LeClub Nacional de Football, connu comme leNacional, est un cluburuguayenomnisports basé àMontevideo, particulièrement connu pour les succès de sa sectionfootball.
Le club porte les couleurs rouge, bleue et blanche du drapeau deJosé Gervasio Artigas, un héros national duXIXe siècle. Lestade du Parque Central, le stade où il réside depuis 1901, se trouve par ailleurs à l'emplacement où Artigas fut nomméJefe de los Orientales en 1811. Le Nacional revendique en décembre 2013 son 65 738esocio enfrançais :« adhérent », un record en Uruguay[5].
LeClub Nacional de Football est fondé le chez Ernesto Caprario, de la fusion de l'Uruguay Athletic Club et duMontevideo Football Club[6]. Le club dispute son premier match amical un mois plus tard contre l'Internacional sur le terrain dePunta de las Carretas[6]. Deux ans plus tard, le club déménage austade Gran Parque Central, inauguré en 1900.
Sélection uruguayenne face à l'Argentine en 1903.
Animée par le talent desfrères Céspedes(es), l'équipe du Nacional s'impose rapidement comme l'une des meilleures de la ville deMontevideo et le principal concurrent duCentral Uruguay Railway Cricket Club (ancêtre duPeñarol), dont il est le dauphin à l'issue de la deuxième édition duchampionnat d'Uruguay en 1901. LesTricolores remportent la compétition les deux années suivantes, et lorsque l'équipe d'Uruguay dispute son premierderby de la Plata face à l'Argentine, le 20 juillet 1902, huit joueurs du Nacional en font partie[6]. Un an plus tard, c'est même la totalité de l'équipe du Nacional qui l'emporte sous les couleurs de laCeleste lors du match revanche[6].
Tournée européenne du Nacional en 1925.
En 1905, le Nacional remporte la première édition de laCopa de Honor Cousenier, compétition organisée par les fédérations argentine et uruguayenne de football, face à l'Alumni Athletic Club. Il en remporte trois nouvelles éditions entre 1915 et 1917, ainsi que laCup Tie Competition en 1913 et 1915. Cette même année, le club voit l'éclosion deHéctor Scarone, considéré comme l'un des meilleurs joueurs du football du monde d'avant-guerre, qui porte les couleurs du Nacional pendant quinze ans[6]. En 1916, le club remporte la première édition de laCopa Aldao, qui oppose dès lors les champions argentins et uruguayens. Avec la conquête de cinq des dix-huit éditions disputées jusqu'en 1947, le Nacional partage avec leRiver Plate le record du nombre de succès.
Le club forme par ailleurs la colonne vertébrale de la sélection uruguayenne, qui remporte lesJeux olympiques de1924 et1928, puis la première Coupe du monde de football, disputée en Uruguay en 1930. Comme son rival du Peñarol, le club réalise de longues tournées à travers le monde, par exemple en 1925 où le Nacional dispute 38 matches dans neuf pays d'Europe, remportant 26 victoires pour cinq défaites[6],[7].
Attaque du Nacional vainqueur du premierQuinquenio, avec de gauche à droite : Luis Volpi,Aníbal Ciocca,Atilio García, Ballesteros et Bibiano Zapirain.
À partir de l'avènement du professionnalisme en Uruguay, en 1931, le club perd sur la durée sa position de numéro 1 sur le football uruguayen au profit de son rival, mais remporte toujours malgré tout régulièrement le championnat national, comme entre 1939 et 1943 où il remporte le premierQuinquenio du football uruguayen (connu comme le « Quinquenio de Oro(es) ». Le duel entre les deux institutions devient le classique et la finale du football uruguayen, disputé austade Centenario, construit pour la coupe du monde de 1930. En 1950, le Nacional fournit encore de nombreux joueurs à la sélection uruguayenne championne du monde.
En 1962, le club découvre laCopa Libertadores dont il est éliminé en demi-finale par son rivalaurinegro, double tenant du titre, à la différence de buts. Trois fois finaliste de laCopa Libertadores dans les années 1960 (1964, 1967 et 1969), le Nacional remporte son premier trophée continental en1971, face àEstudiantes de La Plata lors d'une finale disputée àLima auPérou. Qualifié pour laCoupe intercontinentale1971, le Nacional obtient le nul sur le terrain duPanathinaïkos (dauphin de l'Ajax Amsterdam, champion d'Europe mais forfait) lors d'un match heurté avant de remporter le match retour (2-1) grâce à deux buts deLuis Artime[8]. L'année suivante, le Nacional remporte également laCopa Interamericana face aux Mexicains deCruz Azul.
Depuis lors, comme sonalter ego du Peñarol, le Nacional subit l'inflation financière du football mondial sans pouvoir l'accompagner, ce qui lui interdit de nourrir de nouvelles ambitions continentales. Par ailleurs, le duo est contesté sur le plan intérieur : lechampionnat d'Uruguay, qui n'avait jamais échappé au début depuis l'avènement du professionnalisme, est remporté en 1984 parCentral Español, puis entre 1987 et 1991 par de nouvelles équipes. Entre 1993 et 1997, le Nacional, qui traverse une crise financière, assiste au deuxième « Quinquenio » de son rival, qui connaît bientôt à son tour des soucis économiques.
Renforcés par le retour au pays de l'attaquantRubén Sosa en 1997, lesTricolores remportent le titre de 1998 et reprennent l'ascendant sur la scène domestique, dont ils enlèvent six titres de champion entre 2000 et 2009. De plus, le Nacional est la seule équipe d'Uruguay à réaliser des parcours intéressants en Copa Libertadores dans les années 2000, avec un quart de finale en2002 (perdue face auGrêmio) et2007, et une demi-finale en2009 (perdue face àEstudiantes de La Plata).
Les couleurs du Nacional sont lebleu, leblanc et lerouge, issues de la fusion duMontevideo Football Club (rouge), d'Uruguay Athletic (bleu) et plus tard deDefensa (blanc). Ces couleurs correspondant de plus au drapeau d'Artigas, héros uruguayen duXIXe siècle[2]. Par conséquent, depuis 1902 le maillot « domicile » est blanc, alors que le maillot extérieur est rouge (couleur du maillot domicile avant 1902). Le short et les bas sont bleus ou blancs selon les saisons.
Maillot domicile
Maillot extérieur
Les membres du Nacional sont surnommés par conséquent les « tricolores »[2]. Ils sont par ailleurs connus également comme les « bolsilludos », ou « bolsos», la tunique du club étant traditionnellement dotée d'une petite poche (bolsillo signifiant enfrançais :« pochette »)[1].
L'écusson du club, inchangé depuis la fondation du club, est défini dans ses statuts de la façon suivante[9] :« sur un fond bleu, une bande diagonale blanc sur laquelle est inscrit de gauche à droit en couleur rouge les initiales du club C. N. de F. ».
À la suite des derniers travaux en 2005, la capacité du stade a été portée à 26 500 places[10]. Par ailleurs, le stade abrite un complexe sportif comprenant des terrains de gymnastique, de basketball, des chambres, etc.
Le siège social du club, connu comme le « Palacio de Cristal », se trouve à proximité du Gran Parque Central, dans le centre deMontevideo. Inauguré en 1957 sous la présidence de José Añón, c'est alors un bâtiment novateur, où est installée notamment la salle des trophées du Nacional[11]
Le Nacional est aussi propriétaire d'un centre d'entraînement, le « complejo deportivo Los Céspedes », à une douzaine de kilomètres de Montevideo. Acquis en 1968 sous la présidence de Don Miguel Restuccia, ce centre doit son nom à la famille Céspedes, dont l'action fut déterminante lors des premières années du club. Sur douze hectares, les joueurs du Nacional, de l'équipe première au centre de formation, y trouvent cinq terrains de football ainsi que les installations complètes d'un club moderne[12].
Pénalisé par la faiblesse structurelle du championnat uruguayen, appuyé sur un pays de trois millions et demi d'habitants, le Nacional n'a pas su suivre l'explosion financière du football mondial des années 1990 et 2000. Après une décennie difficile, les années 2000 marquent cependant la domination financière du club sur la scène domestique.
Lors de la saison 2004-2005, le club prévoit un budget de 6,5 millions dedollars, environ cinq fois moins que le prestigieuxBoca Juniors deBuenos Aires, mais deux fois plus que son rival dePeñarol[13], embourbé dans une grave crise financière. Cette saison-là, 40 % du budget provient cependant de la vente de joueurs[13].
Les présidents du Nacional, comme les autres membres de la commission sportive, sont élus tous les trois ans par lessocios du club[14]. En 2006, Ricardo Alarcón est ainsi choisi avec comme projet le développement culturel et populaire du club, prévoyant l'augmentation du nombre de socios, l'agrandissement du stade et un effort sur la formation de jeunes footballeurs, dont le produit de la vente à l'étranger permet de renforcer le club financièrement.
Au cours de son histoire, le club a connu les présidents suivants[15] :
Avec l'avènement du professionnalisme en 1932 vient l'officialisation du poste d'entraîneur. Le Nacional a, comme de nombreux autres clubs d'Amérique du Sud, fait de la fonction d'entraîneur un poste subissant une grande pression populaire, et donc relativement précaire (la longévité d'un entraîneur dépasse rarement deux saisons). Les dirigeants du club font d'ailleurs couramment appel à d'anciens joueurs du club ou d'anciens entraîneurs du club sur le retour.
Les trois épopées du club ont été réalisées sous la direction des entraîneurs suivants :
Washington Etchamendi (1971), vainqueur de la Copa Libertadores et de la Coupe intercontinentale en 1971
Juan Mujica (1980-1981), vainqueur de la Copa Libertadores et de la Coupe intercontinentale en 1980
Roberto Fleitas (1987-1992, 1997), vainqueur de la Copa Libertadores et de la Coupe intercontinentale en 1988
Par leur palmarès, les entraîneurs suivants peuvent également être considérés comme emblématiques de l'histoire du club :
Héctor Castro (1939-1943, 1952), cinq fois vainqueur du championnat d'Uruguay
Le footballeur ayant disputé le plus de matchs pour le Nacional est le défenseur uruguayenEmilio Álvarez (surnomméCococho Álvarez), avec 511 matchs entre 1959 et 1970[6], tandis que le meilleur buteur du club est l'ArgentinAtilio García avec 486 buts toutes compétitions confondues[16].
L'attaquantHéctor Scarone, considéré comme un des meilleurs joueurs du monde avant-guerre, a évolué au club de 1916 à 1939 (une amplitude record de 22 ans), en trois périodes, pour 289 buts en 369 matchs[17].
Sur son site officiel, le Nacional a sélectionné sept autres joueurs comme desFiguras de l'histoire du club[18] :
Carlos Céspedes, attaquant spectaculaire des débuts du club, dont il contribue au succès aux côtés de ses deux frères Amílcar et Bolívar. Bolívar et Carlos décèdent de lavariole en 1905, à 21 et 20 ans.
Alfredo Foglino, attaquant des années 1910 et 1920, capitaine pendant dix saisons.
José Nasazzi, capitaine de la sélection dans les années 1920, termine sa carrière au Nacional (de 1933 à 1938), où il fait partie de laMaquina blanca.
Aníbal Paz, gardien de but de 1939 à 1953 (471 matchs).
Schubert Gambetta, défenseur de 1940 à 1956, dix fois champion d'Uruguay et vainqueur de la Coupe du monde 1950.
Les liens entre le Club Nacional de Football et lasélection uruguayenne sont traditionnellement ténus. En 1903, la sélection uruguayenne, composée uniquement de joueurs du Nacional, connaît la première victoire de son histoire face à l'Argentine (3-2). Le Nacional serait le seul club dont des joueurs ont participé à toutes les victoires de la sélection[19].
Il apparaît que le Nacional est le club le plus représenté dans la sélection uruguayenne qui remporte les Jeux olympiques de1924 et de1928, puis laCoupe du monde de 1930. LesTricolores vainqueurs de tournois mondiaux sont les suivants :
Il est généralement considéré que le Nacional et le Peñarol partagent le pays en deux groupes de supporters à peu près égaux, dominants largement les autres clubs : en 1993, un sondage indique que 48 % des sondés supportent le Nacional, contre 41 % pour le Peñarol et seulement 7 % un autre club (le reste ne s'intéressant pas au football)[20].
En mars 2010, le Nacional bat son record d'Uruguay du nombre desocios avec 29 563 abonnés[21] (en 2013, 65 738 abonnés).
Le 4 avril 2013, les supporters déploieront le plus grand drapeau de monde au stade Centenario, dans le cadre du match deCopa Libertadores contreToluca (Mexique). Le drapeau, réalisé à l'aide de l'apport de plus de 5 000 supporters qui ont tous leur nom écrit dessus, mesurera 600 × 50 mètres et pèsera plus de 2 tonnes. Il s'agit du record officiel mais surtout d'une initiative exclusivement menée par les supporters, sans l'apport du club ni d'aucun sponsor.
Le principal rival du Nacional est l'autre grand club de la ville deMontevideo : leClub Atlético Peñarol[22]. Leur duel est connu comme le « Clásico del fútbol uruguayo » (enfrançais :« Classique du football uruguayen »), ou « el Super Clásico »[23], d'autant qu'il décide souvent du vainqueur du championnat : les deux institutions en ont remporté 68 des 78 premières éditions (entre 1932 et 2010). Vainqueurs chacun de troisCoupes intercontinentales, le Peñarol et le Nacional sont respectivement aux premier et troisième rangs des clubs sud-américains dans leclassement des meilleurs clubs de football duXXe siècle établi par l'IFFHS en 2004.
Si la première rencontre entre le Peñarol et le Nacional date officiellement du (2-2), le premier derby remonte au et s'achève sur une victoire 2-0 duCURCC, ancêtre du Peñarol, sur le Nacional. Le Peñarol est alors vu comme le club des immigrants, notamment ouvriers, tandis que le Nacional est le club des étudiants uruguayens nationalistes[24]. Pendant la période d'amateurisme du championnat (jusqu'en 1932), le Nacional domine la scène nationale. Le Peñarol prend l'ascendant par la suite, en remportant davantage de championnats (37 titres de champion contre 31) et de trophées internationaux (cinqCopa Libertadores contre trois).
Entre 1900 et 2011, 504 rencontres entre les deux clubs sont enregistrées, achevées sur 181 victoires du CURCC-Peñarol et 162 victoires du Nacional[23]. Le Nacional est tenant de la plus grande victoire de l'histoire duderby (6-0), en 1941. Longtemps uniquement sportif, le derby est devenu le théâtre d'incidents plus violents, que ce soit dans les tribunes ou sur le terrain, comme en novembre 2000 où les joueurs provoquent une bagarre générale. Neuf joueurs et l’entraîneur du PeñarolJulio Ribas sont condamnés à une semaine de prison[25].