Pour un article plus général, voirColonies allemandes.
La présence descolons et intérêts allemands en Amérique latine est fort ancienne puisqu'elle remonte auXVIe siècle et à l'époque deCharles Quint mais les premières tentatives de colonisation allemande aux Amériques – auVenezuela (en allemandKlein-Venedig, soit « PetiteVenise » enfrançais), auGuyana ainsi que dans les îles deSaint-Thomas etTortola auxAntilles – se soldent toutes par des échecs.
En 1528, la familleWelser, riches patriciens d'Augsbourg, reçut de l'Empereur germanique et Roi d'EspagneCharles Quint le droit de coloniser unedotation dont le territoire couvrait l'actuelVenezuela comme gage d'un important emprunt personnel.Bartholomé Welser envoya immédiatement une expédition financée sur fonds propres vers ce territoire,Ambrosius Ehinger étant choisi pour le poste de gouverneur de la colonie. Il se dirige pour la côte vénézuélienne et débarque le àCoro. Là, il explore l'intérieur du pays à la recherche de la légendaire ville d'El Dorado. D'autres gouverneurs allemands suivirent :Nikolaus Federmann,Georg von Speyer etPhilipp von Hutten – chacun s'engageant principalement dans la recherche de l'or – mais dix-sept ans après sa constitution, la dotation de Welser fut révoquée, en partie à cause de l'extrême brutalité des colons allemands envers les Indiens. En 1556, à la suite des difficultés financières que commença à connaître lafamille Welser, la colonie est définitivement abandonnée. D'autres expéditions allemandes, financées par des fonds privés, participèrent encore par la suite à la recherche du mythique Eldorado sans toutefois avoir pour conséquence une implantation coloniale permanente en Amérique du Sud.
Au cours de ses pérégrinations, Federmann traversa laCordillère des Andes àBogota et entra en conflit avecSebastián de Belalcázar etGonzalo Jiménez de Quesada pour le contrôle de cette région. Des migrants allemands ainsi qu'environ quatre mille esclaves africains furent amenés pour travailler dans les plantations decanne à sucre.
Au cours duXVIIe siècle, lePrince-électeur duBrandebourg – qui devient par la suite le royaume dePrusse – tenta d'établir des colonies sur les îles antillaises deSaint-Thomas etTortola. Cependant, ces possessions seront perdues respectivement au profit desDanois et desNéerlandais.
« Dans l'expansion européenne hors d'Europe, les Allemands sont des tard-venus. Leur rôle est mince en Amérique latine avant le somptueux inventaire d'Alexandre von Humboldt. C'est une Allemagne inquiète, intelligente, de tradition piétiste, libérale ou démocratique qui aborde, conquiert et métamorphose, dès 1820, les régions marginales ou enclavées d'États latino-américains inachevés. »
— Jean-Pierre Blancpain, Migrations et mémoire germaniques en Amérique latine à l'époque contemporaine : contribution à l'étude de l'expansion allemande outre-mer (Note de l'éditeur)

En 1799, lenaturaliste Alexandre von Humboldt, accompagné du FrançaisAimé Bonpland et appuyé par les souverains espagnols se lance dans une exploration approfondie de l'Orénoque, duCanal de Casiquiare et d'une partie de l'Amazone puis desAndes péruviennes et duMexique. Ses importants travaux géographiques servent de base documentaire pour les colons allemands qui le suivent ensuite en Amérique du Sud.
À la suite des voyages exploratoires de von Humboldt, d'importantes communautés de colons allemands, encouragées par l'impératriceMarie-Léopoldine d'Autriche, viennent s'établir dans les anciennes colonies espagnoles au début duXIXe siècle, en particulier après les guerres d'indépendance, ainsi qu'auBrésil.

Les premiers colons allemands vinrent s'établir auBrésil dès 1818, y fondant la colonie deLéopoldina (du nom deMarie-Léopoldine d'Autriche) sur les rives duPeruhipe, dans la partie sud de la province deBahia[1]. Les fièvres y firent des ravages terribles parmi les émigrés mais grâce à leur travail et à celui des esclaves, les survivants parvinrent cependant à la faire prospérer. Ce premier mais laborieux succès amena la création de la colonie dePhiladelphie, établie sur les rives duMaucuri, dans la province duMinas Gerais. D'autres colons allemands s'installèrent sur les longues côtes d'Espirito Santo et d'autres encore vinrent également s'établir dans la province deRio de Janeiro et notamment dans laNova Friburgo (Nouvelle Fribourg) fondée par desSuisses romands. Mais les colonies les plus prospères furent installées dans les deux provinces méridionales deSanta Catarina et duRio Grande do Sul notamment en raison du climat plus tempéré de ces régions.
Le peintre allemandJohann Moritz Rugendas (1802-1858) effectua dans lesannées 1820 un voyage en Amérique latine, et notamment au Brésil, dont il ramena de nombreuses toiles dépeignant la vie dans les plantations et colonies agricoles.

À la fin des années 1880, on comptait quelque 90 000 Allemands sur une population de 580 000 personnes dans la province du Rio Grande do Sul et 60 000 dans celle de Santa Catarina pour une population de 200 000 habitants. Le nombre total d'Allemands établis au Brésil était quant à lui estimé à 210 000. L'importante colonie deSão Francisco, subsidiée tant par l'État que par des investisseurs privés et bénéficiant d'un excellent port, se spécialisa quant à elle dans la production et l'exportation dumaté[2].
Les sociétés coloniales allemandes de lobbying et d'investissements qui jouèrent un rôle primordial dans la création de l'Empire colonial allemand remplirent ici aussi leur rôle, en gagnant notamment l'empereurPedro II et son entourage à leurs projets. C'est ainsi qu'une société deHambourg racheta d'importants domaines à Dona Francisca, la sœur du souverain, dans la province de Santa Catarina, domaine agrandi par la suite de nouvelles acquisitions de terres auprès de l'État brésilien. Des sociétés et des ouvriers et ingénieurs allemands prirent également part au développement du réseau ferroviaire local, notamment dans la région dePorto Alegre. Les Allemands fondèrent aussi au Brésil de très nombreuses maisons de commerce, d'import-export et même des banques[note 1] qui contribuèrent grandement au développement économique du pays.



En 1843, un premier groupe de colons allemands, conseillés par Humboldt, vint s'installer auVenezuela, à laColonia Tovar, sur des terres propices à la culture mais les maladies épidémiques rendirent une nouvelle fois très difficiles les débuts de cette nouvelle implantation. La situation s'améliora cependant et de nouveaux immigrants vinrent se joindre aux pionniers : en 1881, on comptait 1 171 Allemands dans cette colonie vénézuélienne.
Vers 1890, ce sont les frères Gregorio et Emilio Breindenbach Feussner (de la région d'Erfurtshausen, enHesse) qui décident de se séparer car ces terres offrent les conditions idéales pour les travaux agricoles.El Jarillo a été fondée le 14 novembre 1890. La ville est irrégulièrement répartie sur un versant semi-montagneux, avec de petites savanes en pente et des falaises abruptes qui rappellent la belle géographie andine. L'activité économique principale est l'agriculture, principalement la plantation de pêchers.
Des Allemands allèrent aussi s'établir en grand nombre enArgentine, auChili et enParaguay. AuChili, ils constituaient la principale communauté d'émigrés européens, gérant de nombreux établissements commerciaux àValparaíso. Mais les colons se concentrèrent surtout dans les provinces deValdivia et deLlanquihue où ils forment la partie la plus active et la plus aisée de la population : dès 1858, deux mille colons arrivés de Hambourg, des bords du Rhin et de la Forêt Noire, y fondèrent une colonie qui s'étendit très largement. En 1895, Karl (Carlos) Wiedherhold, un commerçant allemand venu du sud du Chili fonda àBariloche une maison baptiséeLa Alemana dont le bâtiment préservé est devenu aujourd'hui leCentro Cívico de Bariloche.
Il ne fut évidemment pas question pourBerlin d'imposer aux jeunes états indépendants d'Amérique du Sud[note 2] une quelconque forme de protectorat impérial sur ces colonies comme l'Allemagne le fit en Chine ni à plus forte raison la présence de contingents militaires. Cependant, le gouvernement impérial dépêcha vers eux de nombreuses missions militaires, fort du prestige conféré par la victoire de 1870 sur la France, ces missions contribuant à l'instruction, à l'encadrement et à la modernisation des forces armées et même dans une moindre mesure de forces navales de ces pays - au plus grand profit du complexe militaro-industriel allemand alors en plein développement. C'est ainsi que le généralEmil Körner assura la formation des forces de la Junte pendant laguerre civile chilienne de 1891, assumant par la suite les fonctions de commandant suprême de l'armée chilienne entre 1900 et 1910. De même,Hans Kundt fut envoyé en 1911 à la tête d'une mission militaire enBolivie, pays dont il assurera le commandement en chef des forces armées pendant laguerre du Chaco dans les années 1930.
L'influence politique allemande était si importante dans la région à l'époque qu'à la suite de la signature dutraité fixant les frontières entre le Chili et l'Argentine en 1881, ce fut la société cartographiqueJustus Perthes deGotha qui fut chargée d'établir les cartes définitives de la partie méridionale du continent sud-américain (leStielers Handatlas).

La présence allemande en Amérique centrale, et en particulier auMexique fut nettement moins importante, tant en raison de sa géographie et de son climat, qui ne favorisaient guère la colonisation agricole, qu'en raison de l'instabilité politique qui découragea les migrants qui se réfugièrent aux États-Unis. Par contre, celles de maisons commerciales et de banques le fut nettement plus, en particulier lorsque les autorités mexicaines, soucieuses de contrecarrer l'influence des États-Unis, se tournèrent vers l'Europe pour trouver une source alternative d'investissements, principalement vers la Grande Bretagne et l'Allemagne. Des conseillers militaires allemands furent aussi impliqués dans laRévolution mexicaine de 1910[3].
AuGuatemala, une importante communauté allemande, attirée par la culture du café, s'était établie àCobán etAlta Verapaz et y perdura un siècle entier, entre 1840 et 1940, mais à la suite des pressions desÉtats-Unis, la plupart des colons ont été expulsés par le gouvernement dans les années 1940. Des Allemands sont arrivés dans le reste de l'Amérique centrale dans des pays comme leNicaragua et leCosta Rica. Au Nicaragua, ils se sont installés àMatagalpa,Esteli etJinotega où subsistent de nombreux les Nicaraguayens d'origine allemande ; au Costa Rica, ils s'établirent àCartago etSan José.
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