| Christiana pietas | |
| Motu proprio du papeSixte V | |
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| Date | 22 octobre 1586 |
| Sujet | Libertés accordées aux Juifs, autorisés à revenir dans lesÉtats pontificaux |
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Christiana pietas (« la piété chrétienne » enlatin) est unmotu proprio publié parSixte V le. Il autorise le retour de la communautéjuive dans lesÉtats pontificaux. Avec ce texte, Sixte V révoque la plupart des directives promulguées parPie V dans sabulle pontificaleHebraeorum gens (1569), qui interdisait aux Juifs de résider dans les États du pape.
Moins de sept ans plus tard, le, la bulleCaeca et obdurata deClément VIII annule les dispositions deChristiana pietas et ordonne aux Juifs de quitter les États pontificaux dans un délai de trois mois.
Le sort des Juifs dans lesÉtats pontificaux est indissociable de leur statut decives romani (« citoyens romains »), c'est-à-dire d'habitants soumis aux mêmes obligations et aux mêmes charges fiscales que les autres[1]. Des siècles durant, ce statut est resté à la merci de l'instauration de règlements visant à faire de leur singularité religieuse une infériorité civique, autrement dit à les transformer en citoyens de seconde zone[1].
Dans laRome de laContre-Réforme, labulle pontificale dePaul IVCum nimis absurdum (14 juillet 1555) réactualise les lois anti-juives et impose aux Juifs diverses restrictions à leurs libertés[1].
Par unbref apostolique du 8 août 1561, puis avec laconstitution apostoliqueDudum a felicis recordationis du 27 février 1562,Pie IV autorise les Juifs à exercer leurs négoces et leurs métiers (mercaturas ac artes) en dehors dughetto. Il leur restitue les privilèges abolis parCum nimis absurdum[1],[2].
Le 19 avril 1566, la constitutionRomanus pontifex dePie V confirme la bulle de Paul IV et révoqueDudum a felicis recordationis. Sa bulleHebraeorum gens (26 février 1569) ordonne aux Juifs de quitter les villes des États pontificaux, à l’exception de Rome et d’Ancône, où ils peuvent continuer à commercer avec les peuples d’Orient[1].
AvecChristiana pietas (22 octobre 1586),Sixte V dispose que tous les Juifs, « de n’importe quel sexe, niveau, condition et état », sont libres d'exercer « toute sorte d’art, d’activité, d'échange et de commerce, sauf le négoce de grain, de froment, de vin, du bail à cheptel et de l’ensemencement des grains ». Il leur est permis de s’associer à des chrétiens et d'entretenir avec eux des « relations familières et amicales »[1].
En outre, les directives deChristiana pietas établissent la compétence des évêques et des gouverneurs pour juger les litiges entre juifs mais aussi entre juifs et chrétiens. Elles affirment également que seul le droit chrétien est applicable devant les tribunaux, et que, partant, les Juifs peuvent « se servir des notaires, des sollicitateurs, des procurateurs et des avocats chrétiens »[3],[1].
Toutefois, avec la constitutionCaeca et obdurata du 25 février 1593,Clément VIII réaffirme les restrictions imposées par Paul IV et Pie V. Il ordonne notamment l'expulsion des Juifs de tous les territoires de ses États, à l’exception de Rome, d’Ancône et d’Avignon.