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Cinéma des téléphones blancs

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Pour les articles homonymes, voirTelefoni bianchi.

Cinéma des téléphones blancs
Description de cette image, également commentée ci-après
Alida Valli dansLa Maîtresse secrète (1941).

Données clés
Rattaché au genreComédie
Début du genreLa Secrétaire particulière (1931)
Pays d'origineDrapeau de l'ItalieItalie

Pour plus de détails, voir le corps de l'article.

Lecinéma des téléphones blancs (italien :cinema dei telefoni bianchi), également connu sous le nom decinéma déco (italien :cinema déco), est uncourant cinématographique ducinéma italien de lapériode fasciste des années 1930 et 1940. Il est né du succès de la comédie cinématographique italienne du début des années 1930 ; il s'agit d'une version plus légère, débarrassée de tout intellectualisme et de toute critique sociale voilée[1], en contraste avec l'autre style important de l'époque, lecalligraphisme, qui s'inscrivait dans une démarche plus artistique[2].

Certains critiques parlent également de « comédie à la hongroise » (italien :commedia all'ungherese[3]) car, bien qu'il s'agisse de productions italiennes, les scénarios de ces films sont souvent issus de pièces de théâtre hongroises, ce qui était très en vogue à l'époque. Ces films se déroulaient souvent dans des États imaginaires d'Europe de l'Est pour des raisons de censure, car le thème récurrent de ces comédies sentimentales édulcorées était la menace de divorce (illégal en Italie à l'époque) ou d'adultère (alors puni comme étant un crime contre les bonnes mœurs).

Le terme désigne par extension toute œuvre qui vise avant tout à distraire ou à apaiser[4].

Origine du nom

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Assia Noris etVittorio De Sica dansLes Grands Magasins (1939).

L'appellation de ce courant est due à la présence quasi-récurrente de téléphones blancs dans au moins une scène des films en question, révélateur de bien-être social, symbole de statut capable de marquer la différence avec les téléphones populaires enbakélite, moins chers et donc plus répandus, qui étaient plutôt noirs[5]. Une autre définition donnée à ces films est celle decinéma déco en raison de la forte présence d'objets d'ameublement qui rappellent le styleart déco, en vogue dans ces années-là[6].

Naissance du courant

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Le thème de ces films est le plus souvent une romance à l'eau de rose avec des intrigues qui se nouent et se dénouent au... téléphone. Dans les années 1920, les deux cinéastesMario Camerini etAlessandro Blasetti se démarquent dans le cinéma italien par leur démarche artistique et leur volonté d'illustrer la phrase deMussolini « Le cinéma est l’arme la plus forte », elle-même une déformation de la phrase deLénine « de tous les arts le cinéma est pour nous le plus important, un moyen d’instruction et de progrès pour l’ouvrier et le paysan »[7]. Mais contrairement à Blasetti qui s'engage dans un cinéma intellectuel et engagé dans l'idéologie fasciste, Camerini photographie en temps réel les années de crise[8]. En particulier dans son filmAiguillage (1929), Camerini n'hésite pas à revendiquer l'influence ducinéma expressionniste allemand ou du cinéma soviétique avant-gardiste[9],[8]. Le cinéma des Téléphones blancs naît alors du succès de la comédie italienne du début des années 1930 ; il s'agit d'une version plus légère, débarrassée de tout intellectualisme et de toute critique sociale voilée[1]. Le premier film du courant des Téléphones blancs estLa Secrétaire particulière (1931) deGoffredo Alessandrini[10].

L'âge d'or

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Dans les années 1930 et 1940, les comédies légères comme celles des Téléphones blancs étaient prédominantes dans le cinéma italien[11]. Ces films présentaient des décors somptueux et promouvaient des valeurs conservatrices et le respect de l'autorité, évitant généralement l'examen minutieux des censeurs du gouvernement. Les Téléphones blancs se sont avérés être le terrain d'essai de nombreux scénaristes destinés à s'imposer dans les décennies suivantes (dontCesare Zavattini etSergio Amidei), et surtout de nombreux chefs décorateurs tels que Guido Fiorini, Gino Carlo Sensani et Antonio Valente, qui, grâce à des inventions graphiques réussies, ont fait de ces productions une sorte de concentré de l'esthétique de lapetite bourgeoisie de l'époque[12],[13].

Assia Noris dans une scène deLa Maison du péché (1938) deMax Neufeld.

Cette période est la « renaissance  » (rinascita) du cinéma italien.Cinecittà ouvre ses portes le, mettant à la disposition des réalisateurs et, dans leur sillage, des techniciens et des acteurs, (sous réserve, bien sûr, qu'ils soient dans la ligne du gouvernementfasciste de l'époque) des locaux et des outils que seuls les réalisateurs d'Hollywood n'envient pas. Qui plus est, la loi Alfieri (du nom du ministre de la culture populaireDino Alfieri) du procure aux films « nationaux » une véritable manne financière qui va entraîner une explosion de la production. Par ailleurs, depuis 1934, laMostra de Venise sert de tremplin aux films qui y sont primés.

Le pays lui-même n'est pas en reste : l'Italie est devenue une puissance « impériale » grâce à la conquête de l'Éthiopie (occupation d'Addis-Abeba le) ajoutée à l'Empire italien, après le protectorat sur laLibye et la mainmise sur les anciennes colonies de l'Érythrée et de laSomalie. Les commandes gouvernementales ont multiplié les recettes de l'industrie mécanique ; une grande partie de la main-d'œuvre précédemment inoccupée est envoyée vers la colonie ; la classe moyenne redécouvre les divertissements ; les bals, lesguinguettes, les salles de cinéma, de concerts, de spectacles sont pleines. C'est en quelque sorte la « Belle Époque » que vit le pays. Même les intellectuels, dangereux pour le régime, s'éloignent de leur engagement politique pour se tourner vers un cinéma léger, si ce n'est comique, à tout le moins de divertissement. Le cinéma comique, quant à lui, voit naître de nouvellesvedettes commeErminio Macario etTotò, dans des films un peu insensés telsLa Folle Aventure de Macario deMario Mattoli ouAnimali pazzi (1939) deCarlo Ludovico Bragaglia. Dans cet environnement, le téléphone blanc est le symbole d'une nouvelle Italie moderne, prospère et heureuse.

Parmi les auteurs, Mario Camerini est le réalisateur le plus représentatif du genre. Après avoir pratiqué les tendances les plus diverses dans les années 1930, il s'engage sur le terrain de la comédie sentimentale avecLes Hommes, quels mufles ! (1932),Monsieur Max (1937) etLes Grands Magasins (1939). Dans d'autres films, il rend hommage à la comédie hollywoodienne deFrank Capra (Battements de cœur, 1939) et à la comédie surréaliste deRené Clair (Je donnerai un million, 1936). Camerini s'intéresse à la figure de l'Italien typique et populaire, au point d'anticiper certains éléments de la futurecomédie à l'italienne[14]. Son interprète majeur,Vittorio De Sica, poursuivra ce travail en tant que réalisateur dansMadeleine, zéro de conduite (1940) etMademoiselle Vendredi (1941), en insistant surtout sur la direction d'acteurs et le soin des décors.

Parmi les autres réalisateurs figurentMario Mattoli (Leçon de chimie à neuf heures, 1941),Jean de Limur (Apparition, 1943) etMax Neufeld (La Maison du péché, 1938 ;Mille Lires par mois, 1939). Les comédies réalistes deMario Bonnard (Avanti c'è posto..., 1942 ;Campo de' Fiori, 1943) ont un caractère partiellement différent, qui s'écarte en partie du courant des Téléphones blancs. Bientôt, les scénarios deviennent répétitifs et de plus en plus prévisibles et banals ; plus tard, avec l'aggravation de laSeconde Guerre mondiale, la production de ce courant devient de plus en plus rare et discontinue, jusqu'à disparaître complètement avec la chute du régime fasciste en 1943[1], bien que la veine déco comprenne également certaines œuvres filmées auCinevillaggio de Venise pendant leRépublique sociale italienne, commeFiori d'arancio (it) (1944), deHobbes Dino Cecchini (it) avecLuigi Tosi etAndreina Carli (it).

Caractéristiques

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Les symboles les plus importants de ces films sont les décorsArt déco très coûteux, avec des téléphones blancs, symbole de la richesse bourgeoise généralement inaccessible au public des salles de cinéma[15], et des enfants portant des boucles à laShirley Temple. Les films ont tendance à être socialementconservateurs, prônant les valeurs familiales, le respect de l'autorité, unehiérarchie de classe rigide et la vie à la campagne. Les critiques de cinéma modernes qualifient également ce genre de « comédies à la hongroise », car les scénarios étaient souvent des adaptations de pièces de théâtre écrites par des auteurs hongrois (une source populaire également pour les productions hollywoodiennes de l'époque).

Alida Valli etIrasema Dilián dansLeçon de chimie à neuf heures (1941).

Lefonctionnalisme duBauhaus est également arrivé en Italie et, comme on peut le voir dans ces films, il y avait le reflet d'une Italie qui « reconstruisait » sa propre image moderne et efficace et dans laquelle leconsumérisme commençait timidement à se répandre. Elle est représentée par le stylearchitectural rationaliste et l'effervescence industrielle que lerégime fasciste promeut ; dans ces films légers, il y a une fascination qui laisse entrevoir l'espoir en l'avenir[1].

Le cadrebourgeois fait esthétiquement écho aux comédies cinématographiques américaines, notamment àFrank Capra. Les espoirs despetits-bourgeois ne pouvaient que devenir réalité. Des films commeMille Lires par mois, ainsi que la chanson du même nom, sont restés dans l'histoire pour leur légèreté explicite et leur évocation tout aussi irrévérencieuse. L'élément mélodique revient souvent à la charge, beaucoup de ces films contenant au moins une chanson à succès (il suffit de penser àParlami d'amore Mariù, composée pour le filmLes Hommes, quels mufles ! et devenue par la suite bien plus célèbre que le film lui-même)[16].

La représentation d'une société riche (voire opulente dans certains cas), avancée, émancipée et éduquée contrastait énormément avec la situation réelle de l'Italie qui, à l'époque, était au contraire un pays essentiellement pauvre, matériellement et moralement arriéré et dont la majorité de la population étaitanalphabète. L'atmosphère enthousiaste, joyeuse et insouciante de ces films semblait se heurter à la situation sombre de la nation, soumise à la dictature fasciste et qui allait bientôt entrer dans laSeconde Guerre mondiale[17].

Protagonistes

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Parmi les réalisateurs les plus importants du genre figurentMario Camerini,Alessandro Blasetti,Mario Bonnard,Mario Mattoli,Carlo Ludovico Bragaglia,Max Neufeld ouGennaro Righelli.

Parmi les acteurs les plus représentatifs figurentCaterina Boratto,Assia Noris,Cesco Baseggio,Elsa Merlini,Rossano Brazzi,Clara Calamai,Lilia Silvi,Vera Carmi,Gino Cervi,Valentina Cortese,Vittorio De Sica,Doris Duranti,Luisa Ferida,Fosco Giachetti,Amedeo Nazzari,Alida Valli,Carlo Campanini,Checco Rissone,María Mercader,Maria Denis,Osvaldo Valenti ouVivi Gioi.

Censure

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Pour éviter les limitations imposées par la censure des autorités, avec des sujets potentiellement polémiques dans l'intrigue (par exemple le divorce, à l'époque illégal en Italie, ou l'adultère, un délit punissable par les lois italiennes contemporaines), l'action se déroulait souvent dans divers pays étrangers — parfois imaginaires — d'Europe de l'Est, mais toujours avec des protagonistes italiens.

Postérité

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Les cinéastesnéoréalistes considéraient leurs films brutaux comme une réaction à la qualité idéalisée et grand public du style des Téléphones blancs[18],[19],[20]. Ils comparaient et opposaient les gadgets hautains et puissants des décors et des studios à la beauté échevelée de la vie quotidienne, à la description rigoureuse de la vie humaine et de ses souffrances, et choisissaient plutôt de travailler sur le terrain et avec des acteurs non professionnels.

Dans le filmAmarcord (1973) deFederico Fellini, le mouvement du cinéma populaire est satirisé dans le rêve érotique de Gradisca avec le Prince[21]. L'époque des films à téléphones blancs est évoquée dans le filmLa Carrière d'une femme de chambre (1976) de Dino Risi, qui s'intitule d'ailleursTelefoni bianchi dans son titre original italien[22].

Filmographie

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Voir la catégorie :Cinéma des téléphones blancs.

Précurseurs

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Les téléphones blancs

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Notes et références

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  1. abc etd(it) « Telefoni bianchi », surliberaeva.com
  2. (it) Gian Piero Brunetta,Storia del cinema mondiale,vol. III, Einaudi,(ISBN 88-06-14528-2),p. 357–359
  3. (it) Anna Masecchia,Vittorio De Sica : Storia di un attore, Edizioni Kaplan,(ISBN 9788889908938,lire en ligne)
  4. Sébastien Le Fol, « Les téléphones blancs », surlefigaro.fr,
  5. (it) « L’Italia dei “Telefoni Bianchi” », surlavocenews.it
  6. (it) « Doris Duranti », surlivornomagazine.it
  7. « Le cinéma italien pendant le régime fasciste ou l’image au service de la propagande »,Sens-Dessous,‎(lire en ligne)
  8. a etb(it) Andrea Giuseppe Muratore,L'arma più forte. Censura e ricerca del consenso nel cinema del ventennio fascista, Luigi Pellegrini Editore,(ISBN 978-8868226206)
  9. (it) « Mario Camerini », surviv-it
  10. (it) « Merlini, Elsa », surtreccani.it
  11. (en) Ephraim Katz,Italy, The Film Encyclopedia, HarperResource,(ISBN 978-0060742140),p. 682–685
  12. (it) Gian Piero Brunetta,Storia del cinema mondiale,vol. III, Einaudi,(ISBN 978-88-06-14528-6),p. 356
  13. (it) Gian Piero Brunetta,Cent'anni di cinema italiano, Laterza,(ISBN 978-8842046899),p. 251–257
  14. Alberto Farassino,Mario Camerini, Éditions du Festival International du Film de Locarno,
  15. (en) « Two Dozen Red Roses Notes », surtactnyc.org
  16. (it) « Attori e melodia: è il Cinema dei telefoni bianchi », surgiltmagazine.it
  17. (it) « Un mito livornese », sursoroptimist.it
  18. (en) « FILMADRID & MUBI: The Video Essay—"Telefoni Neri" », surmubi.com
  19. (en) « Italian Neorealism », surmovementsinfilm.com
  20. (en) « 10 Reasons Why Italian Neorealism is the Most Important Film Movement in History », surtasteofcinema.com
  21. (en) « Peter Brunette and Frank Burke Commentary - Amarcord »Inscription nécessaire
  22. (it) « Telefoni bianchi », surfilmscoop.org

Bibliographie

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Liens externes

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Voir aussi :Portail de l'Italie
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