InChI :vue 3D InChI=1/C18H21NO3/c1-19-8-7-18-11-4-5-13(20)17(18)22-16-14(21-2)6-3-10(15(16)18)9-12(11)19/h3-6,11-13,17,20H,7-9H2,1-2H/t11-,12+,13-,17-,18-/m0/s1
Néanmoins, elle est utilisée en thérapeutique majoritairement sous forme de sels (phosphate notamment).
Elle est extrêmement proche de lamorphine, dont elle ne diffère que par un groupementméthyle en position 3. On peut d'ailleurs effectuer la synthèse de la morphine à partir de codéine par déméthylation[8]. Des laboratoires clandestins réalisent d'ailleurs cette synthèse pour en tirer lamorphine, utilisée comme précurseur de l'héroïne[9] et d'autres synthétisent ladésomorphine à partir de la codéine.
Lors d'une prise par voie orale, la codéine est absorbée dans l'estomac et l'intestin, et subit un importanteffet de premier passage hépatique. Elle est transformée par déméthylation enmorphine à hauteur de 10 %[10].
Toutefois tous les individus ne présentent pas la même fonction enzymatique, et le CYP2D6 présente un fortpolymorphisme génétique. Certains individus métaboliseront vite, et d'autres très lentement, avec d'un côté un risque de surdose, et de l'autre un risque d'inefficacité du traitement.
Lademi-vie d'élimination de la codéine est de deux à quatre heures.
La codéine s'utilise essentiellement par voie orale[11],[12], son administration par voie intraveineuse exposant le sujet à de gros risques d'œdème pulmonaire par réactionhistaminique ; la voie intraveineuse est surtout utilisée pour l'injection de petites doses morphiniques quand il n'est pas possible de l'administrer autrement. L'injectionIV de codéine a pu permettre d'évaluer les quantités de morphine à administrer en cas d'accoutumance aux opiacés difficile à estimer chez un patient et suivant la réponse aux effets secondaires de la codéine par cette voie (les effets secondaires n'apparaissent pas par voie intraveineuse en dessous de la dose de dépendance relative à l'usager, mais ils deviennent puissants quand la dose est dépassée).
Un usage prolongé ou abusif entraîne respectivement une tolérance, une accoutumance, une assuétude, puis une pharmacodépendance caractérisée (psychique et physique). Il est donc préférable de s'en passer pour un simple rhume en ayant recours à d'autres solutions (infusions de menthe/thym, miel) plus proportionnées.
En France, jusqu'en, seules les spécialités faiblement dosées en codéine pouvaient être vendues sans ordonnance[19].
Le, leMinistère de la Santé annonce que tous les médicaments à base de codéine (ainsi que dedextrométhorphane,éthylmorphine etnoscapine) seront désormais vendus sur ordonnance. Cette décision fait suite à l'augmentation des détournements récréatifs, certains ayant entrainé des décès[20].
Avant l'interdiction de la consommation de l'opium et autresopiacés auxÉtats-Unis (1906), la communauté médicale utilisait ces derniers afin de traiter certains troublesanxieux. De nos jours, la gamme de produits permettant de lutter contre ces troubles étant plus étoffée, il est d'usage de ne pas recourir à la morphine et à la codéine pour soigner ces pathologies psychologiques parfois invalidantes (à prédominancenévrotique etpsychosomatique). Les propriétésanxiolytiques et sédatives des opiacés sont cependant prises en compte lors du traitement de la douleur des personnes alitées dans le cadre de la maîtrise d'une situation inconfortable ou anxiogène pour le patient.
L'automédication, dont le cadre n'est parfois plus légal suivant les usages qui sont faits des produits codéinés, et lasubstitution quand elle est engagée, ne favorisent parfois plus que la molécule opiacée en lieu des traitementspsychiatriques n'apportant pas de meilleure réponse sur les symptômes. Il n'est pas rare que la personne sous substitution ne demande ni ne nécessite plus certains de ses médicaments psychotropes ni ne décompense dans divers troubles qu'il pouvait être difficile de maîtriser, d'évaluer et de prévenir. Certaines formes diagnostiquées demaniaco-dépression comportant des épisodes d'angoisse ont montré des réponses sous substitution (Subutex) permettant l'arrêt total ou partiel des traitements psychiatriques initiaux (psycholeptiques,thymorégulateurs, avec cependant une difficulté à l'arrêt desbenzodiazépines quand l'usage a été prolongé) sans réapparition de l'état pathologique au cours du traitement prolongé en opiacés. De même, la réponse au traitement par opiacés est positive dans les troubles de l'hyperactivité, ceci est dû à son profildopaminergique caractéristique desdopants et de certainsstupéfiants.
C'est souvent un usage détourné de la codéine (utilisation d'anti-douleurs hors de leur contexte) ou d'autres opiacés qui permet au patient de constater des effets positifs sur sa pathologiepsychiatrique ouneurologique et d'induire par lui-même, mais à son risque, sans légalité et sans avis médical, ses premiers traitementspsychotropes en automédication détournée, puis entraitement de substitution quand la prise des opiacés cherche à être maîtrisée, régulière et avouée (méthadone etbuprénorphine, les médecins peuvent avoir recours à d'autres substances, dont l'opium et lamorphine, dans le cadre d'une substitution et d'une stabilisation). La frontière entre un soulagement de troubles psychiques ou psychosomatiques tenaces et unetoxicomanie par codéine que l'on pense récréative n'est pas caractéristique. Ce qui peut sembler être un acte de toxicomanie n'est parfois qu'un remède ultime à des symptômes douloureux lourds, sourds et handicapants qui trouvent alors un soulagement que les autres médicaments n'apportent pas (ceux-ci présentent parfois de très importants effets secondaires ou sur les fonctions vitales mais ce n'est pas cela que soulage la codéine ou la méthadone dans ses vertus psychotropes). On ne peut donc estimer une toxicomanie morphinique sans en connaitre la profondeur des maux psychiques et somatiques. Auquel cas, la substitution peut tenir lieu de remède adjuvant spécifique et opportun, parfois principal, dans le soulagement global de la manifestation psychiatrique et de ses troubles associés qui justifiaient l'usage de codéine détournée par le patient.
Il n'existe cependant pas d'étude récente ni de cas de littérature clinique attesté sur l'impact de la codéine et des opiacés sur les troublespsychotiques et, en dehors de l'observation individuelle dans la toxicomanie ou la substitution où l'on constate l'arrêt spontané du besoin de certains traitements, la médecine ne saurait les recommander ni même les proscrire formellement. Il semble cependant, à l'instar du personnage fictif duDr House ou même deSherlock Holmes représentatifs de deux types de morphinomanie, que les opiacés peuvent présenter la faculté d'entretenir des manifestationsborderlines chez les personnes prédisposées à type demanie, d'exaltation ou encore dedésinhibition aveclogorrhée ainsi que deconduite addictive caractéristique, comme cela s'observe de manière beaucoup plus spécifique avec lacocaïne et l'ensemble des psychotropes dopants (extasy, amphétamines…). Ainsi, les propriétés positives ou négatives sur lestroubles de la personnalité, lanévrose ou encore lapsychose ne sont pas à sous-estimer dans un traitement fort par codéine ou dans unmésusage suspecté qui peut témoigner d'une pathologie non décelée ou d'une absence d'efficacité relative des traitements en cours.
La codéine peut produire un état général desomnolence, il est généralement déconseillé de prendre unmédicament contenant de la codéine avant de conduire une voiture ou tout autre engin mécanique nécessitant une attention soutenue. EnFrance, une mention de mise en garde figure sur les boîtes de médicaments incluant de la codéine (niveau 1 etniveau 2). L'effet apparaît le plus souvent comme fonction de la dose et en début de traitement. Bien qu'avéré, il reste rare et éventuellement peu marqué. Cependant de manière occasionnelle, la simple prise de 15 mg de codéine peut déclencher cettesédation avec une intensité gênante. L'état potentiel d'une fatigue initiale de l'individu peut s'avérer prédéterminant, la codéine levant certaines barrières de résistance à la fatigue en agissant de manière non spécifique comme unhypnotique. Elle n'en montre cependant pas de qualité adaptée ni constante dans un tel usage. En outre elle provoque parfois unedifficulté d'endormissement du fait de certaines de ses propriétés excitantes, ce qui peut sembler paradoxal par rapport à son effet sédatif. D'autres facteurs sont à prendre en compte tel que le sexe, l'âge, le poids ou encore l'éventualité d'un métaboliseur fort ; on parle de sensibilité individuelle. Au cours du traitement, ces signes disparaissent généralement en quelques jours. À défaut, il est recommandé de réviser laposologie[réf. nécessaire].
Des dosages plus élevés peuvent laisser apparaître un début d'étatnarcotique et des effets histaminiques importants (à partir de 60 mg par prise, plus typiquement entre 80 et 150 mg) et n'ont de raison qu'en cas de douleur sévère. De tels dosages ne sont plus en vigueur dans lesformes galéniques, bien qu'un médecin puisse ordonner unepréparation magistrale sans limite de dose maximale, mais des analgésiques majeurs, plus spécialement la morphine, ou des antalgiques puissants sont préférés et se sont démocratisés en France depuis 1994 dans le cadre de la campagne nationale pour la prise en charge du traitement de la douleur[21],[22]. À ces doses, d'importants effets secondaires de type histaminique puis opiacé apparaissent. Ceci peut se produire d'autant plus en cas de renouvellement trop rapide des prises ou de surdosage réitéré (démangeaisons et picotements, rash cutané, bouffissure du visage, irritabilité, mais aussi nausées, troubles gastriques, vomissements, sédation invalidante, etc.). Dans l'éventualité de leur apparition, la posologie doit être réévaluée ainsi que laforme galénique administrée s'il est besoin de conserver un apport suffisant de paracétamol ou d'autres produits associés dans le médicament. Les antihistaminiques contenus dans certaines préparations couvrent une partie des effets secondaires mais inhibent aussi les effets stimulants des opiacés tout en majorant des effets sédatifs.
La codéine produit en outre un effetsédatif sur les muscles de l'intestin comme la grande majorité des opiacés. Elle ralentit l'activité dutractus gastro-intestinal et favorise l'absorption de l'eau contenue dans lebol alimentaire au cours de sadigestion. Elle est considérée comme unantidiarrhéique au schéma pharmacologique classique. Quand elle est utilisée dans un traitement concomitant, elle potentialise ou suppléante de fait lalopéramide dont l'association est à surveiller. Elle n'est cependant pas indiquée ni prescrite comme antidiarrhéique puisque des médicaments plus spécifiques de première intention en ont la vocation et une sécurité accrue. La prise régulière de codéine peut entraîner uneconstipation forte à sévère suivant la durée et les doses administrées au patient. L'arrêt de la prise entraîne généralement un retour de toutes les fonctions de l'intestin à échéance très brève. Au besoin, l'indication d'un médicament contre la constipation peut accompagner la prise de codéine quand son usage se fait au-delà d'un court terme.
À la suite du décès d'un nourrisson alors que sa mère prenait de la codéine et du paracétamol, laFood and Drug Administration a mis en garde le sur le danger d'un traitement par codéine au cours de l'allaitement[23].
La codéine aurait également un effet spastique parfois extrêmement douloureux (évoquant une crise cardiaque) chez certaines personnes cholécystectomisées (ayant subi une ablation de la vésicule biliaire)[24].
Le nombre de morts causé par l'abus d'opioïdes médicamenteux comme la codéine chaque année est incertain et sous estimé d'après Nathalie Richard, directrice adjointe du service Médicaments du système nerveux central à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, car« il y a une sous-notification des cas déclarés à l'Agence du médicament »[25].
Néanmoins, il est estimé que des centaines de décès chaque année sont liés à un opioïde médicamenteux, soit plus que les décès à la suite d'overdoses d’héroïne[26].
La codéine étant présente dans divers médicamentsantitussifs ou antidouleurs, elle peut faire l'objet d'un usage détourné par certains patients. Elle n'est pas soumise à la sanction pénale mais est citée dans laConvention unique sur les stupéfiants de 1961 dans la catégorie des « substances présentant un risque d'abus moindre du fait de leur usage médical ».
Mise à jour à la suite de l'arrêté ministériel du paru auJORF le, la codéine est désormais soumise à la prescription médicale en France[27],[28].
La codéine sert à la synthèse d'un dérivé, ladésomorphine oucrocodile. Présente enRussie depuis 2002, elle serait arrivée enAllemagne en 2011, auCanada, et en 2013 auxÉtats-Unis[29] ; c'est une drogue extrêmement dangereuse et potentiellement mortelle dès la première injection, à cause des conditions dans lesquelles elle est synthétisée. De nombreux produits servant à la transformation artisanale de la codéine en désomorphine se retrouvent en effet dans l'injection.« La peau d'abord senécrose, se transformant en plaques verdâtres ressemblant au cuir du crocodile. Puis la chair et les muscles sedécomposent, les organes sont attaqués, les os fragilisés de façon irréversible […] L'espérance de vie des utilisateurs atteint rarement trois ans[30]. » L'amputation peut se révéler nécessaire dans le meilleur des cas. Desrevendeurs de drogues feraient passer lecrocodile pour de l'héroïne.
La culturehip-hop est aussi souvent associée à l'usage depurple drank ou dusizzurp (dérivé desyrup), une boisson mixant un sirop contre la toux à base de codéine et d'un anti histaminique avec du soda. Ce mélange ne contient pas d'alcool (mélange potentiellement fatal) ni autre psychotropes, si ce n'est qu'il est combiné à l'usage de cannabis.
Utilisateur célèbre : le milliardaire reclusHoward Hughes utilisait la codéine afin de calmer de fortes douleurs liées à des traumatismes neurologiques et squelettiques causés par de nombreux accidents d'avion.
Le processus de dépendance à la codéine est plus discret, moins rapide que celui de la morphine. La codéine provoque néanmoins, quand son usage est détourné à des fins récréatives, ou dans un usage thérapeutique à long terme, une dépendance psychique et physique forte. Les symptômes de sevrage les plus fréquents sont : diarrhée, sudation, tremblements, douleurs musculaires, anxiété, insomnie, dépression. Les symptômes physiques de sevrage durent, comme pour les autres opiacés, en moyenne une semaine à dix jours. L'addiction psychologique, néanmoins, perdure dans la plupart des cas de dépendance à la codéine pendant un à plusieurs mois. La principale préoccupation des soignants du codéinomane sera en premier lieu d'éviter une escalade vers des morphiniques plus puissants. Cependant, dans certains cas, l'utilisation d'un traitement de substitution s'avère indispensable (voirbuprénorphine etméthadone - l'utilisation de la méthadone dans la substitution à la codéine est très rarement indiquée ; on préférera généralement un sevrage progressif ou brutal en milieu hospitalier).
Pour ces raisons, en France, à la suite d'un arrêté ministériel du[27], la codéine est désormais soumise à la prescription médicale, après la mort d’une adolescente de 16 ans par overdose durant l'été 2017[28].
La codéine influence le monde durap. Ainsi, le rappeurLil Wayne est connu pour être utilisateur de codéine[31] ; quelques-unes de ses chansons renvoient d'ailleurs à sondrink, puis aussiFuture dans son titreCodéine Crazy sortie en2014, tandis qu'en France, le groupeTTC a écrit une chanson intituléeCodéine sur l'albumBâtards sensibles (2004)[32]. Plus tôt, l'inventeur duScrewed & Chopped,DJ Screw, est mort d'overdose de codéine[33]. D'ailleurs, la musique qu'il produisait était beaucoup influencée par l'effet de ce médicament, en particulier concernant le ralenti du tempo[34].Macklemore évoque la mort deChad Butler qui a fait une overdose de codéine dans sa chansonOtherside[35]. La codéine est également présente dans les textes deASAP Rocky[36],The Weeknd (dont un morceau est repris sous forme desample parJuicy J[37]). En France,Hayce Lemsi a produit une chanson nomméeCodéine, Sneazzy cite cette drogue régulièrement. D'autres artistes hors du rap ont également un titre de chanson intituléCodéine :The Charlatans, groupe de rock américain desannées 1960, le compositeurJason Edwards, l'auteur-compositeur écossaisDonovan. Le rappeur belge Hamza a également dans son répertoire un morceau intituléCodéine 19[réf. nécessaire].
La substance peut également se retrouver dans le titre d'un groupe, comme pourCodeine Velvet Club, fondé en2009 par le chanteurJon Fratelli avec une amie de sa compagne, Lou Hickey[38].
Trampled By Turtles a composé un morceau nomméCodeine en sur l'albumBlue Sky and the Devil(en). Deux nouveaux DJ électro français portent le nom deDiscodeine, association de « disco » et « codéine ».
Le chanteurfolkTownes Van Zandt, dans son titreWaiting Around to Die la mentionne comme une amie avec laquelle il va mourir. Le rappeurHayce Lemsi a également réalisé un morceauCodéine, dans son albumÉlectronLibre 2, sorti en.
↑« Agnès Buzyn décide d'inscrire la codéine et d'autres dérivés de l'opium à la liste des médicaments disponibles uniquement sur ordonnance »,Ministère des Solidarités et de la Santé,(lire en ligne, consulté le).
↑Gérard Badou, « Le prix de la douleur », surL'Express,, campagne nationale pour la prise en charge du traitement de la douleur en France.
↑[Pavot: le « triangle d'or » français, Gérard Badou,] Du pavot à la morphine, développement d'une industrie française.