Au nombre de 19 aujourd'hui, mais de 64 jusqu'en 1918, on y ajoute traditionnellementBudapest, qui bénéficie cependant d'un statut particulier. Les comitats maillent le territoire hongrois de manière contigüe. En raison de la centralisation politico-administrative de la Hongrie, les compétences des collectivités comitales (vármegyei önkormányzat) restent très limitées. Celles-ci concernent les services qui s'appliquent sur l'ensemble du territoire comital, les établissements scolaires secondaires (collèges), les établissements médicaux spécialisés ainsi qu'un rôle de coordination de l'aménagement du territoire. De plus, elles ne s'appliquent pas aux villes de droit comital qui disposent de leur propre conseil comital (vármegyei közgyűlés) superposée au conseil local.
Le prince Géza (972-997) et son fils,Étienne Ier (997-1035) convertissent la Hongrie au catholicisme et fonde leRoyaume de Hongrie. Ce royaume est divisé en Comitats royaux au rôle flou et dont on ne connait pas le nombre avec précision (entre 25 et 70). En 1222, le roiAndré II promulgue une« bulle d'Or » par laquelle les comitats « royaux » deviennent comitats « des nobles » dirigés par la noblesse locale[3].
L'organisation administrative du Royaume de Hongrie après la réforme Josephienne (1782-1785)
En 1785, l'empereurJoseph II d'Autriche décide d'un nouveau découpage du pays en 10 départements (Bezirke) dans la suite des réformes commencées sous le règne de sa mèreMarie-Thérèse de Habsbourg[4] qui avait placé à la tête de chaque comitat un gouverneur de confiance. Cette nouvelle organisation du territoire n'a cependant été de courte durée, puisqu'on revient à un système de comitat en 1790 juste avant la mort du roi Habsbourg[5].
Le régime comital du royaume de Hongrie après le Compromis austro-hongrois
La réforme administrative de1876 supprime les particularités locales héritées du féodalisme et établit 72 nouveaux comitats, avec des limites simplifiées pour rendre l'administration de l'État plus efficace dans lespays de la Couronne de Saint-Étienne issus duCompromis austro-hongrois de1867, soit les deux royaumes associés deHongrie (64 comitats) et deCroatie-Slavonie (8 comitats).
En 1950, la Hongrie adopte une réforme administrative d'inspirationsoviétique visant à rationaliser la structure territoriale du pays. Cette réorganisation, accompagnée d'une restructuration des districts, établit le système des conseils populaires et remplace les 25 comitats et 14 villes à statut municipal par 19 départements (megye) et la ville deBudapest. L'objectif est d'équilibrer la répartition de la population et des superficies, tout en instaurant un modèle de gouvernance centralisé.
Cette transformation repose sur plusieurs textes législatifs, dont la loi XX de1949, qui établit les principes fondamentaux de l'organisation territoriale et confie au Conseil des ministres la gestion du découpage administratif, et la loi XXVI de 1949, qui entraîne l'intégration de 7 villes départementales et 16 grandes communes dans leGrand Budapest. Un décret gouvernemental (4.343/1949 du 14 décembre) définit la nouvelle nomenclature des départements et confie au ministre de l'Intérieur l'organisation détaillée de la transition, mise en œuvre par deux décrets ministériels (29 janvier et 12 mars 1950), entraînant une application en deux étapes. En parallèle, la loi I de 1950 sur les conseils locaux établit le cadre des nouveaux organes du pouvoir d'État et place le Conseil municipal de Budapest sur un pied d'égalité avec les conseils départementaux.
Toutefois, la réforme ne s'applique pas immédiatement partout. Dans les départements deKomárom etNógrád, les nouvelles préfectures ne deviennent effectives qu'en 1952, entraînant le maintien temporaire des anciens chefs-lieux :Balassagyarmat reste la capitale de Nógrád jusqu'à son transfert àSalgótarján, tandis qu'Esztergom conserve ce rôle jusqu'à son remplacement parTatabánya. Certains services de l'État, comme les tribunaux départementaux, conservent également leur siège historique pendant plusieurs décennies, le tribunal de Komárom n'étant déplacé d'Esztergom à Tatabánya que dans les années 1980, tandis que ceux de Békés et Nógrád restent encore aujourd'hui àGyula et Balassagyarmat.
Si la réforme de 1950 marque une rupture majeure, le découpage territorial reste largement inchangé pendant plus d'un demi-siècle, une stabilité inédite dans l'histoire administrative hongroise. Seuls quelques ajustements sont effectués : en 1962, le chef-lieu de Csongrád est transféré deHódmezővásárhely àSzeged ; en 1956,Bakonycsernye passe de Veszprém à Fejér ; et en 1978,Keszthely et son district sont rattachés à Zala après leur séparation de Veszprém.
Des modifications interviennent également dans le statut des villes. En 1954,Debrecen,Miskolc,Pécs et Szeged sont érigées en villes à statut départemental, les plaçant hors de la juridiction de leur département, avant que cette disposition ne soit abrogée en 1971 et remplacée par un statut de « ville départementale » (megyei város), étendu àGyőr. En 1989,Kecskemét,Nyíregyháza etSzékesfehérvár obtiennent ce même statut, qui est toutefois supprimé en 1990.
1990 : Réorganisation territoriale dans la Hongrie post-communiste
La loi LXV de 1990 sur les collectivités locales transforme profondément l'administration hongroise. Elle vise à établir une démocratie locale en réduisant le pouvoir des départements, qui perdent leur capacité à lever des impôts et sont cantonnés à un rôle de coordination et de gestion de services publics. Cette transition entraîne un changement d'identité pour plusieurs départements : Győr-Sopron devientGyőr-Moson-Sopron, Szolnok devientJász-Nagykun-Szolnok, Komárom devientKomárom-Esztergom, et Szabolcs-Szatmár devientSzabolcs-Szatmár-Bereg.
Un nouveau statut de « ville à statut départemental » (megyei jogú város) est créé, offrant une large autonomie sans séparation administrative. Son adoption se fait progressivement : 20 villes obtiennent ce statut en 1990, suivies de 2 en 1994, 1 en 2006 et 2 en 2022. Aujourd'hui, toutes les capitales départementales (sauf Budapest) ainsi que sept autres grandes villes en bénéficient.
Après 1990, les modifications territoriales restent limitées. Le plus visible concerne Veszprém, qui perd 11 communes au profit de Győr-Moson-Sopron entre 1992 et 2002 (Csikvánd, Gyarmat, Szerecseny en 1992 ; Bakonypéterd et Lázi en 1999 ; Bakonygyirót, Bakonyszentlászló, Fenyőfő, Románd, Sikátor et Veszprémvarsány en 2002). D'autres ajustements ont lieu, notamment en 1996, avec le transfert de Dunafalva de Baranya à Bács-Kiskun, celui de Tiszaug de Jász-Nagykun-Szolnok à Bács-Kiskun en 1999, ainsi que le rattachement de Szárliget de Fejér à Komárom-Esztergom. En 2013, Balatonvilágos est transférée de Veszprém à Somogy.
Selon ses détracteurs, cette réforme est avant tout symbolique et déconnectée des enjeux réels du pays, détournant l'attention des problèmes économiques et sociaux. Ils dénoncent également une volonté dugouvernement Orbán de renforcer une rhétorique nationaliste, en réintroduisant un terme associé à l'ancienneHongrie royale et à l'aristocratie féodale, ce qui serait perçu comme anachronique dans un État moderne et membre de l'Union européenne. D'autres voix critiquent le coût administratif engendré par ce changement, notamment la mise à jour des documents officiels et des enseignes institutionnelles, jugée superflue en période de difficultés économiques.
Il existe 13 minorités nationales, ethniques et religieuses reconnues officiellement par la loi en Hongrie. La loi de1993 leur donne le droit de voter à l'échelle nationale ainsi qu'à l'échelon de chaque collectivité territoriale (comitats et localités) pour leurs propres représentants. Ces derniers forment descollectivités des minorités (kisebbségi önkormányzat) qui disposent de compétences particulières pour fixer le calendrier de leurs fêtes et célébrations, contribuer à la préservation de leurs traditions et participer à l'éducation publique. Ces collectivités particulières peuvent ainsi gérer des théâtres publics, des bibliothèques, des institutions scientifiques et artistiques, attribuer des bourses d'études et dispenser de services en direction de leur communauté (aides juridiques notamment).