Lecombat de coqs est un type decombat d’animaux qui consiste à faire s'affronter deuxcoqs domestiques préparés aux combats sur une aire circulaire prévue à cet effet (appeléegallodrome dans le Nord de la France, gallodrome ou « pitt » aux Antilles et « rond » à la Réunion). Cette pratique ancienne est controversée en raison des souffrances et parfois des morts qu'elle entraîne, tant et si bien qu'elle est interdite dans de nombreux pays. Cette tradition reste néanmoins populaire dans différentes régions du globe (Asie du Sud-Est, Amérique Centrale et du Sud)[1].
"Two cocks fighting: striving for Christ and the palm of glory."[2]Combat de coqs luttant pour le Christ et les lauriers de la gloire - Sarcophage deSainte-Agnès.
Le combat de coqs est aussi vieux que la domestication ducoq sauvage. Le coq sauvageGallus gallus aurait été domestiqué enAsie pour ses qualités belliqueuses. Cela date de la sédentarisation des premiers agriculteurs dans ces régions. De l'Asie, la pratique s'est répandue en Europe grâce auxPhéniciens, auxGrecs et auxRomains[3]. Il eut beaucoup de succès enGrande-Bretagne, enIrlande, enEspagne, dans lesFlandres. Il fut tellement populaire en Angleterre, notamment dans l'aristocratie, queCromwell décida de l'interdire pour éviter les rassemblements des royalistes autour des « pits », arènes[3].
De l'Europe, il fut exporté auxÉtats-Unis par les Anglais et Irlandais, auBrésil par les Portugais et dans le reste de l'Amérique latine par les Espagnols[4].
Aux États-Unis, il fut pratiqué par les premiers présidents et fut tellement populaire que l'aigle américain fut préféré de justesse au coq de combat comme symbole national[5]. Certains lui reprochaient de rappeler le colonisateur anglais puisque bon nombre de souches de coqs de combat provenaient d'Angleterre[5].
L'Afrique l'a moins connu, mis à partMadagascar où il fut amené 700 ans auparavant par les migrants venus d'Asie, puis par les commerçants arabes[6].
En France, la loi ne l'autorise que dans les localités où la tradition est ininterrompue, c'est-à-dire dans une vingtaine de gallodromes des départements du Nord et du Pas-de-Calais, et dans ceux de laGuadeloupe de laMartinique et dela Réunion (gallodromes appelés « pitt » dans les Antilles ou « rond » à la Réunion)[8].
La domestication du coq sauvage (Gallus gallus) est apparue dès que l'espèce humaine s'est sédentarisé en Asie. Cette domestication des volailles lui fournit des œufs et de la viande. Mais surtout cela lui permit de s'identifier à cet animal qui lui ressemblait tellement[9]. Comme lui, il est bipède[9]. Il a un dimorphisme sexuel bien marqué[9]. EnInde,« les ethnographes soulignent le rapport d'intimité constant entre le coq et le coqueuleur, parfois comparé à une sorte de fusion identitaire entre l'animal et le mâle humain[10] ».
Il apprécie les céréales tout en étant omnivore. Il défend sa famille contre les prédateurs. Et finalement, il combat avec les semblables de son sexe pour s'approprier un territoire et une ou des femelles. En organisant des combats de coqs, les premiers agriculteurs trouvaient un moyen de réguler les conflits entre eux par l'intermédiaire de leurs coqs[11].
L'agriculture avait permis à l'espèce humaine d'avoir une abondance de nourriture mais aussi lui imposait de vivre nombreux sur un espace réduit. Les conflits virils à l'intérieur de la communauté pouvaient présenter un danger. Il fallait orienter, sublimer cette agressivité sans qu'elle nuise à la communauté. Les hommes d'une communauté ne pouvaient s’entre-tuer. Une solution était un sport ritualisé, telle que la lutte[11], une autre solution est le combat de coqs qui permet aux propriétaires de s'affronter sans risques pour eux, quels que soient leur force physique et/ou leur âge[9].
Dans plusieurs régions du monde, telle Bali, le combat de coq n'est pas tant considéré comme un spectacle que comme un sport à dimension sociale et religieuse[9].
ÀBali, les combats de coqs, appeléstetadjen ousabungan enbalinais[12], sont pratiqués depuis extrêmement longtemps. L'anthropologueClifford Geertz explique dans son ouvrageThe Interpretation of Cultures que, chez les Balinais, ce n'est qu'en apparence que les coqs se battent, et que, derrière cela, ce sont les hommes qui s'affrontent[13]. Il y explique notamment la place importante des combats de coqs dans la société balinaise.
Ergots naturels remplacés par des ergots plus grands affûtés.
Elle consiste à mettre, dans une sorte de ring circulaire, deuxcoqs dont les ergots sont coupés et remplacés par des ergots en corne (plus longs et affûtés) ou en acier[16]. Les deux coqs sont présentés face à face et se battent, des paris sont pris sur le vainqueur[17],[18].
Le combat de coq est une pratique diversifiée. Les règles et le profil des coqs varient d'une région à l'autre. Il existe néanmoins trois grands types de combat de coqs :
Le combat devitesse pratiqué avec des ergots artificiels en métal, soit une lame ou une pointe. Ce type de combat est très court et expéditif.
Le combat d'endurance pratiqué avec l'ergot émoussé ou recouvert de bandes de tissu ou d'un capuchon. Ce type de combat est plus long et l'issue est habituellement l'abandon ou leKO.
Le troisième type de combat est un intermédiaire entre les deux précédents qui se pratique avec l'ergot naturel pointu ou avec un ergot artificiel lui ressemblant[19].
Les coqs ont une tendance naturelle à se battre. À la fin duXVIIIe siècle, dans son traité d'histoire naturelle,Leclerc de Buffon rapporte plusieurs traditions de combats de coqs et d'autres oiseaux (cailles[24]) fondés sur les combats fréquents, naturels et« terribles » entre les oiseaux polygames pour les faveurs des femelles. Il cite notamment le coq de bruyère[25], la capture par les Indiens de gallinacés sauvages distincts de ceux d'élevages spécialement pour ces combats[26], et la« fureur des combats de coqs[27] » et des paris à Sumatra[28]. Tous se fondent sur l'aptitude naturelle des gallinacés à se battre :
« Les hommes, qui tirent parti de tout, pour leur amusement, ont bien su mettre en œuvre cette antipathie invincible que la Nature a établi entre un coq et un coq ; ils ont cultivé cette haine avec tant d'art que les combats de deux oiseaux de basse-cour sont devenus des spectacles dignes d'intéresser des peuples, même des peuples polis [...] »
Malgré un comportement naturel attesté, le travail des éleveurs ou coqueleurs est de sélectionner les souches (ou races) les plus combatives[30], voire de lescroiser avec des faisans[31] et d'écarter ceux qui ne sont pas les plus aptes au combat[30]. Les œufs sont sélectionnés en fin d'hiver, et font 55 grammes[30]. Génération après génération, le coqueleur conserve les poussins mâles et 2 à trois femelles de la couvée, de façon à pouvoir forcer l'accouplement entre les meilleurs individus[32].
Après éclosion, les poussins mâles sont séparés plus ou moins tôt. Vers 5 mois, les animaux commencent à devenir dangereux et sont séparés de la volière commune. Certaines poules jugées moins robustes sont destinées à l'alimentation, les autres réservées à la ponte. Vers 10 mois, les mâles sont isolés jusqu'à ce qu'ils soient prêts au combat[30]. Chaque jeune coq est isolé et placé dans un enclos séparé. Selon les coutumes locales, le coq sera sans poule, avec une poule ou avec un petit groupe de poules. Leur régime alimentaire est très éloigné de celui des animaux de basse-cour[30].
Quinze jours avant ses premiers combats l'alimentation du coq est changée[30]. Dès lors, pour Marie Cegarra, le soin apporté à l'alimentation de l’animal constitue un point essentiel de son alimentation. Le coq est alors considéré comme un athlète et« mérite de ce fait que lui soit appliquée la diététique du sportif[30] ».
Les coqs de combat sélectionnés sont entraînés pour développer leur combativité et endurance. La préparation physique commence par de la course et des exercices de musculation, et est suivie par des combats d'entraînement avec les ergots protégés pour éviter les blessures. Le premier combat d'entraînement commence en général vers 8 mois; il a pour but de savoir si le sujet est assez combatif pour poursuivre une carrière complète. Le deuxième se fera à 10 mois et puis tous les quinze jours jusqu'au premier combat officiel. La durée de ces combats de préparation augmentera progressivement, passant de 5 minutes à une trentaine de minutes[19],[34].
La tradition des combats de coqs est l'objet de controverses à travers le monde, en raison notamment des mutilations ou de la mort des animaux dont les ergots sont parfois remplacés par une lame ou une pointe en métal[35]. Outre les souffrances infligées aux coqs de combat,les pratiques d'élevage de ces coqs sont régulièrement dénoncées comme contre nature. Ainsi, l'isolement modifie chez l'animal la notion d'espace vital individuel et lui fait perdre ses capacités de communication ritualisée. La violation de cet espace et le changement d'environnement (dimensions réduites du « parc » où il se bat, lumières, bruits de la foule) lors des combats plongent les coqs dans un état destress. Cela provoque une forte sécrétion decorticostérone qui rend les coqs particulièrement intolérants à leurs congénères. Se sentant menacés, ils attaquent.[réf. nécessaire]
Un coq qui fonce aveuglément sur ses congénères, et même sur sa propre image reflétée dans un miroir, est un coq perturbé. Certes, les coqs domestiques ou sauvages se battent entre eux mais uniquement dans le cadre de rituels sociaux qui ne vont pas jusqu'à la mort d'un des combattants.[réf. nécessaire]
L'utilisation de moyens biochimiques (injection d'hormones mâles, etc.) est aussi dénoncée[36].
L'article 521-1 du Code pénal[8] interdit les combats de coqs sur l'ensemble du territoire sauf dans les localités où une tradition locale ininterrompue peut être établie (certaines localités desHauts-de-France, de laPolynésie, de laGuadeloupe, de laMartinique et de laRéunion) comme, en 2023, àSaint-Martin-lez-Tatinghem dans le département duPas-de-Calais[43], mais toute nouvelle ouverture de gallodrome y est interdite, ce que confirme en juillet 2015, leConseil constitutionnel, conformément à l'esprit de la loi de 1964 qui vise la disparition progressive du combat de coqs[44],[45],[46].
Malgré la législation, des combats illégaux de coqs se déroulent régulièrement en France[47],[48].
Racines, d'Alex Haley, raconte la vie de ses ancêtres. L'un d'eux,Chicken George,esclave dans le sud desÉtats-Unis, est dresseur de coqs de combat pour son maître, éleveur.
↑« Les coqs de combat, tradition de Flandre », surAssociation Yser Houck(consulté le) :« L’ergot du coq est lui aussi scié avec un fil d’acier au raz de la patte, cette opération est indolore. Un ergot artificiel sera posé pour les combats. Il semble que ce choix de poser des ergots artificiels ait été fait afin de diminuer la gravité et la douleur des blessures. L’ergot artificiel droit et lisse provoque des blessures nettes qui cicatrisent rapidement contrairement à l’ergot naturel courbe qui arrache les chairs. De plus l’ergot en acier de taille et de forme strictement contrôlées rapproche les chances des combattants qui n’ont pas tous les mêmes ergots naturels. »
↑« Les coqs de combat, tradition de Flandre », surAssociation Yser Houck(consulté le) :« Le coqueleur verse un droit à combattre, une mise de l’ordre de 15-20 euros (100-130 F), le gagnant récupérant les deux mises ainsi qu’une petite somme supplémentaire donnée par l’organisateur. Ce qui s’annonce par exemple 19x45 (19 euros misés pour 45 euros gagnés). Le coqueleur paiera également comme les spectateurs un droit d’entrée d’environ 3 euros »
↑Olivier Danaë,Combats de coqs : histoire et actualité de l'oiseau guerrier, Agence de coopération culturelle et technique,
↑« LES COQS DE COMBATS, TRADITION DE FLANDRE », surassociation YSER HOUCK(consulté le)« Les combats sont organisés de manière très précise. Les coqs sont classés en différentes catégories selon leur poids qui peut être vérifié avant l’entrée dans le gallodrome ; nous avons les petits coqs (7 à 8 livres), les moyens (8 à 9 livres), les ½ lourds (9 à 10 livres) et enfin les gros de plus de 10 livres »
↑LaurentSermet, « Combat de coqs.Article 521-1 du Code pénal.Interdiction de la construction de nouveaux gallodromes.Question prioritaire de constitutionnalité.Traitement différent des combats de coqs et des courses de taureaux.Rupture de l’égalité devant la loi (non). Conseil constitutionnel, Décision n° 2015-477, QPC du 31 juillet 2015, M. Jismy R. [Incrimination de la création de nouveaux gallodromes]. Avec note »,Revue juridique de l'Environnement,vol. 40,no 4,,p. 717–733(DOI10.3406/rjenv.2015.6765,lire en ligne, consulté le)