Lacité-jardin est un concept théorisé par l'urbanistebritanniqueEbenezer Howard en 1898, dans son livreTo-morrow : A peaceful path to real reform. C'est une manière de penser laville qui s'oppose à la ville industriellepolluée et dont on ne contrôle plus le développement pendant larévolution industrielle et qui s'oppose également à lacampagne (considérée comme trop loin des villes). Son concept est mis en application parRaymond Unwin dans la réalisation des villes deLetchworth Garden City et deWelwyn Garden City, au nord deLondres, ainsi que d'une « banlieue-jardin » immédiatement au nord du quartier londonien deHampstead, baptisée Hampstead Garden Suburb. Puis le modèle se répand un peu partout dans le monde.
En 1898,Ebenezer Howard fait paraître son ouvrageTo-morrow : A Peaceful Path to Real Reform (Demain, une vraie réforme par une voie pacifique) dans lequel il décrit son concept de cité-jardin. Son projet est une critique directe de la concentration du système capitaliste anglais. Il s'inspire pour cela d'expériences urbanistiques patronales anglaises réalisées par des industriels novateurs, tels que William Lever, créateur dePort Sunlight fondée en 1888 à proximité de Liverpool ouGeorge Cadbury, créateur deBournville, dans la banlieue deBirmingham, dans les années 1890[1].
Diagramme des trois aimants d'Ebenezer Howard qui représente comment la cité-jardin associe les avantages de la ville et de la campagne sans les désagréments des deux.
La cité-jardin de Howard est définie par les principaux points suivants :
une maîtrise publique du foncier (ce dernier appartient à la municipalité afin d'éviter la spéculation financière sur la terre) ;
la présence d'une ceinture agricole autour de la ville (pour l'alimenter en denrées) ;
une densité relativement faible du bâti (environ 30 logements à l'hectare, bien que ce point ne soit jamais mentionné, mais seulement déduit) ;
la présence d'équipements publics situés au centre de la ville (parcs, galeries de commerces, lieux culturels) ;
la maîtrise des actions des entrepreneurs économiques sur l'espace urbain : Howard est un partisan de la liberté d'entreprendre tant que l'activité ne nuit pas à l'intérêt collectif. L'installation d'une entreprise est soumise à la validation des habitants.
À terme, la cité-jardin ne devait pas rester un élément solitaire, mais devait faire partie d'un réseau plus large constitué de cités-jardins identiques de 30 000 habitants sur 2400 hectares, elles-mêmes situées autour d'une cité-jardin plus grande d'environ 58 000 habitants. L'ensemble étant relié par un réseau ferré dense.
Dès1903, Howard cherche à mettre en application ses principes urbanistiques, en réalisant la cité-jardin deLetchworth Garden City, à 60 km au nord deLondres, ville dont les plans seront réalisés par Barry Parker et Raymond Unwin. En1919, il renouvelle l'expérience et créeWelwyn Garden City, d'après les plans de Louis de Soissons.
L'idée de décentralisation sera reprise au cours des années d'après-guerre comme base théorique du plan de développement du Grand Londres. De même, la réalisation des villes nouvelles autour deParis ou deLille sera fondée sur ce principe.
En dehors des réalisations effectuées enAngleterre, aucune autre ne reprendra le concept dans son intégralité. C'est ainsi que l'on qualifiera, par erreur, de cité-jardin, toutes les réalisations urbaines mariant construction et nature.
EnFrance, une cité-jardin est selon le Service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, un« lotissement concerté, où les habitations et la voirie s'intègrent aux espaces verts publics ou privés, et destiné généralement en France à un usage social »[2]. Elle désigne un ensemble delogements sociaux individuels ou collectifs locatifs avec aménagement paysager et jardin autour de l'habitat. Elle comprend, dans la plupart des cas, des équipements collectifs (école, crèche, commerce, maison commune voire église), ce qui la distingue d'un simplelotissement concerté ou d'un ensemble delogements sociaux classique[3].
Georges Benoit-Lévy (1880-1970), juriste et journaliste de métier, à la suite d'un séjour enAngleterre à la demande duMusée social, publie son ouvrage fondateurLa Cité-jardin, en1904, préfacé par le théoricien ducoopératismeCharles Gide[4]. Il fonde la même année l'Association des cités-jardins, à laquelle adhèrent notamment l'architecteHenri Sauvage ou l'homme politiqueJules Siegfried. Il contribue par ses écrits à la diffusion de ce modèle d'urbanisme en France, et y voit une solution aux problèmes chroniques de logements que connaît le pays.
Dans lebassin minier du Nord-Pas-de-Calais, la Cité Bruno àDourges[5] est peut-être la première cité jardin construite en France en1904. Lescorons en sont la préfiguration dès la seconde moitié duXIXe siècle, et probablement avant[6].Après que ces cités minières du Nord-Pas de Calais aient été inscrites aupatrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, dans le cadre de l'ERBM, plusieurs communes du Bassin Minier (Raismes,Dourges,Vieux-Condé,Noyelles-Godault) ont créé en 2022 l'« Association des cités-jardins du Bassin Minier du Nord Pas de Calais », avec la Mission Bassin Minier, le bailleur Maisons & Cités, l'association des communes minières (ACM), l'Association Régionale des cités-jardins d'Ile de France et lesCAUE du Nord et du Pas-de-Calais[7].
Les plus célèbres cités-jardins de la région parisienne sont celles réalisées à l'initiative de l'Office public d'habitations à bon marché (HBM) de laSeine, entre lesPremière etSeconde Guerres mondiales à l'extérieur de Paris. L'objectif était « d'édifier des agglomérations propres à assurer le décongestionnement de Paris et de ses faubourgs » selon le président de cet OPHBM, l'emblématiqueHenri Sellier. Une quinzaine de cités sont ainsi construites autour de Paris.
Parmi ces cités-jardins toujours existantes, on compte :
La cité-jardin de l'Aqueduc àArcueil-Cachan (aujourd'hui située àArcueil) (1921-1923) : 228 logements sous la forme de pavillons regroupés de 2 à 6 construits par l'architecteMaurice Payret-Dortail. Le projet comporte alors par ailleurs un groupe scolaire, une coopérative d'alimentation et un stade. Il subsiste encore 43 pavillons d'origine.
Lacité-jardin de Suresnes (1921-1939) : construite par les architectesAlexandre Maistrasse, Julien Quoniam,Félix Dumail et Louis Bazin,Henri Sellier étant maire de Suresnes. La cité comprend, en plus des logements collectifs et individuels (au nombre de 2 500 avant-guerre, dont 2 327 collectifs), un dispensaire, une crèche, des groupes scolaires, des équipements sportifs, des lieux de culte catholique et protestant, un théâtre, un magasin coopératif, un foyer pour célibataires et une maison pour personnes âgées. La cité comprend des commerces, une crèche, une école maternelle et une maison pour tous. Dumail puis Bazin reconstruisent des logements et agrandissent la cité (de plus de 500 logements) après laSeconde Guerre mondiale
La cité-jardin d'Asnières-sur-Seine, située 100avenue des Grésillons, est composée de 719 logements. Ce sont des immeubles en brique rouge, séparés d'espaces verts et construits sur les anciens champs d'épandage. L'église Saint-Jean-des-Grésillons de Gennevilliers y a été construite en1960. Cette cité était gérée par la ville deParis, avant son acquisition en 2020 par l'organisme de gestion Hauts-de-Seine Habitat. Ce dernier prévoit de rénover l'ensemble immobilier à partir de 2021. Les travaux devraient durer entre 5 et 6 ans, pour un budget total de 75 millions d'euros[9].
La cité-jardin deGennevilliers (1923-1934) : 237 pavillons individuels et 186 logements en immeubles construits par les architectes Ernest-Michel Ebrard et Félix Dumail.
La cité-jardin duPlessis-Robinson (1924-1939) : construite par les architectesMaurice Payret-Dortail, Jean Demay, et Jean Festoc, comprenant logements individuels et collectifs (241 à la fin des années 1930), ainsi que des commerces. Une partie de la cité a été détruite[10].
La cité-jardin duPré-Saint-Gervais -Pantin -Les Lilas (1927-1933 puis1947-1952) : construite par l'architecte Félix Dumail, constituée de 1 200 logements collectifs et de 56 pavillons individuels (contre 243 prévus à l'origine), essentiellement situés sur les communes dePantin et duPré-Saint-Gervais, entre l'avenue Jean-Jaurès et l'avenue Édouard-Vaillant. Une partie de la cité est construite à Pantin après laSeconde Guerre mondiale mais dans un style très différent, partie appelée de nos jours "cité des auteurs" (228 logements). La cité comporte comme équipements collectifs des boutiques, une école (actuelle école Jean Jaurès) et un stade. Mais le projet d'édifier en plus une maison des services sociaux, un dispensaire et un théâtre de plein air ne sera pas réalisé. La cité est partiellement protégée au titre des sites.
La cité-jardin deChampigny-sur-Marne (1931-1933) par les architectes Pelletier et Tesseire comprenant un théâtre et une école.
La cité-jardin deVitry-sur-Seine (1935-1936), dite « cité-jardins du Petit-Vitry » : construite par les architectesEugène Gonnot etGeorges Albenque, se situe 176-186 avenue Rouget-de-l'Isle et 1-19 et 2-20 avenue Albert-Thomas. Morphologiquement, il s'agit plus d'un ensemble d'immeubles assez dense, desservi par une voie à l'origine fermée.
D'autres cités ont été construites par l'OPHBM de laSeine mais sont aujourd'hui détruites, car dès cette époque considérées comme provisoires. Elles étaient situées àBagnolet (détruite dans lesannées 1930),Dugny (détruite pendant laSeconde Guerre mondiale),Les Lilas (détruite dans lesannées 1970)…
La tendance est alors à l'industrialisation des modes de construction de ces cités, et à l'évolution vers l'habitat tout collectif, dans un but de réduction des coûts. Les équipements collectifs sont de plus en plus réduits et les espaces verts rares ou inexistants. C'est le cas des réalisations de l'OPHBM àBoulogne-Billancourt,Vanves,Maisons-Alfort… L'une des dernières "cités-jardins" lancées par l'OPHBM de laSeine est lacité de la Muette àDrancy (construite parEugène Beaudouin,Marcel Lods etJean Prouvé entre1931 et1934), qui constitue en réalité une transition vers lesgrands ensembles, dont c'est le premier exemple en région parisienne.
Toutes les cités-jardins d'Île-de-France sont cartographiées sur lapage internet de l'Association régionale des cités-jardins d'Île-de-France.
La question du logement ouvrier est préoccupante, et le patronat local se lance dans la construction de cités ouvrières comme celle de la verrerie Charbonneaux ou le Val des Bois avec l'entreprise textile deLéon Harmel.
Georges Charbonneaux, né àReims, le, décédé àParis le, industriel et philanthrope, dont la famille avait fait fortune dans le verre et la production devinaigre dans lesDeux-Sèvres. En1910, il accompagneJean-Baptiste Langlet, maire deReims, enAngleterre àBournville, cité-jardin dans la banlieue deBirmingham[11], il fonde dans la foulée le Foyer Rémois avec plusieurs industriels qui appartenaient à la tradition ducatholicisme social et entretenaient néanmoins des relations suivies avec la haute société protestante locale. Ainsi, il associe Joseph Krug à la création du Foyer rémois qui dès1911, commença àReims l'édification de logements destinés aux familles ouvrières et nombreuses. En 1912, il mène une délégation de personnalités rémoises visiter Letchworth[12]. Commencé avant la guerre un premier projet, dans le quartierCharles Arnould (Trois Fontaines), fut abandonné. La ville deReims a été détruite à 80 % durant laPremière Guerre mondiale. Lamunicipalité élue en novembre1919 et son maireCharles Roche firent appel aumajor de l'armée américaineGeorge Burdett Ford. Celui-ci élabora un plan de reconstruction ambitieux, le plan « Ford » retenu par le conseil municipal, le, et qui prévoyait de créer une douzaine de cités-jardins, reliées entre elles par une ceinture verte de parcs destinés à séparer les quartiers d'habitation des zones industrielles. La cité-jardin du Chemin-vert est organisée avec uneMaison Commune, une église, une maison pour la PMI, la formation des jeunes filles…
La plus importante et la plus aboutie. Construite par l'architecteJacques Marcel Auburtin à l'initiative d'un groupe de patrons catholiques constitué en une société HBM : le Foyer rémois. 600 logements sont construits sur 30 hectares, dans un style régionaliste, logements répartis en 14 types de maisons, isolées ou groupées, toutes dotées d'un jardin. La cité est équipée d'écoles et de commerces et d'une maison commune abritant les bains-douches, une bibliothèque, une salle des fêtes, une école ménagère et l'administration de la cité. Elle possède surtout en son centre l'église Saint Nicaise, décorée par les peintresGustave-Louis Jaulmes etMaurice Denis, le verrierRené Lalique. La cité est toujours propriété de la même société de logement social.
Pour accorder les mêmes subventions qu'au Foyer rémois à un organisme public, la municipalité créa l'Office Public d'Habitation à bon marché, devenu OPHLM, qui entreprit, à la fin desannées 1920, la construction de 600 logements dans lequartier Maison-Blanche. L'architecturebasco-landaise est caractéristique des pavillons les plus anciens de la cité Maison-Blanche, organisée autour de la place du Souvenir. La moitié seulement du plan initial fut réalisé[14].
L'expérience des cités-jardins a marqué profondément l'urbanisme rémois au point d'en inspirer explicitement des réalisations contemporaines, comme le montrent les exemples de la ZAC du Mont Hermé àSaint-Brice-Courcelles ou Les Aquarelles àBetheny[15].
Gerland tend au modèle Cité-jardin sans en adopter l'ensemble des principes de base.
Cité Jardin[16],Cité des États-Unis ou CitéTony Garnier. Ensemble de 1567 logements sociaux, répartis en 12 îlots de 5 étages dont 3 immeubles de 3 étages.
Cité Coopérative Paris-Jardins deDraveil : C'est l'une des toutes premières cités-jardins, créée en1911 dans le parc du château deDraveil, par la sociétéCité Coopérative Paris-jardins. C'est un cas particulier dans le sens où il ne s'agit pas à proprement parler de logements sociaux mais d'unlotissement concerté. Conçue par l'architecteJean Walter, elle est la dernière cité-jardin coopérative toujours en activité : composée de 45 hectares, dont 322 propriétés et 17 hectares (parc, château et voirie). Les 17 hectares sont gérés par les 322 coopérateurs, réunis en société anonyme coopérative. C'est déjà l'ancêtre des cités d'auto-constructeurscastors[17].
La Cité des Cheminots duNord à Tergnier.Cité-jardin d'Épinay-sur-Seine construite par la Fondation Blumenthal. Elle était dotée de cette salle de spectacle, d'un dispensaire de la Croix-rouge, récemment fermé, d'un bureau de poste…
Les cités-jardins de laCompagnie des chemins de fer du Nord : en1919,Raoul Dautry, ingénieur en chef, est chargé parPaul-Émile Javary, directeur de la Compagnie, de la reconstruction des voies et de l'infrastructure ferroviaire anéantie dans la partie occupée par les Allemands lors de laPremière Guerre mondiale. Pour fixer la main-d'œuvre, il met en chantier la construction de cités-jardins pour loger une partie des employés à proximité des gares dont le service requiert un personnel nombreux.Raoul Dautry s'inspire pour cela des exemples développés par Georges Benoît-Levy. En1923, on compte déjà 32 cités. Parmi celles-ci, lacité-jardin de Tergnier dans l'Aisne est la plus importante et la plus célèbre, avec 1 400 logements abritant 4 500 personnes[18].
Cité-jardin du Stockfeld àStrasbourg (1910-1912) : Cité-jardin destinée à reloger les populations du centre-ville et réalisée par l'architecte Edouard Schimpf. Elle a été totalement rénovée en 2005[19]. (InscriteISMH)
La cité-jardin de VauzellesVarennes-Vauzelles (1920-1931) : Son édification principale s'effectua de 1921 à 1931 sous la direction de l'architecte Georges Hennequin. La C.G.C.E.M. et la compagnie de chemin de fer P.L.M. (Paris Lyon Marseille) sont à l'origine de cet ensemble comprenant notamment plus de 350 maisons, une église et deux écoles. La cité prend place sur les 70 hectares acquis par la Société Immobilière Nivernaise (SIN) en. Dans les années 1930 la cité comptait environ 2500 habitants. La cité cheminote, en référence à la population qu'elle abritait, s'inscrit pleinement dans les préceptes de cité-jardin tels que théorisés par Ebenezer Howard. Le véritable nom de cet ensemble est cité de la Bonne Dame de l'Orme en référence à un ancien lieu de culte. Avant 1945 la plupart des rues de la cité de la Bonne Dame de l'Orme portait le nom d'une essence d'arbre.
Cité-jardin de Beaublanc àLimoges (1924) : construit parRoger Gonthier, architecte essentiel à Limoges dans les années 1920 et resté connu pour avoir édifié lagare de Limoges-Bénédictins, l'ensemble pavillonnaire de Beaublanc se constitue de 202 logements regroupés en bâtiments uniformes possédant chacun un terrain et des équipements collectifs.
La cité-jardin Jules Nadi de Romans-sur-Isère dans la Drôme[21] : créée sous l'impulsion de Jules Nadi Maire de Romans-sur-Isère (1919 à 1928). La mise en œuvre de la cité-jardin – Jules Nadi a été confiée à l'Office Public HLM créé à cet effet en 1920 et c'est l'urbaniste-architecte parisienMaurice Fournier qui aura la charge de cet aménagement durant la durée des travaux de 1925 à 1928. Il choisira un terrain excentré et libre, à l'époque en pleine campagne sur une surface de 6 ha et dès sa construction, 500 familles avec de nombreux enfants s'installent alors dans la Cité, quittant leurs logements insalubres en pleine ville pour le plein air, une maison, le confort. Plusieurs ouvriers de l'industrie de la chaussure ont pu bénéficier de ces logements de ville en campagne. La cité-jardin Jules Nadi comme bien d'autres est inscrite au titre du « Patrimoine du XXe siècle ». Pour la « grande histoire » dix-huit familles et des enseignants de la cité Jules-Nadi ont accueilli, protégé et scolarisé de nombreux enfants juifs jusqu'à la Libération[22].
D'autres quartiers ou villes, désignés sous le terme de « cités-jardins », ne sont absolument pas des logements sociaux, mais au contraire deslotissements concertés de luxe, sans réels équipements collectifs, destinés à une clientèle aisée. Le fait que ces lotissements se trouvent au cœur d'un vaste parc paysager explique peut-être ce rapprochement d'un « modèle anglais ». En fait, ils se rapprochent plus desjardins anglais dans leur aménagement et des lotissements de luxe mis en place à l'époque au Royaume-Uni pour leur philosophie que du modèle d'Ebenezer Howard. Les deux plus célèbres exemples de ces lotissements de luxe enFrance sont :
Comme en France, dans un premier temps, seule une minorité d'hommes politiques et d'urbanistes s'intéressent aux thèses développées parEbenezer Howard. La situation change après la Première Guerre mondiale.
On estime alors à 200 000 le nombre de logements manquants en1919. Le gouvernement décide donc d'une politique volontariste de construction delogement social.
L'État belge décide notamment de subventionner des coopératives de locataires pour la mise en œuvre de ces logements sociaux par l'intermédiaire des dommages de guerre allemands.
Un certain nombre de concours sont organisés dans l'immédiat après-guerre afin de proposer des modèles d'urbanisme pour ces nouveaux quartiers périphériques des villes et surtout de nouveaux modèles d'habitats avec des contraintes techniques, de coût et de confort moderne.
Les cités-jardins belges s'inspirent dans leur forme aux modèles venus d'Angleterre et des Pays-Bas, un certain nombre d'architectes belges ayant connu l'exil dans ces pays pendant la guerre. Cependant, contrairement au modèle d'Howard, ces quartiers ne sont pas des villes autonomes, mais des banlieues résidentielles avec des équipements collectifs.
Les formes des bâtiments sont très différentes d'une cité à l'autre : on retrouve des formes très traditionnelles d'habitat de style néo rural (cité du Logis Floréal àWatermael-Boitsfort parJean-Jules Eggericx) à des formes très modernes et avant-gardistes (comme laCité Moderne àBerchem-Sainte-Agathe par l'architecteVictor Bourgeois).
Parmi les différentes cités-jardins construites, on peut citer :
la cité Batavia àRoulers : construite à partir de 1919 par les architectes Bodson et Pompe ainsi que Doom et Vermeersch (100 logements) ;
la cité Zuid-Australië àLierre, enFlandre-Occidentale : construite avec une aide financière du Comité d'aide australien à partir de1923 par l'architecte Flor Van Reeth (70 logements) ;
la Cité Mallar, située dans le quartier des Hougnes àVerviers, enprovince de Liège : réalisée en1921 par l'architecte Carlos Thirion.
Mais les cités-jardins les plus célèbres ont été implantées dans ce qui était alors la banlieue deBruxelles.
Plusieurs facteurs concourent à abandonner ce type d'urbanisme :
La fin des paiements des dommages de guerre par les Allemands qui supprime un apport financier non négligeable dans les projets et qui engendre des difficultés financières aux projets déjà entamés ;
La peur de voir se développer des "banlieues rouges", notamment autour de Bruxelles ;
En1930, le3e Congrès International d'Architecture Moderne (CIAM) qui se tient à Bruxelles préconise les constructions en hauteur et rejette le modèle des cités-jardins. L'avant-garde architecturale se détourne alors de ces constructions.
↑Thésaurus de la base Mérimée du Service de l'Inventaire général du patrimoine.
↑GraciaDorel-Ferré,« Architectures du travail et nouvelle société dans les villages ouvriers et cités de l’industrie (1780-1930) », dans Gérard Chouquer et Jean-Claude Daumas (dir.),Autour de Ledoux : architecture, ville et utopie, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté,(ISBN978-2-84867-234-2,DOI10.4000/books.pufc.25389,lire en ligne),p. 307–328.
↑Voir aussi Georges Benoît-Lévy, "La Cité-jardin", dansLa Gazette des Beaux-Arts, janvier-juin 1910, pp. 157-168, à lire surGallica
↑Un nouveau quartier de style néo-régionaliste appelé "nouvelle cité-jardins" (sic), inauguré la 15 mai 2008, se veut une prolongation de l'ancienne cité-jardin avec promenades, rivières et espaces verts. Cependant, on est loin de la cité desannées 1920 puisque moins de 20 % des logements sont des logements sociaux. Cf.Journal de la cité-jardin
↑GaëlleCollet, « Chemin-Vert: La campagne au cœur de la ville »,Le journal des paroisses deReims et son agglomération,no 197,,p. 16.
↑TASSEL François-Xavier,La Reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, Paris,, 896 p..
↑Coscia-Moranne Alain,Reims, un laboratoire pour l'habitat- des cités-jardins aux quartiers-jardins, Reims, CRDP Champagne-Ardenne/ CERTU,, 116 p.(ISBN2-86633-419-1).
(en)Ebenezer Howard, To-Morrow,A peaceful Path to real Reform (Demain, une voie pacifique vers la réforme sociale), Routledge, Londres, New York, 2003, 220 p. (1re édition 1898).
Henri Nitot,Les cités-jardins. Etude sur le mouvement des cités jardins suivie d'une monographie de la cité-jardin du Trait (Seine-Inférieure), Paris, PUF, 1924, 180 p.
Ouvrages et articles contemporains
Thierry Paquot, « Ebenezer Howard et la cité-jardin »,Urbanisme,no 343, juillet-
Collectif,La cité-jardin, Une histoire ancienne, une idée d'avenir, Les Cahiers de l'APIC n°3, Collection Patrimoine Ressources, éd. duCRDP de Champagne-Ardenne, 2003, 156 p. + CD-Rom[Sommaire et extraits']
Benoît Pouvreau, Marc Couronné, Marie-Françoise Laborde, Guillaume Gaudry,Les Cités-jardins de la banlieue du nord-est parisien, Éditions du moniteur, Paris, 2007, 143 p.(ISBN978-2-281-19331-2)
Lewis Mumford,La Cité à travers l'Histoire (1961, rééd. 1989), Marseille, Agone, 2011. (page consacrée au livre sur le site de l'éditeur). A reçu le National Book Award
François-Xavier Tassel,La Reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, thèse de doctorat, université Paris-VIII, 1987
Jean-Pierre Gaudin,L'avenir en plan - technique et politique sans la prévision urbaine 1900-1930, Champ Vallon- PUF, Seyssel,1985,(ISBN2-903528-48-9)
Les cités-jardins d'Île-de-France, une certaine idée du bonheur, Lieux Dits, 2018.
GraciaDorel-Ferré,« Architectures du travail et nouvelle société dans les villages ouvriers et cités de l’industrie (1780-1930) », dans Gérard Chouquer et Jean-Claude Daumas (dir.),Autour de Ledoux : architecture, ville et utopie, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté,(ISBN978-2-84867-234-2,DOI10.4000/books.pufc.25389,lire en ligne),p. 307–328.
Maurice Culot, Éric Hennaut et René Schoonbrodt,Cités-jardins. 1920-1940, AAM, 1994.