SelonGabriel Camps, le nom aurait une originepunique, même si la ville n'a pas été fondée par les Phéniciens[1]. Cependant, sur des monnaies de Cirta, à légendes néopuniques et datées duIIe siècle av. J.-C., on lit« KRTN »(Kirthan) avec unkaph[2]. Or, le terme phénicien QRT(Qart) débute par unqoph[2]. Dès lors, il faut plutôt attribuer à ce nom une originelibyque[2]. Selon une autre hypothèse, le nom de Cirta proviendrait du nom berbère « tissirt » (meule), vu l'abondance de la culture du blé dans la région[3].
La région de Cirta a été très tôt occupée par l’homme puisqu’une importante série de galets aménagés d’âge villafranchien a été trouvée sur le plateau de Mansourah. La première mention de Cirta remonte auIIIe siècle av. J.-C. ; elle est la capitale du roimassaesyleSyphax.
Après la mort du roiGaïa, Syphax s'en empare avec l'appui des Carthaginois. Il y règne aux côtés de son épouse,Sophonisbe, jusqu'en 203 av. J.-C., date à laquelle il est vaincu par l'armée romaine deScipion l'Africain et capturé par le roimassyleMassinissa, le fils de Gaïa. Ce dernier en fait sa capitale, et Cirta est embellie par les souverainsnumides qui s’y succèdent.
Ce dernier ménage son alliance avec Rome. Durant son long règne et celui de ses successeurs, principalementMicipsa (148 – 117),Cirta, de façon similaire aux grandes cités hellénistiques, prospère et acquiert un embellissement architectural. La ville était ceinte de remparts et depuis Syphax,Cirta disposait d’un palais occupé et embelli par ses successeurs et Micipsa y ajoute de beaux édifices.
L’ouverture au monde méditerranéen enNumidie et dans la capitale Cirta amène de nombreux étrangers qui font de la cité une ville cosmopolite. Les souverains numides ont été les propagateurs de la langue punique dans leur royaume au point que la société deCirta est profondément punicisée. Cirta est une ville influencée par la culture punico-grecque[4].
La ville deConstantine est bâtie sur ce même site, ce qui explique le peu de vestiges puniques et numides laissés par cette cité par rapport à d’autres sites algériens.
Toutefois, pourAndré Berthier, directeur de la circonscription archéologique de Constantine vers 1940, Cirta serait située à l'emplacement de la ville duKef, dans le Nord de laTunisie, thèse réfutée par la majorité des historiens tel que Gambriel Camps ou Jehan Desanges, mais reprise par certains amateurs menant ainsi à une controverse connue sous le nom deproblème de Cirta[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12].
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