Leclarissimat est une distinction d'abord honorifique puis hiérarchique qui apparaît au début duHaut Empire romain. Elle est liée à la fonction sénatoriale et témoigne d'une hiérarchisation grandissante parmi les classes dirigeantes de l'Empire.
Au début du Haut Empire lessénateurs, lesconsuls,préteurs,tribuns de la plèbe,édiles,questeurs, dont les magistratures permettent l’entrée au sénat, les gouverneurs de provinces prétoriennes, reçoivent le titre officielvir clarissimus. Ce qualificatif précède, suit ou remplace leur nom propre ou le titre de leur dignité, lorsqu’on leur adresse la parole[1].Pline le Jeune, interpelle ainsi les consuls dans lesénat romain :« Je crains, dis-je, clarissimes consuls[2]... » Ce titre honorifique évolue peu à peu pour former un titre héréditaire permettant de distinguer un nouvel ordre dans lanobilitas, le clarissimat. Sous lesSévères, le langage juridique et l'épigraphie montrent que cette noblesse n'est plus seulement personnelle ; elle se transmet aux femmes, aux enfants[3] et même aux héritiers plus éloignés.
Les clarissimes se recrutent parmi les propriétaires delatifundia ou des vieilles familles patriciennes. Il leur est adjoint deschevaliers anoblis. Ils occupent les plus hautes magistratures ducursus honorum qui sont plus honorifiques que réellement source de commandement. Le clarissimat demeure longtemps le titre unique des plus hauts dignitaires, comme des sénateurs.
Durant leBas-Empire, les modes d'attributions du clarissimat évoluent. De simples gouverneurs de province peuvent être clarissimes sousConstantin[4] même si le titre est plutôt réservé aux magistratures supérieures.Constance, son successeur etValentinienIer après lui, réservent le titre de clarissimes auxpréfets du prétoire, grands maîtres des offices palatins et ministres des finances.
ValentinienIer crée, en 372,la Notice une espèce d’almanach impérial qui permet de déterminer les rangs des principaux fonctionnaires entre eux. Il crée la classe deillustres et despectabiles. Cette noble classe composée de préfets, decomtes et de proconsuls est plus prestigieuse que le clarissimat. Les sénateurs de Rome et de Constantinople[5] qui n'occupent pas de fonctions publiques font partie du clarissimat.
Un édit de l’an 412 énumère toutes les classes de la société dans l’ordre suivant[6] :Illustres, Spectabiles,Senatores c'est-à-dire les sénateurs deRome et deConstantinople,Clarissimi c'est-à-dire ceux qui, sans être sénateurs, avaient acquis ce titre par leurs fonctions,Sacerdotales,Principales,Mercatores,Plebeii. On le voit les clarissimes ne sont plus les personnages les plus importants de l'État. Ils gardent cependant un grand prestige surtout dans les provinces.Sidoine Apollinaire définit deux caractères, clarissime par la naissance, respectable par nomination[7].
Les sénateurs ont des grands privilèges en matière de justice. Leur seul juge est lepréfet de la ville s’ils habitent Rome ou les provinces suburbaines ou lepréfet du prétoire, s’ils résident en province. Pour cause criminelle, ils encourent seulement la perte de leur dignité[8].Les clarissimes comme toute lanobilitas bénéficient d'immunités importantes: exemption complète des contributions sauf la contribution foncière, des services personnels des citoyens desmunicipes ainsi que des charges extraordinaires. Les biens des privilégiés, mais aussi leurs hommes employés à l’exploitation des biens bénéficient des immunités[9]. Les femmes et les enfants des privilégiés bénéficient des mêmes privilèges[10].
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