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| Classe Tonnant | ||||||||
LeRobuste, vaisseau de 80 canons de classe Tonnant. | ||||||||
| Caractéristiques techniques | ||||||||
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| Type | Vaisseau de ligne de2e rang | |||||||
| Longueur | 59,26 mètres | |||||||
| Maître-bau | 15,26 mètres | |||||||
| Tirant d'eau | 7,58 mètres | |||||||
| Pont | 2 | |||||||
| Déplacement | 3 868 tonnes | |||||||
| Propulsion | Trois-mâts carré | |||||||
| Caractéristiques militaires | ||||||||
| Armement | 30canons de 36 livres 32canons de 24 livres 18canons de 12 livres 6caronades de 36 livres | |||||||
| Autres caractéristiques | ||||||||
| Équipage | 860 hommes | |||||||
| Histoire | ||||||||
| Architecte | Jean-Charles de Borda Jacques-Noël Sané | |||||||
| Chantier naval | Toulon | |||||||
| A servi dans | ||||||||
| Période de construction | 1787-1831 | |||||||
| Période de service | 1789-1870 | |||||||
| Navires construits | 35 | |||||||
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Comme les vaisseaux de laclasse Téméraire, les trente-cinq navires de laclasse Tonnant étaient issus des travaux duchevalierde Borda et de l'ingénieur navalSané pour uniformiser les constructions navales françaises selon des normes très définies et relevées.
Ils constituaient le plus grand modèle desnavires de ligne à deux ponts, armés de quatre-vingts canons, classé endeuxième rang, intermédiaire avantageux entre levaisseau de 74 canons, navire de ligne de base des flottes à la fin duXVIIIe siècle, et les lourds, lents et onéreux trois-ponts (de 100, 110, voire118 ou 124 canons). Puissamment armé de deux batteries complètes de canons lourds, rapide et très « manœuvrant », le « vaisseau de 80 classe Tonnant » a été probablement le navire le plus prisé par les commandants des marines de la période napoléonienne.
Après le développement des premiersvaisseaux de 74, les chantiers navals français s'attaquèrent à des navires à deux rangées de batteries plus puissants et longs.
Vers le milieu duXVIIIe siècle sont lancés quelque deux-ponts de 80 canons, comme, déjà, un premier navire baptiséTonnant en1747 ou leSoleil Royal en1749. Sensiblement plus stables, plus maniables, plus rapides et aussi puissants que les trois-ponts de 80 à 110 canons, ils n'étaient que des 74 rallongés, avec 30canons de 36 livres et 32de 18, mais sur leSoleil Royal, on remplaça sescanons de 18 par des puissants24 livres sur son secondpont de batterie, cette modification tout d'abord isolée fut reprise à partir de1765 de façon systématique.
À partir de1787, sous la conduite du chevalier de Borda et selon les plans de l'architecte naval Jacques Noël Sané, à l'exemple desvaisseaux de 74 canons de la classeTéméraire, laconstruction fut standardisée, à partir de l'établissement d'un cahier des charges rigoureux fondé sur un compromis poussé entre de nombreuses exigences : celle d'une forte artillerie, capable de rivaliser avec les trois-ponts britanniques ; celle de qualités de navigation au moins aussi remarquables que celles desvaisseaux de 74 ; celle de facilité de construction (standardisation) pour être susceptible d'être lancés dans tous les arsenaux du royaume ; celle aussi d'être moins exigeants que les immenses trois-ponts de 118 canons de laclasse Océan qui jaugeaient plus de 5 000 tonnes, pour lesquels un équipage de plus de 1 100 hommes était nécessaire ; et enfin celle d'être beaucoup moins coûteux que ces derniers.
Ceci aboutit à la mise en chantier d'une nouvelle série de vaisseaux, dotés de deux longues batteries de canons de gros calibres, contre une pour les « 74 », nettement plus longs que ceux-ci et que les trois-ponts britanniques : 60,30 m contre 56,70 m pour leHMS Victory; à peine moins larges : 15,60 m contre 15,80 m ; et jaugeant plus de 3 800 tonnes contre 3 550 t. pour le plus célèbre vaisseau anglais. Ainsi en1789, le lancement d'un nouveauTonnant, le premier d'une longue série, est l'aboutissement d'une expérience remarquée universellement en matière de construction navale par les chantiers navals français de l'époque.

Ces vaisseaux, mieux toilés que leurs opposants, porteront sans complexe la marque de l'amiral de l'escadre, et se sont effectivement avérés encore plus rapides et aussi fins manœuvriers que les « 74 » deBorda et Sané, car sensiblement plus longs, et qui déjà faisaient référence dans toutes les flottes européennes à la fin duXVIIIe siècle. De tels navires auraient dû logiquement surclasser tous les deux-ponts ennemis et même les trois-ponts de 98 canons auxquels ils vont s'opposer souvent dans les nombreusesbatailles de la Révolution etde l'Empire.
Dans les faits, ces superbes machines de guerre ont été régulièrement défaites par leurs adversaires britanniques, non en raison de leurs qualités intrinsèques, mais à cause d'équipages beaucoup moins habiles, peu aguerris en mer avant d'affronter l'ennemi, souvent incomplets, car on ne se bousculait pas sous la Révolution et l'Empire pour s'engager dans celle qu'on appelait encore la « Royale ». À la différence de leurs homologues de laRoyal Navy les marins français souffraient encore trop souvent du manque d'hygiène et duscorbut (plaies mortelles que les Britanniques avaient commencé de neutraliser efficacement depuis1795).

Michèle Battesti résume la situation lamentable des équipages français :« Le dysfonctionnement des états-majors était aggravé par les carences quantitatives et qualitatives des équipages. Le recrutement de l'armée de mer était plus que jamais un casse-tête. Concurrencé par l'essor de laguerre de course, il était surtout affaibli par les vicissitudes politiques, lacontre-révolution touchant les habituels foyers recruteurs de l'Ouest et du Sud-Est. Fuyards et déserteurs échappaient à la levée de l'Inscription maritime. À titre préventif, pour éviter les désertions, l'escadre deBrueys de retour deCorfou avait été mise en quarantaine àToulon. Il est facile d'imaginer l'état d'esprit de ces hommes qui n'avaient pas reçu leur solde depuis neuf mois ni débarqué sur les côtes françaises depuis le double de temps ! Pour armer les vaisseaux, toutes les recettes avaient été employées : enrôlement d'office,presse, emploi de soldats pour la mousqueterie et l'artillerie. Cela donnait des équipages de bric et de broc, issus de la pêche, ducabotage, voire de labatellerie. Certains n'avaient jamais vu la mer. La vigueur physique de la plupart laissait à désirer ; « nous n'avions presque que des enfants » constataitLachadenède à la veille de labataille d'Aboukir[1]. »
Aussi la plupart des vaisseaux appareillaient le plus souvent avec des équipages incomplets, parfois réduits de plus du quart.
Les défaites sont aussi dues à des commandants de flotte ou de vaisseaux souvent impuissants ou sans initiative, à quelques exceptions remarquables. Car ces amiraux de laRévolution et de l'Empire, vite promus par défaut (la noblesse commandante avait fui précisémentoutre-Manche) se sont avérés incapables de s'adapter aux innovations tactiques de leurs ennemis (celles utilisées parNelson : l'encerclement entre deux feux àAboukir, ou la coupure de la ligne àTrafalgar) et aux innovations techniques comme l'utilisation descaronades, ces canons courts, de très gros calibre, imprécis à moyenne portée, mais capables de nettoyer un pont tout entier en une seule salve de mitraille, et se réarmant en moins de deux minutes ; armes qui ont renforcé l'efficacité de tactiques fondées sur le canonnage à courte distance, sur lesquelles les amiraux britanniques fondaient leurs tactiques.

Ceci aurait fait dire à Nelson : « la meilleure marine du monde serait composée de navires français montés par des marins anglais. »

Ce sera fait souvent, car quand ils en capturaient, les Britanniques les réarmaient au plus vite sous leur drapeau. Ainsi tous les six premiers vaisseaux de 80, lancés entre1788 et1796, ont été capturés par laRoyal Navy et réarmés au nom desa Glorieuse Majesté, tous! Beaucoup réaliseront une longue et brillante carrière dans la Navy. Comme leTonnant lui-même, qui a amené son pavillon tricolore àAboukir, et qui combattra contre les Français àTrafalgar sous le nom deHMSTonnant.

Ces vaisseaux construits, d'abord en petit nombre, vont être dotés de sixcaronades supplémentaires à partir de1806, date à partir de laquelle ils vont être mis en chantier en grand nombre, notamment àAnvers,arsenal pour lequel l'Empereur avait d'ambitieux projets. À la chute deNapoléon pas moins d'une quinzaine est en construction dans les différents arsenaux impériaux, dont la moitié àAnvers. Grâce à cet effort de construction des vaisseaux, et à la multiplication des arsenaux (outreBrest,Toulon etRochefort ont été développésLorient,Anvers,Cherbourg etVenise), l'Empire était sur le point de retrouver une flotte aussi nombreuse et potentiellement plus puissante encore que celle queLouis XVI avait laissé à la France révolutionnaire ; sur le papier en tous cas.
Leur coque avait des dimensions relativement supérieures à celle de leurs contemporains de 74, elle était longue de 182pieds et 6pouces (60,26mètres), large de 47pieds et 6pouces (15,6mètres), ils présentaient un creux de 23pieds et 6pouces (7,7mètres) au centre, soit au total un déplacement de quelque 3 860 tonnes.
Poids total d'une bordée : 1 140livres defonte, soit plus d'une demi-tonne.
À partir de1808 (l’Illustre), le nombre decanons de 12 est réduit à 14 pièces pour pouvoir porter le nombre decaronades à 10 de 36livres.À partir de1827 (leMagnifique), les12 livres passent à seulement 2, tandis que lescaronades sont désormais 22. La bordée est désormais de 1 368livres.
Selon le règlement français du[2], l'équipage de temps de guerre doit être théoriquement de 854 hommes (594 en temps de paix) : soit 12officiers, 7 élèves ou volontaires, 60officiers-mariniers, 45 canonniers (destroupes de marine), 7timoniers, 503matelots, 130 soldats (troupes de marine ouinfanterie de ligne), 60mousses, 14 surnuméraires et 13valets.
Sous laRépublique et l'Empire, l'équipage passe à 866 hommes (626 en temps de paix), dont quatorzeofficiers (uncapitaine de vaisseau , uncapitaine de frégate, cinqlieutenants et septenseignes).
| Nom | Arsenal | construction | Historique | Fin |
| LeTonnant | Toulon | 1787-1789 | Capturé par les Anglais lors duSiège de Toulon (1793) il fait partie des 14 vaisseaux repris par l'armée de la République en décembre1793 (13 autres sont enlevés ou brûlés). Il participe à labataille de Gênes ou du cap Noli en mars1795. AAboukir en1798 il est sous le commandement deDu Petit-Thouars et ne se rend qu'après 2 jours d'une résistance héroïque | Intégré à laRoyal Navy il devient HMSTonnant ; sous le commandement deSir Edward Pellew il participe aux opérations de contrôle du Golfe de Gascogne et de blocus des ports de l'atlantique français et espagnols.4e de l'escadre deCollinwood àTrafalgar, il a un rôle décisif et obtient la reddition du vaisseau françaisAlgésiras. Navire amiral de SirAlexander Cochrane pendant laguerre anglo-américaine de 1812-1815, c'est depuis le pont duTonnant queFrancis Scott Key aurait écrit les paroles de l'hymne national desÉtats-UnisThe Star Spangled Banner en observant l'acharnement des soldats américains à maintenir labannière étoilée face aux bombardements de la flotte anglaise lors du siège de Baltimore. Ultime mission en1815, il porte le pavillon de l'amiralLord Keith commandant l'escadre chargée de conduireNapoléon àSainte-Hélène. Il sera démoli en1821 |
| L’Indomptable | Brest | 1788-1790 | Combat notamment àOuessant (1794),Groix (1795),Algésiras (1801), et à labataille du cap Finisterre (1805). Placé au centre de la ligne franco-espagnole à labataille de Trafalgar (1805), endommagé, échappe à la reddition et participe à la contre-attaque improvisée parCosmao-Kerjulien le lendemain de Trafalgar. | Coule dans la tempête, le soir même, après avoir recueilli les rescapés duBucentaure avec 1 200 marins à bord |
| LeSans Pareil | Brest | 1790-1793 | capturé par laRoyal Navy en1794 à labataille de Prairial | devientHMS Sans Pareil et combat contre les français àGroix en1795; devientponton (prison flottante) àPlymouth à partir de1807; démoli en1842 |
| LeFormidable | Toulon | 1794-1795 | D'abord baptisé leFiguières de novembre1794 à mai1795, il participe à labataille d'Algésiras, à celle ducap Finisterre et à celle deTrafalgar où il s'échappe | capturé par laRoyal Navy à labataille du cap Ortegal devient le HMSBrave; démoli en1816 |
| LeGuillaume Tell | Toulon | 1794-1795 | participe àAboukir où commandé parVilleneuve il s'échappe avec la nuit | capturé par laRoyal Navy àMalte le, devient le HMSMalta; fait partie de l'escadre deRobert Calder qui repousse la flotte deVilleneuve de retour des Antilles lors de sa tentative pour gagner la Manche et rejoindre l'escadre deGanteaume lors de laBataille du cap Finisterre (1805); démoli en1840 |
| LeFranklin | Toulon | 1794-1797 | capturé parNelson en1798 àAboukir | incorporé dans laRoyal Navy sous le nom de HMSCanopus, combat les Français à labataille de San Domingo (1806); désarmé en1887 |
| LeDix Huit Fructidor | Rochefort | 1794-1799 | renommé leFoudroyant en1800 participe à trois campagnes pour la mer des Caraïbes: l'expédition de Saint-Domingue sous le commandement deVillaret-Joyeuse en1802-1803; il porte la marque deWillaumez en1805-1806 où il coule l'HMS Anson du côté de Cuba, et celle rassemblée sous le commandement de l'AmiralZacharie Allemand àRochefort en1809, où il échappe aux brûlots anglais lors de labataille de l'île d'Aix | démoli en1834 |
| L’Indivisible | Brest | 1793-1799 | renommé l’Alexandre en1803, capture leSwiftsure en Méditerranée en1800 ; capturé par laRoyal Navy en1806 lors de labataille de San Domingo | utilisé comme réserve de poudre àPlymouth démoli en1822 |
| LeBucentaure | Toulon | 1802-1804 | navire-amiral deVilleneuve àTrafalgar, capturé par laRoyal Navy | se libère grâce à la tempête mais sombre devantCadix le lendemain |
| LeNeptune | Toulon | 1801-1803 | présent àTrafalgar, il s'échappe à la fin de la bataille. | Réfugié àCadix, il est capturé par les Espagnols en juin1808 qui le rebaptisentNeptuno; démoli en1820 |
| LeRobuste | Toulon | 1804-1806 | est échoué et incendié le, devantSète pour éviter la capture par laRoyal Navy | |
| LeDonawerth | Toulon | 1806-1808 | vaisseau-amiral deGanteaume en1809 pour un aller-retourToulon-Barcelone | démoli en1825 |
| L’Eylau | Lorient | 1808-1812 | ex-Saturne,vaisseau-amiral du vice-amiralAllemand enrade de Brest en1811 | démoli en avril1829 |
| LaVille de Varsovie | Rochefort | 1808-1809 | ex-Tonnant jusqu'en1809 | brûlé par laRoyal Navy le lors de labataille de l'île d'Aix |
| LeFriedland | Anvers | 1807-1810 | ex-Illustre, donné à la Hollande en1814 qui le renommeVlaming | démoli en1823 |
| LeSceptre | Toulon | 1809-1810 | transformé en ponton en1828 | démoli en1830 |
| LeTilsitt | Anvers | 1807-1810 | donné à la Hollande en1814 qui le renommeNeptunus | démoli en1818 |
| L’Auguste | Anvers | 1807-1811 | donné à la Hollande en1814 qui le renommeIllustre | démoli en1827 |
| LeBragançon | Lorient | 1810-1818 | Rebaptisé leNepture en1814 | démoli en1870 |
| LeDiadème | Lorient | 1807-1811 | transformé en ponton en1856 | démoli en1868 |
| L’Illustre | Anvers | 1807-1811 | donné aux Hollandais qui le renommePins van Oranje | vendu en1825 et démoli en1827 |
| LePacificateur | Anvers | 1808-1811 | àBrest à partir de septembre1814, utilisé comme cible pour tester les effets de l'obusier dePaixhans en1823[3] | condamné en1824 |
| LeConquérant | Anvers | 1808-1812 | réfugié àBrest en1814, il participe à l'expédition de Morée (1827) et à laprise d'Alger (1830), transformé en ponton en1831 | démoli en1842 |
| L’Hollandais | Anvers | 1812- | non achevé | |
| LeZélandais | Cherbourg | 1810-1813 | renomméDuquesne à laPremière Restauration,Zélandais pendant lesCent-Jours,Duquesne en juillet1815 et encoreZélandais en1830. Il participe à laprise d'Alger (1830) ; transformé en ponton en1836 | démoli en1858[4] |
| L’Alexandre | Anvers | 1813- | non achevé | |
| L’Atlas | Anvers | 1813- | non achevé | |
| LeMars | Anvers | 1814- | non achevé | |
| LeFougueux | Anvers | 1814- | non achevé | |
| LeMagnifique | Lorient | 1809-1814 | démoli en1837 | |
| LeCentaure | Cherbourg | 1811-1818 | Participe à l'Expédition d'Espagne (1823), renomméSanti Pietri en1823 | brûle par accident en1862 |
| LeNeptune | Lorient | 1810-1818 | ex-Brabançon transformé en ponton en1858 | démoli en1868 |
| L’Algésiras | Lorient | 1812-1823 | transformé en ponton en1846 | |
| LeJupiter | Cherbourg | 1811-1831 | transformé en ponton en1863 | démoli en1870 |
| LeVesuvio | Naples | 1812-1824 | abandonné par les Français en1813, il est terminé par leroyaume de Naples ; il accompagneFerdinand II des Deux-Siciles auBrésil en1843 ; il participe à la répression de la révolution de1848 en bombardantPalerme | détruit en1861 |