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Claudine Guérin de Tencin

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Claudine-Alexandrine Guérin de Tencin
Portrait présumé de Madame de Tencin âgée d'aprèsJoseph Aved.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Activité
Fratrie
Enfant
Autres informations
Mouvement
Genre artistique
Œuvres principales

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Claudine Alexandrine Sophie Guérin de Tencin, baronne deSaint-Martin de l’isle de Ré, née le[1] àGrenoble, morte le àParis, est unefemme de lettres tenant un célèbresalon littéraire de l'époque. Elle est la mère deJean d'Alembert.

Après vingt-deux années passées de force au couvent, elle s'installe à Paris en 1711 et est introduite dans les milieux du pouvoir par ses liens avec le cardinalDubois. Six ans plus tard, elle ouvre l'un des salons littéraires les plus réputés de l'époque appelé La Ménagerie. D'abord essentiellement consacré à la politique et à la finance avec les spéculateurs de la banque deLaw, ce salon devient à partir de 1733 un centre littéraire. Les plus grands écrivains de l’époque et des personnalités célèbres le fréquentent, en particulierFontenelle,Marivaux, l’abbé Prévost,Charles Pinot Duclos et plus tardMarmontel,Helvétius,Marie-Thérèse Geoffrin etMontesquieu.

Madame de Tencin publie des romans qui rencontrent le succès dont lesMémoires du comte de Comminge en 1735,Le Siège de Calais, nouvelle historique en 1739 etLes Malheurs de l'amour en 1747.

Biographie

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Alexandrine est née àGrenoble dans une famille de petite robe[note 1] : son père, Antoine Guérin (1641-1705), seigneur de Tencin[note 2], est tour à tour conseiller auParlement du Dauphiné puis premier président au Sénat deChambéry lors de l’occupation de laSavoie par la France. Sa mère est Louise de Buffévent.

Le quadrisaïeul de la famille, Pierre Guérin, issu d'une famille travaillant la terre près de Gap, à Ceillac, était simple colporteur. La trentaine venue, il vint s'établir en 1520 à Romans dans le Dauphiné. Habile de ses mains et ayant quelques économies, il acheta une petite boutique où il vendit tout d'abord des articles d'épicerie puis de joaillerie[2].

Le château de La Tour (détruit auXIXe siècle).

S'étant enrichi, il put acquérir une terre à Monteux[3], prendre de moitié l'entreprise des péages par eau et par terre de Valence et de Mirmande et, ainsi, envoyer ses deux enfants, Pierre et Antoine, à l'Université. Ce dernier, devenu docteur ès lois, acheta ensuite une charge d'officier de justice à Romans, puis épousa plus tard Françoise de Garagnol, une jeune fille de bonne maison.

Lors desguerres de religion qui ravagèrent la région, il sauva la ville de Romans des protestants ; ce qui valut à ce catholique modéré et fidèle au roi le 3 octobre 1585 des lettres de noblesse d'Henri III, enregistrées au parlement le 21 mars 1586[4].

Son fils, Henri-Antoine Guérin, en 1597, sauva une deuxième fois la ville en empêchant qu'elle ne soit livrée, par des traîtres, au duc de Savoie[5]. Il eut sept enfants dont un, François, acheta la charge anoblissante de conseiller au parlement de Grenoble. Son épouse, Justine du Faure, lui apporta la petite terre de peu d'importance appelée Tencin (Grésivaudan) jouxtant l'Isère, qui faisait partie du domaine de Monteynard. François remplaça son patronyme par celui de cette terre et, juste avant sa mort (1672), acheta en bordure des vignes de son domaine, un vieux castel sarrasin à demi ruiné appelé simplement le château de la Tour[6].

Le fils aîné de François Guérin, Antoine, devint conseiller au parlement de Grenoble puis premier président à Chambéry lors de l'occupation française. Il épousa Louise de Buffévent[7] qui lui donna deux fils, dont le cardinalde Tencin, et trois filles, dont Alexandrine, et une autre, Marie-Angélique, fut la mère d'Antoine de Feriol de Pont-de-Veyle et de Charles-Augustin de Ferriol d'Argental.

Une Amazone dans un monde d’hommes

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Cadette de cinq enfants, Alexandrine est placée à l’âge de huit ans, au proche monastère royal deMontfleury[note 3]. Elle répugne cependant à la vie monacale et ce n’est que contrainte et forcée qu’elle se résout à prononcer ses vœux le. Dès le lendemain, avec l’aide de son directeur spirituel, dont Charles Pinot Duclos prétend qu’il « fut l’instrument aveugle qu’elle employa pour ses desseins »[8], elle proteste en bonne et due forme devant notaire, protestation qu’elle renouvelle de nombreuses fois au cours des années suivantes afin qu’elle ne soit point caduque.

Néanmoins, « sœur Augustine » doit attendre la mort de son père (1705) et vaincre les résistances de sa mère[note 4] pour quitter Montfleury en 1708 et, après une cure àAix-les-Bains, non loin de Chambery ou Grenoble, pour redresser sa santé défaillante, trouver refuge l’année suivante... au couvent de Sainte-Claire àAnnonay, où réside une de ses tantes,Mme de Simiane. Elle est parfois accusée d'avoir trouvé là un refuge idéal pour accoucher de jumeaux conçus à Aix dont le père aurait étéArthur Dillon, lieutenant-général du maréchal de Médavy. Cependant l’enquête de l’Officialité, qui devait fulminer le bref papal qu’elle obtint finalement le, conclut à son innocence et la releva de ses vœux le, jugeant qu’on lui avait effectivement fait violence lors de sa prise de voile. Ce jugement fut imprimé dès 1730[9]. Ses ennemis cependant continuèrent à l’appeler la « Chanoinesse de Tencin »[10].

Alexandrine n’attendit pas son retour à la vie laïque pour dès la fin 1711, accompagnée de son chaperonMme de Vivarais, une abbesse de Montfleury, se rendre à Paris. Elle s’établit quelque temps au couvent des Dames de Saint-Chaumond, puis, en raison de son état de santé, aucouvent des dominicaines de la Croix. Ses vœux annulés, elle finit par s’installer chez sa sœur la comtesseMarie-Angélique de Ferriol d’Argental qui hébergeait déjà la célèbreMlle Aïssé[11]. Là, pendant les années qui suivirent, elle sut conquérir les hôtes du salon de sa sœur par la vivacité de son esprit, l’humour de ses réparties et par une faculté d’adaptation surprenante compte tenu de son peu d’expérience du monde. Elle sut rattraper le temps perdu également, que ce fût aux soirées duRégent où elle officie sous le surnom de "la Nonne"[12], auchâteau de la Source ou ailleurs... En avril1717, enceinte de deux mois, elle signa avec les religieuses de la Conception un bail à vie pour un appartement[note 5] de larue Saint-Honoré, sis au-dessus du couvent de la Conception, vis-à-vis le « Sot Dôme » du couvent de l’Assomption (aujourd’hui l’Église polonaise), soit à quelque cent mètres du futur hôtel de MmeGeoffrin. Elle y emménagea le 24 juin. Puis, en août, elle passa convention pour le reste de la maison contre le paiement d’un supplément. Elle put ainsi, après son accouchement, ouvrir son propre salon qui jusqu’en 1733 se consacrera essentiellement à la politique.

Mme de Tencin parVictor Cassien (XIXe siècle).

Devenue « la maîtresse publique »[13] du principal ministre, l'abbé puis cardinalDubois[14], elle commença, avec le soutien de ce dernier, par aider à la carrière ecclésiastique et politique de son frèrePierre-Paul (1679-1758). Pour récompenser son illustre amant de ses largesses, elle n’hésita pas à devenir, comme l’écritPierre-Maurice Masson, « un précieux agent d’information, et, le cas échéant, un truchement dans les affaires anglaises »[15], en se servant de ses amis qui avaient accès aux hautes sphères du pouvoir.

À ces dons de politique, il convient d’ajouter également ceux de l’affairiste.

L’argent a occupé une place primordiale dans la vie deMme de Tencin. Tous les moyens lui furent bons pour accroître sa fortune. Ainsi, son rang ne la prévint pas d’ouvrir le 28 novembre1719 un comptoir d’agio à la rue Quincampoix et de créer une société en commandite[16], équivalent ancien d’une société d’investissement à capital variable, vouée explicitement à la spéculation sur les actions. Pour ce faire, il fallait des fonds : sur un capital de trois millions et demi de livres, elle apporta la somme de691 379 livres tournois[note 6], soit sa légitime qu’elle avait déjà triplée en la plaçant à fonds perdu sur l’extraordinaire des guerres[16], suivies des participations duprésident Hénault, de plusieurs membres de sa famille et de quelques amis dont le chevalier Louis Camus Destouches ditDestouches-Canon. La Financière Tencin-Hénault ne vécut que trois mois : bénéficiant des précieux conseils du financierLaw et surtout deDubois, son amant, elle réussit à tripler une nouvelle fois sa fortune en vendant ses parts à temps pour partager les bénéfices dusystème de Law avec quelques-uns de ses associés. Elle alla même jusqu’à s’acoquiner avec des financiers véreux, comme le prouvent à l’évidence ses lettres d’affaires. Cette âpreté au gain est décrite par P.-M. Masson, « ce qui met quelque noblesse, ou du moins quelque désintéressement dans tous ces tripots, c’est que Madame de Tencin ne fait la chasse à l’or que pour la faire plus sûrement au pouvoir, et ne les conquiert tous deux que pour ce frère médiocre, en qui elle a placé toutes ses ambitieuses espérances »[17]. Régner donc, mais régner par procuration à cause de l’injustice de l’époque qui cantonnait la femme dans un rôle domestique, telle fut la volonté selon le mot deDiderot, de « la belle et scélérate chanoinesse Tencin »[18].

Lors du concile d’Embrun (1727) qui opposa le frère d’Alexandrine au vieil évêquejanséniste deSenez,Jean Soanen, Madame de Tencin transforma son salon en centre d’agitationultramontaine : tout ce qui était sous sa main fut employé à la défense de son frère et de Rome. Ainsi en est-il par exemple d’unFontenelle ou d’unHoudar de La Motte qui durent composer la plupart des discours de l’évêquePierre-Paul Guérin de Tencin. Elle-même mit également la main à la pâte, et ce fut là sans doute sa première activité littéraire, en envoyant toutes les semaines au gazetier de Hollande le bulletin tendancieux des travaux du Concile qui condamna finalement Soanen. Cet excès de zèle ne lui profita pourtant pas : lecardinal de Fleury, lassé de la faire surveiller jour et nuit, résolut le, pour le bien de l’État, de l’exiler le plus loin possible de la capitale[19].

Après quatre mois de « retraite » àAblon où sa sœur possédait une maison de campagne, permission lui fut accordée de revenir à Paris, en raison de sa santé défaillante[20].

Ayant retenu la leçon, pendant les dix années qui suivirent, son activité se fit plus discrète[note 7]. Désormais, elle réserve le meilleur de son temps à sonsalon qui devient un centre de littérature et de conversations fines. Les plus grands écrivains de l’époque, qu’elle recueillit du salon de lamarquise de Lambert en1733, s’y pressèrent. On y vit, entre autres,Fontenelle, l’ami de toujours,Marivaux, qui lui doit son siège à l’Académie (1742) et le renflouage incessant de ses finances, l’abbé Prévost,Duclos et plus tardMarmontel,Helvétius,Marie-Thérèse Geoffrin etMontesquieu, son « petit Romain », qu’elle aide à la première publication sérieuseDe l'esprit des lois (1748), après la première édition « estropiée » deGenève (1748). Des écrivains — saufVoltaire, le « géomètre » ainsi qu’elle le surnomme dans ses lettres, qu’elle croisa à laBastille et qu’elle n’aimait guère —, mais également les plus grands savants de l’époque, des diplomates, des financiers, des ecclésiastiques et des magistrats de toute nationalité qui portèrent le renom de son salon bien au-delà de la France. Un jour, le mardi, cependant était réservé uniquement à la littérature. Dans une atmosphère de grande familiarité, ses amis écrivains, qu’elle appelait « ses bêtes », venaient présenter leurs derniers écrits ou assister à la lecture d’œuvres de jeunes débutants, à qui Alexandrine manquait rarement de donner quelques conseils. Souvent également ils se livraient aux plaisirs de la conversation et s’adonnaient à leur sujet préféré, la métaphysique du sentiment. D’aprèsDelandine, ce seraient même eux qui auraient remis à la mode ces questions de casuistique sentimentale qui, par leur abstraction même, permettent les opinions les plus subtiles et les plus paradoxales. Nul n’excellait d’ailleurs plus à ce genre d’esprit que la maîtresse de maison qui goûtait tout particulièrement maximes et tours sentencieux. Elle en a, du reste, parsemé ses romans qui, de ce fait, ainsi que l’écrit Jean Sareil, « donnent souvent l’impression d’être le prolongement romancé des conversations qui se tenaient dans son salon », et dont voici quelques-uns tirés desMalheurs de l’amour en guise d’illustration : « Lorsque l’on n’examine point ses sentiments, on ne se donne pas le tourment de les combattre » ; « Le cœur fournit toutes les erreurs dont nous avons besoin » ; « On ne se dit jamais bien nettement qu’on n’est pas aimé » ; « La vérité est presque de niveau avec l’innocence »…[21]

En effet à cette époque Alexandrine publia anonymement, avec un succès immédiat, ses deux premiers romans. Si depuis 1730 elle a mis une sourdine à ses intrigues religieuses, politiques et affairistes, elle est loin de les avoir abandonnées. En effet, depuis son retour d’exil, son grand projet est de faire de son frère un cardinal. Mais, pour cela, il faut l’accord du roiLouis XV, pour qui, ainsi qu’elle l’écrit dans sa correspondance[22], « tout ce qui se passe dans son royaume paraît ne pas le regarder », sauf peut-être les intrigues d’Alexandrine qui lui donne, ce sont ses mots, « la peau de poule »[23]. Si elle ne peut l’atteindre directement, ce sera indirectement. Et pour cela, elle n’hésite pas à jouer les entremetteuses. Elle procure des maîtresses au roi qui se doivent de réciter les livrets hagiographiques du frère tant aimé. Cette stratégie porte ses fruits, notamment grâce à l’aide de laduchesse de Châteauroux.Pierre Guérin de Tencin son frère, devient cardinal-archevêque deLyon en1740 et ministre d’État deux ans plus tard.Mme de Tencin se trouve alors au faîte de sa puissance et parvient peu à peu à faire oublier ce que ses débuts eurent de « scandaleux » en conquérant des amitiés célèbres et édifiantes, telle celle du papeBenoît XIV[24].

Après la mort deFleury (1743) et de laduchesse de Châteauroux en1744, Mme de Tencin se rabat sur son dernier atout : Jeanne-Antoinette d'Etioles, la futuremarquise de Pompadour. En effet, depuis son installation en 1741 à quelques pas de chez elle, toute la famille du fermier général Lenormand de Tournehem fréquente son salon et Antoinette d'Etioles devient ainsi pratiquement « la filleule et quelque peu l'élève »[25] d'Alexandrine qui s'évertue à la placer. En hommage, la future marquise donne à sa fille unique le prénom de sa bienfaitrice qui devient sa marraine[26]. Cependant, l'âge venant, Mme de Tencin se retire peu à peu des intrigues. Selon Jean Sareil son nom disparaît alors « à peu près complètement de l’actualité politique et qu’en dehors des cercles littéraires, elle n’est presque plus mentionnée »[27]. Aussi, c’est probablement une femme désillusionnée et déçue (elle n’a pu réussir à faire son frère premier ministre à la mort de Fleury) qui retourne à sa « ménagerie », ainsi qu’elle nommait son salon, non sans abandonner toute velléité de pouvoir, comme le montre à l’envi le fait qu’elle n’hésita pas ces années-là, à grands coups de procès, à acculer à la ruine deux orphelins pour s’adjuger la baronnie de l’île de Ré[28] où elle possédait déjà un domaine depuis 1735[note 8]. Pourtant son énergie tarit peu à peu. Sa santé se dégrade : en1746, une maladie dufoie manque de l’emporter. Ses yeux la font souffrir et elle est obligée de dicter ses écrits. Elle tente encore de se soigner en se rendant àPassy[note 9]. C’est dans ce contexte de désillusion et de maladie qu’elle écrit son dernier roman :Les Malheurs de l'amour, publié en1747. Cette œuvre met en scène une narratrice vieillie, Pauline, retirée à l’abbaye Saint-Antoine, qui après avoir perdu l’être aimé se décide à prendre la plume pour échapper à la réalité extérieure. Peut-être y a-t-il un peu d'Alexandrine dans ce personnage, une Alexandrine déçue d’avoir toujours sacrifié en vain ses sentiments sur l’autel du pouvoir et qui se retrouve seule, abandonnée, si ce n’est du dernier quartier des fidèles,Marivaux,Fontenelle, son docteur et héritierJean Astruc, qui continuent à la visiter. Si l’on considère le personnage de Pauline et que l’on se souvient de l’épître dédicatoire enflammée du roman, adressée à un homme, est-il impossible d’imaginer uneMme de Tencin timide et sensible qui, marquée dans sa jeunesse par l’autorité d’un père, l’hypocrisie d’une mère et la légèreté des hommes se vengea en se muant en une femme de raison que rien n’atteint ? Et de regretter, bien des années plus tard, en écrivant des mémoires fictifs, de n’avoir choisi la voie du cœur sur laquelle elle lance son héroïne ? Si tel est le cas, il conviendrait alors de voir enLes Malheurs de l’amour non seulement unroman-mémoires sentimental optimiste, mais également en contre-jour celui de l’échec d’une vie, la sienne[29].

Devenue impotente et obèse, elle se retire fin 1748 dans son nouvel appartement de larue Vivienne où elle mène les derniers mois de sa vie un ultime combat contre la censure, afin queDe l'esprit des Lois de son amiMontesquieu puisse enfin être édité.[réf. nécessaire]

« Puisse-t-elle être au ciel, elle parlait avec tant d’avantage de Notre modeste personne[30] » écrivait le papeBenoît XIV à la mort deMme de Tencin survenue le jeudi vers les cinq heures[31] dans son second appartement de la rue Vivienne. La vindicte populaire, quant à elle, lui réserva d’autres « éloges » :

Crimes et vices ont pris fin
Par le décès de la Tencin.
Hélas ! me dis-je, pauvre hère,
Ne nous reste-t-il pas son frère ?

[source insuffisante]

Elle est inhumée en l'égliseSaint-Eustache à Paris.[réf. nécessaire]

Un cœur au service de la raison

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Léopold-Philippe d'Arenberg.

Au goût immodéré deMme de Tencin pour le pouvoir s'associe celui prononcé pour la galanterie. En effet, si elle sut à la fin de sa vie se forger une image de respectabilité, en se faisant passer pour une « Mère de l’Église », il n’en demeure pas moins que jusqu’à un âge fort avancé, elle ne cessa de défrayer la chronique scandaleuse de l’époque par ses aventures galantes dans la grande société parisienne. « Intrigante (le mot revient et chez lemaréchal de Villars et chezMme de Genlis)[32] accoutumée à faire tous les usages possibles de son corps et de son esprit pour parvenir à ses fins »[33], opinion que partage égalementSaint-Simon, elle devint très tôt la cible des nouvellistes qui lui prêtèrent de nombreux amants. Le critique Pierre-Maurice Masson prétend même que« ses amants, qui ne sont pas toujours des amants successifs, s’étalent si nombreux et si publics qu’ils ne peuvent même plus s’appeler des amants, et que le vieux nom gaulois, dont les chansonniers d’alors ne font pas faute de la qualifier, paraît à peine un peu vif »[34].

Le cardinalGuillaume Dubois parHyacinthe Rigaud,XVIIIe siècle.

La rumeur très tôt l'a associée intimement aux plus hautes sphères du pouvoir. Dès 1714, elle devient la maîtresse en titre de l'abbéDubois qui n'a pas encore prononcé ses vœux et qui aide à la carrière de Pierre-Paul de Tencin. Ce premier amant pourrait même lui avoir dicté les suivants. LeRégent par exemple, qu’elle lassa à force de plaider la cause duPrétendant et qui la renvoya, selonDuclos, d’un mot très dur (il se plaignit qu’« il n’aimait pas les p… qui parlent d’affaires entre deux draps »)[35]. On peut y ajouter un lieutenant de police, le comted’Argenson, sous la protection duquel elle put agioter en toute tranquillité lorsqu’il devint garde des Sceaux, sonfils reprenant la charge et la maîtresse, le comte de Hoym et le duc deRichelieu, son meilleur atout à la cour.

La liste fournie par les chroniqueurs de l’époque s'étend encore à des politiques. On y trouve des noms connus à l'époque,Lord Bolingbroke,Matthew Prior, grâce à qui elle pénètre les dessous de la politique étrangère, ou Charles-Joseph de La Fresnaye,banquier en Cour de Rome, avocat puis conseiller au Grand Conseil, gendre du baron Jean Masseau[note 10], qui fut utile au frère et à la sœur dans des placements d’argent. Elle dut d’ailleurs se résoudre à abandonner ce dernier amant qu’elle adorait véritablement : accoutumé au jeu et à l’agiotage, il n’arrivait plus à rembourser les divers prêts qu’Alexandrine lui avait accordés et, de surcroît, se permettait de la calomnier un peu partout. Pour une fois d’ailleurs, elle manqua de prudence : La Fresnaye, ayant perdu l’esprit et toute sa fortune, eut la fâcheuse idée de venir se suicider dans l’arrière salon d'Alexandrine le ; tout en ayant pris soin au préalable, dans un testament, de la rendre responsable de sa mort. Cette aventure valut à Madame de Tencin leChâtelet, puis laBastille où on ne la ménagea point : elle fut confrontée nuitamment avec le cadavre exhumé et à demi putréfié de La Fresnaye et dut souffrir encore les railleries de son illustre voisin de cellule,Voltaire. Elle ne sortit de cet enfer que trois mois plus tard, acquittée et légalement enrichie des dépouilles de sa victime.

On le voit pour Madame de Tencin, il semble qu’aimer, ce soit aimer utilement, et que le verbe s’attacher n’ait comme unique objet, que le mot pouvoir. « La plupart de ses amitiés, toutes ses galanteries, semblent se succéder pour ainsi dire, dans le silence de son cœur et même des sens : avoir un ami, c’est pour elle prendre un parti ; se donner un amant, c’est travailler à un dessein. Chez elle, tout est volonté ; chaque désir tend impérieusement à sa réalisation, et les mouvements de l’esprit s’achèvent en effort et en lutte », nous prévientPierre-Maurice Masson[36].

Elle-même, dans sa correspondance, n’hésite pas à avouer un certain arrivisme, témoin cet extrait d’une lettre du adressée au duc deRichelieu :

« Une femme adroite sait mêler le plaisir avec les intérêts généraux, et parvient, sans ennuyer son amant, à lui faire faire ce qu’elle veut. »

Jean Astruc

Il ne faudrait conclure trop rapidement à une femme sans cœur. En effet, on ne connaît d’elle que ses liaisons publiques qui sont avant tout des affaires. Rien de transpire jamais, dans sa correspondance, de sa vie privée. A-t-elle connu le véritable amour ? Les dédicaces de plusieurs de ses romans tendraient à le prouver. Il ne serait guère aisé de donner quelque nom à l’heureux élu :Jean Astruc, son médecin et amant depuis 1723, qui hérita en sous-main de plusieurs centaines de milliers de livres ? SirLuke Schaub, qu’elle appelait « mon mari » ? Le duc deRichelieu[note 11] ? :

« Je vous aime et vous aimerai tant que je vivrai plus que vous n’avez été aimé d’aucune de vos maîtresses et plus que vous ne le serez de personne. »

Ou pourquoi pas le prince hollandaisLéopold-Philippe d'Arenberg[37] (1690-1754), qui avait un logement entre différentes campagnes militaires à Paris. De leurs probables amours passagères lors du carnaval de 1717 naquit un fils – le futur D'Alembert –, qu’elle abandonna le lendemain de sa naissance – de gré ou de force, on ne sait –, le, sur les marches de l’église Saint-Jean-le-Rond à Paris. Ce fut un homme de confiance de ce prince,Destouches-Canon, qui sera chargé seul de l’entretien et de l’éducation de cet enfant placé finalement chez une nourrice, la bonne dame Rousseau. Alexandrine n’ira le voir – et rapidement encore – qu’une seule fois en 1724… Ce sera Destouches, puis son frère Michel et sa veuve, Jeanne Mirey, qui pourvoiront toujours au versement d'une pension viagère de 1200 livres[37].

Une œuvre encensée et une femme du monde décriée

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S’il se trouve fort peu de gens auXVIIIe siècle pour critiquer les ouvrages ou le salon deMme de Tencin, ses intrigues sentimentales, affairistes, religieuses ou politiques ont par contre soulevé l’indignation générale de l’époque :Saint-Simon, ainsi que la plupart desmémorialistes, ne manque jamais de la fustiger dans sesMémoires ou sesAnnotations au journal du marquis de Dangeau, de même que les chansonniers qui s’en donnent à cœur joie pour la trainer dans la boue au moindre éclat ; sans parler des attaques qui fusent de ses proches, telles celles de la fameuseMlle Aïssé, qui dans sa correspondance ne se prive pas de l’égratigner à plusieurs reprises. Plus tard, après sa mort, vers la fin du siècle, sa réputation fut encore plus ternie. Comme l’écritJean Decottignies, elle« fut englobée dans la réprobation systématique qu’encourait la société dont elle avait fait partie. Désormais, la légende deMme de Tencin n’appartient plus à la cabale, mais à l’histoire, – s’il est permis d’appliquer ce mot aux entreprises deSoulavie et de ses pareils. C’était l’époque de la découvertes desMémoires secrets, de la révélation des correspondances clandestines. Toute la corruption d’une époque s’incarna enMme de Tencin. Cette deuxième vague laissa son souvenir définitivement terni[38]. »

Les laudateurs de la« belle et scélérate de Tencin », selon le mot de l’époque, ne sont pas nombreux. On y recense unPiron qui la loue systématiquement, un mystérieux témoin anonyme qui, sous le nom du Solitaire des Pyrénées, nous décrit en 1786 dans leJournal de Paris les charmes de son salon[39], et surtoutMarivaux. Ce dernier, dansla Vie de Marianne, donne en effet un portrait avantageux deMme de Tencin, ou plutôt deMme Dorsin, puisque tel est le nom sous lequel il a choisi de lui rendre hommage :

« Il me reste à parler du meilleur cœur du monde, en même temps du plus singulier […]. J’ignore si jamais son esprit a été cause qu’on ait moins estimé son cœur qu’on ne le devait, mais […] j’ai bien été aise de vous disposer à voir sans prévention un portrait de la meilleure personne du monde […] qui avait un esprit supérieur, ce qui faisait d’abord un peu contre elle[40]. »

Un tel portrait est exceptionnel chez les écrivains de l’époque qui, connaissant la dame et ses frasques, préféraient être discrets à son sujet, choisissant de passer sous silence ses turpitudes — c’est le cas d’unFontenelle, d’unMontesquieu ou d’uneMadame du Deffand — ; soit, à l’instar d’unMarmontel, d’adopter une attitude de stricte neutralité par rapport à des rumeurs qu’ils ne pouvaient ignorer.

La réputation deMme de Tencin n’était donc pas des meilleures tout au long du siècle. Pourtant, étant une femme en vue, au cœur de toutes sortes d’intrigues et, pour reprendre le mot de Marivaux, à l’« esprit supérieur », elle fut tout naturellement en butte à la jalousie et à la diffamation. De surcroît, ces calomnies, et c’est sans doute ce qui lui a causé le plus de tort, elle ne les a jamais réfutées, car, à l’instar du marquis de La Valette desMalheurs de l’amour, elle semble ne jamais avoir fait cas de sa « réputation qu’autant qu’elle était appuyée du témoignage qu’(elle) se rendait à elle-même. (Elle) faisait ce qu’(elle) croyait devoir faire, et laissait juger le public ».

À ce mépris pour sa réputation s’ajoute encore un activisme forcené qui n’a pu qu’irriter la bonne société de l’époque. On connaît le statut juridique de la femme de l’Ancien Régime : il équivaut à celui de « serve »[41]. Son rôle social consistait, par son sexe, à obéir. Ce point de vue était d’ailleurs partagé par la plupart des participants – tant masculins que féminins ! – au débat pour déterminer qui devait gouverner dans la société. Alexandrine n’a pu que souffrir de ce préjudice social, elle qui ne s’épanouissait que dans l’action et qui n’avait rien de la femme passive que l’on rencontre encore dans nombre de romans de la première moitié du siècle. En fait, elle était très peu femme. Son esprit, ainsi que l’écritMarivaux dans lesÉtrennes aux Dames, possédait « toute la force de celui de l’homme ». L’aspect « mâle »[42] de son caractère, également souligné parDelandine, était même si prédominant que la bonne baronne dut être rappelée à l’ordre par le cardinal deFleury :

« Vous me permettrez de vous dire qu’il s’en faut beaucoup que vous meniez une vie retirée et que vous ne vous mêliez de rien. Il ne suffit pas d’avoir de l’esprit et d’être de bonne compagnie; et la prudence demande qu’on se mêle – et surtout une personne de votre sexe – que des choses qui sont de sa sphère.Le roi est informé avec certitude que vous ne vous renfermez pas toujours dans ces bornes… (lettre du) »

Madame de Tencin femme de lettres

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La fortune littéraire des œuvres

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Après le coup de semonce de Fleury en1730,Mme de Tencin jugea préférable de se consacrer désormais – quoique non exclusivement – à la tâche de présidente de sa « ménagerie » dont la réputation allait devenir européenne. C’est là, qu’entourée des plus grands écrivains de l’époque, elle rédigea ses premières œuvres. Reconversion ? Désir de faire oublier des scandales qu’elle eût préférés moins notoires, de rendre hommage à l’homme qu’elle aimait ? Ou, ainsi que le pense P.-M. Masson, pour « faire à sa manière œuvre d’art, pour purifier, en quelque sorte, son passé et reconquérir une certaine estime par le sérieux et la distinction de sa plume » ? Il n’est guère aisé de trancher,Mme de Tencin ne s’étant jamais expliquée sur les raisons qui la poussèrent à prendre la plume. Toutefois, comme elle n’a jamais cessé d’intriguer ni reconnu publiquement aucun de ses ouvrages, il est préférable de penser avecDelandine qu’ « en voyant les savants les plus goûtés dans la capitale, qu’en appréciant leurs ouvrages, elle eut envie d’en faire elle-même (…) et que la littérature fut pour elle un moyen de se délasser de ses orages, comme un voyageur à qui le désir d’être heureux, a fait braver les flots, les écueils et les tempêtes, profite d’un moment de calme pour écrire ses observations, et confier à ses amis éloignés, et ses espérances et ses dangers »[43].

Mme de Tencin servant le chocolat parJ. Autreau, 1716.

Quelles que fussent ses motivations réelles, elle publia anonymement chez Néaulme (Paris) en1735, sans privilège, un courtroman-mémoires de 184 pages in-12 :Mémoires du comte de Comminge. Le succès fut immédiat, comme le prouve le fait qu’il fut réédité l’année même. Et pour une fois, la critique et le public apprécièrent de concert : ils furent unanimes à apprécier les qualités littéraires de l’ouvrage. L'abbé Prévost, dansle Pour et Contre[44], y loue la « vivacité », l’« élégance » et la « pureté » du style, assurant que la nouvelle se fait lire « de tout le monde avec goût »[45], et le critique d’origine suisseLa Harpe, dans sonLycée ou cours de littérature ancienne et moderne (1799), ira même jusqu’à la considérer comme le « pendant dela Princesse de Clèves »[46]. Le roman eut même une vogue européenne : très rapidement on en fit des traductions anglaise (1746), puis italienne (1754) et espagnole (1828). Il inspira même unehéroïde[47] àDorat et une nouvelle àMme de Gomez[48]. PourDelandine, Madame de Tencin devrait servir de modèle. Et elle le fut, puisque sa nouvelle connut vers la fin du siècle cette forme populaire de la gloire que donnent les imitations et les contrefaçons. On l’adapta également au théâtre :Baculard d’Arnaud par exemple s’en inspira pour son drameLes Amans malheureux (1764). Avec plus de cinquante rééditions jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’ouvrage est resté très présent sur la scène du livre. Après un purgatoire d’une cinquantaine d’années, il fut redécouvert dans les années soixante et depuis constamment réédité.

Quatre ans plus tard, en1739, parut sans nom d’auteur à Paris et toujours sans privilège, le second ouvrage deMme de Tencin :Le Siège de Calais, nouvelle historique, roman en deux volumes composé sous la forme d’un récit à tiroirs. Il souleva également un enthousiasme universel et tout comme le précédent se verra comparé au chef-d’œuvre deMme de La Fayette. Comparaison pour le moins étrange en fait, car si le style est magnifique, la retenue des personnages l’est moins, le roman débutant là où finissent tous les autres… :

« Il étoit si tard quand le comte de Canaple arriva au château de Monsieur de Granson, et celui qui lui ouvrit la porte étoit si endormi, qu’à peine put-il obtenir qu’il lui donnât de la lumière. Il monta tout de suite dans son appartement dont il avoit toujours une clef; la lumière qu’il portoit s’éteignit dans le temps qu’il en ouvrit la porte; il se déshabilla, et se coucha le plus promptement qu’il put. Mais qu’elle fut sa surprise, quand il s’aperçut qu’il n’étoit pas seul, et qu’il comprit, par la délicatesse d’un pied qui vint s’appuyer sur lui, qu’il étoit couché avec une femme ! Il étoit jeune et sensible : cette aventure, où il ne comprenoit rien, lui donnoit déjà beaucoup d’émotion, quand cette femme, qui dormoit toujours, s’approcha de façon à lui faire juger très avantageusement de son corps. De pareils moments ne sont pas ceux de la réflexion. Le comte de Canaple n’en fit aucune, et profita du bonheur qui venoit s’offrir à lui. »

On le voit, ces deux ouvrages ont été jugés dignes d’être placés au nombre des chefs-d’œuvre de la littérature féminine du temps et leur succès alla même croissant jusque vers le milieu duXIXe siècle, avec une réédition tous les deux ans entre1810 et1840[49]. Ils furent, par ailleurs, encore souvent réédités entre1860 et1890 et leur gloire ne s’éteindra finalement qu’à l’aube duXXe siècle. C’est dire si leXIXe siècle les goûta encore énormément. Le critiqueVillemain, dans sonTableau de la littérature française auXVIIIe siècle (1838) écrira même queMme de Tencin est l’auteur de « quelques romans pleins de charme » parmi lesquels lesMémoires du comte de Comminge, représente certainement « le plus beau titre littéraire des femmes dans leXVIIIe siècle »[50].

C’est grâce à ces deux romans que le nom deMme de Tencin survivra littérairement jusqu’à la fin duXIXe siècle. Elle est encore pourtant l’auteure de deux autres ouvrages :les Malheurs de l’amour (1747), véritable perle de la littérature duXVIIIe, et d’un roman inachevé, de facture plus surannée, lesAnecdotes de la cour et du règne d'Édouard II, roi d'Angleterre.

LesAnecdotes furent publiées après sa mort en1776, chez le libraire Pissot à Paris, avec approbation et privilège du roi. Alexandrine n’est l’auteure que des deux premières parties, les suivantes sont l’œuvre deAnne-Louise Élie de Beaumont qui, vingt-cinq ans après la mort deMme de Tencin, décida de finir l’ouvrage que celle-ci avait laissé inachevé. De toute évidence, Madame de Tencin jouissait donc encore dans ces années-là d’une grande réputation. Comment expliquer, sinon, qu’un écrivain aussi célèbre qu’Élie de Beaumont, l’auteure des fameusesLettres du marquis de Rozelle (1764), encensées de toute la critique, et femme du plus célèbre encore avocat des Calas, décidât de terminer le roman d’une autre au lieu de donner à nouveau au public une œuvre de son cru. Malgré tout son savoir-faire, l’ouvrage passa néanmoins presque inaperçu.Pierre-Maurice Masson nous indique qu’il n’a été réédité que huit fois jusqu’au début duXXe siècle, et toujours dans les œuvres complètes deMme de Tencin, alors qu’on recense par exemple plus d’une quarantaine de rééditions desMémoires du comte de Comminge. La critique est, quant à elle, généralement muette à son sujet. C’est probablement que la structure baroque de l’œuvre, faite d’histoires enchâssées et de rebondissements improbables, ne plaisait plus à l’époque et il y a fort à parier, ainsi que le pense Joël Pittet, que c’est là une œuvre de jeunesse queMme de Tencin a tôt abandonnée[51].

Il reste à signaler, avant de revenir à l’examen desMalheurs de l’amour réédités au début du siècle (Desjonquères,2001), qu’on lui attribue encore trois autres ouvrages. Elle aurait ainsi écrit vers1720 uneChronique scandaleuse du genre humain, « histoire ordurière et manuscrite des actions crapuleuses des libertins connus par l’histoire de toute l’antiquité et composée à l’usage deDubois et duRégent » écrit P.-M. Masson[52] pour qui l’ouvrage serait assez du genre de la dame. Cette chronique n’a jamais été retrouvée. D’aprèsJules Gay, elle fut « très probablement détruite par nos cafards molinistes ou jansénistes, méthodistes ou révolutionnaires »[53]. On lui attribuait égalementChrysal ou les aventures d’une guinée (1767) qui est en fait de l’AnglaisCharles Johnstone. Reste enfin l’épineux problème que soulèvel’Histoire d’une religieuse écrite par elle-même. En effet, en mai1786 paraît à Paris, dans laBibliothèque universelle des romans, cette courte nouvelle de vingt-quatre pages in-16, qu’une note des éditeurs attribue àMme de Tencin : ce serait là « le fruit des premiers amusements de la jeunesse » de notre auteur, qu’elle aurait remis entre les mains de son ami l’abbéTrublet. Convient-il d’accorder quelque crédit à cette note ? La critique duXXe siècle – celle des deux siècles précédents ainsi que les répertoires bibliographiques duXIXe siècle passant complètement sous silence cette nouvelle qui n’eut jamais de réédition – reste partagée :Pierre-Maurice Masson,Georges May,Henri Coulet etPierre Fauchery pensent qu’elle en est l’auteure, sans pourtant en fournir la preuve absolue, tandis queJean Sareil,Jean Decottignies, Martina Bollmann, auteure d’une thèse remarquable sur les romans deMme de Tencin, et Joël Pittet sont d’avis contraire[54]. Une thématique différente, l’absence de tout dialogue, des différences importantes dans le traitement psychologique et dans le vocabulaire de cette œuvre semblent aller pourtant dans le sens de la non attribution. Un autre fait vient encore corroborer cette prise de position : l’abbé Trublet était mort depuis seize ans, quand parut cette histoire. Selon le critique Franco Piva, elle serait en fait deJean-François de Bastide, ce qui expliquerait sa parution tardive[55].

S’il convient donc très certainement de considérer l’Histoire d’une religieuse comme un pastiche adroit, cette nouvelle n’en reste pas moins intéressante à plus d’un titre : elle souligne en premier lieu l’engouement pourMme de Tencin vers la période révolutionnaire, engouement que confirment en1786 les deux premières éditions de ses œuvres complètes ainsi que la publication de ses pseudo-mémoires secrets en1792[56]. Qui plus est, elle fournit de précieux renseignements sur la fortune littéraire desMalheurs de l’amour en montrant que ce roman, qui a largement inspiréJean-François de Bastide, répondait encore au goût de la fin duXVIIIe siècle.

Avant que d’examiner plus avant ce dernier roman, petit chef-d’œuvre d’écriture classique qui exprime pourtant au mieux les idées novatrices et subversives deMme de Tencin, il convient encore de dire un mot des problèmes d’attribution.

Une attribution quelque temps contestée

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Portraits de femmes (1912) : Madame de Tencin par Des Neiges
Portraits de femmes (1912) : Madame de Tencin par Des Neiges

La fortune littéraire deMme de Tencin ne coïncide pas avec celle de ses œuvres. En effet, si la critique de nos jours attribue unanimement à la divine la maternité des quatre ouvrages précités, son œuvre lui fut longtemps disputée.

À l’instar la plupart des femmes de lettres de son époque, Alexandrine publia ses ouvrages sous le couvert de l’anonymat. Le nom deMme de Tencin ne tarda pas cependant à circuler sous le manteau, comme le prouve une lettre de l’abbéRaynal (1749) à un correspondant étranger, dans laquelle il signale qu’il convient d’attribuer à Alexandrine « trois ouvrages pleins d’agrément, de délicatesse et de sentiments » dont il donne les titres. Ses « bêtes » (les familiers de son salon) étaient d’ailleurs certainement dans la confidence et, bien qu’ils gardassent, pour la plupart, le silence, un poème dePiron, en termes à peine voilés, laisse entendre la véritable identité du plus accompli des trois romans. Il s’agitde Danchet aux Champs-Élysées qui décrit un cercle de neuf Muses, rencontré au séjour des Bienheureux, dont Alexandrine doit un jour occuper le siège présidentiel :

Car vous seule y devez prétendre,
Vous seule y monterez un jour,
Vous dont le pinceau noble et tendre
A peint les malheurs de l’Amour.[57]

À part ces quelques indications éparses, dans les trente années qui suivirent la première publication deMme de Tencin (1735), on ne trouve aucun témoignage imprimé où le nom de l’auteur soit explicitement donné. Aussi la rumeur se plut à attribuer ces trois romans à d’autres écrivains, et principalement à ses propres neveux :d’Argental etPont-de-Veyle.

Trois théories s’affrontent donc dans le public jusqu’en1767 : il y a les gens instruits qui savent ce qu’il en est, ceux qui penchent pour une collaboration entre la tante et les neveux, et ceux qui n’accordent, commeVoltaire qui la détestait, la paternité des œuvres qu’aux seuls neveux.

Le parti des instruits finit par l’emporter, car en1767 apparaît le premier texte auquel on peut accorder tout crédit, qui divulgue enfin la véritable identité de l’auteur des trois romans. En effet, l’abbé de Guasco dans une note de son édition desLettres familières du Président de Montesquieu nous apprend que son frère, le comte deOctavien de Guasco, demanda en1742 à Montesquieu siMme de Tencin était bien l’auteure des ouvrages que certains lui attribuaient. Ce dernier lui répondit qu’il avait promis à son amie de ne point révéler le secret. Ce n’est que le jour de la mort d’Alexandrine qu’il avoue enfin la vérité au vieil abbé.

Son opinion fait école, car dès cette date, le nom d’Alexandrine figure régulièrement dans les histoires littéraires et les dictionnaires de l’époque. Ainsi, vers1780, la majorité du public et de la critique – à l’exception notable del'abbé de Laporte dans sonHistoire littéraire des femmes françoises (1769) – pense qu’elle en est l’unique auteur. En tout cas on en est suffisamment convaincu pour, lors de la première édition de ses œuvres complètes en 1786, faire apparaître pour la première fois son nom sur la page de titre. Depuis l’ouvrage dePierre-Maurice Masson (1909, revu et corrigé en 1910), consacré à la vie et aux romans d’Alexandrine, ces œuvres lui sont définitivement attribuées.

Les Malheurs de l'amour

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Après huit ans de silence littéraire,Mme de Tencin, devenue impotente et ne quittant plus guère son appartement, se décida à sortir quelque peu de sa réserve pour publier anonymement son troisième roman :Les Malheurs de l'amour (1747). L’édition originale de ceroman-mémoires sentimental consiste en deux volumes in-12 de 247 et 319 pages où l’histoire enchâssée d’Eugénie – la confidente de l’héroïne Pauline – occupe les 180 pages du deuxième volume. Elle fut publiée sans privilège à Paris, même si la page de garde mentionne Amsterdam.

Le roman connut un grand succès lors de sa parution, tant est qu’il fut réédité plusieurs fois l’année même. Il fut en vogue quelque temps à Versailles.Daniel Mornet, dans son articleLes Enseignements des bibliothèques privées (1750-1780), nous apprend même qu’il fit partie jusqu’en 1760, avec lesLettres d'une Péruvienne ou lesConfessions du comte de ***, des neuf romans les plus lus en France ! Cet engouement ne se cantonna pas à la France uniquement. Dès les années 1750 il fut traduit en anglais et inspira plusieurs auteurs britanniques comme MissFrances Chamberlaine Sheridan dans sesMemoirs of Miss Sidney Bidulph, extracted from her own Journal (1761; traduit en français par l'abbé Prévost en 1762) dont une partie de l’intrigue semble directement inspirée desMalheurs de l’amour.Jean-Rodolphe Sinner de Ballaigues l’adaptera en 1775 pour le théâtre, en conservant certaines répliques du roman. Pendant la période révolutionnaire, il connaît même une nouvelle vogue, étant très souvent réédité, et pas toujours sous son titre d’origine, mais sous celui deLouise de Valrose ou Mémoires d’une Autrichienne, traduits de l’allemand sur la troisième édition (1789). Enfin, la troisième période de gloire desMalheurs de l’amour se situe pendant les trente premières années duXIXe siècle où l’on recense en moyenne une réédition tous les cinq ans : les post-classiques en apprécièrent le style naturel et de bon goût et la génération romantique, la mélancolie et la passion dominatrice qui caractérisent, par ailleurs, tous les romans deMme de Tencin. Dès les années1880, le roman sombre peu à peu dans l’oubli et ce n’est qu’à l’aube de ce siècle qu’il a été redécouvert (Desjonquères, 2001).

Une morale du cœur et de l’instinct

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« Si vous détruisez l’amour, Éros, le monde retombera dans le chaos[58]. »

— Mme de Tencin àMme de Graffigny

L’être humain, pour citerPaul van Tieghem, ne vit donc« pour faire son salut, ni pour agir, ni pour connaître ou créer ; son idéal n’est ni d’être saint, ni l’homme d’action, ni le savant ou l’inventeur. Il vit pour sentir, pour aimer. » La morale naturelle queMme de Tencin nous propose est en ce sens assez proche de celle des auteurs sensibles de la deuxième moitié du siècle qui réagissent contre le culte de la raison gouvernant la volonté, idéal de l’âge classique, en privilégiant le sentiment et en revendiquant les droits de la passion. Celle-ci n’est plus considérée comme une faiblesse, un égarement ou un malheur, mais comme un privilège des âmes sensibles. Elle devient« un titre suffisant à justifier une conduite opposée à celle que dictaient les usages et les lois[59]. »

Si la lettre est donc essentiellement communicative et dramatique, elle reste cependant avant tout le signe et le substitut d’une passion qui ne peut s’assouvir. En ce sens, elle ne fait que transposer dans l’histoire cet espace d’écriture et d’évasion qu’offre lui-même le roman à l’amour, ce sentiment qui n’avait lieu à l’époque, si ce n’est la clandestinité, pour s’épanouir. L’acte d’écriture, voire l’acte de narration, justifiés explicitement dans les romans, procède donc d’un refus d’être, ou du moins d’être sans l’être aimé. Il trahit un désir du « nous », de l’unité qui ne peut être résolu que dans l’écriture ou, paradoxalement, dans l’absence, car l’on sait depuis Proust que cette dernière, pour qui aime, est « la plus certaine, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences (…). »[60].

L’image d’une femme – ou d’un homme – qui se réalise dans l’amour ou, par procuration, dans l’écriture ne manque pas d’étonner de la part d’un écrivain dont la vie fut caractérisée essentiellement par la tutelle de la raison sur le cœur. Du moins, c’est là le portrait que se sont plu à dresser la totalité de ses biographes. Mais ont-ils vraiment vu juste, eux qui se sont efforcés de recréer la personne intime à partir du personnage public ? Laissons le mot de conclusion àStendhal qui la proposait comme modèle à sa sœur Pauline et qui avait deviné son grand secret (Lettre à Pauline Beyle, 8 mars 1805):

« Plais à tous ceux qui ne te plaisent pas et qui t’entourent ; c’est le moyen de sortir de ton trou.Mme de Tencin était bien plus loin des sociétés aimables que toi, et elle y parvint. Comment ? En se faisant adorer de tout le monde, depuis le savetier qui chaussait Montfleury jusqu’au lieutenant général qui commandait la province. »

Madame de Tencin épistolière

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De l’abondante correspondance deMme de Tencin, il ne reste que peu de choses accessibles en édition. Huitante lettres dans une vieille compilation lacunaire deSoulavie[note 12], écrites entre novembre 1742 et juillet 1744, deux petits recueils de Stuart Johnston et de Joël Pittet, de nombreuses lettres inédites citées ici et là, notamment chez P.-M. Masson, Jean Sareil ou M. Bollmann. Des originaux également, qui apparaissent de temps en temps dans les ventes aux enchères. Aucun critique n’a encore consacré d'étude sérieuse à la totalité de sa correspondance retrouvée, soit cent cinquante lettres environ.

Voici son avis sur le ministreMaurepas dans une lettre auduc de Richelieu du1er août 1743 :

« C’est un homme faux, jaloux de tout, qui, n’ayant que de très petits moyens pour être en place, veut miner tout ce qui est autour de lui, pour n’avoir pas de rivaux à craindre. Il voudrait que ses collègues fussent encore plus ineptes que lui, pour paraître quelque chose. C’est un poltron, qui croit qu’il va toujours tout tuer, et qui s’enfuit en voyant l’ombre d’un homme qui veut résister. Il ne fait peur qu’à de petits enfants. De mêmeMaurepas ne sera un grand homme qu’avec des nains, et croit qu’un bon mot ou qu’une épigramme ridicule vaut mieux qu’un plan de guerre ou de pacification. Dieu veuille qu’il ne reste plus longtemps en place pour nos intérêts et ceux de la France. »

Pour Alexandrine, avec de tels serviteurs, « à moins que Dieu n’y mette visiblement la main, il est physiquement impossible que l’État ne culbute » (Lettre au duc d’Orléans du 2 juin 1743). Les ministres « ont le ton plus haut actuellement que les ministres de Louis XIV, et ils gouvernent despotiquement (...). Tandis que les affaires actuelles occuperaient quarante-huit heures -si les journées en avaient autant-, les meilleures têtes du royaume passent leur temps à l’Opéra » (idem) ! Mais le grand coupable, c’est leroi, comme elle ne se prive pas de le démontrer dans différentes lettres (des 22 juin, 24 juillet,1er août et 30 septembre 1743) auduc de Richelieu :

« C’est un étrange homme que ce monarque (...). Rien dans ce monde ne ressemble auRoi : ce qui se passe dans son royaume paraît ne pas le regarder ; il n’est affecté de rien ; dans le conseil, il est d’une indifférence absolue : il souscrit à tout ce qui lui est présenté. En vérité, il y a de quoi se désespérer d’avoir affaire à un tel homme ; on voit que, dans une chose quelconque, son goût apathique le porte du côté où il y a le moins d’embarras, dût-il être le plus mauvais (...). Il est comme un écolier qui a besoin de son précepteur, il n’a pas la force de décider (...). On prétend qu’il évite même d’être instruit de ce qui se passe, et qu’il dit qu’il vaut mieux encore ne savoir rien. C’est un beau sang-froid; je n’en aurai jamais autant (...). Il met les choses les plus importantes pour ainsi dire à croix ou à pile dans son conseil, où il va pour la forme, comme il fait tout le reste, et qu’il en sort soulagé d’un fardeau qu’il est las de porter. (...) Voilà pourquoi lesMaurepas, lesd’Argenson, sont plus maîtres que lui. Je ne le puis comparer dans son conseil qu’à M. votre fils, qui se dépêche de faire son thème pour en être plus tôt quitte. Encore une fois je sens malgré moi un profond mépris pour celui qui laisse tout aller selon la volonté de chacun. »

Et de terminer à propos duroi :

« Tout sert en ménage, quand on a en soi de quoi mettre les outils en œuvre. »

Les lettres deMme de Tencin offrent donc le spectacle, qui n’est « ni sans rareté ni sans beauté »[61].

La Ménagerie

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Gabriel Bonnot de Mably,
(musée de la Révolution française).

Quelques grands noms des Lettres, des Arts et des Sciences fréquentèrent durablement ou occasionnellement le salon de Madame de Tencin et formèrent saMénagerie. Voici quelques-unes de ses « Bêtes » : l’abbé Prévost,Marivaux, l’abbé de Saint-Pierre, l’académiciende Mairan,Louis La Vergne, comte de Tressan, le docteur et amantJean Astruc, le poètejansénisteLouis Racine,Jean-Baptiste de Mirabaud, l’abbé Le Blanc, son neveud’Argental,Mme Dupin qu'elle appelait « ma chère friponne »[62],Duclos, l’académiciende Boze,Émilie du Châtelet,Houdar de la Motte,Mme Geoffrin,Réaumur,Montesquieu qu’elle appelait « le petit romain »,Helvétius, les écrivainsPiron etMarmontel, lamarquise de Belvo,Mme de La Popelinière,Bernard-Joseph Saurin, SirLuke Schaub qu’elle surnommait « le Petit » ou « mon mari », l’abbé Trublet, Charles-Henry (comte de Hoym) qu’elle surnommait « le Grand ou le Dégoûté »,Fontenelle,Françoise de Graffigny, l’abbéde Mably, son neveuPont-de-Veyle, le médecin suisseThéodore Tronchin,Chesterfield,Bolingbroke ou le peintreFrançois Boucher dont elle possédait un tableau (Le Foyer enchanté).

On peut à cette liste rajouter Collé etGallet qui formaient à cette époque avec Piron un trio inséparable de trois joyeux compagnons fondateurs du célèbre « Caveau » comme nous le rappellent Rigoley de Juvigny dans les mémoires de Piron et J. Bouché dansGallet et le Caveau à travers une anecdote qui a eu lieu chezMme de Tencin et qui se termine dans les rues de Paris après cette soirée bien colorée. Ils avaient en commun avecMme de Tencin la même opinion sur Voltaire qui craignait de se trouver face à Piron.Gallet ayant de son côté fait le pamphletVoltaire Âne, jadis poète.

Œuvres

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Adaptation scénique

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AuXIXe siècle, l'histoire de sa vie servit de canevas pour une pièce de théâtre :

Adaptation romanesque

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  • Joël Pittet,Les Aquatiques, nouvelles, Edilivre, Saint-Denis, 2016. (La première nouvelleLa mule de velours vert à talon rouge met en scèneMme de Tencin et son salon.)

Notes et références

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Notes

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  1. Sa famille était anoblie depuis moins de cent ans à sa naissance (21 mars 1586) : son quadrisaïeul, Pierre Guérin, était simple colporteur, puis orfèvre àRomans-sur-Isère. Sa marraine de baptême fut Marguerite-Alexandrine de Francon de Bocsozel de Montgontier.
  2. Son aïeul, Antoine Guérin, juge royal à Romans, reçut ses lettres de noblesse d’Henri III pour avoir protégé la ville pendant les guerres de Religion (lettres enregistrées au Parlement le 21 mars 1586).
  3. Le monastère de Montfleury à Corenc près de Grenoble était de l'ordre de Saint-Dominique. S'il était sans clôture, son entrée n'en restait pas moins strictement interdite aux hommes.[réf. nécessaire]
  4. Louise de Buffévent était issue d’une vieille famille du Viennois, dont un ancêtre, Antoine de Buffévent, avait suivi Saint Louis aux croisades.[réf. nécessaire]
  5. Numéro 384 actuel (no 22 à l'époque). L'église, la cour d'entrée et le cloître ont été rasés lors de l'ouverture de la rue Duphot.
  6. Entre 5 et 11 millions d'euros actuels, si l'on se fonde sur les tables de conversion de Wikipedia et sur celles du duc de Castries.
  7. Elle est toujours activement surveillée par la police, ainsi qu’en témoignent les archives de la Bastille. Elle-même était au courant de cette surveillance, car elle avait engagé un menuisier vis-à-vis son domicile, chargé de lui rapporter qui observait l’entrée de sa maison. (rapport du, archives de la Bastille)[source insuffisante]
  8. Le domaine de la Grainetière àLa Flotte.
  9. Lettre de d'Argenson à Frédéric le Grand du 26 août 1747 :« J'ai été dîner il y a quelques jours, à Passy, chez madame de Tencin, sœur du cardinal ; c'est le rendez-vous des beaux esprits sexagénaires. Elle est fort polie, elle a de l'esprit ; elle me fit une question que je dirai un jour à V. M. »
  10. Jean Masseau était baron de l'île de Ré.
  11. Lettre au duc de Richelieu,
  12. Les originaux de plus de la moitié de ces lettres se trouvent dans le Fonds Richelieu de la Bibliothèque Victor Cousin à Paris

Références

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  1. Des sources duXIXe siècle peuvent donner l'année 1681. Cependant après consultation des registres de baptême, l'ensemble des biographes modernes donnent la date de 1682. Voir par exemple pour l'année de naissance erronéeBibliothèque du Dauphiné, contenant l'histoire des habitants de cette Province qui se sont distingués par leur génie, leurs talents et leurs connaissances, par Guy Allard (1797, éditeur Giroud & fils),page 304.
  2. Duc de Castries,La Scandaleuse Madame de Tencin : 1682-1749.Paris, Perrin, coll. « Présence de l’histoire »,1986. 293p. -[19]p. de pl., 21 cm.(ISBN 2-262-00430-7). Réédition sous le nouveau titreMadame de Tencin : 1682-1749.Paris, Perrin,2004. 293p. -[16]p. de pl., 23 cm.(ISBN 2-262-02302-6)..) : cf. p. 13 à 40.
  3. Duc de Catries,La scandaleuse Madame de Tencin, Perrin, Paris, 1987, p.15
  4. Duc de Catries,La scandaleuse Madame de Tencin, Perrin, Paris, 1987, p.36
  5. Duc de Catries,La scandaleuse Madame de Tencin, Perrin, Paris, 1987, p.39
  6. Duc de Catries,La scandaleuse Madame de Tencin, Perrin, Paris, 1987, p.40-41
  7. Duc de Catries,La scandaleuse Madame de Tencin, Perrin, Paris, 1987, p.41
  8. Duclos 1806,p. 418.
  9. Bibliothèque raisonnée, 1730,p. 377 et suivantes.
  10. Pierre-Maurice Masson,Madame de Tencin, Paris, Hachette, troisième édition augmentée, 1910, p. 20-21.
  11. Pierre-Maurice Masson,Madame de Tencin, Paris, Hachette, troisième édition augmentée, 1910, p. 18.
  12. Bernard Daniel, "La Tencin, La scandaleuse baronne du Siècle des Lumières.", Corlé Imprimeur, L'Harmattan, Condé-sur-Noireau, 2012, p.81.
  13. Saint-Simon,Mémoires, édition Chéruel et Régnier, Paris, Hachette, t.XVI, 1874,p. 351-2.
  14. Le duc de Castries, La scandaleuse Mme de TEncin, Perrin, 1987, p.118
  15. Masson 1910,p. 25.
  16. a etbLe duc de Castries,La scandaleuse Mme de Tencin, Perrin, Paris, 1987, p. 101
  17. Masson 1910,p. 30.
  18. Diderot,Entretien entre d’Alembert et Diderot, inŒuvres complètes, éd. Assézat et Tourneux, Paris, Garnier, 1875, t.II,p. 119
  19. Pierre-Maurice Masson,Madame de Tencin, Paris, Hachette, troisième édition augmentée, 1910, p.79-80.
  20. Pierre-Maurice Masson,Madame de Tencin, Paris, Hachette, troisième édition augmentée, 1910, p. 84.
  21. Maria del CarmenMarrero, « Mme de Tencin, sociabilité d’une romancière »,Littérature,vol. 187,no 3,‎,p. 64(ISSN 0047-4800 et1958-5926,DOI 10.3917/litt.187.0064,lire en ligne, consulté le)
  22. Lettre du 22 juin 1743 au duc de Richelieu.
  23. Sareil 1969,p. 325.
  24. Benedetta Craveri,Madame du Deffand et son monde, Paris, Gallimard,, 640 p.(ISBN 978-2-08-142193-6)
  25. Souvenirs de Mme de la Ferté-Imbault, cité par Pierre de Ségur inLe Royaume de la rue Saint-Honoré, Madame Geoffrin et sa fille, Calmann Lévy, Éditeurs, Paris, 1897, p.157.
  26. Anecdotes de Mme de la Ferté-Imbault, citées par Pierre de Ségur,Le Royaume de la rue Saint-Honoré : Madame Geoffrin et sa fille, Calmann Lévy, Paris, 1897, p.411.
  27. Sareil 1969,p. 380.
  28. Le 23 août 1743, un décret d'adjudication rendu au Parlement de Paris attribue le logis de la Baronnie de Saint Martin de Ré à Claudine, Alexandrine, Marie Gérin de Tencin. Le 23 mars 1751, sa sœur, Françoise de Guérin, marquise de Tencin, veuve de Laurent Ducros, chevalier, comte de Groslé, du Roussillon et autres places... hérite de la demeure.
  29. Pittet 1992,p. 179.
  30. Benoît XIV,Lettres au Cardinal de Tencin (1742-1750), Archives des affaires étrangères, Rome, t.790-3, 796 et 805, lettre du 31 décembre 1749, t. 805, f. 170.
  31. Duc de Luynes,Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV, Paris, Firmin Didot, Tome X,p. 46.
  32. Mme de Genlis,De l’Influence des femmes sur la littérature française (...),, Paris, chez Maradan, libraire, 1811,p. 275.
  33. Maréchal de villars,Mémoires, publiés d’après le manuscrit original par le marquis de Vogüé, Paris, Renouard, 1884-1892, t.V,p. 13.
  34. Masson 1910,p. 43.
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  37. a etbFrançoise Launay, « Les identités de D'Alembert »,Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie,no 47,‎,p. 243-289(lire en ligne)
  38. Decottignies 1976,p. 28.
  39. Le Solitaire des Pyrénées, « Aux Auteurs du Journal » (Souvenir surMme de Tencin), inJournal de Paris, mardi 11 septembre 1787,no 254.
  40. Marivaux,La Vie de Marianne, Paris, Garnier,,p. 214-230
  41. Pierre Fauchery,La Destinée féminine dans le Roman européen duXVIIIe siècle, Paris, Colin, 1972,p. 40.
  42. Delandine 1786,p. XV.
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  44. Abbé Provost,Le Pour et Contre,t. VII, Paris, Didot,(lire en ligne)
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  47. Claude-Joseph Dorat, « Lettre du comte de Comminge à sa mère », t. I, inŒuvres complètes, Paris,1764-1777.
  48. Mme de Gomez, « Les Amans cloîtrés », inCent nouvelles nouvelles (septième partie), Jorry,1737.
  49. Pittet 1992,p. 28-29.
  50. Villemain,Tableau de la littérature française auXVIIIe siècle, Paris, Didier, 1838, t. I,p. 261-262.
  51. Pittet 1992,p. 54.
  52. Masson 1910,p. 284.
  53. Jules Gay,Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour, aux femmes, au mariage et des livres facétieux, pantagruéliques, scatologiques, satyriques, etc., par M. le C. d’I***, Genève, Slatkine reprints,1990, 4 vol., vol.I,p. 583.
  54. Pittet 1992,p. 20.
  55. Piva 1997,p. 121-139.
  56. Abbé Louis Barthélémi (1759 - vers 1815), « Mémoires secrets deMme de Tencin, ses tendres liaisons avec Ganganelli, ou l’heureuse découverte relativement à d’Alembert ; pour servir de suite aux Ouvrages de cette femme estimable », en deux parties, s. l.,1792, 142 et 123 pages.
  57. Alexis Piron,Œuvres Complètes, éd. Rigoley de Juvigny, Paris, Lambert, 1776, t.VI,p. 375.
  58. Gilbert Mercier,Madame Péruvienne, Éditions de Fallois, Paris, 2008,p. 151.
  59. Tieghem 1926,p. 425.
  60. Marcel Proust,Les Plaisirs et les jours, Paris, Gallimard, coll. « l’Imaginaire », 1988,p. 138.
  61. Masson 1910,p. 247.
  62. Gaston de Villeneuve-Guibert, Le Portefeuille deMme Dupin, Calmann-Lévy Éditions, Paris, 1884,p. 479.

Voir aussi

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Bibliographie

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Livres
Articles

Iconographie

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Liens externes

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