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Christine (ensuédois :Kristina), née le àStockholm (Suède-Finlande) et morte le àRome (États pontificaux),reine de Suède de1632 à1654, est connue également comme lareine Christine. Son titre réel est « roi de Suède » et non « reine », conformément au souhait de son père de lui permettre ainsi de monter sur le trône. Elle seconvertit aucatholicisme,abdique en1654, et après une série de périples à travers l'Europe, se fixe définitivement àRome. Esprit vif et curieux, elle a correspondu avec les plus grands penseurs de son temps.
Gustave Adolphe, qui avait perdu deux enfants en bas âge[3], avait réglé l'ordre de sa succession avant d'entrer en campagne. Il avait obtenu des nobles la suppression de la dévolution exclusivement masculine dès1627. Il avait en plus écarté sa femme d'une potentielle régence, la sachant instable psychologiquement, préférant un conseil de ses proches alliés[4]. À cette date, la Suède n'est qu'un petit royaume d'un point de vue démographique, comptant seulement un million d'habitants. Le pays mise donc sur ses ressources naturelles précieuses comme lebois, lefer, lecuivre et ses techniques de construction denavires de guerre notamment[5]. L'armée suédoise, modernisée par Gustave-Adolphe est une des plus puissantes d'Europe, mobile et rapide[6]. L'alliance conclut avec laFrance en 1631, puissance montante, permet à la Suède se prémunir de toute invasion à grande échelle et de dominer lemonde nordique[7],[8].
Enfant unique deGustaveII Adolphe[9] et deMarie-Éléonore, fille de l'électeur de BrandebourgJeanIII Sigismond, elle est élevée comme un garçon. Destinée au pouvoir, elle qualifie son éducation de« virile »[10]. Elle ne connaît que très peu son père, partit en guerre en 1630[11] ; il trouve la mort à labataille de Lützen en1632, alors qu'elle n'a que six ans[12]. Sa mèrenévrosée la néglige au point qu'elle fait plusieurs chutes dans son enfance, lui laissant une épaule déformée[13]. Bien que d'une beauté nordique reconnue, Marie-Éléonore est très faible psychologiquement : elle vacille entre état de colère intense, d'hystérie, dedépression[14]. La mort de son mari ne fait qu'aggraver sa condition et l'éloigne définitivement de l'éducation de sa fille ou de quelconques prétentions au pouvoir[15].
Christine monte sur le trône dès la mort de son père, sans opposition[16], sous larégence du chancelierAxel Oxenstierna[12], le très compétent « Richelieu » suédois[17]. Ce dernier doit faire directement face aux prétentions deLadislas IV au trône de Suède. Alors roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, Ladislas est un puissant monarque et surtout, membre de lamaison Vasa, faisant de lui un potentiel héritier légitime à la couronne du royaume du Suède. Oxenstierna parvient a faire renoncer le prétendant en l'obligeant à se convertir au luthéranisme tandis qu'il est catholique[17]. Le, elle est officiellement proclamée « roi de Suède ». Durant la cérémonie, elle est reconnue par Lars Larsson comme étant bien l'héritière de Gustave-Adolphe. Cette étape est primordiale dans l'accès de l'enfant au trône qui reçoit alors l'aval du doyen des députés. Les spectateurs de la scène soulignent sa grande fierté et prestance malgré son jeune âge, elle qui doit dorénavant gouverner comme un homme. À partir de ce moment, elle devient aux yeux des sujets du royaume le digne souverain de la Suède[18]. Elle devient l'incarnation de la Suède[19].
Christine de Suède, à l'âge de 6 ans. Portait officiel de 1632.
Retenu auSaint-Empire par les péripéties de laguerre de Trente Ans, Oxenstierna laisse l'influence néfaste de Marie-Éléonore contaminée la jeune Christine qui devient alors très faible, très pâle et dont l'appétit ne fait que s'amenuir[20]. Il ne revient en Suède qu'en1636 après le traité passé avec laFrance. Son premier geste est d'éloigner la reine douairière sur la jeune Christine qui a dix ans. C'est sa tanteCatherine[note 1],comtesse des Deux-Ponts, qui tint le rôle de mentor féminin[19] tandis qu'Oxenstierna devient une sorte de grand-père protecteur. Conscient de la faiblesse où se trouve la Suède, sans héritier mâle et partiellement défait en Europe lors la guerre de Trente Ans, Oxenstierna souhaite trouver un mari puissant pour Christine. Néanmoins, il refuse toutes les candidatures[16]. Il reprend également en main la formation de Christine et l'envoie dans lepalais médiéval des Trois Couronnes sur l'île de Stadsholmen afin de la protéger[21].
Il nomme par la même occasion des hommes de confiance afin de parfaire sa formation au « métier » de roi. Sous la direction du grand maître de la maison royaleAxel Banér(sv), le frère dumaréchal, et de sonprécepteur,Jean Gothus(en). Aux études traditionnelles des langues et de l'histoire, s'ajoute la pratique des arts, notamment ledessin et lapeinture, et du sport (escrime etéquitation)[19]. Christine est une élève brillante et studieuse qui dispose d'une appétence naturelle pour l'apprentissage et la lecture[22]. Gothus lui enseigne une parfaite connaissance duchristianisme, sous toutes ses formes, et lui apprend les plus grandes langues européennes, comme lefrançais qu'elle maîtrisera assurément, l'allemand, lenéerlandais, l'italien[23], lelatin et legrec, mais aussi l'hébreu et même l'arabe[24]. Elle reçoit aussi un apprentissage stricte de la grammaire et lit laBible en suédois tous les jours. Alors qu'elle n'est encore qu'une enfant, elle est capable de lire en latin les ouvrages deSénèque,Cicéron etCaton, et comprendre leurs réflexions. Dès son arrivée dans l'adolescence, Gothus la confronte à des disciplines plus complexes encore : lesmathématiques, laphilosophie, l'éloquence. Son précepteur souligne sa capacité à assimiler les connaissances qui lui transmet[25]. En plus, elle développe un amour pour latraduction[26] et la lecture des textes dans leur langue d'origine[27].
Toute cette éducation devrait lui permettre de devenir une reine et unediplomate aguerrie. Surtout qu'elle entame en parallèle l'apprentissage de l'exercice du pouvoir, de la politique, de l'économie et de la guerre avec Oxenstierna. Ce dernier lui conseil d'apprendre par cœur l'Historia de omnibus Gothorum Suevorumque rigubus, ouvrage biographique retraçant la vie de plusieurs centaines de rois, depuisNoé[26]. Au-delà de la dimension historique de cet écrit, c'est un texte fondateur de la mythologie nordique luthérienne, qui tire les origines de la Suède dans lesGoths et lesVandales[28]. Elle sera surnommée dans d'autres pays la « Reine des Goths », appellation péjorative pour l'époque où les Goths demeurent dans l'esprit lesbarbares qui ont vaincuRome[29].
D'un point de vue géostratégique, la Suède, engagée dans la guerre de Trente Ans depuis maintenant plusieurs décennies, est principalement confrontée aux velléités danoises dans ledétroit de Sund. La marine ennemie domine celle de la Suède et impose des taxes élevées, voire abusives, aux commerçants suédois[30]. Pourtant, les navires suédois ne sont inférieurs ni en nombre ni en qualité. Christine voit dans les défaites le reflet de la mauvaise formation de ses officiers et fait donc appel à des militaires français ethuguenots, qu'elle promet aux plus hauts grades suédois. C'est le cas du« Grand » Duquesne, instigateur de plusieurs victoires françaises face à la terriblemarine espagnole[31]. Ces nominations se révèlent payantes pour la couronne suédoise, qui voit la situation se renverser, à l'image de la victoire décisive lors ducombat de Fehmarn où Duquesne et sa flotte pulvérisent près de dix vaisseaux danois, dont lenavire amiral, tuant leur chef,Pros Mund[32]. À la suite de cet épisode, les liens entre la France et la Suède sont rudement confortés[33].
Ducat en or à l'effigie de Christine de Suède (1645).Portrait du couronnement de Christine de Suède.Médaille à l'effigie de Christine de Suède vers 1680, bronze, 61 mm.
Majeure en1644, la reine Christine s'oppose rapidement au chancelier Oxenstierna, définitivement mis à l'écart après lestraités de Westphalie. Favorable à la paix[34], elle met fin aux conflits armés avec leDanemark en1645 par letraité de Brömsebro qui donne à la Suède les îles d'Ösel et deGotland[33]. La paix de Westphalie, signée en1648, lui donne l'île deRügen,Wismar,Verden etBrême, ainsi qu'une partie de laPoméranie et l'embouchure de l'Oder. Ces acquisitions font de la Suède la première puissance nordique[35]. Dorénavant pleine détentrice des pouvoirs régaliens de son royaume, elle décide de bannir sa mère en 1645 après que celle-ci ait comploté contre elle avec l'ennemi danois[33]. En 1647, les négociations franco-suédoises sur l'achat de bâtiments sont concrétisés par Christine, qui y voit le meilleur moyen de se rapprocher de la France. Ainsi, la Suède cède, pour un montant avoisinant les216 000livres, quatre de ses plus beaux navires[36]. Par la suite, Christine continue à vendre quelques bateaux à la France, elle qui se passionne dorénavant pour ce pays, sa culture, sa langue, etson culte[37].
Christine est couronnée en1650. Elle fait face en même temps aux conséquences de la négligence de son corps, à seulement vingt-quatre ans. Elle est confrontée à des problèmes de circulation sanguine,abcès variqueux, maux de tête, et pertes de connaissance[38]. Le médecinPierre Bourdelot est alors appelé à la cour pour soigner la reine. S'il parvient à guérir Christine de tous ses maux, il l'influence également. Bourdelot,libertin incontesté, incite la jeune femme à céder à ses passions, elle qui les réfutait depuis son enfance. Le médecin croit que c'est justement cette vie de quasi-ermite, privée de toute distraction, qui l'a conduit dans une dépression et une monotonie terrible[39].
Les préoccupations de son entourage se portent sur la pérennité de la dynastie, et donc sur les projets de mariage. Le premier prétendant n'est autre que son cousinCharles-Gustave, mais Christine a une préférence pour le comteMagnus Gabriel De la Gardie qui obtient de nombreuses libéralités de la part de la reine. Celle-ci a toutefois en horreur les liens du mariage et va pousser son favori à épouserMarie-Euphrosyne, la sœur de Charles-Gustave, donc sa cousine.
Débarrassée des conflits, Christine peut se consacrer aux lettres et aux arts, alimentant sa propre bibliothèque d'ouvrages savants et faisant venir des œuvres de sculpture et peinture, surtout italiennes. Elle soutient l'école desFijnschilders, cespeintres précieux hollandais, dont faisait partieGérard Dou, qui s'efforcèrent de représenter la réalité avec le maximum de précision[40]. Elle invite en Suède des érudits français telsDescartes qui y mourra en,Saumaise,Bochart ouSaint-Amant. Dans ses mémoires, Christine avouera l'influence de Descartes dans le mûrissement de ses pensées[41]. Stockholm est sensible à la « mode parisienne » et de nombreux artistes se rendent en Suède, comme la musicienneAnne Chabanceau de La Barre en 1652-1653.
Malgré un essor économique certain depuis la fin de la guerre de Trente Ans, les manières de Christine, son goût pour les modes étrangères, les dépenses exorbitantes de son sacre, ses libéralités vis-à-vis de ses favoris et de ses invités, sa politique d'anoblissement en masse mettent à mal les finances royales. Elle refuse de se marier, s'habille de manière extravagante pour l'époque[42] et fume la pipe. Les pamphlets de l'époque lui prêtent de nombreuses aventures aussi bien féminines que masculines[43].
La situation dynastique reste la question essentielle. Dès 1649, Christine envisage l'abdication. Elle souhaite se retirer des affaires publiques afin de se concentrer essentiellement sur l'étude[39]. Renonçant définitivement à se marier, elle obtient de la Diète la désignation de son cousinCharles-Gustave d'abord comme successeur, puis comme prince héritier, ce qui englobe la propre descendance de ce dernier[9].
Elle annonce le[44] son abdication, prenant effet au. Les raisons de son abdication paraissent complexes : lassitude et dégoût du pouvoir, difficultés financières proches de la banqueroute ou cheminement spirituel qui conduira cette fille d'un des champions protestants de laguerre de Trente Ans à se convertir aucatholicisme. Ce qui est certain est que leluthéranisme imposé parGustaveIer Vasa était en Suède assez intolérant et que le culte catholique était strictement prohibé. Quant à elle, elle dira de sa couronne, et fera graver sur une médaille ce mot célèbre : « Non mi bisogna e non mi basta (Je n'en ai pas besoin et ce n'est pas assez pour moi) »[45].
Christine négocie son abdication contre des donations : elle se fait octroyer les revenus royaux des villes deNorrköping et deWolgast, des îles deGotland,Öland etÖsel, et la propriété de quelques domaines dePoméranie.
Cette conversion d'un ancien souverain protestant représente une victoire symbolique dans la lutte de lapapauté contre leprotestantisme. Mais lepapeAlexandreVII exige uneabjuration publique avant de la recevoir, chose faite àInnsbruck. Elle est accueillie avec faste àRome le et reçoit sa premièrecommunion d'Alexandre VII.
Elle est logée aupalais Farnèse et fait connaissance ducardinalDecio Azzolino avec lequel elle entretiendra, selon les dires, une relation sentimentale jusqu'à la fin de sa vie[47]. Son caractère entier et sa liberté de mœurs ont tôt fait de lui aliéner ceux qui l'avaient reçue avec ferveur et Alexandre VII va prendre ses distances.
Sceau royal de Christine, reine de Suède.Archives nationales - AE-III-43.Revendication de Christine de Suède.
Ses revenus suédois rentrant mal, Christine décide de renégocier les accords passés avec son cousin. Elle obtient l'accord deMazarin de traverser laFrance pour se rendre àHambourg. Elle quitte Rome le sur la galère papale, débarque àMarseille et atteintParis le 8 septembre. Un vague projet est négocié avec Mazarin pour lui offrir letrône de Naples, Christine s'engageant à user de son influence pour rallier le pape au projet. Elle retourne enItalie, mais reste bloquée àPesaro en raison de l'épidémie depeste qui sévit à Rome. Inquiète des tergiversations de Mazarin, ce dernier n'hésitant pas à jouer un double jeu, elle décide de retourner en France. C'est à cette occasion que, persuadée de la trahison de sonécuyerGiovanni Monaldeschi révélant à la cour espagnole son alliance avec les Français, elle le fait mettre à mort par ses gens àFontainebleau le.
Ce meurtre lui vaudra le surnom deSémiramis suédoise[48]. Cette affaire embarrasse le jeuneLouisXIV et Mazarin, mais la cour ménage l'ex-reine de Suède. Les esprits du temps ont longuement débattu sur le fait qu'un souverain ayant abdiqué puisse se faire justice chez un souverain étranger[49].
Toutefois la cour de France est à nouveau soulagée de son départ pour l'Italie. Le elle est de nouveau à Rome, mais elle a perdu de sa popularité.
Le, son cousinCharlesX Gustave meurt subitement, laissant la couronne de Suède àson fils de cinq ans. Christine décide de retourner en Suède et quitte Rome le20 juillet. Malgré les réticences du chancelier, elle arrive àStockholm le12 octobre et demande le rétablissement de ses droits héréditaires en cas de disparition du jeune roi. Elle se heurte à l'opposition des nobles et du clergé luthérien et doit reprendre le chemin de Rome en1662.
Elle fait une nouvelle tentative en1666, mais le Conseil de régence interdit à sonaumônier catholique d'entrer dans le pays et elle ne dépasse pasNorrköping.
Monument de la reine Christine dans labasilique Saint-Pierre de Rome.Sarcophage de la reine Christine dans la crypte papale de la basilique Saint-Pierre de Rome.
Christine se fixe définitivement àRome en. Elle demeure dans leTrastevere au Riario alla Lungara (actuelpalais Corsini)[50] qu'elle transforme en musée. Elle y expose de multiples pièces (tapisseries, peintures, sculptures, dessins, objets divers de collection) qu'elle réunit à partir du fonds constitué en Suède, de donations ou d'achats plus récents. Le cabinet des médailles est particulièrement renommé ; la bibliothèque comprend 5 000 volumes, elle la léguera au cardinal Azzolino à sa mort[47]. Elle finance également les travaux de scientifiques commeDominique Cassini qui lui dédiera une partie une parties de ses recherches[51].
Sur le plan religieux, elle fait preuve du même activisme qu'en politique en soutenant l'escadron volant du cardinalAzzolino qui lutte contre les influences auxconclaves des puissances étrangères (française etespagnole) lors des élections papales. Sa conversion la rend foncièrement tolérante[47]. Elle s'inquiète en1686 du sort desprotestants de France, qui doivent subir la politique des conversions forcées menées par le pouvoir royal. Elle critique plus particulièrement lesdragonnades (persécutions diverses, par exemple viols des paysannes protestantes pour faire abjurer les familles).
Elle était rebutée par les liens du mariage[53]. Les chroniqueurs de son époque lui prêtent plusieurs amants, et des relationssaphiques[54], notamment avecEbba Sparre[53]. Elle fait aussi une déclaration d'amour à Élisabeth de Castellane et vit avecAngelica Quadrelli(sv) à la fin de sa vie[54]. Elle entretient aussi une longue relation avec le cardinalDecio Azzolino[53].
La reine Christine est de petite taille (environ 1,50 m[1]), son visage a des traits irréguliers, mais ses yeux bleus donnent à son regard ce que certains historiens décrivent comme « un éclat métallique qui peut séduire »[55]. Élevée à la dure, comme un garçon, elle affecte une apparence négligée et s'astreint à gommer toute féminité dans la façon de s'habiller et dans son comportement. Elle dispose probablement d'un physique peu avantageux, avec un dos fortement déformé depuis son jeune âge et unnez aquilin, en bec d'aigle[1].
Intelligente, elle est dotée d'une grande culture, elle correspond avec de nombreux savants et hommes de lettres telsDescartes[1],[56],Pascal,Gassendi,Leibniz ouSpinoza. En 1770,Jean Le Rond d'Alembert écrit desMémoires et réflexions sur Christine reine de Suède, prouvant que cette dernière intrigue même les érudits qui lui succèdent, et mettant en valeur les pensées de Christine[1].
Elle est orgueilleuse, hardie, excentrique, faisant preuve politiquement d'une certaine duplicité. Sur le plan religieux, elle a une attitude tolérante, non dogmatique, le contraire d'unedévote. Elle est cependant pieuse et déclare peu avant sa mort« avoir dédié sa vie à Dieu »[12].
Elle a laissé de nombreuses lettres et quelques écrits dont sesmémoiresMa vie dédiée à Dieu qu'elle n'acheva pas[58]. Elle laissa aussi des maximes et pensées dans l'imitation deLa Rochefoucauld[59]. La plupart ont été recueillis dans lesMémoires deJohann Archenholz, Amsterdam,1751-1759, 4 volumesin-4.
La reine Christine de Suède et son chancelierAxel Oxenstierna lancèrent en 1645 le journalPost- och Inrikes Tidningar ou PoITen destiné à permettre aux dirigeants de justifier les levées de fonds alloués au financement de laguerre de Trente Ans contre la maison catholique deHabsbourg et ses alliés. Il s'agit ainsi du journal suédois le plus ancien encore diffusé ; depuis le, il est exclusivement publié surinternet.
Personnalités ayant été en relation avec Christine de Suède
Lapertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution.Améliorez-le oudiscutez-en, sachant quela pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question.(octobre 2025) Motif avancé : En tant que souverain européen, il est évident qu'elle a côtoyé nombres d'érudits. La section n'est pas à jeter, mais à retravailler en soulignant, peut-être, son attrait pour les sciences, les arts, et son mécénat.
Cette liste donne un aperçu de l'influence de Christine de Suède dans les domaines des sciences, des lettres et des arts, hors personnalités politiques et ecclésiastiques, sachant que de nombreux cardinaux fréquentés à Rome pouvaient être à la fois érudits et mécènes.
Sous le règne de Christine, les arts, la culture et la science connaissent un essor important. La reine fait venir à sa cour des érudits de toute l'Europe dans le but de donner à son pays la grâce, l'élégance et la connaissance nécessaires pour devenir une puissance majeure du continent. En 1637, arrive à StockholmAntoine de Beaulieu, unmaître de ballet et danseur français reconnu. Il donne le premierballet de Cour représenté en Suède, leBallet des plaisirs de la vie des enfants sans souci[60].
Par l'alliance scellée avec la France par son père, puis renforcée par elle-même, Christine reçoit à sa cour de nombreux scientifiques français[23]. NotammentRené Descartes qui mène plusieurs voyages à Stockholm[61],[11] ; il devient même leprécepteur de la reine en 1649[62], avant de mourir l'année suivante[63]. Bien que courte, cette période d'apprentissage est crucial dans la réflexion de Christine. Elle écrit sur la pensée cartésienne, affirmant que le philosophe n'a rien compris aux émotions qui altèrent la sagesse, le préférant sur ses enseignements mathématiques. Descartes, quoique fatigué de la vie suédoise, est intéressé par la reine dans laquelle il voit une femme curieuse et vive. Ils partagent tous deux un goût prononcé pour lenéo-stoïcisme et lamusique baroque[64]. Auparavant, entre 1645 et 1649, l'un des plus grands diplomates deLouis XIII,Pierre Chanut, vit à la cour de Christine et la décrit à la fois comme passionnée et passionnante alors que cette dernière a à peine vingt ans[23].
En 1965, le squelette de Christine de Suède est exhumé afin d'y détecter d'éventuelles preuves d'intersexuation ; l'enquête, menée par Carl-Herman Hjortsjö infirme cette hypothèse et montre au contraire que Christine de Suède était dyadique[53]. Ces suppositions émergent avec les témoignages de nombreux de ses contemporains, soulignant sa« voix grave » et l'écrit de Christine elle-même, se décrivant« toute velue » alors qu'elle n'est qu'une nourrisson[65]. Cependant, pour ladocteur Anne Moretti, toutes ces théories naissent d'une volonté politique de la reine, celle de se légitimer en tant que « roi » et souverain d'une grande puissance européenne[66]. Durant son règne, elle réaffirmera même le bien fondé et l'importance de laloi salique[67].
La perception de la relation de Christine de Suède aulesbianisme est ambivalente : si certains lui inventent des relations homosexuelles dans le but de la discréditer politiquement, d'autres voient en elle une icône lesbienne, en particulier en raison de son habillement[53]. En effet, dans lespamphlets parisiens des années 1660, Christine de Suède est présentée comme lesbienne afin de discréditer son héritage intellectuel et politique[53]. Cette association est retrouvée un siècle plus tard : en 1761 paraîtLettres secrètes de Christine, Reine de Suède, un ensemble de fausses lettres d'amour qu'elle aurait écrites à plusieurs femmes[53]. À la même époque, est publié àRome un ouvrage similaire, uneChronique scandaleuse, dans laquelle sont racontées les prétendues débauches sexuelles de la reine[1].
Néanmoins, son refus catégorique de se marier et d'avoir une descendance[47], sa relation avecEbba Sparre et sa manière de se vêtir font de Christine de Suède uneicône lesbienne[53]. Dans le portrait que réalise d'elleSébastien Bourdon en 1653, elle porte une tenue mêlant la mode féminine, avec une grande robe découverte aux épaules, et masculine, avec une palette de noir et blanc et une chemise nouée d'un ruban ; cette manière de combiner féminité et masculinité est typique de lamode lesbienne[53],[68]. L'historienne Eleanor Medhurst rapproche le style de Christine de Suède de celui des féministes lesbiennes des années 1970 et 1980 : refus des cheveux féminins, par la tonte de ses cheveux et le port d'une perruque d'homme pour Christine, par la coupe très courte pour les lesbiennes féministes ; refus des jupes ; enfin, refus des canons de beauté de l'époque[53]. Christine ne se vêtit donc pas réellement en homme mais avec une tenue« allégée », incompatible avec les normes de l'époque[42].
Cependant, elle développe dans sa jeunesse une certaine aversion pour les femmes qui contrebalance. Avec les conspirations de sa mère en 1644, elle devient convaincue que les femmes ne sont pas fiables, car soumises à leurs« passions ». Elle déclare dans ses mémoires« aimer les hommes non pas parce qu'ils sont hommes, mais parce qu'ils ne sont pas femmes. »[33]. Si ses manières ont, parfois, pu faire penser à celles d'un homme, c'est parce que Christine est éduquée indépendamment de son sexe. Elle éduquée, non pas pour devenir une femme, ni même un homme, mais bien un souverain. Or, les qualités d'un souverain sont alors associées à la masculinité[69].
En 1933 sort le filmLa Reine Christine, avecGreta Garbo. Ce film raconte comment, en 1632, Christine, âgée de 5 ans, succède à son père le roi Gustave Adolphe de Suède, tué lors de labataille de Lützen. Puis, devenue adulte, commente elle tente de faire régner la paix. C'est alors qu'elle rencontre Don Antonio de la Prada, l'ambassadeur du roi d'Espagne ; très vite elle succombe à son charme.
En2012, un documentaire-fiction, intituléChristine de Suède, reine des scandales, lui est consacré dans le cadre de l'émissionSecrets d'histoire, présentée parStéphane Bern. Le documentaire retrace son parcours : ses débuts au palais royal de Stockholm, son couronnement à l’âge de six ans, sa lassitude du pouvoir, son abdication à vingt-huit ans, sa conversion au catholicisme, sa vie amoureuse mouvementée ainsi que son séjour au Vatican[71].
La même année, deux pièces de théâtre voient le jour :Christine, la reine-garçon, écrite parMichel Marc Bouchard, est produite authéâtre du Nouveau Monde àMontréal dans une mise en scène deSerge Denoncourt. Une nouvelle version sera publiée auxÉditions Leméac en 2013(ISBN9782760904309) ; etDissection d'une chute de neige, fiction proche du rêve, librement inspirée de l’histoire de Christine de Suède écrite parSara Stridsberg(ISBN9782381980256). La pièce de Bouchard a inspiré une bande dessinée :Kristina, la reine-garçon. Scénarisée parJean-Luc Cornette et dessinée parFlore Balthazar, elle sort chez Futuropolis en 2022. En 2023, une collaboration entre Michel Marc Bouchard et le compositeur Julien Bilodeau permet l'adaptation de la pièce de théâtre en opéra. La première mondiale deLa Reine-Garçon a lieu à Montréal, le 3 février 2024, dans une mise en scène de Angela Konrad. En parallèle, en 2015, sortun film finlandais éponyme, qui présente l'enfance, le règne et l'abdication de Christine.
↑RiccardoSpinelli,« Biographies », dans Mina Gregori,Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires,(ISBN2-84459-006-3),p. 672.
[Halphen 1905] M. L. Halphen, « Le manuscrit latin 712 du fonds de la reine Christine au Vatican et la Lamentatio de morte Karoli comitis Flandrie »,Mélanges de l'école française de Rome,no 25,,p. 107-126(lire en ligne [surpersee])