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Lescolonies romaines étaient des établissements créés par l’État romain — d'abord République puis Imperium, au nom de Rome —, et destinés au contrôle d’un territoire récemment conquis, à la différence descoloniespuniques, comptoirs commerciaux, ou descolonies grecques, colonies de peuplement. Elles mêlent dans le même cadre urbain,religieux etinstitutionnel lescitoyens romains et les autochtones vaincus,esclaves,affranchis etpérégrins. D’abord garnisons militaires auIVe siècle av. J.-C., elles deviennent descolonies de peuplement offrant des terres aux prolétaires (déduction de colonies) à partir duIIIe siècle av. J.-C., et aux vétérans démobilisés à partir deSylla, qui leur offre les terres confisquées aux proscrits.
L'action de fonder une colonie ou d'établir une garnison de colons était ladeductio :
Les colonies connaissent deux statuts possibles :
« À partir duVe siècle av. J.-C. larépublique romaine a essaimé plusieurs colonies en Italie. Plutôt qu'un programme politique et militaire au long cours, les historiens et les archéologues dévoilent une progression pragmatique, adaptée aux situations locales et à celle de l'Urbs. Et qui ne se fit pas sans violences contre les “indigènes”[4] ». L’implantation des colonies suit l’extension de la domination romaine : d’abord en Italie (Ostie, fondée en350 av. J.-C.), puis enSicile, enSardaigne, enHispanie et enAfrique. Les colonies sont soit des fondations entièrement nouvelles soit des refondations sur des cités plus anciennes.
Les premières colonies en Italie relaient les fondations de laLigue latine, et sont avant tout des garnisons placées en des points stratégiques, sur le front ou les axes de la conquête romaine. Ensuite, des colonies agraires comme àAriminum offrent de nouvelles terres aux citoyens[5].
La première moitié duIIe siècle av. J.-C. vit une pause dans le mouvement de colonisation. Mais il revient, comme enjeu des luttes politiques entre conservateurs (lesoptimates) et réformateurs romains (lespopulares) : l’apparition du problème agraire et la paupérisation des petits agriculteurs causée par la mobilisation sur les guerres lointaines, la concurrence des biens importés et la production des grands propriétaires amène à considérer parmi d’autres solutions la reprise des lotissements agraires et la création de nouvelles colonies au profit des citoyens pauvres. Le consulLaelius l’envisage en140 av. J.-C., puis renonce. LesGracques font passer en133 av. J.-C. des lois pour le lotissement de l’ager publicus, puis en123 av. J.-C. pour la colonisation deCarthage,Corinthe,Tarente[6].
La multiplication des guerres auIIe siècle crée aussi des problèmes de mobilisation, et là encore la solution à ces événements va concourir au mouvement de colonisation :Scipion Emilien doit faire appel à des volontaires pour compléter ses troupes pour la guerre deNumance, et en123 av. J.-C. et en107 av. J.-C. avecMarius, lecens minimum pour servir dans l'armée est abaissé et l’engagement des volontaires systématisé. À l’armée de citoyens de classe aisée ou moyenne se substitue une armée de volontaires prolétaires et ruraux, qui attend tout de son chef : solde, butin, cadeaux lors destriomphes et à la démobilisation, des terres lors d’assignations coloniales[7].
Les fondations directes de colonies latines se raréfièrent, avec l’octroi de la citoyenneté romaine à tous les citoyens latins d’Italie.

Les créations de colonies romaines s’accélèrent et s’étendent lors des dernières années de la république romaine et au début de l’Empire romain, sousJules César etAuguste, avec la démobilisation massive deslégions romaines : 80 000 citoyens sont installés par Jules César dans les colonies[8] ; les 500 000 soldats mobilisés au début du règne d’Auguste forment une masse de vétérans candidats à ladéduction de colonies.
La conquête de laBretagne et l’organisation deslimes sur leRhin et leDanube sous lesFlaviens et au début desAntonins s’accompagne de la fondation de nouvelles colonies aux emplacements stratégiques.
Ces colonies impériales sont nommées par le nom de famille de l’empereur (Augusta,Claudia,Flavia,Ulpia) souvent complété d’une appellation locale (géographique ou ethnique), et avec parfois un titre honorifique (Copia = riche,Emerita = émérite -Mérida en Espagne).
Parallèlement, le statut de colonie latine est accordé à des cités indigènes anciennes, il faut toutefois distinguer ce statut de la concession du droit latin qui peut être donné à toutes les cités d’une province :Vespasien accorda ainsi le droit latin à toutes les cités d’Espagne.
Les colonies romaines furent au fil du temps un puissant facteur de romanisation des pourtours de la Méditerranée et de plusieurs régions de l'Europe, grâce aux colons italiens ou originaires de provinces bien romanisées parlant lelatin. Leur rôle de modèle de civilisation urbaine et leur activité économique facilitèrent l’intégration des populations soumises. Des colonies furent aussi créées dans les territoires orientaux, sur des cités existantes, qui dans ce cas conservèrent leur civilisation grecque.
Sur une période de plusieurs siècles, la politique romaine de fondation de colonies ne connut qu’exceptionnellement des problèmes, ce qui traduit son succès d’ensemble, selon les historiens: