La ville deBâle, enSuisse, peut être qualifiée comme l'une des anciennes cités-États d'Europe.
Unecité-État est un territoire géographique contrôlé exclusivement par une ville, qui possède généralement lasouveraineté[1]. Historiquement, cela inclut notamment des villes telles queRome,Athènes etCarthage[1] et les cités-États italiennes de laRenaissance. Seules quelques cités-États existent encore de nos jours. Il existe un consensus assez large pour qualifierSingapour,Monaco et leVatican de cités-États.
Un certain nombre d'autres États partagent des caractéristiques communes et sont ainsi parfois qualifiés de cités-États modernes. Cela inclutMalte,Bahreïn etSaint-Marin, qui sont desmicro-États avec une haute densité de population. C'est également le cas duQatar, deBrunei et duKoweït, qui disposent tous trois d'un centre urbain comprenant une partie importante de la population, mais qui disposent d'autres lieux habités clairement distincts en plus de la capitale.
Plusieurs villes non souveraines disposent d'un haut degré d'autonomie et sont parfois considérées comme des cités-États. Il est notamment souvent fait référence àHong Kong etMacao, ainsi qu'à certains membres desÉmirats arabes unis, notammentDubaï etAbou Dabi.
Le terme de cité-État est appliqué aux micro-États se partageant laBasse Mésopotamie à lapériode des dynasties archaïques (2900-2340 av. J.-C.), peut-être déjà en place à la période précédente, lapériode d'Uruk (4100-2900 av. J.-C.), au moins dans sa dernière partie. Ce sont de petits royaumes indépendants qui exploitent un territoire. Elles sont dirigées par un roi, tel queUr-Nammu à Ur par exemple, sont délimitées par des remparts et ont leurs propres institutions politiques et religieuses. Les principales cités-États sontUr, située sur l'Euphrate,Uruk,Lagash,Kish etUmma. Elles sont intégrées parSargon, roi deSumer et d'Akkad, dans le premierempire historique, autour de 2340 av. J.-C.
Les cités du monde grec antique telles qu'Athènes,Sparte,Thèbes sont parfois définies comme des cités-États. Le motcité-État peut en réalité parfois représenter un ensemble de cités ; ainsi, certaines cités-États avaient de nombreuses colonies plus ou moins rattachées à leur cité mère (voirSyracuse,Phocée). De là, des conflits entre cités pour le contrôle de telle ou telle colonie, mais aussi des conflits entre lacité mère et lacolonie : conflits « souverainistes » (dirait-on aujourd'hui), conflits économiques, culturels, juridiques.
Le terme de cité-État est fréquemment employé dans l'historiographiemésoaméricaniste pour désigner les cités indépendantes des différentes civilisations mésoaméricaines, àTeotihuacan ou chez lesMayas à l'époque Classique, ainsi qu'auMexique chez lesMixtèques, lesZapotèques et les peuples —nahuas pour la plupart — du Mexique central, notamment lesAztèques, à l'époque postclassique[3]. Il est en particulier une des traductions usuelles du motnahuatl« altepetl »[4],[5], même si des spécialistes critiquent cet usage[6].
En Europe, les noyaux urbains se sont reconstitués après la chute de l'Empire romain en entités administratives autonomes. Le termecité-État désigne les villes européennes qui ont connu l'indépendance.
Dans leSaint-Empire romain germanique, de nombreuses villes disposent du statut de ville impériale libre (Reichsstädte), sans principauté entre elles et le niveau impérial. Après l'ère napoléonienne, en 1815, seules quatre villes disposent encore de ce statut :Hambourg,Brême,Lübeck etFrancfort. La Prusse annexe Francfort en 1866 et Lübeck est incorporée à la Prusse en 1937. Hambourg et Brême ont encore aujourd'hui un statut deLand au sein de laRépublique fédérale d'Allemagne.
Bordeaux auMoyen-Âge, du moins jusqu'à 1453, possédait des prérogative de cité-état. Ancienne capitale de laGascogne, Bordeaux possédait des institutions municipales munies desdroits régaliens tels que celui de battre monnaie, la défense, la police et la diplomatie. La ville, bien que réclamée et revendiquée par lesCapétiens comme par lesPlantagenêt, a toujours veillé à conserver intacte son indépendance. Ses "privilèges et franchises" reconnus par le roi de FranceCharles VII en 1450, n'ont toutefois pas été respectés par le nouveau pouvoir français. Jusqu'à la Révolution et particulièrement pendant les périodes de la guerre de secession de 1649, les Bordelais n'ont cessé de revendiquer avoir été "une florissante république, soumise à nul prince"[7].
Pendant la période de tension qui a précédé immédiatement laguerre de Sécession, le mairedémocrate deNew York,Fernando Wood, propose la sécession de la ville et la création d'une cité-État nommée Ville libre de Tri-Insula (Free City of Tri-Insula) comprenantManhattan,Long Island etStaten Island. Dans un discours adressé au conseil de la ville le 6 janvier 1861, le maire exprime sa sympathie pour les États sécessionnistes et le désir de maintenir le commerce du coton. Il exprime également sa confiance dans la prospérité de la ville grâce aux droits de douane et son mécontentement vis-à-vis du gouvernement de l'État de New York. L'idée de quitter les États-Unis est toutefois trop radicale et est mal accueillie, notamment après labataille de Fort Sumter qui commence le 12 avril. La guerre, et notamment la conscription, s'est toutefois souvent révélée impopulaire, causant notamment lesDraft Riots.
Villes placées sous supervision internationale au vingtième siècle
Laville libre de Dantzig est une cité-État semi-autonome qui a existé entre 1920 et 1939, comprenant la ville elle-même et environ 200 villages des environs. Elle a obtenu son statut semi-autonome le 15 novembre 1920, sur la base de l'article 100 dutraité de Versailles qui a mis fin à laPremière Guerre mondiale.
Leterritoire de Memel a été défini par letraité de Versailles en 1920 et a été placé sous l'administration de laConférence des Ambassadeurs. Le territoire de Memel, majoritairement germanophone, devait rester sous le contrôle de laSociété des Nations jusqu'au jour où la population de la région serait autorisée à voter pour décider si elle souhaite être à nouveau rattachée à l'Allemagne ou non. Le territoire est ensuite occupé par la Lituanie après larévolte qui a lieu en janvier 1923.
Laconcession internationale de Shanghai (1845-1943) était une zone internationale disposant de sa propre législation, de son service postal et de sa monnaie.
LaZone internationale de Tanger était une zone internationale de 373 km2 centrée sur la ville deTanger, en Afrique du Nord, sous administration conjointe de la France, de l'Espagne et du Royaume-Uni (et plus tard du Portugal, de l'Italie, de la Belgique, des Pays-Bas, de la Suède et des États-Unis), puis placée sousprotectorat franco-espagnol de 1923 à 1956, date à laquelle la ville a été réintégrée auMaroc.
De nos jours, desmicro-États souverains dont l'habitat urbain couvre l'immense majorité de la surface, notammentSingapour,Monaco ou leVatican, sont qualifiés de cités-États.
Singapour est une cité-État du sud-est de l'Asie. Environ 5,2 millions d'habitants vivent et travaillent dans un territoire de 700 kilomètres carrés, faisant de Singapour le deuxième pays le plus densément peuplé au monde après Monaco. Singapour faisait partie de la Malaisie jusqu'en 1965, date de son expulsion de la Fédération, devenant alors une république indépendante.
Jusqu'en 1870, la ville de Rome était contrôlée par le pape et faisait partie desÉtats pontificaux. Lorsque le roiVictor-Emmanuel II annexe la ville en 1870, le papePie IX refuse de reconnaître leroyaume d'Italie nouvellement formé. Comme ils ne pouvaient pas voyager sans reconnaître l'autorité du roi, Pie IX et ses successeurs se sont déclarés prisonniers du Vatican, incapables de quitter le territoire de 0,44 kilomètre carré de l'enclave papale.
Le problème a été résolu en 1929 par lesaccords du Latran négociés parBenito Mussolini, pour le compte du roiVictor-Emmanuel III, et du papePie XI. Par ces accords, le Vatican est reconnu comme un État indépendant dont le pape est le chef d'État. L'État du Vatican dispose de sa propre citoyenneté, de soncorps diplomatique, de son drapeau et de ses timbres. Avec une population de moins de 1 000 habitants, il est de loin le plus petit État souverain au monde.
Ainsi en Afrique, ce terme qualifie le territoire d'ethnies totalement indépendantes définies lors de la colonisation. Par exemple, la cité-État dupeuple haoussa, dans le nord duNigeria, fait depuis des siècles du négoce de ses produits d'agriculture et d'artisanat avec des « cités-États » voisines.
EnRépublique fédérale d'Allemagne, les troisLänder deBerlin, deBrême et deHambourg sont appelés cités-États (Stadtstaat en allemand). Ces petits Länder sont en effet centrés sur une seule ville, comme Berlin et Hambourg, ou sur deux commeBrême avecBremerhaven et disposent à la fois des compétences régionales et communales. Ces trois Länder n'ont pas d'autres droits ou devoirs que les autres États. Ces États reçoivent toutefois davantage d'argent au travers du système de péréquation financière allemande (Länderfinanzausgleich) en raison de leurs caractéristiques démographiques. Les institutions de ces trois États portent des noms différents de ceux des autresLänder : leurs gouvernements sont nommés Sénats et les ministres-présidents sont nommés bourgmestres. Le parlement du Land porte le nom deBürgerschaft à Hambourg et Brême et deAbgeordnetenhaus (chambre des députés) à Berlin.
Contrairement au reste des Communautés Autonomes (Comunidades Autónomas) qui composent l'Espagne,Ceuta etMelilla sont des Villes Autonomes (Ciudades Autónomas).
la république libre duSaugeais (France), une micronation autoproclamée, composée de onze communes situées dans leHaut-Doubs, en France, et réunies en une « république héréditaire » ;
Jean-Jacques Glassner, « Du bon usage du concept de cité-État ? »,Cité-État et statut politique de la ville en Afrique et ailleurs,Journal des africanistes (octobre 2004)[lire en ligne].
Mogens H.Hansen,Polis. Une introduction à la cité grecque, Les Belles Lettres,.
Mogens Herman Hansen, « The Concept of City-State and City-State Culture », communication au colloqueUrban Landscape Dynamics Symposium d'Uppsala, 28–30 août 2003,partie 1 etpartie 2.