Pour les articles homonymes, voirGutmann.
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| Père | René-Albert Gutmann(d) |
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Claude Gutmann (nom de totem : « Griffon »), né le àParis et mort en dans lesMarches de la mort (Shoah), est un commissaire desÉclaireurs israélites de France (E.I.F). et responsable du réseau derésistance, « la Sixième », qui agit en région lyonnaise. Il joue un rôle important dans le sauvetage d'enfants juifs ducamp de Vénissieux le 26 août 1942. Il est déporté par leConvoi n° 62 du 20 novembre 1943, deDrancy versAuschwitz.
Claude Gutmann est né le 27 février 1914 à Paris[1],[2].
Il est le fils du docteurRené-Albert Gutmann (1885-1981), professeur de médecine réputé et futur membre de l'Académie de médecine[3], et de Pauline Kiefe (1889-1987). Ses parents divorcent. Après le divorce de ses parents, il est élevé par sa mère[4].
Pauline Kiefe se remarie avec Julien Lévy. Ils auront 3 enfants : Gilbert Lévy (1919?-1986), Ginette Lévy (1921-2012), et Jean-Jacques Lévy (1923-1943), Ce dernier fait partie de la résistance àLyon. ÀChambéry (Savoie), il se tue à l'âge de 20 ans en se jetant par une fenêtre, pour échapper à sa capture par les Allemands[4].
En 1933, il est un des fondateurs de laJeunesse Libérale Israëlite (affilié à l'Union libérale israélite de France, à la synagogue Copernic, située au située 24,rue Copernic, dans le16e arrondissement à Paris), qu'il va animer et diriger et où il crée le groupe scout localJoseph de Naxos[4].
Lorsque laSeconde Guerre mondiale éclate, il travaille dans l'affaire de son beau-père, Julien Lévy, commissionnaire en marchandises pour des maisons allemandes et anglaises[4].
Il est mobilisé en 1939. En raison de ses connaissances en anglais, il est affecté à la liaison entre l'armée française et l'armée britannique. L'unité anglaise où il est rattaché est faite prisonnière. Malade, il est hospitalisé auVal-de-Grâce et évite ainsi la captivité. Il rejoint sa mère àLyon[4].
Après juin 1940, il devient commissaire régional desÉclaireurs israélites de France (E.I.F.). enzone sud. Quand ceux-ci sont dissous, il travaille dans la clandestinité et entre dans laSixième[4].
Lecamp de Vénissieux (oucamp de Vénissieux-Saint-Fons), situé 25-27 avenue de la République[5] àVénissieux (Métropole de Lyon), fut utilisé notamment pour l'internement desjuifsapatrides lors desrafles de l'été 1942.
Dans le cadre de la granderafle du 26 août 1942, 1 016 juifs considérés comme apatrides sont arrêtés puis internés dans le camp de Vénissieux. 546 partiront deLyon pour lecamp de Drancy.
Une nouvelle circulaire desautorités de Vichy venant de paraître stipule que les orphelins ne feraient pas partie des personnes déportées. Flouant les autorités, des œuvres charitables avec Claude Gutmann vont s'introduire dans le camp et faire signer à des détenus en partance des actes de délégation de paternité pour laisser à leurs enfants une chance de survie.
108 enfants sont ainsi exfiltrés durant la nuit du 28 au 29 août (quatre seront repris et assassinés, 9 enfants retrouveront leurs parents). À l'extérieur du camp de nombreux relais seront nécessaires pour les cacher jusqu'à la fin de la guerre.
Ce sauvetage est un des plus spectaculaires de laSeconde Guerre mondiale auquel participent lecardinal Gerlier,Archevêque de Lyon, qui couvre de son autorité morale les actions illégales du groupe de Résistance "L'Amitié Chrétienne" (l’abbé Glasberg, le RévérendPère Chaillet etJean-Marie Soutou) mais aussi lePasteur Boegner,Madeleine Barot et laCIMADE, le docteurJoseph Weill,Charles Lederman,Elisabeth Hirsch,Hélène Levy ainsi que l’OSE (Œuvre de secours aux enfants),Gilbert Lesage et leService Social des Etrangers.
Trop connu à Lyon, il va àToulouse, où il ne reste pas longtemps. Il prend le nom deClaude Duprat (nom d'un voisin d'avant-guerre). Il va ensuite àNice[4].
À Nice, il y a l'équipe « Sixième - Education physique » (du mouvement des Jeunesses sionistes, MJS) et d'autres équipes dont le « Service André » fondé parJoseph Bass, un juif russerésistant[4].
Celui-ci avait recruté une infirmière corse qui avait rendu des services à des œuvres juives et recommande que le groupe des MJS prenne contact avec elle. Le mardi 23 septembre 1943[6], Claude Gutmann a deux rendez-vous, dont un au couvent des Jésuites, 8 rue Mirbeau à Nice.
Seules deux personnes sont au courant de ces rencontres : l'infirmière et Denise Caraco (nom de totem "Colibri")[7], cheftaine E.I. de Marseille œuvrant dans le « Service André » qui fait le guet[4].
UneCitroën Traction Avant noire intercepte Claude Gutmann. Pour le deuxième rendez-vous rue Mirbeau, les Jésuites ont juste le temps de prévenir de la souricière, ses amis[4].
D'autres personnes en contact avec l'infirmière sont arrêtées[4].
Henri Wahl, responsable de la Sixième accourt à Nice. Il n'arrive pas à entrer en communication avec Claude Gutmann qui est maintenu au secret. Il guette à la sortie de la prison. Il suit le convoi qui amène Claude Gutmann à la gare de Nice. Il siffle l'appel scout pour que Claude Gutmann se manifeste. De Drancy, clandestinement, Claude Gutman fait parvenir le message qu'il a entendu le sifflet, qui le réconforte[4].
Claude Gutmann est déporté le 20 novembre 1943, par le Convoi No. 62 deDrancy versAuschwitz. Sa dernière adresse est au 1, rue de la Terrasse àNice (Alpes-Maritimes)[8].
Il est envoyé ausous-camp deMonowitz, où il travaille dans une usine de margarine. Il retrouve des amis de la Sixième : Roger Climaud, Jacques Feuerstein et Roger Appel. Ils se retrouvent à l'appel du soir et s'encouragent mutuellement. Roger Climaud qui survit témoigne que Claude Gutmann est formel : la trahison venait de l'infirmière et qu'il n'a pas parlé sous la torture[4].
Selon le témoignage deJean-Paul Blum, un survivant, ancien E.I. deStrasbourg, Claude Gutmann est en vie et en bonne forme au moment de l'évacuation du camp le 18 janvier 1945. Il espère s'en sortir vivant. Il survit au trajet à pied (60 km dans la neige, par−40 degrés Celsius) jusqu'àGleiwitz mais pas à la suite : le voyage dans les wagons à bestiaux jusqu'àBuchenwald, d'une durée de 8 jours, avec pour seule nourriture de la neige fondue. Claude Gutmann est mort dans lesMarches de la mort en janvier 1945[4].