Il est composé de 759 feuilles, écrites sur trois colonnes, à raison de 42 lignes par colonne, excepté leslivres poétiques, écrits sur deux colonnes[1].
Mt 21,29-31 : le premier fils de laparabole est celui qui dit oui à son père et ne va pas à la vigne ; et le second, celui qui dit non et qui y va. C'est l'ordre inverse qu'atteste leSinaïticus.Ces deux formes parallèles de la parabole dépendent d'une troisième, celle duCodex de Bèze.
Mc 16,9-20 : la Finale longue de Mc manque comme dans leSinaïticus et contrairement auCodex de Bèze et au texte byzantin.
Lc 11,2-4 : le Notre Père de Lc a une forme courte (à 5 demandes au lieu de 7), qui est différente de la forme moyenne duSinaïticus (à 6 demandes) et des formes longues (à 7 demandes) duCodex de Bèze et du texte byzantin.
Un exemplaire de la Bible de Césarée ? On a proposé d'y voir, à côté duSinaïticus, un autre des 50 exemplaires de la Bible commandés par l’empereurConstantinIer àEusèbe de Césarée[7], peu de temps après leconcile de Nicée (325). Mais ces deux bibles, si leurs écritures se ressemblent[8], ne suivent pas les mêmes modèles.
Un modèle abandonné ? Le manuscrit a-t-il été copié pour devenir le modèle d'autres bibles ? Quoi qu'il en soit, un autre modèle lui est préféré après la mort de Constant (350), celui de la recension deLucien d'Antioche qui va donner le texte byzantin.
Les compléments médiévaux. Le manuscrit est donc mis de côté, il y perd sa lisibilité et doit être entièrement réencré au cours duMoyen Âge ; il y perd également de nombreux feuillets, notamment au début (Gn 1-45) et à la fin (après Hb 9,14).
On repère parfois dans la marge un double point horizontal au niveau d'une ligne de texte, pour attirer l'attention du lecteur. Dans Mc, en particulier, ces points trémas signalent des passages où le manuscrit s'éloigne de laVieille latine et s'accorde avec laVulgate. Ces points confortent l'hypothèse d'une copie romaine du manuscrit.
Catalogué auVatican depuis 1475, il est attesté à la Bibliothèque vaticane dès son premier catalogue daté de1475[12]. Le papeNicolas V l’avait probablement intégré dès la fondation de la bibliothèque en1451.
Une première liste de variantes en est issue. Le manuscrit n'est pas utilisé pour composer les premières éditions imprimées, ni laPolyglotte d'Alcala (1514-1522,), ni la Bible d'Alde Manuce àVenise (1515-1518), ni le NT grec d'Érasme (1516). Mais une liste de variantes du NT est envoyée à Érasme, qui n'en fait rien.
Il est en revanche utilisé comme modèle pour l'édition romaine de laSeptante (1586), qui devient le modèle des éditions suivantes. Mais pour le NT, le texte d'Érasme est devenu le « texte reçu » et la liste des variantes n'est publiée qu'en 1673.
LeCodex Vaticanus est longtemps conservé jalousement par les autorités vaticanes, inaccessible même aux exégètes les plus éminents. Il faut attendre 1809 pour qu’il soit exposé à Paris, au temps dePie VII, pour que son écriture fasse reconnaître son antériorité à laVulgate[13]. Un fac-similé complet duNouveau Testament a été publié lors duconcile Vatican II ; et un fac-similé de tout le manuscrit a été publié à l’aube du troisième millénaire.
C’est essentiellement sur base duVaticanus et duSinaiticus que travailleront les théologiens anglaisWestcott etHort avant de publier une nouvelle édition duNouveau Testament en 1881[14].
Ces deux codex restent à l’heure actuelle privilégiés en matière de reconstitution du texte de laBible grecque.
SelonConstantin von Tischendorf, le manuscrit a été écrit par troisscribes (A, B, C) dont deux semblent avoir écrit l'Ancien Testament et un le Nouveau. Ce point de vue a été accepté parFrederic G. Kenyon, mais contesté par T. C. Skeat après un examen plus approfondi du codex. Skeat et d'autres paléographes contestèrent sa théorie d'un troisième scribe (C), affirmant au contraire que deux scribes ont travaillé sur l'Ancien Testament (A et B) et que l'un d'eux (B) a écrit le Nouveau Testament.
Le scribe A aurait écrit :
Genèse à 1 Rois (pages 41-334)
Psaumes à Tobie (pages 625-944)
Et le scribe B :
1 Rois à 2 Esdras (pages 335-624)
Osée à Daniel (pages 945-1234)
Nouveau Testament
Deux correcteurs auraient travaillé sur le manuscrit, l'un (B2) contemporain des scribes, l'autre (B3) vers le Xe ou XIe siècle, bien que la théorie d'un premier correcteur (B1) proposée par Tischendorf ait été rejetée par les chercheurs plus tardifs. Selon Tischendorf, l'un des scribes est le même que ceux duCodex Sinaïticus (scribe D), mais il n' y a pas suffisamment de preuves pour étayer son affirmation. Skeat convient que le style d'écriture est très proche de celui duSinaïticus, mais qu'il n' y a pas assez de preuves pour accepter l'identité des scribes ;« l'identité de la tradition scribale est incontestable ».
Le manuscrit contient de petits points doubles horizontaux inhabituels (appelés « distigmai », antérieurement « trémas ») ajoutés dans la marge des colonnes du Nouveau Testament.795 distigmai sont clairement visibles dans le texte, plus 40 autres qui sont incertains. La date de leur ajout est contestée et fait l'objet d'un lien ci-dessous. À titre d'exemple, deux distigmai sont visibles dans la marge gauche de la première colonne de l'image ci-dessus. Tischendorf a réfléchi à leur signification mais n'en a pas trouvé. Il indique seulement les endroits où ces points sont insérés : à la fin de l'Évangile de Marc, en 1 Timothée 2,14 ; 5,28 et en Hébreux 4,16 ; 8,1. La signification des distigmai n'a été comprise qu'en 1995, lorsque Philip Payne. a interprété le premier distigmai en étudiant les versets 1 Cor 14, 34-35 du codex. Il suggère que ces signes indiquent les lignes pour lesquelles une autre variante du texte était connue par la personne qui les écrivait. Les distigmai marqueraient donc les points d'incertitude textuelle. Par ailleurs, des distigmai s'observent également dans leCodex Fuldensis, en particulier dans 1 Corinthiens 14, 34-35. Les distigmai indiquent une variante des manuscrits occidentaux, qui placent 1 Corinthiens 14, 34-35 après 1 Cor 14, 40 dans les manuscritsClaromontanus,Augiensis,Boernerianus, 88, itd, g, et dans quelques manuscrits de la Vulgate.
À lapage 1512, à côté d'Hébreux 1, 3, le texte contient une note marginale intéressante :« "Insensé et voyou, conserve l'ancienne lecture et ne la change pas." » (« ἀμαθέστατε καὶ κακέ, ἄφες τὸν παλαιόν, μὴ μεταποίει »), ce qui suggère que les corrections non autorisées étaient un problème récurrent dans les scriptoria.
Les livres de laSeptante ont une disposition remarquable :
les Livres historiques forment uneproportion du simple au double : 2 livres / livret central / 4 livres ;
les Livres poétiques forment uneproportion d'égalité : 3 livres / livret central / 3 livres ;
les Livres prophétiques forment uneproportion du simple au double inversée, par la longueur des livres : XII (57 p.) / Isaïe (61 p.) - Jérémie (63 p.) / Baruch (6 p.) - Lamentations - Lettre (3 p.) / Ézéchiel (63 p.) / Daniel (28 p.), soit : les XII et Daniel (avec ses annexes), dans le rapport de 2 pour 1 ;
Isaïe + Jérémie et Ézéchiel, dans le rapport de 2 pour 1 ; et même au centre, Baruch et la Lettre de Jérémie, dans le rapport de 2 pour 1.
Les proportionsdu simple au double ded'égalité sont réunies par unespéculation philosophique qui donne aux livres un statut d’Écriture sacrée. La proportiondu simple au double inversée est d'origine chrétienne et complète les deux autres proportions en opérant un retour symbolique à la situation initiale.
Le Pentateuque est en tête de laBible, et les livres ont un ordre constant. Pourtant, le livre centralLévitique interrompt une histoire qui réunit les livres 2Exode et 4Nombres. Ainsi, leLévitique occupe la position centrale dans une suite qui forme uneproportion d'égalité : 2 livres / livre central / 2 livres.
Les livres historiques suivent le Pentateuque dans toutes les bibles, et leur ordre est constant ; mais le livret deLivre de Ruth n'en fait pas partie, dans laBible hébraïque, il se trouve dans la collection de Megillot (rouleaux) qui fait partie desÉcrits, dernière section de la Bible hébraïque. Les livres1-2 Règnes correspondent à 1-2Samuel et 3-4 Règnes, à 1-2 Rois de la Bible hébraïque.
Les livres suivants ont un ordre qui varie dans laSeptante et entre elle et laBible hébraïque.
Les livres prophétiques suivent les livres historiques, dans la Bible hébraïque, et forment avec eux la section desProphètes ; leur ordre et leur nombre diffèrent : on trouve dans cette sectionIsaïe -Jérémie -Livre d'Ézéchiel - les XII (Osée-Joël-Amos-Abdias-Jonas-Michée-Nahum-Habakuk-Sophonie-Aggée-Zacharie-Malachie) ; lesLamentations se trouve parmi les Megillot, dans la section des Écrits ;Daniel, sans ses sections propres à la tradition grecque (Suzanne,Bel et le Dragon), se trouve aussi parmi lesÉcrits ;Baruch et laLettre de Jérémie sont propres à laSeptante.
Tous les livres duNouveau Testament nous sont parvenus en langue grecque. Selon plusieurs témoignages anciens, l'évangile deMatthieu aurait d'abord été écrit en hébreu ou en araméen ; peut-être cette première rédaction s'appelait-elleÉvangile selon les Hébreux, dont l'existence est attestée au tout début duIIe siècle, mais ce livre ne fait partie d'aucun canon.
Les évangiles apparaissaient à l'origine dans un ordre attesté par le texte occidental (voirCodex Bezae) :Matthieu -Jean -Luc -Marc ; dans cet ordre, ils formaient une double proportion de part et d'autre de l'épisode central de laFemme adultère, ajouté dansJean (7,53-8,11) au milieu de son récit. Les récits figuraient dans uneproportion du simple au double et les paroles dans uneproportion d'égalité. Cette double proportion leur donnait un statut d’Écriture sacrée. Elle disparaît au profit d'un ordre nouveau desévangiles, qui est attesté à la fin duIIe siècle dans leCanon de Muratori et qui est celui duVaticanus et de la plupart des manuscrits.
Les Actes et les épîtres catholiques forment à l'origine un complément du corpus desévangiles, qui comprenait encore l'Apocalypse (voirCodex Bezae) ; puis ils s'en détachent pour former un corpus distinct, qui prend place après lesévangiles (Codex Vaticanus) ou après lesépîtres de Paul (CodexSinaiticus) ; plus tard, le corpus est dissocié, lesActes venant après les évangiles et lesépîtres catholiques, après celles de Paul.
Le corpus paulinien comprend 14 épîtres, dont la moitié sont sûrement de Paul, et leur ordre et leur nombre a varié. Les premières épîtres ont été réunies pour orienter l'interprétation des évangiles, Écriture sacrée.
AuIVe siècle, la collection contient les 14 épîtres, avecHébreux avant les pastorales etColossiens désormais aprèsPhilippiens. Plus tard, l'ordre définitif placeHébreux en dernière position.
L'Apocalypse faisait à l'origine partie des compléments desévangiles (voirActes) et prend place logiquement à la fin duNouveau Testament.
Après l'Apocalypse, quelques bibles grecques comprenaient des livres supplémentaires, écrits par la génération qui suit les apôtres et réunis au Moyen Âge dans la collection des Pères apostoliques : leSinaiticus, qui se termine par lePasteur d'Hermas et l'épître deBarnabé ; leVaticanus, qui devait se terminer par laDidachè ; et l'Alexandrinus, qui se termine par 1-2Clément (de Rome). Mais en Occident, aux conciles d'Hippone (393) et de Carthage (397), la liste des livres est close aux 27 écrits qui vont deMatthieu à l'Apocalypse.
Évangile selon Luc et Évangile selon Jean.Le passage Marc 16, 6-8, qui termine l'Évangile de Marc
Le manuscrit contenait à l'origine une Bible grecque complète, avec laSeptante et leNouveau Testament. Il présente aujourd’hui quelques lacunes :
Il manque le début du manuscrit,Genèse 1-46, partie remplacée auXVe siècle.
Il manque une série de 16 pages dans leLivre des Psaumes, les psaumes 105 à 137.
LesLivres des Macchabées sont absents, mais ils manquent aussi dans la liste des livres bibliques de la lettre festale 39 d’Athanase : il s'agit probablement d'un choix commun de ne pas les inclure dans le canon biblique.
Il manque aussi la fin du manuscrit, aprèsHébreux 9,14 : la fin de l'Épître aux Hébreux et l'Apocalypse ont été remplacées auXVe siècle ; les épîtres pastorales (1-2 Timothée,Tite) etPhilémon n’ont pas été remplacées. Dans leSinaiticus et dans l'Alexandrinus, notamment, ces épîtres figurent aprèsHébreux ; mais il est possible que certaines d'entre elles n'aient pas été copiées dans leVaticanus : le papyrusp. 46 ne contenait pas les Pastorales, la partie manquante de la fin de manuscrit (7 f.) ne pouvait contenir que la fin de1 Thessaloniciens,2 Thessaloniciens etPhilémon ; or, il représente la tradition alexandrine d'avant le CodexVaticanus. D'un autre côté,Hébreux prenait place aprèsRomains, dans ce papyrus, tandis que leVaticanus place cette épître après 2 Thessaloniciens, comme les autres bibles grecques mentionnées, ce qui donne la possibilité que les pastorales y figuraient après Hébreux.
Après l’Apocalypse, un autre écrit figurait peut-être encore dans le manuscrit : laDidachè, qui est citée dans la lettre festale 39 d’Athanase. De plus, leSinaiticus et l'Alexandrinus comptent également plusieurs écrits après l'Apocalypse, qui font partie, comme laDidachè, du corpus des Pères apostoliques.
Signalons encore, dans les évangiles, l'absence de Marc 16, 9-20 (la finale longue) et Jean 7,53-8,11 (la femme adultère). Ces absences sont conformes à la tradition alexandrine.
↑J. K. Elliott,Théodore Skeat et l'origine du Codex Vaticanus, dans P. Andrist (éd.),Le manuscrit B de la Bible, Histoire du texte biblique 7, Lausanne, 2009,p. 119-133.
Novum Testamentum e codice Vaticano graeco 1209 (CodexB), Rome, 1968.
Janko Sagi,Problema historiae codicis B,Divus Thomas 1972, 3 - 29.
T. C. Skeat,The Codex Vaticanus in the 15th Century., JTS 35 (1984) 454 - 65.
Philip B. Payne,Fuldensis, Sigla for Variants in Vaticanus and 1 Cor 14.34-5., NTS 41 (1995) 251 - 262 [Payne discovered the first umlaut while studying this section.]
Curt Niccum,The voice of the MSS on the Silence of the Women: ..., NTS 43 (1997) 242 - 255.
Philip B. Payne andPaul Canart,The Originality of Text-Critical Symbols in Codex Vaticanus., Novum Testamentum 42 (2000) 105 - 113.
J. Edward MillerSome Observations on the Text-Critical Function of the Umlauts in Vaticanus, with Special Attention to 1. Corinthians 14.34-35., JSNT 26 (2003) 217-236 [Miller disagrees with Payne on several points. He notes and uses this website.]
Philip B. Payne and Paul CanartThe Text-Critical Function of the Umlauts in Vaticanus, with Special Attention to 1 Corinthians 14.34-35: A Response to J. Edward Miller., JSNT 27 (2004) 105-112 [Payne still thinks, contra Miller, that the combination of a bar plus umlaut has a special meaning.]