Lesiège de Paris de 1870-1871 est un épisode de laguerre franco-prussienne de 1870-1871, sachronologie permet d'appréhender l'histoire de ce siège par les événements selon leur ordre temporel dans la ville de Paris mais également dans l'ensemble des départements d'Île-de-France[1],[2].
Après lacapitulation de Sedan, les armées prussiennes et leurs alliés déferlent sur le Nord de la France et se déploient afin de mettre le siège devantParis. Dans la capitale, la nouvelle parvient dans l'après-midi du.
Carte illustrée de la ville de Paris et ses environs, montrant les principaux bâtiments, monuments, parcs, etc., les fortifications françaises, et les positions prussiennes.
Après la capitulation de Napoléon III,Victor Hugo rentre à Paris et reçoit un accueil triomphal. Par la suite, il participe activement, tout au long du siège, à la défense de Paris. Étienne Arago est nommémaire de Paris avec comme adjointsCharles Floquet etHenri Brisson.
Marne : 500 Prussiens sont signalés àSézanne. Vers midi 200 cavaliers déjeunent àBouchy-le-Repos. L’après-midi, des cavaliers sont signalés àMontmirail.
Paris : La taxe de la viande de boucherie est décrétée :« Le gouvernement considérant qu'en raison des circonstances actuelles le gouvernement a dû pourvoir aux approvisionnements de Paris, et qu'il importe que la vente au détail de ces approvisionnements ne soit pas l'objet de spéculations nuisibles aux intérêts des consommateurs; vu l’article 30 de la loi des 19-22 juillet 1791; sur le rapport du ministre de l'agriculture et du commerce décrète : Article 1 : Jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné, la taxe de la viande de boucherie est rétablie dans la ville de Paris, etc. »[10] Les gardes mobiles, gendarmes[11],[12] et autres troupes se replient sur Paris. Le13e corps d'armée quitte ses bivouacs situés sur l'avenue de la Grande-Armée pour s'étendre davantage et garnir l'espace compris entre lepont de Sèvres et le village deSaint-Ouen faisant ainsi face à la Seine, soit un développement de 14 kilomètres, et en prenant position dans l'ordre suivant :
Seine-et-Marne : Un groupe d’Allemands arrive àMelun d’où ils repartent en début d’après-midi en direction deVilliers-Saint-Georges annonçant l’arrivée d’un corps de 20 000 hommes, composé de 8 régiments d’infanterie, 5 régiments de cavalerie, 16 batteries d’artillerie et 6 bataillons de chasseurs à Pied. L’après-midi, des cavaliers sont signalés àRebais,Nanteuil-lès-Meaux,Crégy-lès-Meaux investissant ainsi la ville deMeaux. Ils occupentNogent-sur-Seine etProvins, ou desuhlans annoncent l'arrivée d'un corps d'armée de 15 000 hommes.
Seine-et-Marne : 30 lanciers ennemis sont présents àMormant, annonçant l’arrivée d’une partie des troupes duprince royal et se dirigeant versParis. Un engagement a eu lieu avec des cavaliers prussiens àMortcerf. Des troupes ennemies sont campées aux environs deLa Croix-aux-Bois,Gastins etClos-Fontaine. ÀGastins, un camp de 4 000 soldats allemands est établi près du bois Thibout. Les communications télégraphiques sont désormais coupées entreMelun etMormant.
Val-d'Oise : Legénie français, en retraite sur la rive droite de l'Oise, fait exploser des charges qui anéantissent les arches centrales des ponts en pierre deL'Isle-Adam puis dePontoise.
Oise : Deux trains sont attaqués par les troupes allemandes aux abords deSenlis et deChantilly qui s'installent ensuite dans ces villes. Le service est supprimé à partir de Paris.
Jamais aucun général d'armée n'a eu sous les yeux le grand spectacle que vous venez de me donner. Trois cents bataillons de citoyens, organisés, armés, encadrés par la population tout entière acclamant dans un concert immense la défense de Paris et la liberté. Que les nations étrangères qui ont douté de vous, que les armées qui marchent sur vous ne l'ont elles entendu ! Elles auraient eu le sentiment que le malheur a plus fait en quelques semaines pour élever l'âme de la nation que de longues années de jouissance pour l'abaisser. L'esprit de dévouement et de sacrifices vous a pénétrés, et déjà vous lui devez le bienfait de l'union de cœur qui va vous sauver. Avec notre formidable effectif, le service journalier de lagarde de Paris ne sera pas de moins de 70 000 hommes en permanence. Si l'ennemi, par une attaque de vive force, ou par surprise, ou par la brèche ouverte, perçait l'enceinte, il rencontrerait les barricades dont la construction se prépare, et ses têtes de colonnes seraient renversées par l'attaque de dix réserves échelonnées. Ayez donc confiance entière et sachez que l'enceinte de Paris, défendue par l'effort persévérant de l'esprit public et par trois cent mille fusils, est inabordable.
Gardes nationaux de laSeine etgardes mobiles : Au nom dugouvernement de la Défense nationale, dont je ne suis devant vous que le représentant, je vous remercie de votre patriotique sollicitude pour les chers intérêts dont vous avez la garde. À présent, à l'œuvre dans les neuf sections de la défense! De l'ordre partout, du calme partout, du dévouement partout. Et rappelez vous que vous devenez chargés, je vous l'ai déjà dit, de la police de Paris pendant ces jours de crise. Préparez vous à souffrir avec constance. À cette condition vous vaincrez.
Les régiments de cavalerie commandés par les généraux Gustave Coste de Champéron et Jean-Henry Reyau qui avaient été dirigés surMeaux avec ordre de harceler l'ennemi avaient fait mouvement de repli. Les troupes de la division Champéron étaient rentrées dans Paris et bivouaquaient dans lebois de Vincennes et sur leChamp-de-Mars. Les troupes de la division Reyau avaient quant à elles regagnéVersailles puis s'étaient dirigées vers les armées en formation au-delà de la Loire.
Paris : À mesure que les Prussiens resserrent le cercle dans lequel ils vont enfermer Paris, les populations des localités voisines, refoulées par l'invasion, se précipitent de toutes parts dans la capitale, avec des voitures chargées de meubles entassés à la hâte, de provisions, des objets les plus précieux abandonnant leur foyer qu'ils retrouveront, généralement, pillé et détruit. Lesambassadeurs, d'Autriche-Hongrie, d'Angleterre et deRussie quittent Paris.
Val-de-Marne : On se bat àAthis. La voie de chemin de fer est coupée par une canonnade entreAblon etAthis, les trains allant sur Paris sont stoppés. Les éclaireurs de la Seine engagent un combat àPompadour contre des éclaireurs ennemis.
Seine-Saint-Denis : Des travailleurs français gardés par lagarde nationale coupent et incendient le bois d'Avron. Le plateau d'Avron restera inoccupé jusque fin novembre[18].
Val-d'Oise : ÀL'Isle-Adam, un escadron de cavalerie aidé de 200 fantassins arrache le drapeau de l'hôtel de ville, se livre au pillage et réquisitionne les plus belles demeures. Les troupes allemandes, qui contrôlentLe Mesnil-Aubry etBeaumont-sur-Oise, continuent leurs progression surPontoise qu'il occupent dans la journée.
Paris : Décret d'un crédit de 600 000 francs[20] pour construire des mitrailleuses.
Hauts-de-Seine : Les Prussiens occupentBourg-la-Reine,Clamart,Meudon… Une colonne marche surVersailles en passant parBièvre et en contournant lesbois de Verrières. Une seconde se dirige également vers Bièvre parPetit-Bicêtre[note 2], la pointe du bois de Verrières et la capsulerie dubois de Meudon établissant un cordon sur les hauteurs deClamart-Meudon dominant Paris. Le1er zouaves se couvre de 3 grand'gardes à savoir : 100 hommes à l'étoile de la Patte-d'Oie, cent soixante-dix hommes à la Grange-Dame-Rose jusqu'à la ferme de Villacoublay et cent hommes à la ferme de Trivaux[note 3] ou un petit engagement eut lieu entre leszouaves qui étaient dans cette ferme et les fantassins prussiens qui étaient dans une autre petite ferme, dite : Pointe de Trivaux[note 4]. Les Prussiens sont chassés à coups de canon, et les zouaves prennent leur position. Legénéral Trochu,gouverneur de Paris, donne l'ordre augénéral Ducrot d'abandonner la redoute de Châtillon. Ce mauvais calcul permettra à l'état-major allemand d'achever plus rapidement l'investissement de la capitale. Surmontant les réticences de Trochu, dèsle lendemain Ducrotlancera ses troupes afin de reprendre cette redoute évacuée trop rapidement.
Val-de-Marne : Environ 200 Prussiens s'avancent près du pont deJoinville en venant deChampigny. Après avoir échangé, pendant une demi-heure, des coups de feu avec les francs-tireurs ils se retirent. Les voies de chemins de fer sont coupées après qu'un convoi ait été assailli, à coups de fusil, àChoisy-le-Roi par les uhlans postés sur l'autre rive de laSeine. Les Prussiens sont signalés àVitry etChevilly. Le général Ducrot qui occupe, avec 4 divisions d'infanterie, des positions s'étendant des hauteurs deVillejuif à celles deMeudon, fait effectuer une reconnaissance de cavalerie. 2 000 hommes et 28 pièces d'artillerie de campagne de la division du généralMaud'huy renforcent les positions dumoulin de Saquet et desHautes Bruyères et entreprennent le creusement detranchées.
Seine-et-Marne : 20 000 Prussiens sont signalés cheminant dans la vallée de la Marne en direction de Paris dont l'avant-garde, de 6 000 hommes, se dirige à partir deLagny sur leplateau d'Avron[21].
Seine-Saint-Denis : Des fusillades sont signalées versLe Bourget. Les réfugiés affluent versSaint-Denis qui indiquent« les Prussiens! les Prussiens sont àSarcelles et àSaint-Brice, en marche sur Saint-Denis!... » Les troupes dugénie font sauter trois ponts sur la Seine pour mettre obstacle à la marche des corps prussiens enserrant la capitale.
Paris : Le dernierréseau télégraphique encore en service, celui de l'Ouest, est coupé. Institution de laCour martiale« dans le but de réprimer les attentats à la propriété, le maraudage, le vol, l'espionnage qui se propage dans les banlieues de Paris ». Celles-ci siègeront àVincennes et àSaint-Denis, et dans les13e et14e corps d'armée.
Yvelines : Après avoir franchit la Seine à Triel, la5e division de cavalerie prussienne avance entrePoissy etNeauphle, occupeVersailles et installe sonquartier général àSaint-Nom-la-Bretèche. Cette division entreprend alors, à partir de son QG, de fréquentes expéditions sur la rive gauche de laSeine durant toute la durée de la guerre. 1 000 soldats et 600 chevaux seront cantonnés à Neauphle jusqu’au mois de février 1871[23] Lors ducombat de Châtillon un épisode sanglant eut lieu à la « Grange Dame Rose » surVélizy ou quelqueszouaves, placés en grand’gardes[24], sont subitement attaqués par une reconnaissance d’une centaine de fantassinsbavarois, appuyés par un peloton de dragons. Après une résistance opiniâtre les zouaves se replient laissant 12 morts et 34 prisonniers entre les mains de l'ennemi (sur 170 hommes), qui n'ose toutefois pousser plus loin son avancée[25]. Marly-le-Roi,Chatou,Le Vésinet etLouveciennes sont occupées; les occupants quitteront ces villes le.
Seine-Saint-Denis : Les Prussiens occupentBondy et les bois alentour et ont installé des batteries sur le bord du plateau du parc duRaincy. Des groupes de cavaliers sont venus explorer les alentours de laredoute de la Boissière et dufort de Noisy. Deux pièces de marine du fort ont tiré sur eux. La cavalerie s'est repliée rapidement et l'infanterie a rétrogradé. Ils ont édifié un observatoire à 2 000 mètres dufort de Noisy. Grand Tremblay
Hauts-de-Seine : Vers 2 heures du matin, la grand'garde de la Grange-Dame-Rose est subitement attaquée par une reconnaissance d'une centaine de fantassins bavarois appuyé par un peloton de dragons. Après une faible résistance les zouaves se replient, laissant 12 morts et 34 prisonniers entre les mains de l'ennemi, qui n'ose toutefois pousser plus loin son avancée. La garde républicaine fait sauter les ponts deSaint-Cloud,Sèvres etBillancourt.
Dès la pointe du jour, legénéral d'Exéa fait une reconnaissance offensive en avant de ses positions. Il rencontre des masses importantes dissimulées dans les bois et dans les villages, et surtout un très grand déploiement d'artillerie. Après un engagement assez vif, les troupes ont dû se replier en arrière. Une partie de la droite a effectué ce mouvement avec une regrettable précipitation. L'autre partie s'est concentrée en bon ordre autour de la redoute en terre qui avait été élevée sur leplateau de Châtillon. La gauche faiblement attaquée, a pu tenir sur les hauteurs deVillejuif. À ce moment, le feu d'artillerie de l'ennemi a pris des proportions qu'il n'avait pas atteintes jusqu'alors. Vers 16 heures, legénéral Ducrot, après une lutte qui avait duré toute la journée, a dû prendre la résolution de faire reculer ses troupes jusqu'aux points où elles pouvaient recevoir la protection des forts. Il fait enclouer, sous ses yeux, les 8 pièces d’artillerie en position dans la redoute de Châtillon avant de se retirer, le dernier, aufort de Vanves. L'ennemi occupe aussitôt les hauteurs qui dominent les fortsd'Issy, deVanves,de Montrouge et commence à construire de gigantesques batteries qui lui permirent de bombarder les forts et l'enceinte. Laroute de Choisy à Versailles fut couverte defascines par lesquelles les grosses pièces Krupp pouvaient être montées sans bruit. Plusieurs étages de retranchements s'élevèrent sur les flancs du coteau. Une batterie placée au moulin de Pierre[note 5],[26],[27] était à 1 000 m dufort de Vanves. Des ordres sont donnés, pour que les troupes se concentrent définitivement dans Paris. Toutefois le15e régiment de marche, sous les ordres du colonel Bonnet, se retranche fortement, et garde sa position avancée àPlessis-Piquet. Laredoute de Montretout, dont les remparts étaient inachevés et jugée trop avancée par le commandement, est évacuée par le6e bataillon des mobiles de la Seine.
Paris : Legouvernement indique qu'il« ne livrera ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses ». La commission des barricades est formée.
Seine-Saint-Denis : Bondy est rempli de troupes et d'artillerie ennemie qui s'établit aux abords du plateau de l'ancien parc duRaincy. ÀSaint-Denis, tout est tranquille. Labatterie de Saint-Ouen protège parfaitement lapresqu’île de Gennevilliers[30]. La batterie de Saint-Ouen fera, durant le siège, des expériences avec le projectile de Bazin[31]. Le projectile Bazin était nouveau projectile à trajectoire prolongée et à double effet[32]. Création de la Société d'Assurances Mutuelles mobilières et immobilières contre les pertes matérielles causées par le siège de Paris, qui a son siège auNo 108rue de Richelieu[33]
Hauts-de-Seine : Du côté dumont Valérien,Saint-Cloud,Sèvres,Meudon, l'ennemi ne se montre pas. En avant des fortsde Montrouge,de Bicêtre etd'Ivry, l'ennemi reste à grande distance, et deux obus de ce dernier fort ont forcé ses sentinelles à se replier. Dans la nuit, les Prussiens se sont emparés des hauteurs deMeudon. Une pièce de marine, portant à 9 000 mètres, envoya un boulet qui est tombé au milieu d'une batterie prussienne. Lefort de Vanves, de son côté, tire sur l'ennemi. ÀVélizy, les Prussiens utilisent la cour de la ferme Rabourdin[34] comme parc d'artillerie et installent leurs batteries sur les positions en hauteur.
Val-de-Marne : Les Prussiens sont signalés à 1 200 mètres environ d'Ivry Des ennemis qui se sont approchés duPort-à-l'Anglais ont été mis en fuite par un obus lancé par lefort d'Ivry. D'incessantes patrouilles prussiennes rôdent autour de l'ouvrage deMoulin de Saquet. Les tirailleurs ont échangé des coups de feu dans les maisons les plus éloignées deVitry. Des soldats des fortsde Bicêtre etd'Ivry qui effectuent des reconnaissances rapportent que l'ennemi se tient en arrière des crêtes deVillejuif, vers l’Hay etChevilly. Après un engagement contre lestirailleurs, l'ennemi occupeVillejuif. Une reconnaissance partie dufort de Charenton, versCréteil et lecarrefour Pompadour, a été attaquée par les tirailleurs de l’ennemi, qui a amené successivement de nouvelles forces de Mesly et de Mont Mesly. La retraite s'est faite en très bon ordre.
Yvelines : Une quarantaine de francs-tireurs tendent une embuscade à l'entrée deMézières-sur-Seine à un groupe deuhlans qui s'avancent en direction deMantes-la-Jolie. Le soir l'ennemi revient en force ; le généralAdalbert von Bredow en personne à la tête d'une colonne de cavalerie et d'artillerie appuyée par un détachement d'infanteriebavaroise se dirige alors surMézières. Une reconnaissance du13e dragons du Schleswig-Holstein tombe dans une embuscade àAulnay-sur-Mauldre tendue par 4 francs-tireurs[46]. Arrivés àMézières, le maire est roué de coups[47] et le village est canonné, criblé d'obus puis l'arrière-garde torche à la main y met le feu. Une soixantaine de maison seront détruites. En fin d'après-midi la colonne arrive devantMantes-la-Jolie. Après avoir canonné la ville, l'infanteriebavaroise du2e régimentPrince-héritier(de) entre en ville saccage les 2 gares[48], tue et blesse des civils et emmène des otages. La population affolée s'enfuit jusque dans les bois deRosny. Après sa terrifiante apparition aux portes de Mantes, la colonne retourne dans ses cantonnements traversant les ruines fumantes de Mézières.
Paris : Départ, de laplace Saint-Pierre, du premierballon-posteLe Neptune piloté parJules Duruof. Il atterrit àCracouville, dans l'Eure après avoir parcouru 104 kilomètres[49],[40]. Les Parisiens ayant entendu le canon gronder, des rumeurs se répandent comme des trainées de poudre :« Nous avons tués 20 000 Prussiens, ou a peu près, et 30 000 sont encerclés. » Puis le chiffre enfle, c'est d'abord« 20 000 puis 30 000 et enfin 60 000 Prussiens qui ont été mis hors de combat avec 15 000 prisonniers ». Afin de couper court à toutes les rumeurs,Arthur Ranc, journaliste et maire du9e arrondissement de Paris, posa une affiche dans la mairie de larue Drouot :« Voici la vérité : Nous avons reprisVillejuif et leMoulin-Saquet. À l'Est nous avons débusqué l'ennemi dela Courneuve etdu Bourget ».
Val-de-Marne : Les forts deBicêtre et deMontrouge appuient les troupes qui occupent le village deVillejuif et la batterie des Hautes-Bruyères. Au soir la position est fortement établie. L’ennemi effectue une reconnaissance sur leMoulin de Saquet, et est mis en déroute par les défenseurs aidés par l’artillerie dufort d'Ivry. L’ennemi qui tentait de s’établir versBagneux a été totalement réduit par l’artillerie de campagne et celle des forts. Lefort de Nogent a jeté le désordre dans les forces ennemies en tirant une soixantaine de coups de canons versBry-sur-Marne.
Seine-Saint-Denis : Une reconnaissance est effectuée par le23e bataillon sédentaire de Saint-Denis vers labutte Pinson. Cette reconnaissance, signale des mouvements de troupes prussiennes sur laroute de Lille versLe Bourget etDugny occasionnant plusieurs combats et escarmouches L’ennemi effectue des travaux en avant des fortifications Saint-Denis. La garnison deSaint-Denis, dugénéral Bellemare, avec le28e de marche en pointe, soutenues par l’artillerie des forts de laDouble-Couronne etde la Briche, attaquent avec succèsPierrefitte, occupée par l’ennemi; c'est le combat de Pierrefitte. Des combats au corps à corps ont lieu et l’ennemi qui a subi de lourdes pertes envoie environ 8 000 hommes en renfort provenant de troupes postées sur les hauteurs deMontmorency. La position est abandonnée en fin de journée. Nos pertes sont de 11 tués et 86 blessés. L’amiral Saisset à la tête de 200 fusiliers, 400 hommes de l’infanterie de marine et 8 compagnies des bataillons des éclaireurs de la Seine[50] du colonel Lafon effectue une reconnaissance versLe Bourget.Bobigny, est évacué par l’ennemi et àDrancy après une vive fusillade les Prussiens sont poursuivis jusqu’à lagare du Bourget. Plusieurs colonnes d’infanterie prussiennes, arrivées en renfort sont refoulées dans le village par l’artillerie dufort de Romainville (1 pièce de marine de 16). Les Français ont brûlé toutes les meules de fourrage de la cavalerie ennemie. Du côté d’Aubervilliers, l’ennemi se tient à grande distance.
Val-d'Oise : L’ennemi effectue des travaux versArgenteuil ou 40 000 Prussiens seraient cachés dans les bois alentour. Sur la rive gauche de l'Oise un détachement prussien du71e régiment d'infanterie prussien tombe dans une embuscade, en face duchâteau de Stors qui s'enfuit dans toutes les directions abandonnant aux francs-tireurs 13 fourgons chargés de produits réquisitionnés àPontoise ainsi qu'une douzaine de chevaux. L'ensemble est ensuite dirigé surBeauvais.
Hauts-de-Seine : L’ennemi paraît établir des batteries au-dessus de lamanufacture de Sèvres et sur laterrasse du château de Meudon. Une reconnaissance vers le côté nord de l'île Saint-Denis jusqu'à la pointe, aulieu-dit « la Ferme ». De la rive droite, des Prussiens, embusqués dans un bois, dirige sur la petite troupe un feu nourri, mais les mobiles font bonne contenance et ripostent avec vigueur.
Yvelines : Après avoir bombardé et pillé lagare de Mantes,la ville est occupée par les troupes allemandes. Ceux-ci brûlent le village deMézières, où, selon eux, desfrancs-tireurs avaient secondé la défense locale.
Yvelines : Des renseignements indiquent qu’un pont établi par les envahisseurs àTriel-sur-Seine a cédé sous le poids des pièces de gros calibre qui y étaient engagées, entraînant par le fond 3 canons[réf. nécessaire].
Paris : Décret qui institue des conseils de guerre dits « de la Garde nationale », pour juger les crimes et délits commis par les gardes nationaux pendant la durée du siège de Paris[56]
Val-d'Oise : Un détachement de 400 hommes du71e régiment d'infanterie prussien escortant une quarantaine de chariots arrivent àL'Isle-Adam, vers 9 heures du matin, pour effectuer de nouvelles réquisitions et rétablir le pont entreL'Isle-Adam etParmain sont bloqués par une barricade d'où part un tir nourri. Les Prussiens poussent alors devant eux le curé et son vicaire, le maire et un autre habitant pour leur servir de bouclier et arriver jusqu'au pont. Mais les francs-tireurs continuent la fusillade, épargnant miraculeusement les otages et obligeant l'ennemi à se réfugier en ville. Les Prussiens ayant reçu des renforts ainsi d'une section d'artillerie, bombardent et lancent plusieurs attaques sur Parmain qui sont toutes repoussées et perdent 1 tué et une dizaine de blessés. Vers 5 heures du soir l'ennemi retourne à son camp àSaint-Brice.
Hauts-de-Seine : Legénéral Blanchard fait exécuter une reconnaissance par unbataillon du13e régiment de marche, jusqu’au parc Fleury sur la route deClamart, qui s’approche à environ 700 mètres des positions tenues par les Prussiens auchâteau et à la terrasse de Meudon. En appui de cette reconnaissance, deux chaloupes vedettes de la flottille des canonnières de la Seine du capitaine de vaisseau Thomasset échangent une vive fusillade avec les Prussiens établis dans le jardin de l’orphelinat duBas-Meudon. Les batteries de soutien, terrestres, ont canonné les hauteurs deSèvres pendant que lessoldats du génie déboisaient l'île de Billancourt.
Paris : La viande commence à manquer, les queues devant les boucheries commencent. Un poulet vaut entre 10 et 12 francs et une livre de beurre 8 francs[20]. Les 27, 28 et 29 septembre, sont prescrit, par décrets, la formation des34e,35e et36e régiments de marche ainsi que d'un 2e régiment de gendarmerie à cheval[11],[12] sous le commandement des colonels Achille Mocquery[61], Jean-Baptiste Lavoignet[62] et Charles Allavène[63]
Val-d'Oise : Préoccupé par la résistance des francs-tireurs del'Isle-Adam et deParmain, les Prussiens envoient un nouveau détachement commandé par le colonelprince de Hohenlohe composé d'un bataillon du27e régiment d'infanterie, du1er régiment d'uhlans de la Garde et d'une section d'artillerie avec l'ordre de purger définitivement la contrée. Vers midi une partie de la colonne à l'Isle-Adam et recommence, sans plus de succès que le27 d'enlever la barricade de Parmain. Mais cette fois cette attaque n'a vraisemblablement d'autre but que d'occuper les francs-tireurs. En effet, l'autre partie de la colonne jette un pont de bateaux àMours, situé plus en amont, franchit l'Oise descendant par la rive droite afin de prendre la barricade à revers. Nos francs-tireurs alertés à temps évacuent leurs positions avec comme perte 1 tué et 1 blessé contre 3 tués et une vingtaine de blessés du côté du27e régiment d'infanterie[64].
Val-de-Marne : Plusieurs reconnaissances sont poussées par des groupes de francs-tireurs dont l'une par leschasseurs deNeuilly-sur-Marne en avant des positions deVillejuif, Laredoute des Hautes Bruyères a canonné un long convoi ennemi circulant entreChevilly etL’Hay en direction deVersailles. Depuis plusieurs jours l’ennemi maître des villages deL'Hay,Chevilly,Thiais etChoisy-le-Roi effectuait des travaux de terrassement et de fortification de ces villages, afin de protéger sa ligne de communication avecVersailles. Il fut alors décidé d’une action combinée afin de reconnaître et d’attaquer les forces établies dans ces positions. La tâche incombe au13e corps dugénéral Vinoy qui attaque avec 20 000 hommes. Les troupes se massent vers lesforts d’Ivry,de Bicêtre etde Montrouge. Elles sont accueillies à l’entrée du plateau de Villejuif par des tirs de canon et de mousqueterie auxquels elles répondent avec énergie, pendant presque 3 heures. Les35e et42e brigades du généralPierre-Victor Guilhem refoulent l’ennemi hors deChevilly etl’Hay. La colonne du général Blaise pénètre dansThiais et d’une batterie de position dans ce village qui n’est pas enlevée faute d’attelage. Les troupes avancent jusqu’aux positions prussiennes, fortement défendues, deThiais et deChoisy-le-Roi coupant ainsi leur voie de communication. Après un vif engagement d’artillerie et de mousqueterie, sur ordre dugénéral Vinoy, les troupes françaises se replient sous le feu, avant l’arrivée des réserves prussiennes, évaluée à environ 30 000 hommes. Lors de cet engagement 2 000 Français et 400 Allemands sont mis hors de combat dont le généralcommandant qui est tué lors de labataille de Chevilly. De l’autre côté de laSeine, la brigade dugénéral d’Exéa marche surCréteil, engage un combat puis retourne dans ses positions de départ.
Seine-Saint-Denis : L’artillerie des forts deSaint-Denis a lancé quelques obus sur les rassemblements et les travaux qu’exécutait l’ennemi versStains,Garches,Orgemont etSaint-Gratien. Une reconnaissance effectuée par lesfrancs-tireursdes Lilas versDrancy a surpris les avant-postes ennemis leur a tué 3 hommes. Les sorties deSaint-Denis sont garnies de canons. Destalus, deschevaux de frises, des branchages… sont en travers de la route, les maisons et masures sont détruites et occupées par des soldats. Plus à l'intérieur de la ville la population a élevé des barricades dans certaines rues.
Hauts-de-Seine : Pendant lecombat de Chevilly, la brigadeSusbielle, sous les ordres du généralBlanchard effectue une reconnaissance surIssy et leBas-Meudon, faisant se replier 3 régiments de la Garde prussienne. Un bataillon des Volontaires de laCôte-d’Or s’est particulièrement distingué pendant l’attaque.
Yvelines : Un corps d'armée prussien, avec des escadrons de cuirassiers, uhlans, dragons et hussards défile àVernouillet. Les deux bataillons des Éclaireurs de la Seine[50] quittent Maule et s'opposent aux fourrageurs prussiens de la5e division de cavalerieaux Alluets-le-Roi. Bientôt 2 brigades allemandes sont signalées. Aidées par leur artillerie, les troupes allemandes attaquent et bombardent le village des Alluets et la forêt forçant les Éclaireurs à se retirer parEcquevilly,Mareil-sur-Mauldre,Soindres etDammartin avec les francs-tireursdu Havre et les guérillasrouennais.
Seine-Saint-Denis : Plusieurs reconnaissances sont poussées très brillamment : DeNoisy surBondy par 4 compagnies des3e et4e bataillons des éclaireurs de la Seine[50] du commandant Poulizac. Après avoir dépasséBondy, les troupes se sont engagées sur laMaison Blanche, découvrant une batterie de 4 pièces d’artillerie et les positions tenues par l’infanterie ennemie, fortement retranchée dans les maisons environnantes. Les forces du commandant Poulizac ont ensuite regagné les lignes françaises. DeRomainville surDrancy et lechemin de fer de Soissons par les francs-tireurs des Lilas du commandant Anquetil. Après avoir traverséBobigny,Drancy a été enlevé par nos troupes, qui ont poursuivi les tirailleurs ennemis jusqu’à laligne de chemin de fer de Soissons où les Allemands se sont retranchés. Des renforts importants se montrant du côtédu Bourget et d’Aulnay, les troupes françaises se sont repliées emportant avec elles, casques, fusils et revolvers abandonnés sur le terrain.
Paris : LeballonNational ne parvient pas à décoller, son enveloppe étant insuffisamment gonflée. Paris commence à compter ses rations. Les fourrages étant devenus trop chers, les maquignons vendent leurs chevaux pour rien, ou presque, soit abandonnent leurs bêtes sur le marché. L'abattoir aux chevaux est abondamment pourvu, dans les premiers jours du siège on tuait 10 à 20 chevaux par jour, on en tue actuellement environ 300[72].Charles Floquet démissionne de son poste d'adjoint aumaire de Paris.
Val-de-Marne : 3 compagnies dubataillon de laDrôme et 1 peloton despahis, qui effectuaient une reconnaissance en avant dufort de Nogent, se sont heurtés à la sortie deNeuilly-sur-Marne aux avant-postes prussiens qui se sont retirés. Les spahis les ont poursuivis et sont tombés dans une embuscade. Heureusement protégés par le brouillard, les spahis ne déplorent que 2 chevaux tués et 1 cavalier blessé.
Yvelines : Partant dePort-Villez, lesmobiles de l'Eure effectuent une reconnaissance surBonnières qui est canonnée. Les mobiles poursuivis par un gros détachement deuhlans se replient surVernon. En représailles à cette attaque, lagare de Bonnières est incendiée et détruite. Les Allemands pénètrent àRolleboise, mettent les habitants à contribution en menaçant de les tuer, s'ils ne s'exécutent pas[73].
Val-de-Marne : La compagnie des tirailleurs parisiens du capitaine Lavigne et 1 compagnie du21e régiment d'infanterie de ligne se sont avancés sur les avant-postes ennemis situés sur la droite deCréteil. Une barricade fortement défendue a été attaquée sans succès mais un poste situé sur lechemin de fer de Lyon a été enlevé. Les troupes se sont ensuite repliées en bon ordre malgré les forces considérables qui s’avançaient sur eux.
La région parisienne est recouverte d’un brouillard intense et froid empêchant toute observation.
Hauts-de-Seine : Divers renseignements indiquent que la canonnade d’hier a fait le plus grand mal à l’ennemi. Les canons de marine du Mont Valérien continuent de tirer sur les points où des troupes ennemies sont signalées. Les éclaireurs de la Seine[50], lestirailleurs des Ternes et les carabiniers de Neuilly, appuyés par 5 escadrons de cavalerie,gendarmes[11],[12] etdragons ont poussé une reconnaissance sur les bords de laSeine entreChatou etArgenteuil tiraillant sur les avant-postes ennemis situés sur l’autre rive et en particulier aupont des Anglais.
Seine-Saint-Denis : Les francs-tireurs des Lilas ont effectué des reconnaissances surBondy, et ont rejeté l’ennemi au-delà ducanal de l’Ourcq par le pont de la Poudrette[75] àGargan. Cette reconnaissance a en outre permis de constater que ce pont était gardé par les grand’gardes[24] prussiennes et qu’un fort corps de troupe campait auRaincy près de laMaison Blanche.
Paris : Rationnement de la viande et création des boucheries municipales.
Hauts-de-Seine : Des reconnaissances sont effectuées du côté deMeudon. Un poste ennemi installé dans lastation de chemin de fer se replie sans attendre l’attaque. Les Allemands sont établis en force au haras et à la plaine des Bruyères. 12 compagnies degardes mobiles de la Seine, sous les ordres dulieutenant-colonel Rambaud, effectuent une reconnaissance dansClamart et les bois environnants et rapportent des sacs de farine, des armes, des outils…
« Mon cher général, Je vous remercie avec effusion,vous et lagarde nationale, dont vous êtes le digne chef, du concours que vous venez de nous prêter. Au premier signal, vos bataillons sont accourus et, par leurs acclamations patriotiques, ont protesté contre les imprudents qui cherchent à nous diviser devant l'ennemi. Vous leur avez prouvé qu'ils n'y réussiront pas. Nous resterons unis pour combattre et pour vaincre. Nous le serons encore après, car tous nous n'avons qu'une volonté fonder une République durable, décrétée par la nation dans sa souveraineté. C'est pour l'accomplissement de cette double tâche que nous sommes debout, ne formant qu'un faisceau, maintenant avec fermeté le gouvernement établi le4 septembre, ne demandant d'autre récompense que l'honneur insigne de remettre à la France, délivrée par l'héroïsme de ses enfants, les pouvoirs que nous avons reçus pour la défendre. Agréez, mon cher général, l'expression de mes sentiments affectueux et dévoués. »
— Le Vice-Président du Gouvernement, Le Ministre de l'Intérieur par intérim, Jules Favre.
Seine-Saint-Denis : Une forte reconnaissance en avant dufort de Noisy permet aux Français de chasser l’ennemi deBondy et d’occuper le village jusqu’à la nuit puis de se replier.
Brusque changement de température ; le temps est sec.
Queue devant la boucherie durant le siège de Paris en 1870, par Clément-Auguste Andrieux.
Paris : Création des boucheries municipales. La viande est désormais rationnée. La ration est de 1livre[84] de viande par personne pour 5 jours.
Seine-Saint-Denis : Les compagnies d'infanterie desredoutes de la Boissière,Montreuil et Noisy, suppléés par un bataillon de mobiles duNord, chargés de la protection des travailleurs, cultivateurs et maraîchers œuvrant dans la plaine ont été assaillis par l’ennemi. 2 pièces d’artillerie qui ont tiré sur nos troupes des obus et de la mitraille ont été démontées par le feu des pièces des 3 forts[85]. L’ennemi a reculé jusque dans les bois à proximité de laMaison Blanche et a répondu par des tirs provenant des environs du pont de la Poudrette[75].
Paris : Décret qui règle d'une manière définitive l’organisation descorps francs levés à Paris et dans ses environs depuis l'ouverture de la campagne contre laPrusse[89]
Val-de-Marne : Le matin, après la prise de la maison Millaud, celle-ci a été mise en défense et les maisons voisines ont été incendiées ou détruites afin de dégager les abords. Des éclaireurs ennemis se sont approchés à 300 mètres de ce nouveau point d’appui. De nombreux mouvements de troupes sont signalés sur le secteur sud. L’artillerie de laredoute des Hautes Bruyères a, par un coup heureux, tué une dizaine de Prussiens dans une maison qui servait de poste en avant deBourg-la-Reine.
Hauts-de-Seine : Les éclaireurs de Dumas, les éclaireurs de la ligne du commandant Lopez, les mobiles duMorbihan sous les ordres dugénéral Ducrot ont lancé une reconnaissance au-delà de laMalmaison. Après avoir essuyé une fusillade, les troupes se sont avancées dans leparc de la Malmaison où elles ont démasqué la présence des batteries prussiennes situées à la bifurcation des routes deBougival et de la Jonchère. Sous leur feu, les mobiles se sont mis à couvert dans les fossés de la route. L’artillerie ennemie a été délogée par l’artillerie duMont-Valérien qui l'a poursuivie pendant la retraite jusqueBougival.
Paris : Deuxballons partent de Paris : Le Washington s'envole de lagare d'Orléans et termine sa course àCarnières dans leNord après avoir parcouru 204 kilomètres[90]. Le Louis Blanc s'envole de laplace Saint-Pierre et termine sa course àBéclers enBelgique après avoir parcouru 290 kilomètres[91],[40]. Les boucheries municipales ne distribuent plus que 100 grammes de viande par personne, après des heures de queue.
Hauts-de-Seine : Dans la nuit unbataillon des éclaireurs de lagarde nationale de Paris, sous les ordres du commandant Thierrard, qui effectue une reconnaissance, surprend, dansRueil, un assez fort détachement de Prussiens, occupés à brûler deux maisons pour dégager une de leurs barricades, et leur tue une vingtaine d’hommes.
Val-de-Marne -Hauts-de-Seine : Les Prussiens demandent un armistice pour relever leurs morts. Une suspension d'armes a lieu de onze heures à cinq heures, en avant de nos forts du sud.
Seine-Saint-Denis : Pendant que les mobiles du Finistère et du Nord, l'infanterie de ligne et l'artillerie duRomainville chassaient l'ennemi de laferme du Groslay[note 7] dans la plaine deBondy, l'artillerie duFort de Rosny a canonné l'ennemi dans le villagedu Raincy, et celle duNoisy a foudroyé le camp retranché du pont de la Poudrette deGargan. Par ailleurs, les éclaireurs de la Seine[50] du colonel Lafon partant deBondy engagent une vive fusillade avec l'ennemi embusqué de l'autre côté ducanal de l'Ourcq, afin de couper les arbres qui masquaient, de nosbastions, la vue du camp retranché prussien. En milieu d’après-midi l'ennemi ayant arboré le pavillon blanc, les éclaireurs de la Seine et les forts ont cessé le feu. Les troupes françaises déplorent 2 tués, dont 1 officier et 5 blessés. En fin d’après-midi, un seul obus, tiré à partir dubastionno 2 à 4 500 mètres, a tué les deux officiers à cheval qui venaient faire mettre en batterie une section d'artillerie ennemie, et tué les cavaliers d'une des pièces qui a été mise hors de service.
Val-de-Marne : Les éclaireurs placés en embuscade de nuit àCréteil ont été attaqués ce matin, vers cinq heures, par un peloton de Prussiens qu'ils ont repoussés. Lefort de Nogent a bombardé plusieurs gros pelotons ennemis qui cheminaient à l'extrémité duplateau d'Avron. Laredoute de la Faisanderie a tiré sur le poste prussien àla Fourche deChampigny, faisant fuir l'ennemi. Une reconnaissance effectuée surCharenton a poussé jusqu'au moulin de la Marne, sans trouver d'obstacles. Les Prussiens ont complètement évacuéCréteil.
Hauts-de-Seine : ÀColombes, leszouaves du général Henri Berthaut[96] avec 8 pièces d'artillerie ont attaqué les troupes allemandes qui effectuaient des travaux aupont d'Argenteuil. Une batterie ennemie, amenée en renfort dans les vignes d'Argenteuil, a ouvert son feu dans la direction de Colombes. La batterie de Courbevoie, répondant énergiquement, a obligé l’ennemi à déménager. Dans l'après-midi, legénéral Ducrot a fait avancer à hauteur deColombes une partie de la brigade Henri Berthaut. Notre artillerie a lancé sur deux usines d'Argenteuil, occupées par l’ennemi, plusieurs obus incendiant l'une d'elles. L'ennemi a mis en ligne une batterie qui a lancé, sans résultats, quelques obus dans Colombes. Labatterie de 12 deCourbevoie a répondu la réduisant au silence puis elle a canonné avec des pièces de marine, les pentes deSannois, empêchant ainsi toute offensive de l'ennemi. LeMont-Valérien, la batterie de Mortemart, située dans lebois de Boulogne, et quelques pièces du6e secteur[97] ont envoyé des obus perturbant ainsi les travaux de l'ennemi àMontretout. Lesforts de Vanves etd’Issy ont agi de la même manière surChâtillon.
Paris : Deux nouveauxballons montés partent de Paris : LeJules Favreno 1 et leJean-Bartno 2 qui s'envolent de lagare d'Orléans. Le premier termine sa course à Foix-de-Chapelle dans laprovince de Hainaut enBelgique après avoir parcouru 298 kilomètres[98] et le second termine sa course à Evrechelles, près deDinant, également en Belgique, après avoir parcouru 328 kilomètres[99],[40].
Paris : Leballon montéLiberté, est emporté, sans personne à bord, par le vent violent de l'usine à gaz deLa Villette[53]. Il échappe aux aéronautes et s'échoueau Bourget après avoir parcouru 11 km,[40]. Les restes du ballon seront récupérés par les Prussiens[100].
Seine-Saint-Denis : Une reconnaissance a été exécutée en avant desforts Rosny etde Nogent, par lesmobiles de laDrôme du commandant Balète, par les légions de laCôte-d'Or du commandant Dupuy, et par celles duTarn des commandants Faure, de Foucaut et de Faramond, l’ensemble étant commandé par le lieutenant-colonel Reille.
la gauche du dispositif français s'est avancée dans le parcdu Raincy jusqu'à laporte de Paris, et, de là, s'est rabattue surVillemomble qui a été fouillée en tous sens. L'ennemi a été débusqué du parc du château de Launay[102] où il a eu un homme tué. Pendant ce temps quelques compagnies ont gravi les pentes d'Ablon, occupé tout le plateau et tiraillé à son extrémité est sur le poste avancé dela Maison-Blanche[103].
Le centre du dispositif français, aussitôt Ablon occupé, est entré dans le village du Bois deNeuilly qui était évacué. Nos tirailleurs l'ont ensuite dépassé et se sont portés surNeuilly-sur-Marne, où l'ennemi était retranché en forces considérables. Cette reconnaissance a permis de constater que les avant-postes prussiens occupent aujourd'hui Launay àVillemomble, la Maison-Blanche etNeuilly-sur-Marne, c'est-à-dire à quatre kilomètres dufort de Nogent.
Val-de-Marne : Dans la nuit du 19 au 20 octobre, à deux reprises, l'ennemi attaque un poste demoblots àCachan. Il a été repoussé et a initié une vive canonnade de nos forts, dont les obus ont fouillé les positions ennemies deChâtillon, jusqu'àBourg-la-Reine etl'Hay. La Faisanderie a continué de tirer avec succès sur plusieurs maisons servant de postes à l'ennemi. La batterie prussienne deThiais qui incommodait nos travailleurs en avant deVillejuif, a été détruite par l’artilleriefort de Charenton qui a également pilonné les positions ennemies en avant deChoisy-le-Roi. Une reconnaissance a occupéCréteil, pour protéger le transport des récoltes et denrées sur Paris. Une autre reconnaissance, chargée de protéger les travailleurs dans la plaine située entre le chemin de fer de Lyon et laSeine, a eu un engagement assez vif avec le poste ennemi qui occupe une maison de garde sur le chemin de fer, à 3 000 mètres environ en avant de la barricade deMaisons-Alfort, surla route de Lyon
Val-de-Marne : Dans la nuit du 20 au 21 octobre, l'ennemi à de nouveau attaqué à deux reprises un poste de mobiles àCachan et un autre à la maison Millaud. Comme la nuit précédente, ces attaques ont été repoussées et nos forts ont canonnés les positions ennemies del'Hay,Bourg-la-Reine etBagneux.
Hauts-de-Seine : Après une canonnade très vive de trois quarts d'heure, les troupes françaises dugénéral Ducrot se sont avancées repoussant les tirailleurs ennemis jusque dans l'épaulement qui borde les hauteurs de laJonchère. Dans ces positions, les obus de notre artillerie foudroyaient l'ennemi, le forçant à renouveler cinq fois les détachements qui les occupaient. Sur la rive gauche, entreIvry etIssy, legénéral Vinoy a fait, pendant ce temps, déployer ses troupes sur laroute stratégique. Son artillerie, celle des forts et les canonnières deBillancourt, ont couvert d'obus toutes les positions de l’ennemi.
Seine-et-Marne : Lesfrancs-tireurs et lesgardes nationaux, deSaint-Germain-Laval, d'Auxerre et deMontereau, venant de cette dernière ville, engagent un combat contre un détachement de 300 bavarois en poste àGrandpuits[110]. Un combat inégal s'engagea entre les miliciens Français armés de fusils à piston ou de chasse et les soldats de métiers armés de fusils modernes. Malgré la vaillance des Français, le feu vif et précis de l'ennemi joint à un renfort considérable qui ne tarda pas à arriver, mit en déroute les gardes nationaux. Plusieurs hommes furent tués de part et d'autre dans les fossés qui entouraient alors laferme de La Salle.
Seine-Saint-Denis : Vers 2 heures du matin, une patrouille de la grand'garde[24] dufort de Nogent a fait fuir un poste avancé ennemi, situé sur la route deNeuilly-sur-Marne, laissant entre nos mains 22 sacs de légumes. À 6 heures, alors que cette patrouille de la grand'garde se retirait, un peloton prussien s'est avancé pendant que l'ennemi, qui est sur la rive gauche de laMarne, tiraillait de son côté. Pris entre deux feux et malgré une excellente défense les hommes de la grand'garde ont été obligés de battre en retraite.
Paris : Leballon montéMontgolfier piloté par l'aérostatier Hervé Sené s'envole de lagare d'Orléans, avec à son bord le colonel de La Pierre et le commandant Joseph-Marie Le Bouédec[112], envoyés par l'État Major de Paris pour prendre le commandement des troupes en province. Il termine sa course àHeiligenberg dans leBas-Rhin, sous occupation ennemie, après avoir parcouru 503 kilomètres[113],[40]. Les Prussiens finirent par retrouver le ballon, mais les 2 passagers et l'aéronaute avaient disparu, sauvés par les habitants patriotes qui les firent passer à travers la montagne d'où ils regagnèrent laLorraine[114]. Le prix dubeurre frais passe à 60 francs lalivre[115].
Paris : Deuxballons montés partent de Paris : LeVauban, piloté par l'aérostier Guillaume, qui s'envole de lagare d'Orléans, avec à son bord le diplomate Frédéric Rethinger[118] et ducolombophile Édouard Cassiers[119]. Il termine sa course àVigneulles-lès-Hattonchâtel dans laMeuse[120], après avoir parcouru 248 kilomètres[121]. LaBretagne (ou leNormandie) piloté par l'aérostatier René Cuzon qui s'envole de l'usine à gaz de La Villette[53], avec à son bord messieurs Voerth, Hudin[122] et Manceau. Il termine la première partie de sa course, au milieu des troupes prussiennes, dans la région deFresnes-en-Woëvre-Hennemont dans laMeuse, ou messieurs Voerth, Hudin et Cruzon seront capturés après avoir parcouru 200 kilomètres[123]. Monsieur Manceau, resté seul dans l'aérostat, blessé, sera fait prisonnier le lendemain dans les environs deMetz[124],[40].
Seine-Saint-Denis : Profitant de l'inondation, volontaire, duCroult afin de tenir éloignées les troupes prussiennes, les francs-tireurs de la Presse sous les ordres du commandant Rolland, stationnées àLa Courneuve, lancent une attaque de nuit sur les avant-postes ennemis établisau Bourget. Appuyés par les grand'gardes[24] dufort d'Aubervilliers et dela Courneuve les troupes françaises abordent, sans tirer un coup de fusil, les postes prussiens qui fuirent en désordre abandonnant leurs sacs, casques, armes, nourriture… Continuant de pousser l'ennemi devant eux ils s'avancent dansle village repoussant l'ennemi jusqu'à l'église où il s'établit fortement. Legénéral de Bellemare, donne l'ordre aux francs-tireurs de la Presse, au14e bataillon de lamobile de la Seine et d'une partie du34e de marche sous les ordres du colonel Lavoignet s'emparer du village du Bourget et de s'y établir solidement. Appuyé par une section de 2 pièces de quatre, 2 pièces de douze et une mitrailleuse, et suivi d'une forte réserve, composée du16e bataillon de la mobile de la Seine et d'un demi bataillon du28e de marche, les troupes françaises emportent la totalité du village, rejette les troupes ennemies en arrière duruisseau de La Morée au Pont-Iblon et occupent, dans la foulée,Drancy. Vers midi, deux batteries ennemies en position au Pont-Iblon, et deux batteries de campagne positionnées sur la route de Dugny au Bourget, soit 30 canons environ, canonnent durant 5 heures le village incendiant plusieurs maisons. Pendant ce temps, les sapeurs du génie, crénellent les maisons et établissent des barricades. Tout au long de la journéedes forces considérables d'infanterie ennemie descendues deGonesse et d'Ecouen sont repoussées. Vers 7 heures du soir l'ennemi lance, contre une compagnie du14e mobile, une dernière attaque à labaïonnette qui est repoussée. Les prisonniers indiquent que face au Bourget les Prussiens disposent de 2 régiments de la garde et de 4 batteries d'artillerie. À la fin de la journée, le gros des troupes françaises restent sur place.
Seine-Saint-Denis : Les résultats du combat d'hier au soir ont été importants. Le terrain en avant de nos tirailleurs est couvert de cadavres prussiens. Le Bourget, village en pointe en avant de nos lignes, occupé par nos troupes, est canonné par l'ennemi pendant toute la journée qui n'envoie aucune attaque d'infanterie. Au soir le feu des batteries ennemies cesse, et elles se replient versGonesse. Les troupes françaises étant en très bonne position, elles tiennent et restent dans le village.
Paris : Les boucheries municipales n’ayant plus de viandes elles ne distribuent plus que dusuif.
Seine-Saint-Denis : Au lever du jour, des masses d'infanterie, évaluées à plus de 15 000 hommes, se présentent de front, appuyées par une nombreuse artillerie, pendant que d'autres colonnes, venant deDugny et duBlanc-Mesnil, contournent le villagedu Bourget. Les troupes françaises qui étaient postées dans la partie nord du Bourget, sont coupées du corps principal et encerclées, sont faites prisonnières. Le village deDrancy est évacué afin de ne pas subir le même sort.« Le village du Bourget ne faisant pas partie du système général de notre défense, son occupation était d'une importance très secondaire, et les bruits qui attribuent de la gravité aux incidents qui viennent d'être exposés sont sans aucun fondement. »[132]
Paris : L'envoi d'Adolphe Thiers àVersailles pour négocier avecBismarck alimente la rumeur selon laquelle le gouvernement français demanderait l'Armistice. L'exaspération des Parisiens est telle qu'unemanifestation populaire, orchestrée parCharles Delescluze a lieu contreTrochu et songouvernement. Les manifestants occupent pacifiquement l'Hôtel de Ville, siège du gouvernement et des discussions ont lieu. Trochu réussit à se maintenir et proclame :« Le gouverneur de Paris ne capitulera pas. » En fin de journée, la manifestation tourne à l'émeute et les membres du gouvernement se retrouvent prisonniers des partisans dela Commune, mais ils seront délivrés par le106e bataillon de la garde nationale.
Yvelines : DesMoblots de l'Eure et de l'Ardèche accompagnés de francs-tireurs deMantes, lancent une reconnaissance dans laforêt de Rosny,Les Guinets,La Villeneuve-en-Chevrie et lancent une pointe surMantes. Les paysans ayant averti les prussiens de cette attaque, ceux-ci se retirent sur les hauteurs deMagnanville et sur la rive droite de laSeine, incendiantLimetz et menaçant de tirer au canon sur la capitale duMantois.
Paris : Deuxballons montés, leVille de Châteaudun et unBallon non dénommé No 3 ouPiper No 2 s'envolent de lagare du Nord et l'usine à gaz de La Villette[53]. Le premier termine sa course àRéclainville enEure-et-Loir après avoir parcouru 106 kilomètres[136]. Le second sera capturé par les prussiens versBrie-Comte-Robert après avoir parcouru 36 kilomètres[137],[40] Le sergentIgnace Hoff, du107e régiment d’infanterie, s'est de nouveau distingué par un acte de la plus grande vigueur. Accompagné d'ungarde mobile, il s'est approché à vingt pas d'une sentinelle prussienne, l'a tuée, et a tué également un soldat ennemi accouru au secours de son camarade. Lesergent Hoff qui a déjà tué environ trente Prussiens, a reçu la croix de laLégion d'honneur, des mains du général d'Exéa en raison de ses nombreux actes de courage[138],[117]. Le général Trochu créé 3 armées pour la défense de Paris.
Ruptures des négociations concernant l'armistice[139]. « Les quatre grandes puissances neutres, l'Angleterre laRussie, l'Autriche et l'Italie, avaient pris l'initiative d'une proposition d'armistice à l'effet de faire élire uneassemblée nationale. Legouvernement de la Défense nationale avait posé ses conditions, qui étaient : le ravitaillement de Paris et le vote pour l'assemblée nationale par toutes les populations françaises. LaPrusse a expressément repoussé la condition du ravitaillement ; elle n'a d'ailleurs admis qu'avec des réserves le vote de l'Alsace et de laLorraine. Le gouvernement de la Défense nationale a décidé à l'unanimité, que l'armistice ainsi compris devait être repoussé. »
Seine-Saint-Denis : Des renseignements font connaître, que le feu concentré desforts de l'Est,d'Aubervilliers,de Romainville etde Noisy avait causé à l'ennemi, en un seul jour, dans le villagedu Bourget, une perte de 36 officiers, dont 2 colonels, et de 400 hommes. Ordre a été donné de concentrer de nouveau les feux sur ce point.
L'ensemble des forts a continué, sur toute la ligne de défense, à canonner les travaux et les positions de l'ennemi. Le tir reprend la nuit, par intervalles, de façon à causer des alertes fréquentes aux postes prussiens et à les tenir constamment en haleine.
Val-de-Marne : Laredoute du Moulin Saquet tire sur les travaux de l'ennemi dans la direction deChoisy-le-Roi. Dans la soirée, l'ennemi, déployé en tirailleurs, a fait feu sur latranchée entreVillejuif et le chemin de l'Hay. Quelques obus et un coup de mitraille l'ont forcé à la retraite.
Paris : Un boucher duboulevard Rochechouart se met à vendre deschiens et deschats, desrats et des brochettes demoineaux. Rapidement s’ouvrit,place de l’Hôtel-de-Ville, un marché aux rats. Les rats étaient présentés dans de grandes cages, le client en choisissait un, qui était étranglé par undogue puis le client emportait son rat mort et emballé.
Val-de-Marne : L'ennemi a abattu une partie du mur du cimetière deChoisy-le-Roi et a démasqué une batterie.
Le feu de l'ensemble des forts a continué, sur toute la ligne de défense pendant le jour et pendant la nuit.
Val-de-Marne : Laredoute de Gravelle a tiré sur les ouvrages deMontmesly avec succès. Les troupes françaises ont définitivement occupéCréteil, qu'elles ont immédiatement mis en état de défense.
Val-de-Marne : Le capitaine Lavigne, à la tête des tirailleurs parisiens, a lancé une reconnaissance surChampigny et a refoulé les postes prussiens, anéanti leurs approvisionnements et fait subir à l'ennemi des pertes réelles.
Val-de-Marne : L'ennemi a tenté de reprendre pied dansChampigny. Il a été débusqué par le feu des mitrailleuses et s’est réfugié dans les tranchées, au milieu desquelles des obus dufort de Nogent sont venus tomber et l'ont obligé à battre en retraite. Les canonsde la Faisanderie ont dispersé un détachement d'une cinquantaine de Prussiens réunis derrière la barricade de Champigny. Un obus tiré sur la maison Cazenave, au-dessous et à droite deChennevières, utilisée comme pension par les officiers prussiens, est allé tomber au milieu de la cour entre deux ailes du bâtiment au moment où un certain nombre de ces officiers s’y trouvaient réunis. Les observateurs y ont observé un grand désordre puis un grand mouvement de va-et-vient dans les cours, ce qui laisse à penser qu'il y a eu plusieurs morts et blessés parmi les prussiens. Lefort de Charenton a canonné les positions prussiennes deChoisy
« Malgré les ordres les plus formellement exprimés par la voie desjournaux et par celle de l'affichage, pour que les avant-postes ne soient dans aucun cas dépassés, des habitants de Paris sortent de la ville, se répandant par masses de tous les côtés à la fois dans la campagne. Ils s'avancent ainsi jusqu'à la portée la plus rapprochée des lignes prussiennes, encouragés par l'attitude de l'ennemi, qui les avait rarement inquiétés. Celui-ci, au mépris de tout sentiment d'humanité, tire maintenant d'une manière continue sur des hommes sans armes, même sur des femmes et des enfants. Il y a eu des morts et des blessés. Legouverneur de Paris, profondément ému d'une situation à laquelle les avant-postes sont impuissants à remédier, en raison de l'étendue de nos lignes extérieures, porte ces faits à la connaissance de tous les habitants et les adjure, de ne plus enfreindre des ordres dont l'inexécution a de si douloureuses conséquences. »
Paris : Leballon montéGénéral-Uhrich s'envole de nuit de lagare du Nord et termine sa course, au petit matin àLuzarches sous occupation prussienne, après avoir parcouru 36 kilomètres en8 h 45 de vol[147],[148],[40]. C'est le premier vol de nuit. La chasse auxrats estune bonne affaire. Ils se vendent 2 francs pièce[20].
Seine-Saint-Denis : Les nouvelles informations ont confirmé les premiers renseignements qui ont été portés à la connaissance du public. Elles ont fait connaître, en outre, un nouvel exemple des inconvénients qu’amènent devant nos lignes de semblables désordres exploités par l'ennemi. En effet, ce matin à huit heures des Prussiens, vêtus de blouses et de pantalons de toile dissimulant leurs armes et favorisés par la foule desmaraudeurs qui couvraient la plaine deBondy, se sont glissés le long de la berge ducanal de l'Ourcq, ont tiré presque à bout portant sur une sentinelle avancée du1er régiment d'éclaireurs, à nos premiers retranchements. Des combats d'avant postes ont eu lieu àVilletaneuse.
Seine-Saint-Denis : Le feu de l'artillerie française a été très vif pendant une partie de la nuit contre les positions prussiennesdu Bourget. Legouverneur de Paris, ému des tristes événements qui se sont passés dans les journées des18 et19 novembre dans la plaine deBondy, a demandé des rapports circonstanciés aux commandants des avant-postes les plus rapprochés de l'ennemi.
Val-de-Marne -Hauts-de-Seine : Pendant la nuit, une vive fusillade a eu lieu sur le front de nos lignes du sud. Elle a été appuyée par le canon des forts.
La pluie a arrêté sur tous les points les travaux de l'ennemi. Les forts ont tiré avec la plus grande modération.
Paris : Réquisition est faite de toutes les pommes de terre existant à Paris et dans la banlieue. Les détenteurs de pommes de terre à Paris et dans les communes situées en deçà de la ligne d'investissement, sont tenus de déclarer les quantités qu'ils possèdent en dehors des provisions de ménage.
Val-de-Marne : Plusieurs combats d'avant-postes ont eu lieu sur laMarne qui se sont tous terminés à notre avantage. Des mouvements de troupes ont attiré l'attention de l'ennemi. Deux bataillons degarde nationale mobilisée, commandés par leschefs de bataillon Queveauvilliers et de Brancion, sont sur le point de partir pour prendre les positions avancées.
Paris : Les moulins qui fonctionnent pour le compte de l'État doivent vendre leson au prix maximum de 30 francs les 100 kilogrammes. Interdiction est faite auxjournaux de publier les mouvements des troupes, les travaux de fortification et les mesures militaires prises par la défense. Leballon montéÉgalités'envole de l'usine à gaz deVaugirard et termine sa course àLouvain enBelgique, après avoir parcouru 225 kilomètres[151],[40].
Royaume de Prusse : Des espions prussiens font parvenir des messages indiquant qu'une sortie va être effectuée. Les assiégeants commencent à prendre ses dispositions[18].
Hauts-de-Seine : Au lever du jour, une forte reconnaissance est faite sur les positions prussiennes deBuzenval et sur les hauteurs deBoispréau. Les opérations projetées dans lapresqu'ile deGennevilliers[30] commencent à six heures du soir par le tir, de nombreuses batterie de mortiers, de fusées et d'artillerie, établies à proximité desponts d'Argenteuil etde Bezons qui jettent le trouble dans les positions, que l'ennemi occupe fortement. Les tirs allument un incendie qui se développe sur plusieurs points. Les troupes françaises sont logées dans l'île Marante àColombes et auPont des Anglais, où elles établissent des retranchements. Pendant une partie de la soirée, puis à minuit, il y a un violent échange de feu de mousqueterie.
Les proclamations suivantes sont adressées à la population et à l'armée de Paris.
« Citoyens de Paris, Soldats de la garde nationale et de l'armée, La politique d'envahissement et de conquête entend achever son œuvre. Elle introduit en Europe et prétend fonder en France le droit de la force. L'Europe peut subir cet outrage, mais la France veut combattre, et nos frères nous appellent au dehors pour la lutte suprême. Après tant de sang versé, le sang va couler de nouveau. Que la responsabilité en retombe sur ceux dont la détestable ambition foule aux pieds les lois de la civilisation moderne et de la justice. Mettant notre confiance en Dieu, marchons en avant pour la patrie. »
Seine-Saint-Denis : Les mouvements exécutés depuis deux jours avaient garni de forces importantes, la plaine d'Aubervilliers et réuni les trois corps de la2e armée aux ordres dugénéral Ducrot sur les bords de laMarne. Leplateau d'Avron[156] est occupé dès lepoint du jour par les marins de l'amiral Saisset, soutenus par la division d'Hugues. Une artillerie de pièces à longue portée est installé sur ce plateau, afin de menacer les positions de l'ennemi et les routes suivies par ses convois àGagny,Chelles etGournay.
Val-de-Marne : Pour redonner espoir aux habitants de la capitale, le généralLouis Trochu,gouverneur de Paris, décide d'organiser une sortie générale afin d'effectuer une percée des lignes allemandes. C'est ainsi qu'aupoint du jour, sous les ordres dugénéral Vinoy, deux attaques sont lancées, appuyées par une artillerie considérable. Lapremière, sur la gare aux Bœufs àChoisy-le-Roi[157],[158] confiée aucontre-amiralPothuau, vigoureusement menée, qui a parfaitement réussi. La position a été enlevée, avant le jour, par des compagnies des106e et116e bataillons de lagarde nationale et desfusiliers marins. L'ennemi surpris s'est retiré en désordre, laissant quelques prisonniers, dont un officier. La seconde sous les ordres dugénéral Valentin, commandant une brigade de la division deMaud'huy, aattaqué le village de l'Haÿ avec les109e et110e de ligne et les2e et4ebataillons de la garde nationale mobile du Finistère. Les troupes françaises ont pénétré dans les premières lignes qu'elles ont vaillamment conquises. Au moment où nos troupes se retiraient et où les réserves prussiennes arrivaient dans levillage en quantité considérable, qu'un tir formidable d'artillerie, partantdes Hautes-Bruyères et des batteries environnantes, a couvert et écrasé de feuxl'Haÿ ainsi que les colonnes qui cherchaient à l'aborder. Au même moment, les canonnières ducapitaine de vaisseau Thomasset, en amont duPort-à-l'Anglais, des pièces de gros calibres, montées sur wagons blindés, en station sur la voie du chemin de fer, les batteries environnantVitry cellesdu Moulin-Saquet, et enfin une partie de l'artillerie dufort de Charenton, dirigeaient leurs feux, avec la plus grande intensité, sur le terrain occupé par l'ennemi et lui ont fait éprouver les plus grandes pertes. Le chiffre de nos blessés s'éleve à environ 500 hommes parmi lesquels on signale lelieutenant-colonel Mimerel, du110e de ligne atteint grièvement et lechef de bataillon de Réals, commandant du4e bataillon du Finistère également blessé. Lechef de bataillon Cristiani de Ravaran, du110e a été tué. À l'aube, les troupes de la3e armée, aux ordres dugénéral Vinoy, opèrent une sortie de diversion surThiais,l'Haÿ, la Gare-aux-Bœufs[159] etChoisy-le-Roi, et le feu des forts est dirigé sur ces divers points signalés comme servant au rassemblement des troupes de l'ennemi. Toutefois, à 8h35 une dépêche télégraphique dugouverneur de Paris, arrive au général Schmitz qui indique :« PrévenezVinoy,La Roncière,Beaufort etLiniers que lagrande opération est ajournée par suite de la crue de laMarne et rupture du barrage. La suite de leur opération doit se mesurer sur cet incident. Ils seront juges ». À 9h40 une seconde dépêche télégraphique indique :« Opération transformée. Par suite de l'impossibilité de faire parvenir des instructions coordonnées à la masse des troupes réunies sur laMarne, nous restons dans nos positions prêts à agir du côté d'Avron où la présence d'une nombreuse artillerie peut nous engager ». Avec l'ajournement de lagrande opération, l'ennemi eut ainsi le temps de prendre ses dispositions pour sa défense et d'appeler en grand nombre des renforts sur les points menacés.
Val-de-Marne : Dans la nuit du 29 au 30 novembre, le vent tourne brusquement ; à une brise tiède et molle succéde un froid vif et pénétrant. C'est dans ces conditions que l'armée dugénéral Ducrot passe laMarne au petit matin, sur des ponts de bateaux, dont l'établissement avait été retardé, la veille, par une crue subite et imprévue de la rivière. Cettegrande opération s'engage sur un vaste périmètre soutenue par les forts et les batteries de position qui, depuis hier, écrasent l'ennemi de leur feu. Lelieutenant-colonel Adrien Prévault[66] du42e de ligne est tué lors des combats, particulièrement violents sur le plateau deCœuilly[161]. À la fin de la journée, le rapport dugouverneur de Paris au gouvernement indique : « La droite a gardé les positions qu'elle avait brillamment conquises. La gauche, après avoir un peu fléchi, a tenu ferme et l'ennemi, dont les pertes sont considérables et qui nous a laissé 2 canons, a été obligé de se replier en arrière des crêtes. La situation est bonne grâce au soutien de l'artillerie, aux ordres du généralCharles Frébault qui a magnifiquement combattu.Je passe la nuit sur le lieu de l'action qui continuera demain. »
Vers 6 heures du soir, il était télégraphié la dépêche officielle suivante :
« Grande victoire sous Paris! Sortie dugénéral Ducrot, qui occupe laMarne. »
Cette triomphante nouvelle de Paris débloqué, Dieu sait avec quelle joie immense la province l'accueillit! « Le général Ducrot occupe la Marne » disait-on; il a donc pu faire unesortie victorieuse versVincennes et le chemin deLyon. Les Prussiens, battus, ont donc abandonné le terrain; la capitale, débloquée sur ce point, est donc enfin en communication avec le reste de la France! Hélas, bientôt la vérité fut connue : le général Ducrot avait manqué sa sortie. Son grand mouvement stratégique n'avait été qu'un grand mouvement oratoire, et Paris avait vu rentrer bien portant celui qui promettait de revenir ou mort ou victorieux.
Paris : Un appel est lancé aux habitants afin d'obtenir des lits en faveur des blessés. 15 000 lits sont mis, par les habitants de Paris, à la disposition de l'autorité militaire dans les 48 heures.
Val-de-Marne : Il n'y a eu le matin, aucun incident remarquable sur les positions françaises. Dès lepoint du jour, les Prussiens ont commencé une série d'attaques d'avant-postes précédées d'une courte canonnade, puis le calme est revenu sur les positions de laMarne. L'artillerie française située sur leplateau d'Avron a continué son feu pour inquiéter les convois incessants de l'ennemi dans la direction deChelles. Les Prussiens ont eu hier des pertes considérables, en effet nos vigies ont signalés de nombreux convois de blessés quittant dès midi le champ de bataille. D'après des renseignements émanant des prisonniers, des régiments entiers auraient été écrasés. La journée du 3 décembre fut consacrée à améliorer la situation des troupes françaises par ce temps, déjà rigoureux, qu'elles supportent avec un grand courage. L'armée dugénéral Ducrot bivouaque cette nuit, dans lebois de Vincennes ; elle a repassé laMarne dans la journée, et elle a été concentrée sur ce point pour donner suite à ses opérations. Environ 400 prisonniers prussiens, dont un groupe d'officiers, ont été amenés dansParis.
Le 4 décembre, à minuit, le thermomètre centigrade de l'ingénieur Ducray-Chevalier, marquait, auPont-Neuf, 6 degrés 3 dixièmes au-dessous de zéro.
Paris : Lequotidien Les Nouvelles publie un menu de circonstance, utilisant toutes les ressources alimentaires dont les Parisiens peuvent encore disposer:
« Soldats ! Après deux journées de glorieux combats, je vous ai fait repasser laMarne, parce que j'étais convaincu que de nouveaux efforts, dans une direction où l'ennemi avait eu le temps de concentrer ses forces et de préparer tous ses moyens d'action, seraient stériles. En nous obstinant dans cette voie, je sacrifiais inutilement des milliers de braves, et, loin de servir l’œuvre de la délivrance, je la compromettais sérieusement, et je pouvais même vous conduire à un désastre irréparable. Mais, vous l'avez compris, la lutte n'est suspendue que pour un instant ; nous allons la reprendre avec résolution : soyez donc prêts, complétez en toute hâte vos munitions, vos vivres, et surtout élevez vos cœurs à la hauteur des sacrifices qu'exige la sainte cause pour laquelle nous ne devons pas hésiter à donner notre vie. »
Le 5 décembre, à six heures du matin, le thermomètre marquait, 6 degrés 8 dixièmes au-dessous de zéro et à midi, 2 degrés 9 dixièmes au-dessous de zéro.
Val-de-Marne : Le nombre des prisonniers ennemis arrivés du champ de bataille est, à 11 heures du matin, de huit cents. Le commandant Poulizac, à la tête des éclaireurs de la Seine, rentre d'une reconnaissance poussée versAulnay avec succès où 7 Prussiens ont été mis hors de combat. Ses troupes ont enlevé trois postes du chemin de fer de Soissons et ramènent 30 sacs, 40 casques, 2 fusils, des marmites, des couvertures, etc.
« Legouvernement de la Défense nationale porte à la connaissance de la population les faits suivants : Hier au soir legouverneur a reçu une lettre dont voici le texte : « Versailles, ce. « Il pourrait être utile d'informerVotre Excellence que l'armée de la Loire a été défaite hierprès d'Orléans et quecette ville est réoccupée par les troupes allemandes. Si toutefois Votre Excellence jugera à propos de s'en convaincre par un de ses officiers, je ne manquerai pas de le munir d'un sauf-conduit pour aller et venir. Agréez, mon général, l'expression de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur. »
« Le gouverneur a répondu « Votre Excellence a pensé qu'il pourrait être utile de m'informer que l'armée de la Loire a été défaiteprès d'Orléans et quecette ville est réoccupée par les troupes allemandes. « J'ai l'honneur de vous accuser réception de cette communication, que je ne crois pas devoir faire vérifier par les moyens que Votre Excellence m'indique. « Agréez, mon général, l'expression de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur. »
« Cette nouvelle qui nous vient par l'ennemi, en la supposant exacte, ne nous ôte pas le droit de compter sur le grand mouvement de la France accourant à notre secours. Elle ne change rien ni à nos résolutions ni à nos devoirs. Un seul mot les résume : Combattre ! Vive la France ! Vive la République ! »
Val-de-Marne : Le général chef d'état-major général Isidore-Pierre Schmitz indique les pertes dans les divers journées de labataille de Champigny : 1 008 tués (72 officiers et 936 hommes de troupe) et 5 022 blessés (342 officiers et4 680 hommes de troupe). Il indique également que les pertes de l'ennemi ont été des plus considérables, étant en rapport avec les efforts qu'il a fait pour enlever les positions françaises. Écrasé par l'artillerie des forts qui canonnait sur tous les points où il se présentait, des officiers prisonniers ont en outre déclaré que plusieurs régiments avaient été détruits par le feu d'infanterie en avant deChampigny. Le commandant des éclaireurs à cheval de la Seine, Léon Franchetti, frappé par un éclat d'obus à la cuisse durant cette bataille meurt de ses blessures.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
« Aux habitants de Paris. Hier, des bruits inquiétants répandus dans la population ont fait affluer les consommateurs dans certaines boulangeries. On craignait le rationnement du pain. Cette crainte était absolument dénuée de fondement. La consommation du pain ne sera pas rationnée. Le Gouvernement a le devoir de veiller à la subsistance de la population ; c'est un devoir qu'il remplit avec la plus grande vigilance. Nous sommes encore fort éloignés du terme où les approvisionnements deviendraient insuffisants. La plupart des sièges ont été troublés par des paniques. La population de Paris est trop intelligente pour que ce fléau ne nous soit pas épargné. Paris, le 12 décembre 1870. »
Val-de-Marne : Vers 1 heure du matin, les prussiens cherchant tentent d'occuper leplateau d'Avron par surprise en avançant à travers laforêt de Bondy avant de prendre position dans le village deVillemomble et d'attaquer les positions Françaises. Après un combat acharné et une fusillade nourrie, les prussiens sont contraints de se replier.
Hauts-de-Seine : On fait des expériences de tir auMont-Valérien, avec la « Valérie » l'énorme pièce de marine de calibre 24 et d'un poids de 16 tonnes, capable de tirer des boulets de 100 k. On affirme qu'elle portera jusque sur laterrasse de Saint-Germain[177],[178]
Le canon « La Valérie », situé dans lefort du Mont-Valérien qui tira sur plusieurs positions prussiennes.
Paris : LeballonDavy, qui s'envole de lagare d'Orléans, termine sa course àFussey, enCôte-d'Or, après avoir parcouru 331 kilomètres[183],[40]. Circulaire deJean-Baptiste de Chaudordy dénonçant lesabominations commises par les Prussiens dans la guerre actuelle. Legénéral Trochu, fait placarder une proclamation annonçant une prochaine sortie des troupes françaises, prévenant ainsi l'ennemi qui organise tranquillement sa défense.
Paris : LeballonGénéral-Chanzy, qui s'envole de lagare du Nord, termine sa course à Auspach, enBavière, où il est capturé avec ses occupants, par les Prussiens, après avoir parcouru 760 kilomètres[185],[40]. Le soir, legouverneur part pour se mettre à la tête de l'armée, des opérations de guerre importantes devant commencer demain au point du jour. Des mouvements de troupes sont donc exécutés portant à plus de 100bataillons degarde nationale mobilisée en dehors deParis. La garde nationale mobilisée s'établit sur les positions qui s'étendent des bords de laMarne, en avant duplateau d'Avron, jusqu'àSaint-Denis. Cette concentration, bien que partiellement opérée par lechemin de fer de ceinture, avait été fatigante pour les troupes.
Hauts-de-Seine : Du côté du Mont Valérien, vers 7 heures du matin, le général Noël a lancé une forte attaque à gauche surMontretout, au centre surBuzenval et Longboyau, en même temps que sur sa droite le chef de bataillon Faure, commandant du génie du Mont Valérien, s'emparait de l'île du Chiard. Au moment où cet officier y pénétrait à la tête d'une compagnie de francs-tireurs de Paris, il fut blessé très grièvement et le capitaine Haas, qui commandait cette compagnie, fut tué net. Parmi les troupes figurent les8e et18e régiments de la garde nationale mobilisée de Paris.
Seine-Saint-Denis : Dès le matin, par une température de -14°, les troupes de l'amiral de La Roncière ont attaquéle Bourget. Elles étaient composées demarins, des134e et138e régiment d'infanterie de ligne et degardes mobiles de la Seine. La première colonne, composée du bataillon des marins et du138e de ligne sous les ordres du capitaine de frégate Eugène Lamothe Tenet a enlevé la partie nord du village. Une seconde colonne, sous les ordres du général Lavoignet, qui attaquait dans la partie sud du village, était arrêtée par de fortes barricades et des murs crénelés qui l'empêchaient de dépasser les premières maisons dont on s'était emparé malgré des efforts acharnés. Après s'être maintenu 3 heures dans le nord du Bourget, jusqu'au-delà de l'église, luttant pour conquérir les maisons une à une, sous les feux tirés des caves et des fenêtres et sous une grêle de projectiles qui dura jusqu'à la fin du jour, les troupes ont dû se retirer. Legénéral Ducrot fait alors avancer une partie de son artillerie, qui engage une action très violente contre les batteries de Pont Iblon et duBlanc-Mesnil. Il occupe ce soir laMaison Blanche,Bondy, laferme de Groslay[note 7] etDrancy. À la nuit, les troupes stationnées au Bourget effectuent leur retraite avec calme après avoir ramené une centaine de prisonniers qui sont dirigés sur Paris. Ces troupes furent repliées en arrière dans les tranchées qui formaient les points d'appui du champ de bataille préparé. Toutefois, les unes et les autres, à peu d'exceptions près, étaient sans abri, et cette première nuit de bivouac, par une gelée intense, éprouva très péniblement les soldats, il y eut quelques cas de congélation. Simultanément une diversion importante était effectuée par les10e,12e,13e et14e bataillons desgardes mobiles de la Seine et une partie du62e bataillon de la garde nationale de Saint Denis, sous le commandement du colonel Dautremon. Dans le même temps, le68e bataillon de la garde nationale de Saint-Denis attaquaitÉpinay, tandis que les deux batteries flottantes numéros 3 et 4 canonnaient levillage ainsi qu'Orgemont et le Cygne d'Enghien[note 8], qui ripostaient vigoureusement. L'artillerie dela Double-Couronne appuya utilement, par son feu à longue portée, les opérations de l'armée.
Lechâteau de Stains, après les batailles dusiège de Paris durant laguerre franco-prussienne de 1870. La légende du document original indique « En vain, lequartier général (prussien)essaya-t-il de s'installer au château de Stains, dans cette belle résidence de la famille de Vatry qu'on voit trouée et démolie en partie : force fut aux Prussiens, devant les obus de nosforts, de le transférer àEnghien. Le seulement, l'ennemi réussit à implanter une batterie à labutte-Pinson, sur le flanc de la colline voisine de Stains. C'est de là que commença le bombardement deSaint-Denis. Jusque-là, l'artillerie dugénéral de Bellemare avait pu paralyser le feu de l'ennemi ».
Val-de-Marne-Seine-Saint-Denis : L'ennemi ayant fait sur ses positions des concentrations considérables qui semblaient indiquer des intentions offensives et pouvant offrir un engagement général, le commandement français fit venir des troupes, à marche forcée, pour reprendre leurs postes de combat, malgré l'intensité du froid qui ne fit que s'accroitre. À dater de ce moment, la santé des soldats fut sérieusement, atteinte. Les cas de congélation, contre lesquels l'activité des travaux entrepris ne put rien, se multiplièrent dans une proportion menaçante. Les travaux eux-mêmes furent ralentis par suite de la dureté du sol, et dès le 24 ils devenaient impossibles.
Seine-Saint-Denis : La vigilance constatait sur le haut de labutte Pinson des signaux lumineux auxquels il était immédiatement répondu, par des feux analogues, d'une maison de larue de Paris, àSaint-Denis. Cet échange de signaux fut surpris par lui à différentes dates. Il prévint que, chaque fois qu'une sortie des troupes françaises devait s'effectuer le soir, des feux de signaux partait de Saint-Denis.
Membres de lagarde mobile entassés dans une tranchée peu profonde pendant la guerre franco-prussienne de 1870-71.Peinture d'Alphonse de Neuville.
Le 24 décembre, à minuit, le thermomètre centigrade de l'ingénieur Ducray-Chevalier[188], auPont-Neuf, marquait 9 degrés 5 dixièmes au-dessous de zéro puis à six heures du matin, le thermomètre indiquait 9 degrés 1 dixième au-dessous de zéro et à midi, 6 degrés 0 dixièmes au-dessous de zéro. Lebaromètre indiquait 758 mm 2, sans correction.
Paris : Leballon montéRouget-de-L'Isle s'envole de lagare d'Orléans et termine sa course àLa Ferté-Macé, dans l'Orne, après avoir parcouru 240 kilomètres[189],[40]. À minuit, auPont Neuf, le thermomètre marquait 9 degrés 5 dixièmes au-dessous de zéro. À midi, il indiquait 8 degrés 7 dixièmes au-dessous de zéro. La Seine est très haute et charrie de nombreux glaçons.
Val-de-Marne : Les troupes ont continué les travaux de terrassement en voie d'exécution et ont eu beaucoup à souffrir pendant la nuit dernière des rigueurs de la température qui descend à 11 degrés au-dessous de zéro sur leplateau d'Avron.
Seine-Saint-Denis : Deux bataillons mobilisés de la garde nationale ont fait une reconnaissance surle Raincy et ont eu quelques hommes blessés après avoir échangé un bon nombre de coups de fusil avec l'ennemi. L'artillerie des forts ainsi que celles deBondy et duplateau d'Avron ont tiré fréquemment sur les travaux des Prussiens, qui déploient de leur côté une grande activité. Malgré une remontée des températures, la terre est toujours rebelle au maniement de la pioche, néanmoins les abris se consolident.
Le 25 décembre, à six heures du matin, le thermomètre indiquait 12 degrés au-dessous de zéro et à midi, 8 degrés 7 dixièmes au-dessous de zéro. Lebaromètre indiquait 754 mm 7, sans correction.
Paris : Le froid est atroce. Il devient impossible de se chauffer car le bois est rare et vert[190].
Val-de-Marne : Sur l'ordre dugénéral Vinoy, 3bataillons de lagarde nationale, conduits par le colonel Valette, ont été chargés, le matin, d'occuper le parc de la Maison-Blanche[103] àNeuilly-sur-Marne pour renverser, totalement, le mur crénelé qui le ferme au sud-ouest. Les tirailleurs ont débusqué le poste ennemi du 106e régiment d'infanterie de ligne du6e saxon[191] qui occupaient le parc et la tranchée du chemin de fer. Lors de cet engagement, les Français font six prisonniers et perdent un tué et huit blessés dont un officier. Après avoir chassé l'ennemi, ils ont travaillé à abattre le mur, en laissant des postes de surveillances afin de se prévenir contre un retour offensif de l'ennemi. Le général d'Hugues, pour éviter des imprudences, s'est porté lui-même auprès des troupes de soutien. L'artillerie duplateau d'Avron a tiré, seule, pour appuyer l'opération.
Val-de-Marne : Au petit jour, l'ennemi a fait sauter la Gare aux Bœufs deChoisy.
Seine-Saint-Denis : L’ennemi a démasqué, ce matin des batteries de siège à longue portée et a effectué un feu très vif contre lesforts de l’Est, deNoisy et deNogent, et contre la partie nord duplateau d’Avron, qui ont répondu énergiquement. Cette canonnade pouvant être le prélude d’un bombardement général de nos forts, puis d'une attaque générale, toutes les dispositions sont prises dans le but de repousser ses attaques et de protéger les défenseurs. Dans la journée, les observateurs indiquent que l'ennemi a établi 3 batteries de gros calibre au-dessus de la redoute de l'Ermitage,au Raincy, 3 batteries àGagny, 3 batteries àNoisy-le-Grand et 3 batteries au pont deGournay. Ce combat d'artillerie qui a duré jusqu'à cinq heures, a couté environ 8 tués et 50 blessés dont 4 officiers de marine aux troupes françaises. Les pertes ennemies sont inconnues mais elles sont supposées sérieuses sur les points les plus à portée du plateau. Les dépêches allemandes indiquent que 17 officiers Français auraient été tués ou blessés lors de cette affaire. « En résumé, cette première journée de bombardement partiel contre nos avancées et nos forts, avec des moyens dont la puissance est considérable, n'a pas répondu à l'attente de l'ennemi. »
Seine-Saint-Denis : L'ennemi a continué le bombardement qu'il avait entrepris hier contre lespositions d'Avron. Le matin les tirs qui étaient modérés sont devenus très vifs dans l'après-midi et la soirée. De nouvelles batteries ont appuyé celles qui avaient été précédemment établies par l'ennemi. Nos pièces, moins puissantes que les canonsKrupp, a dû renoncer à faire feu. Leplateau est devenu tout à fait intenable pour l'infanterie[194]. Legouverneur a fait soustraire l'artillerie et les troupes à une situation que l'intensité croissante du feu de l'ennemi ne pouvait qu'aggraver en ordonnant la rentrée des pièces en arrière des forts. Cette opération difficile et laborieuse s'est effectuée pendant la nuit et dans la matinée du 29. Nos batteries deBondy fouillent les bois avec précision et inquiètent l'ennemi.
Seine-Saint-Denis : Le bombardement a redoublé d'intensité. Ses effets sur leplateau d'Avron, qui n'a cessé d'être canonné, ont démontré l'opportunité de l'évacuation qui a été opérée la nuit dernière. Les 74 pièces d'artillerie qui ont été retirées à peu près intactes, auraient été complètement désorganisées par le feu violent de la journée. Les tirs ont été plus particulièrement dirigé contre lesforts de Rosny,Nogent etNoisy, qui ont fait bonne contenance sous une pluie d'obus d'une dimension extraordinaire, lancés à grande distance. Des dispositions sont prises pour que cette artillerie soit contre-battue par les plus gros canons dont dispose la défense. Il y a eu aufort de Nogent 14 blessés, aufort de Rosny 3 tués et 9 blessés et aufort de Noisy seulement quelques contusionnés. L'ennemi a ouvert le feu surBondy, où nous avons eu 2 hommes tués et 6 blessés. Dans la soirée, les tirs de l'ennemi sont passés par-dessus leplateau d'Avron, atteignant laroute stratégique et, par moments, les villages environnants[197].
Paris : Fin décembre, lebeurre atteint 30 francs le kilo et la livre dechien vaut 4 francs. Unchat se vend 20 francs, uncorbeau 5 francs, unrat 3 francs, unmoineau 1,25 franc[20]. Les artisans et les ouvriers qui étaient égalementgardes nationaux, ne travaillant plus, ne disposaient que de leur solde soit 1,50 franc par jour, plus 0,75 à la femme légitime[20].
Val-de-Marne : Le feu de l'ennemi a recommencé et lefort de Nogent, sur lequel se sont portés principalement ses efforts, a été bombardé de 8 heures du matin à4 h 30 du soir ou il n'est à déplorer que 3 blessés.
Seine-Saint-Denis : Le feu de l'ennemi a recommencé le matin et il a été vif pendant une partie de la journée. Il n'y a eu que deux blessés aufort de Rosny. Sur leplateau d'Avron, les Allemands prennent une grande quantité de munitions d'artillerie et deux pièces de 24 enclouées. Ils envoient ensuite deux compagnies jusqu'au village deRosny.
Seine-Saint-Denis : l'ennemi a augmenté ses batteries de gros calibre et rapproché plusieurs d'entre elles des points d'attaque. Ses projectiles sont arrivés en assez grand nombre à laferme de Groslay[note 7], àDrancy,Bobigny,Bondy, et quelques-uns même sont parvenus jusqu'à la Folie[note 9] etNoisy-le-Sec. Il a continué en même temps le bombardement sur lesforts de Rosny et deNoisy, ou il n'y a eu que quelques dégâts matériels et un très petit nombre de blessés. À11 h du soir, une assez forte reconnaissance prussienne s’est approchée deBondy. Nos soldats ont laissé venir l'ennemi à bonne portée et l’ont reçu par une vive fusillade qui l'a fait rentrer dans ses lignes après avoir essuyé des pertes.
Val-de-Marne : le feu de l'ennemi a continué sur lefort de Nogent, ou il n'y a eu que quelques dégàts matériels et un très petit nombre de blessés.
Seine-Saint-Denis : L'ennemi a tiré pendant une grande partie de la nuit. Le bombardement deBondy a redoublé d'intensité pendant la nuit et celui dufort de Rosny a été régulier, sans accident ni incident. Ce matin, l'attaque est plus vive, les coups se succèdent presque sans interruption.
Hauts-de-Seine : Deux ou trois explosions se sont fait entendre sur le plateau de Chatillon. La Tour des Anglais a sauté. Une forte patrouille française a pénétré cette nuit dansRueil et s'est retirée d'Issy sans avoir essuyé le feu des postes avancés prussiens.
Seine-Saint-Denis : Le bombardement desforts de Nogent,Rosny etNoisy, et des villages environnants a continué ce matin sans causer jusqu'à présent de dommages bien sérieux. Le feu est cependant très vif surNogent, sur lequel l'ennemi a lancé 600 obus, n'a eu aucun effet : un seul homme légèrement blessé et pas de dégâts.
Seine-Saint-Denis : Le bataillon Poulizac, des éclaireurs de la Seine, a fait une petite expédition en avant de laferme de Groslay[note 7]. Quelques Prussiens ont été tués, six ont été ramenés prisonniers : ils appartiennent à la garde. Nous avons eu trois blessés, dont un officier. La canonnade sur les forts a recommencé ce matin, il n'y a aucun incident à signaler.
Le 4 janvier à six heures du matin, le thermomètre indiquait3 degrés 3 dixièmes au-dessous de zéro et à midi,0 degré. Lebaromètre, indique 766 mm 4, sans correction.
Seine-Saint-Denis : l'ennemi a canonnéMontreuil pendant une partie de la nuit etSaint-Denis toute la nuit. Il a également tiré surBondy très vivement, mais sans résultat appréciable. Le feu contre nos forts a repris dès le matin et a été extrêmement violent jusqu'à 5 heures du soir sur lefort de Nogent, où il n'y a eu qu'un seul blessé sans gravité. SurBondy, le feu a continué à raison de trois coups par minute. Aufort de Rosny, le feu a été assez actif, on déplore trois hommes légèrement atteints par des éclats. Le bombardement des forts situés à l'Est de Paris a continué aujourd'hui. Le fort de Nogent a reçu plus de 1 200 obus qui n'ont pas produit plus d'effets que les jours précédents.
Val-de-Marne : ce matin vers4 h, un détachement ennemi s'est avancé devant la ferme des Mèches[57] pour la surprendre mais il a été reçu par une vive fusillade, et les hommes se sont sauvés au pas de course, en enlevant plusieurs blessés. Une demi heure plus tard, une patrouille ennemie a été surprise par nos éclaireurs du139e régiment d'infanterie de ligne, et laisse entre nos mains trois prisonniers.
Paris : après un investissement de plus de trois mois, l'ennemi a commencé le bombardement des forts le 30 décembre. Six jours après, le bombardement de la ville de Paris commence. Quelques obus sont parvenus jusque dans lequartier Saint-Jacques, sans jeter aucun trouble dans la population. Dès que les habitants de larive gauche de laSeine en virent tomber, ils s'empressèrent de prendre leurs dispositions pour échapper aux obus aveugles. Les uns vinrent chercher un abri sur larive droite, les autres, ceux qui ne voulaient pas quitter leurs habitations, persistèrent à séjourner sous les coups de l'artillerie prussienne, mais en cherchant un abri dans leurs caves. Un troisième groupe s'obstina à braver l'ennemi, sans vouloir quitter les maisons et les appartements.
Seine-Saint-Denis : une forte reconnaissance, dirigée par le général Fournès, est opérée dans la nuit sur leplateau d'Avron. Après avoir chassé les postes prussiens qui s'y trouvaient, il s'est installé auprès du château et a fait démolir à la pioche et au pétard un grand mur derrière lequel l'ennemi s'abritait dans la journée. Il a quitté le plateau au jour, ramenant 3 prisonnierssaxons. Le feu a continué pendant la nuit sur lefort de Nogent sans résultats. Au petit matin, l'ennemi a attaquéBondy : ses tirailleurs ont été repoussés, laissant sur le terrain une quinzaine de cadavres. De8 h du matin à4 h 30 du soir, Bondy a été bombardé, ainsi que les forts de l'Est de Paris, sans résultats.
« Le bombardement de Paris est commencé. L'ennemi ne se contente pas de tirer sur nos forts, il lance ses projectiles sur nos maisons, il menace nos foyers et nos familles. Sa violence redoublera la résolution de la cité qui veut combattre et vaincre. Les défenseurs des forts couverts de feux incessants ne perdent rien de leur calme, et sauront infliger à l'assaillant de terribles représailles. La population de Paris accepte vaillamment cette nouvelle épreuve. L'ennemi croit l'intimider, il ne fera que rendre son élan plus vigoureux. Elle se montrera digne de l'armée de la Loire qui a fait reculer l'ennemi, de l'armée du Nord qui marche à notre secours. Vive la France! Vive la République! »
Paris : à partir de8 h du matin, le bombardement a recommencé sur toute la ligne et n'a pas causé de dommages sérieux. Les batteries extérieures et l'enceinte ont pris part à la lutte et ont riposté vigoureusement aux attaques acharnées de l'artillerie ennemie. Les projectiles qui sont tombés dans la ville de Paris en assez grand nombre n'ont causé aucune émotion. Publication de la secondeAffiche Rouge, qui demande la création d'une Commune à Paris.
Hauts-de-Seine : lefort de Montrouge a été bombardé, pendant toute la nuit dernière ; le feu de l'ennemi a été d'environ trente coups à l'heure.
Val-de-Marne : lefort de Bicêtre a également été bombardé, pendant toute la nuit dernière avec la même intensité. Du côté deNogent, il a cessé à partir de trois heures du matin pour reprendre très vivement à huit heures.
Le gouverneur de Paris a adressé la proclamation suivante aux habitants de Paris :
« Au moment où l'ennemi redouble ses efforts d'intimidation, on cherche à égarer les citoyens de Paris, par la tromperie et la calomnie. On exploite contre la défense nos souffrances et nos sacrifices.Rien ne fera tomber les armes de nos mains. Courage, confiance, patriotisme ! Le gouverneur de Paris ne capitulera pas. Paris, le. »
Val-de-Marne : Lefort de Noisy a ouvert le feu sur toutes les batteries prussiennes et entretenu un tir soutenu et efficace. Nos obus ont en effet éclaté en pleins retranchements, faisant des morts et des blessés.
Seine-Saint-Denis : Au matin, l'ennemi reprend le bombardement, intermittent, surla Courneuve, qui a blessé trois hommes et tué un fusilier marin.
Hauts-de-Seine : Lesforts de Montrouge, deVanves etd'Issy ont continué à subir toute la journée un bombardement qui, à certains moments, a été d'une violence extrême. Les batteries prussiennes deMeudon ont continué à tirer sur les6e et7e secteurs[97],[203]. Quelques civils ont été blessées auPoint du Jour et àBoulogne. Les avant postes du sud ont signalé qu'une concentration considérable de troupes s'était faite cette nuit sur le plateau de Châtillon.
« Après un investissement de plus de trois mois, l'ennemi a commencé le bombardement de nos forts le30 décembre, et, six jours après, celui de la ville. Une pluie de projectiles, dont quelques uns pesant 94 kilogrammes, apparaissant pour la première fois dans l'histoire des sièges, a été lancée sur la partie de Paris qui s'étend depuis lesInvalides jusqu'auMuséum. Le feu a continué jour et nuit, sans interruption, avec une telle violence, que, dans la nuit du8 au9 janvier, la partie de la ville située entreSaint Sulpice et l'Odéon recevait un obus par chaque intervalle de deux minutes. Tout a été atteint : nos hôpitaux regorgent de blessés, nos ambulances, nos écoles ; les musées et les bibliothèques, les prisons, l'église Saint-Sulpice, celles de laSorbonne et duVal-de-Grâce, un certain nombre de maisons particulières. Des femmes ont été tuées dans la rue, d'autres dans leur lit ; des enfants ont été saisis par des boulets dans les bras de leur mère. Une école de larue de Vaugirard a eu quatre enfants tués et cinq blessés par un seul projectile. Lemusée du Luxembourg, qui contient les chefs-d'œuvre de l'art moderne, et lejardin où se trouvait une ambulance qu'il a fallu faire évacuer à la hâte, ont reçu vingt obus dans l'espace quelques heures. Les fameuses serres duMuséum, qui n'avaient point de rivales dans le monde, sont détruites. AuVal-de-Grâce, pendant la nuit, deux blessés, dont ungarde national, ont été tués dans leur lit. Cethôpital, reconnaissable à la distance de plusieurs lieues par son dôme que tout le monde connaît, porte les traces du bombardement dans ses cours, dans ses salles de malades, dans sonéglise, dont la corniche a été enlevée. Aucun avertissement n'a précédé cette furieuse attaque. Paris s'est trouvé tout à coup transformé en champ de bataille, et nous déclarons avec orgueil que les femmes s'y sont montrées aussi intrépides que les citoyens. Tout le monde a été envahi par la colère, mais personne n'a senti la peur. Tels sont les actes de l'armée prussienne et deson roi, présent au milieu d'elle. Le gouvernement les constate pour la France, pour l'Europe et pour l'histoire. »
Paris : leballon montéDuquesne s'envole de lagare d'Orléans et termine sa course àBerzieux dans laMarne, après avoir parcouru167 kilomètres[204],[40]. les abords duPanthéon et le9e secteur[205] de défense de Paris ont reçu beaucoup d'obus. Une trentaine de projectiles du plus gros calibre ont atteint sur l'hospice de la Pitié et leVal-de-Grâce. L'ennemi semble prendre pour objectif les établissements hospitaliers de Paris.« Par ces procédés odieux, il montre une fois de plus son mépris des lois de la guerre et de l'humanité ». le contre amiral de Montaignac fait connaître que pendant la nuit, les Prussiens ont tiré à toute volée sur la ville. Les obus, passant par-dessus les remparts, sont allés tomber dans les quartiers éloignés de l'enceinte.
Hauts-de-Seine : le matin, en plein jour, l'ennemi a renouvelé une attaque qu'il avait déjà faite de nuit contre la maison Crochard et sur le poste des carrières, à gauche deRueil. Il y a eu dans l'après-midi d'hier plusieurs engagements. C'est la quatrième tentative que les prussiens font sur cette position. Les francs-tireurs de la mobile de laLoire Inférieure et les tirailleurs de l'Aisne ont laissé approcher l'ennemi et l'ont repoussé après lui avoir fait éprouver des pertes. Le bombardement a continué sur les forts du sud pendant la journée avec moins de violence que les jours précédents.
Seine-Saint-Denis : Le colonel Comte, avec les francs-tireurs Poulizac, 30 cavaliers de la République, les francs-tireurs de la division Faron et la compagnie de volontaires du capitaine de Luxer, lancent à 11 heures du soir une reconnaissance sur les positions occupées par l'ennemi le long duchemin de fer de Strasbourg, et de détruire les maisons qui abritaient ses troupes. Assailli par une vive fusillade, le colonel Comte fit charger à la baïonnette l'ennemi, qui lâcha pied devant cette vigoureuse attaque. Les maisons furent immédiatement minées, et quelques Prussiens qui refusèrent de se rendre et continuaient à tirer sur nous du toit de l'une des maisons, sautèrent avec elles. L'opération terminée, la colonne rentra dans ses lignes avec 7 blessés et ramenant 2 prisonniers, un grand nombre de casques, de fusils, de couvertures et d'objets de campement.
Hauts-de-Seine : Le colonel Porion avec un détachement de marins, 150 gardes nationaux mobilisés, des détachements de gardiens de la paix, de mobiles du5e bataillon de la Somme, du5e bataillon de la Seine, et une compagnie du génie, lancent à 3 heures du matin une attaque afin de détruire les ouvrages entrepris par l'ennemi au moulin de Pierre[note 5],[26],[27], en avant dufort d'Issy. L'attaque ayant surpris les postes Prussiens chargés de défendre les travailleurs, la position est abordée sans tirer un coup de fusil. Le capitaine Saint Vincent et ses sapeurs s'occupent alors immédiatement de détruire les travaux existants pendant que les marins, poussant en avant, découvraient une batterie en construction. Les postes ennemis deClamart ouvrirent un feu nourri sur nos marins que les troupes de soutien vinrent appuyer. Les travaux de destruction n'en ont pas moins continué et la colonne du colonel Porion, l'opération terminée, rentrait dans ses lignes avec 1 tué et 3 blessés et ramenant 21 prisonniers. Dans la presqu'île deGennevilliers[30], les Prussiens ont renouvelé des tentatives de conversations avec nos troupes. Ils ont été reçus par des coups de fusil. Le bombardement desforts de Vanves et deMontrouge a continué aujourd'hui avec moins de vivacité que d'habitude mais l'ennemi a concentré ses efforts sur lefort d'Issy, qui a été canonné violemment. Les batteries des différents forts ont riposté avec une égale vigueur.
« Considérant que les devoirs de la République sont les mêmes à l'égard des victimes du bombardement de Paris qu'à l'égard de ceux qui succombent les armes à la main pour la défense de la patrie, DÉCRÈTE Tout Français atteint par les bombes prussiennes est assimilé au soldat frappé par l'ennemi. Les veuves de ceux qui auront péri par l'effet du bombardement de Paris, les orphelins de pères ou de mères qui auront péri de même, sont assimilés aux veuves et aux orphelins des soldats tués à l'ennemi. »
Hauts-de-Seine : dans la journée, le feu a repris avec une violence extrême contre les forts du sud, principalement contre lefort d'Issy, qui parait être le principal objectif des batteries prussiennes. Des dispositifs considérables d'artillerie sont en route pour combattre efficacement les nouvelles batteries démasquées par l'ennemi.
Paris : Le bombardement a continué pendant la nuit dernière sur la ville et sur les établissements déjà signalés. De minuit à deux heures du matin il est tombé environ un projectile par minute dans le quartierSaint Sulpice. « Par un arrêté du maire de Paris, en date du 12 janvier, il est interdit aux boulangers de fabriquer ou de mettre en vente du pain dit pains de luxe. Il leur est interdit de bluter ou de trier, par un procédé quelconque, les farines qui leur sont livrées par la caisse de la boulangerie ».
Seine-Saint-Denis : Dans la nuit, le commandant Blanc, avec une compagnie de zouaves et une compagnie de mobiles du Morbihan, a fait une reconnaissance sur le plateau d'Avron. Les postes prussiens ont été vigoureusement chassés, et la petite colonne est rentrée avant le jour, après avoir enlevé six prisonniers. Les forts ont tiré, pendant la nuit, sur toute la ligne des positions prussiennes.
Val-de-Marne : La boucle de la Marne a été également bombardée pendant la nuit par l'artillerie prussienne. Les forts ont répliqué sur toute la ligne des positions prussiennes.
Hauts-de-Seine : Lesforts de Vanves,d'Issy etde Montrouge ont été canonnés avec violence, mais les batteries extérieures et celles des forts ont ouvert un feu nourri qui paraît avoir causé d'assez grands ravages dans les batteries prussiennes.
Val-de-Marne : dans la boucle de laMarne, l'ennemi effectue un bombardement violent et persistant, sans plus d'effet que les jours précédents. Toute la journée, l'ennemi a tiré lentement sur les villages deNogent et dePlaisance. lecontre amiralPothuau exécute une reconnaissance entre la Gare aux Bœufs deChoisy-le-Roi et laSeine sur des positions ennemies. Un peu plus tard, les Prussiens prirent l'offensive en assez grand nombre et furent accueillis à coups de fusil qui les obligèrent à se replier rapidement.
Hauts-de-Seine : les forts du sud ont été canonnés moins violemment. Les Prussiens ont fait pendant la nuit plusieurs tentatives sur divers points des tranchées qui relient les forts entre eux. Ils ont été partout repoussés. Sur l'ordre du gouverneur, legénéral Vinoy, une sortie contre le moulin de Pierre[note 5],[26],[27], est menée par les générauxBlanchard et Corréard. La tête de colonne avant été accueillie par un feu des plus vifs, les troupes sont rentrées dans les lignes.
Décret - Tout Français atteint par les bombes est assimilé au soldat.
Paris : le bombardement de la ville s'est étendu dans les quartiers de larue Monge,Saint Sulpice et de larue de Varenne. Le gouvernement décide : Réquisition : Les blés et farines sont réquisitionnés dans l'ensemble du département de laSeine et dans les parties des départements voisins dont les habitants sont en communication avec Paris. Chevaux : « Dans chacun des 20 arrondissements de Paris et dans chacune des communes suburbaines actuellement habitées, il sera dressé une liste des chevaux dont la conservation est indispensable pour les transports privés impossibles à effectuer à l'aide de voiture à bras. Le nombre de chevaux épargnés en vertu de cette disposition sera de 2 000 pour Paris et la banlieue ». Rationnement du Pain : « À partir du 19 janvier, le pain est rationné dans les conditions suivantes : 300 grammes par jour, par personne et 150 grammes pour chaque enfant ». Boulangerie : « Par un arrêté du maire de Paris, en date du 12 janvier, il est interdit aux boulangers de fabriquer ou de mettre en vente du pain dit pains de luxe. Il leur est interdit de bluter ou de trier, par un procédé quelconque, les farines qui leur sont livrées par la caisse de la boulangerie ». Pomme de terre : « Un décret du 16 janvier décide que la réquisition mise sur les pommes de terre par le décret du 21 novembre 1870 est levé. En conséquence le commerce de la pomme de terre est libre à partir de la promulgation de ce nouveau décret. » Blé, seigle et orge : « Toute personne qui découvrira dublé, de l'orge ou de l'avoine soustraits aux réquisitions, et qui en fera connaitre l'existence, recevra, après vérification, une récompense de 25francs pour chaquequintal métrique, soit en grain, soit en farine. »
Dépècement d'un cheval sur la voie publique pendant le siège de Paris.
Hauts-de-Seine : il y a eu sur toute la ligne du sud un combat d'artillerie des plus acharnés. Une violente canonnade qui a duré de sept heures du matin à cinq heures du soir; Toute la ligne a donné deBicêtre àIssy auxquels se sont joints ceux de laredoute des Hautes-Bruyères, de la batterie de la maison Millaud et lebastionno 73 du rempart.
Val-de-Marne : le commandant de Mirandol, à la tête des francs-tireurs des troupes de ligne, des Marins, des sapeurs du génie, des artilleurs, les mobiles de l'Hérault du lieutenant Laurent, des mobiles du colonel Reille et des éclaireurs du commandant Poulizac, a effectué une reconnaissance aupont de Champigny dans laquelle cinq prussiens, dont un officier, ont été tués, et dix blessés.
Paris : Leballon montéSteenackers s'envole de lagare du Nord et termine sa course à Hynd près d'Harderwijk enHollande, après avoir parcouru 552 kilomètres[213],[40]. « Un décret du 16 janvier décide que la réquisition mise sur les pommes de terre par le décret du 21 novembre 1870 est levé. En conséquence le commerce de la pomme de terre est libre à partir de la promulgation de ce nouveau décret. »
Val-de-Marne : Les troupes françaises repoussent une attaque faite sur la maison Millaud. Lefort de Montrouge a pu tirer à bonne distance sur les hommes qui étaient sortis deBagneux pour concourir à cette attaque. La boucle de la Marne et lefort de Nogent ont été canonnés constamment par l'artillerie prussienne.
Hauts-de-Seine : Pendant la journée, l'horizon étant beaucoup moins brumeux que précédemment, l'artillerie de l'enceinte a pu bien distinguer les batteries de l’ennemi et les a contebattues. Elle a ainsi pu soulager avec une grande efficacité lesforts de Montrouge,Vanves etd'Issy. Les batteries prussiennes deChâtillon ont tiré contre nous beaucoup moins vivement que d'habitude.
Paris : L'enceinte a repris son tir ce matin et le combat d'artillerie se continue sur tous les points.
Hauts-de-Seine : Le matin, à huit heures, lefort de Vanves a ouvert le feu sur la batterie de la Plâtrière, qui n’a répondu que par quelques coups. Les batteries de Châtillon ont alors recommencé à tirer sans causer de dommage réel.
Seine-Saint-Denis : L'ennemi a tenté une attaque contreBondy pendant la nuit, il a été repoussé.
Val-de-Marne : L'ennemi qui avait massé des troupes en avant deCréteil, n'a pas pu attaquer nos tranchées, la pluie ayant rendu la plaine impraticable. Le tir sur lesHautes Bruyères a été assez vif. Laredoute du Moulin Saquet a été canonnée par une batterie de campagne à laquelle notre artillerie de position a fait éprouver, en hommes et en chevaux, des pertes tellement sérieuses que le feu a été éteint en quelques instants et la batterie démontée, laissant hommes et chevaux sur le terrain. L'ennemi a continué à tirer lentement surNogent, et sur lefort, mais sans aucun résultat.
Paris : le pain, qui constitue alors la base de l’alimentation, est rationné :300 grammes à dix centimes[20] pour les adultes,150 grammes pour les enfants au-dessous de cinq ans. Ce pain, officiellement, doit ne contenir que dublé, duriz et de l’avoine, mais il est essentiellement fait depaille moisie hachée. Parfois, lesmunicipalités font des distributions deviande séchée, deharicots, d’huile, decafé, mais la misère est vraiment terrible dans les quartiers populaires[214]. Leballon montéPoste-de-Paris s'envole de lagare du Nord et termine sa course àMerselo près deVenray enHollande, après avoir parcouru400 kilomètres[215],[40]. Pendant toute la nuit, la ville a été bombardée et un commencement d'incendie s'est déclaré à laHalle aux vins.
« Citoyens, L'ennemi tue nos femmes et nos enfants ; il nous bombarde jour et nuit ; il couvre d'obus nos hôpitaux. Un cri: Aux armes ! est sorti de toutes les poitrines. Ceux d'entre nous qui peuvent donner leur vie sur le champ de bataille marcheront à l'ennemi ; ceux qui restent, jaloux de se montrer dignes de l'héroïsme de leurs frères, accepteront au besoin les plus durs sacrifices comme un autre moyen de se dévouer pour la patrie. Souffrir et mourir, s'il le faut, mais vaincre. Vive la république ! »
— Les membres du gouvernement.
Hauts-de-Seine : le feu des batteries ennemies, dans le sud, a été continu, mais beaucoup moins nourri que les jours précédents. Les forts, lesbatteries deVaugirard et duPoint‑du‑Jour, et surtout lefort de Vanves ont canonné sans relâche et avec succès les positions prussiennes. Le6e secteur[97] a même complètement éteint le feu de la batterie des Chalets.
Hauts-de-Seine : au petit matin, dans un brouillard intense, 3 colonnes françaises commandées par les générauxVinoy,de Bellemare etDucrot, attaquent les positions prussiennes situées sur les hauteurs deRueil et enlèvent laredoute de Montretout et d'autres objectifs. Dans l'après-midi, les troupes prussiennes effectuent, avec une violence extrême, un retour offensif entre le centre et la gauche de nos positions, qui fit reculer nos troupes, qui, cependant, regagnèrent une partie du terrain vers la fin de la journée. À7 h du soir legénéral Trochu ordonne la retraite. Les troupes se retirèrent alors en arrière, dans les tranchées, entre les maisons Crochard et leMont-Valérien dans un grand désordre par l'unique chemin qui mène au rond-point des Bergères. Cette sortie, totalement inutile et mal préparée, avait été imaginée, par le généralTrochu,gouverneur militaire de Paris et président dugouvernement provisoire, pour« calmer » les Parisiens les plus bellicistes.
Hauts-de-Seine : le brouillard est épais. L'ennemi n'attaque pas. La plupart des masses qui pouvaient être canonnées des hauteurs, sont dirigées vers l'arrière et quelques-unes dans leurs anciens cantonnements. Des parlementaires Français sont envoyés àSèvres afin d'obtenir un armistice de deux jours, pour permettre l'enlèvement des blessés et l'enterrement des morts.
« C'est avec fierté que le commandant supérieur de laGarde nationale rend hommage, par la voie de l'ordre, au courage dont ont fait preuve les régiments de Parisengagés dans la bataille du19 janvier. Il a eu la satisfaction de l'entendre louer, sur le terrain même, par les divers chefs de l'armée sous les ordres desquels ces régiments ont combattu. Engagés dès lepoint du jour, ils ont soutenu avec ardeur une lutte que l'état de l'atmosphère rendait plus difficile, jusqu'à une heure avancée de la nuit qui seule a mis fin au combat. N'ayant pas encore reçu des chefs de corps les renseignements nécessaires, le commandant supérieur ne peut faire connaître, aujourd'hui les noms des officiers, sous‑officiers et gardes qui ont succombé, ou de ceux qui se sont particulierement distingués. Mais, dès aujourd'hui, il ne craint pas de dire ce mot qui sera répété par la France entière : « Dans la journée du 19 janvier, lagarde nationale de Paris, comme l'armée et comme la mobile, a fait dignement son devoir. » »
Ordre du jour du général Vinoy à l'Armée de Paris.
« Legouvernement de la Défense nationale vient de me placer à votre tête. Il fait appel à mon patriotisme et à mon dévouement ; je n'ai pas le droit de me soustraire. C'est une charge bien lourde, je n'en veux accepter que la péril, et il ne faut pas se faire d'illusions. Après un siège de plus de quatre mois, glorieusement soutenu par l’armée et par la garde nationale, virilement supporté par la population de Paris, nous voici arrivés au moment critique. Refuser le dangereux honneur du commandement dans une semblable circonstance, serait ne pas répondre à la confiance qu'on a mise en moi. Je suis soldat et ne sais pas reculer devant les dangers que peut entraîner cette grande responsabilité. À l'intérieur, le parti du désordre s'agite et cependant le canon gronde. Je veux être soldat jusqu’au bout, j'accepte ce danger, bien convaincu que le concours des bons citoyens, celui de l'armée et de la garde nationale ne me feront pas défaut pour le maintien de l'ordre et le salut commun. »
— Général Vinoy.
Seine-Saint-Denis : à8 h 45, le bombardement commence sur lesforts de la Double-Couronne,de l'Est,de la Briche et sur laville de Saint Denis. Le fort de la Double-Couronne était battu de front par les batteries allemandes de labutte Pinson et dePierrefitte. Sescourtines étaient enfilées par les batteries deStains etdu Bourget, à l'est, et par celles d'Enghien, d'Épinay et deMontmorency, à l'ouest. C'était un ensemble de neuf feux croisés. À sept heures du soir, le fort de la Double-Couronne avait échangé 900 projectiles contre 1 100. Profitant de l'obscurité, l'ennemi prenait possession des retranchements qu'avaient dû abandonner les postes avancés. Il y établit des batteries volantes qui tirèrent sur les embrasures avec des boites à balles.
Plan de laville de Saint Denis. On y voit bien également l'hydrographie de la ville, bordée par laSeine, traversée par leCanal Saint-Denis, et avec la zone marécageuse du nord de la ville, drainée par leCroult et le Rouillon. la ville est protégée au nord par leFort de la Double-Couronne, dont les murailles rejoignent, hors du plan, lesForts de l'Est etde la Briche. Les trois routes qui traversent ces fortifications se rejoignent au Barrage de Saint Denis. On voit également la ligne de chemin de ferParis - Lille par Creil, d'où se sépare la ligneParis - Pontoise.
Seine-Saint-Denis : Le bombardement deSaint Denis a été d'une grande violence. Des batteries nouvelles ont été établies. Des travaux sont signalés reliant Pont-Iblon aux batteries duBlanc-Mesnil. Lefort de la Briche, a eu à supporter, toute la journée, les feux croisés de six batteries : deux au‑dessous d'Enghien, une àDeuil, une àMontmorency, deux à laButte-Pinson[42]. L'ennemi qui commence à établir des batteries dans les tranchées deVilletaneuse et d'Épinay, a poussé une reconnaissance jusqu'à 300 mètres environ dufort. Les Prussiens se sont montrés en grand nombre du côté dePierrefitte, où ils font des tranchées. En arrière des batteries de la butte-Pinson, se trouvait un moulin dans lequel les Prussiens s'étaient établis avec une tranchée qui communiquait avec les batteries. Les feux de la Double Couronne détruisirent en partie ce moulin afin de le rendre inhabitable à l'ennemi. Lefort de la Double-Couronne reçoit quant à lui 3 500 obus en ne pouvant répondre que par 50 coups en raison des dégâts subis[15].
L'activité de l'armée assiégeante se remarque sur tous les points de la ligne d'investissement.
Paris : Le6e secteur[97] a subi un feu continu toute la journée, provenant des batteries de Breteuil et de Meudon.
Hauts-de-Seine : Lefort de Montrouge a réparé les dégâts qu'il avait subis. Malgré la pluie, les travaux de l'ennemi continuent entreChâtillon etBagneux. lefort d'Issy signale l'établissement d'une batterie ennemie à la maison à clochetons, près de lagare de Meudon. À l'Ouest, l'ennemi installe de nouvelles batteries en arrière de lagorge de Montretout, comme s'il voulait augmenter ses défenses contre un nouveau retour offensif sur le terrain où s'est produitl'engagement du 19 janvier. Les travaux de tranchées en avant dufort de Vanves ont été contrariés par la pluie.
Seine-Saint-Denis : Lesforts de Rosny et deNoisy, laredoute de la Boissière et les batteries de la route stratégique ont reçu quelques obus envoyés par les batteriesdu Raincy. Au Nord, des mouvements de troupes assez considérables sont observés entreAulnay,Gonesse,le Bourget et Pont Yblon. ÀSaint‑Denis, le bombardement a continué avec violence. Les forts souffrent peu. Lefort de la Double-Couronne, a eu à supporter le feu de huit batteries ennemies. Nos pièces ripostent avec succès et réussissent à éteindre ou à déplacer successivement plusieurs des pièces qui les battent. Il reste dans ce fort32 officiers et850 soldats[15].
Paris : LeballonTorricelli s'envole de lagare de l'Est et termine sa course àFumechon dans l'Oise, après avoir parcouru 193 kilomètres[219],[40]. Le6e secteur[97] subit comme le jour précédent un feu continu, provenant des batteries de Breteuil et de Meudon. Les7e[203] et8e secteurs[207] qui ont reçu une vingtaine d'obus ont riposté avec succès. L'activité des travailleurs de la garde nationale aux remparts, et des compagnies du génie auxiliaire aux batteries extérieures, permet de réparer les dégâts produits et de créer de nouveaux moyens de défense. L'ennemi répare également, avec rapidité, les dommages sérieux que lui cause le tir, notamment à Breteuil.
Paris : Deux incendies ont éclaté cette nuit, par suite du bombardement dans le8e secteur[207]. Des obus tombent surLa Chapelle.
Hauts-de-Seine : Au sud, l'ennemi continue à organiser chaque jour de nouveaux emplacements de batteries, dépassant celles qui sont battues par l'artillerie française. On signale des travaux auviaduc de Fleury. Tirs d'artillerie très violents contre lefort d'Issy. Après avoir réparé les brèches des murs des parcs, les Prussiens mettent en batterie de quelques pièces volantes entre la maison Crochard et les avant-postes Français, en particulier en face de Longboyau. Les incendies du village deSaint-Cloud brûlent toujours.
Une brume épaisse règne toute la matinée, avec quelques éclaircies dans l'après-midi. Le gouvernement fait pressentir l'armistice.
Hauts-de-Seine : Les batteries Françaises profitant de quelques éclaircies ont tiré sur les travaux ennemis àSaint-Cloud,Garches etMoutretout, où les obus ont allumé plusieurs incendies.
Seine-Saint-Denis : Les batteries françaises ont bombardé les travaux effectués surDrancy et les travailleurs ennemis ont dû s'enfuir précipitamment. Lefort de la Double-Couronne a démoli la barricade prussienne située sur laroute de Pierrefitte. Les forts situés à l'Est ont effectué un violent combat d'artillerie toute la matinée. Au Nord, deDrancy jusqu'aufort de la Briche, le front a fait l'objet d'un bombardement très actif.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
« Tant que le gouvernement a pu compter sur l’arrivée d'une armée de secours, il était de son devoir de ne rien négliger pour prolonger la défense de Paris. En ce moment, quoique nos armées soient encore debout, les chances de la guerre les ont refoulées, l'une sous les murs deLille, l'autre au-delà deLaval ; la troisième opère sur les frontières de l'est. Nous avons dès lors perdu tout espoir qu'elles puissent se rapprocher de nous, et l'état de nos subsistances ne nous permet plus d'attendre. Dans cette situation, legouvernement avait le devoir absolu de négocier. Les négociations ont lieu en ce moment. Tout le monde comprendra que nous ne pouvons en indiquer les détails sans de graves inconvénients. Nous espérons pouvoir les publier demain. Nous pouvons cependant dire dès aujourd'hui que le principe de la souveraineté nationale sera sauvegardé par la réunion immédiate d'une assemblée; que l’armistice a pour but la convocation de cette assemblée ; que, pendant cet armistice, l'armée allemande occupera les forts, mais n'entrera pas dans l'enceinte de Paris ; que nous conserverons notre garde nationale intacte et une division de l'armée, et qu'aucun de nos soldats ne sera emmené hors du territoire. Paris,. »
Legénéral Vinoy aux Commandants de tous les forts. 26 janvier, 9 h 35 du soir. Suspension d'armes à minuit. Cessez le feu sur toute la ligne. Exécutez rigoureusement cet ordre.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
« Citoyens, La convention qui met fin à la résistance de Paris n'est pas encore signée, mais ce n'est qu'un retard de quelques heures. Les bases en demeurent fixées telles que nous les avons annoncées hier : L'ennemi n'entrera pas dans l'enceinte de Paris. La garde nationale conservera son organisation et ses armes. Une division de douze mille hommes demeure intacte ; quant aux autres troupes, elles resteront dans Paris, au milieu de nous, au lieu d'être, comme on l'avait d'abord proposé, cantonnées dans la banlieue. Les officiers garderont leur épée. Nous publierons les articles de la convention aussitôt que les signatures auront été échangées, et nous ferons en même temps connaître, l'état exact de nos subsistances. Paris veut être sûr que la résistance a duré jusqu'aux dernières limites du possible. Les chiffres que nous donnerons en seront la preuve irréfragable, et nous mettrons qui que ce soit au défi de les contester. Nous montrerons qu'il nous reste tout juste assez de pain pour attendre le ravitaillement, et que nous ne pouvions prolonger la lutte sans condamner a une mort certaine deux millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Le siège de Paris a duré quatre mois et douze jours. Le bombardement, un mois entier. Depuis le 15 janvier, la ration de pain est réduite à 300 grammes ; la ration de viande de cheval, depuis le 15 décembre, n'est que de 30 grammes. La mortalité a plus que triplé. Au milieu de tant de désastres, il n'y a pas eu un seul jour de découragement. L'ennemi est le premier à rendre hommage à l'énergie morale et au courage dont la population parisienne tout entière vient de donner l'exemple. Paris a beaucoup souffert ; mais la République profitera de ses longues souffrances, si noblement supportées. Nous sortons de la lutte qui finit, retrempés pour la lutte à venir. Nous en sortons avec tout notre honneur, avec toutes nos espérances, malgré les douleurs de l'heure présente ; plus que jamais nous avons foi dans les destinées de la patrie. Paris, 28 janvier 1871. »
Unarmistice général, sur toute la ligne des opérations militaires eu cours d'exécution entre les armées allemandes et les armées françaises, commencera pour Paris aujourd'hui même, pour les départements dans un délai de trois jours ; la durée de l'armistice sera de vingt et un jours, à dater d'aujourd'hui, de manière que, sauf le cas où il serait renouvelé, l'armistice se terminera partout le19 février, à midi. Les armées belligérantes conserveront leurs positions respectives, qui seront séparées par une ligne de démarcation. Cette ligne partira dePont I'Ëvèque, sur les côtes du département duCalvados, se dirigera surLignières, dans le Nord-Est du département de laMayenne, en passant outreBriouze etFromentel en touchant au département de laMayenne àLignières, elle suivra la limite qui sépare ce département de celui de l'Orne et de laSarthe, jusqu'au nord deMorannes, et sera continuée de manière à laisser à l'occupation allemande les départements de laSarthe,Indre-et-Loire,Loir-et-Cher, duLoiret, de l'Yonne, jusqu'au point où, à l'Est deQuarré-les-Tombes, se touchent les départements de laCôte-d'Or, de laNièvre et de l'Yonne. À partir de ce point, le tracé de la ligne sera réservé à une entente qui aura lieu aussitôt que les parties contractantes seront renseignées sur la situation actuelle des opérations militaires en exécution dans les départements de laCôte-d'Or, duDoubs et duJura. Dans tous les cas, elle traversera le territoire composé de ces trois départements, en laissant à l'occupation allemande les départements situés au Nord, à l'armée française ceux situés au Midi de ce territoire. Les départements duNord et duPas de Calais, les forteresses deGivet et deLangres, avec le terrain qui les entoure à une distance de dix kilomètres, et la péninsuledu Havre jusqu'à une ligne à tirer d'Étretat, dans la direction, deSaint Romain, resteront en dehors de l'occupation allemande. Les deux armées belligérantes, et leurs avant postes de part et d'autre, se tiendront à une distance de dix kilomètres au moins des lignes tracées pour séparer leurs positions. Chacune des deux armées se réserve le droit de maintenir son autorité dans le territoire qu'elle occupe, et d'employer les moyens que ses commandants jugeront nécessaires pour arriver à ce but. L'armistice s'applique également aux forces navales des deux pays, en adoptant le méridien deDunkerque comme ligne de démarcation, à l'Ouest de laquelle se tiendra la flotte française, et à l'est de laquelle se retireront, aussitôt qu'ils pourront être avertis, les bâtiments de guerre allemands qui se trouvent dans les eaux occidentales. Les captures qui seraient faites après la conclusion et avant la notification de l'armistice, seront restituées, de même que les prisonniers qui pourraient être faits de part et d'autre, dans des engagements qui auraient en lieu dans l'intervalle indiqué. Les opérations militaires sur le terrain des départements duDoubs, duJura et de laCôte-d'Or, ainsi que lesiège de Belfort, se continueront indépendamment de l'armistice, jusqu'au moment ou l'on se sera mis d'accord sur la ligne de démarcation dont le tracé à travers les trois départements mentionnés a été réservé à une entente ultérieure.
ARTICLE 2.
L'armistice ainsi convenu a pour but de permettre au gouvernement de la Défense nationale de convoquer une Assemblée librement élue qui se prononcera sur la question de savoir : si la guerre doit être continuée, ou à quelles conditions a paix doit être faite.L'Assemblée se réunira dans la ville de Bordeaux. Toutes les facilités seront données par les commandants des armées allemandes pour l'élection et la réunion des députés qui la composeront.
ARTICLE 3.
Il sera fait immédiatement remise à l'armée allemande, par l'autorité militaire française, de tous les forts formant le périmètre de la défense extérieure de Paris, ainsi que de leur matériel de guerre. Les communes et les maisons situées en dehors de ce périmètre ou entre les forts pourront être occupées par les troupes allemandes, jusqu'à une ligne à tracer par des commissaires militaires. Le terrain restant entre cette ligne et l'enceinte fortifiée de la ville de Paris sera interdit aux forces armées des deux parties. La manière de rendre les forts, et le tracé de la ligne mentionnée formeront l'objet d'un protocole à annexer à la présente convention.
ARTICLE 4.
Pendant la durée de l'armistice, l'armée allemande n'entrera pas dans la ville de Paris.
ARTICLE 5.
L'enceinte sera désarmée de ses canons, dont les affûts seront transportés dans les forts à désigner par le commissaire de l'armée allemande (*). (*) Dans le protocole, cette condition du transport des affûts dans les forts a été abandonnée par les commissaires allemands, sur la demande des commissaires français.
ARTICLE 6
Les garnisons (armée de ligne, garde mobile et marins) des forts de Paris seront prisonnières de guerre, sauf une division de douze mille hommes que l'autorité militaire dans Paris conservera pour le service intérieur. Les troupes prisonnières de guerre déposeront leurs armes, qui seront réunies dans des lieux désignés et livrées suivant règlement par des commissaires suivant l'usage. Ces troupes resteront dans l'intérieur de la ville, dont elles ne pourront pas franchir l'enceinte pendant l'armistice. Les autorités françaises s'engagent à veiller à ce que tout individu appartenant à l'armée et à la garde mobile reste consigné dans l'intérieur de la ville. Les officiers des troupes prisonnières seront désignés par une liste à remettre aux autorités allemandes. À l'expiration de l'armistice, tous les militaires appartenant à l'armée consignée dans Paris, auront à se constituer prisonniers de guerre de l'armée allemande, si la paix n'est pas conclue jusque-là. Les officiers prisonniers conserveront leurs armes.
ARTICLE 7.
La garde nationale conservera ses armes. Elle sera chargée de la garde de Paris et du maintien de l'ordre. Il en sera de même de la gendarmerie et des troupes assimilées, employées dans le service municipal, telles que la garde républicaine, les douaniers et les pompiers ; la totalité de cette catégorie n'excède pas trois mille cinq cents hommes[11],[12]. Tous les corps de francs-tireurs seront dissous par une ordonnance du gouvernement français.
ARTICLE 8.
Aussitôt après les signatures des présentes et avant la prise de possession des forts, le commandant en chef des armées allemandes donnera toutes facilités aux commissaires que le gouvernement français enverra, tant dans les départements qu'à l'étranger, pour préparer le ravitaillement et faire approcher de la ville les marchandises qui y sont destinées.
ARTICLE 9.
Après la remise des forts et après le désarmement de l'enceinte et de la garnison, stipulés dans les articles 5 et 6, le ravitaillement de Paris s'opérera librement par la circulation sur les voies ferrées et fluviales. Les provisions destinées à ce ravitaillement ne pourront être puisées dans le terrain occupé par les troupes allemandes, et le gouvernement français s'engage à en faire l'acquisition en dehors de la ligne de démarcation qui entoure les positions des armées allemandes, à moins d'autorisation contraire donnée par les commandants de ces dernières.
ARTICLE 10.
Toute personne qui voudra quitter la ville de Paris devra être munie de permis réguliers délivrés par l'autorité militaire française, et soumis au visa des avant postes allemands. Ces permis et visas seront accordés de droit aux candidats à la députation en province et aux députés à l'Assemblée. La circulation des personnes qui auront obtenu l'autorisation indiquée, ne sera admise qu'entre six heures du matin et six heures du soir.
ARTICLE 11.
La ville de Paris payera une contribution municipale de guerre, de la somme de deux cents millions de francs. Ce payement devra être effectué avant le quinzième jour de l'armistice. Le mode de payement sera déterminé par une commission mixte, allemande et française.
ARTICLE 12
Pendant la durée de l'armistice, il ne sera rien distrait des valeurs publiques pouvant servir de gages au recouvrement des contributions de guerre.
ARTICLE 13.
L'importation dans Paris d'armes, de munitions ou de matières servant à leur fabrication, sera interdite pendant la durée de l'armistice.
ARTICLE 14.
Il sera procédé immédiatement à l'échange de tous les prisonniers de guerre qui ont été faits par l'armée française depuis le commencement de la guerre. Dans ce but, les autorités françaises remettront, dans le plus bref délai, des listes nominatives des prisonniers de guerre allemands aux autorités militaires allemandes à Amiens, au Mans, à Orléans et à Vesoul. La mise en liberté des prisonniers de guerre allemands s'effectuera sur les points les plus rapprochés de la frontière. Les autorités allemandes remettront en échange, sur les mêmes points, et dans le plus bref délai possible, un nombre pareil de prisonniers français, de grades correspondants, aux autorités militaires françaises. L'échange s'étendra aux prisonniers de condition bourgeoise, tels que les capitaines de navires de la marine marchande allemande, et les prisonniers français civils qui ont été internés en Allemagne.
ARTICLE 15
Un service postal pour des lettres non cachetées sera organisé entre Paris et les départements, par l'intermédiaire duquartier général deVersailles. En foi de quoi les soussignés ont revêtu de leurs signatures et de leur sceau les présentes conventions.
Paris : À la suite de rumeurs et d'agitations, legouvernement de la Défense nationale fait une troisième déclaration, indiquant que la résistance de Paris a été poussée jusqu'aux extrêmes limites possibles et que laconvention relative à l'armistice est signée. Les Prussiens prennent possession de la totalité des forts.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
« Le gouvernement a annoncé qu'il donnerait la preuve irréfragable que Paris a poussé la résistance jusqu'aux extrêmes limites du possible. Hier encore il y avait inconvénient grave à publier des informations de ce genre. Aujourd'hui que laconvention relative à l'armistice est signée, le gouvernement a pu remplir sa promesse. Il faut d'abord se remettre en mémoire ce que trop de personnes semblent avoir oublié : c'est qu'au début de l'investissement les plus optimistes n'osaient pas croire à un siège de plus de six ou sept semaines. Lorsque, le8 septembre, leJournal officiel répétant une déclaration affichée sur les murailles par M. Magnin, ministre du commerce, affirmait que les approvisionnements en viandes, liquides et objets alimentaires de toute espèce, seraient largement suffisant pour assurer l'alimentation d'une population de deux millions d'âmes pendant deux mois, cette assertion était généralement accueillie par un sourire d'incrédulité. Or, quatre mois et vingt jours se sont écoulés depuis le8 septembre. Au milieu des plus dures privations, devenues, pendant ces dernières semaines, de cruelles souffrances, Paris a résisté aussi longtemps qu'il a pu raisonnablement espérer le secours des armées extérieures, aussi longtemps qu'un morceau de pain lui est resté pour nourrir ses habitants et ses défenseurs. Il ne s'est arrêté que lorsque les nouvelles venues de province lui ont arraché tout espoir ; en même temps que l'état de ses subsistances lui montrait la famine imminente et inévitable. Le27 janvier, c'est-à-dire huit jours après ladernière bataille livrée sous nos murs et presque au moment où nous apprenions les insuccès deChanzy et deFaidherbe, il restait en magasin 42 000 quintaux métriques de blé, orge, seigle, riz et avoine, ce qui, réduit en farine, représente, à cause du faible rendement de l'avoine, 35 000 quintaux métriques de farine panifiable. Dans cette quantité sont compris 41 000 quintaux de blé et 6 000 quintaux de riz, cédés par l'administration de la guerre, laquelle ne possède plus que dix jours de vivres pour les troupes, si on les traite comme des troupes en campagne savoir, 12 000 quintaux de riz, blé et farine et 20 000 quintaux d'avoine. Telle était la situation de nos approvisionnements en céréales à l'heure de l'ouverture des négociations. En temps ordinaire, Paris emploie à sa subsistance 8 000 quintaux de farine par jour, c'est-à-dire 2 000 000 de livres de pain ; mais, du22 septembre au18 janvier, sa consommation a été réduite à une moyenne de 6 360 quintaux de farine par jour, et depuis le 18 janvier, c'est-à-dire depuis le rationnement, cette consommation est descendue à 5 300 quintaux soit un sixième de moins environ que la quantité habituelle, nous pourrions dire nécessaire. En partant de ce chiffre de 5 300 quintaux, le total de nos approvisionnements représente une durée de sept jours. À ces sept jours, on peut ajouter un jour d'alimentation fournie par la farine actuellement distribuée aux boulangers ; trois ou quatre jours auxquels subviendront les quantités de blé enlevées aux détenteurs par tous les moyens qu'il a été possible d'imaginer, et l'on arrive ainsi à reconnaître "que nous avons du pain pour huit jours au moins, pour douze jours au plus". Il n'est pas inutile de dire que depuis trois semaines, il n'existe plus de provision en farine. Nos moulins ne fournissent chaque jour que la farine nécessaire au lendemain. Il eût suffi de quelques obus, tombant sur l'usine Cail[225], pour mettre instantanément en danger l'alimentation de toute la ville. En ce qui concerne la viande, la situation peut se caractériser par un seul mot. Depuis l'épuisement de nos réserves de boucherie, nous avons vécu en mangeant du cheval. Il y avait 400 000 chevaux à Paris. Il n'en reste plus que 33 000, en comprenant dans ce chiffre les chevaux de la guerre. Ces 33 000 chevaux, d'ailleurs, ne sauraient être tous abattus sans les plus graves inconvénients. Plusieurs services, indispensables à la vie, seraient suspendus : ambulances, transport des grains, des farines et des combustibles ; services de l'éclairage et des vidanges, pompes funèbres, etc. Il nous faudra, d'autre part, beaucoup de chevaux pour le camionnage, quand la ravitaillement commencera. En réalité, une fois ces diverses nécessités satisfaites, le nombre des animaux disponibles pour la boucherie ne dépassera pas 22 000 environ. En ce moment nous consommons, avec l'armée, 650 chevaux par jour, soit 25 à 30 grammes par habitant, après le prélèvement des hôpitaux, des ambulances et des fourneaux. Vingt cinq grammes de viande de cheval, trois cents grammes de pain, voilà la nourriture dont Paris se contente à l'heure qu'il est. Dans dix jours, quand nous n'aurons plus de pain, nous aurons consommé 6 509 chevaux de plus, et il ne nous en restera que 26 500. Nous pouvons, il est vrai, y joindre 3 000 vaches réservées pour le dernier moment, parce qu'elles fournissent du lait aux malades et aux nouveau-nés. Mais, alors, comme il faudra remplacer le pain absent, la ration de la viande devra être quadruplée, et nous serons obligés de tuer 3 000 chevaux par jour. Nous vivrions ainsi pendant une semaine environ. Mais nous n'en viendrons pas à cette extrémité, précisément parce que legouvernement de la Défense nationale s'est décidé à négocier. On dira peut-être : Pourquoi avoir tant tardé ? Pourquoi n'avoir pas révélé plus tôt ces vérités terribles ? » A cette question, il y a à répondre que le devoir était, de prolonger la résistance jusqu'aux dernières limites, et que la révélation de semblables détails eût été la fin de toute résistance. Mais le ravitaillement marchera assez vite pour que nous ne restions pas un seul jour sans pain. Toutes les mesures que la prudence pouvait suggérer ont été prises, et, pourvu que, chacun comprenne son devoir, pourvu que les agitations intérieures ne viennent pas troubler la reprise de l'activité industrielle et commerciale, de nouveaux approvisionnements nous arriveront juste au moment où nous aurons épuisé ceux qui nous restent.Nous avons le ferme espoir, nous avons la certitude que la famine sera épargnée à deux millions d'hommes, de femmes, de vieillards et d'enfants. Le devoir sacré de pousser la résistance aussi loin que les forces humaines le comportent, nous a obligés de tenir tant que nous avons eu un reste de pain. Nous avons cédé, non pas à l'avant dernière heure, mais à la dernière. Paris, 29 janvier 1871. »
« Soldats, marins et gardes mobiles, Tant qu'une bouchée de pain a été assurée à Parts, vous avez défendu cette grande cité, qui a été, pendant cinq mois, le boulevard de la France. Vous l'avez défendue au prix de votre sang, qui a coulé à pleins bords. Aujourd'hui que des malheurs inouïs, que votre courage et vos sacrifices n'ont pu conjurer, vous ramènent dans son enceinte, de nouveau devoirs, non moins sacrés que ceux que vous avez accomplis déjà, vous sont imposés. À tout prix vous devez donner à tous l'exemple de la discipline, de la bonne tenue, de l'obéissance. Vous le devez par respect de vous mêmes, par respect pour notre patrie en deuil, dans l'intérêt de la sécurité publique. Vous ne faillirez pas, j'espère, à cette obligation sacrée. Y manquer serait plus qu'une faute, ce serait un crime. Officiers, sous-officiers et soldats, restez unis dans un sentiment commun de patriotisme passionné soutenez vous, fortifiez vous les uns les autres, alors qu'après avoir versé tant de sang pour l'honneur de Paris et les plus grands intérêts de la patrie, vous méritiez qu'on dise de vous : Ils ne sont pas seulement de braves soldats, ils sont aussi de bons citoyens. Paris, le 30 janvier 1871. »
Paris : Une nouvelle fois les membres dugouvernement de la Défense nationale, s'adressent aux Français, justifiant son acceptation de l'armistice par le manque de provisions alimentaires.
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
Déclaration du Gouvernement de la Défense nationale
« Français, Paris a déposé les armes à la veille de mourir de faim. On lui avait dit : Tenez quelques semaines, et nous vous délivrerons. Il a résisté cinq mois, et, malgré d'héroïques efforts, les départements n'ont pu le secourir. Il s'est résigné aux privations les plus cruelles. Il a accepté la ruine, la maladie, l'épuisement. Pendant un mois, les bombes l'ont accablé, tuant les femmes, les enfants. Depuis plus de six semaines, les quelques grammes de mauvais pain qu'on distribue, à chaque habitant suffisent à peine à l'empêcher de mourir. Et quand, ainsi vaincue par la plus inexorable nécessité, la grande cité s'arrête pour ne pas condamner deux millions de citoyens à la plus horrible catastrophe ; quand, profitant de son reste de forces, elle traite avec l'ennemi au lieu de subir une reddition à merci, au dehors, on accuse legouvernement de la Défense nationale de coupable légèreté, on le dénonce, on le rejette. Que la France nous juge, nous et ceux qui nous comblaient hier de témoignages d'amitié et de respect, et qui aujourd'hui nous insultent : Nous ne relèverions pas leurs attaques si le devoir ne nous commandait de tenir jusqu'à la dernière heure, d'une main ferme, le gouvernail que le peuple de Paris nous a confié au milieu de la tempête. Ce devoir, nous l'accomplirons. Lorsqu'à la fin de janvier, nous nous sommes résignés à essayer de traiter, il était bien tard. Nous n'avions plus de farine que pour dix jours, et nous savions que la dévastation du pays rendait le ravitaillement tout à fait incertain. Ceux qui se lèvent aujourd'hui contre nous ne connaîtront jamais les angoisses qui nous agitaient. Il fallait cependant les cacher, aborder l'ennemi avec résolution, paraître encore prêts à combattre et munis de vivres. Ce que nous voulions, le voici : Avant tout, n'usurper aucun droit. À la France seule appartient celui de disposer d'elle-même. Nous avons voulu le lui réserver. Il a fallu de longues luttes pour obtenir la reconnaissance de sa souveraineté. Elle est le point le plus important de notre traité. Nous avons conservé à la garde nationale sa liberté et ses armes. Si, malgré nos efforts, nous n'avons pu soustraire l'armée et lagarde mobile aux lois rigoureuses de la guerre, an moins les avons nous sauvées de la captivité en Allemagne et de l'internement dans un camp retranché, sous les fusils prussiens. On nous reproche de n'avoir pas consulté la délégation de Bordeaux ! On oublie que nous étions enfermés dans un cercle de fer que nous ne pouvions briser. On oublie d'ailleurs, que chaque jour rendait plus probable la terrible catastrophe de la famine, et, cependant, nous avons disputé le terrain pied à pied, pendant six jours, alors que la population de Paris ignorait et devait ignorer sa situation véritable, et qu'entrainée par une généreuse ardeur elle demandait à combattre. Nous avons donc cédé à une nécessité fatale. Nous avons, pour la convocation de l'Assemblée, stipulé un armistice, alors que les armées qui pouvaient nous venir en aide étaient refoulé loin de nous. Une seule tenait encore, nous le croyions du moins. LaPrusse a exigé lareddition de Belfort. Nous l'avons refusée, et, par là même, pour protéger la place, nous avons pour quelques jours réservé la liberté d'action de son armée de secours. Mais, ce que nous ignorions, il était trop tard. Coupé en deux par les armées allemandes,Bourbaki, malgré son héroïsme, ne pouvait plus résister, et, après l'acte de généreux désespoir auquel il s'abandonnait,sa troupe était forcée de passer la frontière. La convention du 28 janvier n'a donc compromis aucun intérêt, et Paris seul a été sacrifié. Il ne murmure pas. Il rend hommage à la vaillance de ceux qui ont combattu loin de lui pour le secourir. Il n'accuse pas même celui qui est aujourd'hui si injuste et si téméraireM. le ministre de la guerre, qui a arrêté legénéral Chanzy voulant marcher au secours de Paris, et lui a donné l'ordre de se retirer derrière laMayenne. Non ! Tout était inutile, et nous devions succomber. Mais notre honneur est debout, et nous ne souffrirons pas qu'on y touche. Nous avons appelé la France à élire librement une Assemblée qui, dans cette crise suprême, fera connaître sa volonté. Nous ne reconnaissons à personne le droit de lui en imposer une, ni pour la paix ni pour la guerre. Une nation attaquée par un ennemi puissant lutte jusqu'à la dernière extrémité ; mais elle est toujours juge de l'heure à laquelle la résistance cesse d'être possible. C'est ce que dira le pays consulté sur son sort. Pour que son vœu s'impose à tous comme une loi respectée, il faut qu'il soit l'expression souveraine du libre suffrage de tous. Or, nous n'admettons pas qu'on puisse imposer à ce suffrage des restrictions arbitraires. Nous avons combattu l'empire et ses pratiques. Nous n'entendons pas les recommencer en instituant des candidatures officielles par voie d'élimination. Que de grandes fautes aient été commises, que de lourdes responsabilités en dérivent, rien n'est plus vrai. Mais le malheur de la patrie efface tout sous son niveau, et, d'ailleurs, en nous rabaissant au rôle d'hommes de parti pour proscrire nos anciens adversaires, nous aurions la douleur et la honte de frapper ceux qui combattent et versent leur sang à nos côtés. Se souvenir des dissensions passées quand l'ennemi foule notre sol ensanglanté, c'est rapetisser par ses rancunes la grande œuvre de la délivrance de la patrie. Nous mettons les principes au-dessus de ces expédients. Nous ne voulons pas que le premier décret de la convocation de l'Assemblée républicaine en 1871 soit un acte de défiance contre les électeurs. A eux appartient la souveraineté ; qu'ils l'exercent sans faiblesse, et la patrie pourra être sauvée. Le gouvernement de la Défense nationale repousse donc et annule au besoin le décret illégalement pendu par là délégation de Bordeaux, et il appelle tous les Français à voter, sans catégories, pour les représentants qui leur paraîtront les plus dignes de défendre là France. Vive la République ! Vive la France Paris, le 4 février 1871. »
À Bordeaux,Léon Gambetta démissionne de ses fonctions.
Lettre de démission de Léon Gambetta
« Ma conscience me fait un devoir de résigner mes fonctions de membre du gouvernement avec lequel je ne suis plus en communion d'idées ni d'espérance. J'ai l'honneur de vous informer que j'ai remis ma démission aujourd'hui même, en vous remerciant du concours patriotique et dévoué que j'ai toujours trouvé en vous pour mener à bonne fin l'œuvre que j'avais entreprise. Je vous prie de me laisser vous dire que mon opinion profondément réfléchie est qu'à raison de la brièveté des délais et des graves intérêts qui sont en jeu, vous rendrez un suprême service à la République en faisant procéder aux élections du8 février, et vous réservant, après ce délai, de prendre telles déterminations qui vous conviendront. Je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments fraternels. Bordeaux, le, 3 heures. »
Paris : Par décrets, le gouvernement lève les réquisitions sur les farines, les chevaux, les ânes, les mulets, et en général sur tous les animaux de boucherie. Lemarché aux bestiaux de la Villette est de nouveau ouvert quotidiennement. La vente de la viande redevient désormais libre dans tous les étals de boucherie. Toutefois les boucheries municipales établies, fonctionnant par les soins des maires, sont maintenues. Les réquisitions sont abolies. Concernant le courrier, les lettres peuvent désormais être closes, le service de la censure est dissous.
La population parisienne apprend la démission deLéon Gambetta.
Paris : Aux élections pour l'Assemblée nationale 4 députés socialistes révolutionnaires sont élus à Paris (sur 43 au total). Lemaire de Paris, prend un arrêté qui indiquant la fin du rationnement du pain et son prix.
« Le membre du gouvernement, maire de Paris, ARRÊTE : Art.1er : A dater du 10 février, le rationnement du pain cessera d'avoir lieu. En conséquence, l'arrêté du 18 janvier est rapporté.
Art 2 : Sont également rapportés les arrêtés du maire de Paris, du 3 décembre 1870, limitant les livraisons de la caisse de la boulangerie ; du 12 décembre, défendant la vente des farines ; du 5 janvier 1871 défendant la sortie du pain du 12 janvier, interdisant la fabrication et la vente de pain de luxe, et le blutage des farines par les boulangers. Le commerce des farines, la fabrication et le colportage du pain, sous quelque forme que ce soit, ne seront désormais soumis à aucune restriction, sauf la taxe municipale, qui est maintenue jusqu'à nouvel ordre.
Art. 3. Le pain sera désormais taxé au prix de 47 centimes 1/2 le kilogramme, comme avant l'arreté du 18 janvier dernier. Fait à Paris, le 8 février 1871 »
Paris : « Legouvernement de la Défense nationale, considérant que lesjournauxLe Réveil etLe Combat[226] contiennent chaque jour des excitations à la guerre civile. Que leur publication devient, en présence des crimes qui viennent d'être commis contre la sûreté de l'Etat, un danger public auquel la cité et la défense ne peuvent plus longtemps être exposées. Que lasituation actuelle de Paris fait au gouvernement un devoir de recourir aux mesures que l'état de siège comporte. Décrète : Le journalLe Réveil et le journalLe Combat sont supprimés ».
Paris : Les Prussiens ajoutent 5 articles additionnels à laConvention d'armistice. D'autre part l'armistice, qui devait expirer le19 février à midi, est prorogé au24,« avec faculté de renouveler cette prorogation, si les circonstances l'exigent ».
« Les soussignés, munis de pouvoirs en vertu desquels ils ont conclu la convention du 28 janvier, considérant que par ladite convention il était réservé à une entente ultérieure de faire cesser les opérations militaires dans les départements duDoubs, duJura et de laCôte-d'Or, et devantBelfort, et de tracer la ligne de démarcation entre l'occupation allemande et les positions de l'armée française à partir deQuarré-les-Tombes, dans le département de l'Yonne, ont conclu la convention additionnelle suivante :
Art. 1er La forteresse deBelfort sera rendue au commandant de l'armée de siège avec le matériel de guerre faisant partie de l'armement de la place. La garnison de Belfort sortira de la place avec les honneurs de la guerre, en conservant ses armes, ses équipages et le matériel de guerre appartenant à la troupe, ainsi que les archives militaires. Les commandants de Belfort et de l'armée de siège se mettront d'accord sur l'exécution des stipulations qui précèdent, ainsi que sur les détails qui n'y sont pas prévus, et sur la direction et sur les étapes dans lesquelles la garnison de Belfort rejoindra l'armée française au-delà de la ligne de démarcation.
Art. 2. Les prisonniers allemands se trouvant à Belfort seront mis en liberté.
Art 3. La ligne de démarcation, arrêtée jusqu'au point où se touchent les trois départements de l'Yonne, de laNièvre et de laCôte-d'Or, sera continuée le long de la limite méridionale du département de laCôte-d'Or jusqu'au point où le chemin de fer qui, deNevers, parAutun etChagny, conduit àChalon-sur-Saône, franchit la limite dudit département. Ce chemin de fer restera en dehors de l'occupation allemande, de manière que la ligne de démarcation, en se tenant à la distance d'un kilomètre de la ligne ferrée, rejoindra la limite méridionale du département de la Cote-d’Or à l'Est deChagny, et suivra la limite qui sépare le département deSaône-et-Loire des départements de laCôte-d'Or et duJura. Après avoir traversé la route qui conduit deLouhans àLons-le-Saulnier, elle quittera la limite départementale à la hauteur du village de Melleret, d'où elle se continuera de manière à couper le chemin de fer deLons-le-Saulnier àBourg, à une distance de onze kilomètres sud deLons-le-Saulnier, se dirigeant de là sur le pont de l'Ain, sur la route deClairveaux, d'où elle suivra la limite nord de l'arrondissement de Saint-Claude jusqu'à la frontière suisse.
Art. 4. Laforteresse de Besançon conservera un rayon de dix kilomètres à la disposition de sa garnison. La place forte d'Auxonne sera entourée d'un terrain neutre de trois kilomètres, à l'intérieur duquel la circulation sur les chemins de fer qui, deDijon conduisent àGray et àDôle, sera libre pour les trains militaires et d'administration allemands. Les commandants de troupes, de part et d'autre, regleront le ravitaillement des deux forteresses et des forts qui, dans les départements duDoubs et duJura, se trouvent en possession de troupes françaises et la délimitation des rayons de ces forts, qui seront de trois kilomètres chacun. La circulation sur les routes ou chemins de fer qui traversent ces rayons sera libre.
Art. 5 Les départements duJura, duDoubs et de laCôte-d'Or seront compris dès à présent dans l'armistice conclu le28 janvier, en y appliquant, pour la durée de l'armistice et pour les autres conditions, la totalité des stipulations consignées dans la convention du 28 janvier dernier.Versailles le 15 février 1871. »
Chiffres comparatifs de la mortalité constatée à Paris, chaque semaine, pendant la période de l'investissement soit du 18 septembre 1870 jusqu'au 25 février 1871. Cette colonne est suivie des chiffres de la semaine correspondante relevés l'année précédente[72],[227].
Tableau comparatif de la mortalité à Paris durant le siège et l'année précédente.
Semaine
Décès constatés à Paris du 18 septembre 1870 au 25 février 1871
Décès de la semaine correspondante de l'année précédente
Paris : Les préliminaires de paix sont signés. Les négociateurs allemands avaient proposé de renoncer à toute entrée dans Paris, si laplace de Belfort leur était concédée. Comme elle reste française, les prussiens indiquent que cette entrée aura lieu mercredi, à dix heures du matin. L'armée allemande occupera l'espace compris entre laSeine et larue du Faubourg-Saint-Honoré, à partir de laplace de la Concorde jusqu'auquartier des Ternes. L'effectif des troupes introduites ne dépassera pas 30 000 hommes. L'évacuation aura lieu immédiatement après la ratification des préliminaires de paix par l'Assemblée nationale. L'armée française occupera la rive gauche de la Seine. Le mécontentement de la population grandit en apprenant l'entrée des Prussiens dans Paris. Les canons, sansgargousses, de laGarde nationale sont rassemblés àBelleville et àMontmartre.
Afin de prévenir tout débordement, et de tenter de calmer les esprits et les ardeurs,Adolphe Thiers, nouvellement nommé chef du pouvoir exécutif de la République Française, et son gouvernement adressent aux habitants de Paris la proclamation suivante :
Proclamation du gouvernement d'Adolphe Thiers
« Le gouvernement fait appel à votre patriotisme et à votre sagesse ; vous avez dans les mains le sort de Paris et de la France elle-même. Il dépend de vous de les sauver ou de les perdre.
Après une résistance héroïque, la faim vous a contraints de livrer vos forts à l'ennemi victorieux ; les armées qui pouvaient venir à votre secours ont été rejetées derrière laLoire. Ces faits incontestables ont obligé le gouvernement et l'Assemblée nationale à ouvrir des négociations de paix.
Pendant six jours, vos négociateurs ont disputé le terrain pied à pied. Ils ont fait tout ce qui était humainement possible pour obtenir les conditions les moins dommageables. Ils ont signé des préliminaires de paix qui vont être soumis à l'Assemblée nationale.
Pendant le temps nécessaire à l'examen et à la discussion de ces préliminaires, les hostilités auraient recommencé et le sang aurait inutilement coulé sans une prolongation d'armistice.
Cette prolongation n'a pu être obtenue qu'à la condition d'une occupation partielle et très momentanée d'un quartier de Paris. Cette occupation sera limitée auquartier des Champs-Élysées. Il ne pourra entrer dans Paris que 30 000 hommes, et ils devront se retirer dès que les préliminaires de paix auront été ratifiés, ce qui ne peut exiger qu'un petit nombre de jours.
Si cette convention n'était pas respectée, l'armistice serait rompu : l'ennemi, déjà maître des forts, occuperait de vive force la cité tout entière. Vos propriétés, vos chefs-d'œuvre, vos monuments, garantis aujourd'hui par la convention cesseraient de l'être.
Ce malheur atteindrait toute la France. Les affreux ravages de la guerre, qui n'ont pas encore dépassé laLoire, s'étendraient jusqu'auxPyrénées.
Il est donc absolument vrai de dire qu'il s'agit du salut de Paris et de la France. N'imitez pas la faute de ceux qui n'ont pas voulu nous croire, lorsqu'il y a huit mois nous les adjurions de ne pas entreprendre une guerre qui devait être si funeste.
L'armée française qui a défendu Paris avec tant de courage occupera la gauche de laSeine pour assurer la loyale exécution du nouvel armistice. C'est à lagarde nationale à s'unir à elle pour maintenir l'ordre dans le reste de la cité.
Que tous les bons citoyens qui se sont honorés à sa tête et se sont montrés si braves devant l'ennerni reprennent leur ascendant, et cette cruelle situation d'aujourd'hui se terminera par la paix et le retour de la prospérité publique.
Paris, le 27 février 1871. »
— Adolphe Thiers chef du pouvoir exécutif de la République française. Jules Favre, ministre des affaires étrangères Ernest Picard, ministre de l'intérieur.
Base préliminaire à la paix définitive à conclure ultérieurement
Base préliminaire à la paix définitive à conclure ultérieurement
« Teneur des préliminaires de paix, dont lecture été faite à l'Assemblée nationale et dont l'instrument authentique reste déposé aux archives du ministère des affaires étrangéres.Entre le chef du pouvoir exécutif de la République française,M. Thiers, et le ministre des affaires étrangères, M.Jules Favre, représentant la France, d'un côté, Et de l'autre, le chancelier de l'empire germanique, M. le comteOtto de Bismarck Schonhauson, muni des pleins pouvoirs de S. M. l'empereur d'Allemagne,roi de Prusse; Le ministre d'Etat et des affaires étrangères de S. M. leroi de Bavière, M. le comteOtto von Bray-Steinburg Le ministre des affaires étrangères de S. M. leroi de Wurtemberg, M. le baronAugust von Wächter(de); Le ministre d'Etat, président du conseil des ministres de S. A. R. Mgr legrand-duc de Bade, M. Jules Jolly ; Représentant l'Empire germanique. Les pleins pouvoirs des deux parties contractantes ayant été trouvés en bonne et due forme, il a été convenu ce qui suit pour servir de base préliminaire à la paix définitive à conclure ultérieurement.
ARTICLE PREMIER. La France renonce en faveur de l'Empire allemand à tous ses droits et titres sur les territoires situés à l'est de la frontière ci-après désignée :
La ligne de démarcation entre la France et l'Empire Allemand qui deviendra la nouvelle frontière imposée par letraité de Francfort
La ligne de démarcation commence à la frontière Nord-Ouest ducanton de Cattenom, vers leGrand-Duché de Luxembourg, suit, vers le sud, les frontières occidentales descantons de Cattenom etThionville, passe par lecanton de Briey en longeant les frontières occidentales des communes deMontois-la-Montagne etRoncourt, ainsi que les frontières orientales des communes deSainte-Marie-aux-Chênes,Saint-Ail, atteint la frontière ducanton de Gorze qu'elle traverse le long des frontières communales deVionville,Chambley etOnville, suit la frontière sud-ouest et sud de l'arrondissement de Metz, la frontière occidentale de l'arrondissement deChâteau-Salins jusqu'à la commune dePettoncourt dont elle embrasse les frontières occidentale et méridionale, pour suivre la crête des montagnes entre laSeille etMoncel, jusqu'à la frontière de l'arrondissement de Sarrebourg au sud deLagarde. La démarcation coïncide ensuite avec la frontière de cetarrondissement jusqu'à la commune deTanconville dont elle atteint la frontière au Nord. De là elle suit la crête des montagnes entre les sources de laSarre blanche et de laVezouze jusqu'à la frontière ducanton de Schirmeck, longe la frontière occidentale de ce canton, embrasse les communes deSaales,Bourg-Bruche,Colroy-la-Roche,Plaine,Ranrupt,Saulxures etSaint-Blaise-la-Roche ducanton de Saales, et coïncide avec la frontière occidentale des départements duBas-Rhin et duHaut-Rhin jusqu'aucanton de Belfort dont elle quitte la frontière méridionale non loin deVourvenans pour traverser lecanton de Delle, aux limites méridionales des communes deBourogne etFroidefontaine, et atteindre la frontièreSuisse, en longeant les frontières orientales des communes deJoncherey etDelle. L'empire allemand possédera ces territoires à perpétuité en toute souveraineté et propriété. Une commission internationale, composée de représentants des hautes parties contractantes, en nombre égal des deux côtés, sera chargée, immédiatement après l'échange desratifications du présent traité, d'exécuter sur le terrain le tracé de la nouvelle frontière, conformément aux stipulations précédentes. Cette commission présidera au partage des biens fonds et capitaux qui jusqu'ici ont appartenu en commun à des districts ou des communes séparés par la nouvelle frontière. En cas de désaccord sur le tracé et les mesures d'exécution les membres de la commission en référeront à leurs gouvernements respectifs. La frontière, telle qu'elle vient d'être décrite, se trouve marquée en vert sur deux exemplaires conformes de la carte du territoire formant legouvernement général d'Alsace publiée, àBerlin, en septembre 1870, par la division géographique et statistique de l'état-major général, et dont un exemplaire sera joint à chacune des deux expéditions duprésent traité. Toutefois, le tracé indiqué a subi les modifications suivantes, de l'accord des deux parties contractantes : Dans l'ancien département de la Moselle, le village deSainte-Marie-aux-Mines, près deSaint-Privat-la-Montagne, et deVionville, à l'ouest deRezonville, seront cédés à l'Allemagne. Par contre laville et les fortifications de Belfort resteront à la France avec unrayon qui sera déterminé ultérieurement.
ARTICLE 2 La France payera à S. M. l'empereur d'Allemagne la somme de cinq milliards de francs. Le payement d'au moins un milliard de francs aura lieu dans le courant de l'année 1871, et celui de tout le reste de la dette, dans un espace de trois années, à partir de la ratification des présentes.
ARTICLE 3 L'évacuation des territoires français occupés par les troupes allemandes commencera après la ratification du présent traité par l'Assemblée nationale, siégeant àBordeaux. Immédiatement après cette ratification, les troupes allemandes quitteront l'intérieur de laville de Paris, ainsi que les forts situés sur la rive gauche de laSeine, et, dans le plus bref délai possible fixé par une entente entre les autorités militaires des deux pays, elles évacueront entièrement les départements duCalvados, de l'Orne, de laSarthe, d'Eure-et-Loir, duLoiret, deLoir-et-Cher, d'Indre-et-Loire, de l'Yonne, et, de plus, les départements de laSeine-Inférieure, de l'Eure, deSeine-et-Oise, deSeine-et-Marne, de l'Aube et de laCôte-d'Or, jusqu'à la rive gauche de laSeine. Les troupes françaises se retireront en même temps derrière laLoire qu'elles ne pourront dépasser avant la signature du traité de paix définitif. Sont exceptées de cette disposition, la garnison de Paris dont le nombre ne pourra pas dépasse quarante mille hommes, et les garnisons indispensables à la sûreté des places fortes. L'évacuation des départements situés entre la rive droite de laSeine et la frontière de l'est par les troupes allemandes, s'opérera graduellement après la ratification du traité de paix définitif, et le payement du premier demi-milliard de la contribution stipulée par l'article 2, en commençant par les départements les plus rapprochés deParis, et se continuera au fur et à mesure que les versements de la contribution seront effectués. Après le premier versement d'un demi-milliard, cette évacuation aura lieu dans les départements suivants : Somme,Oise, et les parties des départements de laSeine-Inférieure,Seine-et-Oise,Seine-et-Marne, situés sur la rive droite de la Seine, ainsi que la partie du département de laSeine et les forts situés sur la rive droite. Après le payement de deux milliards, l'occupation allemande ne comprendra plus que les départements de laMarne, desArdennes, de laHaute-Marne, de laMeuse, desVosges, de laMeurthe ainsi que laforteresse de Belfort avec sonterritoire, qui serviront de gage pour les trois milliards restants, et où le nombre des troupes allemandes ne dépassera pas cinquante mille hommes. Sa Majesté l'empereur sera disposée à substituer à la garantie territoriale, consistant dans l'occupation partielle du territoire français, une garantie financière si elle est offerte par le gouvernement français dans des conditions reconnues suffisantes par Sa Majesté l'empereur et roi pour les intérêts de l'Allemagne. Les trois milliards dont l'acquittement aura été différé porteront intérêt à cinq pour cent à partir de la ratification de la présente convention.
ARTICLE 4 Les troupes allemandes s'abstiendront de faire des réquisitions, soit en argent, soit en nature, dans les départements occupés. Par contre, l'alimentation des troupes allemandes qui resteront en France aura lieu aux frais du gouvernement français, dans la mesure convenue par une entente avec l'intendance militaire allemande.
ARTICLE 5 Les intérêts des habitants des territoires cédés, par la France, en tout ce qui concerne leur commerce et leurs droits civils, seront réglés aussi favorablement que possible lorsque seront arrêtées les conditions de la paix définitive. Il sera fixé à cet effet un espace de temps pendant lequel ils jouiront de facilités particulières pour la circulation de leurs produits. Le gouvernement allemand n'apportera aucun obstacle à la libre émigration des habitants des territoires cédés, et ne pourra prendre contre eux aucune mesure atteignant leurs personnes ou leurs propriétés.
ARTICLE 6 Lesprisonniers de guerre qui n'auront pas déjà été mis en liberté par voie d'échange seront rendus immédiatement après la ratification des présents préliminaires. Afin d'accélérer le transport des prisonniers français, le gouvernement français mettra à la disposition des autorités allemandes, à l'intérieur du territoire allemand, une partie du matériel roulant de ses chemins de fer, dans une mesure qui sera déterminée par des arrangements spéciaux, et aux prix payés en France par le gouvernement français pour les transports militaires.
ARTICLE 8 Après la conclusion et la ratification dutraité de paix définitif l'administration des départements devant encore rester occupés par les troupes allemandes sera remise aux autorités françaises, mais ces dernières seront tenues de se conformer aux ordres que le commandant des troupes allemandes croirait devoir donner dans l'intérêt de la sûreté, de l'entretien et de la distribution des troupes. Dans les départements occupés, la perception des impôts, après la ratification du présent traité, s'opérera pour le compte du gouvernement français et par le moyen de ses employés.
ARTICLE 9 Il est bien entendu que les présentes ne peuvent donner à l'autorité militaire allemande aucun droit sur les parties du territoire qu'elles n’occupent point actuellement.
Paris : La Commission provisoire de la Garde nationale fait regrouper ses canons à Montmartre et Belleville en raison de l'entrée des soldats allemands dans Paris. Elle fait placarder l'Affiche noire qui recommande aux Parisiens de ne pas manifester contre les troupes allemandes qui occupent lesXVIe etXVIIe arrondissements.
Paris : À 10 heures du matin, aux termes des stipulations arrêtées dans la convention d'armistice, des détachements de l'armée allemande entrent dans Paris. Les premières colonnes débouchèrent par l'avenue de la Grande-Armée et l'avenue de l'Impératrice et arrivèrent jusqu'à l'Arc de Triomphe, qui était barricadé et de là descendent l'avenue des Champs-Elysées jusqu'à laplace de la Concorde, dont les abords étaient gardés par la troupe et les bataillons de la garde nationale, puis occupent l'espace expressément déterminé par la convention[230]. Les officiers et les soldats de ces détachements sont logés dans lePalais de l'Industrie, dans lecirque d'été, dans larotonde du Panorama, et dans des maisons particulières duquartier des Champs-Élysées et dufaubourg Saint-Honoré. Un cordon de nos troupes marque la limite dans laquelle les troupes allemandes sont tenues de se renfermer. L'accès des points occupés par les troupes occupantes ne sont pas interdites, mais la population presque tout entière s'est imposé la loi de ne pas user de la liberté de circulation qui lui a été laissée. Les fenêtres sont closes, les tentures noires sur posées sur les façades, les rues sont désertes.La Bourse n'a pas ouvert ses portes, sur les quais, sur les boulevards, dans les quartiers les plus reculés, les magasins et les boutiques également sont fermés. Paris a volontairement suspendu sa vie.
Dans la soirée, le gouvernement reçoit, en provenance deBordeaux, la dépêche relative à la ratification des préliminaires de la paix : Pour la ratification : 546 voix. Contre la ratification : 107 voix. L'Assemblée nationale a ratifié les préliminaires de paix. L'Assemblée confirme également la déchéance deNapoléon III et de sa dynastie.
Paris est calme.
Entrée triomphale des troupes allemandes dans Paris.
Entrée triomphale des troupes allemandes dans Paris.
Paris : La population de Paris s'est étonnée de voir un certain nombre de soldats allemands pénétrer dans les bâtiments du Louvre. Cette visite, qui avait été stipulée dans la convention, indiquait que les soldats allemands pourraient visiter deux seulement des monuments de Paris, leLouvre et l'Hôtel des Invalides, mais qu'ils ne pourraient le faire que parescouades sans armes, et sous la conduite d'officiers. Le général en chef a pris toutes les mesures nécessaires pour l'exécution de ces conditions, et la convention à cet égard a été strictement appliquée. L'émotion douloureuse de la population s'explique par les cruelles épreuves traversées, mais elle a cru, à tort, à une violation des conventions. Sur l'insistance dugénéral Vinoy, les chefs de l'armée allemande ont même renoncé à visiter les Invalides.
Paris -Yvelines : À 6 heures du matin,Jules Favre,ministre des affaires étrangères part pourVersailles porteur de la dépêche annonçant le vote de l'Assemblée. Conformément au traité des préliminaires de paix, il a demandé l'évacuation immédiate de l’intérieur de Paris et des forts de la rive gauche.
Proclamation d'Ernest Picard aux habitants de Paris
Proclamation d'Ernest Picard aux habitants de Paris
« L'armée allemande a évacué ce matin, à 11 heures, les quartiers où elle avait pénétré. Pendant son séjour, la tenue de Paris a été au-dessus de tout éloge ; partout, les lieux publics, les établissements industriels, les magasins des commerçants se sont fermés spontanément. Des cordons deligne et degarde de nationale, soigneusement disposés, ont formé, entre les troupes allemandes et la population, des frontières provisoires qu'ils ont fait respecter. Les occupants, laissés à eux-mêmes, ont pu comprendre que si le droit succombe parfois devant la force, il n'est pas si facile de dompter les âmes, et que la torture de la guerre ne domine pas seule le monde. Nous devons un juste tribut de reconnaissance aux habitants des arrondissements qui ont supporté la présence de l'étranger, ils ont racheté leurs concitoyens, préservé la cité de malheurs imminents et conservéBelfort à la France. Les municipalités des8e,16e et17e arrondissement ont fait leur devoir avec autant de zêle que d'abnégation. Paris n'aura jamais assez de respect pour ces magistrats dévoués qu'il trouve auprès de lui à toutes les heures de danger et de douleur. Le gouvernement de la République les remercie, comme il comptera toujours sur eux, comme il compte sur la population pour faire que Paris reste l'une des premières villes du monde. Paris le 3 mars 1871. »
Yvelines : L'Assemblée nationale décide de se transférer deBordeaux àVersailles, ce qui rappelle de très mauvais souvenirs aux Parisiens. Elle vote la fin du moratoire des dettes, des effets de commerce et des loyers, accablant ainsi la population parisienne sans le sou. Par lePacte de Bordeaux, les députés ne tiennent pas pour acquis le maintien de la République.
Paris : Sur ordre dugouvernement et d'Adolphe Thiers, l'armée se met en marche à partir de 3 heures du matin et cerne les quartiers où sont entreposés les canons pour les récupérer. Du côté deMontmartre, le point le plus important, sur lesboulevards de Clichy,de Rochechouart et lesrues Houdon,Lepic,Germain-Pilon,des Martyrs,place Pigalle… des mitrailleuses sont braquées du côté deMontmartre et occupés despiquets d'infanterie des45e,46e et137e de ligne. Vers 6h du matin, d'anciens sergents de ville costumés en gardes nationaux surprennent les détachements qui campaient sur la butte Montmartre et s'emparent des parcs d'artillerie. À 6h30, 3 coups de canons, tirés à blanc, annoncent à la troupe qu'ils peuvent venir prendre les canons. Quelques pièces sont descendues, mais desgardes nationaux du Comité Central accompagnés d'un grand nombre femmes s'opposent à leur enlèvement, et les remontent à leur parc. À 9h, des coups de feu sont tirés, la foule se replie, puis on aperçoit des gendarmes à pied[11],[12] et des soldats des46e et88e de ligne portant crosse en l'air. Le généralLecomte aurait donné l'ordre aux gendarmes de repousser les gardes nationaux et qu'un coup de feu avait été tiré sans que l'on sache par qui, puis que des gendarmes, des gardes nationaux et des soldats de la ligne se seraient tirés dessus mutuellement et que finalement les régiments de ligne avaient refusé de marcher contre la garde nationale et s'étaient débandés tandis que la cavalerie et la gendarmerie avaient été contraint de se replier. Durant toute cette confusion, le général Lecomte était enlevé de son cheval par les gardes nationaux et conduit au Château-Rouge, où se réunissaient des commandants de bataillons de Montmartre et des membres du comité directeur de la butte. Le généralClément Thomas ayant appris que le généralLecomte avait été saisi par les insurgés, il se mit à sa recherche. C'est ainsi qu'il arriva vers 17h sur laplace Pigalle, habillé en bourgeois. L'un des fédérés l'ayant reconnu à sa grande barbe blanche, il fut emmené vers larue des Rosiers. Le généralClément Thomas fut amené en premier dans le jardinet ou il fut exécuté. Le généralLecomte est passé par les armes par les soldats du88e de ligne. Adolphe Thiers et les autres ministres présents quittent Paris pourVersailles. C'est le début de laCommune de Paris.
Au moment où le siège de Paris semble inéluctable, le gouvernement engage un immense effort de travaux de défense qui a fait, en quelques semaines, d'une ville jugée hors d'état de se défendre une place véritablement imprenable. Legénie militaire, l'artillerie, leministère des Travaux publics, auxiliaire du génie et de l'artillerie, y ont concouru[236].
En1840,Adolphe Thiers, alorsprésident du Conseil fit entourer Paris d'une enceinte continue, bastionnée, que renforçaient, à une distance jugée alors assez considérable, un certain nombre de forts détachés. L'enceinte comprenait 94 bastions et avait une longueur de 34 kilomètres. Circulairement, à une distance de 1 400 à 3 500 mètres et à intervalles inégaux, était disposée une ligne de forts, dont certains n'étaient à proprement parler que desredoutes. C'étaientla Briche,la Double-Couronne, lesforts de l'Est,d'Aubervilliers,de Romainville,de Noisy,de Rosny,de Nogent, lesredoutes de la Faisanderie etde Gravelle qui fermaient la boucle de laMarne, lesforts de Charenton,d'Ivry,de Bicêtre,de Montrouge,de Vanves,d'Issy et enfin laforteresse du Mont-Valérien[237]. Lepérimètre donné ainsi atteignait 70 kilomètres et on ne supposait pas alors qu'il fût possible de l'investir. Les travaux furent terminés en 1844 et à cette époque, les portées ordinaires étaient de 1 600 mètres pour l'artillerie de siège, de 800 mètres pour l'artillerie de campagne et de 400 mètres pour le fusil. Mais ce qui, en 1840, avait pu paraître suffisant pour protéger la ville soit contre un investissement, même contre un bombardement, cessait trente ans après de présenter les mêmes garanties devant les perfectionnement considérables de l'artillerie et la masse des armées envahissantes. Legénéral de Palikao comprenant que cette situation était dangereuse, fit faire des travaux d'aménagement et garnit les forts d'artillerie. Des appareils destinés à éclairer le terrain au moyen de la lumière électrique avait été installés dans tous les forts. Les forts ainsi que tous les établissements militaires étaient reliés par unréseau télégraphique. En même temps, le général de Palikao donna des ordres pour qu'on construisit en hâte des ouvrages destinés à combler les vides existant entre les forts et à prendre pied sur les positions qui étaient dangereuses pour eux. C'est ainsi que laredoute de Gennevilliers[238], complétée par des batteries annexes à Colombes, au Petit-Nanterre[239], à Charlebourg[240], à Saint-Ouen[241], à Villeneuve-la-Garenne, etc. devaient boucher la trouée couverte seulement par la boucle de la Seine, qui se trouvait entreSaint-Denis et leMont-Valérien. Sur le plateau du Sud-Ouest ou les hauteurs très rapprochées des forts des étaient particulièrement menaçantes, on ébaucha desredoutes à Montretout, aux Brosses, dans le parc de Saint-Cloud, auBrimborion au-dessus deSèvres, àMeudon. Unfort fut commencé à la pointe Nord-Est duplateau de Châtillon. Il devait être flanqué de deux ouvrages au Moulin-de-pierre[note 5],[26],[27] et au sud deBagneux. On établit également desredoutes au Hautes-Bruyères et auMoulin de Saquet, afin de prendre pied sur le plateau deVillejuif. Du côté deSaint-Denis, on avait seulement relié par desparapets en terre les troisforts de la Briche,de la Double-Couronne etde l'Est. Le secteur Est allant deRomainville àNogent et naturellement plus protégé, on l'avait laissé tel quel.
La défense Paris est composée de94 bastions, 6 forts sur la rive gauche, 8 forts sur la rive droite ainsi que 3 forts à Saint-Denis[242].
Mais comme c'est souvent le cas, on n'établit pas à l'avance une corrélation suffisante entre les moyens dont on disposait et la nature des travaux à exécuter. Le général Ducrot indique à ce sujet :« La plupart de ces ouvrages (Montretout,Gennevilliers, Châtillon,Hautes-Bruyères) devaient dans le principe avoir deux étages de pièces de gros calibre aveccasemate. Pour cela il aurait fallu du temps et des hommes. Mais aprèsSedan, nous ne trouvions plus d'ouvriers, et d'heure en heure, l'ennemi était attendu. Il aurait donc fallu sur le champ ne plus songer aux ouvrages de grande fortification et se consacrer entièrement à établir de solides ouvrages de campagne[243]. Laissant de côté les voûtes et les traverses en pierre on auraient dû faire les plafonds, les abris, avec de la terre, des troncs d'arbres, des rails. Il n'en fut pas ainsi ; l'état-major dugénie voulut continuer à élever de majestueux ouvrages réguliers et permanents. Le16 septembre, la veille de l'arrivée des Allemands on travaillait encore dans lesredoutes de Montretout et de Châtillon à faire des traverses en maçonnerie ». Le19 septembre constatant leur état précaire, legénéral Trochu donnait l'ordre d'abandonner tous ceux du secteur Sud, en sorte que, quelques jours plus tard lorsque la nécessité s'imposa de donner de l'air à la défense qui étouffait dans les étroites limites où on l'avait confinée, il fallut reprendre de vive force lesredoutes des Hautes-Bruyères et duMoulin Saquet. Les autres restèrent aux mains de l'ennemi dont l'abandon nous fut préjudiciable.
La nécessité de mettre Paris en état de défense n'était jamais apparue au précédent gouvernement, même après les premiers revers, qu'à une échéance plus ou moins lointaine. Aussi pour compléter la défense extérieure, les stratèges proposaient d'établir 4 forts permanents en maçonnerie àGennevilliers, àMontretout, auxHautes-Bruyères et à Châtillon. Mais à peine l'exécution avait elle commencé, qu il fallut, par suite de la rapidité des événements, y renoncer et substituer des redoutes enterré aux travaux maçonnés. L'investissement de la place, au 18 septembre, ne permit d'achever que lesredoutes des Hautes-Bruyères etdu Moulin-Saquet.
Dans les forts, il n'y avait ni abris, ni plates formes, ni magasins, ni casemates, ni embrasures, ni aucune des défenses aux abords des ouvrages. Dans les six forts occupés par la marine[244], les travaux d'armement et de terrassement ont été exécutés par les marins eux-mêmes. 11 000 ouvriers fermèrent les 69 portes, de l'enceinte de Paris, établirent desponts levis, barrèrent les 4 canaux et placèrent desestacades dans laSeine.
Les bois de Boulogne et de Vincennes étaient abattus en partie[86] et 3 nouvelles batteries étaient créées àSaint-Ouen, àMontmartre et auxbuttes Chaumont. Sur les remparts et dans les forts le génie militaire construisit destraverses, des abris, 70 magasins voûtés destinés à recevoir les poudres et le matériel de la défense et installé 2 millions de sacs à terre pour couronner lesparapets.
La partie de l'enceinte correspondant auPoint du Jour, totalement ouverte en août 1870, fut l'objet d'énormes travaux exécutés en avant dans levillage de Billancourt avec 2 retranchements intérieurs devenant l'un des points les plus forts de la place en octobre. « Ces travaux ont été complétés par l'exploration des nombreuses carrières qui se développent en tous sens sur notre front et que les dispositions les plus sages, appuyées de la surveillance la plus vigilante, mettent désormais à l'abri de toute tentative de l'ennemi, par la transformation des égouts en fourneaux de mines sous le sol deBoulogne, deBillancourt, deNeuilly,Clichy, etc., par la construction d'appareils électriques d'une grande puissance dans tous les forts, et d'un systeme d'observatoires militaires qui se complète de jour en jour, par la construction de barrages destinés à maintenir le niveau de l'eau dans la ville, à assurer en amont et en aval l'action des canonnières blindées de la marine et le fonctionnement de lapompe de Chaillot, enfin par l'occupation très solide des villages qui avoisinent l'enceinte. »[236]
« DeVitry àIssy d'une part, entreSaint-Denis et lecanal de l'Ourcq d'autre part, les maisons ont été crénelées, les rues barricadéesn; une ligne continue relie maintenant lesredoutes de Gravelle etde la Faisanderie aux forts qui se succèdent jusqu'àSaint-Denis. En avant de cette ligne, les villages deNoisy,Rosny,Nogent, ont été également retranchés. On travaille à une ligne nouvelle qui s'étendra de laSeine (au point correspondant aubarrage de Port-à-l'Anglais) à laMarne, en passant parMaisons-Alfort.Plus de 80 000 travailleurs ont coopéré à cette œuvre immense, qui représente des mouvements de terre incalculables. En même temps que la place se renforçait, le rayon de la défense s'étendait de jour en jour. Ainsi, tandis que le 19 septembre, après l'affaire de Châtillon, nous étions réduits à la ligne des forts, nous avons aujourd'hui reconquis sur l'ennemi, en avant de nos ouvrages,Vitry,Villejuif,Arcueil,Cachan,Issy (dont l’ennemi occupait le parc au 19 septembre et où nous avons aujourd'hui des défenses formidables),Suresnes,Puteaux,Courbevoie, désormais à l'abri de ses incursions,Asnières, repris depuis trois jours,Villetaneuse, une partie dePierrefitte,Stains,La Courneuve,Fontenay-sous-Bois etNogent-sur-Marne, où les assiégeants pénétraient à leur aise et que nous avons couverts de barricades.Enfin, nous possédons vers l'est une tête de pont àJoinville et à l'ouest nous disposons, dans sa totalité, de lapresqu'île deGennevilliers. »[236],[30]
D'après les règles établies en 1867, l'armement des forts et de l'enceinte devait se composer de 7 pièces parbastion. Au début de laguerre, le matériel de l'artillerie n'était, pour les forts, que de 3 pièces par bastion, et il n'existait pas une seule pièce en batterie sur les remparts de l'enceinte. Il n'y avait pas non plus de bouches à feu de réserve de Paris, celles-ci ayant été envoyées à Metz et à Strasbourg. Jusqu'au8 août, on se borne à y placer quelques canons, plutôt pour satisfaire l'opinion publique qu'en prévision d'un siège qui semblait impossible.
À la mi-octobre, l'artillerie dispose, sur l'enceinte ou dans les forts, de 2 140 bouches à feu. De 10 coups par pièce, l'approvisionnement a été porté à 400 coups, et jusqu'à 500 pour les canons des forts. Le service de l'artillerie qui s'occupait de la fabrication des cartouches d'infanterie, a porté de 390 cartouches par homme à 2 millions de cartouches par semaine. Tous les forts de la rive droite, à l'exception d'Aubervilliers, deVincennes et deNogent, ont reçu des canons d'un puissant calibre. LeMont Valérien,Charenton,Gravelle,la Faisanderie,la Double Couronne, ainsi que divers points saillants de l'enceinte en ont reçu une bonne quantité. Ces puissantes pièces ont servi à former les batteries des buttes Chaumont et des buttes Montmartre, qui battent tout le terrain deGennevilliers àRomainville, ainsi que les importantes batteries du parc de Saint-Ouen qui protègent lefort de la Briche et qui portent leurs projectiles jusqu'au versant qui domine laSeine à droite d'Argenteuil. L'armement des forts de la rive gauche et de l'enceinte qui les avoisine a été fortifié de la même manière, de façon à protéger lePoint-du-Jour, la vallée de laSeine en amont, le confluent de laMarne et l'entrée dans Paris duchemin de fer d'Orléans.
L'artillerie de la défense de Paris a, par l'usage des pièces à longue portée, obligé l'ennemi à reporter au loin le rayon d'investissement.
La commission du génie civil veille à l'exécution des commandes de matériel et des munitions, émanées du ministère des travaux publics, et dont voici les principales :
102 mitrailleuses de divers modèles, commandées dans dix établissements différents.
500 000 obus de différents calibres, commandés aux différentes fonderies de Paris qui les livraient tous les jours.
5 000 bombes.
Plusieurs grosses pièces de marine à longue portée.
300 canons de 7 centimètres, rayés, se chargeant par la culasse, portant à 8 000 m.
On doit encore à la commission du génie civil l'organisation d'un service spécial d'inspection des secours à prendre contre l'incendie, et, dans le voisinage des musées et des établissements publics, l'établissement des appareils permettant de dominer, à l'origine, tous les sinistres. Du 5 septembre jusqu'au 12 octobre, ont été distribués par les soins du ministère de l'intérieur :
Pour la Garde nationale mobile : 563 736 objets.
Pour la Garde nationale sédentaire : 55 850 objets.
Pour différents services : 17 885 objets.
Formant un total de 637 471 objets.
Pendant cette période de temps, l'administration de la guerre, de son côté, délivrait directement aux gardes mobiles un grand nombre d'effets d'habillement et d'équipement, et tous les objets de campement, tels que demi couvertures, tentes, ustensiles, etc.
Les troupes dont disposait la défense se composaient d'éléments assez hétérogènes, les uns excellents, d'autres moins, mais formant un total formidable et bien supérieur à celui de l'ennemi.
La Marine, dont le rôle dans la seconde partie de la guerre a été considérable et précieux, avait fourni un contingent de 14 000 hommes et qui fut l'élément le plus solide et le plus sûr de la défense de Paris[247]. Le régiment d'artillerie de marine et des troupes d'infanterie de marine et de gendarmerie maritime furent également appelés à Paris[248].
Grâce aux grosses pièces amenées desarsenaux de Brest deCherbourg et deLorient et aux canonniers expérimentés qui les servaient, les forts ont pu lutter jusqu'à la fin. Aucun d'eux ne fut jamais réduit, ni même entouré, malgré la position désavantageuse où ils se trouvaient pour la plupart, malgré leurscourtines démodées et leurs largesterre-pleins qui en faisaient de vrais nids à obus.
En même temps, le chemin de fer amenait à Paris le régiment d'artillerie de marine, les troupes d'infanterie restées dans les dépôts, une partie de la gendarmerie maritime et un nombreux personnel composé d'ingénieurs, de commissaires, de médecins, etc. Huit officiers généraux de la marine sous les ordres de l'amiral de la Roncière de Noury se partagèrent le commandement de ces forces et prirent chacun la direction d'un des secteurs qui formait l'enceinte de la place.
Quant à la flottille de la Seine, placée sous le commandement du capitaine de vaisseau Thomasset, elle comprenait :
Le tout portant trente-troiscanons et huitpierriers. ;Quant aux fusiliers de la marine, ils furent, après le10 novembre, groupés en trois bataillons de600 à 700 hommes de manière à être disponibles pour toutes les expéditions.
On arriva ainsi à mettre sur pied environ 80 000 hommes d'infanterie de ligne, parmi lesquels on ne pouvait compter que le quart ou au plus le tiers de véritables soldats[251].
Cavalerie
La cavalerie se composait de la division Champéron, à trois brigades formées derégiments de marche et de régiments de gendarmes à cheval[11],[12]. Elle comprenait environ 5 000 cavaliers.
Artillerie
L'artillerie ne comptait au début du siège que les 30 batteries des13e et14e corps, dont 7 seulement étaient d'ancienne formation.
Génie
Legénie comptait 9 compagnies auxquelles il faut adjoindre 2 compagnies depontonniers-artilleurs et un détachement de pontonniers de marine.
Telle était la composition de l'armée active. À côté de celle-ci se trouvaient d'autres forces qui, mieux employées, auraient certainement pu donner des résultats plus satisfaisants que ceux qui ont été atteints. C'était lagarde mobile, lagarde nationale et lescorps francs.
Lagarde nationale mobile n'existait, en juillet 1870, que sur le papier. Ses soldats était appelés familièrementMobiles ou Moblots. Grâce à l'activité déployé parHenri Chevreau, les hommes de 14 divisions militaires, qui un mois avant n'étaient ni enrégimentés, ni équipés, furent pourvus du nécessaire minimum. C'était 100 000 hommes bien intentionnés, mais mal instruit, qui arrivaient pour renforcer l'armée de ligne.Mais à côté d'eux se trouvaient 15 000 gardes mobiles du département de la Seine que legénéral Trochu avait fait rappeler ducamp de Châlons et qui ne brillait absolument pas ni par la discipline, ni par l'esprit de combat. Ramenés au camp deSaint-Maur, ils refusèrent, le12 septembre, d'aller aux avant-postes parce que la position leur paraissait trop exposée. Le20 septembre, ils évacuaient leMont-Valérien et laissait la forteresse sans défenseurs au risque de la voir tomber aux mains de l'ennemi. 115 000 hommes de cette garde nationale mobile furent, dans le principe, réunis en régiments de trois bataillons. Ces régiments étaient répartis en quatre groupes sous les ordres des générauxde Liniers,Berthaut, Corréard etde Beaufort. Mais le 6 novembre, cette organisation était modifiée, et les bataillons de mobile incorporés dans les divisions actives qui constituaient les deux armées de la défense de Paris. Leurs pertes furent peu considérables puisqu'au moment de l'armistice il en restait encore 102 000 sous les armes[252]. Il faut dire que beaucoup d'entre eux ne virent jamais le feu.
Liste des départements ayant fourni des gardes nationaux mobiles à la défense de Paris[253],[254] :
Lagarde nationale sédentaire était unemilice citoyenne, qui comme le disait avec humourHenry Monnier« est fait autant pour protéger nos institutions que pour les combattre », qui se montait au moment de la déclaration de la guerre, le, à 60 000 hommes. C'était plus qu'il n'en fallait pour assurer le service des remparts et la police intérieure de la ville. Mais on créa tout de même 60 nouveaux bataillons puis encore 60 autres[255], en raison du manque de confiance de l'opposition envers l'armée active impériale. Si bien qu'on en vint à donner un fusil, un équipement et 1,50 franc par jour[20] à tout homme qui se présentait, quels que fussent ses antécédents et ses références. Des étrangers, des enfants, des vieillards, des vagabonds et des repris de justice[256]. La garde nationale finit par compter 350 000 hommes. Quant aux officiers, nommés à l'élection, il fallut, pendant la durée du siège, en destituer 495 seulement[257]. Il fallut convenir bientôt que cette forcepseudo-militaire était plus gênante pour la défense que redoutable pour l'ennemi. Alors vers la mi-novembre 1870, on forma dans chaque bataillon à l'aide de volontaires, célibataires ou veufs sans enfants, des compagnies de guerre destinées à coopérer aux opérations extérieures et à monter la garde hors des remparts[258].
Les bataillons devaient être formés par les arrondissements ci-après :
Certains bataillons avaient été formés avec le personnel de quelques industries ou grandes administrations, tels, par exemple, les bataillons de laCompagnie du gaz, desPetites Voitures (CGPV), desOmnibus, desChemins de fer de l'Est,du Nord,d'Orléans, etc. Les effectifs de ces 254 bataillons étaient des plus divers et allaient de350 à 2 600 hommes
Ces bataillons de mobilisés sortirent pour la première fois du20 au 25 novembre. Le général Ducrot écrit dans ses mémoires :« Nous ne pouvons nous rappeler sans tristesse le désordre qui régnait dans leurs rangs. Nous ne parlerons que pour mémoire du fameux bataillon de Belleville, qui dût être licencié pour avoir abandonné son poste devant l'ennemi aux tranchées deMaisons-Alfort[261] » Le bataillon deBelleville commandé parFlourens s'est débandé jusqu'à six fois devant l'ennemi[262]. D'autres exigeaient qu'on les relevât des avant-postes avant même d'y avoir reçu un coup de fusil[263].
Le général Thoumas[258] indique toutefois :« La Commune et le second siège de Paris ont prouvé incontestablement que ces mêmes fédérés qui, pendant le premier siège, n'avaient fait que troubler la défense étaient capables de bien se battre au dehors. Si durant le premier siège, les compagnies soldées servant degarde prétorienne àPyat,Delescluzes,Flourens,Blanqui et consorts, legénéral Trochu les avaient mises camper en dehors des remparts et accoutumées peu à peu à de petites rencontres à la vue de l'ennemi on aurait eu des troupes aussi bonnes que les autres. »
Outre les 266 bataillons mobilisés et constituant la première armée, aux ordres du généralClément Thomas, la garde nationale comptait une légion d'artillerie sous les ordres du colonelSchœlcher, qui rendit quelques services aux remparts et une légion de cavalerie sous les ordres du colonel Quiclet, qui n'en rendit aucun.
Les corps francs, troisième et dernière incarnation des forces improvisées au moment de la guerre, absorbaient à Paris comme en province, un effectif considérable.
Pour l'infanterie, il y avait 33 corps de francs-tireurs qui s'équipaient eux-mêmes à leur guise. Les corps francs ne jouèrent généralement aucun rôle militaire que celui que leur assignait leur bon plaisir[264].
Plusieurs exceptions doivent cependant être faites en faveur de corps francs qui s'étaient imposé une mission spéciale et qui, grâce au recrutement, à leur organisation, à leurs chefs et à l'esprit qui les animait, ont été pour l'armée active des auxiliaires précieux qui ne se bornèrent pas, comme tant d'autres, à parader avec des galons, des bottes et des plumets. Parmi ceux qui firent, au contraire, une besogne utile on peut citer :
Les Éclaireurs à cheval de la Seine, également connu plus simplement sous le nom des Éclaireurs de la Seine sous les ordres du commandant Léon Franchetti. Les Éclaireurs de la Seine se signalèrent en plusieurs circonstances par un courage et une intelligence de vieille troupe aguerrie et rendirent des services que legénéral Ducrot s'est plu à le reconnaitre solennellement. Le commandant Léon Franchetti est mort héroïquement, le 6 décembre, des suites de blessures lors de labataille de Champigny[167].
Le corps d'artillerie des mitrailleuses sous les ordres du commandant Pothier.
Le corps auxiliaire du génie sous les ordres de l'ingénieur en chef Alphand.
Les ouvriers auxiliaires du génie sous les ordres de l'ingénieur Ducros.
Les Francs-tireurs de la Presse.
Les Éclaireurs de Poulizac.
Récapitulatif des forces françaises en septembre 1870
En septembre 1870, enfermés dans les murs de Paris, il y avait[265]:
80 000 hommes de troupes de ligne. On ne pouvait en compter, comme de réel soldats, qu'un tiers ou un quart. Les35e et42e régiments d'infanterie de ligne étaient les seules unités à être de formation antérieure à laguerre.
100 000mobiles venus de 25 départements de province du4 au.
300 000gardes nationaux non exercés, qui avaient étéarrachés de leurs travaux, de leurs occupations, de leurs boutiques, de leurs ateliers… Parmi ces 300 000 gardes nationaux, il y avait selon legénéral Trochu environ 30 000 repris de justice. Un garde national touchaient quotidiennement 1,50 franc pour lui et 75 centimes pour sa femme[20].
Jérôme Baconin,Paris 1870-1871, l'année terrible, collection « Mémoire en images », éditions Alan Sutton, 2007(ISBN978-2-84910-705-8), un ouvrage illustré faisant une synthèse chronologique des événements du siège.
Gustave Desjardins :Tableau de la guerre des Allemands dans le département de Seine-et-Oise, 1870-1871.
Bernard Giovanangeli et alii.,1870, Les soldats et leurs batailles, coédition Bernard Giovanangeli éditeur – ministère de la Défense, 2006(ISBN2-909034-95-X).
Damase Jouaust :Lettre-journal de Paris : gazette des absents.
Ernest Lavisse :L'Invasion dans le département de l'Aisne.
Christian Lebrument :La guerre de 1870 et la Commune : Vie quotidienne àColombes .
Jean Claude Lettré,La fabuleuse histoire des Boules et Ballons de la délivrance Les transmissions du courrier pendant le siège de Paris guerre de 1870-1871 - Éditions Aramis 2006, 20bis chemin du Pessay 74940 Annecy-le-vieux.
Jean Claude Lettré,Mémoire d'une Guerre Oubliée et de son Histoire Postale - Siège de Paris 1870-1871 - Éditions Aramis 2010, 20bis chemin du Pessay 74940 Annecy-le-vieux.
Adrien Mentienne :Souvenirs du Siège de Paris et des Batailles de la Marne en 1870.
↑Petit-Bicêtre, qui est l'ancien nom de Petit-Clamart, était un petit village dépendant et situé sur le haut de la commune deClamart
↑La ferme de Trivaux également appelée ferme du Petit Trivaux était une ferme située sur la commune deMeudon qui sera démolie après 1960 lors de la construction deMeudon-la-Forêt
↑La Pointe de Trivaux était une ferme située au Sud dubois de Meudon et à l'Ouest duPlessis-Piquet qui était également située sur la commune deMeudon
↑abcdef etgL'ouvrage du Moulin de Pierre, était à l'origine unmoulin à grain construit en pierre auXVIIe siècle. Situé dans le hameau de Fleury sur la commune deClamart, cette bâtisse très imposante est aménagée en redoute pour contrecarrer les attaques prussiennes durant le siège. De nombreux combats auront lieu autour de ce point que les troupes allemandes finiront par prendre. Lors de laCommune cette redoute occupée par lescommunards est prise fin avril 1871 par les Versaillais. Après tous ces combats le moulin qui était devenu une ruine, fut démoli. Une rue deClamart porte son nom.
↑La garde royale, les IVe et XIIe corps d'armée formèrent avec les 5e et 6e divisions de cavalerie une autre armée, forte de 138 000 hommes, qui reçut le nom d'« armée de la Meuse »
↑abcde etfLa ferme de Groslay également appelée ferme du Petit-Groslay, était située dans l'est de la commune deDrancy près duBlanc-Mesnil
↑abcdefghi etjUnDécret impérial en date du 11 août 1870, prescrit l'organisation immédiate, dans la gendarmerie, d'un régiment à pied et d'un régiment à cheval destinés à intervenir dans les opérations contre les armées allemandes
↑a etbPaul Aubert : Monographie communale des Alluets-le-Roi
↑Achille Prosper Mocquery était un lieutenant-colonel d'infanterie en retraite qui avait été rappelé et nommé colonel pour le temps de la guerre pour prendre le commandement d'un régiment de marche
↑Jean-Baptiste Lavoignet était un colonel d'infanterie en retraite qui avait été rappelé pour le temps de la guerre pour prendre le commandement d'un régiment de marche
↑Georges d'Heylli :Journal du siège de Paris, décrets, proclamations, circulaires, rapports, notes, renseignements, documents divers officiels Tome 2 page 672.
↑a etbLes dates indiquées dansLa Gazette des Absents (29 et 30 décembre) semblent erronées puisqu'il semble que ses animaux seront consommés le 25 décembre puis le 31 décembre! Affaire à suivre.
↑Les renseignements concernant l'atterrissage étant contradictoire, il convient de se porter à l'image de l'articleballons sortis pendant le Siège de Paris
↑Dans son Histoire générale de la guerre franco-allemande (1870-71) le lieutenant-colonel Léonce Rousset, page 71, indique le nombre de près de 30 000 repris de justice qui avaient incorporé la Garde nationale.
↑La politique et le siège de Paris par le général Trochu page 93.
↑a etbLes transformations de l'Armée française par le général Thoumas tome I page 316