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Christianisme primitif

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Représentation d'unbaptême dans lacatacombe de Saint-Calixte àRome (IIIe siècle).

Lechristianisme primitif,christianisme des premiers siècles, ouÉglise primitive est lechristianisme dans sa période de développement initial, à partir duLevant, de l'Europe méridionale et dupourtour méditerranéen.La définition du début et de la fin de cette période pose la question desorigines du christianisme, et le débat est influencé par les différentes interprétations desexégètes et des historiens.

La naissance du christianisme

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Articles détaillés :Racines juives du christianisme,Origines du christianisme etGrande Mission.

La diffusion du christianisme

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Le mouvement créé par les disciples deJésus de Nazareth naît au sein dujudaïsme pluriel duIer siècle, dans la mouvance deJean le Baptiste enGalilée et plus généralement enJudée[1],[2]. Malgré l’échec apparent du maître, un noyau de fidèles parvient à entretenir son souvenir et à attirer de nouveaux disciples, dès lesannées 40, d’abord chez lesJuifs de languegrecque (les « hellénistes »), commePaul de Tarse, notamment dans ladiaspora. Peu après, il en va de même dans différents groupes de lasociété gréco-romaine qui ne sont pas juifs et qu’on appelle lespaïens, comme on le voit avec lecenturionCorneille.

Alors que le judaïsme n’apparaît pas commeprosélyte, ce développement rapide résulte probablement demissions confiées à desapôtres, dont lesdisciples directs de Jésus. On ne dispose d’aucune source écrite avant le dernier tiers duIer siècle ; on constate cependant que les mêmes missions semblent se développer dans la totalité de l'espacearaméophone, en particulier à l'est duJourdain et de l'Euphrate, avec leselcésaïtes enMésopotamie[3]. Ce sont les villes de laSyrie romaine qui abritent les premières communautés chrétiennes : plusieurs Églises de cette province se prévalent en effet d’une fondation apostolique, ce qui est assuré àJérusalem,Antioche etDamas, et vraisemblable àCésarée[4]. Mais en général, on ignore le succès de ces missions des temps apostoliques. Dans tous les cas, il est sûr que les chrétiens sont largement minoritaires partout, dans les villes comme dans les campagnes.

D’une façon générale, l’expansion du christianisme n’a pas rencontré d’opposition marquée des autorités romaines, et la communauté chrétienne peut mener une vie au grand jour. Ce n’est qu’au milieu duIIIe siècle que commencent les persécutions, celle décidée par l’empereurDèce en 251 fut appliquée avec rigueur et entraîna le martyre des évêquesBabylas d'Antioche etAlexandre de Jérusalem[5].

Les courants du judaïsme

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Plusieurs courants du judaïsme duIer siècle (sadducéens,esséniens) disparaissent enJudée après la destruction duTemple de Jérusalem, à partir de l'an70. D'autres, comme lespharisiens, fusionnent petit à petit avec ceux de la Diaspora, notamment autour de l'école de Yavné (vers l'an 90), et cette évolution donne naissance aujudaïsme rabbinique[6].

Le débat historique

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Articles détaillés :Origines du christianisme,Jésus selon l'exégèse contemporaine etQuête du Jésus historique.
Le poisson (ichthus), symbole des premiers chrétiens. Engrec ancienἸΧΘΥΣ, est unacronyme pour « Ἰησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Υυἱός, Σωτήρ /Iēsoûs Khristòs Theoû Hyiós Sōtḗr', soit « Jésus-Christ, Fils de Dieu, [notre] Sauveur ».

La question des dates

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Lesorigines du christianisme sont étudiées par diverses écoles d'historiens[7].

Le fait d'attribuer au christianisme primitif une origine à la fin de lapériode apostolique est un choix contesté. De même, situer l'achèvement du christianisme primitif à la fin desconcileschristologiques suppose que la création et le développement d'uncorpus dogmatique répondent à une nécessité intrinsèque du christianisme.

Doctrine et histoire

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On distingue deux perspectives. D'une part, la doctrine chrétienne fait généralement remonter le christianisme à lanaissance de Jésus, à sarésurrection ou à laPentecôte[8].

D'autre part, les hypothèses historiques se fondent sur des faits avérés : par exemple, le christianisme commence à la suite de la diffusion d'un message. Les dates de rédaction duNouveau Testament sont connues : entre lesannées 50 pour les premièresÉpîtres de Paul et les années 95-110 pour l'Évangile selon Jean. Dans l'intervalle, lesÉvangiles synoptiques (Marc,Matthieu etLuc), écrits vers 65-85, ont utilisé destraditions orales ainsi que des documents qui ont déjà circulé, comme le démontrent lathéorie des deux sources et l'existence de laSource Q, admises par le consensus des chercheurs.

Le motkhristianoï est attesté dès les années 40 àAntioche où vit l'une des premières communautés chrétiennes et d'où vient probablement l'Évangile selon Matthieu, une quarantaine d'années plus tard.

Lacritique textuelle, c'est-à-dire l'évaluation de la transmission des textes à travers les manuscrits, a permis d'établir un texte fiable des écrits du Nouveau Testament, en particulier pour des Épîtres de Paul, dont des échantillons significatifs datent de la fin duIIe siècle et du début duIIIe siècle[9]. La circulation de témoignages oraux (prédications, proclamations) est plus difficile à établir (absence de matériaux sur lesquels peuvent travailler les historiens, contrairement aux textes écrits), mais peut se déduire de témoignages indirects comme lesénatus-consulte de l'an 35, à Rome[10],[11], y établissant le christianisme commesuperstitio illicita (« religion interdite »), présence de vestiges chrétiens dans les villes dePompéi etHerculanum[12] (vestiges antérieurs donc à l'an 79 et l'ensevelissement de ces villes sous l'éruption du Vésuve).

La recherche actuelle se concentre principalement sur la diffusion du message du christianisme, orale dans un premier temps (comme le livre desActes en témoigne), écrite par la suite. La diffusion des Évangiles et Épîtres est sujette à débat. Il est cependant très probable que, dès la fin duIer siècle, il existait un certain nombre de paroles de Jésus qui circulaient[13].Clément de Rome (Ier siècle) cite également des passages des Évangiles et des Épitres de Paul[14].Marcion de Sinope, qui futexcommunié[Note 1] en 144 dans l'église de Rome, liste les écrits qu'il considère comme canoniques, en se basant probablement sur un groupement préexistant des lettres de Paul[15].

Le début du christianisme ancien

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Les onze apôtres réunis pour désigner le successeur de Judas, miniature desÉvangiles de Rabula (586).

Le débat sur la question de la date des débuts du christianisme demeure encore ouvert entre un consensus anglo-saxon et une tendance européenne.

École européenne

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Le terme « judéo-chrétien » apparaît dans un chapitre de la thèse deMarcel Simon« Verus Israël », Étude sur les relations entre chrétiens et juifs dans l'Empire romain (135-425). Elle fut soutenue avant 1938[Note 2] et conduite sous la direction deCharles Guignebert. Elle étudie les racines de l'antijudaïsme chrétien à travers lapatristique grecque depuisJustin de Naplouse etMarcion de Sinope. Il s'attarde en particulier sur l'expressionVetus Israel opposée à l'expressionVerus Israel, revendication dans laquelle il identifie lesupersessionisme[Note 3] et, au détour d'une section s'interroge sur les marges entre judaïsme et ce qu'on nomme aujourd'hui « proto-christianisme » auxquelles il consacrera l'essentiel de sa carrière.

Sa thèse traduite en anglais et rééditée quatre fois demeure un ouvrage de référence et, de ce fait, en Europe, la séparation entre judaïsme et christianisme date de 135, à savoir de l'exil de l'école deYavné àPoumbedita (dans l'actuelIrak). C'est pourquoi en Europe, on voit les choses un peu plus tôt. Un consensus s'est établi autour d'une période s'étirant de l'établissement de l'école de Yavné à l'introduction de laBirkat ha-Minim (« Bénédiction des hérétiques ») à la fin duIIe siècle parce que lesNazaréens ne s'étaient pas associés à larévolte de Bar Kokhba[16],[17].

Marcel Simon représente le moment où l'étude de l'histoire du christianisme sort de l'apologétique pour entrer dans la critique[18] ; il se situe, comme le cardinalJean Daniélou[19], toutefois[20], dans les problématiques de l'antériorité et de la postériorité, de l'orthodoxie, de l'erreur, de la vérité, dusyncrétisme qui se sont révélées être defaux dilemmes[21].

Toutefois, le professeur Simon entendait limiter son étude à la période 135-425. Toute une école s'intéresse actuellement à la période antérieure, plus indistincte. Par exemple,François Blanchetière avec ses étudesLes premiers chrétiens étaient-ils missionnaires ? (30-135) et sonEnquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135), toutes deux publiées au CERF ces dernières années, dans lesquelles il pose la question de la différenciation progressive. Cette différenciation progressive fait aussi l'objet des travaux d'autres chercheurs commeDan Jaffé,Simon Claude Mimouni,Enrico Norelli,Bernard Pouderon,Daniel Marguerat,Dominique Cerbeleaud.

Cette question est le sujet principal de l'école anglo-saxonne.

École anglo-saxonne

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Dans ce cas de figure, bien développé chez les chercheurs anglo-saxons réunis au colloque « The ways that never part »[22], le christianisme ancien correspond à la période desconciles ; auparavant, n'existe qu'un proto-christianisme (ou paléochristianisme), en fait, une forme spécifique de judaïsme recruté parmi les membres les pluseschatologiques des courantsmessianistes.

La fin du christianisme ancien

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Pour l'école européenne, le christianisme primitif s'achève à la fin de l'âge apostolique, (période comprise entre l'Envoi en mission de Mt 28:19-20 et la mort supposée deJean l'évangéliste) tandis que le christianisme ancien s'achève avec leconcile de Nicée (325),

Pour l'école anglo-saxonne, on ne fixe pas de date de fin du paléo-christianisme. On tâche de définir le moment de séparation entre le christianisme ancien et lejudaïsmehellénistique. Cette séparation se produit à des dates variables selon les régions, où l'on observe parfois longtemps après la fin des concileschristologiques des pratiques communes, en dépit du fait que lesapologistes, notoirementIrénée de Lyon etTertullien, tiennent les pratiquesjudaïsantes pour deshérésies. Toutefois, s'il fallait fixer une date, ce cycle s'achèverait au plus tôt :

Les sources

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Littérature chrétienne

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Articles détaillés :Bibliographie de la christologie,Sources sur la vie de Jésus de Nazareth etCanon (Bible).

Longtemps, faire l'histoire des origines du christianisme fut difficile, d'une part en raison du manque de sources écrites, d'autant qu'elles étaient réduites artificiellement par le jeu de critères tels que « littérature hétérodoxe parce que minoritaire donc mineure » ou par le jeu detypologies anachroniques telles que « orthodoxe /hérétique » ou encore « canonique / non canonique »[24]. Ces critères méthodologiques devinrent obsolètes dès qu'on se rendit compte qu'ils étaientanachroniques : l'orthodoxie se fait jour seulement auIVe siècle. D'autre part, par les effets de lacrise moderniste dans laquelle quelques Églises visent à interdire toute étude historique et critique, tant dans leprotestantisme évangélique[25] que dans lecatholicisme[26].

On dispose de 5 800 manuscrits des textes du Nouveau Testament dont certains datent d'entre 50 et300 ans après la mise par écrit[27]. Ce nombre est à comparer avec celui des manuscrits des historiens de l'Antiquité qui remontent dans l'ensemble auXe siècle apr. J.-C. : les GrecsHérodote (8 manuscrits) etThucydide (8 manuscrits) qui sont parmi les principales sources sur laGrèce ancienne. Également, chez lesLatins, les manuscrits de l'Histoire des Gaules deJules César (10 manuscrits), ceux deTacite (20 manuscrits) ou encore ceux de l'Histoire de Rome dePline le Jeune (7 manuscrits). En outre tous ces manuscrits grecs et latins qui ne datent que duXe siècle sont postérieurs pour les historiens grecs de près de 1300-1 350 ans, et pour les latins de 900-1 000 ans, après leur rédaction[28].

La multitude de variantes d'unmanuscrit à un autre importe généralement peu : si elles peuvent être intéressantes, elles ne remettent pas l'essentiel en question. De surcroît, la critique textuelle est parvenue aujourd'hui à des reconstitutions sans doute très proches des textes originaux[29].

Littératures juives contemporaines du Nouveau Testament

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Article détaillé :Historiographie juive du Nouveau Testament.

À ces documents s'ajoutent lesApocryphes et les livresintertestamentaires, les divers livres duTalmud qui, s'ils ont été écrits entre leIIe et le VIe siècle, reflètent des récits delittérature orale[30] bien plus anciens, mais aussi des œuvres à peu près contemporaines et profanes comme celles dePhilon d'Alexandrie et deFlavius Josèphe, qui peuvent être complétées par d'autres historiographes latins ou grecs, y compris les nombreusesHistoires ecclésiastiques dont la plus célèbre est peut-être celle d'Eusèbe de Césarée.

Les premières communautés

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Une Église primitive

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Articles détaillés :Craignant-Dieu (christianisme) etGrande Église.

Parler d’« Église primitive » laisse supposer qu’il s’agirait déjà là d’une religion indépendante. La question qui se pose est en effet de savoir s'il existait une forme de structure ou d'autorité qui avait pouvoir de légiférer (ou d'émettre un avis) sur les problématiques qui devaient surgir dans les différentes communautés de chrétiens.

De 30 à 100

Au début du christianisme, existent des communautés de chrétiens (selon l’étymologie du mot « église », du grec ancienekklesia, assemblée du peuple). Les fidèles suivent un maître, un peu selon le modèle des écolespharisiennes[31]. Le souvenir s'en transmet par l'invocation d'unapôtre à l'origine de telle ou telle Église régionale. Des indices de ce qu'a pu être l'organisation des pratiques des premiers disciples de Jésus apparaissent dans lesActes des Apôtres. Mais ce que furent les phases principales et les forces motrices de ce christianisme primitif fait l’objet de désaccords entre spécialistes[32]. Ce qui est sûr, c’est que« ce qui est arrivé entre 30 et 100 est arrivé à une forme antérieure de la religion indépendante que nous savons avoir existé plus tard[32]. » Le christianisme est d'abord constitué de communautés locales considérées comme plus ou moins hérétiques par le judaïsme à partir de la phase deYavné, en 70. Quand elles s'organisent, il n'y a pas l’Église mais l'assemblée locale réunie autour de sespresbytres et de sonépiscope. Il n’y a donc pas eu de « christianisme primitif » avant 70. À cette date, lachute de Jérusalem et la destruction du Temple constituent un drame central pour le judaïsme ; un mouvement de réforme est lancé alors parYoḥanan ben Zakkaï, mais simultanément, un petit groupe de chrétiens de Jérusalem fuit la répression qui s’abat sur les Juifs à Pella de laDécapole. La nouvelle organisation du judaïsme rabbinique s’affirma en moins de dix ans et fut reconnu comme l’autorité nouvelle[33]. SelonÉtienne Trocmé,« il estimpossible de penser que cette rapide reprise en charge de la vie religieuse et morale d’un grand peuple nombreux, divers et dispersé n’ait pas rencontré d’opposition[34]. » C’est de cette opposition menée par les chrétiens à l’intérieur du judaïsme que serait né, par un long processus de réorientation et de séparation d’avec le judaïsme, le christianisme en tant que religion indépendante. Il a fallu au christianisme une génération entière, entre 70 et 100, pour se constituer en religion indépendante[35].

De 100 à 150 environ

À la fin duIer siècle, le mouvement de Jésus est déjà divisé en au moins six courants différents : lesjacobiens, lespétriniens, les hellénistes d'Étienne, les hellénistes deBarnabé, lespauliniens et lesjohanniens. Ces communautés divergent selon leur doctrine particulière, mais aussi selon leur emplacement géographique (Palestine ou diaspora) et leur langue (grecque ouaraméenne) : la liturgie diffère d’un endroit à l’autre. La théologie reste le monopole desgnostiques. Pourtant, lesApologètes décrivent déjà une religion spécifique :Justin de Naplouse,Marcion etIgnace marquent clairement la différence entre judaïsme et christianisme. Le christianisme est déjà reconnu comme une religion originale par ses voisins romains et juifs[32].

Hellénistes

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Selon que lathéologie ou l'histoire les décrivent, les hellénistes trouvent une définition différente.

Ces juifs lisaient laBible en grec et ne pratiquaient plus lacirconcision. Dans ce cadre, on comprend plus facilement[38] les propos de Paul dans sonÉpître aux Galates[39].[précision nécessaire]

Pharisiens

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Christ accusé par les Pharisiens (détail) parDuccio di Buoninsegna (débutXIVe).

Du fait de diversesmalédictions sur les pharisiens prononcées dans les évangiles[40], l'interprétation traditionnelle[41] et, plus spécialement théologique, a tendance, le plus souvent, à attribuer lejudaïsme normatif aux pharisiens duIer siècle. On oppose alors un judaïsme confit dans les normes à un christianisme émancipateur de laloi en faisant une confiance illimitée aux interprétations dePères de l'Église traditionnellement données aussi bien dans lalettre de Paul aux Romains[42] que dans sa lettre aux Galates[43].

Pourtant, nombre d'historiens[44] sont d'accord pour dire que l'image despharisiens tels qu'ils sont présentés dans lesévangiles ne correspond pas à la façon dont vivaient et se comportaient les pharisiens du temps de Jésus et que leurs conflits avec celui-ci ont été exagérés. Le judaïsme normatif est certainement l'œuvre des pharisiens de l'époque deYavné qui codifient la pratique des613 mitsvoth avant laquelle elles ne sont pas formalisées[45].

L'origine pharisienne de Jésus, attestée par les évangiles (« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? » Mc 2, 18) qui soulignent la double filiation de Jésus, auBaptiste d'une part et au milieu originaire de la doctrine pharisienne de Jésus (croyances spécifiques dans laTorah orale, lesanges, larésurrection des morts…), d'autre part expliquerait la violence de la polémique évangélique avec les Pharisiens (thèse de Matthieu Collin etPierre Lenhardt). Il s'agit moins d'un groupe opposé à celui de Jésus et de ses disciples que d'un groupe concurrent de même obédience au moment où lesévangiles synoptiques issus des traditions orales (Torah orale) sont rédigés vers 65-70. La lutte entre les écoles pharisiennes issues deHillel etShammaï avant Jésus, que décrit leTalmud, se poursuit donc après ladestruction du Temple de Jérusalem en 70. Selon cette hypothèse, développée parDaniel Boyarin et d'autres exégètes français, christianisme et judaïsme sont deux réalités gémellaires issues d'un même courant de doctrines juives qui ne se séparent probablement pas avant la fin du premier siècle (Birkat ha-minim) dans le monde occidental et pas avant leVe siècle en monde oriental. La projection de deux orthodoxies juive et chrétienne séparées avant leIVe siècle (conciles) serait un anachronisme.

Par ailleurs le rôle des pharisiens (hébreu :perushim, fr : séparés), est éminent après laDestruction du second temple|destruction du second Temple, en sorte que l'organisation et la refonte de laritualité en l'absence du Temple qu'ils instaurent à Yavné, sauvent le judaïsme de la destruction[46]. Alors que la quête identitaire des Juifs se manifeste par le développement duculte synagogal par les pharisiens et le développement de l'école rabbinique deShammaï et d'Hillel, lesjudéo-chrétiens commencent à se séparer des Juifs pharisiens et parallèlement mettent en place latradition des lieux associés au Christ, notamment leGolgotha[47].

Enfin, certains auteurs commencent à dessiner un portrait de Jésus en maître pharisien suivi de ses disciples ou, au moins, enhassid, c'est-à-dire un pieux[48]. Cette configuration d'un maître suivi de disciples n'était connue que des pharisiens[49].

Religion mère et religion fille

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Certains ont dit que le judaïsme étaitreligio licita tandis que le christianisme était classé commesuperstitio par les Romains et que les chrétiens en auraient revendiqué le statut. Mais il est abusif de soutenir cette idée dans la mesure où il s’agit d’une notion juridique inconnue des Romains[50]. L'expressionreligio licita n'est attestée que parTertullien et seule la religion romaine avait le statut dereligio licita[51].

Dans la période qui a suivi laSeconde Guerre mondiale[52], l'expression « religions mère et fille » pour décrire la relation entre le judaïsme et le christianisme, a correspondu à une volonté de révision des points de vue négatifs que chrétiens et juifs avaient longtemps portés les uns sur les autres[53]. Ce point de vue négatif avait été théorisé, du côté chrétien, par lathéologie de la substitution. Déjà, dans sonAdversus Judaeos,Tertullien avait fait de l'aîné des jumeauxÉsaü l'incarnation des Juifs et du cadetJacob celle des chrétiens, alors que l'exégèse juive s'était développée à l'opposé[54].

À cette fin, il a été posé une hypothèse historique, démentie par ce que l'on connaît aujourd'hui de la complexité du judaïsme duIer siècle, qui explique le point de divergence du christianisme d'avec le judaïsme en réduisant la diversité religieuse juive auIer siècle à un objet singulier nommé « judaïsme » selon deux façons de faire. La première consiste à reculer lejudaïsme rabbinique dans le temps en l'inscrivant dans le pharisaïsme duIer siècle (pharisaïsme et judaïsme normatif ne feraient qu'un). La deuxième ne donne pas au pharisaïsme un tel statut prééminent et anachronique, mais considère que toutes les formes du judaïsme duIer siècle, à l'exception du christianisme, avaient suffisamment de traits communs pour former une « religion ». De l'une de ces deux versions du judaïsme serait née une religion autre, un christianisme « fille » du judaïsme[55].

Les caractéristiques des chrétiens duIer siècle

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Évangélisation

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Au moment où Paul s'est converti, les chrétiens avaient déjà réussi à diffuser le message de Jésus bien au-delà de Jérusalem, atteignant les communautés à travers la Judée et la Samarie (Actes 8:1–4)[56].

La procédure normale était que les adultes (contrairement aux convertis païens, dont les enfants étaient également baptisés) étaient d'abord initiés et, s'ils le souhaitaient, leurs enfants étaient baptisés ensuite[57],[58].

Neutralité politique

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Les premiers chrétiens refusaient de participer au culte de l'empereur, de servir dans l'armée romaine ou d'occuper des fonctions politiques. Ils soutenaient que leur seul roi était le Christ, et ils prenaient cette affirmation très au sérieux. Bien qu'ils ne fussent pas des pacifistes, ils étaient extrêmement réticents à participer aux combats[56]. Et s'ils étaient contraints de se battre, ils préféraient être martyrisés plutôt que de tuer[56].

Culte et clergé

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Il faut attendre le début duIIe siècle pour voir se mettre en place une hiérarchie épiscopale[4]. Les premiers papes,Lin,Clet,Clément, sont issus de l'entourage du premier d'entre eux, saint Pierre, devenant donc ses successeurs, tandis que ceux des siècles immédiatement suivants seront élus par le clergé suivie d'une ratification par le peuple de Rome[59].

En minorité dans toutes les villes où ils se trouvaient, les chrétiens se réunissaient habituellement dans des maisons, comme on le voit avec la maison àpéristyle deDoura Europos où fut aménagé unbaptistère dans une petite pièce d’angle[Note 4].

Ignace d'Antioche, martyrisé vers 110 sousTrajan et probable disciple des apôtresPierre etJean, semble être le second évêque de cette ville[4]. Il parle longuement dans ses lettres de l'importance de l'Eucharistie dans la vie des chrétiens. Il insiste également sur la loyauté qu'ils doivent avoir envers l'évêque de la ville, assisté par lespresbytres (ou prêtres) et lesdiacres.

À Jérusalem, c’est au lendemain de larévolte de Bar Kokhba que l’on constate l’arrivée du premier évêque issu du paganisme ; à Césarée,Tyr, Ptolémaïs etTripolis, un évêque apparaît vers la fin duIIe siècle. En 268-269, 70 ou 80 évêques sont réunis à Antioche pour jugerPaul de Samosate.

La liste des Pères duconcile de Nicée en 325 permet d’affirmer qu’il y eut 18 évêques en Palestine, 9 en Phénicie, 22 enSyrie-Cœlé, 5 en Arabie et 5 en Mésopotamie[60].

Émergence de la doctrine trinitaire

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La doctrine de laTrinité a été formée progressivement ; elle a eu son origine à une époque où l'Église était en état de controverse et de trouble. Nombreux sont ceux qui soutiennent qu'elle était inconnue de l'Église apostolique : le terme même de Trinité ne se trouve pas dans les écrits du premier siècle[61]. Comme dans leNouveau Testament, le nom de Dieu est souvent utilisé pour parler du seulPère ; ainsi,Clément de Rome, dans sa lettre aux Corinthiens (68, 2), indique que« Dieu, le Seigneur Jésus-Christ et du Saint Esprit sont tous les trois vivants » et qu'ils sont« l'objet de la foi et de l'espérance des élus ».

Théophile d'Antioche est probablement le premier auteur grec à parler detriade, vers 180, pour mentionner en même temps Dieu, sonVerbe et sa Sagesse (Esprit Saint)[62].

La Trinité telle qu'on la connaît aujourd'hui est solennellement définie à partir des premiers conciles œcuméniques auIVe siècle, en particulier ceux deNicée (325) et deConstantinople (381)[63],[64],[65].

Chronologie du christianisme ancien

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Principales dates du christianisme ancien
 

Notes et références

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Notes

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  1. Époque où l'excommunication n'avait de portée que dans l'église qui la prononçait.
  2. En Grande-Bretagne, à pareille époque, l'émergence d'un antisémitisme chrétien fondé sur le Nouveau Testament a été étudiée parJames Parkes (1896-1981), théologien anglican qui s'intéressa à ces sujets dans les années 1920 en réaction à la montée de l'antisémitisme en Europe. En 1930, il publie son maître livreLe Juif et son voisin, une exploration de l'antisémitisme, avec une approche des massacres de lapremière croisade (1096) comme arrière-plan du débat sur la « question juive ». Pour sa thèse de doctorat à Oxford, Parkes s'attache à découvrir les vraies racines du phénomène de l'antisémitisme en essayant d'identifier le moment crucial de la séparation du judaïsme d'avec le christianisme. Le résultat en est un livre de grande influence, publié en 1934,Le conflit entre l'Église et la Synagogue dans lequel il se penche sur la traditionnelle opposition entreVetus Israel/Verus Israel telle que propagée dans la littératurepatristique triomphaliste.
  3. Lesupersessionisme contient l'idée selon laquelle une religion succède à une autre et est destinée, du simple fait chronologique, à écraser la précédente. Boyarin, dansMourir Pour Dieu fait une longue analyse des commentaires talmudiques et patristiques des récits concernant Jacob et Esau et de leur exploitation de cette gémellité au profit de l'un ou l'autre culte en une lutte polémique.
  4. Les vestiges d’une autre maison-église ont été découverts à Aila, aujourd’huiAqaba, en Jordanie.

Références

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  1. (en)Geza Vermes,Christian Beginnings: From Nazareth to Nicaea, Yale University Press, États-Unis, 2013,p. 134
  2. (en) Everett Ferguson,Encyclopedia of Early Christianity, Routledge, États-Unis, 2013,p. 254
  3. Maurice Sartre 2003,p. 950, note 245.
  4. ab etcMaurice Sartre 2003,p. 951.
  5. Maurice Sartre 2003,p. 953.
  6. Dan Jaffé,Le Judaïsme à l'aube de l'ère chrétienne, Cerf.
  7. Ohlig, Karl-Heinz (dir),Christologie (2 tomes). Tome 1 :Des origines à l'Antiquité tardive, textes en main, Cerf, 1996.
  8. (en) Ron Rhodes,The Complete Guide to Christian Denominations: Understanding the History, Beliefs, and Differences, Harvest House Publishers, États-Unis, 2015,p. 9
  9. (en)Kurt Aland,The Text of the New Testament.
  10. (it) MartaSordi et IlariaRamelli, « Il senatoconsulto del 35 contro i cristiani in un frammento porfiriano »,Aevum,vol. 78,‎1er janvier 2004,p. 59-67(lire en ligne, consulté le).
  11. « « Supertitio illicita »: le christianisme condamné dès l’an 35 », sureecho.fr(consulté le).
  12. « Témoignages chrétiens à Herculanum », sureecho.fr(consulté le).
  13. (en) Hans Von Campenhausen,The Formation of the Christian Bible, Philadelphia: Fortress, 1968,p. 112.
  14. (en) Metzger, Bruce Manning,The Canon of the New Testament. Oxford : Clarendon, 1987,p. 41-43).
  15. (en) McDonald, Lee M.The Formation of the Christian Biblical Canon. Peabody: Hendrickson, 1995,p. 157.
  16. cf.Étienne Trocmé,L'Enfance du christianisme, éd. Noésis.[réf. incomplète]
  17. François Blanchetière,Le Monde de la Bible, numéro spécial, septembre 2007.
  18. François Laplanche,La Crise de l'origine. La science catholique des Évangiles et l'histoire auXXe siècle, éd. Albin Michel, 2006.
  19. Les travaux de Daniélou sur le judéo-christianisme doivent désormais être largement amendés cf. Paul Mattéï,Le christianisme antique de Jésus à Constantin, éd. Armand Colin, 2008,p. 112-113. François Blanchetière synthétise les critiques à y apporter dansL'Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien,p. 71 à 75.
  20. Comme l'ensemble de l'historiographie de son époque,cf. Annette Yoshko Reed, introduction àThe ways that never parted.
  21. Blanchetière,L'Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, CERF, 2001.[réf. incomplète]
  22. Colloque Oxford Princeton, The ways that never parted,Daniel Boyarin, Paula Frederiksen.
  23. Jean Anderfuhren, Pour relancer l'œcuménisme: réflexions actuelles sur les schismes d'avant Luther, Labor et Fides, 1999.
  24. Blanchetière, enquête.
  25. Cf. Pour un survolFondamentalisme et pour approfondirFrançois Laplanche, la Bible en France.
  26. Cf. Pour un survolSerment anti-modernisme et pour approfondir, François Laplanche,La Crise de l'origine. La science catholique des Évangiles et l'histoire auXXe siècle, Paris, Albin Michel, 2006.
  27. (en) Joseph Holden et Norman Geisler,The popular Handbook of Archeology and the Bible, Eugen, OR: Harvest House, p 129 and 118-119..
  28. Robert J Hutchinson,Enquête sur le Jésus historique. Traduit de l'anglais: New Discovery in the Quest for Jesus of Nazareth, Paris, Salvator,,p. 112.
  29. Robert J. Hutchinson,Enquête sur le Jésus historique, traduction de New Discoveries in the Quest for Jesus, Paris, Salvator,.
  30. Voir, chez Etienne Nodet o.p., le concept de "publication orale" développé dans Nodet et Taylor,Essai sur les origines du judaïsme, Cerf.
  31. Marie-Émile Boismard,À l'aube du christianisme, avant la naissance des dogmes, Cerf, 1998.[réf. incomplète]
  32. ab etcÉtienne Trocmé 1974,p. 15.
  33. Maurice Sartre 2003,p. 927-928.
  34. Étienne Trocmé 1974,p. 20.
  35. Étienne Trocmé 1974,p. 16 et 20.
  36. Jean Daniélou,Les manuscrits de la mer Morte, 1957.
  37. François Blanchetière,Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, CERF, 2001 et Marie-Françoise Baslez,Bible et Histoire. Judaïsme, hellénisme, christianisme, Paris, Gallimard, 2003,.
  38. Peter J. Tomson,Jésus et les auteurs du Nouveau Testament dans leur relation au judaïsme, CERF, 2003.
  39. Galates 2:3, Galates 5:6.
  40. Par exemple, dans l'évangile selon Matthieu, 23.
  41. Par exemple, l'opposition entre le particularisme juif et l'universalisme chrétien est une option qui traverse l'ensemble de l'œuvre de l'historien allemand d'origine suédoiseAdolf von Harnack chez lequel on n'a relevé aucune trace d'antisémitisme alors que l'époque de sonacmé y prédisposait. On y voit généralement l'influence de la sympathie de son sujet de thèse qui portait surMarcion qu'il s'employa à réhabiliter. La même remarque est faite par Annette Yoshiko Reeds dans son introduction,Traditional Models and New Direction, au recueil d'articles issus du colloque Oxford PrincetonThe ways that never parted, à propos deWilhelm Bousset.
  42. Paul de Tarse, références de la lettre aux Romains avec chapitre et versets sous peu.
  43. Paul de Tarse,Lettre aux Galates, chap.1 et 2.
  44. Étienne Trocmé,L'Enfance du christianisme, Noesis..
  45. Peter J Tomson,Les rédacteurs du Nouveau testament dans leur rapport au judaïsme, Cerf.
  46. Evaristo de Miranda, José M. Schorr Malca,Sages Pharisiens, Lethielleux, 2005.
  47. (en) Yaron Z. Eliav,God's Mountain : The Temple Mount in Time, Place, and Memory, The Johns Hopkins University Press,, 392 p..
  48. Hyam Maccoby, Jesus the pharisee, Paperback, 2003.
  49. interview de Étienne Nodet o.p. Dans le monde de la Bible,no 138, à propos de son ouvrage sur la guerre des Maccabées. Un article de la revueOkeanos traite aussi de ce sujet par l'analyse du discours de Jésus. Ref sous peu.
  50. Maurice Sartre 2003,p. 554.
  51. François Blanchetière,Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135), CERF, 2001.
  52. Daniel Boyarin date l'expression de 1951, et l'attribue à Jacob Lauterbach (in Jesus in the Talmud,p. 473) -cf. note 1..p. 137 deMourir pour Dieu.
  53. John Pawlikoski,Quelques représentations de la relation fondamentale entre juifs et chrétiens, 2005Lire en ligne.
  54. .(en) Geoffrey D. Dunn,Tertullian's Aduersus Iudaeos: a rhetorical analysis, éd. CUA Press, 2008,p.  108-109,extrait en ligne.
  55. (en) Daniel Boyarin,Mourir pour Dieu(lire en ligne),p. 11-12.
  56. ab etcThe Rise of Christianity: History, Documents, and Key QuestionsAuteur : Rodney StarkÉdition : Princeton University PressAnnée de publication : 1996
  57. Early Christian DoctrinesAuteur : J.N.D. KellyÉdition : HarperOneAnnée de publication : 1978
  58. The Apostolic Preaching of the CrossAuteur : Leon MorrisÉditeur : Wm. B. Eerdmans Publishing Co.Date de publication : 1965
  59. Yves Chrin,L'histoire des conclaes, Perrin - Pour l'histoire,(ISBN 978-2-262-02308-9)
  60. Maurice Sartre 2003,p. 952.
  61. Louis Berkhof,The History of Christian Doctrines, Baker Book House, 1937
  62. Angelo di Martino,Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, vol. 2,, Paris, Cerf,,p. 2427.
  63. (en) Justo L. Gonzalez,The Story of Christianity,vol. 1 The Early Church to the Reformation, HarperCollins,(ISBN 978-0061855887)
  64. (en) J. N. D. Kelly,Early Christian Doctrines, A&C Black,(ISBN 978-0826452528)
  65. (en) R. P. C. Hanson,The Search for the Christian Doctrine of God: The Arian Controversy 318-381, T&T Clark,(ISBN 978-0567094858)

Annexes

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Bibliographie

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Judaïsme et christianisme

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Christianisme antique

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Articles connexes

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Liens externes

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