
Les comtes souverains deGuînes sont[1] historiquement connus sous le nom de Comtes "par la grâce de Dieu". D'aprèsLa Chesnaye-Desbois et Jacques Badier, dans leurDictionnaire de la noblesse, lecomté de Guînes fut l'un des premiers grands comtés qui devinrent héréditaires sous lesCarolingiens. C'est l'antique blason des seigneurs deGuînes qui a été relevé par la commune auXIXe siècle.Il est « vairé d'or et d'azur, au chef d'azur à trois fleurs de lys d'or »[réf. nécessaire].
Diverses versions existent sur les origines du comté de Guînes, toutes aussi incertaines les unes que les autres mais qui voient revenir les mêmes noms dePonthieu,Boulogne,Saint-Pol,comté de flandre, etc. : l'une d'elles évoque la terre de Guînes possédée à la fin duVIe siècle par Agneric, principal conseiller deThierry II, roi duroyaume de Bourgogne et d'Austrasie. Puis elle passe à Vvalbert, fils d'Agneric,comte de Ponthieu,comte de Saint-Pol, qui la donne à l'abbaye de Saint-Bertin lorsqu'il s'y fait religieux avec Bertin son fils unique. Elle reste à l'abbaye jusqu'à Adolphe, (Adalolphe de Boulogne), frère d'Arnoul Ier de Flandre ou Arnoul le Grand,comte de Flandre, puis Arnoul la récupère à la mort de son frère. Sifrid,Siegfried Ier de Guînes, seigneur danois, l'occupe au détriment d'Arnoul et en est établi1er comte[2].
Autre version qui recoupe en partie la précédente : dès leVIIe siècle, le territoire fit partie ducomté de Flandre qui englobait tout le pays compris entre laSomme et l'Escaut. Vers 663, Walbert,comte d'Arques, remit entre les mains desaint Bertin, apôtre de la région deSaint-Omer et fondateur de l'abbaye qui porte son nom, toutes les terres qu'il possédait àGuînes ; mais la première mention officielle, si l'on peut dire, du nom de « Gisna », Guînes, ne se trouve qu'en 807 dans un acte de donation daté du de la même année, par lequel une dame nommée Lebtrude transmet aux moines de la célèbre abbaye audomaroise les propriétés qu'elle détient sur les bords de Ghisnervlet, rivière de Guînes, en un lieu-dit Wasconingawalla, mot dans lequel il est facile de reconnaître le nom actuel de La Walle.
En tout état de cause, l'abbaye de Saint-Bertin a sans doute possédé un temps la terre de Guînes (en 877, le roiCharles le Chauve confirme à l'abbaye toutes ses possessions, parmi lesquelles Guînes[3]) et le danois Sifrid ouSiegfried Ier de Guînes apparait bien comme le premier comte avéré.
Le comté de Guînes comprenait leschâtellenies de Guînes etTournehem, la seigneurie d'Ardres, (seigneurs d'Ardres), les terres deBredenarde,Audruicq,Sangatte,Tournehem,Wissant[4]. Il s'agrandit de lachâtellenie de Bourbourg, en Flandre, y compris le pays de l'Angle (sur la rive gauche de l'Aa), par le mariage du comteArnould II avec Béatrix de Bourbourg (vers 1194)[5]. Les comtes de Guînes possédaient également de grands domaines en Angleterre. Plusieurs des vassaux du comté de Guînes portaient le titre debarons ou de pairs (pairies) (Andres,Arques,Balinghem,Fiennes,Licques,Alembon, etc.), selon les auteurs et les époques, on dénombrait 12 à13 barons, et une douzaine de pairies[6].
AuXIIe siècle, le territoire et la ville de Guînes eurent terriblement à souffrir des guerres qui opposèrent le roi de FrancePhilippe Auguste et le comte de Flandre. Ils furent plusieurs fois envahis par les troupes royales ainsi que celles deRenaud de Dammartin,comte de Boulogne.
À la suite de la mort sans héritier, en, du comte de FlandrePhilippe d'Alsace,Philippe Auguste, par letraité d'Arras d', prend possession effective de l'Artois, comprenant lesplaces d'Arras,Bapaume,Hesdin,Saint-Omer etAire-sur-la-Lys, ainsi que lasuzeraineté sur les comtés deBoulogne, Guînes etSaint-Pol, et de la placevermandoise dePéronne[7].
En dépit de ces catastrophes,Arnould II de Guînes eut pourtant en 1214 la consolation de participer à labataille de Bouvines aux côtés de Philippe Auguste, dont il était devenu levassal.
Arnould III, douzième comte de Guînes, fait prisonnier à labataille de Walcheren (Zélande) le, dut, pour se racheter, vendre son comté au roi de France, en 1283. Huit ans plus tard cependant, en 1295,Philippe le Bel en rendit une partie à Jeanne de Guînes, petite-fille d'Arnould III, épouse deJean II de Brienne, comte d'Eu, qui prit alors le titre de comte d'Eu et de Guînes. La châtellenie de Tournehem fut cependant détachée du comté de Guînes et rattachée à l'Artois[8].

Le,Raoul II de Brienne, quinzième et dernier comte de Guînes,connétable de France, accusé de trahison après laprise de Caen par les Anglais, fut décapité à Paris, dans l'hôtel de Nesle, sur l'ordre deJean II le Bon qui donna le comté d'Eu àJean d'Artois et rattacha le comté de Guînes audomaine royal. Trois ans après laprise de Calais, le, le château de Guînes fut livré par trahison aux Anglais, et en 1360, letraité de Brétigny abandonna complètement au roi d'Angleterre la ville et son comté.
Le comté de Guînes fut recouvré parCharles VI en 1374 et réuni au domaine de la couronne. Marck et Calais, que les Anglais avaient occupé dès 1347, furent conservés par eux jusqu'en 1558[8].
Le comté de Guînes, tout comme lescomtés de Boulogne etde Saint-Pol, entra dans la mouvance de l'Artois, et, à l'exception des territoires qui furent temporairement occupés par l'Angleterre, ils suivirent ses destinées[9].
Lors de son rattachement audomaine royal français, en 1284, le comté comprenait douze baronnies (Andres, Bavelinghen (Balinghem),Fiennes,Licques, Le Val en Surques, Cresecques, Courteborne, Hammes,Hermelinghen, Zueuland, la Motte d'Ardres,Alembon), douze paieries (Bouvelinghem, Arquigond,Surques, Esclemy, Foucquesolles, le Prieuré D'Ardres,Ecques, Loutbarnes, Avvainghes,Nielles les Ardres, Campaignies, Ouderbrouck)[4] et quatre châtellenies.