LaCommunauté valencienne (envalencien et officiellement :Comunitat Valenciana[2] ; enespagnol :Comunidad Valenciana) est l'une des dix-septcommunautés autonomes d'Espagne et une région historique de lapéninsule Ibérique, également connue sous d’autresappellations commePays valencien[3],[4],[5],[6],[7] (País Valencià,País Valenciano[8]),région valencienne (regió valenciana,región valenciana) ou simplementValence (València,Valencia)[9]. Elle regroupe les provinces deValence (València),Alicante (Alacant) etCastellón (Castelló), dont le territoire réuni correspond, à quelques détails près, à celui de l'ancienroyaume de Valence, fondé en 1239 parJacquesIer d'Aragon.
La Communauté valencienne compte 5 051 250 habitants, soit 10,6 % de la population de l'Espagne. Elle a pour capitaleValence (València) avec 825 948 habitants (en 2024) et une agglomération de 1 730 853 habitants. La deuxième ville en population estAlicante (Alacant) avec 330 525 habitants, et la troisièmeElche (Elx), avec 227 659 habitants. Ces deux dernières villes font partie d'une agglomération de 724 662 habitants.
Les langues officielles sont lecatalan, localement désigné sous la dénomination traditionnelle de « valencien »[10],[11], couramment utilisé par près de la moitié de la population[12], et l'espagnol. Par ailleurs, en raison de l'immigration récente, il existe d'importantes minorités linguistiques anglaise, roumaine, arabe, française et allemande. 13,3 % de la population recensée en2006 n'était pas de nationalité espagnole.
Les plus anciennes traces d'occupation humaine sur le territoire du Pays valencien remontent auPaléolithique moyen. Des traces de l'homme de Néandertal datant de 40 000 ont effectivement été observées àAlcoy,Bellús etVillena. Il faut cependant attendre leNéolithique pour que se développe une occupation sédentaire.
LaDame d'Elche, symbole de la présence ibère au Pays valencien.
Après la défaite du dernier empereur romain en 476, les terres valenciennes sont intégrées dans un grandroyaume wisigoth ayant sa capitale àToulouse. Après la défaite contre lesFrancs en 507, le royaume wisigoth rassemble la plus grande partie de la péninsule Ibérique dont la capitale estTolède.
Carte des royaumes de taïfa de la péninsule Ibérique en 1031.
En 711 le royaume s'effondre sous les assauts desSarrasins, qui s'emparent de toute la péninsule. Entre 712 et 718 tombent les places fortes de Valence,Elche,Sagonte,Tarragone et de nombreuses autres. Les foyers de résistance sont éphémères et peu nombreux et lacivilisation arabe d'Al Andalus s'impose comme culture dominante. Elle se montre tolérante envers les cultures autochtones. L'invasion est suivie d'une importante migration des Goths hispaniques de l’autre côté des Pyrénées. En 956, l'émirat de Cordoue proclame son indépendance, et son échec à organiser Al Andalus comme une structure politique stable provoque entre 1009 et 1050 son rapide démembrement en une multitude de petits royaumes, les taïfas. Le territoire valencien est divisé entre lestaïfas de Tortosa, celle d'Alpuente, deValence et celle deDénia[14].
Entre 1094 et 1102,le Cid parvient à rétablir un royaume chrétien, avec la collaboration desMozarabes. La reconquête par lesAlmoravides, connus pour être intransigeants sur le plan religieux, est suivie de leur émigration massive vers laCastille et rien n'atteste une présence mozarabe ultérieure sur le territoire valencien[15].
Les origines du Pays valencien remontent à laconquête des territoires menée parJacquesIer d'Aragon entre 1229 et 1245. Le territoire est instauré enroyaume, qui dispose à partir de 1261 d'une législation propre, lesfors (furs en valencien) au sein de lacouronne d'Aragon. À ce premier territoire est ajoutée, en1304, une partie duroyaume de Murcie (correspondant à la part méridionale de l'actuelleprovince d'Alicante), qui avait été conquise auparavant par lacouronne de Castille.
L'union dynastique desRois catholiques, à la fin duXVe siècle, est à l'origine de l'union politique des royaumes hispaniques, y compris le royaume de Valence, qui conserve cependant sa législation et ses institutions propres.
En 1707, lors de laguerre de Succession d'Espagne, le nouveau monarquePhilippe V, contre qui avaient majoritairement pris position les villes du royaume durant le conflit, promulgue lesdécrets de Nueva Planta, qui placent le territoire sous le régime unique du royaume de Castille. Certaines zones subissent une forte répression[16]. Les fors sont annulés, laGénéralité est supprimée et lecastillan est instauré comme langue unique de l'administration[13].
Après la mort dugénéral Franco et le début de latransition démocratique espagnole, un gouvernement régional provisoire, leconseil du Pays valencien, est mis en place afin de mener la région vers un régime d'autonomie. Après un vif conflit identitaire connu sous le nom debataille de Valence, qui voit l’émergence d'un courant idéologiqueanticatalaniste local, leblavérisme, celui-ci prend officiellement effet en 1982 avec l'adoption d'unstatut d'autonomie qui officialise la nouvelle dénomination de Communauté valencienne (Comunitat Valenciana) pour la région. En 2006, une réforme de ce dernier affirme la reconnaissance de celle-ci en tant quenationalité historique au sein de l'Espagne.
Variation du climat méditerranéen : typique (marron), continental (orange) et sec (rose).
Le climat de la façade maritime estméditerranéen, et se rapproche peu à peu duclimat continental lorsqu'on s'avance dans les terres. Dans la zone d'Alicante,Benidorm etOrihuela, les températures sont particulièrement élevées l'été et le climat plus aride. Une partie du Pays valencien est également soumise auclimat de montagne en raison de l’altitude élevée.
La moyenne annuelle de précipitations, relativement uniforme, se situe entre 450 et 500 mm[17].
Les principaux fleuves sont leJúcar (Xúquer), leSegura et leTuria. Il existe un certain nombre de fleuves côtiers au débit irrégulier : leVinalopó, larivière de la Sénia, laPalancia (Palància), leSerpis, etc. Ils sont intensivement mobilisés au service de l’activité humaine.
Le territoire de la communauté rassemble lesprovinces d'Alicante, Castellón et Valence, qui constituent des entités juridiques propres gérées par lesdéputations provinciales correspondantes.
Les communes (municipis) sont des entités dotées d'une pleine personnalité juridique et constituent les unités territoriales de base. Elles jouissent de l’autonomie dans la gestion de leurs intérêts. Les conseils municipaux (Ajuntaments) peuvent créer des « mancommunautés », entités intercommunales destinées à mettre en commun certaines compétences et à assurer une gestion plus efficaces des services municipaux.
Les plus grandes municipalités (2012) > 30 000hab.[18]
L'économie valencienne fut longtemps dominée par l'agriculture. Au cours duXIXe siècle, la région développa quelques foyers d'industrialisation (Elx,Sagonte,Alcoi...), ainsi qu'un réseau de manufactures locales spécialisées et de modestes dimensions, mais l'économie était dominée par la production d'agrumes destinés à l'exportation sur le marché européen, secteur dans lequel la région reste de nos jours un acteur important.
Au cours de la seconde moitié duXXe siècle, durant le franquisme, le Pays valencien adopta un régime économique moderne, avec un développement axé sur letourisme[19].
En2002, le Pays valencien a généré 10,5 % duPIB espagnol et 12 % des exportations, étant ainsi la deuxième communauté autonome exportatrice d'Espagne.
Un trait historique important de la démographie de la région est la forte densité dans les zones de culture situées sur les rives des grands fleuves ou sur le littoral, qui concentre les noyaux urbains importants. Parmi les villes importantes dans l'histoire de l'ancien royaume on peut citer dans l'AntiquitéSagonte ouDénia, durant le Moyen Âge et l'époque moderne Valence,Xàtiva (deuxième ville du royaume jusqu'à sonincendie en 1707),Orihuela (Oriola),Alicante,Elche,Gandia etVillarreal, ou plus récemmentAlzira etCastellón de la Plana.
Vue de Benidorm.
Cette distribution traditionnelle, conditionnée par l'orographie et les possibilités d'irrigation agricole, explique en grande partie la répartition actuelle de la population, caractérisée par la prépondérance des comarques méridionales et centrales. Au cours desXIXe et XXe siècles développement de l'industrie industrielle ou de agro-alimentaire a permis l'essor démographique d'autres villes intérieures commeAlcoy,Elda,Novelda,Ontinyent,Petrer,Villena etla Vall d'Uixó.
Les mouvements migratoires internes, qui se sont trouvés accélérés ces dernières années, montrent une nette tendance à la désertification des zones intérieures et une concentration dans les capitales de province et leurs aires urbaines (parmi les plus remarquables :Torrent,Mislata,Paterna,Burjassot,Sant Vicent del Raspeig, etc.) ou dans les municipalités situées sur la côte. De la sorte, certaines agglomérations historiquement très réduites, comme Benidorm ouTorrevieja, ont connu un accroissement spectaculaire de leur population basé sur l'essor dusecteur touristique, avec une urbanisation intense du littoral, particulièrement durant la période estivale.
Depuis l'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenne, l’infrastructure de transports de la région a bénéficié d'une aide importante.[citation nécessaire]
Le principal axe ferroviaire du Pays valencien est le dénommécouloir méditerranéen, qui relie la gare frontalière dePortbou, enCatalogne, avec la commune murcienne deLorca. Il traverse tout le territoire valencien du nord au sud.
La région est également connectée avecMadrid depuis Valence viaCuenca ouAlbacete, et depuis Alicante via Albacete. Elle est reliée à l'Aragon depuis Sagonte.
Depuis la fondation du royaume de Valence, le Pays valencien est caractérisé par l’existence de deux zones linguistiques hétérogènes : une zone de languecastillano-aragonaise (voirChurros (Pays valencien)) et une zonecatalanophone, largement dominante tant en termes de vitalité économique et démographique, de superficie et de nombre de localités que d'importance démographique.
Malgré une forte capacité d'intégration des nombreux immigrants, issus notamment de Castille et d'Aragon tout au long de son histoire, par les zones côtières catalanophones, la configuration particulière du territoire, en particulier la séparation entre territoires contrôlés par des nobles d'origine aragonaise sous un régime féodal et des territoires contrôlés par une bourgeoisie majoritairement issue de Catalogne sous un régime plus libéral, peut expliquer l'absence d'assimilation des premiers par les seconds[24].
Dans les grandes villes de la zone catalanophone, ainsi que dans l’ensemble de la province d’Alicante, le valencien est actuellement minoritaire.
En 1983 fut adoptée laLoi d'usage et d'enseignement du valencien, qui érige la langue comme co-officielle avec le castillan au niveau des institutions, établit les zones de prédominance des deux langues, et définit la récupération et la promotion du valencien comme l’une des priorités de la Généralité. Cette loi débouche sur la mise en place d’une « ligne d’enseignement en valencien », c’est-à-dire le droit théoriquepour les parents ou les responsables légaux de choisir dans le cadre de l’enseignement public un système d’immersion (la principale langue véhiculaire de l’enseignement est le valencien, les cours de castillan étant peu ou prou les seuls dispensés dans cette langue)[25]. En 2007, les programmes d'immersion étaient suivis par environ un peu moins d'un quart des élèves valenciens[26]. Le valencien est pratiquement absent de l'enseignement privé et reste très peu usité par l'Église dans la région.
Sur le plangastronomique, la région est surtout connue à l'étranger pour ses nombreux plats à base deriz (arròs en valencien), le plus connu desquels étant lapaella, souvent présenté comme plat national espagnol ; d'autres préparations typiques à base de riz sont :arròs a banda,arròs al forn,arròs negre (riz noir),arròs amb costra etarròs caldós.
Le climat méditerranéen valencien est très favorable à la culture desagrumes et deslégumes, en particulier celle de l'orange (taronja), fruit typique de l'agriculture valencienne.La culture d'amandes (ametlles) est elle aussi très répandue.
Quant aux boissons, on peut citer l'horchata (orxata en valencien), typique d'Alboraya, faite à partir d'eau, de sucre et desouchets, consommée habituellement en été.
Parmi les desserts les plus renommés, on y trouve lesPeladillas (élaboration typique àCasinos) et leturrón (torró), sorte de nougats à base d'amandes. Produit àJijona et àCasinos, c'est le dessert traditionnel pourNoël dans toute l'Espagne et dans une partie de l'Amérique latine.
Enfin, la Communauté Valencienne est une région vinicole, avec notamment les vins des régions d'Utiel-Requena et d'Alicante.
↑Lors du prochain renouvellement du parlement valencien, le nombre de sénateurs désignés tombera à cinq du fait d'une baisse de la population en dessous des cinq millions d'habitants.
↑Jean-Claude Daumas, Pierre Lamard, et Laurent Tissot,Les territoires de l'industrie en Europe,1750-2000 : entreprises, régulations et trajectoires : actes du colloque international de Besançon, 27, 28 et 29 octobre 2004,Presses universitaires de Franche-Comté,(lire en ligne),p. 398.
↑Christian Lagarde,Le discours sur les « langues d’Espagne », Presses universitaires de Perpignan,.
↑Pierre Bonnassie etPierre Guichard,« Les communautés rurales en Catalogne et dans le pays valencien », dansCharles Higounet,Les communautés villageoises. En Europe occidentale, du Moyen Âge aux Temps modernes, Presses universitaires du Midi,(lire en ligne),p. 65.
↑La désignation de l'ensemble du territoire régional par le nom sa capitale est extrêmement fréquente et ancienne — par exemple, c’est ainsi que le territoire valencien est désigné dans laConstitution de 1812 (la première de l’histoire de l'Espagne) ou dans leprojet de constitution fédérale de 1873. —, mais présente l’inconvénient d’être ambiguë.
↑Entrée « Catalan langage » dans l'Encyclopædia Britannica, version en ligne disponible au 3 janvier 2011.
↑Cette possibilité est en réalité limitée dans la pratique : les souhaits ne sont pas toujours satisfaits et de nombreux élèves suivent les lignes en castillan malgré la demande contraire de leurs responsables légaux. Dans différentes zones catalanophones toutefois, la ligne en valencien est en réalité la seule proposée par les établissements publics.