Bien que mort depuis sept ans quand la troupe est créée,Molière est considéré comme le « patron » de l'institution, surnommée la « Maison de Molière », notamment grâce aux efforts de sa veuveArmande Béjart et de son ancien secrétaireLa Grange pour préserver son legs et le faire vivre au sein de l'institution qu'ils ont tous deux rejoint à sa création à partir de latroupe de Molière anciennementTroupe du Roy qu'ils avaient maintenue auThéâtre du Guénégaud par leurs propres moyens. Le fauteuil dans lequel ilentre en agonie lors d'une représentation duMalade imaginaire était anciennement exposé au fond de la galerie des bustes, après le Foyer Public Pierre Dux[1]. Cependant il est aujourd’hui exposé au fond du péristyle en entrant dans le théâtre.
La devise de la Comédie-Française est, enlatin,« Simul et singulis » (qui peut être traduite par« être ensemble et rester soi-même »). Son emblème est uneruche avec desabeilles, à l'image d'une institution foisonnante[2].
La Comédie-Française est fondée parordonnance royale deLouis XIV le pour fusionner les deux seules troupes françaises parisiennes de l'époque, la troupe de l'hôtel Guénégaud (troupe de Molière, dirigée parLa Grange) et celle de l'hôtel de Bourgogne. Le 25 août, les comédiens s'étaient déjà réunis pour donner leur première représentation commune, composée dePhèdre (Racine) et desCarrosses d'Orléans (La Chapelle). L'acte royal leur accorde le monopole de jouer à Paris, que les Comédiens-Français défendront jalousement au cours duXVIIIe siècle, notamment contre lesComédiens-Italiens[3].
En 1795, la commission militaire du13 Vendémiaire y siège pour condamner l'insurrection royaliste[6].
Le, le nouveau gouvernement met à disposition la salle duthéâtre de la République (salle Richelieu) où jouaitTalma, pour permettre aux comédiens de reconstituer la troupe et qui en accueillera toutes les représentations (sauf durant les périodes de restauration de la salle)[7].
La nouvelle installation est dotée d'uncafé-caveau dont les salles souterraines s'étendent sous toute la longueur de la galerie vitrée jusqu’à la maison Chevet. Et qui connaîtra une grande vogue durant lePremier Empire et les premières années de laRestauration[8].
En 1812, l'empereurNapoléon Ier, en pleinecampagne de Russie, décide de réorganiser la Comédie-Française en signant le 15 octobre, ledécret dit « de Moscou » qui comporte 87 articles, et qui reste, à peu de chose près, le statut encore en vigueur aujourd'hui[9].
Sous leSecond Empire, la salle XVIIIe est remaniée dans son état actuel par l'architecte du Palais-RoyalPierre Prosper Chabrol[10]. Il réalise également le grand escalier et étend la façade sur la place du Théâtre Français (place Colette). Le plafond de la nouvelle salle est confié aux peintresFrançois Joseph Nolau etAuguste Alfred Rubé, son beau-frère, sur une composition deFélix-Joseph Barrias. L'ensemble est inauguré en 1858. Il s'agit là d'une première étape dans la modernisation et la création des salles publiques parisiennes sousNapoléon III avant leThéâtre du Châtelet, leThéâtre de la Ville et l'Opéra Garnier dans les années 1860. Ce décor est l'objet d'un incendie en 1900.
La troupe de la Comédie-Française a occupé plusieurs salles depuis sa création :
lethéâtre de Guénégaud (-), où la troupe a vu le jour en 1685. En, les Comédiens-Français sont expulsés de l'hôtel de Guénégaud par ordre du Roi, au motif qu'ils risquaient de troubler lecollège des Quatre-Nations qui allait ouvrir ses portes ;
l'hôtel des Comédiens ordinaires du roi (-), construit par les Comédiens sur l'emplacement duJeu de paume de l’Étoile, sis rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés (actuelno 14 de larue de l'Ancienne-Comédie). Ils le quittent en 1770 à cause de son état trop vétuste ;
lethéâtre de l'Odéon (-). En 1782, les Comédiens-Français s'installent au théâtre de l'Odéon (salle Luxembourg) spécialement construit pour eux. La troupe s'étant dispersée lors de la Révolution, le théâtre devient propriété privée sous le nom de théâtre de la Nation. Ce précédent fera date puisque l'Odéon devient la seconde salle du « Français » tout au long duXXe siècle, durant des périodes plus ou moins importantes.
lasalle Richelieu ( à nos jours), conçue par l'architecteVictor Louis en bordure du jardin duPalais-Royal. Le la salle et la scène sont ravagées par un incendie dans lequel la jeune comédienneJane Henriot trouve la mort. La troupe se produit dans les salles de l'Opéra et de l'Odéon en attendant la reconstruction confiée à l'architecteJulien Guadet. Menée en un temps record, elle est achevée pour l'Exposition universelle de 1900. Le a lieu l'inauguration du nouveau plafond de la salle Richelieu peint parAlbert Besnard[11]. En est inauguré un nouveaurideau de scène peint parOlivier Debré.
Dans le contexte de lapandémie de Covid-19, la Comédie-Française a dû fermer durant les trois périodes deconfinement en 2020 et 2021 comme tous les autres théâtres en France[14]. L'institution bénéficiant d'une troupe permanente, il a été décidé de lancer un programme de représentations en ligne, incluant la lecture intégrale deÀ la recherche du temps perdu, et un programme de représentations surYouTube nomméThéâtre à la table pour lequel les acteurs jouent une pièce du répertoire après avoir répété pendant une semaine[15].
La Comédie-Française dispose d'un fonds de livres, documents, manuscrits, tableaux, sculptures, dessins et objets d'art[18]. Cet ensemble, fort important (dont360 tableaux et270 sculptures), est conservé par la bibliothèque-musée de la Comédie-Française, dont les bureaux sont situés dans l'enceinte duPalais-Royal, galerie du Beaujolais. Cet établissement, ouvert aux chercheurs, ne se visite pas[19], des œuvres sont, le cas échéant, prêtées lors d'expositions.
Si beaucoup de ces œuvres sont des œuvres de commande créées spécialement pour jouer les spectacles ou pour orner les salles de théâtre, la Comédie possède aussi de nombreuses peintures ou sculptures qui ont été données à la troupe par des admirateurs. L’ensemble de ces pièces permet de retracer l’histoire de cette institution et de suivre l’évolution du statut du comédien depuis leXVIIe siècle.
À l'occasion du tricentenaire de la compagnie, une grande rétrospective fut organisée auCentre Georges-Pompidou en 1980[20] ; une partie des œuvres fut à nouveau exposée auPetit Palais de Paris en 2011-2012.
↑College ParkUniversity of Maryland,Notice sur le 13 vendémiaire, ou, Les Parisiens vengés : dédié aux veuves et orphelins des Français assassinés par la convention, et à tous les ennemis du crime et de l’anarchie / par Auguste Danican, commandant les sections le 13 vendémiaire, et condamné à la peine de mort par la commission militaire séante au Théâtre-Français., [Paris : s.n.],(lire en ligne)
↑Distinction accordée à certains comédiens après vingt ans d'ancienneté à la Comédie-Française leur permettant de jouer occasionnellement dans la troupe.