Pour les articles homonymes, voirabbé Boyer etBoyer.
Fauteuil 39 de l'Académie française | |
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Claude Boyer, né àAlbi en1618 et mort àParis le, est unauteur dramatique,apologiste etpoètefrançais. Il est généralement désigné depuis leXVIIIe siècle comme « l'abbé Boyer », mais cette désignation ne repose sur aucun document connu duXVIIe siècle[1].
Claude Boyer est éduqué chez lesjésuites où il excelle en rhétorique et a pour condiscipleMichel Le Clerc, qui comme lui écrira des tragédies et sera élu membre de l'Académie française, le premier en1666 et le deuxième en1662. En1645, il s'installe à Paris où il fréquente les salons et produit sa première pièce,La Porcie romaine, jouée à l’Hôtel de Bourgogne en1646. Elle connaît un franc succès. Suivront, tout au long de sa carrière, une trentaine de pièces dont la plupart sont des tragédies et dont beaucoup connaîtront de grands succès : ainsi la tragédie à machinesLes Amours de Jupiter et Sémélé en 1666 fut un véritable triomphe. Lorsque, plus haute autorité littéraire des deux premiers tiers duXVIIe siècle,Jean Chapelain composait vers 1662 un mémoire sur les gens de lettres de son temps, qui devait servir de base àColbert pour établir l'année suivante la première liste de gratifications royales, il jugeait ainsi Claude Boyer :
« BOYER. — Est un poète de théâtre qui ne cède qu'au seul Corneille de cette profession, sans que les défauts qu'on remarque dans le dessein de ses pièces rabattent de son prix, car les autres n'étant pas plus réguliers que lui en cette partie, cela ne lui fait point de tort à leur égard. Il pense fortement dans le détail et s'exprime de même. Ses vers ne se sentent pas du vice de son pays quoiqu'il ne travaille guère en prose[2]. »
La tragédie qu'il écrivit en cette même année 1662 et qui fut représentée sur la scène du Palais-Royal, quelques semaines avant queL'École des femmes deMolière soit mise à l'affiche (au grand dam de Boyer),Oropaste ou le faux Tonaxare, fut considérée par les contemporains comme l'une des plus belles tragédies françaises duXVIIe siècle. Mais dans les années suivantes, son étoile commença à pâlir avec l'apparition deRacine, qui semble l'avoir considéré comme un rival de talent qu'il fallait abattre ou dont il fallait du moins ternir la réputation. Le fait que, très tôt, avant même l'éclatement officiel de laquerelle des Anciens et des Modernes, il se soit rangé du côté des Modernes, en même temps quePierre Corneille et son frèreThomas Corneille, a beaucoup contribué à cette animosité. Racine réussit dans son entreprise avec l'aide deBoileau qui l'éreinta dans sonArt poétique (1674) et Claude Boyer se plaignit fréquemment des machinations du parti des Anciens contre lui dans les années 1680. Le comble de l'animosité de Racine envers lui fut atteint en 1695, Boyer ayant osé donner à son tour (aprèsEsther etAthalie de Racine) deux tragédies bibliques,Jephté, jouée aussi à Saint-Cyr à la demande deMme de Maintenon, etJudith qui fut créée sur la scène de laComédie-Française en 1695. C'est à cette occasion que Racine écrivit sur lui cetteépigramme bien connue :
On comprend pourquoi Boyer, à sa mort, avait perdu toute sa réputation. La postérité ne fit que renforcer ce phénomène, et il est aujourd'hui un auteur oublié. AinsiAntoine de Léris : « Pendant cinquante ans il travailla pour le Théâtre, sans que la médiocrité du succès l'ait jamais rebuté, n'ayant pu être content du Public qu'à sa première & à ses deux dernières. » (Dictionnaire Portatif, Historique & Littéraire des Théâtres, 1763)
Il avait eu passagèrement au commencement de sa carrière une réputation d'auteur galant, comme en témoigne cette épigramme parue dans laMuse historique de1650 :
Claude Boyer est par ailleurs l'auteur de nombreuses poésies de circonstance. Un certain nombre de ses poèmes est paru sous le titreLes Caractères des prédicateurs, des prétendans aux dignitez ecclésiastiques, de l'âme délicate, de l'amour profane, de l'amour saint, avec quelques autres poësies chrestiennes en1695.
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