Comme les autresreligieux, les Jésuites professent lestrois vœux depauvreté, dechasteté et d’obéissance, mais ils prononcent également unquatrième vœu qui leur est propre, celui de l'obéissance spéciale au pape en ce qui concerne les missions. Ils obéissent à des « Constitutions » définies par Ignace de Loyola et approuvées par la premièreCongrégation générale, suivant lesquelles ils n'adoptent aucun habit religieux particulier mais suivent en ce domaine ce que font les prêtres séculiers. Ils ne recherchent pas les honneurs : leur histoire compte peu d'évêques et de cardinaux. Lepape François,élu en mars 2013, jésuite depuis 1956, est le premier pape issu de l’ordre religieux.
La vocation des Jésuites est de se mettre au service de l'Église catholique. Cela les a conduit à s'engager dans laContre-Réforme post-tridentine et à orienter leurs activités vers l'évangélisation, la justice sociale et l'éducation. Ils ont rapidement formé le premier corps enseignant de la catholicité moderne. Depuis leXVIe siècle, leur ministère s'exerce notamment enEurope, enAmérique latine, enExtrême-Orient et enInde.Jean Lacouture voit en eux les« pionniers d'une aventure humaine au sein d'un monde pris en charge dans sa totalité », hommes d'action et d'initiative, et« découvreurs de mondes, d'êtres, de civilisations différents »[3].
Le créateur de la Compagnie de Jésus estÍñigo de Loyola (enfrançais Ignace de Loyola), qui est d’originebasque. Tout commence en1523 alors qu’Íñigo de Loyola mène une vie d'ermite, il commence à ce moment la rédaction de ce qui deviendra lesExercices spirituels. Le 2 février1528, Loyola, le« pèlerin absolu »[4], âgé de 37 ans, se rend àParis pour poursuivre ses études aucollège de Montaigu puis un an plus tard aucollège Sainte-Barbe[5]. C’est à ce moment qu’il rencontre des personnes avec lesquelles il commence à créer la compagnie. Selon la légende, en novembre 1537, à lachapelle de La Storta àRome, Loyola aurait eu une vision mystique qui le confirme dans ses projets. C’est à partir de là qu’il décide de nommer son groupe la « Compagnie de Jésus ».
Il faudra attendre 1540 pour que cette compagnie soit approuvée par lepapePaul III par unebulle pontificale,Regimini militantis Ecclesiæ (pour le gouvernement de l'Église militante) promulguée le, et qui approuve la fondation de la Compagnie de Jésus comme ordre religieux. À cette époque la compagnie est composée d’environ soixante membres. La bulle sera complétée par celle de 1544,Injunctum nobis, qui supprime la clause de limitation à 60 du nombre de religieux profès.
Parmi les fondateurs se trouvent :Ignace de Loyola,Pierre Favre,François Xavier,Diego Lainez,Alfonso Salmeron,Nicolás Bobadilla etSimao Rodrigues. On désigne cet ordre comme une « compagnie » car au début ses membres se représentaient comme des compagnons. En 1541, Ignace de Loyola est élu comme le premiersupérieur général. Selon le texte soumis par celui-ci en 1539, la Compagnie de Jésus a pour devoir de servir le Christ, l’Église mais aussi d’obéir au pape. On raconte qu’en 1544 lorsque Paul III accorde son approbation à l’institut desUrsulines, celui-ci aurait déclaré à Ignace« je vous ai donné des sœurs »[6].
En effet, dès le commencement se pose la question de l'admission des femmes dans la Compagnie. En 1545, à la demande de Paul III, Ignace de Loyola accepte la création d'une ramification féminine de la Compagnie[7]. Plusieurs femmes y prononcent donc leurs vœux, puis Ignace de Loyola présente ses arguments contre cette création et obtient en 1549 une dispense du pape qui permet de délier de leurs vœux ces quelques religieuses[8]. Une seule femme est admise dans la Compagnie, en 1555, sur la recommandation deFrançois Borgia et avec l'accord d'une commission elle-même approuvée par Ignace de Loyola :Jeanne d'Autriche (1535-1573), princesse de Portugal (mère deSébastienIer,roi de Portugal), reçue sous le pseudonyme masculin de Mateo Sánchez[9].
Buste-reliquaire de St-François-Xavier, cathédrale Sainte Réparate, à Nice (Alpes-Maritimes, France).
Au cours de son cursus universitaire, Inigo de Loyola fait la rencontre dans un premier temps dePierre Favre,François Xavier,Diego Lainez,Alfonso Salmeron,Nicolás Bobadilla etSimao Rodrigues. Ces personnes qui l’entourent constituent ce qu’il appelle« les amis dans le Seigneur »[10]. C’est à cette époque qu’Inigo va romaniser son prénom qui va devenir Ignace. Aussitôt qu’Ignace et ses compagnons ont terminé leurs études, ils vont faire vœu pendant l’été 1534 de se rendre enTerre Sainte pour convertir les fidèles. À ce moment, Ignace a 40 ans et il veut travailler « au bien des âmes ». Il entreprend alors des études dethéologie à l'université de Paris, puis rassemble peu à peu autour de lui desAmigos En El Señor (« Amis dans le Seigneur ») prêts à travailler « pour une plus grande gloire de Dieu », devise qui devait s'illustrer enlatin :Ad maiorem Dei gloriam ou AMDG.
Cependant, Ignace et ses compagnons ne pourront réaliser ce projet en raison des perturbations politiques. En effet, un an plus tard, le Pape organise une croisade contre les Turcs. Le 15 août de la même année, Ignace et ses compagnons font vœu de pauvreté, de chasteté et de célibat et ils souhaitent par la suite entrer dans les ordres. Ce jour du 15 août 1534 est le premier échelon qui va conduire six ans plus tard à la création de la compagnie. Quelque temps après, trois personnes vont les rejoindre :Claude Jay,Paschase Broët etJean Codure. Ils forment un groupe de 10 personnes qui vont être ordonnées prêtres en 1537. L’idée de fonder un ordre religieux est née en 1539, du fait que leur voyage en Terre Sainte devient impossible en raison du contexte politique. Ils vont donc réfléchir pendant les mois qui vont suivre à la construction d’un nouvel ordre. En 1539, ils rédigent leformula Vivendi qui est un document dans lequel ils expliquent le rôle de leur nouvel ordre afin d’obtenir l’approbation du Saint-Siège.
Décidant de se consacrer à Dieu, de faire vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, Ignace et ses neuf compagnons partent en1537 pour l'Italie afin d'obtenir la reconnaissance de leur ordre par lePapePaul III, qui les autorise à être ordonnés prêtres. Il leur accorde ensuite la bulleRegimini militantis ecclesiae en1540, qui fonde officiellement laSocietas Iesu (s.j.).
Ignace souhaite que cette fraternité prenne le titre de « Compagnie de Jésus » pour rappeler en permanence l'engagement militant et sans réserve au service du Christ. Dans labulle pontificale de fondation en1540, on utilise cependant l'expression latine « Societas Iesu ». Le terme « jésuite » n'apparaît que plus tard, vers 1545, et n'eut jamais de caractère officiel[11].
Lorsqu'il se réfère au groupe d’étudiants qui prononcent avec lui leurs vœux à Montmartre en 1534, Ignace de Loyola parle de ses « Amis dans le Seigneur »[12]. Ensuite, après la fondation officielle de la Compagnie en 1540, lorsque les « Amis » commencent à circuler enItalie et ailleurs, on leur donne différents noms : On parle de « Prêtres réformés » en Italie du Nord, d’« Apôtres » auPortugal (ce qui déplait au commentateur officiel des Constitutions,Jérome Nadal, qui rappelle qu’il n’y a que douzeapôtres), d’« Ignaciens » enEspagne (Ignace s’y oppose), de « Paulistes » àGoa (par association au collège Saint-Paul fondé parFrançois Xavier)…
Dans une lettre de[13],Pierre Canisius écrit :« À Cologne, c’est par le terme dejésuites que les membres de la Compagnie sont généralement connus »[14]. Le mot « jésuite » ne se retrouve pas dans les textes fondateurs de la Compagnie, et Ignace de Loyola ne l’emploie pas dans ses écrits. Pourtant, le terme se répand rapidement. Auconcile de Trente, les procès-verbaux désignent déjà comme « jésuites » les membres de la Compagnie qui participent aux délibérations. En 1562, on citeJacques Lainez en tant queGeneralis Jesuitarum.
Une réforme de l'Église, espérée et attendue depuis des années, est rendue plus urgente encore par les succès de laréforme protestante : c'est l'objet de la convocation duconcile de Trente où les jésuites prennent une part importante, puis du mouvement de laContre-Réforme.
À ses débuts, la Compagnie s'occupe d'activités missionnaires, pastorales et intellectuelles, mais elle se tourne dès 1547 vers l'enseignement, qui devient son activité principale vers la fin duXVIe siècle. Elle ouvreun collège àRome en 1551 alors que des jésuites se trouvent déjà auCongo, auBrésil et enAngola. L'activité éducative s'étend aussi dans l'Empire ottoman, avec notamment lelycée Saint-Benoît, établi àConstantinople (Istanbul) en 1583. La Compagnie forme ainsi rapidement le premier corps enseignant de la catholicitémoderne[15].
À la mort d'Ignace de Loyola (1556), la Compagnie compte plus d'un millier de membres. En1615, elle enregroupe 13 000 et en1749,22 500 dont15 000[16] professeurs pour649collèges créés[17].
Dix ans après sa création, la Compagnie de Jésus ouvre son premier collège qui va avoir la particularité d’accueillir des élèves « laïcs ». Beaucoup d’historiens des temps modernes se sont intéressés au rôle que la Compagnie a joué dans le mouvement de laContre-Réforme. En effet, la Compagnie a largement contribué au succès de laréforme catholique mais aussi à la naissance de l’humanisme moderne. De plus la Compagnie de Jésus a joué un rôle majeur dans la création d’unenseignement secondaire de qualité.
L’ordre des Jésuites s’intéresse à l’éducation des jeunes. D’ailleurs, avant l’autorisation du papePaul III pour la création de la Compagnie, des jeunes se pressent déjà pour y obtenir leur admission. Dès 1549, on trouve la présence des jésuites dans une vingtaine de villes comme àRome,Goa ouLisbonne. Avec les conquêtes de l’Amérique, les Jésuites vont s’installer au Brésil et en Inde[5].
En 1551, Ignace de Loyola fonde leCollège romain, à Rome, qui va devenir en peu de temps un établissement de formation pour les Jésuites du monde entier. Il bénéficie d’une excellente réputation au sein des familles aristocratiques dont les fils ne souhaitent pas se tourner vers une vie ecclésiastique. En 1552, environ onze collèges sont construits. En 1543,Pierre Canisius entre dans la Compagnie. Ignace l’envoie àMessine, où il fonde le premiercollège jésuite en Sicile.
En1541,François Xavier en route vers l'Asie fait halte auMozambique[18]. Dans la seconde moitié duXVIe siècle, des jésuites arrivent en Éthiopie pour une mission œcuménique et s'installent dans leRoyaume de Kongo. ÀLuanda, ville fondée par les Portugais, ils fondent un collège, en 1574, le collège Saint-Paul.
En 1660, le jésuite portugaisBalthazar Telles publie son récit de voyage en Éthiopie,Histoire de l'Éthiopie.
Portrait deMatteo Ricci par le frère chinois Emmanuel Pereira
Parmi les pays convoités par les jésuites se trouve laChine où deux hommes,Michele Ruggieri etMatteo Ricci, sont envoyés. Ils pénètrent en Chine en1583 où ils arrivent à Pékin. Les deux hommes vont parvenir à avoir les faveurs de l’Empereur.
En1594, Ricci devient mandarin. Cette mission des jésuites va porter ses fruits puisqu'en 1610, à la mort de Ricci, on compte environ 400 catholiques en Chine même si quelques années plus tard avec la situation politique du pays, les jésuites devront se cacher.François Xavier débarque àGoa dès1542 et y fonde le premiercollège de jésuites, avant de se rendre auJapon où il arrive le. Le daïmio Ōmura Sumitada accorde aux jésuites le fief deNagasaki en1580, mais le Japon traverse une période d'instabilité politique etToyotomi Hideyoshi leur retire ce fief dès 1587 avant de les expulser du pays.
À Goa, les Jésuites se lancent dans une opération de christianisation massive, visible dès la fin duXVIe siècle.
Les savants jésuites duCollège romain suivent avec avidité les découvertes scientifiques et prétendent avoir le monopole des théories efficientes. Leurs astronomes refusent tout crédit aux théories deCopernic. Des échanges épistolaires virulents avec certains des membres du Collège — notammentChristoph Scheiner, le découvreur des taches solaires et l'astronomeOrazio Grassi — finissent par aliéner la Compagnie au savantGalilée. Ce dernier chercheur, croyant sincère dont les protecteurs les plus attentifs ont été des personnalités de la haute église, féru de science, est sensible aux efforts de conciliation du cardinal jésuiteRobert Bellarmin, auteur en1616 de l’exhortation à Galilée d'« abandonner l'opinion copernicienne »[19] mais quelques dirigeants jésuites, soucieux d'affirmer leur monopole politique de la science, provoquent leprocès.
En Italie, les jésuites bénéficient d’une importante liberté due notamment à la réputation du Collège romain dans lequel enseignent des professeurs de renom commeClavius. En Espagne, il y a un climat de tension. En effet, sous le papeClément VIII, un conflit va éclater entre les jésuites et les dominicains à la suite de la publication de l’œuvre du jésuiteLuis de Molina intituléeAccords du libre arbitre avec les dons de grâce. La publication de cette œuvre entraîne une bataille qui oppose les jésuites et les dominicains espagnols. Ce conflit dure jusqu’en 1594, lorsque l’affaire est jugée à Rome. En 1607, le PapePaul V met fin aux hostilités en défendant aux jésuites et aux dominicains de dénoncer la doctrine des autres comme étant dangereuses. En France, les jésuites sont désignés comme des étrangers. Cette réputation est due à cause de la condamnation de 1554 par la faculté de théologie.
Mais la science, en particulier l'astronomie et les mathématiques, reste au centre de leur vigilance théorique. Côtoyant les meilleurs spécialistes, ils s'intéressent aussi à l'instrumentation scientifique et à l'observation. Grégoire de Saint-Vincent peut observer la comète de 1618 àAnvers, à l'aide d'un télescope et de divers « instruments dioptriques ». Son cours de mathématiques à Anvers, même après son rapide départ en 1621, est à l'origine de l'école anversoise, animée parCharles de La Faille, Jean Cierwans et André Taquet, ce dernier professeur du flamandFerdinand Verbiest, astronome à la cour impériale de Pékin.
« La modernité jésuite, à l'épreuve de la France, apparut à la fois choquante et démodée, et la fidélité jésuite àAristote, àCicéron, àsaint Thomas, sembla impure et équivoque. Bien qu’ils fussent en fait, par leurencyclopédisme, les derniers tenants de l'Antiquité vivante, les jésuites passèrent pour traîtres à l'Antiquité. Bien qu'ils fussent par leur adaptation aux réalités du monde de laRenaissance, les premiers historiens, sociologues et ethnologues du catholicisme, ils furent tenus pour ses pires réactionnaires[21]… »
Malgré cela, certains colons continuent d'abuser des Indiens, les réduisant à l'état deserfs. En réaction, les ordres religieux développent une nouvelle manière d'évangéliser les Indiens : maîtrise et promotion deslangues indigènes, étude et préservation descoutumes locales, mise en place d'une organisation sociale et progrès économique des communautés autochtones. Regroupant les Indiens autour de leursmonastères, ils les protègent des excès de l'encomienda, et les sédentarisent.
Dès leur arrivée auPérou, en 1566, les jésuites s'inscrivent dans cette manière de faire. Ils développent le système des « Réductions ». Ce mot fait référence à la tentative de regrouper (reducere en latin) dans un même lieu une population indigène et de les sédentariser.
Les jésuites créent des missions pour les IndiensMojos (ou Moxos),Chiquitos etGuaranis. En misant sur le respect de toutes les dispositions protectrices des Indiens dans lalégislation espagnole, ils obtiennent le soutien desfonctionnaires espagnols.
L'habitation Loyola en 1730, plantation fondée par les jésuites en 1668.
En Amérique du Sud, particulièrement auBrésil et auParaguay, la mission jésuite suscite la réprobation des colons espagnols et portugais puisqu'elle s'oppose au systèmeesclavagiste desencomiendas. Dans lescolonies françaises en revanche, les jésuites vont eux-mêmes devenir planteurs esclavagistes afin de financer leur projet d'évangélisation. Parmi leursplantations les plus importantes, on trouve celles deLoyola et deSaint-Régis en Guyane, ou encore celle deBisdary en Guadeloupe[25].
En 1592, une rébellion éclate enÉquateur, appelée « Révolution desalcabalas », en opposition à l'impôt du même nom décrété par la couronne d'Espagne. Cette révolution se résout après une médiation des jésuites. Elle est parfois vue comme le premier témoignage de l'émergence des Espagnols nés dans la colonie (lescréoles) qui entrevoient déjà la possibilité de l'indépendance. Celle-ci ne se concrétisera que plus de deux siècles plus tard.
Les jésuites créent desréductions, centres dans lesquels les indigènes sont alphabétisés et christianisés, et par là soustraits aux planteurs. La première est créée dès1609 chez les Indiensguaranis[26]. On doit aussi aux jésuites la fondation de plusieurs villes, dontSão Paulo en 1554.
La mission jésuite établie auxCaraïbes et dominant notamment la colonie française deSaint-Domingue[27], malmène lesJuifs qui y vivent et y commercent depuis leXVIIe siècle, en tentant par tout moyen de nuire à leur installation et leur prospérité[28]. En 1681, à laMartinique, ils soumettent même un « Mémoire contre les Juifs »[29] et dénoncent les Juifs convertis de force quijudaïsent en secret[30].
Mais les tensions entre les deux systèmes (encomiendas et réductions) et les rivalités entre l'Espagne et lePortugal, sur fond de disgrâce de la Compagnie de Jésus enEurope, font disparaître ces entreprises. La Compagnie doit faire face à de violentes persécutions dues à sa nouveauté, à son soutien inconditionnel auPape, à l'efficacité de sonorganisation centralisée et à ses positions théologiques. Bien qu'elle soit influente auprès des souverains d'Europe et de la haute noblesse, que ses plus hauts dignitaires confessent, les intérêts économiques des colons finissent par l'emporter : l'ordre est dissous sur les terres espagnoles et portugaises en 1767. Les jésuites sont obligés de quitter les missions vers1767. Les réductions sont alors détruites sauf dans les missions de Chiquitos et Mojos. Cependant leclergé diocésain ne réussit pas à en perpétuer l'esprit. Les missions connaissent alors un déclin progressif. Le filmMission a popularisé l'histoire de la fin brutale et tragique des réductions jésuites.
La Compagnie de Jésus est organisée selon les Constitutions préparées parIgnace de Loyola à partir de1541 et promulguées par la première congrégation générale, en 1558. Elles n'ont pas changé jusqu'en 1965[32].
Elle est dirigée par unPraepositus Generalis, c'est-à-dire unsupérieur général, communément appelé « père général » ou « général »[33], qui est élu jusqu'à sa mort. Il est confirmé par le pape et dispose d'une autorité absolue sur la Compagnie : il nomme les provinciaux (chargés des régions), les« préposés aux maisons professes », les« recteurs des collèges et séminaires ». Sous ses ordres se trouvent des « assistants » dont les tâches sont réparties par zones géographiques ou par ministère (par exemple l'enseignement) et qui forment le conseil consultatif auprès du « général ». Les jésuites dépendent de leur supérieur provincial et non de l'évêque ordinaire[34].
Un vicaire général assisté d’un secrétaire de la Compagnie s'occupe de l'administration quotidienne de la Compagnie. L'« admoniteur » du supérieur général a un rôle privé et confidentiel. Il ne participe pas au gouvernement de la Compagnie.
La Compagnie est divisée en « provinces » géographiques, chacune sous les ordres d'un supérieur provincial qui est choisi par le « général » et a autorité sur tous les jésuites et les ministères de sa zone. Il est assisté d'unsocius, équivalent d'un secrétaire général chargé de l'administration. Chaque communauté est gouvernée par un recteur assisté d'un « ministre » (le mot latin signifie « serviteur »).
Le pouvoir du « supérieur général » n'est pas sans contrôle : au-dessus de lui la « congrégation générale » contrôle son administration et peut le révoquer si nécessaire. La congrégation générale réunit tous les « assistants », les supérieurs provinciaux et les représentants élus par les profès. Elle se réunit irrégulièrement, le plus souvent pour élire un nouveau supérieur général ou pour résoudre des problèmes majeurs concernant la Compagnie. Elle a aussi pour fonction d'édicter une législation de l'Ordre. La curie générale de la Compagnie est située àRome auBorgo Santo Spirito 4.
Les jésuites sont supposés ne pas se distinguer par un habit différent de celui des séculiers, ni rechercher les honneurs : aux termes des Constitutions, ils promettent« de ne rien faire pour obtenir une prélature ou dignité en dehors de la Compagnie, et de ne pas consentir à ce que leur personne soit choisie pour une telle charge, autant qu’il dépendra d’eux, à moins d’y être contraints par l’obéissance envers qui peut leur commander sous peine de péché »[35]. Leur histoire compte ainsi peu d'évêques ou cardinaux et le papeFrançois, élu enmars 2013, jésuite depuis 1956, est le premier pape issu de cet ordre religieux.
L'une des premières versions duchristogramme : monogramme IHS surmonté d’une croix et coiffant un cœur transpercé par trois clous[36] — symboles de la crucifixion — puis dans les versions ultérieures seulement par les trois clous considérés comme l’expression des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance[37].
Le sceau de la Compagnie, ouchristogramme,IHS, représente les trois premières lettres de IHΣOYΣ (Iêsous), « Jésus » en grec[38].
La devise de la Compagnie,« Ad majorem Dei gloriam » (« Pour une plus grande gloire de Dieu »[39]), rend compte de la diversité des tâches des jésuites. Outre l'enseignement, qui s'étend à tous les niveaux, ils pratiquent la prédication, sontmissionnaires, directeurs de conscience, enseignent lathéologie, effectuent des recherches scientifiques, etc.
Les jésuites se distinguent par leur formation intellectuelle. Alors que les autres ordres ne réclament qu'un an de noviciat avant la profession solennelle, le futur jésuite doit d'abord subir une probation de deux années, au bout desquelles il émet les premiers vœux qui constituent le premier degré, celui des « scolastiques » pour ceux qui se destinent à la prêtrise, celui des « coadjuteurs temporels approuvés » pour ceux qui seront employés aux offices domestiques.
Il doit ensuite consacrer trois ans à l'étude de la philosophie et des sciences, puis pendant deux ans, il exerce une activité apostolique (souvent professorat), et quatre à cinq années encore à étudier la théologie, qui le mènent vers lesacerdoce. Après quelques années d'activités apostoliques, chaque jésuite effectue une dernière année de formation spirituelle (appelé le « Troisième an ») et fait saprofession religieuse définitive : auxvœux de pauvreté,chasteté etobéissance s'ajoute alors, pour certains, unvœu d'obéissance spéciale au pape« en ce qui concerne les missions »[40].
En1614, un jésuite polonais, chassé de sa congrégation, publie pour se venger le livretMonita secreta societatis Jesu, un faux livre d'instructions aux jésuites sur la manière de se comporter pour augmenter le pouvoir et les richesses de la Compagnie. Ce mythe imprègne les esprits, et notamment les esprits libéraux desXVIIIe et XIXe siècles.
En1704 et1742, à la suite de laQuerelle des rites, le Pape interdit les prétendus « rites chinois », des rites que les missionnaires jésuites tolèrent enChine parce qu'ils les estiment relever davantage de croyances sociales et familiales que véritablement religieuses.
Allégorie de l'expulsion des Jésuites du Portugal, v. 1759.
En France, les jésuites subissent les attaques des jansénistes, gallicans et parlementaires, puis des philosophes de l’Encyclopédie auxquels ils répondent avec leurJournal de Trévoux et leurDictionnaire de Trévoux. L’« affaire Lavalette » (scandale financier à la suite de la banqueroute du jésuiteAntoine Lavalette) constitue une bonne occasion pourLouis XV d'interdire par décision royale la Compagnie et de labannir deFrance en1763-64, ses deux cents collèges étant alors fermés. Déjà chassés duPortugal en1759, ils le sont encore d'Espagne en1767 et duduché de Parme et Plaisance en 1768. Cependant, leroi Stanislas, avant1766, les accueille dans sonduché de Lorraine, resté théoriquement indépendant du royaume de France.
L'opposition des cours européennes est si forte que lepapeClément XIV en vient, le 21 juillet1773, àsupprimer la Compagnie de Jésus partout dans le monde ; c'est le brefDominus ac Redemptor. EnRussie, la tsarine orthodoxeCatherine II interdit la promulgation de la bulle papale, et enPrusse le roi protestantFrédéric II fait de même, heureux de marquer sa désapprobation au Pape, tout en profitant de l'aubaine que constituent tous ces savants et ces professeurs pour organiser l'enseignement et la recherche dans ses États.
La bulle débute par la clausead perpetuam rei memoriam et on peut y lire :« Il est à peu près impossible que, la société des jésuites subsistant, l'Église puisse jouir d'une paix véritable et permanente ».
Lorsque la Compagnie fut dissoute en 1773, il y avait 23 000 jésuites dans le monde, répartis dans 39 provinces. La Compagnie avait alors 800 résidences, 700 collèges (avec une équipe enseignante de 15 000 personnes) et 300missions[41].
En1814, la Compagnie est rétablie par le papePie VII, mais les attaques continuent tout au long duXIXe siècle :
enFrance, les jésuites (ils sont en 1878, au nombre de 1 514 répartis sur 46 établissements et 1 085 jésuites en 1861)[42] sont bannis à nouveau en1880, puis en1901 avec les autres congrégations. À la suite des décrets deJules Ferry interdisant aux congrégations religieuses d'enseigner dans le pays[43], les Jésuites commencent à émigrer dès 1880 àJersey : « Ils rachètent d'abord un hôtel sur la colline deSaint-Hélier dont ils font unscolasticat (La Maison Saint-Louis) qui accueillera 3 000 séminaristes comme les pèresPierre Teilhard de Chardin ouHenri de Lubac jusqu'en 1954. […] Le père Marc Antoine de Chevrens, un Suisse arrivé de Chine, fait ériger en 1893 un observatoire pour étudier la force des vents ». Du fait de son équipement moderne pour l'époque, le site devient une installation de référence et sera convoité — sans succès — par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale ;
enSuisse, c'est seulement en1973 que fut abrogée l'interdictionconstitutionnelle de l'activité des jésuites. Cette interdiction, qui remontait à1848, était le résultat de laguerre du Sonderbund, au début de la Suisse moderne. Avec leKulturkampf pour toile de fond, le bannissement des jésuites avait été confirmé par lesarticles d'exception, lors de la révision constitutionnelle de 1874 ;
la Norvège est restée interdite aux jésuites jusqu'en 1956 ;
leClaim of Rights Act, voté par le Parlement d'Écosse en 1689 et encore en vigueur aujourd'hui, dispose que« les érections d'écoles et de collèges pour les jésuites, les chapelles et les églises allant contre le protestantisme et célébrant la messe publique, sont contraires au Droit »[44].
Ces bannissements n'empêchèrent pas la Compagnie d'investir de nouveaux champs. Les missions reprirent en Amérique du Nord ou àMadagascar. Les jésuites y fondèrent des universités au cours duXIXe siècle.
Leur implantation en Amérique latine est marquée dans les années 1980 par une série d'assassinats, notamment auSalvador :Rutilio Grande le 12 mars 1977 ; et six prêtres jésuites, parmi lesquels le théologienIgnacio Ellacuría, le 16 novembre 1989, à l'université UCA, fondée par eux en 1965 et accueillant 8 000 étudiants[48].
Ignace de Loyola insiste pour que les membres de la Compagnie aient un bon niveau de culture générale. Très vite l'enseignement devient une activité importante : les jésuites produisent au cours des siècles un énorme travail de formation des élites dans leurs collèges et des écrits importants que ce soit dans le domaine de la Foi comme dans ceux des sciences ou de la réflexion socio-politique.
En 1548, à Messine (Sicile), s'ouvre la première maison de formation pour jeunes appelée« collège »: c'est lecollège de Messine. En 1551, leCollège romain est ouvert, à Rome. À la mort du fondateur (1556), les jésuites dirigent45 collèges ; en1572 dans leDuché de Bar, est ouverte l'Université de Pont-à-Mousson. En 1580, il existe144 collèges jésuites,dont 14 en France. L'expérience vécue dans les premiers collèges est codifiée en une sorte de charte de l'éducation : leRatio Studiorum.
Dans lesannées 1740, les jésuites dirigent plus de650 collèges en Europe, et ils ont la charge de24 universités et de plus de200 séminaires et maisons d'étude.
La compagnie de Jésus fonde à Córdoba, en 1622, la première université enArgentine et, par la suite, différentes universités sur le continent.
Aux États-Unis, la tradition intellectuelle riche et diverse ducatholicisme fait depuis longtemps partie intégrante de la vie académique de l'Université de Georgetown (États-Unis). Cette université de haut niveau continue à enrichir la vie intellectuelle de l'Église au moyen des nombreuses contributions de ses programmes, professeurs, et étudiants. La Société de Jésus a fait partie intégrante de l'université tout au long de son histoire. Alors que l'université et la communauté jésuite sont des entités distinctes et gouvernées séparément, elles sont unies par une longue tradition et un esprit commun d'apprentissage et de foi.
Les jésuites qui vivent et travaillent à l'université sont un signe visible de son engagement progressiste, dans la lignée de son héritage catholique jésuite. Le président John J. DeGioia a créé un séminaire jésuite pour des membres du conseil de l'administration et autres officiers supérieurs de l'université pour discuter spécifiquement de la tradition catholique et jésuite, et de l'association de la tradition avec la mission pédagogique, la diversité et les futures initiatives.
Une opinion de Voltaire sur l'éducation qu'il avait reçue
Voltaire a écrit contre les jésuites à de nombreuses reprises. Néanmoins, en tant qu'ancien élève ducollège Louis-le-Grand, où le pèreCharles Porée lui enseigna larhétorique et sut l'encourager, Voltaire manifeste envers la Compagnie une certaine reconnaissance :
« J'ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnent des peines gratuites et infatigables à former l'esprit et les mœurs de la jeunesse. Depuis quand veut-on que l'on soit sans reconnaissance pour ses maîtres ? Quoi ! il sera dans la nature de l'homme de revoir avec plaisir une maison où l'on est né, le village où l'on a été nourri par une femme mercenaire, et il ne serait pas dans notre cœur d'aimer ceux qui ont pris un soin généreux de nos premières années ? Si des jésuites ont un procès au Malabar avec un capucin, pour des choses dont je n'ai point connaissance, que m'importe ? Est-ce une raison pour moi d'être ingrat envers ceux qui m'ont inspiré le goût des belles-lettres, et des sentiments qui feront jusqu'au tombeau la consolation de ma vie ? Rien n'effacera dans mon cœur la mémoire du père Porée, qui est également cher à tous ceux qui ont étudié sous lui. Jamais homme ne rendit l'étude et la vertu plus aimables. Les heures de ses leçons étaient pour nous des heures délicieuses ; et j'aurais voulu qu'il eût été établi dans Paris, comme dans Athènes, qu'on pût assister à de telles leçons ; je serais revenu souvent les entendre. J'ai eu le bonheur d'être formé par plus d'un jésuite du caractère du père Porée, et je sais qu'il a des successeurs dignes de lui. Enfin, pendant les sept années que j'ai vécu dans leur maison, qu'ai-je vu chez eux ? La vie la plus laborieuse, la plus frugale, la plus réglée ; toutes leurs heures partagées entre les soins qu'ils nous donnaient et les exercices de leur profession austère. J'en atteste des milliers d'hommes élevés par eux comme moi ; il n'y en aura pas un seul qui puisse me démentir[49]… »
— Lettre au père de Latour ; à Paris, le 7 février 1746.
Voltaire a écrit plusieurs fois au père Porée, dont une lettre du 15 janvier 1729 où se trouve cette formule :
« Vous m’avez appris à fuir les bassesses, à savoir vivre, comme à savoir écrire. »
La devise de la Compagnie,Ad maiorem Dei gloriam, dont les initiales AMDG servaient d'épigraphe à la plupart des livres qui émanaient d'elle, inspire ces propos àPierre Larousse :
« Au temps où florissaient à Montrouge et à Saint-Acheul les maisons d'éducation de la Compagnie de Jésus, la célèbre devise jouait un rôle important dans ladiscipline. Le révérend pèrefouetteur (ceux qui ont été placés sous sa main pourraient l'attester) avait fait graver les quatre initiales sur le manche du terrible martinet. La gent écolière était fouettéead majorem Dei gloriam, gloire dont elle se serait sans doute fort bien passée[50]. »
La Compagnie de Jésus est présente — à travers84 « provinces »,5 « régions indépendantes » et10 « régions dépendantes »[51] — dans112 pays et sur tous les continents[52]. Avec ses 14 439 membres — dont 10 432 prêtres, 837 frères, 2 587 scolastiques et 583 novices — au, c'est numériquement le plus important ordre religieux[53] masculin[54] intégré[55] et le deuxième effectif religieux masculin au sein de l'Église catholique, juste derrière l'ensemble divisé desbranches franciscaines[56],[57] et devant lessalésiens[58],[59].
Comme pour la plupart desordres catholiques, leur nombre est en diminution : les jésuites étaient 36 000 en1966[60] et encore 30 000 en1973[54], 25 724 en1984, 23 179 en1994, 20 170 en2004[61], 16 986 en 2013[61] et 14 439 en 2022[62]. En perte de vitesse en Europe (3 386) et en Amérique du Nord (2 046), ils sont maintenant majoritairement répartis en Asie (3 955), en Amérique latine (1 859), en Afrique (1 712), en Asie-Pacifique (1 481)[63]. La Compagnie est également confrontée à la concurrence d'instituts religieux plus récents.
L'éducation demeure la principale activité des jésuites dont le nombre de missionnaires — 30 % de la Compagnie[64] —, particulièrement en Asie et en Afrique, dépasse celui de tout autre ordre religieux[65], faisant des jésuites le premier ordre missionnaire mondial[64].
La « famille ignatienne » regroupe les différentes congrégations, communautés ou associations — tant religieuses que laïques — despiritualité ignatienne mais relevant de statuts canoniques variables. Elles ont en commun la pratique desExercices spirituels d'Ignace de Loyola[66]. Leurs effectifs oscillent, selon les cas, de quelques dizaines de membres à plusieurs dizaines de milliers. Leur nom se réfère souvent au fondateur des jésuites ou àFrançois Xavier.
Parmi ces communautés figure laCommunauté de vie chrétienne (CVX), ses membres forment de petits groupes qui font partie de plus larges communautés au niveau régional et national, constituant ensemble une communauté mondiale. La CVX est présente dans 59 pays. Elle dispose àRome d'un secrétariat international.
LeMouvement eucharistique des jeunes (MEJ) est un mouvement ignatien. Il regroupe des jeunes âgés de 7 jusqu'à 20 ans qui suivent une formation basée sur la spiritualité ignatienne. Ce mouvement est présent dans plus de 80 pays.
Le réseau Magis (ex-réseau Jeunesse ignatien), fondé au début des années 1980[67], entend valoriser une pastorale ignatienne auprès de la jeunesse. Il est destiné aux jeunes de 18 à 35 ans[68].
EnFrance, la Compagnie publie régulièrement ses travaux dans plusieurs revues dont les plus connues sontÉtudes,Christus etProjet. Elle est également active dans l'enseignement scolaire (dix-sept établissements dont lelycée Saint-Louis-de-Gonzague àParis, l’externat Saint-Michel à Saint-Étienne où Saint-Joseph de Tivoli à Bordeaux) et supérieur (cinq établissements, dont les célèbres classes préparatoires dulycée privé Sainte-Geneviève àVersailles). Elle possède ses propres facultés dethéologie et dephilosophie, à Nairobi, Abidjan, Kinshasa (philosophie), Pune, New-Delhi, Manille, Tokyo, Berkeley, Londres, Bruxelles (théologie), Beyrouth, etc. En France ces facultés sont regroupées auxFacultés Loyola Paris, àParis.
EnInde, la revue théologique mensuelleVidyajyoti journal of Theology.
AuxÉtats-Unis, la Compagnie de Jésus publie depuis1909 la revue hebdomadaireAmerica, considérée comme modérée, voire libérale, dans ses prises de position au sein de l'Église catholique[70].
Fondé en 1980 par le Père Pedro Arrupe, leService jésuite des réfugiés (JRS France) travaille dans 40 pays. Il a pour ambition d'accompagner, de servir et de défendre les droits des réfugiés ou des personnes déplacées contre leur volonté que ce soit à cause de conflits, de désastre humanitaire ou de violation des droits de l'homme.
Le cardinalHenri de Lubac (1896-1991), théologien, auteur duDrame de l'humanisme athée, a joué un très grand rôle dans la préparation duconcileVatican II.
Karl Rahner, (1904-1984), théologien allemand, influença beaucoup le concileVatican II.
De nombreux jésuites ont joué un rôle important dans les sciences, notamment enhistoire naturelle, à l'image du plus prolifique d'entre eux, l’anthropologuePierre Teilhard de Chardin et :
François d'Aguilon (1567-1617), mathématicien, physicien, maître en optique et architecte
EnEspagne, l'École de Salamanque, à partir de la théorie desdroits naturels, proposa une théorie de la valeur, et justifia la propriété privée et laliberté deséchanges. Ses auteurs principaux étaient des dominicains et des jésuites :
Giuseppe Castiglione (1688-1766), premier peintre à la cour impériale. Il fut parmi les artistes préférés des Empereurs de ladynastie Qing qui le nommèrent en 1716 de son nom chinois.
Moi, Jeronimo Lobo ou le voyage extraordinaire d'un jésuite en Abyssinie au XVIIe siècle, roman de Gérard Geist, éditions L'Harmattan, Paris, 2019.
Le moineau de Dieu, roman deMary Doria Russell, met en scène plusieurs jésuites qui dirigent une mission vers une planète pour y trouver des extraterrestres.
Pour la plus grande gloire de Dieu, roman deMorgan Sportès, Editions du Seuil, sur le rôle des jésuites dans la tentative de conquête duSiam par Louis XIV.
En FranceMarc-Antoine Charpentier fut au service des Jésuites pendant dix ans. Il composa à leur demande deux opéras,David et Jonathas H 490 etCelse martyr (perdu), ainsi qu'un grand nombre d'œuvres de circonstance à grand effectif. Son successeur estHenri Desmarest en 1693. En Italie,Carissimi (maître de Charpentier lors de son séjour à Rome), mais aussiPalestrina,Victoria ont été au service des Jésuites.
Domenico Zipoli, un jésuite italien, est le grand compositeur musical desRéductions jésuites d’Amérique du Sud. Il composa pour la fête de la Saint Ignace unemesse de Saint Ignace et desvêpres de Saint Ignace.
↑« Amis dans le seigneur » : expression d’Ignace de Loyola utilisée une première fois dans une lettre de 1537« De Paris sont arrivés ici, au milieu de janvier, mes neuf amis dans le Seigneur… », Lettre à Mosén Juan de Verolay.
↑Le terme de « jésuite » est antérieur à la fondation de la Compagnie. À la fin duMoyen Âge, en Europe, on rencontre déjà le mot latinjesuita dans le sens de « bon chrétien », disciple de Jésus. AuXIVe siècle,Ludolphe le Chartreux, dans saVita Christi, écrit :« Au ciel, nous serons appelés jésuites par Jésus lui-même, c'est-à-dire 'sauvés par le Seigneur' ». Par dérision, ceux qui se posent trop visiblement en« bons chrétiens » sont qualifiés de « jésuites ».
↑Josy Birsens,Manuels de catéchisme, missions de campagne et mentalités populaires dans le duché de Luxembourg auxXVIIe – XVIIIe siècles, Luxembourg, Publications de la Section Historique de l'Institut Grand-Ducal de Luxembourg (vol. 105),, 434 p.,p. 189-212.
↑Louis Châtellier,La religion des pauvres. Les sources du christianisme moderneXVIe – XIXe siècles, Paris, Aubier,,p. 25-107.
↑Y.Leroux, R.Auger et N.Cazelles,Les jésuites et l'esclavage Loyola : l'habitation des jésuites de Rémire en Guyane française, Presse de l'Université du Québec,(ISBN978-2-7605-2450-7,lire en ligne),p. 294.
↑Il fut ultérieurement réinterprété comme « Ièsous hèmôn sôter » (« Jésus notre Sauveur »), « Iesus Hominis Salvator » (« Jésus Sauveur de l'homme ») ou « Iesum Habemus Socium » (« Nous avons Jésus comme compagnon »).
↑"Gloire, renom, réputation" : telle est la traduction de "gloriam" selon le dictionnaireGaffiot.
↑cf. formule de l'Institut §3 (Lettre apostoliqueRegimini militantis Ecclesiaedu 27 septembre 1540 & Lettre apostoliqueExposcit debitum du 21 juillet 1550) :« […] que chacun de nous soit lié… par un vœu spécial, de telle sorte que nous soyons tenus d'exécuter… tout ce qu'ordonnent le Pontife Romain actuel et les autres qui lui succéderont, concernant le bien des âmes et la propagation de la foi […] » ;« Il est bon de rappeler dans quelle intention la Compagnie a fait le vœu d'obéir, sans alléguer d'excuse, comme au Souverain Vicaire du Christ : il s'agissait d'être envoyé parmi les fidèles ou les infidèles, partout où il jugerait que ce serait utile pour une plus grande gloire divine et un plus grand bien des âmes »,Septième partie des Constitutions,no 603 cf.Précisions sur leperinde ac cadaver..
↑Voilà qui relativise ce que Voltaire écrira dans sonDictionnaire philosophique à l'article « Amour nommé socratique » : « [Si Sextus Empiricus] vivait de nos jours, & qu'il vît deux ou trois jeunes Jésuites abuser de quelques écoliers, aurait-il droit de dire que ce jeu leur est permis par les constitutions d'Ignace de Loyola ? », laissant croire qu'il s'agit de faits habituels.
↑On retrouvera le passage dansFlore latine,[lire en ligne].
↑En 2012, les trois branches principales des « frères mineurs » (OFM, OFM Cap. et OFM Conv.) comptent respectivement 14 123, 10 786 et 4 289 religieux, d'après(en) David M. Cheney, « Institutes of Consecrated Life », surCatholic-Hierarchy,.
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Jésuites : des hommes aux frontières, ouvr. coll., préface deJean Lacouture, introduction parFrançois Euvé sj,Étvdes hors-série, 2013
Lettres édifiantes et curieuses des jésuites de l'Inde au dix-huitième siècle, recueil de textes d'Isabelle Vissière et Jean-Louis Vissière, illustre la découverte et la construction de l'altérité par des jésuites à l'époque moderne, Université de Saint-Etienne, 2000
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