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| Auteur | Anonyme (Chronique de 754) |
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Leschroniques mozarabes sont une suite de documents rédigés à partir de754 par desmoineschrétiensespagnols réfugiés dans lesAsturies à cause de laconquête musulmane de l'Ibérie, devenueal-Andalus quarante ans auparavant. De culture latine etwisigothique, ces moines rebelles refusaient de se plier au nouvel ordre musulman, contrairement à leurs coreligionnairesmozarabes deTolède, et narrèrent l'épopée de la chrétienté face aux nouveaux maîtres du défuntroyaume wisigoth. Ces documents constituent la seule trace écrite sur ces événements.
Ceschroniques introduisent l'idée d'une continuité du sang des rois wisigoths dans la lignée duroyaume des Asturies, credo qui subsiste dans lafamille royale d'Espagne encore actuellement (l'héritier royal espagnol est titréprince des Asturies pour cela).
La narration de labataille de Covadonga prend place dans ces chroniques, ainsi qu'une description du règne d'Ardo, résistant à la conquête musulmane dans la région de laGaule wisigothique, dans lesPyrénées-Orientales.
La fonction de ce récit était de susciter une volonté de résistance parmi les populations vivant dans les vallées des Asturies ; il est donc manifeste que ce prosélytisme apporte un corpus critiquable pour les historiens contemporains chargés de démêler ce qui relève de l'hagiographie, rédigée à but de propagande, des évènements qui se sont effectivement déroulés. La date de la bataille n'est pas connue autrement que par l'écrit des moines, elle est donc sujette à caution (les historiens, dans divers volumes de l'Histoire de l'Espagne, notent une indétermination de quatre années concernant la datation).
L'emploi des termes est particulièrement digne d'intérêt puisque la description de l'adversaire figurant dans ces chroniques distingue lesMorros desSaracenos, les uns étant les Berbères maures et les autres le contingent essentiellement arabe provenant de lapéninsule Arabique, formé également deSyriens - ce contingent assimilable à unearistocratie dominante étant considérablement plus réduit.
Cette distinction entre Maures etSarrasins disparaît dans des écrits ultérieurs tels que le corpus de textes amenant laChanson de Roland, écrit par des hagiographes carolingiens.
Se poursuivant jusqu'à la fin duhaut Moyen Âge, les chroniques parviennent à associer l'idée du mouvement de laReconquista, qui ne devient prégnante qu'à partir duIXe siècle, avec une mission divine liée à l'esprit des Croisades en Terre sainte.
La découverte mythique des restes de saintJacques le Majeur, dans leroyaume de León, fut tout à fait opportune pour amorcer une ferveur religieuse en ces années de péril pour le royaume situé en Galice. Ces évènements, fort heureux pour un royaume isolé sur les fins de terre, ont lieu sous le règne d'Alphonse II des Asturies. Ce petit royaume en marge de l'Occident chrétien se retrouvait par grâce possesseur de l'une desreliques les plus importantes de la chrétienté, reconnue par la papauté, alors que l'ensemble des reliques connues de l'époque étaient situées enTerre sainte ou àRome.

De même, la légende des apparitions miraculeuses deSantiago Matamoros (Saint-Jacques lematamore, soit littéralement letueur de Maures à l'occasion de labataille de Clavijo en 844) achève d'inscrire dans les consciences la mission "inspirée par Dieu et voulue par les moines" que constitue la refondation de l'unité perdue de la péninsule formée sous les Wisigoths. La reconquête mena en fait auxEspagnes, l'unité retrouvée ne prenant forme qu'avec les Rois Catholiques.
AuXIXe siècle, l'historiographie espagnole fait une relecture de ces chroniques et développe ardemment l'idée que, de 711 à 1492, l'« Espagne » et l'hispanité - à savoir l'identité espagnole - furent tenues en captivité par l'épisode circonstanciel de l'invasion musulmane.
Les historiens du siècle suivant, considérantal-Andalus comme un pays à part entière et non comme une terre à reconquérir sur laquelle les rois successifs de la Reconquista taillèrent les Marches de leur royaume, revinrent sur cette conception et pensèrent l'Occident islamique que fut al-Andalus dans sa période florissante comme issu d'unsyncrétisme culturel entre lacivilisation islamique et l'identité ibère ; ce courant de penséehistoriographique considère que ce sont les conquérants qui se sont hispanisés, adoucissant leur mode de vie dans le paradis végétal que fut pour eux le pays des fleuves face aux déserts des Empires islamiques, et non les populations qui se sontislamisées etarabisées à compter duXe siècle.
https://www.aymennjawad.org/23270/the-mozarabic-chronicle-full-translation#_edn161