Lacomète de Halley (désignation officielle1P/Halley) est la plus connue de toutes lescomètes[1]. Son demi grand axe est de 17,9unités astronomiques (soit environ2,7 milliards de kilomètres), son excentricité est de 0,97 et sa période est de76 ans. Sa distance aupérihélie est de0,59 unité astronomique et sa distance à l'aphélie est de35,3 unités astronomiques. Il s'agit d'unecomète à courte période[2].
En1705,Edmond Halley publia un livre avançant que les comètes qui étaient apparues dans le ciel en1531,1607 et1682 étaient en fait une seule et même comète. Expliquant que la comète voyage sur uneorbite elliptique, et prend 76 ans pour faire une révolution complète autour duSoleil, Halley prédit qu'elle reviendrait en1758.
En 1757,Lalande, aidé parNicole-Reine Lepaute, et sur la base des formules conçues parClairaut, décida de calculer les déviations de la comète dues aux grosses planètes. Il prédit un retard de518 jours dû à Jupiter et de100 jours dû à Saturne. Il annonça donc le retour de la comète, non en 1758, mais en 1759 avec un passage aupérihélie en, avec une incertitude d'un mois. Lorsque la comète réapparut en avec un passage au périhélie le, ce fut un triomphe. Cette prévision permit d'asseoir définitivement lamécanique newtonienne en France, la théorie destourbillons de Descartes tombant dans l'oubli. L'appellation « comète de Halley » apparaît pour la première fois sous la plume deDirk Klinkenberg dans une lettre adressée à Nicolas-Louis de Lacaille[3], maisNewton et Halley, morts respectivement en 1727 et 1742, n'étaient plus en vie pour assister à leur triomphe.
La comète de Halley a été survolée par quatre sondes en1985 : les sondes soviétiquesVega 1 etVega 2, la sonde européenneGiotto et la sonde japonaiseSuisei. Une autre sonde japonaise,Sakigake, a servi également à son exploration bien qu'elle ne l'ait pas survolée.
837 (P/837 F1) : passage le plus spectaculaire de la comète durant les temps historiques (à environ3 millions de kilomètres de la Terre). Mention dans des textes chinois[13] et japonais. En France,L'Astronome, auteur d'une chronique sur la vie deLouis le Pieux, indique ce passage et précise qu'à sa suite le roi et sa cour se livrèrent à un jeûne. Il semble que ce passage ait stimulé dans le monde chinois la recherche d'autres « étoiles invitées ». La découverte des deuxétoiles invitées de 837 est sans doute le fruit de ces recherches. Il s'agit d'une des rares occurrences où plus d'une « étoile invitée » fut découverte en une année (avec les quatreétoiles invitées de 1592).
912 (P/912 J1) : mention en Chine[14], en Corée, au Japon et en Europe.
989 (P/989 N1) : mention en Chine[15], en Corée, au Japon et en Europe.
1066 (P/1066 G1) : mention en Chine[15], en Corée et au Japon. En Europe, le passage est documenté par plusieurs sources, la plus célèbre étant latapisserie de Bayeux où la comète apparaît comme un signe précurseur de la mort prochaine d'Harold II d'Angleterre et de la victoire deGuillaume le Conquérant.
1145 (P/1145 G1) : mention dans lepsautier d'Eadwine de Canterbury. Mention en Corée, en Chine[15] et au Japon.
1222 (P/1222 R1) : mention en Corée, au Japon et en Chine[15]. On estime que le passage de la comète a été représenté dans la cathédrale dePlaisance[réf. souhaitée].
1301-1302 (P/1301 R1) : plusieurs comètes furent observées autour de cette date, ce qui rend difficile l'identification des observations spécifiques à la comète de Halley. Mention en Chine assez précise cependant dans les annales deYuan[16].Giotto peint vers 1304-1305 une fresque représentant l'Adoration des mages dans lachapelle Scrovegni (église de l'Arena), àPadoue ; l'étoile qui a guidé les mages, représentée en haut de la fresque, a une queue de comète. C'est en lien avec cette représentation que lasonde spatiale Giotto a été baptisée du nom du peintre.
1456 (P/1456 K1) :Richard Pankhurst considère qu'un épisode miraculeux raconté dans la chronique deZara Yaqob correspond au passage de la comète. Alors que les moinesstéphanites sont condamnés à mort, une grande lumière apparaît. C'est pour commémorer cet événement que le roi fait construire l'église et la ville royale deDebra Berhan (mont de la lumière)[17].
1531 (P/1531 P1) : mention parPeter Apian dans sonAstronomicum Caesareum édité en 1540. Mention en Chine[18]. Mention par les Aztèques dansCruz[19].
1607 (P/1607 S1) : mentionné parKepler dansDe Cometis (1619), décrit parRemus Quietanus (Gründliche Beschreibung und Erinnerung des neuen monstrosichen Sternes…) (1607) et parLongomontanus dans un appendice d’Astronomia danica (1622). Mention en Chine[18].
1682 (P/1682 Q1) : mentionné d'abord parJohn Flamsteed, puis par Edmond Halley lui-même dans son livreSynopsis de l’astronomie des comètes (1705). Ouvrage dans lequel, comparant les comètes de 1531, 1607 et 1682, il prouve qu'il s'agit en fait d'une même comète et prédit son retour pour 1758. Mentionné en Chine dans laChronique de Kiangnan[20].
1758 (P/1758 Y1, anciennement1759I) :Johann Georg Palitzsch est le premier à voir le retour de la comète, dans la constellation duTaureau.
1759 :Charles Messier l'aperçoit à son tour le. Auparavant, il avait cru l'observer, mais il avait en fait redécouvert laNébuleuse du Crabe, déjà observée en1731 parJohn Bevis. Son passage est aussi mentionné en Chine dans laChronique de Tsing Pu Hsuan[21] ainsi que le rapporteOlga Tokarczuk dans son romanLes livres de Jakób où elle date l'apparition du phénomène au.
1835 (P/1835 P1, anciennement1835III) : mention en Chine (Shangaï Hsuan). Par ailleurs,Mark Twain naît deux semaines après le passage de la comète, et mourra un jour après lepériapside suivant. En 1909, il avait écrit dans son autobiographie :« Je vins au monde avec la comète de Halley en 1835. Elle reviendra l'année prochaine, et je m'attends à partir avec elle. »
1910 (P/1909 R1, anciennement1910II et 1909c) : passage spectaculaire de la comète, précédé quelques mois plus tôt par une autre comète spectaculaire, visible en plein jour (Grande comète de). La première observation du retour de la comète de Halley fut réalisée parMax Wolf dans la nuit du 11 au, à l'aide de plaques photographiques. Cet événement est utilisé par leBon Marché pour une campagne publicitaire[22].
1986 (P/1982 U1, anciennement1986III et 1982i) : passage peu spectaculaire de la comète, à l'opposé du Soleil par rapport à la Terre. Plusieurs sondes spatiales, notammentGiotto, l'approchent de près. Lanavette spatialeChallenger s'envole pour l'observer avec une enseignante dans l'équipage qui était censée donner des cours en direct depuis l'espace en particulier sur cette comète. L'accident de la navetteChallenger pendant le décollage tue tout l'équipage et détruit la navette. La comète est observée pour la dernière fois en 2003, mais les capacités instrumentales permettent désormais de l'observer tout au long de son orbite[23][réf. non conforme].
2023 : le, la comète commence son voyage de retour vers le Soleil, et s'approche désormais de la Terre.
Une comète a été aperçue dans laGrèce antique entre468 av. J.-C. et466 av. J.-C., associée à unepluie de météores ; la date du passage, sa durée, le lieu et la pluie de météorites associée suggèrent qu'il s'agissait de Halley. SelonPline l'Ancien, unemétéorite, décrite de couleur brune et de la taille d'un wagon, serait tombée à Aegospotami[27].
L'apparition de 141 a été enregistrée dans les tablettes chinoises.
Celle de 684, outre les archives chinoises, a été enregistrée en Europe par l'une des sources compilées dansLa Chronique de Nuremberg.
La comète fut décrite en837 lors de son passage le plus spectaculaire durant les temps historiques (à environ5,1 millions de kilomètres, soit 0,034 UA de la Terre), à la fois dans des textes chinois, japonais et européens, notamment parL'Astronome, auteur d'une chronique sur la vie deLouis le Pieux, mais aussi parLoup de Ferrières, dans une lettre à son amiAlcuin[30].
En 912, Halley est enregistrée dans lesAnnales d'Ulster, qui indiquent : « Année sombre et pluvieuse. Une comète est apparue »[31].
La comète de Halley vue en, figurant sur la Tapisserie de Bayeux. L'inscription,« ISTI MIRANT STELLÃ », signifie « Ceux-ci (les hommes) observent l'étoile ».
LesAnnales des quatre maîtres irlandaises ont enregistré la comète comme une étoile apparue au septième jour descalendes de mai, le mardi après Pâques, dont l'éclat n'était pas plus grand que celui de la Lune et qui fut visible de tous pendant quatre nuits ensuite[31].
Après le passage de1682, l'astronome anglaisEdmond Halley, en s'appuyant sur la théorie d'Isaac Newton, calcule que la comète reviendra en1758 ; lors de cette révolution, elle s'est rapprochée deJupiter, ce qui l'a retardée d'un an. Elle ne passe qu'en1759, mais cela suffit pour considérer les calculs de Halley comme justes. C'est la première fois que les lois de Newton sont prises en compte enFrance. Lors du passage de 1682, la comète était moins brillante que lagrande comète de 1680[33].
Lors de ce passage, on a cru que laTerre allait traverser la queue de la comète et des gens s'imaginaient que ce serait lafin du monde. En réalité, la Terre n'est pas passée à travers la queue, et même si cela était arrivé, la queue d'une comète ne représente aucun danger[34] mais on aurait pu assister à unepluie d'étoiles filantes[35] (cf.Êta aquarides).
À son dernier passage, on[Qui ?] a pu déterminer que son noyau est très sombre, d'unalbédo d'environ 3 % soit 0,03 (par comparaison, l'albédo moyen de la Terre est de 0,30).[réf. nécessaire]
« Il avait dit : — Tel jour cet astre reviendra. — : (…) / Quelle huée ! Ayez pour Vishnou, pour Indra, / Pour Brahma, pour Odin ou pour Baal un culte ; / (…) / Soyez un imposteur, un charlatan, un fourbe, / C'est bien. Mais n'allez pas calculer une courbe (…)[36]. »
« Et comment il nous vint à l'esprit d'engager ce poème, c'est ce qu'il faudrait dire. Mais n'est-ce pas assez d'y trouver son plaisir ? Et bien fut-il, ô dieux ! Que j'en prisse soin, avant qu'il ne nous fût repris… Va voir, enfant, au tournant de la rue, comme les Filles de Halley, les belles visiteuses célestes en habit de Vestales, engagées dans la nuit à l'hameçon de verre, sont promptes à se reprendre au tournant de l'ellipse[37]. »
La comète de Halley est mentionnée dans Le Firmament deLucy Kirkwood(en). Cette pièce de théâtre, publiée en 2020, est une réécriture des12 hommes en colère, mettant en scène des femmes dans l’Angleterre rurale de 1759[38].