On a avancé que Cimbri, comme legalloiscymry, dérivait duceltique commun*kom- « avec »brogos « patrie » soit « compatriote »[3]. C'est phonétiquement impossible à cette époque. Le nom des Cimbres s'explique par le radical celtique*kim- qui connote le pillage, le fait de prendre des garants, etc., (Irish :RIA Dictionnary, s.vv.cim « tribut »,cimmid « prisonnier, butin », NP irlandaisCimbaeth, etc. Ce nom celtique n'est pas incompatible avec le caractère germanique des Cimbres. Il révèle des rapports culturels et politiques (voir la carte des territoires parcourus).
Le nom des Cimbres et desTeutons est retranscrit sans exceptioncimbri teutonique en latin par les auteurs romains. On s'attendrait donc plutôt à une forme latinisée commechimbri theudonique, car la première mutation consonantique (germanique) avait déjà eu lieu dans la région vers 120 av. J.-C.[4]. En effet, il est généralement admis que seul leCh- latin sert à reproduire le H- du germanique[x], mais cette notation avec C- est peut-être le fait des interprètes de langue celtique. De la même manière, le T- initial deTeutones devrait être noté par ledigrammeth en latin qui rend compte de laconsonne fricative dentale voisée [ð] ou laconsonne fricative dentale sourde [θ]. En outre, ladiphtongue [ɔɪ̯] du nom des Teutons est un archaïsme, car elle apparaît sous la forme évoluée [iu̯] dans les textes et les inscriptions germaniques les plus anciennes[5]. Peut-être faut-il y voir également un intermédiaire celtique qui expliquerait pourquoi le germanique *Þeuðanōz est devenuTeutones en latin.
Ces observations, ainsi que d'autres, ont cependant conduit certains spécialistes à considérer la langue des Cimbres et des Teutons comme pré-germanique et non pasproto-germanique[6].
Les Cimbres semblent avoir parlé une languegauloise, les noms des rois cimbres (e.g. Boiorix « Roi-Frappeur », Gaesorix « Roi-Lancier », et Lugius « Lugus ») sontgaulois[7], etPline l'Ancien mentionne que laMer du Nord était appeléemorimarusam dans leur langue[8], un nom gaulois composé demori (« mer ») etmaruos (« mort ») soit « mer morte »[9].
On estime qu'ils étaient de 60 000 à 80 000 et qu'ils proviendraient de centaines de villages dispersés du Jutland.
LeHimmerland[10] pourrait être leur région d'origine. Cependant, cela ne correspond pas à la description de leur région d'origine faite par les auteurs romains.
Leurs rois, durant leurs tribulations, portaient les noms deBoiorix, deGaesorix et deLugius, d'origine celte, noms dont l'élémentrix signifie « riche », « puissant » ou « roi » (cf.Vercingétorix), et est un proche parent du latinrex,regis.
On parle de guerre des Cimbres, ou de guerre des Cimbres et des Teutons, pour désigner un ensemble de grandes batailles qui opposent l'armée de laRépublique romaine à des groupes de populations nordiques germano-celtes, originaires duJutland, auIIe siècle av. J.-C.
En101 av. J.-C., 65 000 guerriers cimbres[11] arrivent en Italie et se retrouvent face à 10légions romaines dirigées parMarius, le vainqueur desTeutons. Les troupes cimbres sont vaincues à labataille de Verceil, leur roi Boiorix y meurt ainsi que le guerrier roi géantTheutobocus ; selon la rumeur les derniers survivants (femmes et enfants inclus) se suicident plutôt que de devenir esclaves[11],[12]. En réalité (voir rubrique « Interprétation » de l'articleguerre des Cimbres), Rome récoltera de cette victoire plus d'esclaves qu'il ne lui en faut ; on parle de 140 000 dans certains ouvrages, mais ce sont des chiffres invérifiables, ce qui laisseraient penser qu'il y a amalgame entre plusieurs tribus (au-delà de la simple exagération à des fins de propagande). Cette masse de main-d'œuvre sera de toute façon l'un des facteurs explicatifs de nombreux troubles etrévoltes serviles, dont la plus connue sera celle menée par le légendaireSpartacus.
Quelques villages du nord-est de l'Italie sur les hauts plateaux duCansiglio, dans les contreforts desDolomites — entreVicence etPordenone, sur les collines et hauts-plateaux d'Asiago,Folgaria,Piancavallo,Montello — sont connus pour leur peuplement — encore actuellement — deCimbres réputés roux. Mais il s'agirait en fait d'une appellation remontant auXVe siècle desVénitiens férus de culture romaine pour désigner des peuplades descendues deBavière pour peupler ces régions montagneuses laissées vides et dévastées par les grandes épidémies depeste noire. De même, lors de leur descente vers le sud, les guerriers (6 000) chargés de la protection des bagages furent laissés stationnés aux alentours deNamur, en Belgique, et engendrèrent la tribu desAtuatuques.
↑Rowley-Conwy,P.,From genesis to prehistory : the archaeological three age system and its contested reception in Denmark, Britain, and Ireland, Oxford Univ. Press,(ISBN978-0-19-922774-7,OCLC320907446,lire en ligne).