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Compagnon (cavalerie)

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Pour les articles homonymes, voirCompagnon.

Cavalier portant uncasque béotien, détail dusarcophage d'Alexandre.

UnCompagnon ouhétaire (engrec ancienἑταῖρος /hétaîros) est à l'époque de ladynastie argéade un cavalier d'élite de l'armée macédonienne, réorganisée auIVe siècle av. J.-C. parPhilippe II. À l'origine les Compagnons appartiennent à l'aristocratie macédonienne. Sous le règne d'Alexandre le Grand, ils jouent un rôle décisif dans lesbatailles remportées contre les Perses. À l'époque hellénistique, les régiments de Compagnons ne subsistent explicitement que dans l'armée séleucide. Les Compagnons à pied (pezhétaires) sont quant eux les fantassins, d'origine non noble, formant laphalange.

Équipés d'une cuirasse et d'une longue lance, les Compagnons sont considérés parmi les premiers cavaliers de choc utilisés en Occident.

Origines

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Monnaie dePerdiccas II montrant un cavalier portant deux javelines.

Le termeἑταῖροι /hétaîroi désigne enGrèce antique les hommes qui forment la garde rapprochée des rois. Le terme est présent chezHomère à propos des guerriers entourantAchille[1]'[2]. Chez lesDoriens, enMacédoine, àSparte et enCrète, il existe différentes institutions guerrières relatives aux hétaires[2]. Selon la tradition, les hétaires macédoniens sont les descendants des guerriers doriens qui ont suivi lesHéraclides de la famille desArgéades. Autour dePerdiccasIer et de ses deux frères commencent à se grouper les guerriers et les chefs des familles nobles de la Macédoine[3].

Ce qui distingue l'aristocratie des hétaires du reste des Macédoniens, c'est la possession de grands domaines territoriaux et le droit d'approcher le roi, qui récompense par des honneurs et des présents la fidélité à son service[3]. L'aristocratie des Compagnons ne constituent pas une noblesse héréditaire tenue au roi par des liensvassaliques ou disposant defiefs comme dans les sociétésféodales : les Compagnons disposent de leurs terres en toute propriété[4].

La première mention par les sources littéraires d'hétaires en Macédoine concerne le règne d'ArchélaosIer (-)[5].Thucydide considère que sous son règne la cavalerie forme le point fort de l'armée macédonienne du fait de son instruction et de son armement[6]. D'aprèsAnaximène, le corps des Compagnons aurait été formé parAlexandreII, le frère aîné dePhilippeII, en y intégrant les fils de la noblesse, tandis que les pezhétaires (Compagnons à pieds) regroupent les Macédoniens non nobles. Mais il est probable que cette création soit plus ancienne[3]. La cavalerie forme le noyau primitif de l'armée macédonienne, avant que Philippe II ne la réforme en créant la phalange desarissophores[7].Alexandre le Grand dispose d'une cavalerie bien entraînée et efficace[8], et c'est lui qui aurait étendu le nom de Compagnons à l'ensemble de la cavalerie lourde.

Les Compagnons sont membres de droit de l'Assemblée des Macédoniens qui valide l'avènement du roi par acclamation. Ils forment autour du roi et de ses Amis l'« État » macédonien[9].

Recrutement

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À l'origine les Compagnons sont des membres de l'aristocratie foncière, voire parfois des « roturiers » qui jouissent de la confiance et de l'amitié du roi.Euripide a par exemple été honoré du titre de Compagnon parArchélaosIer. La relation sacrée qui unit le roi et ses compagnons est symbolisée par la fête de l''hétairideia sur laquelle nous disposons de très peu de renseignements[3]. Les rangs des Compagnons ont été considérablement augmentés parPhilippeII qui étend cette institution à l'ensemble de l'aristocratie macédonienne mais aussi à certains Grecs.

Il convient de distinguer parmi pour les hétaires les guerriers constituant le corps de la cavalerie lourde et les Compagnons du roi (basilikoi hétairoi), ou Amis (philoi), nommés à vie et appelés à remplir les plus hautes fonctions militaires et administratives. Pour le règne de PhilippeII, nous disposons à propos des Compagnons du témoignage deThéopompe cité parPolybe[10]. Celui-ci affirme que les hétaires sont au nombre de 800, et que ces ceux-ci possèdent plus de biens territoriaux que 10 000 des Grecs les plus riches. Ces richesses proviennent des terres prises aux cités et aux peuples vaincus par Philippe qui entend s'assurer de la loyauté de ses Compagnons en usant de telles libéralités[3]. Théopompe écrit que les Compagnons sont recrutés dans toute laGrèce, et pas seulement enMacédoine, à l'image de ce que feraAlexandre. L'historien critique vivement leurs mœurs « barbares » en évoquant la débauche et les scandales à la cour dePella[11].

À partir de Philippe, le titre de Compagnon n'est pas réservé aux seuls Macédoniens[12]. Parmi ces non macédoniens de haut rang on peut notamment citer, pour le règne d'Alexandre, plusieurs Grecs :Eumène,Néoptolème,Néarque,Médios,Érigyios,Laomédon,Stasanor etStasandre. Par ailleurs, les Compagnons n'appartiennent pas tous à la cavalerie macédonienne, comme Eumène le chancelier, Néarque le pilote de la flotte d'Inde, Harpale le trésorier ouAlexandre le Lynceste le commandant de la cavaleriethessalienne au départ de l'expédition, alors que certains officiers de laphalange portent le titre de Compagnons, commeCratère,Perdiccas ouCoénos[3]. Il est probable que des non Macédoniens peuvent servir dans la cavalerie des Compagnons comme l'atteste la présence duCorinthienDémératos dans la garde équestre (agéma) d'Alexandre auGranique[12].

À la fin du règne d'Alexandre, la solde mensuelle des Compagnons de la cavalerie est estimée à 600drachmes, en comptant en plus ce qui est donné pour assurer leur subsistance ; à titre de comparaison le pezhétaire touche lui 200 drachmes. À cette solde, déjà élevée, il faut ajouter la part considérable du butin distribué par le roi[13].

Équipement

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Armement

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Détail de lamosaïque d'Alexandre montrantAlexandre le Grand et un compagnon en arrière plan.

Les Compagnons sont propriétaires de leur cheval et reçoivent à leur enrôlement un pécule leur permettant d'en acheter un de qualité idoine. Chaque Compagnon dispose d'un valet chargé de veiller à son cheval et à son équipement. Une ordonnance dePhilippe II stipule qu'un Compagnon ne peut pas avoir plus d'un valet pour des raisons budgétaires[14].

En termes d'armements défensifs, le Compagnon est doté d'un casque, d'abord dumodèle phrygien, peint aux couleurs de l'escadron, avant qu'Alexandre n'impose lemodèle béotien, plus simple à produire et permettant une meilleure vision. Le casque comporte les marques du rang de son porteur. Le Compagnon porte également une cuirasse en bronze ou unlinothorax, un manteau coloré (pourpre, rouge ou jaune), soulignant son appartenance aristocratique, descnémides et des bottes. À cheval il n'utilise pas de bouclier mais cela peut être le cas pour le combat à terre[13].

Philippe apporte quelques nouveautés dans l'armement offensif : en plus d'une épée courte (machaira oukopis) portée sur le côté gauche, le Compagnon est armée d'unxyston, une lance mesurant 4 m environ, plus longue et robuste que la simpledóry, et munie d'une double pointe de façon à pouvoir être toujours utilisée même si elle vient à se rompre. Faite de bois decornouiller, cette lance, souple et solide, permet d'assurer des charges efficaces[13]. C'estXénophon, de retour d'Asie après sonanabase, qui aurait introduit àAthènes l'usage du cornouiller, un bois très dense, à la place du bois deroseau ; cet usage se serait ensuite étendu en Macédoine[7]. Les Compagnons abandonnent néanmoins l'usage des javelots introduits par les réformes de Xénophon, laissant aux javeliniers montés (ouhippacontistes), souventthraces oupéoniens, le soin d'utiliser les armes de traits pour se concentrer sur la charge[7]. Les Compagnons sont parfois amenés à s'armer desarisses, comme lesprodromoi / sarissophores, quand la situation le commande. C'est visiblement le cas des cavaliers représentés sur lesarcophage de Sidon[15].

L'usage des étriers et du ferrage des chevaux est alors inconnu, ce qui induit que la cavalerie doit être combinée avec d'autres armes pour permettre la victoire[7].

Usage du bouclier

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Comme le montrent les monuments et les données archéologiques (mosaïque etsarcophage d'Alexandre), les Compagnons n'utilisent pas de boucliers à l'époque dePhilippe II et d'Alexandre le Grand. Cependant certains historiens[16] soutiennent que les Compagnons utilisent des boucliers à cette époque[17]. Cette hypothèse provient d'Arrien qui décrit la campagne d'Alexandre contre lesIllyriens durant laquelle le roi a ordonné à ses gardes du corps et à ses Compagnons de prendre leurs boucliers, de monter à cheval et de gravir une colline ; une fois le sommet atteint les soldats ont dû mettre pied à terre et combattre à pied[18]. Il est toutefois probable qu'Alexandre, cherchant à capturer la colline aussi rapidement que possible, ait ordonné à ses cavaliers de gravir la colline à cheval pour ensuite combattre à pied car la cavalerie ne peut pas combattre efficacement dans une pente. Arrien semble indiquer une situation inhabituelle, car les manœuvres standards ne sont généralement pas spécifiquement ordonnées[19]. Il convient également de noter quePlutarque indique qu'en285 av. J.-C.Séleucos s'arme d'un bouclier à sa descente de cheval[20]. Plutarque évoque ici unepeltè mais ce terme désigne à l'époque hellénistique le bouclier en usage dans lesphalanges ; il s'agit plus probablement d'unaspis[21].

Selon Plutarque[22], durant labataille du Granique le casque et le bouclier (peltè) d'Alexandre ont été reconnus par la troupe. Dans la bataille, la lance du satrapeSpithridatès a percé le bouclier et le corselet du roi, selon le manuscrit F du livreXVII deDiodore[23]. Cependant, le codex R ne mentionne que l'armure d'Alexandre. Le deuxième manuscrit parait plus précis car Diodore[24] raconte que le bouclier deTroie a été percé trois fois dans la bataille. Arrien[25] note qu'il s'agit du même bouclier que celui porté au combat par leshypaspistes devant le roi. Dans sa description de la bataille, Arrien ne mentionne pas de bouclier porté par Alexandre. Il convient enfin de noter que le bouclier rond richement décoré de latombe de Philippe àVergina appartient sans doute à la panoplie d'apparat d'un roi qui peut combattre aussi bien à pied qu'à cheval[26].

On peut donc supposer que le bouclier n'est pas utilisé par la cavalerie grecque avant leIIIe siècle av. J.-C. L'utilisation d'un bouclier au sein de la cavalerie lourde, comparable aux Compagnons macédoniens, aurait été introduit soit parPyrrhos en s'inspirant des cavaliers romains[27], soit par lesGalates au moment de leurGrande Expédition enGrèce (281-277)[28]. Ces boucliers sont visibles sur certaines pièces (camées, bijoux, figurines en terre cuite, etc.). Un inventaire du trésor deDélos stipule la présence d'un bouclier de cavalerie portant une dédicace àPtolémée de Telmessos, fils deLysimaque prétendant au trône deMacédoine entre279 et 277[29].

Selon l'iconographie, à l'époque hellénistique la majorité des cavaliers gréco-macédoniens porteurs de boucliers sont armés de grands boucliers ronds, dérivés de l'aspis, et quelques-uns portent des boucliers oblongs, communément appelésthuréos. Le bouclier rond étant atypique dans le mondecelte, les Grecs l'auraient donc emprunté aux Romains. Les cavaliers gréco-macédoniens utilisent également des boucliers oblongs de type celtique depuis les années 270. Cependant, en l'état actuel des connaissances, ce type de bouclier n'apparait pas être répandu parmi la cavalerieséleucide oulagide[30].

Effectifs et organisation

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Dispositif traditionnel de l'armée macédonienne du temps dePhilippe II et d'Alexandre, avec les Compagnons (hétairoi) placés à droite.

Sous les règnes dePhilippe II et d'Alexandre, l'unité de base de la cavalerie des Compagnons est l’ilè, un escadron de 250 cavaliers commandé par unilarque et divisé en deuxlochoi, eux-mêmes divisés en deuxtétrarchies de60 cavaliers commandées par untétrarque. De deux à quatreilai peuvent être réunies pour former unehipparchie, ou brigade, sous le commandement d'unhipparque. Au départ de l'expédition d'Asie, Alexandre peut compter sur environ 1 500 Compagnons, répartis en 8 escadrons[31], sachant qu'un nombre équivalent de cavaliers reste stationné en Macédoine, même si nous ignorons le nombre de Compagnons parmi eux[32]. Un escadron de 300 Compagnons, commandés au début du règne d'Alexandre parCleitos, forment la garde équestre du roi (agéma) ou l'escadron royal (ilè basilikè)[31],[9] ; mais il convient de ne pas les confondre avec lessômatophylaques (ou gardes du corps)[12]. Lesilai auraient pu avoir pour base un recrutement régional (par exempleBottiée,Amphipolis ou Haute Macédoine)[33].

Au départ de l'expédition d'Asie en, le corps des Compagnons est commandé parPhilotas. Mais à la suite de son exécution en, Alexandre procède à une réforme de la cavalerie des Compagnons qu'il scinde en deux hipparchies commandées par leshipparquesHephaistion etCleitos le Noir[34],[32]. Une hipparchie est alors composée d'une tétrarchie, soit quatre escadrons. SelonArrien, Alexandre ajoute en une cinquième hipparchie formée d'Orientaux[35] ; cela signifie qu'Alexandre a formé auparavant quatre hipparchies en intégrant les lanciers (sarissophoroi) et de nouvelles recrues grecques ou asiatiques. Il est possible de dater cette réforme aux alentours de l'année. En effet durant la campagne contreBessos,Ptolémée a été placé à la tête de trois hipparchies[36] ; en, sur les bords duSyr-Daria, Alexandre dirige contre lesScythes trois hipparchies[37] ; enfin Alexandre aligne à labataille de l'Hydaspe (), quatre hipparchies de Compagnons et une hipparchie de cavaliers orientaux[38].Quinte-Curce mentionne qu’Alexandre pouvait compter en sur 2 000 Compagnons[39] ; ce qui offre 500 cavaliers par hipparchie. Six hipparques sont attestés par les sources durant les conquêtes d'Alexandre :Héphaistion,Perdiccas,Cratère, Démétrios,Eumène de Cardia etCleitos (à distinguer deCleitos le Noir tué en). Héphaistion exerce de fait une autorité sur les autres hipparques puisqu’il obtient le titre dechiliarque des Compagnons[40], ou d'hipparque des Compagnons[41], comme naguère Philotas[32]. Arrien affirme qu’Alexandre n'a pas désigne pas à la mort de son favori de nouveau chiliarque[40], mais peut-être qu'il confond ici la chiliarchie équestre et la chiliarchie équivalente au titre devizirachéménide, carPlutarque affirme que Perdiccas a succédé à Héphaistion[42], et Diodore estime queSéleucos a reçu par lesaccords de Babylone le titre d’hipparque des Compagnons (donc de chiliarque équestre) à la suite de Perdiccas[43].

Pendant lacampagne d'Inde en,Arrien affirme que les Compagnons sont au nombre de 1 700[44], c'est le montant le plus élevé évoqué par les sources sachant qu'à l'époque les Compagnons comportent des Macédoniens arrivés en renfort ainsi que des Orientaux[32].

Tactique

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Article connexe :Tactique militaire utilisée par Alexandre le Grand.
Formation en coin d'une tétrarchie de Compagnons.

Dans les guerres menées parPhilippe II, c'est laphalange des porteurs desarisses qui tient le rôle principal. Ainsi àChéronée, d'aprèsDiodore[45], l'armée macédonienne ne compte que 2 000 cavaliers pour 30 000 fantassins, même si ces chiffres peuvent être contestés. Philippe peut compter, en plus des Compagnons, sur la cavaleriethessalienne, considérée alors comme la meilleure de Grèce[11]. Dans les campagnes qu'Alexandre au début de son règne contre les peuples septentrionaux et contre lesThébains, la phalange conserve la prédominance sur le champ de bataille[11]. Dans la guerre contre lesIllyriens deClitos etGlaucias, ils ne font pas exclusivement fonction de cavaliers et doivent pouvoir combattre à pied si l'ennemi leur résiste[11]. C'est après ladestruction de Thèbes qu'Alexandre peut lancer les préparatifs de la campagne d'Asie et qu'il réorganise son armée. On peut supposer qu'au cours de l'hiver- Alexandre réforme le corps des Compagnons pour en faire l'outil de sa tactique dite du « marteau et l'enclume ».

La formation tactique de base des tétrarchies (formées de60 cavaliers) est le « coin », ou le « diamant » quand celui-ci est doublé, que Philippe II a repris auxThraces. Cette formation a pour fonction de déstabiliser et de disloquer laphalangehoplitique[7], guère habituée à ce nouveau style de combat : la cavalerie des Compagnons est la première du monde grec à avoir chargé de front des hoplites. La formation en pointe présente également l'avantage de pouvoir garder une cohésion d'ensemble lors des manœuvres avec la possibilité de changements rapides de directions. Letétrarque est placé à la pointe de cette formation triangulaire, tandis que des cavaliers expérimentés occupent le milieu et chaque extrémité des lignes de13 cavaliers. L'ilarque est accompagné d'un héraut relayant ses ordres, et secondé d'unhyperétès. Les quatre coins de l'ilè sont rangés en une seule ligne d'intervalle, respectant un intervalle suffisant entre eux pour leur permettre de manœuvrer. En l'absence d’étriers, la charge se mène dans les derniers mètres avant l'impact. Philippe II a également augmenté le potentiel de sa cavalerie en la répartissant au sein d'unités tactiques (ilai) comptant250 cavaliers.

Rôle dans les batailles

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Les Compagnons se sont particulièrement illustrés dans les batailles livrées parPhilippe II etAlexandre :

Missions diverses

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Durant les conquêtes d'Alexandre, les Compagnons se voient attribuer des fonctions administratives et des missions de confiance[13], sans oublier les Compagnons de haut rang et Amis du roi, commeHéphaistion,Ptolémée,Perdiccas,Cratère ouEumène, qui sont membres duConseil royal. Ces Compagnons peuvent être désignés chef de garnisons (phrourarques),stratèges militaires d'une région et mêmesatrapes, commeMénandre qui reçoit laLydie ouStasanor qui reçoit l'Arie et laDrangiane.Harpale se voit confier la trésorerie royale ;Laomédon est chargé de la surveillance des prisonniers[52]. Enfin ce sont les hétaires, réunis en tribunal, qui condamnent à mortAlexandre le Lynceste. Quand les soldats refusent d'avancer plus loin sur les rives sur l'Hyphase, Alexandre consulte les plus anciens et les plus fidèles des hétaires avant de céder à la requête de ses soldats[53]. Ces Compagnons les plus dignes de confiance forme donc l'état-major de l'armée macédonienne et lui fournissent les grands officiers et les gouverneurs. En vertu de ce titre, les hétaires forment la suite du roi et une cour essentiellement militaire[52].

Un Compagnon ne peut pas être puni de la peine capitale sans le jugement de ses semblables réunis enAssemblée[9].

Attitude face à la politique d'Alexandre

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Tout au long de ses campagnes,Alexandre se montre généreux avec les Compagnons en les couvrant de butin pris auxPerses et leur laissant une grande part des cadeaux qui lui sont faits[54]. Une fois proclaméroi d'Asie, il en fait des exemples à suivre : il les comble d'honneurs et de richesses et demande qu'ils soient vêtus de pourpres et que leurs chevaux soient parés à la mode des Perses. Le gout du luxe et du faste chez les hétaires au temps d'Alexandre est évoqué parPhylarque etAgatharchide[55]. Ses largesses envers eux sont si importantes qu'Olympias s'en effraye. Certains Compagnons se montrent tout de même réticents envers la politique asiatique d'Alexandre et acceptent mal l'incorporation d'Orientaux dans la cavalerie[55]. Afin d'assurer la fusion des élites irano-grecques, Alexandre ordonne que 88 hétaires de haut rang épousent, lors desnoces de Suse, des femmesperses etmèdes[56].

Au temps des guerres des Diadoques

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À la fin du règne d'Alexandre, les Compagnons intègrent de nombreux cavaliers asiatiques (Perses,Mèdes,Bactriens, etc.). Il est donc difficile de parler de « Compagnons macédoniens » pour la période desguerres des Diadoques. On peut considérer qu'il s'agit de cavaliers lourds armés « à la macédonienne », même si le noyau dur reste effectivement macédonien.

Au moment du règlement de lasuccession d'Alexandre, une scission apparait entre lesphalangites, qui soutiennent l'accession au trône deMacédoine deArrhidée, et les Compagnons, fidèles aux décisions duConseil qui a décidé de réserver les droits de l'enfant à naître deRoxane, le futurAlexandre et de prêter serment aux tuteurs provisoires,Perdiccas etLéonnatos. Les Compagnons et les Amis du roi quittent alorsBabylone et en font le blocus, avant qu'un compromis ne soit trouver sur la base d'une royauté collégiale[57]. Par lesaccords de Babylone le commandement des Compagnons passe aux mains deSéleucos, au titre d'hipparque.

Par lesaccords de Triparadisos qui suivent la mort de Perdiccas (321), le commandement de l'armée royale passe aux mains d'Antigone le Borgne, mais le commandant des Compagnons ainsi que leur rôle dans diverses batailles (Orcynia,Crétopolis) n'est pas connu. En319, après la mort d'Antipater, le commandement de l'armée royale passe aux mains d'Eumène de Cardia. Durant labataille de Paraitacène (317), Eumène dispose de 900 Compagnons (Macédoniens et Asiatiques), et de 300 cavaliers de la garde. Antigone dispose lui de 1 000 Compagnons (Macédoniens et Asiatiques)[58] ; ces effectifs sont probablement équivalents à labataille de Gabiène même s'ils ne sont pas spécifiés par les sources. La présence de Compagnons n'est pas spécifiée àGaza (312), àIpsos (301) et àCouroupédion (281), mais il semble évident que des contingents de cavalerie lourde armés comme des Compagnons soit présents dans les deux camps.

Dans les royaumes hellénistiques

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Le rôle de la cavalerie lourde diminue dans les royaumeshellénistiques au profit de laphalange[8], excepté dans l'armée séleucide qui compte d'importants contingents de cavalerie du fait de la longue tradition équestre en Asie. Dans l'armée séleucide, il existe un régiment de 1 000 Compagnons, même si le titre d'hétaire perd son sens original. Ils sont recrutés parmi les jeunes colons gréco-macédoniens et sont moins lourdement protégés que les cavaliers de la garde royale (agéma) ou que lescataphractaires : ils ne portent qu'un casque et une armure sur le torse, leurs bras et leurs jambes n'étant pas protégées[59]. Durant labataille de Panion livré en parAntiochos III, les Compagnons tiennent une place centrale dans le dispositif[60].

Chez lesAntigonides et lesLagides, les régiments de cavalerie lourde ne portent plus le nom de Compagnons mais celui d'escadrons royaux, bien que la mention de Compagnons existe dans des ouvrages modernes concernant l'armée antigonide. Parmi celle-ci, les effectifs de la cavalerie macédonienne perdent en importante : de nombreux mercenairesgrecs outhraces sont recrutés. Une série de reliefs funéraires trouvés en Macédoine indiquent une évolution de l'armement des cavaliers à l'époque antigonide, avec l'adoption d'un grand bouclier rond dérivé de l'aspis.

Notes et références

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  1. Homère,Iliade[détail des éditions][lire en ligne],XVIII, 81 ;XXIII, 69.
  2. a etbMartin 1900,p. 159.
  3. abcde etfMartin 1900,p. 160.
  4. Hatzopoulos 2005,p. 1309.
  5. Élien,Histoire variée,XIII, 4.
  6. Thucydide,La Guerre du Péloponnèse[détail des éditions][lire en ligne],II, 100, 1.
  7. abcd eteMartin 1900,p. 170.
  8. a etbDucrey 2005,p. 434.
  9. ab etcOlivier Battistini, « Hétaires », dansBattistini et Charvet 2004,p. 731.
  10. Polybe,Histoires[détail des éditions][lire en ligne],VIII, 9, 9-10.
  11. abc etdMartin 1900,p. 161.
  12. ab etcMartin 1900,p. 169.
  13. abc etdMartin 1900,p. 166.
  14. Martin 1900,p. 165.
  15. Olivier Battistini, « Sarissophore », dansBattistini et Charvet 2004,p. 946.
  16. DontJohann Gustav Droysen,Paul Faure, Alan B. Bosworth et Bezabel Bar-Kochva.
  17. Nefedkin 2009,p. 356-357.
  18. Arrien,Anabase[lire en ligne],I, 6, 5
  19. Nefedkin 2009,p. 357-358.
  20. Plutarque,Vies parallèles[détail des éditions][lire en ligne], Démétrios, 49, 4.
  21. Nefedkin 2009,p. 358.
  22. Plutarque, Alexandre, 16, 7.
  23. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique[détail des éditions][lire en ligne],XVII, 20, 3.
  24. Diodore,XVII, 21, 2.
  25. Arrien,Anabase,I, 11, 8.
  26. Nefedkin 2009,p. 358-359.
  27. Nefedkin 2009,p. 359.
  28. Nefedkin 2009,p. 363.
  29. Nefedkin 2009,p. 365.
  30. Nefedkin 2009,p. 366.
  31. a etbFaure 1985,p. 55.
  32. abc etdMartin 1900,p. 164.
  33. Martin 1900,p. 163.
  34. Arrien,Anabase[lire en ligne],III, 27, 4.
  35. Arrien,VII, 6, 4. Au sujet des hipparchies asiatiques voir :Griffith 1963,p. 68-74.
  36. Arrien,III, 29, 7.
  37. Arrien,IV, 4, 7.
  38. Arrien,V, 11, 3 ;V, 12, 2 ;V, 16, 3.
  39. Quinte-Curce,L'Histoire d'Alexandre le Grand[lire en ligne],VII, 6, 3.
  40. a etbArrien,VII, 14, 10.
  41. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique[détail des éditions][lire en ligne],XVIII, 3, 4.
  42. Plutarque,Alexandre, 1, 2.
  43. Diodore,XVIII, 3, 4.
  44. Arrien,VI, 14, 4.
  45. Diodore,XVI, 85.
  46. Olivier Battistini, « Bataille de Chéronée », dansBattistini et Charvet 2004,p. 634.
  47. Olivier Battistini, « Bataille du Granique », dansBattistini et Charvet 2004,p. 715.
  48. Olivier Battistini, « Bataille d'Issos », dansBattistini et Charvet 2004,p. 770-771.
  49. Olivier Battistini, « Bataille de Gaugamèles », dansBattistini et Charvet 2004,p. 707-708.
  50. Arrien,III, 18.5-6 ; Quinte-Curce,V, 4, 29.
  51. Olivier Battistini, « Bataille de l'Hydaspe », dansBattistini et Charvet 2004,p. 737.
  52. a etbMartin 1900,p. 167.
  53. Arrien,V, 28, 4.
  54. Plutarque,Alexandre, 23 ; 39.
  55. a etbMartin 1900,p. 168.
  56. Faure 1985,p. 506.
  57. ÉdouardWill,Histoire politique du monde hellénistique 323-, Paris,Seuil,coll. « Points Histoire »,(ISBN 2-02-060387-X), tome 1,p. 21.
  58. Diodore,XIX, 29-31.
  59. (en) Bezalel Bar-Kochva,The seleucid army : Organization and Tactics in the Great Campaigns, Cambridge, Cambridge Classical Studies,,p. 67-74.
  60. Polybe,XVI, 18, 7.

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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v ·m
Dynasties
Principaux rois
Principales régions
Principales cités
Histoire politique
Histoire militaire
Guerres
Batailles
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