La Cilicie, un desroyaumes antiques d'Anatolie, apparaît dans l'histoire sous la dénomination de « Khilakkou » dans les sourcesassyriennes etégyptiennes. Elle est disputée entre lesPhrygiens, lesCimmériens, lesAssyriens et lesOurartéens, avant de devenir un royaume indépendant auVIIe siècle av. J.-C., avecTarse pour capitale[1]. AuVe siècle av. J.-C., alors qu'elle est devenueperse en548,Hérodote la décrit sous le nom de « Cilicie » (Κιλικία), comme unesatrapie dont l’étendue est plus grande que dans les acceptions ultérieures données à ce nom. Au nord, elle va jusque sur le cours duHalys (Kızılırmak). À l’est, elle va jusqu’à l’Euphrate et au sud jusqu’aux environs de l’embouchure de l’Oronte[2],[3].Hérodote distingue la « Cilicie montagneuse »[4] et laplaine de Cilicie appelée « Plaine Aléienne »[5],[6]. La plaine Aléienne d’Hérodote correspond sans doute à la partie marécageuse en bord de mer, formée par les sédiments des deux fleuvesSeyhan etCeyhan[7] et qui correspond bien au vocableturc deÇukurova[8]. Le cours de ces deux fleuves s'est modifié à plusieurs reprises. À certaines périodes, ils ont eu une embouchure commune, ce qui explique que le Seyhan n'est parfois cité que comme un affluent du Ceyhan[9]. Actuellement leurs embouchures sont distantes de plus de 60 km.
Entre les années 1851 et 1853,Victor Langlois effectue un voyage en Cilicie et dans leTaurus par ordre de l’empereurNapoléon III. Ce récit de voyage permet de résoudre nombre de problèmes posés par les changements de toponymes[10].
Cilicie, statère à l'effigie du satrapePharnabazes. Description avers : Baaltars nu jusqu’à la ceinture assis à gauche sur un trône sans dossier, tenant de la main droite un long sceptre lotiforme. Description revers : tête de guerrier barbu (Arès ou Pharnabazes) à gauche, coiffé d’un casque à triple aigrette. Date : vers 378-374av. J.-C.La Syrieséleucide en92 av. J.-C.
La Cilicie arménienne, 1080-1375Cilicie multiculturelle vers 1204
La Cilicie fournit à laflotte de l'Empire romain d'Orient bois et marins, mais c’est aussi un pays depirates et decontrebandiers. À partir de646, l'est de la Cilicie est conquis par lecalifat musulman, sous le règne du Califeal'Muawiya, avant d'être pleinement contrôlé par lecalifat omeyyade à partir des débuts du VIIIe siècle[19], tandis que l’ouest est intégré authème desCibyrrhéotes, formé à partir des marins (et même pirates)caravisiens (Καραβισιάνοι) et des guerriersmardaïtes (Μαρδαἵτες) avant d’être érigé enthème deSéleucie (en grec Σελεύκεια =Seleukeia : la Séleucie d'Isaurie).
En 1266, lesMamelouks font leur première incursion dans le royaume arménien. Leurs attaques se succèdent et peu à peu épuisent le royaume. AuXIVe siècle, en1375, à l’époque des beylicats, le royaume arménien de Cilicie tombe aux mains dessultanatsturcs desKaramanides (à l’ouest) etRamadanides (à l’est), puis, après 1488, desOttomans. Le dernier roi arménien,Léon VI, est capturé dans sa capitale deSis en 1375, et emmené prisonnier auCaire. Il dicte son récit et celui de son royaume au moine Jean Dardel. Le titre de « roi de Cilicie » passe alors à la famille desLusignan, régnant surChypre.
AuXVIe siècle, lesOttomans envahissent la région. Petit à petit, la population cilicienne, arménienne dans l’intérieur etgrecqueorthodoxe sur la côte, devient majoritairementturque etmusulmane au fil des conversions (entre autres, pour ne plus payer leharaç : impôt sur les non-musulmans, et pour ne plus subir ledevchirmé : enlèvement des garçons pour le corps desjanissaires). La Cilicie devient une province ottomane, l'eyalet d'Adana.
Après laPremière Guerre mondiale, la France revendique la Cilicie dans le cadre de la Syrie mandataire, alors que laRépublique démocratique d'Arménie (1918-1920/21) la revendique avec le soutien du Royaume-Uni[23]. Letraité de Sèvres démembre l'Empire ottoman, et la France obtient l'occupation de la Cilicie, qui prolonge en Turquie méridionale lemandat français en Syrie (1923-1946, à la suite de lacampagne de Cilicie)[24]. Une population arménienne se maintient dans l’est de la Cilicie sous le protectorat français avant de se réfugier dans leHatay lors du retrait français au profit de la Turquie en1920, puis enSyrie et auLiban en1939 lorsque laFrance cède le Hatay à la Turquie.
↑Les noms des deux fleuves arrosant la plaine d'Adana, Seyhan (autrefoisSarus) et Ceyhan (prononcédjeyḥan, autrefoisPyramus), reprennent les noms donnés par les géographes arabes aux deux fleuvesSeyhun (Syr-Daria, autrefoisYaxartes, en arabe : sīḥūn,سيحون) etJihoun (Amou-Daria, autrefoisOxus, en arabe : jīḥūn,جيحون) qui délimitent la région d'Asie centrale appeléeTransoxiane, en actuelOuzbékistan. Voir :Victor Langlois,op. cit.(lire en ligne), « Cilicie orientale »,p. 464.
↑Çukurova, écritTchukur-owa par Victor Langlois, ce qui correspond à la phonétique du mot turc et qui signifie « plaine basse ». Voir :Victor Langlois,op. cit.(lire en ligne), « Cilicie montagneuse »,p. 231.
↑Κορακήσιον = Korakesion : voirStrabon,Géographie[détail des éditions][lire en ligne], la Cilicie XIV, 5 ; Τραχεία Κιλικία = Tracheia Kilikia ou Τραχειῶτις = Tracheiotis, la « Trachéotide » soit la « Cilicie âpre », devait ce nom aux rivages abrupts et à la pauvreté de ses villages.
↑D'après Hans-Erich Stier (dir.):Grosser Atlas zur Weltgeschichte, ed. Westermann, 1985(ISBN3-14-100919-8), et Claude Mutafian & Éric Van Lauwe,op. cit.,p. 29.
Victor Langlois,Voyage dans la Cilicie et dans les montagnes du Taurus : exécuté pendant les années 1851-1853., B. Duprat,(présentation en ligne,lire en ligne).
Raymond Kévorkian et Mihran Minassian,Les Arméniens de Cilicie, Habitat, mémoire et identité, Beyrouth, Presses de l'Université Saint-Joseph,(ISBN9 789953-45529-7)
Province romaine de Cilicie(en) (de -64 à 297), divisée en Cilicie I et Cilicie II (Cilicia Prima (capitaleTarse, Turquie),Cilicia Secunda (capitaleAnazarbus, Turquie) etCilicia Aspera /Isauria (capitaleSeleucia), 297-700c)