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Comte (dulatincomes,comitis « compagnon, personne de la suite »[1], puis plus tard « compagnon de l'empereur, délégué de l'empereur ») est untitre de noblesse dont l'origine remonte aux premiersempereurs romains. Il s'agit du plus ancien titre dehaute noblesse conféré enEurope et toujours l'un des plus élevés de la hiérarchie nobiliaire européenne. Le titre nobiliaire de comte a pour équivalent féminin le titre decomtesse et se place dans lahiérarchie nobiliaire tel quel :prince >duc >marquis > comte >vicomte >baron >chevalier.

En France, sous l'Ancien Régime, la dignité des titres dépendait de leurancienneté, tous titres confondus (sauf celui deduc traditionnellement conféré aux anciennes familles souveraines qui conservaient donc unepréséance) tandis que leur hiérarchie dépendait deshommages. Pourtant, leXIXe siècle inventa une hiérarchie nobiliaire divergente, la dignité de comte y est conçue comme précédée de celles deduc et demarquis et suivie par celles devicomte,vidame et debaron.
Ces représentations hiérarchiques diffèrent non seulement dans le temps, mais également d'un pays à l'autre. Par exemple, lanoblesse autrichienne considère le titre deGraf /comte comme le second rang le plus élevé de sa hiérarchie nobiliaire, suivant immédiatement celui deFürst /prince, tous deux constituant laHaute Noblesse de l'Empire (Hoher Adel).
Sous le règne d'Auguste, on voit dessénateurs choisis pour leur conseil porter le nom decomites Augusti. Être comte sous l'Empire romain, c'est détenir une charge publique non héréditaire, recouvrant des responsabilités civiles et militaires variables selon le contexte et les époques.
AuVe siècle, apparaît lecomes civitatis, qui réunit les deux compétences sur un plan plus localisé[2].
Lesrois des Francs ont repris et développé le système comtal romain. Le rayon géographique de son autorité resta limité à une seulecivitas et celle-ci garde souvent l’étendue qu’elle avait au début de laGaule romaine, à savoir le territoire de l’anciennecivitas celtique[Note 1],[3]. C’est à l'époque franque que l'on passe ducomes civitatis romain aucomitatus, le comté territorial franc qui s’adapte aux anciennes unités celtiques ; lespagenses servent sous leurs anciens noms de Turones, d’Andegavenses dans le contingent de leur comte au sein de l’armée du roi franc. L’alliance de la royauté franque avec l’aristocratie sénatoriale gallo-romaine catholique ne concerne pas seulement l’épiscopat des Gaules, mais aussi les comtes, chefs locaux de l’administration, issus de la même classe : dans une grande partie de laGaule, les comtes n’étaient pas desFrancs comme l’a montréGodefroid Kurth. Les rois ont d’ailleurs développé ce nouveaucomitatus en le subdivisant, auVIe siècle, en différentspagi (pays) – jusqu’à quatre, six ou plus parcivitas. Les comtesmérovingiens sont nommés par le roi et assurent les fonctions fiscales, militaires et judiciaires. L'un d'entre eux, appelécomte palatin (comes palatii), était chargé de rendre la justice dans le palais, ainsi que, en général, de juger les affaires où le prince avait intérêt (voir aussimaire du palais pour le premier d'entre eux).
Dans le nord-est de la Gaule franque, despagi plus petits apparaissent dirigés par ungrafio ; les porteurs de ce titre nouveau viennent derrière lescomites dans la hiérarchie romano-franque. Indépendamment de cette nuance de titre, celui degrafio ayant disparu assez tôt, deux classes de comte se sont formées selon l’importance de leur territoire ; les uns sont responsables de toute unecivitas, les autres d’unpagus plus petit[3].
Lecomes civitatis, inaugurant la série des comtes de « comté » du royaume franc est à l’origine d’un réseau administratif qui préfigure les départements de la Révolution.Joseph Calmette rappela que le comte duIXe siècle est le préfet du régime (son autre titre étant d’ailleurspraefectus). La notion et l’institution comtale domineront l’Europe, ducounty anglais (et américain) aucomitat des Hongrois et Polonais[4].
Sous lesCarolingiens, ces offices tendent à devenir de plus en plus héréditaires. Du fait d'un affaiblissement du pouvoir royal, lespagi évoluent encomtés autonomes. De simples fonctionnaires révocables, les comtes s'approprient le titre, puis la fonction attachée à ce titre et le territoire sur lequel ils l'exercent, de manière héréditaire. Lecapitulaire de Quierzy leur reconnait ce droit en (877). Un comte est alors le plus haut rang de la noblesse, les familles comtales médiévales possédaient la plus haute dignité de la noblesse française d'Ancien Régime.
En1564, une ordonnance deCharles IX établit qu'en l'absence d'héritiers mâles, les comtés retourneraient à la couronne.
Depuis leXIXe siècle, le titre de comte n'est plus enFrance qu'une distinction honorifique, et qui ne confère aucun privilège.
Il faut signaler trois charges comtales particulières :
Autre particularité, le comteRogerIer de Sicile fut surnommé le « Grand Comte ».
Allemagne | Danemark | Espagne | Royaume de France | Royaume de France | Empire français |
Italie | Pays-Bas | Portugal | Royaume-Uni | Suède | Brésil |
| Hiérarchie des titres de noblesse | ||||||
Marquis | Duc | |||||
EnBelgique, le titre de comte - comtesse pour une femme - se situe comme en France entre ceux de vicomte et de marquis. C'est le titre le plus élevé octroyé par le roi des Belges à un non-noble ou à une personne de moindre noblesse. Les titres supérieurs (marquis, duc et prince) ne sont en principe concédés qu'à des aristocrates dont la famille détenait déjà un tel titre avant l'indépendance de la Belgique (1830) ou plus généralement à des familles de noblesse étrangère admises dans la noblesse belge et déjà décorées dudit titre par un autre monarque.
Les titres de noblesse duSaint-Empire romain germanique étaientLandmann, noble libre (Edelfrei) etchevalier impérial (Reichsritter),baron (Freiherr),comte (Graf), landgrave (Landgraf),margrave (Markgraf) etcomte palatin (Pfalzgraf), ainsi queduc (Herzog),archiduc (Erzherzog) etgrand-duc (Großherzog). La dénomination « prince » (Fürst) est un terme générique désignant les souverains des territoiresimmédiats.

Sur ce plan, lescomtes du Saint-Empire (Reichsgrafen) sont ceux qui recevaient leurfief directement de l'empereur. Ils faisaient partie desÉtats impériaux ayant le privilège de préséance sur toute autre noblesse avec siège et droit de vote à leDiète d'Empire.
Le titre deReichsgraf était accordé par l'empereur, là aussi sans assise féodale, on parlait de « Comte de N. et du Saint-Empire ». Tous les enfants, même les filles, portent également le titre sous la forme « Comte prénom de N. ». Cette noblesse disparut en1806 avec la dissolution du Saint-Empire par l'abdication de l'empereurFrançois II et fut ensuite incorporée dans les monarchies européennes actuelles.
DansLa Comédie humaine d'Honoré de Balzac,Claire de Beauséant est unevicomtesse qui apparaît notamment dansLe Père Goriot. Edmond Dantès devientle Comte de Monte-Cristo dans leroman éponyme d'Alexandre Dumas. Mais un despersonnages fictifs les plus connus de comte est celui, initialement romanesque, mais passé aucinéma, du comtetransylvainDracula. Ses nombreux avatars, deNosferatu àDooku ont tous hérité de sontitre. Un autre personnage de comte, plus scientifique et sympathique, appartient à labande dessinée belge : c'estPacôme de Champignac.
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