Pour les articles homonymes, voirRibeaupierre (homonymie).
vers –
(environ627 ans)
Blason de la seigneurie jusqu'auXVe siècle
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| Statut | Seigneurie puiscomté : -Saint-Empire (XIIe siècle-) -Royaume de France (-) |
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| Capitale | Grand-Ribeaupierre Ribeauvillé(après 1518) |
| Langue(s) | Alémanique,allemand,français |
| Religion | Catholicisme puisprotestantisme |
| Cercle impérial | Cercle du Haut-Rhin[2] |
| Superficie (1790) | ~ 405 km2(est.)[N 1] |
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| Attribution duchâteau de Ribeaupierre à Egenolphe d'Urslingen parFrédéricIer Barberousse | |
| Immédiateté impériale accordée parSigismondIer et perdue auXVIe siècle | |
| Premier culteprotestant et adoption de laRéforme par lafamille de Ribeaupierre | |
| Mise sousprotectorat duRoi de France pendant laguerre de Trente Ans | |
| Rattachement de la seigneurie auroyaume de France (traités de Westphalie) | |
| Fin de la dynastie des Ribeaupierre et attribution de leurs terres aux comtes palatins de Birkenfeld-Bischwiller | |
| Création desdépartements duBas-Rhin et duHaut-Rhin | |
| Abolition de lanoblesse par l'Assemblée nationale constituante lors de laRévolution française |
| (1er)c.- | Egenolphe d'Urslingen |
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| (Der)- | Maximilien-Joseph de Deux-Ponts-Birkenfeld-Bischwiller |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Laseigneurie de Ribeaupierre (enallemand :Herrschaft Rappoltstein) est une ancienneseigneurie duSaint-Empire romain entre leXIIe siècle et, puis uncomté au sein duroyaume de France jusqu'en.
Son territoire est composé de plusieursbailliages,fiefs etchâteaux situés dans laplaine d’Alsace et lemassif des Vosges autour de la ville deRibeauvillé. Lafamille de Ribeaupierre dirige cet ensemble qui garde son unité territoriale au fil des successions.
La seigneurie est rattachée auterritoire français en vertu destraités de Westphalie de et intégrée à laprovince d’Alsace. Lorsque la dynastie de Ribeaupierre s'éteint en, ses terres sont attribuées par leRoi de France aucomte palatin de Birkenfeld-Bischwiller et à ses descendants qui les conservent jusqu’à laRévolution française.
La seigneurie s’est constituée à partir d’unfief relevant à l’origine d’une famille noble de la région. Lechâteau de Ribeaupierre est mentionné pour la première fois en sous le nom de « rocher de Reginbald », faisant sans doute référence auseigneur Reginboldi qui apparaît dans les sources au début duXIe siècle[3].
Le, l’empereurHenriIV du Saint-Empire remet ce château auprince-évêque de Bâle[4]. Son successeur,HenriV, récupère la fortification en.FrédéricIer Barberousse l'attribue ensuite à l’un de ses fidèles, Egenolphe d'Urslingen, vers. Mort vers, ce dernier a sans doute épousé Emma, héritière des premiers seigneurs du château[5].
Le titre de « sire de Ribeaupierre » apparaît pour la première fois en pour qualifier les petits-fils d’Eguenophe qui ont pris le nom du lieu[6]. La famille est alors mentionnée dans les actes de lachancellerie du Saint-Empire. Ses membres participent aux croisades et cherchent à étendre leurs territoires dans la plaine d'Alsace dès le milieu duXIIIe siècle, après la disparition de la dynastie desHohenstaufen très influente dans la région[5]. Les sires de Ribeaupierre reçoivent par ailleurs le fief et lechâteau du Haut-Ribeaupierre (Hohrappoltstein) des princes-évêques de Bâle[7]. Ils font également bâtir lechâteau du Girsberg dans la première moitié duXIIIe siècle[8].

Au cours duMoyen Âge, les seigneurs successifs acquièrent de nouvelles possessions qui leur fournissent d’importants revenus issus de l’exploitation duvignoble alsacien et des mines duval d’Argent[9]. Cette vallée prend toute son importance auXVe siècle quand desfilons d'argent sont découverts et exploités, donnant un prestige et des revenus considérables aux Ribeaupierre à laRenaissance[10].
L’achat duchâteau du Pflixbourg en et d’autresfiefs impériaux permet aux sires de Ribeaupierre d’obtenir l'immédiateté impériale (Reichsfreiheit) en, avec droit de siéger à laDiète d'Empire. Ils sont invités à la Diète de à, et participent aux assemblées ducercle du Haut-Rhin entre et[2]. Ils sont désormais représentés dans les hautes instances du Saint-Empire au sein desétats impériaux. Les Ribeaupierre s’affichent comme des seigneurs immédiats, subordonnés directement à l'empereur sans passer par la tutelle d’un prince intermédiaire : ils appartiennent à ce qu’on nomme l’ordre des seigneurs (Herrenstand) et sont parfois qualifiés debarons[11]. Dans leurs autres fiefs, ils restent toutefois sous l'autorité d'autres seigneurs locaux : leprince-évêque de Strasbourg, celui de Bâle, lesWurtemberg et lesHabsbourg[12].
À partir duXVe siècle, les Ribeaupierre se mettent au service des Habsbourg,ducs puisarchiducs d’Autriche qui possèdent lelandgraviat de Haute-Alsace et d'autres territoires le long du Rhin regroupés au sein de l'Autriche antérieure. Ils confient àMaximinIer de Ribeaupierre, puis à son filsGuillaumeIer, l'administration des possessions autrichiennes dans la région. Après l'accession des Habsbourg au trône impérial,GuillaumeII de Ribeaupierre devient un proche conseiller de l'empereurMaximilienIer du Saint-Empire qui le nomme maréchal etchevalier de la Toison d'Or[13].
Par cette proximité avec les Habsbourg, les seigneurs cherchent à obtenir leur protection face à une éventuelle attaque desducs de Lorraine qui possèdent la moitié du Val d'Argent et veulent s'emparer des mines situées sur les terres des Ribeaupierre[14]. Ces derniers souhaitent également profiter du soutien financier des Habsbourg dans l'exploitation des mines qui nécessite de lourds investissements dans la seigneurie[15]. Un accord est conclu en, par lequel les régents d'Autriche antérieure déclarent protéger les Ribeaupierre dans l'extraction minière en échange des deux tiers du bénéfice[16]. Les seigneurs perdent ainsi leurs droits souverains dans la vallée au profit des Habsbourg[17].
Pour éviter les problèmes de partage et de succession, les Ribeaupierre conclut un pacte de famille en[6]. Ils construisent au sein de la ville deRibeauvillé un château urbain qui devient leur résidence dans laquelle le centre administratif de la seigneurie est transféré en[18]. Si les mines d’argent deSainte-Marie-aux-Mines fournissent aux seigneurs d'importants moyens financiers et une influence dans la région, ils restent politiquement inférieurs aux Habsbourg[6]. Ces derniers tentent de réduire l'autonomie des Ribeaupierre qui sont alorsmédiatisés au milieu duXVIe siècle[19],[20] : ils sont désormais soumis à la supériorité territoriale de l’Autriche qui, elle-même, conserve son immédiateté impériale[21].

LaRéforme protestante est introduite dans la seigneurie par desprédicateurs en puis adoptée par la famille seigneuriale en malgré la pression exercée par les Habsbourg pour restaurer lafoi catholique[6]. Au début duXVIIe siècle, les filons des mines d'argent s'épuisent[17]. Les ravages provoqués par laguerre de Trente Ans dans la plaine d'Alsace poussent les sires de Ribeaupierre à accepter la protection duroyaume de France accordée parlettres patentes le[22]. La même année, Georges-Frédéric etJean-Jacques de Ribeaupierre succèdent à leur père Eberhard, et gouvernent ensemble les possessions familiales. Ils s'attribuent le titre decomte, qui n'a plus de grande valeur auXVIIe siècle[23].
À l’issue du conflit, lestraités de Westphalie de accordent auRoi de France les territoires des Habsbourg en Haute-Alsace ainsi que des droits sur leurs vassaux directs, notamment les Ribeaupierre[24],[25]. La seigneurie est ainsi rattachée auterritoire français et intégrée à laprovince d'Alsace nouvellement formée. Après la mort de Georges-Frédéric en puis celle de Jean-Jacques en, la lignée masculine de la dynastie s’éteint. Les deux frères laissent trois héritières : Anne-Élisabeth, la fille de Georges-Frédéric, ainsi queCatherine-Agathe et Anne-Dorothée, les filles de Jean-Jacques. En tant que souverain,LouisXIV attribue l'intégralité des possessions des Ribeaupierre à l'époux de Catherine-Agathe, lecomte palatinChristianII de Birkenfeld-Bischwiller qui les transmet à ses descendants[26],[27]. Le roi a ainsi écarté les prétentions du prince-évêque de Bâle, suzerain originel des Ribeaupierre, et celles du comteChristian-Louis de Waldeck, mari d'Anne-Élisabeth[28].
La nouvelle dynastie est issue de la famille deWittelsbach. Elle possède également laseigneurie de Bischwiller, qui intègre le royaume de France en, ainsi que lecomté de Palatinat-Birkenfeld et leduché de Palatinat-Deux-Ponts situés hors du territoire français. Descendant deChristianII et de Catherine-Agathe,Maximilien-Joseph de Deux-Ponts-Birkenfeld-Bischwiller reçoit le comté de Ribeaupierre après avoir signé une convention avec son frère aîné,CharlesII Auguste, le[29]. Au début de laRévolution française, il est dépossédé de ses terres et quitte le royaume de France : la seigneurie disparaît à la suite de l'abolition des privilèges en et de l'abolition de la noblesse héréditaire en France en. Ribeauvillé et la plupart des villages de l'ancien comté intègrent ledépartement duHaut-Rhin créé en. Si le dernier comte de Ribeaupierre a perdu son titre, il devient plus tardprince-électeur de Bavière puis premierroi de Bavière sous le nom deMaximilienIer[30].
Les Ribeaupierre ont constitué leur patrimoine en concluant des mariages, en achetant des terres ou en les obtenant pas la force pour s’assurer des revenus économiques et entretenir le train de vie de leur famille. Les limites de la seigneurie évoluent ainsi de génération en génération[31].
La seigneurie est distribuée entre huitbailliages en[32] :
La moitié de Zimmerbach relève de laville impériale de Turckheim, membre de laDécapole.
La moitié de Jebsheim relevait du bailliage deLa Wantzenau, terre immatriculée audirectoire de la noblesse de Basse-Alsace, propriété, avec Innenheim et Krautergersbeim, de la Maison de Berkheim.
Les Ribeaupierre ont également possédé les villages lorrains Fraize et Saulcy (partagé avec le seigneur de Parroye) et de multiples biens et revenus dispersés enHaute etBasse-Alsace[33].
Une partie duVal de Lièpvre relevait dudiocèse de Strasbourg puisqu'elle était en Basse-Alsace, mais ces terres, à l'instar de la seigneurie deThanvillé, dépendait de la maison ducale de Lorraine. Elle comprenait Bois-l'Abbesse, Grand-Rombach, La Hingrie, L'Allemand-Rombach, Lièpvre, Montplaisir, Mussloch, Petit-Rombach, Sainte-Croix-aux-Mines, Saint-Hippolyte, Sainte-Marie-aux-Mines dans sa partie rive gauche de laLièpvrette, Steinbach et Vrai-Cote. Toutes ses localités ou entités administratives se retrouvent dans lebailliage de Saint-Dié, à la fin de l'Ancien Régime. Cette mention des possessions du duc de Lorraine n'est pas innocente, car avant leXVIe siècle et la partition conflictuelle du bailliage de Sainte-Marie sur fond d'exploitation minière, les liaisons, tantôt complices tantôt duplices, et autres associations actives des seigneurs de Ribeaupierre avec le duc de Lorraine ont été importantes. Il est possible d'affirmer que, parfois comptant comme un véritable représentant du duc de Lorraine en Alsace, les seigneurs de Ribeaupierre, issue d'une modeste lignée de nobles capitaines à la solde des évêques de Bâle, ont gagné en prestige et en autorité. Une partie non négligeable de ses terres alsaciennes proviennent de l'extinction lignagère de familles associées au duc de Lorraine, par le jeu des héritages et des mariages.