LeConcours Eurovision de la chanson 1975 fut la vingtième édition duconcours. Il se déroula le samedi 22 mars 1975, àStockholm, enSuède. Il fut remporté par lesPays-Bas, avec la chansonDing-a-dong, interprétée parTeach-In. LeRoyaume-Uni termina deuxième et l'Italie, troisième[1].
LaSuède, après avoir remporté l'édition1974 avec le groupeAbba et la chansonWaterloo, se chargea de l’organisation de l’édition 1975[1].
Les mesures de sécurité durent être considérablement renforcées, à la suite de menaces terroristes émises par laRAF. Finalement, ce fut l'ambassade de laRépublique Fédérale d'Allemagne àStockholm qui fut victime, un mois plus tard, de l'attentat et d'une sanglante prise d'otages.
Les dirigeants de la télévision publique suédoise se montrèrent mécontents des coûts élevés de l'organisation et voulurent partager équitablement les frais entre tous les pays participants. Mais les pourparlers avec ces derniers échouèrent et laSR dut régler seule la facture[2]. Des vives protestations eurent lieu ensuite dans l'opinion publique suédoise, à l'annonce des sommes dépensées. Des opposants dénoncèrent le caractère commercial du concours et tinrent en parallèle un festival alternatif àStockholm[3].
Le tirage au sort des ordres de passage eut lieu le 24 janvier 1975, au siège de l'UER, àGenève. Les répétitions débutèrent le mercredi 19 mars 1975, trois jours avant la finale[2].
Dix-neuf pays participèrent au vingtième concours, un nouveau record.
LaFrance etMalte firent leur retour. LaTurquie fit ses débuts. LaGrèce se retira par mesure de protestation envers la participation de laTurquie et surtout, envers l'invasion de l'île deChypre par l'armée turque[4].
L’orchestre était dans une fosse, au pied de la scène. Celle-ci comportait un arrière-fond bleu foncé, devant lequel étaient posés cinq panneaux mobiles de forme trapézoïdale. Ces panneaux étaient dans un dégradé de couleurs, allant du bleu foncé au blanc. Ils étaient en outre parcourus par des bandes bleu ciel, bleu foncé et argentées.
Le programme dura près de deux heures et douze minutes. Ce fut la première fois dans l'histoire du concours que la retransmission dépassa la durée de deux heures.
La vidéo introductive présenta plusieurs tableaux humoristiques, résumant différents stéréotypes sur laSuède. Furent montrés successivement un homme préhistorique portant la dépouille d'un ours, unViking traînant sa femme par les cheveux, le roiGustave II Adolphe mourant à labataille de Lützen, le comteAxel de Fersen contant fleurette à la reineMarie-Antoinette, des paysans en costume folklorique, un mannequin blond posant en bikini, un supporter regardant un match de hockey sur glace et finalement, un participant à une course de ski. La vidéo se conclut par quelques vues touristiques deStockholm.
Les cartes postales montrèrent les artistes participant à un atelier de peinture. Sur une toile blanche, ils furent amenés à se peindre eux-mêmes avec le drapeau de leur pays.
La présentatrice de la soirée futKarin Falck[4] qui s'adressa aux téléspectateurs en suédois, en anglais et en français. Elle rencontra quelques difficultés avec ces deux langues, allant jusqu'à s'exclamer durant le vote : « How much is seven in France ? »
Elle accueillit les téléspectateurs par ces mots : « Si je ne défaille pas en vous voyant tous ainsi, c'est sans doute parce que je suis tellement heureuse de pouvoir vous souhaiter chaleureusement la bienvenue à ce Concours Eurovision de la chanson ! » Elle poursuivit en citant le sportif françaisJean-Claude Killy : « La vie n'a qu'un charme vrai et c'est celui du jeu. » Dans son introduction en anglais, elle cita le poète danoisPiet Hein : « Prendre le plaisir pour simplement du plaisir / Et le sérieux, sérieusement / Montre clairement qu’aucun des deux n’est vraiment insincère. »
L'un des représentants irlandais,Jimmy Swarbriggs, victime de la grippe durant les répétitions parvint à se rétablir pour la finale[5].
Les représentants anglais, lesShadows, étaient alors le groupe instrumental ayant remporté le plus de succès dans l'histoire du disque qui avaient déjà accompagnéCliff Richard sur la scène du concours en1973. Lors de leur prestation, le chanteurBruce Welch oublia les paroles de la deuxième strophe, soulignant son erreur d'un « I knew it !»[6].
La chanson portugaise,Madrugada, était un hommage rendu à larévolution des Œillets, qui avait eu lieu l'année précédente. Les responsables du concours eurent le plus grand mal à décourager le représentant portugais,Duarte Mendes, à monter sur scène avec son uniforme et son fusil[6].
Le chef d'orchestre allemand,Rainer Pietsch, se fit particulièrement remarquer. Il frappa violemment du pied le podium, pour donner le départ de la chanson allemande.
Le spectacle d'entracte fut une vidéo, intitulée « The World of John Bauer ». Il s'agit d'une succession d'images, parcourant différents tableaux du peintre suédoisJohn Bauer, tous exposés au musée deJönköping, ville natale de l'artiste. L'accompagnement musical fut interprété en direct par l'orchestre.
Le vote fut décidé entièrement par un panel de jurys nationaux. Les différents jurys furent contactés par téléphone, selon l'ordre de passage des pays participants.
Le système de vote fut à nouveau modifié. Les jurys étaient désormais composés de onze membres. Six devaient avoir entre 16 et 26 ans, cinq entre 26 et 55 ans[6]. Chaque juré devait attribuer entre un et cinq points à chaque chanson (sauf celle de son pays). Il lui était interdit de s'abstenir.
Le président du jury devait ensuite additionner les points des jurés et classer les chansons selon ces résultats. Les dix chansons préférées des jurés recevaient alors dans l'ordre 12, 10, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2 et 1 point de la part du jury. Les résultats furent énoncés oralement, selon l'ordre de passage des pays participants[4].
Les premiers "douze points" de l'histoire du concours furent attribués par lesPays-Bas auLuxembourg.
Cette nouvelle procédure se révéla plus longue, mais plus juste et plus excitante dans son déroulement[7]. Ce système de vote a connu de légères modifications dans l'énonciation des résultats, en1980, en2006, et en2016, année depuis laquelle les points attribués par pays sont doublés, employant un classement pour le jury et un classement pour le public.
Le vote ne connut que deux hiatus. Premièrement, une communication difficile à établir avec le jury israélien àJérusalem. Deuxièmement, un problème d'affichage momentané du tableau. Lorsque la porte-parole du jury monégasque attribua trois points à laTurquie, ceux-ci furent affichés en lieu et place du score israélien. La correction prit de longs instants, poussantKarin Falck à plaisanter : « I think we'll have to write it on a paper ! »
LeLuxembourg prit la tête du vote, avant d'être rapidement dépassé par leRoyaume-Uni. Ceux-ci furent rattrapés par lesPays-Bas, lorsque le jury anglais attribua ses "douze points" à la chanson néerlandaise. Ce n'est qu'à la fin du vote que lesPays-Bas prirent définitivement l'avantage.
Ce fut la quatrième victoire desPays-Bas[8]. Ce fut la première fois dans l'histoire du concours que la chanson interprétée en premier lieu remporta la victoire[2].
Les auteurs et compositeurs deDing-a-dong,Wil Luikinga,Eddy Owens etDick Bakker reçurent la médaille du grand prix, des mains deHenrik Hahr, secrétaire-général de l’UER.Karin Falck conclut la retransmission sur ces mots : « Quelque part au fond de nous, nous sommes toujours ensemble. Bonsoir ! »