« Colonial » redirige ici. Pour le sens relatif au colonialisme français, voirColonial (France).
Ensemble des territoires qui ont été colonisés ou placés sous influence française (durant différentes périodes, pas forcément toutes en même temps).
Lecolonialisme est une doctrine ou uneidéologie justifiant lacolonisation entendue comme l'extension de lasouveraineté d'unÉtat sur desterritoires situés en dehors de sesfrontières nationales[1],[2]. La notion intellectuelle du colonialisme est cependant souvent confondue avec la pratique même de la colonisation étant donné que l'extension de sa souveraineté par un État implique dans les deux cas la domination politique et l'exploitation économique du territoire annexé[3].
L'idéologie colonialiste a été développée durant la seconde partie duXIXe siècle par le mouvement colonial dans beaucoup d'Étatseuropéens, se présentant notamment sous l'idée d'une « mission civilisatrice » ou sous celle duWhite Man's Burden (Le Fardeau de l'homme blanc). Elle était fondée sur la notion d'impérialisme et tentait de donner un fonds de doctrine politique à la nouvelle vague de colonisation[4]. Elle s'est appuyée sur la doctrine juridique élaborée depuis leXVIe siècle qui justifiait l'occupation de territoires sans maître ou non constitués sous forme d'État comme mode légal d'acquisition[5].
Elle s'est concrétisée par la mise en place d'une administration politique, militaire et économique de ce territoire, dirigée par les représentants du pays colonisateur et imposée à une population locale. Autrefois symbole de la puissance militaire et économique des peuples qui le pratiquaient, le colonialisme a été finalement reconnu depuis la fin de laSeconde Guerre mondiale comme une relation inégalitaire s'opposant audroit des peuples à disposer d'eux-mêmes[réf. nécessaire].
Divers scénarios seront parfois construits par la suite pour pérenniser une certaine tutelle économique des payscolonisateurs[réf. nécessaire]. Le terme denéocolonialisme est alors forgé vers 1960 pour désigner cette nouvelle phase.
Le terme de colonisation apparaît par exemple en 1836 dans unEssai sur la pacification, la colonisation, la civilisation... de l'Algérie, ... par M. A. Fromental[8].
LeDictionnaire historique de la langue française d'Alain Rey note que les mots « colonialisme » et « colonialiste » apparaissent respectivement en 1902 et 1903 (chezCharles Péguy pour ce dernier)[9], ils prennent rapidement de l'ampleur dans le débat d'idées, comme l'atteste l'apparition du termeanticolonialisme en 1903. Ces différents mots nouveaux sont très liés, note Alain Rey, àimpérialisme et impérialiste. Le terme denéocolonialisme est forgé aux alentours de 1960[7].
Les États ont fréquemment été animés d'une obsession territoriale[10].
La colonisation de territoires par des États ou des peuples était à l'origine une pratique d'annexion pure et simple faite par des peuples conquérants pour accroître leur espace vital[11]. Le terme de colonisation ne distinguait pas si le fait considéré était celui d'un peuple ou d'un État constitué.
C'est d'abord au statut des personnes vivant sur ces territoires que ladoctrine s'intéresse. Lethéologien franciscainFrancisco de Vitoria (1480-1546) est le premier ainsi à défendre le principe d'une obligation juridique et morale pesant sur le colonisateur européen vis-à-vis des personnes vivant sur les territoires qu'ils annexent[14].
Le statut des territoires annexés est vite aussi l'objet de débats doctrinaires qui aboutissent d'abord à l'idée générale que l'occupation est un mode légal d'acquisition deterritoires sans maître signifiant que le seul fait d'avoir pris possession peut conférer des droits sur le territoire[15]. Cette doctrine favorisant la priorité de la découverte, développée notamment parGrotius et ses successeurs, est ensuite complétée par unejurisprudence internationale, puis plus tard consacrée par letraité de Westphalie sur la définition de l'État et de lasouveraineté de celui-ci, concrétisée par son pouvoir absolu sur un territoire[16]. Accessoirement, cette souveraineté s'étend non seulement au territoire, au peuple qui y vit mais aussi à ses zones maritimes[17]. Par conséquent, les territoires non constitués sous forme d'État sont considérés sans maître, libres d'être annexés, et tout territoire dépendant d'un État ne possède aucunepersonnalité juridique distincte de cet État. En pratique, la notion de territoire sans maître manifestait souvent une négation des droits des populations indigènes comme de l'identité étatique des formes d'organisation sociale rencontrées par les diverses vagues de colonisateurs[18].
Ainsi, lors de laconférence de Berlin en 1884 sur lepartage de l'Afrique[19] entre les grandes puissances européennes, l'acte général du 26 février 1885 fondant ledroit positif moderne en la matière définissait l'opposabilité aux autres États de l'occupation de territoires par les notions d'effectivité (installation sur place de l'État disposant d'une autorité suffisante pour assurer l'ordre et la liberté commerciale) et de notification (mesure de publicité adressée aux autres puissances). Sur cette base, en Afrique, les puissances européennes reconnurent l'existence de quatre États indépendants tels que définis, pouvant structurellement échapper à la convoitise des États européens[20].
Les possessions coloniales que laFrance détenait au début desannées 1870 étaient maigres et dispersées. Elles ne résultaient pas d'une politique globale cohérente d'expansion. Cependant, des écrivains français commeAlexis de Tocqueville commençaient à exposer les perspectives qu'offrait une colonisation cohérente en comparant les ressources de l'Algérie à celles desIndes britanniques. En fait la France tout comme l'Allemagne n'avait pas à ce moment de vocations ni d'idéologie coloniale, la première étant traumatisée par l'amputation de l'Alsace-Lorraine par sa voisine[24].
À partir de 1870, deux groupes de pression, la marine et les géographes, allaient s'employer à définir une doctrine politique cohérente favorable à la colonisation[25]. Alors que l'école maritime soulignait la vocation ultramarine de la France, les géographes élaboraient la doctrine coloniale propageant l'idée que la France devait participer à la grande aventure d'outre-mer. L'économistePaul Leroy-Beaulieu (1843-1916) devint à ce moment le grand théoricien ducolonialisme français[26]. Sa doctrine défendait une nouvelle approche de la colonisation reposant non seulement sur uneémigration des hommes mais aussi sur des apports decapitaux. Palliatif de la perte de l'Alsace-Lorraine, elle exhortait au patriotisme et au nationalisme.Un peuple qui veut conserver sa vitalité doit s'étendre et essaimer. LeRoyaume-Uni, lesÉtats-Unis, laRussie et même laChine s'étaient engagées dans cette voie : l'avenir de la France était outre-mer. Le message fut particulièrement bien reçu par les hommes politiques commeJules Ferry etLéon Gambetta, davantage que par lescapitalistes et les libéraux[réf. nécessaire]. C'est ainsi qu'entre 1870 et 1914 essentiellement, la France se constitua unempire colonial gigantesque, le deuxième du monde après celui de laGrande-Bretagne[27].
EnAllemagne, le même débat avait lieu. Les deux pères spirituels du colonialisme allemand sont unavocatWilhelm Hubbe-Schleiden (1847-1900) et unpasteur,Friedrich Fabri (1824-1891)[28]. Ce dernier posait comme principe que le colonialisme est une source de prospérité et permettrait d'écouler l'excédent démographique allemand[29]. Wilhelm Hubbe-Schleiden était lui un impérialiste revendiqué qui évoquait la perspective d'un monde dominé par quelques empires gigantesques. Sa vision du colonialisme était essentiellement politique et nationaliste[30]. À cette époque, l'Allemagne n'était encore qu'un empire continental etBismarck était peu enclin à favoriser une expansion outre-mer. Le mouvement colonial allemand allait rapidement s'étendre sur la base des idées de Wilhelm Hubbe-Schleiden, sa doctrine étant développée par des universitaires tels que Sybel, Schmoller etHeinrich von Treitschke. En 1882, l'associationKolonialverien était fondée pour défendre la vision de l'importance économique de la colonisation et participer à la conversion de Bismark au colonialisme. C'est en effet ce dernier qui allait finalement apporter à l'Allemagne 99 % de ses colonies.
Le plus grand empire colonial n'en reste pas moins celui de laGrande-Bretagne. Au début duXIXe siècle, lasuprématie britannique sur le plan colonial, maritime et commercial était déjà totale. Alors que le continent européen se déchirait, la vitalité duRoyaume-Uni se manifestait dans la croissance de sa prospérité, le dynamisme de sa population et l'expansion de son économie[31]. Chaque colonie constituait un débouché commercial de la Couronne ou une place forte stratégique lié au commerce maritime. La prospérité britannique et l'organisation de ses colonies étaient devenus un exemple à suivre pour les théoriciens du colonialisme allemand et français, tous admiratifs d'une société britannique stable où l'élite sociale et politique légitimait sa position en admettant progressivement en son sein de nouvelles catégories sociales, et en élargissant la base électorale par le biais d'une extension graduelle dudroit de vote. L'expansion coloniale de la Grande-Bretagne n'a pas été cependant une expansion purement politique comme celle de la France ni économique comme celle de l'Allemagne. Elle futl'expansion d'une société tout entière[32]. C'est pourquoi on parle davantage d'impérialisme que de colonialisme à propos de la Grande-Bretagne. En 1868,Charles Dilke, unhomme politiquelibéralprogressiste, se fit l'apôtre d'une nouvelle conception de l'impérialisme qui ne serait plus basé sur lelibre-échange[33] et qu'il appela colonialisme, en fait un vibrant éloge de la race anglo-saxonne[34]. Influencé par ledarwinisme social, des historiens s'emparèrent du concept et, telGeorge McCall Theal, avancèrent des définitions personnelles et subjectives, toutes dénuées de fondement juridique, pour en faireun triomphe du progrès sur les races moins avancées[35]. En 1884,John Robert Seeley, professeur d'histoire nouvelle àCambridge, reprit la notion pour en faire cette fois un plaidoyer en faveur de la consolidation de l'unité de l'Empire colonial britannique, rassemblé sous la couronne du monarque britannique[36]. À ses yeux, cette consolidation était vitale à mesure que les empires s'agrandissent. En 1886, l'historienJames Froude (1818-1894) publiaOceana, le premier plaidoyer en faveur de la constitution d'unCommonwealth britannique des nations. Enfin, c'estRudyard Kipling qui, au travers de ses œuvres, fit le plus grand éloge du colonialisme dans sa version de l'impérialisme britannique.
Les motivations ici exposées ne sont pas présentes dans toutes les formes de colonialisme, et quand elles le sont, toutes n'ont bien entendu pas la même importance selon les pays et les époques concernés. De plus, le fait qu'une motivation soit présente dans un projet colonialiste ne signifie pas qu'elle se soit traduite dans la réalité, ni que les opérations menées aient apporté le bénéfice qu'on en attendait : le colonialisme a souvent déçu ses promoteurs, notamment sur le plan économique ou politique.
« Coloniser, c'est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l'intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privées les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle, apanage des races supérieures ».
Garantir des débouchés à l'industrie nationale en cas de surproduction (ex. :Inde).
« Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux. Au temps où nous sommes et dans la crise que traversent toutes les industries européennes, la fondation d’une colonie, c’est la création d’un débouché ».
Jules Ferry,Discours devant la Chambre des députés, 29 juillet 1885.
« Un peuple a besoin de terre pour son activité, de terre pour son alimentation. Aucun peuple n'en a autant besoin que le peuple allemand (...), dont le vieil habitat est devenu dangereusement étroit. Si nous n'acquérons pas bientôt de nouveaux territoires, nous irons inévitablement à une effrayante catastrophe. Que ce soit au Brésil, en Sibérie, en Anatolie ou dans le sud de l'Afrique, peu importe, pourvu que nous puissions à nouveau nous mouvoir en toute liberté et fraîche énergie, pourvu que nous puissions à nouveau offrir à nos enfants de la lumière et de l'air d'excellente qualité et quantité abondante ».
Albrecht Wirth,Volkstum und Weltmacht in der Geschichte, 1904.
Contrôler les routes commerciales (ex. : îles britanniques dans les océans Atlantique ou Indien,Empire portugais).
« Messieurs, dans l’Europe telle qu’elle est faite, dans cette concurrence de tant de rivaux que nous voyons grandir autour de nous, la politique de recueillement ou d’abstention, c’est tout simplement le grand chemin de la décadence ».
Jules Ferry,Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885.
« Un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se proposer exclusivement pour but l'extension de son commerce et se contenter de ce mobile unique, l'appât du gain ? Cette nation généreuse dont l'opinion régit l'Europe civilisée et dont les idées ont conquis le monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de l'émancipation, de l'appel aux Lumières et à la liberté des races et des peuples encore esclaves de l'ignorance et du despotisme ».
« Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».
Jules Ferry,Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885.
« Nous admettons qu'il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu'on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation ».
Léon Blum,Débat sur le budget des Colonies à la Chambre des députés, 9 juillet 1925, J.O., Débats parlementaires, Assemblée, Session Ordinaire (30 juin-12 juillet 1925),p. 848.
Établir la domination d'une race jugée supérieure sur d'autres jugées inférieures (idéologies raciales duXIXe et du début du XXe siècle).
Constitution de l'empire islamique de l'hégire à la fin de ladynastie omeyyade (622-750).
Déclenchée parMahomet et ses successeurs contre le monde non musulman, sous le nom de « Djihad » (guerre sainte), la conquête arabe s'est développée avec succès contre les territoires chrétiens (Moyen-Orient,Afrique du Nord,Espagne) et païen ou animiste (Afrique noire, Asie centrale et Sud-est asiatique). Les peuples colonisés sont soumis au statut dudhimmi.
Les chrétiens qui s'installent alors auLevant restent numériquement très faibles. Ce sont surtout des nobles sans terre acquérant des domaines fonciers, ou des marchands installés dans les villes côtières. Les sociétés chrétiennes et musulmanes parviennent à cohabiter pacifiquement dans ces États, et les échanges commerciaux ou culturels se développent. Toutefois, elles restent distinctement séparées, les métissages demeurant rares, et la pression militaire extérieure est constante. Le chef guerrierkurdeSaladin chasse les croisés deJérusalem une première fois en 1167, et la dernière ville,Acre, est évacuée en 1291. Entretemps, laQuatrième croisade a été détournée en 1204 par lesVénitiens versConstantinople, capitale de l'Empire byzantin et deschrétiens orthodoxes. Les croisés fondent de nouveaux États enGrèce et en Asie Mineure, ainsi que l'empire latin de Constantinople, qui résiste à la reconquête byzantine jusqu'en 1261.
LesCroisades (ou laReconquista espagnole, également dirigée contre les musulmans) ont aussi été une source d'inspiration lors des mouvements de colonisation européens ultérieurs, notamment dans leNouveau Monde.
La quasi-totalité de ces populations, dont la présence avait servi de prétexte aux doctrinespangermanistes, a été expulsée à la fin de laSeconde Guerre mondiale.
En mai 1493, le papeAlexandre Borgia promulgue labulleInter caetera, modifiée par letraité de Tordesillas, partageant le monde à découvrir entre la Castille (hémisphère Ouest, les Amériques) et le Portugal (hémisphère Est, l'Afrique et l'Asie). Ces arrangements, tout en légitimant les futures conquêtes au nom de la chrétienté, permettaient aussi d'éviter un affrontement direct entre les deux puissances ibériques.
Le déclin de l'Empire colonial portugais est inévitable, compte tenu des limites démographiques (un million d'habitants) et économiques de la métropole par rapport à l'étendue de son empire. De 1580 à 1640, le Portugal est annexé à la couronne d'Espagne, et les Hollandais nouvellement indépendants en profitent pour s'emparer de nombreux comptoirs et colonies portugais. Jusqu'en 1822, leBrésil est la principale colonie d'un Portugal sous influence britannique. Ensuite, les possessions africaines (Angola,Mozambique,Guinée-Bissau) sont développées. Dans les années 1960, la dictature deSalazar tente vainement de les préserver malgré des guerres d'indépendance, qui s'achèvent en 1975, après larévolution des Œillets.
La première étape de l'expansion espagnole outre-mer a été lesîles Canaries. Attribuées lors dutraité d’Alcáçovas contre les Portugais en 1479, elles sont conquises en 1491-1496, entraînant l'extermination du peuple autochtone, lesGuanches. Le royaume deCastille ne s'investit dans l'expansion dans l'océan Atlantique que lorsque laReconquista contre les musulmans d'Espagne est achevée, après la chute de l'Émirat de Grenade en janvier 1492.
Après un refus du roi du Portugal, leGénoisChristophe Colomb arrive à convaincre lesRois catholiques,Isabelle de Castille etFerdinand d'Aragon, de financer une expédition qui doit permettre d'atteindre les Indes et ses richesses par l'Ouest. En octobre 1492, Colomb atteint l'île deSan Salvador (Bahamas), puis fonde le premier établissement colonial duNouveau Monde àHispaniola. Il est nommé « vice-roi des Indes » (1493-1500) par les rois espagnols avec des privilèges très importants ; son gouvernement se révèle désastreux, pour les colons qui s'affrontent entre eux, mais surtout pour les autochtones d'Hispaniola dont la population s'effondre du fait des exactions des conquérants. Au cours de trois autres voyages jusqu'en 1504, Christophe Colomb explore lesAntilles et le littoral de l'Amérique centrale, mais c'est à un autreGénois,Amerigo Vespucci qu'est attribuée, en 1507, la découverte d'un nouveau continent, l'Amérique, après trois voyages entre 1499 et 1504.
La conquête du Nouveau Monde par lesconquistadors est rapide. En 1511, les Grandes Antilles (Cuba,Hispaniola,Porto Rico) sont conquises. Certaines légendes, notamment celle de l'Eldorado, poussent des aventuriers souvent issus de la petite noblesse castillane pauvre d'Estrémadure, à se risquer dans de périlleuses, lointaines et fréquemment mortelles expéditions. C'est avec quelques centaines d'hommes qu'Hernán Cortés conquiert leMexique sur lesAztèques en 1519-1521, et queFrancisco Pizarro conquiert lePérou sur lesIncas en 1532-1534. La supériorité technologique et l'audace des Espagnols, ainsi que la démoralisation (à laquelle participent des croyances comme le mythe deQuetzalcóatl) et les divisions desAmérindiens ont permis ces conquêtes exceptionnelles. À partir du Mexique, les Espagnols colonisent lesPhilippines (années 1560), où ils se heurtent aux limites orientales de l'Empire colonial portugais.
Archives générales des Indes à Séville.
En 1503, les autorités castillanes créent, àSéville, laCasa de Contratación, un organisme chargé de réglementer le trafic entre l'Espagne et les nouvelles colonies. Il est chargé de prélever une taxe correspondant au cinquième du commerce avec le Nouveau Monde (Quinto Real) et de collecter les informations sur les découvertes des explorateurs. En 1524, le Conseil des Indes (Consejo de Indias) est doté du pouvoir d'administration, relayé sur place par onzeaudiencias (tribunaux), la première ayant été établie àSaint-Domingue en 1511. Les colons espagnols s'enrichissent avec le système de l'encomienda (droits de seigneurie sur les communautés indiennes). Les grandes propriétés agricoles (latifundia) se développent surtout à partir duXVIIe siècle. Parallèlement, la métropole exploite intensivement les riches gisements d'or (enColombie) et d'argent (Zacatecas au Mexique,Potosí enBolivie).
AuXVIIe siècle, lesJésuites établissent desmissions ouReducciones, notamment auParaguay avec lesGuaranis, enBolivie, auPérou ou auBrésil. Ce sont de véritables petites républiques, dont le but est d'évangéliser les Amérindiens. Pour ce faire, les Jésuites reproduisent l'organisation des villes espagnoles, mais s'adaptent au mode de vie et accueillent les Amérindiens qui fuient l'esclavage. Leur présence irrite donc fortement les colons, qui à force d'intrigues parviennent à les faire interdire par le pape, l'Espagne et le Portugal dans les années 1750-1760.
La forte baisse démographique desAmérindiens a pour conséquence de priver les colons d'une majeure partie de leur main d'œuvre. Les Espagnols se tournent alors vers laTraite des Noirs, pratiquée par les Portugais.
L'Empire espagnol
Malgré les mauvais traitements infligés aux Amérindiens et aux Noirs, l'Amérique latine, y compris le Brésil portugais, devient un exemple unique de société coloniale métissée.
La domination économique de la métropole mécontente les élitescréoles (blancs nés dans les colonies). À l'instar deSimón Bolívar, elles s'inspirent de laRévolution française, et profitent de l'occupation de l'Espagne parNapoléonIer en 1808 pour proclamer l'indépendance des pays d'Amérique latine. Celles-ci interviennent malgré la répression espagnole et après plusieurs affrontements militaires, entre 1811 et 1825. En 1898, au cours de laguerre hispano-américaine, l'impérialisme desÉtats-Unis agresse l'empire colonial espagnol, qui perdCuba,Porto Rico et lesPhilippines.
L'Espagne ne contrôle plus que quelques possessions africaines, dont leRif marocain, acquis au début duXXe siècle, et conservée au prix de sanglantesluttes anti-guérilla contreAbd el-Krim, en 1921-1926, avec l'aide de troupes françaises commandées par lemaréchal Pétain. Le Maroc espagnol est après les Canaries, la première base de l'insurrectionfranquiste en juillet 1936, et fournit des troupes (les Maures, et les troupes coloniales, lesBanderas del Tercio ou légion étrangère), dont l'usage se révèle décisif dans laguerre d'Espagne. Cette colonie est rétrocédée auMaroc en 1956, maisCeuta etMelilla restent espagnoles.
Entre lesXVIe et XVIIIe siècles, la pensée économiquemercantiliste se développe en Europe. Cette théorie préconise un enrichissement national grâce au développement du commerce extérieur combiné à un rôleprotectionniste de l’État qui encourage les exportations. Allant à l’encontre de l’influence de l’Église catholique romaine qui réprouvait l’enrichissement et les mécanismes inhérents aucapitalisme comme leprêt (banalisé par les banquiers italiens et allemands de laRenaissance), les souverains européens ont comme objectif d’accumuler un maximum demétaux précieux (or, argent).
Lemercantilisme s’est décliné en plusieurs variantes selon les pays. Le mercantilisme espagnol (bullionisme) se concentre sur l’accumulation de métaux précieux ; le mercantilisme français (colbertisme) est davantage tourné vers l’industrialisation ; et le mercantilisme anglais ou hollandais (commercialisme) est plus ouvert sur le commerce extérieur.
L'expansion coloniale néerlandaise (fruit de l'activité mercantile soutenue de laHollande et de laZélande) trouve son origine dans l'annexion du Portugal par l'Espagne (1580-1640) et la déclaration d'indépendance desProvinces-Unies vis-à-vis de l'Espagne (1581). La jeune nation néerlandaise développe alors une flotte, qui à partir de sa base deFlessingue, attaque les convois espagnols se rendant àAnvers. Elle s'empare également de nombreuses possessions portugaises très mal défendues :Elmina,São Tomé,Cochin,Colombo,Malacca,Bantam,Amboine,Pernambouc,Bahia. Cette expansion se nourrit également du déclin espagnol.
Les Hollandais font preuve d'un grand dynamisme commercial et l'initiative individuelle est encouragée. LaCompagnie hollandaise des Indes orientales (Vereenigde Oostindische Compagnie), qui obtient un monopole commercial avec les Indes, est créé en 1602. LaWisselbank d'Amsterdam, qui détient un monopole des changes, est fondée en 1609. La capitale hollandaise devient le centre international des métaux précieux et le plus grand marché de capitaux. LaCompagnie hollandaise des Indes occidentales (West-Indische Compagnie ou tout simplement WIC), qui obtient un monopole commercial avec les Amériques, est créé en 1621.
En Amérique du Sud, les Néerlandais s'installent sur laCôte sauvage à partir de 1616 et dans lesAntilles néerlandaises, à partir de 1634. Elle conquiert des territoires auBrésil à partir de 1630, entre leSergipe etMaranhão et les baptiseNouvelle-Hollande, récupérée par les Portugais en 1654 avec la chute deRecife.
L'expansion outre-mer de l'Angleterre démarre sous le règne de la reineÉlisabethIre (1558-1603), bien que l'explorateurvénitienJohn Cabot ait déjà atteint, en 1497, pour le compte deHenry VII, l'Amérique du Nord, en redécouvrantTerre-Neuve. Le même roi avait aussi donné une impulsion décisive à l'essor de la marine marchande anglaise, qui continua à exploiter des liens avec l'Europe continentale développés par le commerce de la laine.
En 1577-1580, le corsaireFrancis Drake réalise le deuxième tour du monde. L'invincible Armada est anéantie en 1588, mettant ainsi fin à l'hégémonie navale de l'Espagne. L'implantation coloniale en Amérique du Nord est tentée une première fois parWalter Raleigh enVirginie en 1584, avant d'être réussie de manière permanente dans la même région parJohn Smith en 1607. Les pèlerinspuritains duMayflower, fuyant les persécutions religieuses en Angleterre, débarquent en 1620 enNouvelle-Angleterre (dans leMassachusetts).
En 1651,Oliver Cromwell promulgue leNavigation Act, qui réserve à la marine anglaise un monopole presque complet sur le commerce extérieur anglais, notamment avec les colonies américaines et antillaises en développement. Les Anglais inaugurent ainsi un système mêlant libéralisme et protectionnisme.
Malgré le statut autonome et privé de la Compagnie, le Parlement britannique exerce un droit de regard sur ses possessions coloniales. En 1773, leRegulating Act lui impose des réformes économiques et administratives, et en 1784, une loi attribue à la couronne le gouvernement des Indes, la Compagnie conservant son monopole commercial.
EnAustralie, le début de la colonisation britannique commence en 1788 sous la forme d'un établissement pénitentiaire, avec l'arrivée d'un convoi de bagnards (convicts) enNouvelle-Galles du Sud.
Alexis de Tocqueville (1805-1859), par exemple, un fervent défenseur de la « Grande France », exhortait les colons d’Algérie à suivre l’exemple des colons grecs et romains sur la rive méditerranéenne. Il déclarait en 1841 : « J'ai déjà dit plusieurs fois, et je veux encore le redire, ce qui importe le plus quand on veut créer et développer rapidement une colonie, c'est de faire que ceux qui arrivent dans son sein soient aussi peu dépaysés que possible et qu'ils y rencontrent, s'il se peut, une image parfaite de la patrie. Tous les peuples colonisateurs ont ainsi agi. Les mille colonies fondées par les Grecs sur les rivages de la Méditerranée ont toutes été des copies très exactes des cités dont elles étaient sorties. Les Romains ont fondé sur presque tous les points du monde connu de leur temps des municipalités qui n'étaient autres que des Romes en miniature. Chez les modernes, les Anglais ont toujours fait de même »[40].
À la même époque, les Anglais considéraient également les conquérants classiques comme des « colonisateurs modèles » et des « instructeurs universaux » à émuler. John-Robert Seeley (1834-1895), professeur d’histoire à Cambridge et ardent défenseur de l’Empire britannique, affirmait, à cet égard, que le rôle qui incombait à l’Angleterre était similaire à celui de Rome, et ce rôle consistait « non seulement à gouverner mais aussi à éduquer et civiliser »[41].
Compte tenu de cette étroite identification des impérialistes français et britanniques aux conquérants grecs et romains, de leur incorporation des idées et des théories classiques sur la culture et la « race », le discours colonialiste revêt le caractère d’un « palimpseste » ou, plus précisément, d’un « continuum historique, idéologique et narcissique » dans lequel les théories modernes de la domination se nourrissent et s’imbriquent dans les mythes classiques de supériorité et de grandeur[39].
Répression par les troupes britanniques de l'insurrection indienne de 1887 (peinture deVassili Verechtchaguine).
Après la conquête militaire initiale, le colonialisme s'est souvent accompagné d'actes deviolences pour soumettre les populations : massacres (massacre de la tribu des Ouffas en Algérie en 1832 par Savary, duc de Rovigo[42] ; massacres systématiques de populations civiles en Algérie par les colonnes de Bugeaud en 1845 connus sous le nom d'enfumades[43] et notamment celle de Dahra où sont morts plus d'un millier d'hommes, de femmes et d'enfants[44] ; massacre desHereros par le généralLothar von Trotha lors de l'insurrection de 1904 dans leSud-Ouest africain allemand ; des chinois lors dumassacre de Nankin en 1937 ou lors de laconquête de la Mandchourie par le Japon à partir de 1931), populations chassées de leurs territoires, dépouillées de l'accès à leurs ressources naturelles, journées de travail obligatoires[45].
L'impact de la conquête coloniale a été violent et parfois catastrophique (Amérindiens). Les progrès de la médecine, de la production et des transports inhérents à l'évolution du monde et de la science ont largement contribué à amorcer ensuite l'explosion démographique des pays colonisés.
Le colonialisme a aussi provoqué d'importants mouvements de population, qui ont profondément modifié la population de nombreuses régions du monde. On peut distinguer :
l'émigration volontaire des métropoles (et parfois d'autres pays européens) vers les colonies.
l'émigration forcée d'esclaves, surtout africains, vers les colonies américaines (voirEsclavage,Traite des Noirs).
l'émigration plus ou moins volontaire d'une colonie à l'autre. Il y a eu des mouvements à courte distance (Mossis duBurkina Faso vers laCôte d'Ivoire, Bengalis vers laBirmanie...) et d'autres beaucoup plus longs (Indo-Pakistanais vers les colonies britanniques, Libanais vers l'Afrique française).
En fait, la colonisation a déplacé beaucoup plus de migrantsafricains et asiatiques, volontaires ou forcés, que d'Européens.
Un quatrième flux, plus récent, est celui des colonisés et ex-colonisés vers l'ancienne métropole.
La population du Congo sous colonisation belge diminue de moitié entre1880 et1926, au point que certains historiens désignent cette période comme un « holocauste oublié »[49].
Après la grande dépression de 1873 l'industrie européenne à la recherche de nouveaux marchés a bénéficié de l'expansion coloniale au prix d'énormes dépenses publiques réalisées dans les colonies, retardant les effets de la crise jusqu'en 1913.
Le système colonial est associé à l'application d'une domination politique, militaire et économique des anciennes colonies par les puissances européennes ; il a laissé le souvenir d'un système par principe inégalitaire.
En ce qui concerne les anciennes colonies françaises, l'Algérie est un des pays où la rancœur est la plus grande. Ainsi, le gouvernement algérien a vivement critiqué la loi française qui introduisait officiellement « le rôle positif » de la colonisation à travers son article 4 qui a finalement été abrogé. Cette position algérienne s'explique par la violence de la conquête coloniale, par l'application en Algérie du code de l'indigénat et par le souvenir de laguerre de décolonisation.
Toutefois, d'autres pays n'ont pas la même rancœur. L'organisation internationale de la francophonie, créée à l'initiative d'anciennes colonies françaises, et lessommets France-Afrique, attestent des bonnes relations diplomatiques de la France avec la plupart de ses anciennes colonies, même si ces dernières ont également manifesté leur hostilité à l'article 4 de la loi du 23 février 2005.
D'autres gouvernements sont particulièrement critiques vis-à-vis de leurs anciennes puissances coloniales : le gouvernement duZimbabwe (Robert Mugabe) vis-à-vis duRoyaume-Uni, une partie du gouvernement ivoirien (Laurent Gbagbo) vis-à-vis de laFrance.
Le premier bilan culturel est linguistique. En effet, dès l'Antiquité, le latin se propage en Europe au détriment deslanguesslaves etsaxonnes.Plus tard, lesEspagnols et lesPortugais imposent l'usage de leurlangue dans lenouveau monde.
Enfin, les dernières colonisations ont aussi imposé leurslangues dans lescolonies.
Lacontroverse de Valladolid confirme la bulle pontificaleSublimis Deus qui interdit l'esclavage des Indiens d'Amérique du Sud ainsi que la lettreVeritas ipsa reconnaissant l'humanité des Indiens. Cette controverse permet la transcription de la bulle pontificale dans le droit espagnol.
Les colonisations s'accompagnent généralement d'un abandon du droit coutumier au profit du droit du colonisateur, ainsi que du développement, à des degrés variables selon les cas, de la religion du pays colonisateur.
Dans les colonies le modèle national d'enseignement est plus ou moins décliné en fonction des contextes locaux, mais certains enseignements comme ceux de la médecine et de l'agriculture se spécialisent avec respectivement par exemple les cours de« médecine coloniale », de« botanique coloniale » et d'« agriculture coloniale » (il existe encore en1913 uneécole supérieure d'agriculture coloniale[51] alors que l'École pratique des hautes études abritait unLaboratoire d'agronomie coloniale. ÀCayenne, la France avait installé unJardin national des plantes, notamment dirigé parJoseph Martin (« directeur des cultures coloniales à Cayenne »)[52]. Dans ces contexte, le mot colonial doit souvent simplement être pris comme synonyme d'exotique ou tropical, car les maladies et les plantes de territoiresnon français sont également étudiés par ces disciplines.
Lors des phases expansionnistes, les pays colonisateurs ont besoin d'envoyer des cadres et des colons dans les pays colonisés, loin de leur terroir natal. Pour ce faire, ils ont besoin de développer uneculture coloniale, qui passe notamment par la presse et par l'école[53].
Très présente durant la période coloniale (ex :La Géographie vivante d’Onésime Reclus, cours préparatoire et CM1, en 1926), l'histoire des colonies disparait souvent des programmes des pays colonisateurs après la décolonisation, lors d'une phase de déni, refoulement ou refus de mémoire.
Suit une phase de controverses[54] sur le déni ou l'oubli des colonialistes par l'histoire enseignée dans le premier ou second cycle, cette absence ou un traitement très superficiel des périodes coloniales ont été dénoncés depuis de nombreuses années. Parfois une réaction politique parlementaire se fait, mais comme en France en 2005 (voir ci-dessous) en imposant aux enseignants de présenter à leurs élèves les aspects positifs de la colonisation tels que la mise en place d'infrastructures de transports, sanitaires, industrielles, d'enseignement (sans explicitement demander de nier les aspects négatifs que sont par exemple l'apport de maladies nouvelles, les pertes culturelles, les malheurs et séquelles de l'esclavage ou lasurexploitation de nombreuses ressources naturelles). SelonJean-Frédéric Schaub« cet argument est analogue à la justification dufascisme par lesautoroutes, dunazisme par la résorption duchômage, dustalinisme par l’industrialisation et ducastrisme par lascolarisation. Pour en arriver là, mieux valait encore l’oubli, que cette recharge idéologique. Tout récemment, enfin, les choix muséographiques effectués par les concepteurs dumusée du Quai Branly et de laCité nationale de l'histoire de l'immigration tendent à écarter l’expérience coloniale, en tant que telle, comme élément de compréhension »[55]
LaLoi française du 23 février 2005portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés dispose notamment :
« La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française ».
« les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment enAfrique du Nord et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit » (article 4, alinéa 2).
Cette affirmation d'un « rôle positif » a suscité un vif débat dans la société française, en métropole et outre-mer[56],[57],[58],[59].
Le controversé article 4, après avoir été proclamé comme relevant du domaine règlementaire par le Conseil constitutionnel (le 31 janvier 2006), a été abrogé par décret le 16 février 2006.
En2020, un élève belge sur quatre ignore que leCongo a été une colonie belge[60]. Une étude financée en 2020 par la Fondation Roi Baudouin a montré que l’enseignement de la colonisation belge est la première des revendications des Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais dans la lutte contre les discriminations dont elles et ils sont victimes. Il apparaît en effet que les manuels scolaires n’abordent en général pas le sujet. Le référentiel d’histoire pour les humanités générales et technologiques de 1999 n’impose en aucun cas d’aborder la colonisation belge. La mise à jour effectuée en 2015 pour les programmes d’humanités techniques et professionnelles, a, quant à elle, fait l’objet de nombreuses critiques. Une réforme des référentiels, programmes et manuels scolaires en histoire est donc indispensable tant en Fédération Wallonie-Bruxelles qu’en Flandre[61].
En France, des groupes politiques (souvent affiliés à l'extrême-droite) et personnalités valorisent et défendent la colonisation ainsi que les différents "apports" qu'auraient permis la colonisation :
↑Selon Margaret Kohn, dansL'encyclopédie de philosophie de Stanford, 2006,« Le colonialisme est une pratique de domination qui met en jeu la domination d'un peuple par un autre ».
↑Pour le dictionnaireLe Robert, le colonialisme est une« doctrine qui vise à légitimer l'occupation d'un territoire ou d'un État, sa domination politique et son exploitation économique par un État étranger » tandis que, pour lePetit Larousse, c'est un« système politique préconisant la mise en valeur et l'exploitation du territoire dans l'intérêt du pays colonisateur »[1][2].
↑Voir égalementMargaret Kohn sur les difficultés de définition de la notion, notamment de sa parenté avec l'impérialisme, et de son évolution au cours de l'histoire.
↑Voir l'usage du termeExposition Coloniale qui n'était initialement perçu comme porteur d'aucune connotation négative.
↑Georges Scelle cité par Pierre-Marie Dupuy,Droit international public, droit public et sciences politiques,Dalloz, 2006.
↑La colonisation se définit juridiquement comme l'annexion d'un nouveau territoire à un État. Elle intervient le plus souvent à la suite d'une guerre -Jurisprudence Dalloz, 1988,p. 31.
↑Pierre-Marie Dupuy,Droit international public, droit public et sciences politiques,Dalloz, 2006,p. 35.
↑Définition juridique de la colonisation dans lelexique de termes juridique, Jurisprudence généraleDalloz, 1988,p. 90-91.
↑Grotius a distingué deux éléments psychologiques et matériels concourant à l'acquisition d'un territoire : l'animus ou l'intention d'acquérir et lecorpus ou la réalisation de cette volonté.
↑Les historiens J. Gallagher et R. Robinson dansthe imperialism of free trade (1953) définissent cette notion d'impérialisme de libre-échange basée sur l'émigration, la colonisation, le commerce, l'investissement financier, la transmission de culture...
↑voir par exemple le débat autour dudiscours de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007Le colonisateur est venu, il a pris, il s'est servi, il a exploité, il a pillé des ressources, des richesses qui ne lui appartenaient pas. Il a dépouillé le colonisé de sa personnalité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail.
↑Dubard M (1913) Botanique coloniale appliquée : cours professé à l'École supérieure d'agriculture coloniale. A. Challamel.
↑Chevalier, A. (1935). Le Tricentenaire de la fondation du Jardin des Plantes et le rôle du Muséum en Agriculture coloniale. Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 15(166), 393-418.
↑Bertrand R, (2006) Mémoires d’empire. La controverse autour du « fait colonial », Bellecombe-en Bauges, Éd. du Croquant.
↑Benoît de l'estoile (2007) « Le moment du Quai Branly », numéro spécial, Le Débat, 147, Le goût des autres. De l’Exposition coloniale aux arts premiers, Paris, Flammarion, 2007.
↑RomainLandmeters, « Comment le passé colonial est-il enseigné à l'école ? Decolonize Now ! La décolonisation et la mémoire coloniale en débat. Un cycle de débats à Bruxelles (Bruxelles) »,Communication à un colloque,(lire en ligne, consulté le)
Sidi Mohammed Barkat,Le Corps d'exception - Les artifices du pouvoir colonial et la destruction de la vie, Paris,Éditions Amsterdam, 2005 (sur l'indigénat et les massacres coloniaux).
Pierre Singaravélou,L'École française d'Extrême-Orient ou l'institution des marges. Essai d'histoire sociale et politique de la science coloniale (1898-1956), Paris, L'Harmattan, 1999, 382 p.