
Lecinéma palestinien, en tant que cinéma tourné enPalestine ou tourné par desPalestiniens, naît dans les années 1930. Cinéma débutant dans des thèmes classiques dans les années 1920 et 1930, connaissant une éclipse après laNakba, il devient essentiellement un cinéma engagé dans les années 1960-1980. Depuis une trentaine d’années, les genres et les approches se renouvellent. Il reste marqué par le contexte duconflit israélo-palestinien.
Dans sa chronologie du cinéma palestinien, Noemí Artal a recensé 291 films produits entre 1927 et 2013[1].

On peut diviser l'histoire du cinéma palestinien en deux tendances historiques[2] :


Noemí Artal recense une demi-douzaine de films réalisés parIbrahim Lama enÉgypte (le premier estQubla fi al-Sahra enarabe :Un Baiser dans le désert) entre 1927 et 1933[1].
Mais le documentaire de Ibrahim Hassan Sirhan (ou Serhan) sur la visite du roiIbn Saoud en 1935 enPalestine mandataire est généralement considéré comme le premier film de l’histoire du cinéma palestinien, car tourné en Palestine par un Palestinien[4],[5] Sirhan a suivi le roi dans sa visite de la Palestine, deLod àJaffa et de Jaffa àTel Aviv. Le résultat, unfilm muet, est présenté au festival deNabi Rubin. Après ce documentaire, Sirhan contacte Jamal al-Asphar pour produire un moyen-métrage de 45 minutes appeléLes Rêves réalisés, pour promouvoir la cause des orphelins. Sirhan et al-Asphar produisent aussi un documentaire surAhmed Hilmi Pasha (en), membre duHaut Comité arabe[4],[6]. En 1945, Sirhan fonde la Compagnie arabe du film avec Ahmad Hilmi al-Kilani. La compagnie lance un long-métrage,Veille de fête, suivi par les préparatifs pourUn orage à la maison. Le film est perdu en 1948, quand Sirhan doit fuir Jaffa bombardée[7].
L’expulsion et la fuite des Palestiniens d’Israël et des territoires conquis en 1948 (laNakba) a un effet dévastateur sur la société palestinienne, y compris sur son industrie du film naissante. Celle-ci nécessite des équipements, des équipes professionnelles, et des financements spécialisés : par manque de tous ces facteurs de production, la production cinématographique palestinienne a pratiquement cessé pendant vingt ans[8]. Seuls quelques Palestiniens participent à titre individuel à la production de films dans des pays voisins. Sirhan, par exemple, fut impliqué dans la production du premier long-métrage jordanien,Le combat à Jarash en 1957, et Abdallah Ka'wash réalise le deuxième long-métrage du même pays,Ma patrie, mon amour, en 1964[9].
Dans les années 1960, un petit groupe de personnes commença à filmer la révolution palestinienne[10]. L’organisation de libération de la Palestine (OLP) fournit une aide importante pour les aider à démarrer. À la fin des années 60, une centaine de ces films sont faits, centrés la plupart du temps sur la résistance collective, l’exil, et le sort des réfugiés expulsés d’Israël et des territoires occupés. Ces films sont projetés dans les camps de réfugiés, les camps d’entraînement, les villes et villages ; certains obtiennent une reconnaissance internationale[10]. La distribution de ces films n’est pas contrôlée par les réalisateurs, mais faire du cinéma leur permet de raconter leurs propres histoires.
C’est après 1967 que les cinéma palestinien, sous les auspices de l’OLP, renaît. Plus de 60 films sont réalisés durant cette période, la plupart du temps des documentaires. Le premier festival du film palestinien a lieu àBagdad en 1973 ; il est réédité en 1976 et 1980[11].Mustapha Abu Ali est un des premiers réalisateurs palestiniens, et participe à la création de l’association de cinéma palestinien àBeyrouth en 1973. Un seul film dramatique est réalisé pendant cette période,Retour à Haïfa en 1982, une adaptation d’un roman court deGhassan Kanafani[12].
Dans les années 1960 et 70, le cinéma palestinien apparaît en Jordanie. Il suit au Liban l'Organisation de libération de la Palestine. En effet l'OLP a contribué en 1967-68 à la création d'une Unité cinéma, qui se transforme en Groupe du cinéma palestinien puis en Films de la Palestine avant de cesser d'exister deux ans plus tard. LeFront démocratique pour la libération de la Palestine a créé Le comité artistique qui a produit quelques films commeL’Intifada en1975 etContre le siège en1978. Ce comité continue son travail sous l’appellation Institution Al Ardh pour la production cinématographique et va produire l’unique long métrage de fiction du cinéma palestinien,De retour de Haïfa (1978) réalisé par l’Irakien Kacem Hawel et inspiré d’un roman du même nom deGhassan Kanafani.
Différents fonds d’archives filmiques du cinéma palestinien existaient. La plus importante était celle de l’OLP, héritière de l’unité de cinéma palestinien. En 1982, quand l’OLP est expulsé du Liban, les archives sont stockées à l’hôpital duCroissant Rouge, d’où elles ont disparues dans des circonstances restées longtemps mystérieuses[13]. Récemment, plusieurs films appartenant à ces archives ont été localisés aux archives desforces de défense israéliennes àTel HaShomer par la chercheuse Rona Sela[14]. Sela a demandé à accéder à ces films, et la déclassification d’autres films palestiniens qui restent interdites d’accès aux archives militaires[15].
En 1987, la premièreIntifada commence[10] ce qui conduit à une couverture journalistique de cet évènement en Palestine, donnant ainsi l’occasion de présenter la réalité de l’occupation. C’est alors que plusieurs réalisateurs vont en Palestine faire leurs films, des documentaires, et partagent leurs techniques filmiques avec ces nouveaux reporters, donnant lieu à une nouvelle ère pour le cinéma palestinien. Centrée sur l’occupation israélienne et l’expérience des Palestiniens, elle se distingue de la période précédente centrée sur l’expérience de l’exil. Deux formes nouvelles émergent, les films d’urgence et les films de barrage routier[10] qui appellent les spectateurs à l’action au nom des luttes palestiniennes. Dans les années 2000, le cinéma palestinien est à nouveau centré sur la résistance collective aux forces israéliennes.
Dans les années 1990, de nouvelles manières de tourner apparaissent : financement local (sans subsides européens ou de l’OLP), formats peu couteux (Betamax), et surtout nouvelles façons de traiter les sujets. La place des Israéliens comme ennemis tend à se réduire, interrogations sur les droits humains et sur la société palestinienne pour elle-même[2].
Chronique d'une disparition, comédie dramatique de 1996 réalisée parElia Suleiman, est acclamé par la critique internationale[16] ; c’est le premier film palestinien à bénéficier d’une sortie nationale aux États-Unis[17]. Film sortant des sentiers battus, il remporte le prix du premier film aufestival du film de Seattle, et leprix Luigi De Laurentiis à laMostra de Venise[18]. Parmi les principaux réalisateurs de cette période se trouvent Notable film directors of this period includeMichel Khleifi,Rashid Masharawi,Ali Nassar andElia Suleiman[19].
En 2008, trois longs-métrages palestiniens et huit courts sont réalisés, plus qu’aucune autre année auparavant[20].
En 2010, leHamas, gouvernant labande de Gaza, annonce la sortie d’un film :La Grande Libération. Il raconte la destruction d’Israël par les Palestiniens[21].
Une initiative internationale permet la réouverture duCinema Jenin dans le camp de réfugiés deJénine en 2010.
Depuis les années 2000, tout projet de film tourné dans la bande de Gaza doit être approuvé par le ministère de la Culture du Hamas avant sa projection en public. Les réalisateurs indépendants affirment que le ministère de la Culture réprime tout contenu non-conforme à ses prescriptions. Un cas notable est l’interdiction, en 2010, du court-métrageSomething Sweet, réalisé par Khalil al-Muzzayen, pourtant présenté aufestival de Cannes. Hamas l’interdit à cause d’une scène de quatre secondes montrant une femme les cheveux découverts. En 2011, un festival accueilli par le centre des affaires féminines de Gaza présente des documentaires et quelques fictions sur des problématiques féminines, mais le ministère de la Culture a censuré plusieurs scènes. Un film a dû retirer une scène où une femme abaisse une épaule de sa robe, et une scène d’un autre film où un hommejure a été coupée[22].
Depuis l’expansion des services devidéo à la demande commeNetflix, les films palestiniens sont diffusés mondialement[23].


Depuis 2006, le Dar al-Kalima College, située dans la région deBethléem, devenu en 2013 l'Université des arts et de la culture Dar al-Kalima et finalement en 2021 l'Université de Dar al-Kalima[25], offre aux jeunes Palestiniens et Palestiniennes des formations et des spécialisations dans la production de films[26]. L'université Dar al- Kalima est le premier établissement d'enseignement supérieur dédie a l'enseignement des arts, du patrimoine et de la culture en Palestine[27].
Le centre de documentation Cine Palestino de Madrid, fondé en 2010, conserve une centaine de pellicules de films palestiniens, ou de films sur la Palestine[28].
Lacinémathèque de Toulouse héberge un fonds exceptionnel de 90 films palestiniens, documentant l’occupation israélienne, la lutte et la vie quotidienne en Palestine depuis les années 1960, fonds ayant échappé aux saisies des archives de l’institut du cinéma palestinien par l’armée israélienne dans les années 1980 àBeyrouth[29].
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