Pour les articles homonymes, voirNice (homonymie).
Ne doit pas être confondu avecComté de Nice (ferry).
1388–1793
1814 – 1818
430 ans, 1 mois et 13 jours
| Statut | Comté, État des |
|---|---|
| Capitale | Nice |
| Langue(s) | occitan (nissart,gavot,mentonasque),ligure (langues parlées) etitalien (langue officielle de 1561 jusqu'en 1860) |
| Religion | Catholicisme romain |
| Monnaie | l’écu piémontais (jusqu'en 1816) lalire sarde (1816-1818) |
| 1388 | Dédition de Nice à la Savoie |
|---|---|
| 1419 | Fief impérial reconnu |
| 1793 | Annexion par laPremière République française (Alpes-Maritimes) |
| 1796 | Traité de Paris |
| 1814 | Restauration sarde |
| 1818 | Fin de la dénomination « comté de Nice » |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Lecomté de Nice (enitalien :contea di Nizza ; enniçois :la Comtat de Niça oulacountea de Nissa[1]) est un ancienÉtat de Savoie. Créé en1388 par ladédition de Nice à la Savoie, dans le cadre de laguerre de succession deProvence[2], sa cession à lamaison de Savoie est ratifiée en1419, commefief impérial duSaint-Empire. Jusqu'en1526, cette acquisition territoriale est désignée sous le nom de « Terres neuves de Provence »[3] qui comprennent lesvigueries deNice, duval de Lantosque, ducomté de Vintimille[4], de la viguerie dePuget-Théniers, outre la baillie deBarcelonnette et labaronnie de Beuil[5],[6]. AuXVIe siècle, s’y ajoutent laseigneurie de Dolceacqua (1524) et lecomté de Tende (1581). En1793, le comté occupé devient partie intégrante de laRépublique française comme85e département, dénomméAlpes-Maritimes. Redevenu sarde en 1814, le comté devient ladivision de Nice en1818, dans le cadre de la réorganisation duroyaume de Sardaigne, puis en1860, la majeure partie de son territoire estannexée à la France, après plébiscite[7].
Au fil du temps, les frontières du comté de Nice ont quelque peu évolué[8]. Il correspond aujourd'hui à peu près à l'arrondissement de Nice, dans le département desAlpes-Maritimes, et reste une région culturelle désignée sous le nom dePays niçois.


En1380, la comtesseJeanneIre de Naples (1348-1382) — mieux connue sous le nom dereine Jeanne —, sans enfants, adopteLouis d'Anjou, le frère duroi de FranceCharlesV. Le ducCharles de Duras (ou Durazzo), cousin de Louis, mène alors l'Union d'Aix, le parti provençal anti-angevin, et assassine Jeanne, entraînant une guerre de succession qui se terminera par la victoire du parti d'Anjou. Prenant avantage des troubles, le comte de SavoieAmédéeVIIle Rouge, qui souhaite avoir un accès vers la mer, négocie avecJean Grimaldi de Beuil. Celui-ci, baron deBeuil, gouverneur deNice etsénéchal, a en effet la volonté de soustraire à la suzeraineté ducomté de Provence sa partie orientale située en rive gauche duVar et de l'Estéron.

Pour sa part, le comte de Savoie voit dans la réalisation d'unedédition de Nice à la Savoie l'occasion d'élargir ses terres avec un débouché sur la mer Méditerranée. Sous l'influence de Jean Grimaldi de Beuil, qui commande la garnison de Nice, les Niçois se soumettent en échange de protections face au pro-angevins. L'accord est scellé à l'abbaye Saint-Pons le, suivant lequel la ville de Nice et saviguerie, la viguerie dePuget-Théniers et les vallées du Haut-Var[9] (hormisGuillaumes), duCians (avec Beuil), de laTinée et de laVésubie sont incorporées auxÉtats de Savoie. Division qui englobera aussi lavallée de l'Ubaye. Au total, la nouvelle entité rassemble quatre vigueries : celle de Nice, celle duval de Lantosque, celle de Puget-Théniers et celle deBarcelonnette. En1388 la commune de Nice se détache de laLigurie pour être mise sous la protection descomtes de Savoie guidé parAmédée VII de Savoie :« au pacte que jamais la ville ne sera livrée aux Français ».
Lecomté de Savoie est à l'époque un État puissant, doté d'une importante force armée, prospère et bien administré, contrairement à laProvence. Avec l'accord des populations, l'armée savoyarde s'installe alors dans ces terres neuves et Nice en devient la capitale sous l'autorité civile et militaire d'un gouverneur savoyard. En1388, cette prise de possession de Nice par la maison de Savoie n'est faite qu'à titre provisoire. Elle est confirmée en décembre1391 quand lessyndics de Nice firent hommage et prêtèrent serment de fidélité au représentant du comte de Savoie. Si les descendants de Charles de Duras renoncent à protester contre cette annexion, il n'en est pas de même pour lamaison d'Anjou. Ce n'est qu'en1419 que la veuve deLouisII d'Anjou, la reineYolande, renonce au nom de son fils,LouisIII, à ses droits sur Nice. La même annéeSigismond de Luxembourg ratifie la cession du comté à la maison de Savoie en tant quefief impérial duSaint-Empire romain germanique.
Les grands féodaux, à l'exception de quelques familles : lesGrimaldi, lesBerre, lesLascaris, émigrent sur la rive droite du Var, de façon à rester provençaux. Quoique située sur la rive droite,Gattières sera aussi arrachée à la Provence à la même époque.AmédéeVII lance la création d'une nouvelle noblesse, qui se développera surtout auxXVIIe et XVIIIe siècles, et Jean Grimaldi reçoit une vingtaine de fiefs en reconnaissance de son action.
Monaco, alorsgénoise, mais détenue par les Grimaldi depuis1297 se voit reconnaître son indépendance en1489, par le roi de France et le duc de Savoie. Entre-temps, dans le reste de la Provence, le roiRené s'avère être également le roi dont la faiblesse fait tomber la Provence entre les mains des rois de France. En effet,LouisXI lui fait comprendre que son héritage lui conviendrait. Le roi déshérite son successeur naturel,RenéII de Lorraine, au profit deCharlesV d'Anjou. En1481 ce dernier, sans successeur, est disposé à donner ses terres à LouisXI qui remporte ainsi une grande victoire sans aucune bataille.LouisXI s'empare donc de la Provence en 1481 qui devient définitivement française.

AuXVIe siècle, les rois de FranceCharlesVIII,LouisXII etFrançoisIer) dirigent desguerres en Italie.René de Savoie, seigneur deVilleneuve-Loubet, se marie en1498 avecAnne Lascaris, comtesse deTende. Il appuie les intérêts du roi de FranceLouisXII pendant qu'il rétablit le son autorité surGênes. Il va s'appuyer surGeorges Grimaldi, baron deBeuil, et Jean Grimaldi, seigneur deLevens. Georges Grimaldi refuse l'hommage au duc de Savoie et se propose de livrer Nice au roi de France. Le complot des Grimaldi ayant été dénoncé au duc de Savoie, ce dernier entre dans laLigue de Cambrai pour se faire un allié deLouisXII. Il fait alors un procès à Georges Grimaldi qui se retire dans son château où il est finalement assassiné par son valet de chambre, le. Le seigneur de Levens trouve refuge en Provence. Après avoir été banni à perpétuité, il obtiendra sa grâce en1515 à la demande du roi de France,FrançoisIer.LouisXII ne réussit pas à s'emparer du comté de Nice. Après la mort deLouisXII, François d'Angoulême devient roi de France sous le nom deFrançoisIer. Il est le neveu de René de Savoie qu'il nomme gouverneur de Provence, le,grand maître de France et grand-amiral de Méditerranée. Il rejoint le roi pour participer à labataille de Marignan. Le retour de troupes d'Italie par le comté de Nice entraîne des dégâts importants àSospel et à Beuil à leur passage.
En1519,Charles Quint est élu empereur. Leconnétable de Bourbon trahit le roi de France et passe au service de Charles Quint qui le nomme général de ses armées du midi.CharlesII de Savoie, malgré le traité de Lyon signé avecFrançoisIer, le, s'allie avec Charles Quint. Le, les troupes, comprenant 22 000 hommes, commandées par le connétable de Bourbon arrivent à Nice après être passées par lecol de Tende. Elles campent dans la plaine duVar. L'armée passe le Var, arrive àDraguignan le, et campe devantMarseille le. L'arrivée des troupes commandées parFrançoisIer etAnne de Montmorency l'obligent à quitter Marseille le, à repasser le Var le. Le, c'est le connétable de Montmorency qui est devant Nice. Mais le connétable poursuit sa route pour aller rejoindre le roi en Italie où la campagne s'achève par labataille de Pavie et la défaite des troupes françaises[10].
En1539 le duc de SavoieCharlesII décide de la création de ladarse de Villefranche-sur-Mer, port militaire du comté de Nice et, plus généralement, duduché de Savoie.

En1543,Nice est assiégée par les troupes françaises ducomte d'Enghien et la flotte ottomane deKhayr ad-Din Barberousse, lebey de Tunis, résultat de l'alliance deFrançois Ier et deSolimanle Magnifique contre l'empereur Charles Quint. La ville est prise après vingt jours, mais à la suite de la résistance des derniers défenseurs du château, la flotte se retire. C'est là que se place l'épisode légendaire deCaterina Segurana. Le ducCharles-EmmanuelIer de Savoie, en1614, fait de Nice un port franc et y établit unsénat. La révolte ducomte de Beuil est arrêtée en1621. Le comté de Nice connaît la stabilité, contrairement à la partie orientale de la Provence où les révoltes sont fréquentes. S'inspirant du modèle des intendants des généralités établis en France, les ducs de Savoie vont établir des intendants généraux dans les différents provinces de leur État. Pour le comté de Nice, le premier texte citant un intendant général de Nice apparaît en1689 dans des instructions de laChambre des comptes adressées au chevalier Louis Morozzo nommé à l'intendance de Nice le[11]. Cependant, la guerre entre la France et la Savoie reprend au cours duXVIIe siècle, et le comté de Nice est occupé par la France de1691 à1697 et de1707 à1713.
En 1713, letraité d'Utrecht détache lavallée de l'Ubaye du comté de Nice et donc de la Savoie en faveur du royaume de France en compensation de la perte de vallées alpines duPiémont. Administrativement, la vallée de l'Ubaye fut rattachée à la Provence.
Par letraité de Paris du,Victor-AmédéeII, roi de Sicile et duc de Savoie, cèdeLe Mas, dans la vallée de l'Estéron, àPhilippe d'Orléans, régent. En échange, celui-ci lui cèdeEntraunes etSaint-Martin-d'Entraunes.
Par letraité de Turin du,Charles-EmmanuelIII, roi de Sardaigne et duc de Savoie, cèdeGattières,Fougassières,Dos Fraires,Bouyon,Les Ferres,Conségudes,Aiglun, la majeure partie deRoquestéron et les plans dePuget-Théniers àLouis XV, roi de France. En échange, celui-ci lui cèdeCuébris,Saint-Antonin,La Penne, une partie deSaint-Pierre,Puget-Rostan,Auvare,La Croix,Daluis, une partie deSaint-Léger ainsi que la place-forte deGuillaumes, préalablement démantelée.

L'armée du Midi de la jeuneRépublique française menée par le générald'Anselme entre dans Nice le. Le, laConvention nationale« déclare au nom du peuple français, qu'elle accepte le vœu librement émis par le peuple souverain du ci-devant comté de Nice dans ses assemblées primaires, & décrète en conséquence que le ci-devant comté de Nice fait partie intégrante de la République française ». Le, elle décrète que« le ci-devant comté de Nice, réuni à la République française, formera provisoirement un quatre-vingt-cinquième département, sous la dénomination des Alpes-Maritimes »[12], que ce département, dont« le chef-lieu (…) sera la ville de Nice »[13],« aura le Var pour limite à l'occident » et« comprendra toutes les communes qui sont à la rive gauche de ce fleuve, & tout le territoire qui composait l'ancien comté de Nice »[14]. Le, elle décrète que« la ci-devant principauté de Monaco est réunie au territoire de la République (française), & fait partie du département des Alpes-Maritimes ».
LesBarbets, des contre-révolutionnaires, luttent contre l'occupation française dans leHaut Pays niçois. Près deDuranus, le « Saut des Français » garde le souvenir de soldats français qui ont été jetés dans le vide au-dessus de laVésubie. Durant lePremier Empire, le préfet Dubouchage œuvre au développement de Nice, avec l'aide des notables de la cité.
Par la signature dutraité de Paris, le 10 mai 1796, le Comté de Nice et la Savoie sont officiellement cédés par le royaume de Sardaigne[réf. nécessaire]. Du 9 mai au 29 mai 1800, à la suite de revers français subis face aux Autrichiens en Italie durant laDeuxieme Coalition, Nice et son arrière-pays repassent, pour vingt jours, sous autorité sarde[réf. nécessaire].
Le comté revient, le, sous le contrôle du roi de SardaigneVictor-EmmanuelIer (1759-1824).
La publication de l'édit royal du deVictor-EmmanuelIer qui procède à la réorganisation administrative duroyaume de Sardaigne, aboutit à la disparition de la dénomination « comté de Nice » au profit de la « province de Nice »[15]. Celle-ci forme avec deux autres provinces, celles d'Oneille et deSanremo, ladivision de Nice[15]. L'ajout de ces deux provinces à la province de Nice est destiné à compenser s'il se pouvait l'influence deGênes, annexée au royaume en 1815. Par ailleurs, après l'annexion de la république de Gênes, l'ancienmarquisat de Dolceacqua a été retranché du comté de Nice (avecPigna etSeborga) et rattaché aux nouvelles provinces ligures[15]. Laprincipauté de Monaco, dont les princes ont été restaurés dans leurs anciens droits en 1814, passe du protectorat français au protectorat sarde en 1815 ; ses habitants ne sont plus que des demi-étrangers pour les habitants du comté de Nice.Menton etRoquebrune se révoltent du reste contre leur prince en 1848 et deviennent desVilles libres administrées en fait par la maison de Savoie ; ces deux villes voteront avec le reste du comté de Nice lors duplébiscite de 1860 et seront annexées par la France en même temps que lui, puis rachetées par leSecond Empire.

Ledécret royal du 23 octobre 1859, dit décretRattazzi, crée laprovince de Nice (en italien :provincia di Nizza), divisée en trois « arrondissements » (en italien :circondari), à savoir[16] :

C'est à la suite des entretiens deNapoléon III avec lecomte de Cavour, en1858, dans la fameuse « entrevue de Plombières » (Plombières-les-Bains), qu'aboutira le rattachement du comté de Nice à la France[17].
En1859, la France duSecond Empire et leroyaume de Sardaigne concluent une alliance dans le but de rejeter l'Autriche hors de l'Italie du Nord, la France devant recevoir le comté de Nice en récompense pour son aide. La même année,Napoléon III signe letraité deVillafranca di Verona qui met fin à la campagne d'Italie. Cependant, laVénétie reste autrichienne, et laGrande-Bretagne et d'autres nations d'Europe, s'opposent à l'annexion de la Savoie et deNice à la France, tout commeGiuseppe Garibaldi.
Le,NapoléonIII etVictor-EmmanuelII signent letraité de Turin, qui prévoit l'annexion de Nice à la France en échange d'une aide deNapoléonIII contre les Autrichiens et d'une assistance àVictor-EmmanuelII dans son désir d'unifier l'Italie. Un plébiscite est organisé. Lecircondario di Nizza devient français. Divisé en unarrondissement de Nice et unarrondissement de Puget-Théniers, et augmenté de l'arrondissement de Grasse détaché dudépartement du Var, il forme dorénavant le nouveau département desAlpes-Maritimes. Le, les troupes impériales françaises entrent dans Nice et l'annexion est célébrée. Le traité de Turin conserve dans le giron italien les communes deTende et deLa Brigue ainsi que plusieurs hameaux, dontMollières etMorignole, car constituant des réserves de chasse favorites du roiVictor-EmmanuelII (quoiqu'on ait également suspecté des objectifs militaires, la nouvelle frontière étant difficilement défendable par la France). Toutes ces localités finiront par devenir françaises à l'issue de laSeconde Guerre mondiale par letraité de Paris (1947), dernier ajout majeur au territoire national français et au département desAlpes-Maritimes. En1926, l'arrondissement de Puget-Théniers est supprimé à des fins économiques, et réuni à celui de Nice.
Lediocèse de Nice, qui dépendait de l'archidiocèse de Gênes, dépend à partir de 1860 de l'archidiocèse d'Aix-en-Provence. C'est en1886 que l'arrondissement de Grasse (à l'exception de l'île Saint-Honorat) fut détaché dudiocèse de Fréjus pour être rattaché à celui de Nice ;Garavan qui appartenait alors au diocèse deVintimille est également rattaché à celui de Nice. L'évêque de Nice perd cependant sa juridiction surMonaco, qui est doté d'unabbénullius en1868 puis d'un évêque en1887, élevé par la suite au rang d'archevêque (l'archidiocèse de Monaco dépendant directement dupape).
Du fait de l'annexion, toute forme d'enseignement supérieur disparaît à Nice après 1860, et il faudra attendre leXXe siècle pour que soit créée ce qui deviendra en1965 l'université de Nice. De plus, lacour d'appel de Nice est supprimée. Des mouvements culturels et politiques de typerégionaliste ounationaliste militent pour une reconnaissance officielle de la spécificité culturelle duPays niçois.
Le comté de Nice, dont les frontières ont peu varié depuis 1388, sauf marginalement, comprend notamment, issues de laProvence orientale, les « Terres neuves de Provence » qui incluent les vigueries de Nice, duval de Lantosque, ducomté de Vintimille, de la viguerie dePuget-Théniers, outre la baillie deBarcelonnette et labaronnie de Beuil, déjà acquises en 1383 à lamaison de Savoie. AuXVIe siècle, s’y ajoutent laseigneurie de Dolceacqua (1524) et lecomté de Tende (1581).
Après ladédition de Nice à la Savoie, le territoire nouvellement soumis à l'autorité de la maison de Savoie est parfois désigné sous le nom de « Terres neuves de Provence ». Celles-ci auraient pris le nom de « comté de Nice » en 1526, dans les actes de la chancellerie de Savoie[2]. L'expression « comté de Nice » est néanmoins mentionnée dès 1422 dans un acte du vice-gouverneur de Nice appelant « la commune de Nice et celles du comté » à envoyer des délégués auprès du gouverneur[18]. En 1474, le terme est également utilisé parYolande de France, régente du duché de Savoie, dans deux de ses lettres interdisant que des blés soient exportés du « comté de Nice »[18]. Le comté est un desfiefs impériaux duSaint-Empire romain germanique même si le terme « comté » a alors plus un sens administratif que féodal. C'est à peu près à cette époque que le blason de Nice apparaît sous l'égide descomtes de Savoie : il apparaît une première fois en 1502. Cependant, d'après Henri Costamagna de l'université de Nice, le terme de comté serait apparu dès1422 et aurait été utilisé « avec une certaine constance » à partir de la fin duXVe siècle puis officialisé en1574[19].
La maison de Savoie n’a pas, dans les premiers temps, désigné uniformément les territoires qu'elle avait acquis en1388. Ainsi, selon l'historien Laurent Ripart, l'expression « Terres de Provence » ne fut pas employée avant leXVIe siècle (bien que cela soit contredit par la conclusion duCompendion de l'Abaco, premier livre imprimé enoccitan[20], qui en1492 précise avoir été écrit par« Frances Pellos, citadin de Nisa […] Laqual es cap de Terra Nova de Provensa »[21]). Auparavant, de longues périphrases étaient utilisées, comme« la cité de Nice et les terres adjacentes de Provence »[22]. À partir duXVe siècle, ce qui n’étaient que les « terres savoyardes de la Provence orientale » évoluent en unepatria, c'est-à-dire une province dont la cohérence est assurée par la domination territoriale de la ville de Nice[22]. Le comté de Nice a donc uni des territoires — ceux qui ne faisaient pas partie de laviguerie de Nice — qui n'étaient pas auparavant tournés vers Nice, aboutissant à un « pays niçois »[22].
En1818,Victor-EmmanuelIer procède à une réorganisation administrative duroyaume de Sardaigne qui aboutit à l'abandon de l'appellation « comté de Nice » au profit de la « province de Nice », elle-même rattachée à unedivision de Nice (divisione di Nizza)[15],[23]. En1859, cette dernière devient laprovince de Nice, composée de trois « arrondissements » (circondari). Ainsi, letraité de cession de la Savoie et de Nice à laFrance en1860, mentionne le nom de « circondario di Nizza », traduit comme « arrondissement de Nice ».
En 1921, l'arrondissement de Nice comptait 50 communes, et celui de Puget-Théniers 48 communes[24].
Le territoire du comté de Nice correspond à peu près à l'actuelarrondissement de Nice dans le département desAlpes-Maritimes. Ainsi, le comté de Nice comporte unecôte étroite, d'une trentaine de kilomètres de long (en excluant les littoraux deMonaco,Menton etRoquebrune, ces deux dernières villes n'ayant jamais fait partie du comté de Nice) et les vallées duVar, de l'Estéron, de laTinée, duPaillon, de laVésubie, de laBévéra et de la hauteRoya, jusqu'à la ligne alpine departage des eaux, laquelle sépare le comté du domainepiémontais. Toutefois, le comté de Nice est considéré par les géographes italiens comme faisant partie de larégion géographique italienne dont le fleuve du Var est la frontière occidentale[25].

Le comté de Nice a été durant quatre siècles le seul débouché maritime desÉtats de Savoie et de la route du sel (à l'exception de l’enclave d'Oneille) jusqu'à ce que larépublique de Gênes, qui comprenait l'actuelleLigurie et une partie duBas Piémont (Novese (it) etOvadese (it)), ne soient annexées en 1815 par leroyaume de Sardaigne.

La ville principale du comté a toujours étéNice, centre à vocation marchande qui fut en mesure de se distinguer des petites villes et villages de la côte et de l'intérieur des terres, depuis le début duMoyen Âge.
La population du territoire correspondant à l'ancien comté vit essentiellement à Nice et sur le front de mer. Dans l'arrière-pays, on remarque cependant les municipalités deContes,Tourrette-Levens,Levens,Sospel,l'Escarène etBreil-sur-Roya. Selon le recensement de2015,12 communes dépassent 3 500 habitants. Elles sont reprises dans le tableau ci-dessous.
| Rang | Nom de la localité | Population totale (2015) |
|---|---|---|
| 1 | Nice | 346 055 |
| 2 | Beausoleil | 13 742 |
| 3 | La Trinité | 10 285 |
| 4 | Contes | 7 520 |
| 5 | Saint-André-de-la-Roche | 5 457 |
| 6 | Villefranche-sur-Mer | 5 159 |
| 7 | Tourrette-Levens | 4 924 |
| 8 | Levens | 4 786 |
| 9 | Cap-d'Ail | 4 766 |
| 10 | Drap | 4 483 |
| 11 | Sospel | 3 849 |
| 12 | Beaulieu-sur-Mer | 3 756 |
LeVar jaillit à Estenc, hameau de la commune d'Entraunes. Source située à une altitude de 1 790 mètres, au sud ducol de la Cayolle (2 326 m) dans lesAlpes-Maritimes. Son parcours de 114 kilomètres[26] s'achève dans lamer Méditerranée entreNice etSaint-Laurent-du-Var. Il est à noter que le Var est le seul fleuve qui ne traverse plus le département français qui porte son nom. D'autre part, une partie de son cours aval servait de frontière avec laProvence.
Le niveau du cours d'eau est habituellement bas, 50 à 100 m3/s en règle générale, mais il est réputé pour sescrues soudaines et importantes, son débit monte alors en quelques heures à 1 000 m3/s, atteint 3 500 m3/s encrue centennale et jusqu'à 5 000 m3/s encrue millennale. Sa dernière crue importante eut lieu le. Lemodule du fleuve à Nice est de 49,4 m3/s.
LaRoya (en royasque, brigasque ou intémélien, Röia/Ròia) est unfleuve côtier qui prend sa source enFrance aucol de Tende, dans le département desAlpes-Maritimes et rejoint lamer Méditerranée enItalie àVintimille. Sur une longueur totale de 60 km, seuls les quinze derniers kilomètres se trouvent en Italie, à proximité deVintimille. Ses principaux affluents sont en rive gauche la Lévenza, le vallon de la Bendola, vallon de Caïné, Carleva, Fanghetto et en rive droite le torrent de Bieugne, Caïros, la Lavina et laBévéra. La longueur référencée en France est de 40,1 km[27]. Longueur totale de 62,25 km, débit moyen de 10 m3/s en crue jusqu'à 1 300 m3/s.
La Vésubie (Vesúbia, en occitan niçois) est une rivière desAlpes-Maritimes, affluent duVar, qui se forme à 2 665 m d'altitude aulac Blanc, dans lemassif du Mercantour-Argentera. Le cours d'eau traverse huit communes, parmi lesquellesSaint-Martin-Vésubie,Roquebillière,Lantosque etLevens où elle rejoint leVar. D'une longueur de45 kilomètres, le cours d'eau reçoit onze affluents dont les plus importants sont :
La Tinée (Tinea, en occitan niçois), principal affluent du Var en rive gauche, a une longueur de 69,9 kilomètres. Elle prend sa source à 2 702 m dans le nord dumassif du Mercantour-Argentera, en contrebas de la cime des Trois Serrières, et rejoint ensuite leVar, au niveau des gorges de la Mescla, sur les communes deTournefort et d'Utelle. Elle dessert principalement les communes deSaint-Étienne-de-Tinée,Isola,Saint-Sauveur-sur-Tinée,Clans etUtelle. Son bassin couvre une superficie de743 kilomètres carrés.


Le drapeau du comté de Nice correspond aux armoiries ainsi décrites :« D'argent à l'aigle couronnée de gueules au vol abaissé, empiétant une montagne de trois coupeaux de sinople issant d'une mer d'azur mouvant de la pointe et ondée d'argent ».
Dans saNotice historique sur les blasons des anciennes provinces de France (1941),Jacques Meurgey, en soulignant que le comté n’a jamais possédé des armoiries spécifiques, attribua celles de la ville à toute la province,« D'argent à l'aigle essorante sur une montagne de sable », d’aprèsBara,Blason des Armoiries, Paris (1628). La mer est une addition récente.
La langue historique du comté de Nice constitue au départ une forme de l'ancienprovençal, avec toutefois une influence duligure dans la vallée de laRoya. Ladédition de 1388 a pour conséquence la différenciation progressive de langue parlée dans le comté par rapport à celle parlée enProvence[28]. Contrairement au provençal qui évolue (exemple : utilisation de -ien au lieu de -ioun en dialecte maritime ou l'utilisation du -o atone qui remplace le -a final du féminin), elle conserve les traits archaïques de l'ancien occitan tout en recevant une influence des parlers italiens voisins[28] (exemple : utilisation du double -s- dans Nissa au lieu de Niça provenant de Nicaea, qui est une autre forme de la forme italianisante Nicaea en Nizza).
Il existe des différences linguistiques entre les territoires du comté de Nice : si la langue reste plus proche de l'ancien provençal dans le haut et moyen pays, ce qui donne naissance augavot, elle entame en revanche une évolution plus discernable à Nice et dans ses environs pour aboutir auniçois d'aujourd'hui[29].
Le, le duc de SavoieEmmanuel-PhilibertIer signe l'édit de Rivoli par lequel l’italien remplace lelatin comme langue pour la rédaction des actes officiels[30],[31]. Néanmoins certaines communes de l'arrière-pays commePuget-Théniers etContes continuent à utiliser l'ancien provençal pour rédiger leurs comptes jusqu'au début duXVIIe siècle[29]. En 1860, la population était majoritairement bilingue, italo-niçoise, et 85 % des habitants savaient parler l'italien en seconde langue, et 8 % avaient l'italien comme langue maternelle, mais ce pourcentage ira diminuant dans les décennies suivantes. Lefrançais était surtout parlé par les élites urbaines et l'aristocratie locale par moins de 5 % des habitants : il était alors compris par peut-être moins d’un tiers des gens, mais le gros de la population, au moins 80 %, surtout rurale à l'époque, parlait l'une des langues locales : variantes duniçois,mentonasque,royasque, etc. Le français commencera à s'imposer avec la scolarisation obligatoire, à partir de1880, avec la loi deJules Ferry, ce qui débouchera à un certain déclin des langues locales et surtout celui de l'italien, aggravé par l’exode niçois.
La danse la plus représentative du comté est lafarandole et ses variantes :brandi,mourisca (ou mauresque),passa cariera (passe-rue). Filles et garçons dansaient dans les rues et sur les places, le jour de la fête patronale du village, au son dufifre et dutambour, parfois duviolon ou de lavielle à roue.
| Principaux états | |
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| Autres |
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