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LeComité Vietnam national (CVN) est un groupe français constitué le 30 novembre 1966[1] pour protester contre l'intervention américaine au Vietnam. Présidé par le mathématicienLaurent Schwartz, qui une dizaine d'années plus tôt avait présidé un autre comité, lecomité Maurice-Audin, dans le contexte de laguerre d'Algérie, le CVN rassemblait de nombreuses personnalités ainsi que beaucoup d'étudiants et de lycéens actifs dansles premières réunions de sensibilisation de la jeunesse à la cause vietnamienne. En 1968,Nicolas Boulte est secrétaire du CVN.
Outre Laurent Schwartz, le CVN comprenait des intellectuels de gauche mais non communistes, comme l'historienPierre Vidal-Naquet (lui aussi naguère membre du comité Maurice-Audin et militant contre latorture pendant la guerre d'Algérie),Jean-Paul Sartre ouVladimir Jankélévitch (autre philosophe), le physicienAlfred Kastler, etc.
Hétérogène, le groupe, qui bénéficiait de l'appui de la revue desTemps modernes, publiait un journal,Vietnam. Les manifestations organisées par le CVN (dont les Six heures de la Mutualité le, auxquelles participent Schwartz, Sartre et Jankélévitch devant plusieurs milliers de personnes) s'effectuaient souvent avec le soutien du syndicat étudiant de l'UNEF.
Le mercredi 20 mars 1968, vers18 h 30, quartier de l'Opéra, à Paris : environ deux-cents militants du CVN, dont le nombre est gonflé par celui duComité d'action lycéen[2], soit environ 200 personnes, surgissent devant l'American Express dont ils cassent les vitrines à coups de barres de fer et de projectiles, et dont ils bombent la façade de slogans anti-impérialistes[3]. L'action ne dure que quelques minutes et les militants s'éparpillent très rapidement. Six personnes seront tout de même interpellées, sur place ou à leur domicile[4], dontNicolas Boulte secrétaire du CVN et Xavier Langlade membre du service d'ordre de laJeunesse communiste révolutionnaire (JCR). Les jours suivants, leur libération sera l'une des revendications des étudiants de la faculté de Nanterre, contribuant à déclencherMai 68[5].
En septembre 1966, la création des Comités Vietnam lycéens avait été renforcée trois mois après en décembre par l'exclusion de l'opposition lycéenne de la Jeunesse Communiste, qui vient renforcer leurs rangs[6].
L'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJCml, maoïste) a de son côté fondé à la même époque et pour le même combat un comité cependant rival, le groupe desComités Vietnam de base (CVB).
Les Comités Vietnam de base sont surtout actifs de l'automne 1967 à juin 1968[7] et surtout implantés dans l'université auprès des étudiants[7], en particulier à la Sorbonne, où se met en place un «Comité Vietnam Histoire» qui évoque régulièrement les origines historiques du conflit, «La guerre d'Indochine et ses conséquences»[7], un conflit au cours duquel les étudiants et les intellectuels s'étaient peu exprimés[7]. Le CVH de la Sorbonne cherche à mobiliser les étudiants en histoire, via un journal dont deux numéros sont publiés en février et en avril 1967[7].
À l'échelle nationale, lesComités Viêtnam de base publient le journalVictoire pour le Vietnam[7].
Les 30-31 mars 1968 se tient à Paris le premier Congrès des Comités Vietnam de base (CVB)[8], qui annonce 120 CVB à Paris et région parisienne, 150 en province[8]. Dans la foulée, du1er au 3 avril, dans une série de trois article deMichel Legris,Le Monde se demande : « Qui sont les « pro-chinois » en France ? »[8],[9],[10],[11].
Le maoïsteJean-Paul Cruse, devenu journaliste àLibération[12] racontera en 2009 que le Comité Vietnam de Base duLycée Louis-le-Grand, où il est élève (avecAntoine de Gaudemar), regroupait 150 élèves[12].