs autour de thèmes choisis. Elles sont ainsi le« miroir » de la société suisse à un moment donné. Parmi les salles de spectacle d'importance on peut citer leSchauspielhaus de Zurich (compté parmi les théâtres les plus importants du monde germanophone) et leTheater Basel à Bâle (nommé « théâtre de l'année » en 2009, 2012 et 2018 par le journal berlinois « Opernwelt »)[215] pour le théâtre ; leGrand Théâtre à Genève et l'Opéra de Zurich pour l'opéra ; leVictoria Hall deGenève et laTonhalle de Zurich pour la musique classique. Des salles sont polyvalentes et se destinent à des événements d'ampleur régionale, voire nationale, tels quePalexpo (Genève), l'Auditorium Stravinski de Montreux[216] et lePalais de la culture et des congrès de Lucerne.Martigny accueille chaque année depuis 1960 laFoire du Valais recueillant plus de 200 000 personnes sur une dizaine de jours et avec ses 221 700 visiteurs en 2015, elle est devenue la foire la plus fréquentée deSuisse romande.Elle se démarque des autres foires par son ambiance très festive.
La culture alternative est née au début des années 1980. Les revendications de la jeunesse pour des centres culturels autonomes, les manifestations de cette époque contre les valeurs établies ont changé les mentalités. La culture alternative est désormais reconnue plus ou moins officiellement et les centres autonomes sont, auXXIe siècle, des lieux incontournables de la création artistique[225]. Quelques centres culturels pour la jeunesse ou centres de culture alternative : laRote Fabrik de Zurich (depuis 1980)[226], la Kultur Kaserne deBâle (depuis 1980)[227], la Reithalle Berne (partiellement en 1981 – 1982 puis durablement dès 1987)[228],[229],Artamis à Genève (1996-2008)[230].
La ville deZurich connaît un autre festival de plein air : laStreet Parade. Ce festival a lieu dans les rues du centre de la ville chaque deuxième samedi du mois d'août. Comparable à laLove Parade deBerlin, au son de la musique « techno », chaque année cette manifestation attire plus de 700 000 personnes venues de tous les coins du pays[231].
LeBâloisRoger Federer est considéré par de nombreux observateurs comme étant l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de ce sport, sinon le meilleur : il détient le record de305 semaines passées à la première place du classement mondial de tennisATP Tour, ainsi que le record masculin de20 victoires dans les tournois duGrand Chelem. Il a terminél'année calendaire à la première place mondiale à cinq reprises (en 2004, 2005, 2006, 2007 et 2009). Il est médaillé d'or en double messieurs avecStanislas Wawrinka auxJeux olympiques de Pékin 2008 puisvice-champion olympique en simple à Londres en 2012. Roger Federer a gagné103 titres ATP, dont26 tournois majeurs (Grand Chelem etMasters) et28Masters 1000. Son doubléRoland-Garros—Wimbledon en 2009 lui a permis de réaliser le Grand Chelem en carrière sur cinq surfaces différentes. Il est le tennisman qui a atteint le plus de finales dans un même tournoi du Grand Chelem (11 finales à Wimbledon) et est le recordman de victoires à Wimbledon, avec huit succès entre 2003 et 2017. Parmi ses nombreux records, on peut également souligner ses dix finales, vingt-trois demi-finales et trente-six quarts de finale consécutifs dans les tournois du Grand Chelem.
Chez les femmes, la Suisse compte enMartina Hingis la plus jeunenuméro un de l'histoire en simple. LaSaint-Galloise est restée au total209 semaines au sommet de la hiérarchie féminine, se situant derrière des championnes commeSteffi Graf,Martina Navratilova,Serena Williams etChris Evert. Elle a gagné au moins une fois tous les tournois duGrand Chelem en simple, en double et en double mixte, à l'exception du simple de Roland-Garros où elle a été battue deux fois en finale, ainsi qu'une médaille d'argent olympique endouble avecTimea Bacsinszky.
Le troisième émetteur public de radiodiffusion enEurope est mis en exploitation àLausanne en 1922. Au cours des années suivantes, le pays voit la création de nombreuses sociétés deradiodiffusion. En 1923, la Suisse compte980 concessionnaires radio[233].
En 1930, les autorités fédérales réglementent la radiodiffusion, en regroupant l'ensemble des organisations régionales pour en faire une organisation de type fédéraliste, sous le nom de Société suisse de radiodiffusion (SSR), et qui se nomme aujourd'huiSRG SSR[233]. Durant cette période furent également mis en service les premiers émetteurs nationaux : àSottens en mars 1931,Beromünster en mai de la même année et Monte Ceneri en octobre 1933. En 1953, la SSR inaugure un premier service expérimental detélévision[233].
↑Bien que ne reposant sur aucune base constitutionnelle ou législative, cette devise est traditionnellement admise, (voirchapitre I.1.3.).
↑Bien que le nom du pays soit en forme longue « Confédération suisse », les vingt-six cantons initialementconfédérés se sontfédérés le, mais le nom de l'État est resté.
↑Le romanche est une langue nationale (art. 4) mais seulement partiellement une langue officielle (art. 70,art. 5).
↑La constitution n'indique aucune capitale. Celle de 1848 indiquait Berne commeVille fédérale, ce que ne fait plus la constitution actuelle de 1999. L'article 58 de la loi de 1997 sur l'organisation du gouvernement et de l'administration déclare Berne siège du Conseil fédéral, des départements et de la Chancellerie fédérale. Lire en ligne l'entréeVille fédérale, dans le Dictionnaire historique de la Suisse. L'étude d'un projet de loi pour attribuer à Berne le statut de ville fédérale a été initié en 2002, et suspendusine die en 2004 par le Conseil fédéral ; lire en ligne l'information à ce sujet de laChancellerie fédérale.
↑Entre parenthèses le nom du canton dans ses langues officielles autres que le français.
↑Siège du gouvernement et du parlement ; le siège de l'autorité judiciaire se trouve àTrogen.
↑Les totaux surpassent 100 % car les personnes interrogées pouvaient indiquer plusieurs langues.
↑Si en France, le terme de patois est largement dévalorisant, en Suisse, les termes patois et dialecte sont considérés comme des quasi-synonymes[105]
↑a etbRapport de la commission qui a élaboré le projet de constitution fédérale du 8 avril 1848, Lausanne, Imprimerie Pache,, 86 p.(lire en ligne),p. 6-9, 43-44.
↑Conformément à l'article 3 de la Constitution :Les cantons […] exercent tous les droits qui ne sont pas délégués à la Confédération. On parle de compétence originaire.
↑J. Jaeger, R. Bertiller, C. Schwick (2007) : Morcellement du paysage en Suisse, Analyse du morcellement 1885-2002 et implications pour la planification du trafic et l’aménagement du territoire, version succincte,Office fédéral de la statistique
↑Bisontins ou Besançonnais, À la recherche des règles pour la formation des gentilés pour une application au traitement automatique, Elmar Eggert, page 25, Éditions Gunter Narr Verlag, 2005
↑INTEX pour la linguistique et le traitement automatique des langues, par Claude Muller, Jean Royauté et Max Silberztein, page 76, 2004, Presses universitaires de Franche-Comté.
↑a etbLise Piquerey, « Les cartes postales dans les stations de sports d’hiver haut de gamme : du produit touristique à l’enjeu de communication »,La Troisième Révolution touristique,(lire en ligne, consulté le).
↑[PDF]Le mécénat d’entreprise en Suisse Office fédéral de la statistique, Yvan Cuche, Contribution à la conférenceFaut-il avoir peur du financement privé de la culture ? Colloque national – Tarbes – 19-20 novembre 2004