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Leconcile d'Éphèse, troisièmeconcile œcuménique de l'histoire duchristianisme, est convoqué en 430 par l'empereur romain de ConstantinopleThéodose II. Le concile condamne le 22 juin 431 lenestorianisme commehérésie, et anathématise et déposeNestorius commehérésiarque. À l'inverse des conciles deNicée (325) et deConstantinople (381) dont les questions théologiques portaient principalement sur l'unicité deDieu, leconcile d'Éphèse marque un tournant dans le dogme en définissant l'union hypostatique des deux natures, humaine et divine, duChrist. Le concile d’Éphèse marque donc pour l’Église l'explicitation et la proclamation du Christ hommeet Dieu. Il fixe également le dogme de laVierge MarieThéotokos (« Mère de Dieu »).
SelonHenri-Irénée Marrou, il y a à l'origine du concile d'Éphèse tout un courant théologique portant sur les natures humaine et divine de Jésus-Christ, remontant aux suites duconcile de Nicée. Selon Marrou,Diodore de Tarse maintenait fermement, dans son enseignement contre l'arianisme (arianisme qui fut condamné par le concile de Nicée), la pleine divinité duVerbe (Jésus-Christ). Diodore affirmait en même temps, contre l'apollinarisme issu d'Apollinaire de Laodicée qui mettait fortement l'accent sur l'homoousia (de même substance) du concile de Nicée, la totale humanité assumée par le Verbe. L'un des disciples de Diodore,Théodore de Mopsueste, pour préciser la relation entre les deux natures (divine et humaine) parlera de « conjonction éternellement indissoluble » qu'il qualifia d'ineffable. Or, ce terme de « conjonction » pouvait se comprendre comme défendant une division en la personne du Christ. Et c'est précisément la position que prit lepatriarche de Constantinople,Nestorius, qui se réclamait de Diodore et de Théodore, en contestant qu'on puisse dire que le Verbe ait souffert dans sapassion, et en refusant à laVierge Marie que l'on puisse dire d'elle qu'elle est lamère de Dieu[1].
Le concile, réuni par l'empereur à la demande de Nestorius, a pour objectif de réconcilier l'Église à la suite de la polémique autour du titreThéotokos (« Mère de Dieu »)donné par la ferveur populaire à Marie, et dont on a des traces remontant au troisième siècle dans le papyrus Rylands 470 où le titre apparaît dans la prière marialeSub tuum præsidium[2]. Nestorius désaprouve publiquement l'usage du titre Théotokos et propose d'utiliser à sa place celui de Christotokos (« Mère du Christ ») qui lui semble davantage en conformité avec la théologie de l'École d'Antioche. Pour Nestorius, la ViergeMarie est seulement la mère de l'homme Jésus, et ce faisant, il introduit une subtile dissociation (ditehypostatique) entre le caractère divin de Jésus-Christ, fils coéternel de Dieu, et son caractère humain (Jésus fils de Marie). Cet enseignement suscite la réaction deCyrille d'Alexandrie et une condamnation de la part deCélestin Ier de Rome[3].
À Pâques 429, Cyrille d'Alexandrie, patriarche d'Alexandrie, attaque les thèses de Nestorius dans ses homélies et dans uneLettre aux moines. Durant l'été 429 il s'adresse directement à Nestorius (Deuxième Lettre de Cyrille à Nestorius). Puis il fait porter à Rome, par le diacre nomméPosidonios, un dossier christologique traduit en latin avec la mission d'accuser Nestorius d'adoptianiste, c'est-à-dire quelqu'un qui conçoit Jésus-Christ comme un homme que Dieu aurait adopté[4].
Le moineJean Cassien, moine originaire des bords de lamer Noire installé àMarseille et bon connaisseur de l'Orient, rédige un Traité de l'Incarnation Contre Nestorius en sept livres. Sur ces bases, un synode régional se tient à Rome début août 430, condamne Nestorius, et exige une rétractation dans les dix jours.
Simultanément Cyrille réunit de son côté un synode régional à Alexandrie qui condamne à nouveau Nestorius. Il lui adresse une troisième lettre contenant 12 anathèmes[5].
Le concile a été convoqué à Ephèse pour laPentecôte le. Les lettres de convocation datées de Novembre 430 sont adressées à tous les évêques métropolitains de l'empire d'Orient et à quelques évêques occidentaux. Il est présidé par Cyrille d'Alexandrie.
Seuls lemétropoliteMemnon d'Éphèse, accompagné d'une cinquantaine d’évêquessuffragants, Nestorius, avec seize, et Cyrille, à la tête d'une délégation de onze évêques, arrivent à Éphèse dans les délais. La quinzaine d'évêques de Palestine n'arriva que le sous la conduite deJuvénal de Jérusalem. Jean,patriarche d'Antioche.Les 27 évêques partisans de Nestorius, bloqués par le mauvais temps n'arrivèrent que le, et les légats romains le seulement[6].
Memnon, l’évêque d’Éphèse, est un ardent partisan de Cyrille, au point qu'il faudra accorder à Nestorius une protection militaire, par crainte de la dévotion excessive des moines d’Éphèse.
Dès le lendemain de la date fixée pour l'ouverture des débats, et malgré les retards, Cyrille décide d'ouvrir le concile sans plus attendre et ce, contre l'avis de Candidien, délégué impérial qui mit en avant l'irrégularité du procédé.
Le concile s'ouvre donc le,Nestorius, patriarche de Constantinople, accompagné de seize évêques fait face àCyrille d'Alexandrie et cent quatre-vingt-dix-huit évêques[7]. La décision de condamnerNestorius fut prise le jour même et Nestorius déposé.
Le, arrivent les 27 évêques orientaux entourantJean d'Antioche, qui, trouvant le concile déjà commencé et Nestorius déposé, se réunissent, furieux, et organisent un « contre-concile » (conciliabule), par lequel ils entendent « excommunier » Cyrille,Memnon, évêque d’Éphèse, et leurs partisans, et annuler les décisions conciliaires déjà prises[5].
Le,Théodose II fait annuler les décisions du 22 juin.
Le, arrivent enfin les légats romains Arcadius et Profectus et le prêtre Philippe, délégués par le papeCélestinIer, qui soutiennent aussitôt Cyrille conformément à l'ordre reçu du pape en partant[8].
Le, les légats pontificaux valident, au nom du pape, les décisions du 22 juin puis ils déposent Jean d'Antioche,Théodoret de Cyr et une trentaine d’évêques.
Le, Théodose ordonne la fin et la dissolution du concile[9].
Une autre hérésie, le pélagianisme, fut abordée durant le concile d'Éphèse qui condamna dans ses canons 1 et 4 la thèse du pélagien romainCélestius qui avait été accueilli par le clergé d'Ephèse en 416 après avoir été condamné par des synodes africains en 411, 415 et 416[10].
Laprimauté des évêques de Rome, successeurs de saint Pierre, assortie du pouvoir des clés, est confirmée[11] :
Personne ne doute, et tous les siècles savent, que le saint et très bienheureuxPierre, chef et tête desapôtres, colonne de la foi, fondement de l'Eglise catholique, a reçu les clefs du royaume de notre Seigneur Jésus-Christ, sauveur et rédempteur du genre humain :jusqu'à maintenant et toujours, c'est lui, qui, dans la personne de ses successeurs, vit et exerce le pouvoir de juger.
Le concile est à l'origine de la rupture des relations ecclésiastiques entre Antioche et Alexandrie durant plusieurs années, jusqu'à la réconciliation entre Jean, patriarche d'Antioche, et Cyrille patriarche d'Alexandrie en 433[12].
L’Église de Perse, non représentée au concile d’Éphèse, refuse les conclusions du concile et se place ainsi dans une position schismatique, la première en Orient à se séparer de l'Église.
D'un point de vue théologique, le concile d'Éphèse, précise et proclame la doctrine de l'union hypostatique des deux natures (humaine et divine) dans l'unique personne (ouhypostase) deJésus-Christ, union fondée sur le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu ayant pris chair de la Vierge Marie, dans le sein de laquelle le Verbe éternel a assumé la nature humaine de manière ineffable et indicible, selon la parole évangélique :« Et le Verbe s'est fait chair et il a demeuré parmi nous. » (Jn 1,14). C'est en vertu de cette même union hypostatique que la Vierge est donc véritablement appeléeMère de Dieu (Théotokos). Les Douze Chapitres formulés parCyrille d'Alexandrie dans sa dernière lettre à Nestorius sont joints aux actes canoniques du concile.
Une tradition de l'Église copte, connue par deux manuscrits, met en valeur le rôle de Victor, moine de Pbôou (Tabennèse), qui convainc Théodose II de la valeur divine de ses décisions en lui présentant les Actes du concile transportés miraculeusement par la voie des airs d'Éphèse àConstantinople avant l'arrivée des messagers officiels[13].
Frédéric Amsler, « Comment construit-on un hérétique ? Nestorius pris au piège de Cyrille d'Alexandrie »[lire en ligne],Actes du colloque « La Christologie », septembre 2000.
Karl Baus(de):Die Christologie bis zum Konzil von Ephesos (431). In: Karl Baus,Eugen Ewig (Hrsg.):Die Reichskirche nach Konstantin dem Großen. Erster Halbband:Die Kirche von Nikaia bis Chalkedon (=Handbuch der Kirchengeschichte(de), Bd. II/1). Herder, Freiburg im Breisgau 1973, Sonderausgabe 1999,(ISBN3-451-27100-1), S. 97–113.
Hubert Jedin:Kleine Konziliengeschichte. 6. Aufl. der Neuausgabe, Herder-Verlag, Freiburg im Breisgau 1990,(ISBN3-451-18040-5), S. 25–27.
Peter Stockmeier(de):Der Nestorianismus und das Konzil von Ephesus. In:Josef Lenzenweger(de) u. a. (Hrsg.):Geschichte der katholischen Kirche. Ein Grundkurs. Studienausgabe. Verlag Styria, Graz/Wien/Köln 1990,(ISBN3-222-11894-9), S. 152–157.