Le fruit deCitrus maxima est unagrume, nommé « pamplemousse » par les botanistes[1],[2],[3]. Dans lelangage vernaculaire le fruit du pamplemoussier est nommé « pamplemousse » ou « pomélo » selon l'usage en vigueur dans les différents pays francophones, occasionnant ainsi une confusion générale car « pamplemousse » est également utilisé couramment pour désigner le fruit de l'hybride bien connuCitrus ×paradisi[4]. Des expressions comme « pamplemousse vrai » ou « pamplemousse véritable » sont parfois utilisées pour réduire l'ambiguïté[5].
Couvert de ses fruits énormes il est spécialement décoratif et impressionnant. On l'utilise donc également commeplante ornementale partout où le gel ne le met pas en risque.
Réputée [acide] et amère, en raison de la présence denaringine (hétérosideflavonique), la chair est peu juteuse, agréablement croquante, douceâtre dans les cultivars d'Asie du sud, alors que les cultivars japonais (sous le nomBuntan) sont de remarquables équilibres doux-acide, pouvant atteindre une grande subtilité et un prix en conséquence[10].
La peau du fruit deCitrus maxima est épaisse et semblable à de lamousse. Cette peau possède des caractéristiques mécaniques remarquables. Elle est capable dedissiper des quantités considérables d'énergie cinétique[11]. Le choc du fruit relativement lourd tombant sur le sol d'un arbre qui peut être assez haut est ainsi amorti. La peau de ce fruit a été utilisée comme modèle pour créer desmatériaux synthétiques de dissipation de l’énergie cinétique[11],[12].
Les généticiens ont groupé - parmi les cultivars disponibles dans la zone de libre circulation européenne - deCitrus maxima en deux populations: Chandler, Nam Roi et Kao Pan qu'ils différencient des génotypes Pink, De Florès,De Timor, Eingedi et Tahiti[13],Timor étant proche de Eingedi[13].
Dalel Ahmed et al. (2019) écrivent «Malgré les petites introgressionsde C. reticulata dans deux pommelos (Chandler et Kao Pan[14]) et l'introgressionde C. medica dans le pommelo Timor, notre analyse confirme que les pommelos modernes peuvent être considérés comme de bons des représentants de l' espèceC. maxima. Dans le cas des pommelos, les données GBS ont identifié une petite zone introgressée parC. medica dans le C7 du pommelo Timor»[15].
Parmi les variétés cultivées dont la pulpe, la couleur, la forme et la maturité varient[16], on peut citer :
La culture du pamplemoussier est comparable à celle ducitronnier. Lazone de rusticité est 9b, il est plus rustique que lecédratier. Comme le citronnier, il peut être cultivé en pots de grande taille.
L'arbre craint le vent, le poids des fruits courbe les branches et peut les casser. La mise à fruit d'un arbre greffé est de 4 ans.
Si ce pamplemousse est fécondé avec le pollen d'une orange douce ou d'une mandarine, les fruits seront généralement sans pépins. Dans des conditions optimales, le pamplemousse donne des fleurs quatre fois par an et le fruit peut être cueilli après 8 à 12 mois en quatre récoltes.
Le fruit demande de la chaleur pour arriver à maturité. Il est cultivé et consommé à grande échelle uniquement en Asie orientale. En climat méditerranéen chaud (on le cultive à Tokyo ou dans le sud de la péninsule ibérique) les fruits arrivent à maturité mais sont brûlés par l'ensoleillement fort, comme en Chine méridionale, ils doivent être mis en sac.
Pamplemousse de Cayenne ou Chadek ou Schadeck.
Le fruit se conserve bien notamment emballé dans du papier et conservés dans des boîtes bien aérées. Une étude comparative chinoise (2019) sur le cultivar Pomelo de miel (Taoxi) montre que la récolte optimale se fait 208 jours après l’anthèse et qu'un stockage de 4 mois avant consommation dans un endroit frais et sombre« permet de conserver une belle apparence et une bonne qualité gustative »[17].
Le fruit est réputé pour ses différentes valeurs nutritionnelles bénéfiques pour la santé. La pulpe, la peau, la feuille, la fleur, la graine, l'huile essentielle deCitrus maxima sont utilisés par la médecine traditionnelle (La peau contre la toux, l'épilepsie; les fleurs contre l'anxiété et les troubles du sommeil; les fruits contre l'asthme, le hoquet, la toux et l'épilepsie. Le fruit et l'huile essentielle sont utilisés encosmétique, parfumerie et arômes. La recherche médicale lui reconnaitin vitro ou enmodèle murin des effets bénéfiques contre l'hyperlipidémie, l'inflammation, les micro-organismes, lecancer, laglycation, les troubles métaboliques, l'oxydation, laneurodégénérescence, etc. Une synthèse des études sur les composants actifs du pamplemoussier a été publiée par une équipe indonésienne en 2024[19].
On laisse le fruit ressuyer quelques jours, jusqu'à un mois en Chine, certains fruits vont même jusqu'à passer un printemps et un été sur l'arbre au Japon. La pulpe est consommée crue, après avoir pelé les quartiers. Elle est d'une texture agréable et facile à manipuler car modérément juteuse. Froide, elle accompagne salade de fruits ou légumes, chaude elle accompagne le poisson en Polynésie et diverses grillades.
Les fruits rouges à pulpe rouge sont recherchés en chines ou en Asie du Sud-est (Bưởi Luận Văn oupamplemousse rouge de Luan Van au Viêt-Nam)
Au Japon, où le cultivar Suisho Buntan (pomelo Cristal)[20] est le plus apprécié, les fruits sont pelés avec précision. Le principal producteur, M. Shiraki de Kochi, a mis en ligne une vidéo pour expliquer l'utilisation d'un outil spécialement adapté[21].
La consommation de 100 g de pulpe par jour a, chez l'homme, un effet favorable démontré sur le diabète[22]. Les fruits agissent comme cardiotonique et sont utilisés en médecine traditionnelle dans la lèpre, l'asthme, la toux, le hoquet, l'épilepsie[23]. Les recherches actuelles montrent une activité analgésique, anti-inflammatoire, hépato protectrice, et antioxydante.
La peau du pomelo représente 30 % du poids du fruit, elles est riche d'huiles essentielles, de polysaccharides et de composés phytochimiques avec des applications alimentaires et pharmaceutiques. Une revue exhaustive des utilisations des dérivés de la peau de pomélo a été publiée en 2020[24]. Selon les médecines orientales et des observations pré-cliniques montrent des effets hypolipidémiques, hypoglycémiques,antioxydants, antimicrobiens,anti-inflammatoires etanticancéreux, antiasthmatique, sédatives dans les affections nerveuses, tonique cérébral[24],[23].
Le zeste est confit au sucre après trempage dans l'eau pour le désamériser.
La feuille deCitrus maxima a des propriétés anti diabétiques[25], elle est utilisée enmédecine ayurvédique dans l'épilepsie, le toux convulsive, le traitement des maladies hémorragiques. Les fleurs sont utilisées comme sédatifs dans les affections nerveuses[23].
En Chine, un thé (tisane) de fleur de pomelo est considéré traditionnellement comme digestif, on lui attribue un effethypolipidémiant. Une publication académique de chercheur deGuangzhou (2021) a vérifié cet effet anti-obésité : le composé actif est la marmin, une coumarine isolée chezAegle marmelos, qui inhibe à niveau de concentration moyenne et élevée la différenciation des préadipocytes 3T3-L1 en provoquant leurapoptose[26].
Les divers agrumes dont les pamplemoussesCitrus maxima affectent le profil pharmacocinétique de plusieurs médicaments dont labiodisponibilité se trouve réduite en présence d'extraits du fruit lors de ladigestion. DG Bailey et JD Spence ont mis en évidence en 1989 que «de nombreux médicaments essentiels pour le traitement d'affections médicales importantes ou courantes interagissent avecCitrus paradisi» et «certains autres jus d'agrumes»[27]. Or la graine de pamplemoussier est un géniteur avec lepollen d'uneorange deCitrus paradisi (les grapefruits) et le mêmeCitrus paradisi est parent de diverstangors (Mineola, Seminole, Orlando, etc.)[28].
Pour ce qui est démontré dans le cas du pamplemoussierCitrus maxima, ce sont spécialement les patients qui prennent des médicamentsantirétroviraux (traitement duVIH/SIDA) chez quiCitrus paradisi et Citrus maxima (comme de nombreux autres plantes) présentent un risque d'augmentation de l'absorption et de la biodisponibilité des médicaments («la consommation doit être réduite ou évitée»)[29]. La consommation de pamplemousse doit être limitée également avec des médicaments agissant sur lesystème nerveux central (antidépresseurs), il a été démontré dans lemodèle murin une action négative desbenzodiazépines du fruit[30].
Aucune contre-indication n'est signalée pour les produits cosmétiques contenant des extraits de pamplemousse ou de pamplemoussier[31].
La Chine maintient un équilibre positif de commerce en agrumes grâce à son volume d'exportation declémentines, demandarines et deC. maxima, ce dernier représente 2,5 % du volume total. Il est estimé que le « pomelo sans pépins » (plus sucré) a un fort potentiel de croissance. Inversement, la Chine importe leC. ×paradisi de Nouvelle-Zélande, d'Afrique du Sud et des États-Unis[33]. Dans la province de Fujian (sud-est de Chine) on produit depuis plusieurs siècles le « Honey Pomelo », une variante plus sucrée deC. maxima. Ses producteurs ont signé une entente en 2006 avec lacommunauté européenne et exportèrent un total de 80conteneurs (1 600 tonnes) surtout vers l'Union européenne, l'Australie et l'Amérique du Nord[34]. Les Pays-Bas ont reçu en la première cargaison deC. maxima chinois destinés au marché européen. La compagnie (Herman Kuijper BV) a attendu quelques semaines avant de les livrer afin de leur permettre de mûrir et augmenter la teneur en sucre[35].
Au Japon le fruit est connu sous les noms de « Buntan »(ブンタン?) et de « Zabon »(ザボン?), ils sont d'usage courant ainsi que leurs hybrides.
AuVietnam, le « Nam Roi pomelo », pesant près d'un kilogramme, est un des fruits les plus populaires et ce pays est récemment entré dans la course d'exportation deC. maxima, ayant vendu plus de 100 tonnes de Nam Roi pomelo aux Pays-Bas, à l'Allemagne et à la Russie, depuis le deuxième quartile de 2007. Une entente a été signée avec une entreprise européenne(Metro Cash & Carry) pour permettre d'amener la production à niveau avec les normes internationales (eurepGAP)[36],[37].
L'espèce a une nombreuse descendance puisqueC. maxima est une espèce ancestrale à l'origine des agrumes actuels dans le génome desquels on retrouve desintrogressions plus ou moins importantes du poolC. maxima : c'est le cas des oranges douces, des bigarades, des pomelos(C. x paradisi) des mandarines et leurs propres soushybrides[38],[39].
Citrus maxima var.cocktailCocktail (pamplemousse) est hybride du pamplemoussier 'Siamese Sweet' et de la mandarine Frua (C reticulata 'Dancy' × 'King' tangor), il est nommé 'Mandelo' dans la collection UC Riverside[41],
Les teneurs en limonène des huiles essentielles de feuilles de spécimens indiens vont de 5,29 à 78,45 % suivent lespinènes:α-pinène (21 %) etβ-pinène (17 %)[46].
↑Pamplemousse et pomélo sur le sitePasseportSanté.net (Canada). L'article précise en outre que « toutes les grandes banques de taxonomie et de terminologie se sont alignées sur ces dénominations ».
↑Shi-YingShao, Wei-JieXu, JingTao et Jian-HuaZhang, « Glycemic index, glycemic load, and glycemic response to pomelo in patients with type 2 diabetes »,Journal of Huazhong University of Science and Technology. Medical Sciences = Hua Zhong Ke Ji Da Xue Xue Bao. Yi Xue Ying De Wen Ban = Huazhong Keji Daxue Xuebao. Yixue Yingdewen Ban,vol. 37,no 5,,p. 711–718(ISSN1993-1352,PMID29058284,DOI10.1007/s11596-017-1793-x,lire en ligne, consulté le)
↑(en) Gargi Palet al., « Interaction Of Citrus Maxima Fruit Extract With CNS Agents Affecting Behavioral Patterns Of Mice »,Journal of society, sciences and technology,,p. 5 pages(lire en ligne)