LeConcours Eurovision de la chanson 2002 fut la quarante-septième édition duconcours. Il se déroula le samedi, àTallinn, enEstonie. Il fut remporté par laLettonie, avec la chansonI Wanna, interprétée parMarie N.Malte termina deuxième ; l'Estonie, pays hôte, et leRoyaume-Uni terminèrent troisièmesex æquo[1].
L'Estonie, qui avait remporté l'édition2001, se chargea de l’organisation de l’édition 2002[2].
La télévision publique estonienne rencontra initialement quelques difficultés financières. Celles-ci furent résolues lorsque le gouvernement estonien lui augmenta son budget[3]. En outre, les télévisions publiques suédoise et finlandaise lui apportèrent une aide technique et matérielle supplémentaire[1].
Initialement, seuls vingt-deux pays devaient prendre part au concours. Mais l'UER décida, à un stade ultérieur, de sauver deux pays supplémentaires de la relégation et leur permettre de concourir. La vingt-troisième place fut ainsi offerte àIsraël, qui l'accepta immédiatement. La vingt-quatrième place, quant à elle, devait revenir auPortugal, qui la déclina pour raisons financières. Elle échut finalement à laLettonie[2].
Le Concours eut lieu auSaku Suurhall, salle omnisports située àTallinn et inaugurée quelques mois auparavant[3]. Il s’agit de la plus vaste salle couverte des troisrépubliques baltes[1].
La scène se composait d’un podium à plusieurs degrés, qui se prolongeait dans le public par une avancée courbe. Le décor se composait de sept écrans mobiles. Enfin, de part et d’autre de la scène, étaient placés deux écrans géants.
Pour la toute première fois, les organisateurs décidèrent de donner un thème particulier au concours, afin de créer un spectacle cohérent dans son ensemble. Ce thème fut repris dans le logo, le décor, les cartes postales et même les habits des présentateurs. Comme l'explicitait le slogan, ce thème fut : « A Modern Fairytale » (« Un conte de fées moderne »)[3]. Il s’agissait d’une référence à la victoire surprise du pays au concours, l’année précédente[1].
Le logo représentait douze ronds de couleurs différentes, assemblés pour former un « e ». Cette lettre évoquait à la fois l'Europe, l'Estonie et l'Eurovision[3].
Les présentateurs de la soirée furent la cantatriceAnnely Peebo et l’acteurMarko Matvere[2]. Ils s’exprimèrent en anglais et en français, ajoutant au passage quelques mots d’estonien.
L’ouverture du concours débuta par une courte vidéo, lancée de ces mots : « Once upon a time in a land far far away... » L’Estonie contemporaine y fut présentée en quelques vues touristiques, la dernière montrant leSaku Suurhall.
La caméra dévoila la scène sur laquelleTanel Padar etDave Benton interprétaientEverybody, la chanson gagnante de l’année précédente. Au terme de leur prestation, les écrans mobiles s’écartèrent, ouvrant la voie àAnnely Peebo etMarko Matvere. Ils firent les présentations d’usage, puis furent mis en communication satellite avecTallinn,Londres,Hambourg etGrenade. Ils conclurent en remerciant leDanemark pour avoir organisé le concours en2001.
Les cartes postales étaient des vidéos et des dessins animés transposant un conte ou une légende célèbre dans l’Estonie contemporaine.
Pour la toute première fois, le numéro d'ordre de passage à côté du nom du pays fut affiché à l’écran, par surimpression, durant l’intégralité de la prestation.
Vingt-quatre chansons concoururent pour la victoire.
Avant la finale, les chansons estonienne, suédoise et allemande étaient données favorites. Mais elles ne terminèrent respectivement que troisième, huitième et vingt-et-unième du classement général[2].
La représentante espagnole,Rosa, avait été choisie par les téléspectateurs de son pays, au terme d’une émission de téléréalité intituléeOperación Triunfo. Les chiffres d’audience avaient dépassé tous les records etRosa était devenue une héroïne nationale. Pour sa prestation au concours, elle se fit accompagner sur scène par ses cinq concurrents malheureux[4].
Le numéro de la représentante lettone et future gagnante,Marie N, fut particulièrement remarqué et contribua de beaucoup à sa victoire[3]. Elle débuta sa chanson, habillée d’une chemise noire, d’un chapeau et d’un costume blanc, avec une fleur rouge à la boutonnière. Elle entama un pas de deux avec une de ses choristes qui lui enleva son chapeau. Ses danseurs entreprirent ensuite de lui ôter ses vêtements un par un. Elle apparut alors, moulée dans une courte robe rouge. Le dernier mouvement des danseurs fut d’abaisser l’ourlet de cette robe jusqu’à ses chevilles.
La finale nationale lituanienne avait été remportée par le groupeB'Avarija avec leur chansonWe All. Celle-ci fut cependant disqualifiée, ayant déjà été publiée antérieurement. Ce fut donc la chanson qui était arrivée en deuxième position,Happy You parAivaras, qui représenta le pays au concours[5].
Lors du passage sur scène des représentants chypriotes, le groupeONE, une erreur de la production survint. Alors que la caméra faisait un plan sur le leader du groupe,Constantínos Christofórou, le lancement de la deuxième carte postale surgit à l'écran. Par une coïncidence fatale, il s'agissait justement du «Vilain Petit Canard »[2].
Lors de son entrée en scène, la représentante estonienne,Sahlene, se trompa de micro et prit celui d'une de ses choristes. Cette dernière se fit donc entendre bien plus que prévu[2].
Lors du passage sur scène de la représentante israélienne,Sarit Hadad, certains commentateurs furent accusés d'avoir recommandé aux téléspectateurs de ne pas voter pour elle. Cet appel au boycott aurait été lié à la situation politique auProche-Orient et l’Opération Rempart[3]. Il s'agissait en réalité d'une mauvaise interprétation de leurs propos. Le commentateur belge,Jean-Pierre Hautier, se retrouva ainsi pris dans la controverse. Pour le disculper, la télévision publique belge francophone dut fournir les enregistrements de la retransmission au ministère belge des affaires étrangères[6].
Les représentants slovènes étaient un acte travesti composé de trois hommes déguisés en hôtesses de l’air.Sestre (Sœurs en slovène) avait causé scandale dans leur pays en remportant la finale nationale[7]. L’opinion publique slovène s’était émue de l’image que le groupe renverrait aux autres participants européens. Des activistes organisèrent plusieurs démonstrations dans les rues deLjubljana et le parlement slovène se saisit même de la question[8].
Durant la pause commerciale,Annely Peebo etMarko Matvere interprétèrent un duo intitulé « A Little Story In The Music », dans lequel ils se déclaraient leur amour. Leur numéro fut entrecoupé de courtes vidéos les mettant en scène dans des situations romantiques.
Le spectacle d'entracte fut un ballet contemporain, chanté et dansé, évoquant l’histoire de l'Estonie et intituléRebirth. Chorégraphié parTeet Kask, le ballet fut interprété par la compagnie de danseRuno et le chœur d'enfants de la télévision publique estonienne.
Dans douze pays, les téléspectateurs votèrent par téléphone pour leurs chansons préférées. Les votes ainsi exprimés furent agrégés en 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10 et 12 points. Pour la toute première fois, les téléspectateurs purent également voter parSMS.
Dans cinq pays, (laBosnie-Herzégovine, laMacédoine, laRoumanie, laRussie et laTurquie), le vote fut décidé par un jury, qui attribua 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10 et 12 points à ses dix chansons préférées.
La porte-parole israélienne fit brièvement allusion à la situation politique de son pays : « Here, from Jerusalem, the capital of Israel, the city upon which the eyes of the world are set, now more than ever, in hope for peace and prosperity, we would like to thank you for a beautiful show. »
Le vote se résuma à un duel entreMalte et laLettonie, qui ne fut tranché que par le vote du dernier pays, laLituanie. Celui-ci attribua en effet "trois points" àMalte et "douze points" à laLettonie.
Ce fut la première victoire de laLettonie au concours[9]. Ce fut la seule et unique fois de l'histoire du concours qu'un pays initialement relégué remporta la victoire.