
Lacommunication politique est une forme decommunication spécifique aux affairespolitiques. Dans lesdémocratiespluralistes, elle a généralement pour vocation d'aider à l'élection de la personne qu'elle sert avant ou pendant unecampagne électorale et à favoriser le soutien de l'opinion publique lors de l'exercice d'un mandat.
« Communication politique » est uneuphémisme pour parler de lapropagande, terme devenu extrêmement négatif à la fin desannées 1970, car lié à la notion detotalitarisme[1],[2],[3],[4].
Depuis lagénéralisation de l'Internet et desréseaux sociaux, et dans le contexte d'une mondialisation de l'information, la communication politique a intégré de nouveaux genres médiatiques, dont les « fausses nouvelles », la « désinformation », la « mésinformation », la « manipulation des médias », les « comportements inauthentiques coordonnés » et la diffusion d'« information problématiques »[5],[6]. Ces moyens nouveaux ont permis l'apparition de nouvelles formes de « propagande » et de manipulation des votes et de la démocratie, notammentvia la délivrance de messages biaisés ou mensongers, et surtout très ciblés. Comme l'a révélé lescandale Facebook-Cambridge Analytica et celui, plus discret d'Aggregate IQ, depuis le milieu des années 2010, ces messages sont parfois mis au point avec des algorithmes perfectionnés et l'intelligence artificielle, et basés sur nos profils psychologiques, secrètement créés sur la base dedonnées personnelles parfois illégalement acquises.
La propagande et la manipulation de l'information ne sont pas nouvelles, mais elles sont devenues plus saillantes et omniprésentes avec l'avènement de l'ère du numérique a bouleversé la manière de créer, illustrer, personnaliser, diffuser et interpréter les messages politiques, ainsi que leurs impacts sur les individus, la société et la démocratie.
Pour Steve Chaffee (1975), spécialiste de lacommunication[7], la communication politique est la« part prise par la communication dans le processus politique ».
Dans l'introduction de leurEncyclopedia of Political Communication, Lyna Lee Kaid et Christina Holtz-Bacha précisent que la communication politique concerne également« les activités du gouvernement qui visent à influencer le fonctionnement des organes exécutifs, législatifs et judiciaires, les partis politiques, les groupes d’intérêt, les comités d'actions politiques et les autres parties prenantes du processus politique »[8].
L’élection présidentielle américaine de 2016 marque une étape importante dans l’usage des réseaux sociaux pour la communication politique. La campagne deDonald Trump illustre particulièrement commentInstagram est devenu un outil de propagande visuelle. Le candidat a créé une stratégie permettant de diffuser ses messages tout en créant une attache émotionnelle avec son public. En effet, les images publiées mettaient souvent en avant le slogan« Make America Great Again », des drapeaux américains ou des foules enthousiastes. Elles montraient aussi Trump dans des moments de proximité avec ses partisans. Ce type de contenu visuel a aidé le candidat à se construire une image forte, centrée sur son personnage et sur l’idée de redonner sa grandeur au pays. Cette stratégie a intéressé de nombreux chercheurs, notamment Benjamin Moffitt (2022), qui en propose une lecture intéressante. De fait, il montre comment les leaders populistes se servent d’Instagram pour représenter visuellement « le peuple »[9]. En comparant Donald Trump etBernie Sanders, il observe que les publications de Trump montrent un public plus homogène, majoritairement blanc, masculin et d’âge moyen, alors que celles de Sanders valorisent la diversité. Selon Moffitt (2022), ces différences visuelles démontrent deux visions opposées du peuple et soulignent l’importance du rôle des images dans la communication politique.

Depuis, de nombreux candidats à travers le monde se sont inspirés de cette stratégie. En France, aux États-Unis, ou encore au Brésil, les responsables politiques adoptent des codes similaires (selfies, vidéos "coulisses", et formats verticaux)[10].
Alors que lediscours politique a longtemps bénéficié d'une aura grâce à l'ascendant, le prestige et l'autorité des personnalités politiques, il a en grande partie perdu de son crédit depuis leXXe siècle qui voit le modèle dialogiste être remplacé par le modèle propagandiste (symbolisé par lecommunisme et lenazisme) puis par lemarketing politique et sa rhétorique particulière[11].
Le discrédit de la communication politique dans lesdémocratiesoccidentales est renforcé à la fin duXXe siècle par lapeopolisation de la sphère et du débat politique sous l'influence de l'égalitarisme[12] et de la multiplication des médias qui ont paradoxalement un contenu informationnel uniforme privilégiant le fond à la forme[13]. Dans le contexte de déclin des institutions politiques et descorps intermédiaires[14], le style de communication politique abandonne larhétorique de la mobilisation au profit de l'esthétique de la séduction[15]. Cette démonétisation de la parole politique est également stigmatisée par son recours important aux alentours des années 1990, au coaching de communicants et austorytelling qui« s’inscrit logiquement dans une tradition de manipulation des esprits dont les fondements ont été établis au début duXXe siècle par les théoriciens américains du marketing et de la propagande »[16] : si les citoyens restent sensibles aux effets langagiers du discours politique et aux mécanismes rhétoriques, ils n'en sont pas dupes et n'ont souventpas le temps comme les journalistes de décrypter tous ces mécanismes. L'idéalhabermassien d'une sphère publique avec une communauté de citoyens éclairés par des médias de masse qui garantiraient les conditions de possibilité d'une organisation sociale pleinement démocratique (modèle dedémocratie délibérative) apparaît difficilement atteignable dans ce contexte de défiance des politiques et de leur rhétorique manipulatoire[17],[18].
EnFrance, les réunions politiques évoluent depuis les dernières années duSecond Empire jusqu’à la fin de laTroisième République : les premières sont des réunions qui se développent grâce à la loi du (liberté de réunion sous condition d'autorisation préalable, excepté la réunion électorale), la loi du (liberté de réunion sous condition de déclaration préalable en période électorale)[21] et grâce au discours républicain qui les conçoit comme de possibles assemblées délibératives où le citoyen fait l’apprentissage du débat contradictoire et forme son jugement politique. Elles se veulent unencadrement des masses privilégiant la raison aux émotions[22] par peur des foules et de leur violence lors de rassemblements spontanés sur la voie publique[23].
La période duboulangisme et de l'affaire Dreyfus voient apparaître des réunions, en parallèle avec les manifestations de rue, qui se veulent des démonstrations unilatérales de force d'un parti, avec en corollaire des tentatives d'obstruction, ou des contre-meetings et contre-manifestations des partis adverses. Laloi de 1901 et l'apparition despartis politiques renforcent cette évolution[24].
Dans les années 1920, la notion de réunion est remplacée par celle de « meeting politique », véritable vitrine du parti et « grand-messe » populaire (il arrivait alors que la moitié des électeurs assistent aux meetings lors des périodes électorales)[25].
Dans les années 1930, le meeting est menacé, concurrencé et objet de confusions avec la manifestation de rue. Il devient dès lors essentiellement composé de militants des partis organisateurs[26], n'attire plus que 3 % des électeurs dans les années 1990[25], se réduisant à des discours destinés à quelques extraits dans les médias[27].
Dans les années 2000, la diffusion téléviséeen direct généralisée par les chaînes d'information en continu et sur Internet et les réseaux sociaux redonne une place importante au meeting, comme en témoignent les investissements importants qu'ils génèrent lors descampagnes présidentielles correspondantes[28]. C'est notamment cette inflation des dépenses événementielles qui est à l'origine de l'affaire Bygmalion durant la campagne de 2017.
Des innovations ont même lieu pour renouveler le genre, notamment en 2017 avec des meetings réalisés en duplex sous la forme d'unhologramme parJean-Luc Mélenchon[29].
Enseignement
Plusieurs écoles et universités dispensent des formations relatives à la communication politique. Citons parmi les plus connues : l'Institut d'études politiques de Paris (IEP), communément appelé « Sciences Po », l'École des hautes études en sciences de l'information et de la communication - Celsa et l'universitéParis 1 Panthéon-Sorbonne dont le « master de communication politique et institutionnelle », ex « DESS de communication politique et sociale », ouvert en 1979[30], est le plus ancien diplôme délivré en France dans ce champ.[réf. souhaitée]
« Avec l'expression « communication politique », on évite le terme très péjorativement connoté de « propagande », plutôt réservé aux contextes caractérisés par le monolithisme des médias, le contrôle direct par les gouvernants et le culte omniprésent du chef. (…) De la sorte, on laisse penser que l'art moderne de la « communication politique » n'est pas de la vulgaire propagande. Il s'agit en fait d'un euphémisme destiné à rehausser le prestige social de la réclame et des communicants. »
« Après 1968, les partis renoncent à leur « Secrétariat à la propagande » et lui préfèrent le vocable de « communication politique » »